Quelle est la situation politique actuelle en Irak ? Haïdar Al-Abadi mène-t-il une politique différente de son prédécesseur Nouri Al-Maliki ?
Après la chute de Mossoul en 2014, le premier ministre Nouri Al-Maliki, autoritaire et considéré comme le responsable de la défaite, a été obligé de quitter le pouvoir. La communauté internationale attendait de voir comment Monsieur Al-Abadi, son successeur, pourrait, alors qu’il appartenait au même parti politique que son prédécesseur (le Parti islamique al-Dawa), gouverner l’Irak d’autant qu’il n’avait pas de grande expérience gouvernementale. Or, de par sa personnalité plus modérée, il a obtenu la confiance de l’ensemble de la classe politique irakienne, notamment celle des arabes sunnites, qui faisait défaut à Nouri Al-Maliki. Sur le plan politique, Al-Abadi a en effet réalisé un sans-faute en arrivant à apaiser aujourd’hui les relations entre le gouvernement de Bagdad et sa composante arabe sunnite et même au-delà, avec des tribus arabes sunnites.
Les différentes offensives lancées pour tenter de reprendre des villes occupées par Daech, comme Tikrit, au début de l’année 2015, n’étaient obtenues qu’avec l’aide des milices chiites. Aujourd’hui, la reconquête de la ville de Ramadi, facilitée par le soutien des tribus arabes sunnites, ainsi que par les forces aériennes de la coalition internationale, américaines notamment, est un succès important pour le Premier ministre. Il a démontré la capacité de l’armée irakienne à se passer des milices chiites pour reprendre une ville importante.
Al-Abadi est par ailleurs quelqu’un qui a le soutien de la communauté internationale. Il a réalisé la performance d’avoir aussi bien le soutien de l’Iran que des Etats-Unis et de la France.
Enfin, Al-Abadi dispose de deux avantages non négligeables sur son prédécesseur. Premièrement, il a le soutien de ce que l’on appelle en Irak la Marjaiya, la plus haute autorité religieuse chiite du pays. L’ayatollah Ali al-Sistani donne en effet la latitude politique nécessaire au Premier ministre pour engager un processus de changement. D’autre part, Al-Abadi a su obtenir le soutien manifeste de la rue, y compris chez les arabes sunnites, du fait de sa politique d’apaisement des tensions et de lutte contre Daech.
Les forces militaires irakiennes semblent reprendre du terrain sur Daech. Quelle est la stratégie du régime irakien dans sa lutte contre l’organisation terroriste ?
Lorsqu’Al-Abadi a pris la direction du gouvernement irakien, la mise en place d’une véritable stratégie pour corriger la faiblesse de l’armée irakienne était nécessaire. L’attaque de la ville de Mossoul en juin 2014 par Daech a illustré sa désorganisation, son sous-armement, ainsi que le manque de formation et de motivation de ses forces. La première tâche du Premier ministre a été de remettre en place une armée digne de ce nom.
Aujourd’hui, une stratégie militaire irakienne est clairement affirmée. La contre-offensive pour libérer la ville de Ramadi a été faite sans le soutien des milices chiites, ce qui a prouvé la capacité pour l’armée irakienne d’agir de manière autonome, avec l’aide aérienne de la coalition internationale, et ce même si des poches de résistance de l’Etat islamique autour de la ville sont toujours présentes.
La priorité du gouvernement irakien est désormais la ville de Falloujah, ville arabe sunnite d’environ 1 million et demi d’habitants. Ensuite, d’après les Etats-majors irakiens, l’attention sera portée vers la libération de la grande ville de Mossoul, en passant préalablement par les deux ou trois districts qui sont encore aux mains de Daech. Ainsi, la jonction sera opérée entre les combattants kurdes qui ont libéré la ville de Sanjar et la préparation aussi bien militaire que politique de la reconquête de Mossoul.
La situation militaire en Irak semble être aujourd’hui en faveur du gouvernement irakien. D’après l’Etat-major américain, Daech aurait perdu, depuis le mois de mai 2015, 30% de son territoire.
L’Irak s’est proposé en médiateur dans la crise qui oppose l’Arabie Saoudite et l’Iran. L’Irak a-t-il aujourd’hui le poids politique pour s’imposer dans ce rôle ? Quels sont ses intérêts ?
L’Irak n’a bien sûr pas encore retrouvé son poids politique d’antan où il était l’un des grands pays de la région. Il peut cependant toujours jouer un rôle important en raison de sa particularité qui est sa dominante chiite ainsi que sa proximité avec l’Iran. Il a également une forte minorité arabe sunnite au sein de laquelle l’Arabie Saoudite a une influence.
L’influence de l’Arabie Saoudite auprès des arabes sunnites a favorisé l’émergence d’Al-Qaïda en Irak et par la suite de l’Etat islamique car elle ne supportait pas la présence de l’Iran en Irak. Aujourd’hui, et il s’agit de l’une des conséquences positives de la nomination d’Al-Abadi, le pouvoir irakien mène une politique moins hostile vis-à-vis de l’Arabie Saoudite, alors que Nouri Al-Maliki accusait souvent son voisin de soutenir financièrement et militairement les djihadistes en Irak. Ce n’est plus le cas depuis que l’Etat islamique a fait de l’Arabie Saoudite un objectif à abattre. Cette situation permet à l’Irak de se présenter comme médiateur. Il va bénéficier de sa relation amicale avec l’Iran chiite.
