ACP

LES RELATIONS ENTRE L’UE ET L’AFRIQUE

I. Politique de commerce / De Yaoundé à Cotonou :
Les ACP et la Communauté européenne

Cinq générations d’accords ACP-UE
Les accords de partenariat entre les membres de l’Union européenne et les pays du groupe Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) succède à cinq générations d’accords liant ces Etats souverains. Il s’agit du plus grand cadre financier et politique du monde pour la coopération Nord-Sud.Ce partenariat particulier est caractérisé par les préférences commerciales non réciproques accordées aux États ACP, permettant un accès illimité d’abord au marché de la CE (puis de l’UE) pour 99 poucent des produits industriels et de beaucoup d’autres produits, particulièrement pour les 39 pays les moins avancés (PMA) du groupe ACP. En outre, les programmes d’aide pour chaque pays ACP et régions sont régulièrement mis à jour.
Une des caractéristiques particulières de l’accord ACP-UE est le dialogue et l’administration paritaire. Les Etats ACP peuvent présenter des requêtes qui sont négociée conjointement avec la CE (puis: l’UE).

Les Institutions assurent un dialogue permanent ; un Conseil annuel des ministres ACP/UE et des réunions régulières du Comité des ambassadeurs ACP qui reçoit l’aide technique d’un secrétariat permanent ACP dont le siège est à Bruxelles. Les parlementaires ACP et les membres du Parlement européen se réunissent deux fois par an au sein d’une Assemblée paritaire, pour débattre des questions relatives au partenariat. Un ‘programme indicatif national’ (PIN) est conjointement négocié par la Commission européenne et chaque État ACP. Le PIN a pour objectif de définir les objectifs de développement des pays ACP, par exemple en matière d’enseignement ou de santé. Il contient un engagement annuel de dépenses réparti en cinq tranches pour chaque pays et adapté à ses besoins. Le PIN est financé sur le Fonds européen de développement (FED), protocole financier de chaque accord, financé par les États européens.
Traditionnellement, le FED a également fourni les fonds destinés à la coopération régionale, aux Pays et territoires d’outre-mer (PTOM), à l’aide humanitaire et l’aide d’urgence ainsi qu’aux organisations non gouvernementales (ONG). Des prêts supplémentaires de la Banque européenne d’investissement (BEI), majoritairement destinés aux dépenses d’infrastructure, s’inscrivent désormais dans le cadre de cette coopération.

Yaounde I. (1963) et Yaounde II. (1969)
La coopération ACP-UE remonte à la naissance du Traité de Rome établissant les bases de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957. Exprimant une solidarité avec les colonies et les Pays et territoires d’outre-mer, il s’engageait aussi à contribuer à leur prospérité.
– Yaounde I 1963) : tel était le nom de la première association des États ACP et des Etats de la CEE, élaborée dans la capitale camerounaise.
– Yaounde II (1969) : promettait une part importante de l’aide financée par le FED aux pays d’Afrique francophone récemment indépendants. Il s’agissait de soutenir les efforts de construction des infrastructures à la suite de la décolonisation. Sans conteste, les Accords de Yaoundé ont jeté les bases de la nouvelle génération d’Accords de Lomé.
Les Conventions de Yaoundé I. et II. incorporent la coopération avec les anciennes colonies françaises, italiennes et belges en Afrique (la catégorie ACP n’existait pas à l’époque) jusqu’à l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE : Bénin (ex-Dahomey) – Burkina Faso (ex-Haute-Volta) – Burundi – Cameroun – RCA – Tchad – Congo (Brazzaville) – Congo (Léopoldville /Kinshasa, ex-Zaïre) – Cote d’Ivoire – Gabon – Madagascar – Mali – Mauritanie – Niger – Rwanda – Sénégal – Somalie – Togo + Arusha (1969) : Kenya – Tanzanie – Ouganda