Dans le même temps, la prise de position du gouvernement irakien tranche avec l’autorité religieuse chiite irakienne. Si l’autorité religieuse a dénoncé l’exécution du dignitaire chiite comme une provocation, le gouvernement irakien a certes regretté cette exécution mais a en même temps condamné le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran. L’Irak cherche dorénavant, dans la défense de ses propres intérêts, à jouer une politique d’équilibre vis-à-vis de ses deux puissants voisins, l’Iran et l’Arabie Saoudite, afin d’empêcher que le pays devienne le cadre d’une guerre par procuration entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. La France et les Etats-Unis comptent d’ailleurs sur l’Irak pour jouer un rôle actif dans le retour au calme.
We offer you the 5 key challenges ahead for Director-General Stephan Quest, fighting windmills seems easy by comparison.
Since 1 January 2016, the last piece of the reshuffling of the senior positions of the European Commission, announced in June 2015, is in place, as Stephen Quest has become Director-General for Taxation and Customs Union (DG TAXUD).
Corporate taxation is likely to be the main focus of DG TAXUD in the coming years. International actions on Base Erosion and Profit Shifting (BEPS) outlined by the OECD in October 2015 will be implemented at EU level, with a high level of ambition to confirm the pioneer role of the EU. The dedicated package, expected in early 2016, will provide a roadmap for new initiatives, and bring a new impetus to on-going discussions, the most prominent being the Common Consolidated Corporate Tax Base (CCCTB).
Difficult work lies ahead, to transform political will into legislative actions.
We have identified five challenges that Mr Quest would have to tackle in his very first days at the helm of DG TAXUD.
Not only is unanimity the rule on taxation issues, making progress in negotiations excruciatingly slow, but in 2016 with a UK referendum in sight national sovereignty and sensitivities surrounding this issue will be heightened. On the other hand, corporate taxation has become a key policy area for the Commission, where genuine European progress and deliveries would have to be demonstrated. Finding the balancing point must be at the fulcrum of Mr Quest’s considerations.
On a more granular point: To overcome the stalemate in the CCCTB negotiations, revised proposals are expected in 2016, initially focused on a Common Tax Base, and with the highly debated Consolidation feature added as a second step. Diplomatic skills will be crucial, as any step towards potential tax harmonisation at EU level is seen by many as a breach of State sovereignty. Moreover, some Member States might be tempted to pre-empt BEPS implementation at EU level. Could it be that presenting of the Commission’s anti-BEPS package in early 2016 is a move to keep Member States in line and avoid diverging national approaches to BEPS?
The agenda of fighting tax avoidance and aggressive tax planning has been made a political battlefield by the European Parliament, even more so in the aftermaths of the crisis and the LuxLeaks revelations. Although the Parliament enjoys no decision powers on corporate taxation issues, the temporary committee on Tax Rulings (TAXE) has been active in keeping the momentum on the issue alive in 2015, and its successor, TAXE 2, will continue to do so. A number of recommendations have been put forward, both by TAXE and by the Economic and Monetary Affairs Committee (ECON), to which the Commission would have to give a written answer by spring 2016. Balancing out requests from the Parliament and redlines from the Council is likely to be a complex task, especially for controversial ideas such as a public disclosure of certain corporate tax information on a country-by-country basis.
The above-mentioned public Country-by-Country Reporting (CBCR) provides a good example of an area where different Commission services have to work in cooperation. A dedicated consultation is placed under the remit of the Accounting and Financial Reporting Unit of the Financial Services Directorate General (DG FISMA), and public CBCR was even put forward by the Parliament during the discussion on the Shareholder Rights Directive, managed by the Directorate General on Justice and Consumers (DG JUST). Furthermore, considering that the BEPS implementation will have an impact on all EU operating companies, it is highly probable that Mr Quest will be a focal point for questions from all Commission services.
First day on the job: Mr Quest’s realistic optimism on tackling new challenges
Sensitive by nature, taxation is only supported by tax payers when considered fair and appropriate. Conscious that a Common Corporate Tax Base without Consolidation might impair the well-being of EU-operating companies, the Commission has suggested the creation of an interim cross-border loss offset mechanism, which Mr Quest would have to flesh out. Taxation Commissioner Moscovici has stated on a number of occasions his conviction that businesses should support a CCCTB, which would simplify their EU operations. However, if key selling points for the EU initiative become too granular and technical and compromise in Council too muddled, the recently strengthened broader legitimacy of the Commission as to taxation will be in peril. In parallel, a sense of fiscal unfairness felt by EU citizens and reported by civil society organisations, would have to be managed by Mr Quest.
Taxation is far from being a ‘silo’ policy. Improving tax fairness features in Commission President Juncker’s political guidelines alongside other initiatives in his general agenda towards Jobs and Growth in the EU. Devising a tax system that keeps all the opportunities of the Digital Single Market, the Capital Markets Union or the Energy Union alive will be at the core of Mr Quest’s mission. Thus, a range of almost unanswerable questions – the interaction between the Financial Transaction Tax and the Capital Markets Union being just one – must have already been lying on Mr Quests desk when he arrived in his new job 4th of January.
Written by Martin Bresson and Clement Luzeau