Les Conventions de Lomé
La convention de Lomé expose les principes et les objectifs de la coopération de l’Union Européenne avec les pays ACP. Les caractéristiques principales sont :
– le principe de partenariat,
– la nature contractuelle des relations
– et une combinaison d’aide, de commerce, de politique ainsi qu’une perspective à long terme (5 ans pour Lomé I, II et III, et dix pour Lomé IV).
Ce partenariat d’exception est basé sur un corpus d’objectifs et de principes communs, ainsi que sur les bénéfices commerciaux et financiers qui se sont à la longue transformés en véritables « acquis ». Ce qui n’a pas empêché le partenariat à s’adapter graduellement à un environnement international toujours en mutation pour mieux répondre aux besoins des ACP. La première convention couvre une période de dix ans bien que le protocole financier ait une durée de cinq ans. Le premier protocole financier (1990 à 1995) fournit 12 BECU, dont 10,8 du septième FED. Le second (1995 à 2000) s’éleva à 14’625 BECU par le huitième FED.

Lomé I. (1975)
En 1973, le Royaume-Uni accède à la CEE d’alors, entraînant dans son sillage les pays du Commonwealth. Cette accession a mené à la signature de la première Convention de Lomé (Lomé I), entre 46 Etats ACP et les 9 États membres de la CEE. À ce moment-là, le Royaume-Uni cherchait principalement à engager les préférences commerciales particulières concernant les bananes et le sucre dans le cadre de la CE et à élargir l’aide bilatérale qu’elle apportait à certaines de ses anciennes colonies.
Ainsi coïncidant avec le quatrième FED (3 BECU), la première Convention de Lomé avait pour objectif d’inclure certains pays du Commonwealth dans le programme de Coopération. Ses principales caractéristiques sont :
– les préférences non réciproques pour les exportations des pays ACP vers la CEE;
– égalité entre les partenaires, respects pour les intérêts et l’interdépendance mutuels;
– Le droit de chaque état de déterminer ses propres politiques;
– sécurité des relations basées sur les réalisations du système de coopération.

Elle a introduit également le système STABEX (Fonds de stabilisation des recettes d’exportation sur les produits agricoles) a financé les pertes touchant un large nombre de produits agricoles suite notamment aux fluctuations des prix sur les marchés mondiaux; cacao, café, arachides, thé et bien d’autres produits ont pu ainsi en bénéficier.

Les ‘protocoles’ commerciaux sur le sucre, la viande bovine et les bananes sont devenus une caractéristique des successives Conventions de Lomé. – Le Protocole sur les bananes a assuré l’entrée en en franchise de douane au marché de l’UE pour des quotas spécifiques. Il a contribué à sauver l’économie de bien de petits états insulaires des Caraïbes.
– En vertu du Protocole sucre, la Communauté a accepté d’acheter annuellement un quota fixe de sucre aux producteurs ACP à des prix garantis, alignés aux prix en vigueur sur le marché interne européen. Les contingents annuels établis pour les producteurs de sucre sont une préférence qui a favorisé le développement économique de Maurice, des Fidji, de Guyana et des Barbades.
– Quant au Protocole viande bovine, il permet un remboursement à hauteur de 90 pourcent sur les taxes normalement dues sur les importations de bœuf en provenance de divers pays ACP, profitant particulièrement aux exportateurs d’Afrique australe.
Lomé I a également donné la priorité aux infrastructures; construction de routes, ponts, hôpitaux et écoles, sans oublier les dépenses pour le secteur agricole, soit 3.072 milliards d’écus pour le 4ème FED.
Les nouveaux États participants sont :
• (africains) – Botswana – Éthiopie – Fidji – Gambie – Ghana – République de Guinée – Bissau Guinée – Liberia – Malawi – Mauritius – Nigeria – – Soudan – Swaziland – Zambie – Lesotho
• (caribiens) Bahamas – Barbades – Grenade – Guyana – Jamaïque – Sierra Leone – Tonga – Trinité et Tobago
• (pacifiques) Samoa

Lomé II. (1979)
Signée en 1979 et correspondant au cinquième FED (4’542 BECU), il n’y a pas eu de changements importants, exepté le système de SYSMIN (l’exploitation des industries des pays ACP en est fortement dépendant) .Le Fonds SYSMIN était également une innovation des années 70. Un pays fortement dépendant d’un minerai particulier et enregistrant une baisse de ses exportation pouvait accéder aux prêts SYSMIN, conçus pour amoindrir la dépendance d’un pays à l’exploitation de ses ressources minières.

Lomé III. (1984)
Signé en 1984 et correspondant au sixième FED (7,440 BECU), il détourne son attention principale d’une promotion du développement industriel vers un développement basé sur l’autosuffisance et la sécurité alimentaire, car le financement des infrastructures était toujours d’actualité, les populations mouraient toujours de la faim. Les projets de développement ruraux sont devenus un secteur de concentration afin de promouvoir la sécurité alimentaire et de combattre la désertification et la sécheresse.

Lomé IV. (1989)
En milieu d’exercice, un examen de la convention était prévu pour 1995. Les points importants sont : la promotion des droits de l’homme, la démocratie, le renforcement de la position des femmes, la protection de l’environnement, la coopération décentralisée, diversification des économies ACP, la promotion du secteur privé et la coopération régionale croissante.
Pour la première fois, la signature de Lomé IV assurait un cadre plus long de coopération prévu sur 10 ans (1990-2000), marquant un nouveau tournant dans l’histoire de Lomé.
La Communauté européenne s’est engagée dans un dialogue avec la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) pour étudier le meilleur moyen de soutenir les politiques d’ajustements structurels visant à stimuler la croissance économique.
Diverses nations ACP et de la CE se sont accordées sur la nécessité d’une aide visant à soutenir la balance des paiements dans les programmes indicatifs nationaux (PIN) et l’adoption de programmes sectoriels et généraux d’importation qui ont réuni de l’argent pour les projets de santé et d’éducation. Il s’agissait de favoriser la vente de biens peu disponibles sur le marché local, des opérations financées par le protocole financier initial de cinq ans de Lomé IV (le 7ème FED 10,8 milliards d’écus). La CE fournit maintenant 10 à 30 pourcent de l’ensemble de l’aide à l’ajustement aux économies ACP, surtout aux programmes d’éducation et de santé.
A noter aussi sous Lomé IV l’interdiction des transports de déchets toxiques entre les États ACP et de la CE ainsi qu’une augmentation des fonds du FED pour la coopération décentralisée et la diversification de l’économie.

Lomé IV. révisé (1995)
L’examen en milieu d’exercice a eu lieu en 1994-1995 avec pour cadre principal des modifications économiques et politiques des pays ACP (processus de démocratisation, ajustement culturel) et de l’Europe (élargissement, attention croissante tournée vers les partenaires de l’est et méditéranéen)
Les amendements principaux sont :
– le respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et systèmes légaux deviennent les éléments essentiels de la Convention. Le résultat n’est autre que le risque de suppression des allocations attribuées aux états ACP qui ne remplissent pas ces critères;
– pour la première fois, le FED n’augmente pas sa valeur réelle;
– une programmation échelonnée est introduite dans le but d’augmenter la flexibilité et améliorer les performances des pays ACP.
– Une attention particulière est accordée à la coopération décentralisée sous forme de partenariat actif comprenant des acteurs de la société civile

La révision et la conclusion des accords de Lomé à la fin des années 1990
L’échéance de Lomé IV en l’an 2000 était l’occasion d’apporter des modifications plus significatives au cadre de coopération UE-ACP. Malgré les succès de plusieurs décennies de coopération, il fallait reconnaître que le partenariat ACP-UE pouvait être plus efficace et devait s’adapter à une situation géostratégique modifiée par la fin de la guerre froide. Les statistiques indiquant que les préférences commerciales généreuses n’étaient pas suffisantes pour assurer le décollage des économies ACP ont été détaillées dans un « Livre vert » publié par la Commission européenne en 1997, précédant les entretiens de 1998 sur un nouvel accord:
– La part des pays ACP sur le marché de l’UE avait diminué, passant de 6,7 poucent 1976 à 3 pourcent en 1998 avec 60 pourcent des exportations totales concentrées sur 10 produits uniquement. Seules une petite poignée de nations enregistraient une croissance économique suite aux protocoles et aux préférences de commerciales; la Côte d’Ivoire, Maurice, le Zimbabwe et la Jamaïque.
– Le PIB Par habitant en Afrique sub-saharienne a crû de 0,4 pourcent par an seulement en moyenne 1960-1992), contre une moyenne de 2,3 pourcent pour l’ensemble des pays en développement.
– les échanges commerciaux intra-africains ne comptaient que pour 6 pourcent.

Les mesures s’attachant à combattre la pauvreté comme l’accès à l’eau potable, à la santé et à de meilleurs services d’éducation demeuraient une priorité. Un meilleur accès aux ressources productives, particulièrement pour les femmes; à la terre, au capital, au crédit et à la formation, restaient essentiels pour assurer la croissance. Le Livre vert a également souligné que les fluctuations économiques de certains pays avaient été concomitants entre autre à la désintégration du tissu social, la multiplication des conflits et des catastrophes humanitaires, minant les politiques de développement. Les bailleurs de fonds s’étaient alors concentrés sur l’aide d’urgence et la gestion des crises. « Pas assez de prise en compte du contexte institutionnel et politique du pays partenaire » : telle a été une autre constatation. La viabilité et l’efficacité de l’aide en avait été affectés.

Enfin, il fallait trouver des mécanismes permettant d’accélérer le déboursement des fonds du FED et simplifier les trop nombreuses clauses régissant la Convention, qui conduisaient parfois à une inutile duplication des tâches. Autre sujet d’inquiétude, la diminution de l’aide des donneurs aux pays en développement. Celle-ci est tombée en dix ans de 0,33 pourcent de leur PNB en 1988 à 0,23 pourcent en 1998. Il fallait ajouter à cela une réaction de l’opinion publique de plus en plus négative face aux efforts de coopération, certains contribuables européens estimant que la corruption étant endémique en Afrique demandaient une utilisation meilleure et plus efficace des fonds.
De plus, au sein de la Communauté européenne, le Traité de Maastricht de 1992 avait redéfini les priorités européennes de développement : promotion de la démocratie, lutte contre la pauvreté, amélioration de la compétitivité et efficacité de l’aide ; tels étaient les nouveaux credo.

Cotonou (2000, entré en vigueur en 2003)
Discuté depuis 1996, l’Accord de Cotonou a tiré les enseignements des coopérations précédentes. Il prend mieux en compte le contexte institutionnel et politique ainsi que les spécificités propre à chaque pays dans le but de rendre l’aide plus efficace, et de s’adapter à la situation internationale. Cet accord a été signé le 23 juin 2000 à Cotonou (capitale de Bénin) après l’expiration de la convention de Lomé IV. Conclu pour 20 ans, il sera révisé tous les 5 ans. Il réunit les 77 États du groupe ACP et 15 des pays de l’Union Européenne. Il est entré en vigueur le 1er avril 2003.
Il s’inscrit dans la continuité des conventions de Lomé, tout en introduisant de nouvelles dimensions :
– Une attention particulière est accordée au dialogue politique et au respect des droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la démocratie ;
– Les relations commerciales évoluent d’un régime préférentiel unilatéral à des Accords de Partenariat Economique (APE), qui établissent le libre échange commercial réciproque entre l’UE et les pays ACP ;
– Les objectifs sont la réduction de la pauvreté et l’intégration progressive des ACP dans l’économie internationale ;
– La coopération est ouverte aux acteurs non étatiques
– La programmation est glissante : les allocations ne sont pas définitivement acquises mais révisées en fonction des performances de chaque pays.

Les principes fondamentaux de l’accord de Cotonou :
– Égalité des partenaires et appropriation des stratégies de développement
– Participation (l’État reste partenaire principal mais ouverture à différents types d’acteurs)
– Rôle central du dialogue et respect des engagements mutuels
– Différenciation et régionalisation

Il régit le plus vaste ensemble mondial de coopération nord sud:
– 48 pays de l’Afrique subsaharienne: Afrique du Sud, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, République Centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Zambie, Zimbabwe.
– 15 pays des Caraïbes: Antigua et Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Dominique, Grenade, Guyane, Haïti, Jamaïque, République Dominicaine, St Christophe et Nevis, St Lucie, St Vincent et Grenadines, Surinam, Trinité et Tobago.
– 14 pays du Pacifique: Fidji, Kiribati, Papouasie Nouvelle Guinée, Salomon, Samoa Occidentales, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, les Iles Cooks, les Iles Marshal, la Fédération des Etats de Micronésie, Nauru, Niue, Palau.
– 15 pays (et 27 depuis 2007) de l’Union européenne

Première révision de l’Accord de Cotonou à Luxembourg (2005)
La première révision de l’accord de Cotonou a eu lieu le 25 juin 2005 à Luxembourg et a ouvert la voie au cadre financier 2007-2013 de l’aide au développement. Les caractéristiques plus importants sont les suivants :
Le nouveau Cadre financier pluriannuel : Lors de la séance ministérielle de clôture des négociations sur la révision de l’accord, les parties sont parvenues à un accord préliminaire sur la question du cadre financier pluriannuel de coopération (annexe Ia). Le dixième FED (2008 – 2013) prévoit une enveloppe budgétaire de 22.682 millions d’euros. De ce montant, 21.966 millions d’euros sont alloués aux États ACP, 286 millions d’euros aux PTOM et 430 millions d’euros à la Commission au titre des dépenses d’appui liées à la programmation et à la mise en œuvre du FED. Ce budget est en augmentation de 65 pourcent par rapport au 9ème FED, dont le montant initial s’élevait à 13,8 milliards pour la période 2000-2007. En particulier, le montant alloué aux ACP est reparti de la façon suivante : 17.766 millions d’euros au financement des programmes indicatifs nationaux et régionaux, 2700 millions d’euros au financement de la coopération intra-ACP et interrégionale, 1500 millions d’euros au financement de la facilité d’investissement.
Une part plus importante du budget est consacrée aux programmes régionaux, soulignant ainsi l’importance que revêt l’intégration économique régionale pour le développement national et local auquel elle sert de cadre de base. La création de “montants d’incitation” pour chaque pays est une innovation du dixième FED. Les États membres ont leurs propres accords bilatéraux et mènent leurs propres initiatives avec les pays en voie de développement, qui ne sont pas financées via le Fonds européen de développement ou d’autres fonds communautaires.
La coopération avec les États ACP financée par le FED est complétée par les actions de coopération au développement financées sur le budget communautaire, au moyen des instruments budgétaires suivants:
– l’instrument de financement de la coopération au développement (ICD),
– l’instrument de stabilité, l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH)
– et l’instrument d’aide humanitaire.
– La dimension politique élargie aux questions de sécurité : L’accord révisé prévoit un dialogue politique plus systématique et formel au titre de l’article 8 lorsque celui-ci porte sur les trois éléments essentiels (droits de l’homme, principes démocratiques, État de droit). Ce dialogue structuré devrait mener à davantage de transparence et renforcer l’efficacité du dialogue politique dans sa fonction préventive. Il devrait déboucher sur des engagements par rapport à des objectifs intermédiaires assortis de calendrier de mise en œuvre. Ce type de dialogue approfondi doit nécessairement se dérouler sur une base régulière et sur une période suffisante pour permettre d’évaluer les progrès effectifs dans le respect des engagements pris. Si, à l’issue de ce dialogue formalisé, une partie considère que l’autre partie ne respecte pas une obligation essentielle, elle peut recourir à la procédure de consultation et éventuellement aux mesures appropriées prévues à l’article 96.
– Questions de sécurité : Les partenaires ACP-CE se sont mis d’accord sur l’inclusion de trois dispositions relatives à la sécurité. Ceci inclut une référence à la coopération en matière de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive (ADM) (article 11b). La disposition appelle au respect intégral et à la mise en œuvre des obligations internationales, en tant qu’élément essentiel du partenariat. La disposition comprend en outre
1) une affirmation que l’assistance financière et technique pour la coopération en matière de non prolifération des ADM sera additionnelle et ne sera pas financée sur les ressources destinées à la coopération au développement ACP-CE;
2) une déclaration précisant que les mesures seront prises selon un calendrier adapté, prenant en compte les contraintes spécifiques des pays; et
3) une disposition précisant que l’appréciation du respect des mesures de non prolifération devra se fonder en particulier sur les rapports effectués par les institutions multilatérales compétentes.
Les partenaires ont également décidé d’inclure une disposition sur la Cour pénale internationale et le Statut de Rome dans le préambule ainsi que dans le texte de l’accord (article 11, para. 6). En outre, l’accord révisé comporte une disposition confirmant l’engagement des partenaires dans la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme (article 11a) ainsi qu’une disposition concernant la prévention des activités des mercenaires (article 11, para. 3a).
L’approfondissement de l’approche participative : La révision a concerné:
• les acteurs non étatiques (ANE): Ces acteurs peuvent bénéficier directement de financement via des contrats de subvention établis entre la Commission et l’organisme en question.
• autorités locales: insertion d’une disposition prévoyant de les associer au processus de consultation et à la mise en oeuvre des programmes (article 4);
– Les procédures de mise en œuvre et de gestion révisées : Une série d’amendements ont été introduits dans le triple objectif de simplification, de clarification et d’harmonisation, tout en préservant les acquis fondamentaux de Cotonou. Lors de la séance ministérielle de clôture, il a été décidé de renvoyer à une décision du Conseil conjoint la finalisation des discussions concernant les procédures de marché et les modalités de la mise en œuvre de l’instrument pour le financement en cas de fluctuations à court terme des recettes d’exportation (FLEX ). Les dispositions révisées concernent notamment:
• une plus grande flexibilité dans l’allocation des ressources
• la gestion financière dans les situations de crise ou de conflit; possibilité de laisser à la Commission le soin de gérer directement les ressources pour des actions en faveur de la paix, la gestion et résolution des conflits, y compris l’appui post-conflit, jusqu’à la normalisation de la situation (annexe IV, article 4);
• la contribution aux initiatives de déliement de l’aide et, en particulier dans le cadre des efforts de coopération et d’intégration régionale des États ACP (annexe IV, articles 6, 14, 20);
• une reformulation des fonctions des agents chargés de la gestion et de l’exécution visant à renforcer les fonctions stratégiques de l’ordonnateur national
• une série de simplifications des procédures;
• le financement de la déconcentration; cet ajout a pour objectif d’utiliser 90 millions d’euros de ressources de la coopération intra ACP pour le financement de la déconcentration pour la période 2006-07 (annexe I, para. 9).
– La Facilité d’investissement: les améliorations : En vue d’accroître la flexibilité et l’efficacité de la Facilité, plusieurs modifications ont été apportées s’agissant des conditions des prêts et des bonifications d’intérêts, du partage du risque de change et de la rémunération de la Banque. En outre, comme c’est le cas pour les ressources gérées par la Commission, la Facilité d’investissement sera désormais soumise à une revue conjointe de sa performance à miparcours du protocole financier et à la fin de celui-ci.
– Stratégies de développement: les apports de la révision : Les partenaires ACP-CE ont proposé une série d’amendements portant sur les stratégies sectorielles et un accord est intervenu sur l’ensemble des propositions.

Deuxième révision de l’Accord de Cotonou à Ouagadougou (2010, Burkina Faso)
L’Accord de Cotonou a subi sa deuxième modification le 22 juin 2010 à Ouagadougou. La deuxième révision effectuée conformément à l’article 95 de celui-ci, poursuit notamment l’objectif d’approfondir certains thèmes essentiels pour toutes les parties:
o la dimension politique, les questions institutionnelles et certains aspects de la politique sectorielle;
o la coopération économique, l’intégration régionale et le commerce;
o la coopération en matière de financement du développement, y compris l’aide humanitaire et l’aide d’urgence, ainsi que les nouvelles avancées en matière de programmation et de gestion de l’aide.
Cette deuxième révision adapte le partenariat aux changements intervenus pendant la dernière décennie liés surtout au sujet de la sécurité et notamment:
– L’importance croissante de l’intégration régionale dans les pays ACP et dans la coopération UE-ACP: son rôle dans la promotion de la coopération, de la paix et de la sécurité, dans le développement de la croissance et dans la résolution des problèmes transfrontaliers est souligné. En Afrique, la dimension continentale est également reconnue et l’Union africaine devient un partenaire de la relation UE-ACP;
– Sécurité et fragilité : aucun changement ne peut intervenir en l’absence d’un environnement sûr. Le nouvel accord met l’accent sur l’interdépendance entre sécurité et développement et s’attaque conjointement aux menaces qui pèsent sur la sécurité. Il prête une attention particulière à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits et prévoit une approche globale, combinant diplomatie, sécurité et coopération au développement pour les situations de fragilité des États;
– Les partenaires ACP doivent relever d’importants défis, pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (sécurité alimentaire, lutte contre le VIH/SIDA et durabilité des ressources halieutiques);
Pour la première fois, l’UE et les pays ACP reconnaissent que le défi mondial du changement climatique est un aspect important de leur partenariat.
Le chapitre «commerce» de l’accord reflète la nouvelle relation commerciale et l’expiration des préférences à la fin de 2007.
– Un plus grand nombre d’acteurs dans le partenariat : l’UE promeut un partenariat large et solidaire avec les pays ACP. Le nouvel accord prend en compte le rôle des parlements nationaux, des autorités locales, de la société civile et du secteur privé. Cette deuxième révision permettra de mettre en pratique les principes internationalement approuvés en matière d’efficacité de l’aide, et notamment la coordination des donateurs. Pour la première fois, le rôle des autres politiques de l’UE dans le développement des pays ACP est reconnu et l’UE s’engage à renforcer la cohérence de ces politiques à cette fin.
Le nouvel accord signé officiellement à Ouagadougou par toutes les parties (les 79 pays ACP, les 27 États membres de l’UE et la Commission européenne) devra, par la suite, être ratifié individuellement par les différents pays concernés. Il sera ensuite révisé tous les cinq ans jusqu’à 2020.

Source : http://europa.eu.int/comm/development/index_fr.htm

II. Les nouvelles relations entre l`UE et l`Afrique : Le Processus du Caire (2000), vers un partenariat stratégique

Par delà les ACP l’UE a cherché à nouer une relation plus spécifique avec l’Afrique depuis la fin des années 90. Pendant longtemps cette intention restait au niveau des déclarations :
– Communication de la Commission européenne sur les conflits en Afrique en 1996,
> Cooperation and integration in Afrika 1996
– Dialogue UE-Afrique de 2003,
– Diverses conclusions et actions communes du Conseil
Ce n’est qu’en avril 2000 lors du premier Sommet UE-Afrique tenu au Caire qu’un vrai cadre de dialogue politique entre les parties a été mis en place et un plan d’action a repris les fondements de base des Accords ACP (développement et démocratie) mais a également accentué les nouveaux domaines prioritaires purement politico-militaires liés à la sécurité, comme la consolidation de la paix, la prévention, la gestion et règlement des conflits y compris le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR), le terrorisme, les armes légères et de petit calibre, les mines terrestres, la non prolifération et l’assistance après un conflit. Ainsi les Européens mettaient surtout l’accent sur les questions de paix et de sécurité, tandis que les Africains insistaient davantage sur les aspects économiques et commerciaux du partenariat, dont la nécessité de résoudre la question de la dette (et la restitution des biens culturels africains) .
Six ans après les résultats étaient au moins “ambiguës”, en tout cas la plupart des grands axes thématiques ont été incorporés dans la Stratégie de l’UE pour l’Afrique, adoptée par le Conseil de l’UE en décembre 2005 (pour 10 ans). La stratégie attache une grande importance à des sujets comme la lutte contre le terrorisme ou encore la migration et son objectif est de “renforcer la coordination et la complémentarité entre les diverses Directions générales de la CE et entre les politiques et stratégies de la CE et des États membres vis-à-vis de l’Afrique”. Elle fournit également des lignes directrices sur la coordination dans les enceintes internationales (ONU, G8) et avec d’autres acteurs (la Chine, par exemple). L’Union européenne s’est engagée à porter l’aide publique collectivement à 0,56 pourcent du revenu national brut (RNB) d’ici à 2010 et à 0,7 pourcent du RNB d’ici à 2015 et en particulier, quelque 4 milliards d’euros seront disponibles annuellement pour l’Afrique subsaharienne .

Mais les partenaires africaines n’étaient pas trop contentes estimant que le contenu de la stratégie était trop marqué par les priorités européennes. C’est la raison pour laquelle une stratégie conjointe en tenant compte les priorités africaines, a été élaborée. En janvier 2007, en reconnaissant la vulnérabilité de l’Afrique au changement climatique, les dirigeants de l’UA se sont engagés, à travers la déclaration d’Addis-Abeba, à intégrer le changement climatique dans les politiques, les programmes et les activités de développement aux niveaux national et sous-régional.
La stratégie commune UE-Afrique et son premier plan d’action sur trois ans (2008-2010) ont été finalement adoptés à la clôture du deuxième sommet UE-Afrique des 8 et 9 décembre 2007 par les chefs d’État ou de gouvernement de 53 pays africains et des 27 États membres de l’UE. Le texte souligne une vision à long terme partagée sur l’avenir des relations Afrique-UE dans un monde globalisé . L’initiative encourage la participation au processus du MAEP (Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs, lancé en 2003) et fournit aux pays africains l’appui financier pour mettre en œuvre les reformes inspirées par le MAEP. Le 10 FED (2008-2013) a consacré une enveloppe initiative de € 2,7 milliards, comprenant des enveloppes nationales et un fonds régional d’environ € 300 millions . Hélas, la majorité des recommandations des pairs ont été ignorées lorsque les six premiers pays africains (Algérie, Bénin, Ghana, Kenya, Rwanda, Afrique du Sud) ont entamé la rédaction de leurs Plans d’action… Les Forums des Affaires et des Infrastructures UE-Afrique, lancés séparément en 2006, sont des piliers importants dans le partenariat afin de rendre l’Afrique plus compétitive.

En 2010 lors du 3ème sommet Afrique-UE (29-30 novembre 2010) les parties ont adopté la Déclaration de Tripoli et le deuxième plan d’action (2011-2013) établissant des questions transversales et huit domaines de partenariat stratégique pour 2011-13 :
1. la paix et la sécurité,
2. la gouvernance démocratique et les droits de l’homme,
3. le commerce, l’intégration régionale et les infrastructures,
4. les objectifs du Millénaire pour le développement,
5. le changement climatique,
6. l’énergie,
7. les migrations, la mobilité et l’emploi,
8. les sciences, la société de l’information et l’espace.

> Déclaration / Plan d’action du Caire (2000) ; EN
> Stratégie de l’UE pour l’Afrique (2005)
> European Union concept for strengthening African capabilities for the prevention, management and resolution of conflicts ( en français : Concept de l’Union européenne pour le renforcement des capacités africaines de prévention, de gestion et de règlement des conflits; 2006)
> Stratégie commune UE-Afrique (2007)
> Premier plan d’action (2008-2010) pour la mise en oeuvre du partenariat stratégique Afrique-UE
> Déclaration de Tripoli – 3ème sommet Afrique-UE (2010)
> Deuxième plan d’action (2011-2013) pour la mise en oeuvre du partenariat stratégique Afrique-UE

> Action Plan for the implementation of proposals relative to the EU concept for Strengthening African Capabilities
(…)
Autres sites CERPESC sur l`Afrique
Le Développement de la coopération régionale et transfrontalière en Afrique
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Sources :
http://www.ccfcambodge.org/single-news/n/le-cambodge-profite-des-liens-asean-ue-mais-veut-voir-a-plus-long-terme/
http://www.nouvelle-europe.eu/ue-et-asean-deux-organisations-internationales-deux-trajectoires
http://www.touteleurope.eu/fr/actions/economie/commerce-exterieur/presentation.html
http://www.cgeci.org/cgeci/index.php?option=com_content&view=article&id=543:u-acp-2e-revision-de-laccord-de-cotonou&catid=50
http://www.regards-citoyens.com/article-l-ue-a-publie-aujourd-hui-son-schema-revise-de-preferences-generalisees-spg-qui-prendra-effet-au-112030280.html