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Politique étrangère (IFRI)

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La revue de référence sur les questions internationales
Updated: 1 month 2 weeks ago

Prévention de la radicalisation et déradicalisation : les modèles allemand, britannique et danois

Tue, 08/12/2015 - 11:56

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’hiver 2015 de Politique étrangère que vous avez choisi : « Prévention de la radicalisation et déradicalisation : les modèles allemand, britannique et danois », par Asiem El Difraoui et Milena Uhlmann.

« Les termes « radicalisation », « prévention », « désengagement » et « déradicalisation » se sont largement répandus depuis les attentats du 11 Septembre, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et dans les pays du Nord de l’Europe. Ces concepts sont liés et connaissent un regain d’intérêt en France depuis les attentats de janvier 2015.[1]

La radicalisation est définie comme le processus qui conduit un individu à rompre avec la société dans laquelle il vit pour se tourner vers une idéologie violente, en l’occurrence le djihadisme. La prévention regroupe un ensemble de mesures, concernant des domaines sociétaux variés, visant à empêcher la radicalisation. La déradicalisation vise à « défaire » le processus de radicalisation et à encourager la réintégration des individus concernés dans la société. Dans d’autres contextes, on emploie également le terme de « réhabilitation ». L’ensemble des mesures de prévention et de déradicalisation est souvent désigné par le terme de « contre-radicalisation ».

Si le présent article fait occasionnellement référence au concept de prévention, son objet principal réside dans l’analyse de différents programmes de déradicalisation mis en œuvre dans trois pays européens précurseurs : l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Danemark. L’objectif principal est d’identifier les initiatives les plus prometteuses, mais aussi les problèmes récurrents, pour en tirer quelques leçons pour la France.

[…]

Hayat : déradicalisation et médiation

Hayat est l’un des premiers programmes de déradicalisation au sein de la société civile, lancé par le Centre de la culture démocratique (ZDK) de Berlin, qui disposait d’une expertise en matière de déradicalisation dans les milieux d’extrême droite (« Exit-Deutschland »). Hayat – « vie » en arabe et en turc –, qui compte dans ses rangs un ancien officier de police et des spécialistes de l’islamisme radical, est un programme de conseil et de suivi pour les jeunes radicalisés et leur famille. Depuis janvier 2012, le ministère fédéral de l’Intérieur s’est associé à cette initiative. Une nouvelle structure a été créée dans ce ministère pour coordonner les efforts de contre-radicalisation, structure supervisée non plus par les services de renseignement mais par l’Office fédéral pour les migrations et les réfugiés. Portant sur des aspects « émotionnels », « idéologiques » et « pragmatiques » de la radicalisation, les activités de Hayat sont tournées vers des individus soit en voie de radicalisation, soit déjà radicalisés mais sans avoir quitté le sol allemand, soit de retour des différents théâtres de djihad, ou encore se trouvant toujours sur une terre de djihad mais souhaitant rentrer. Sur le plan émotionnel, l’équipe intervient auprès des familles avec lesquelles les radicalisés, ou ceux en train de l’être, entretiennent encore des liens de confiance. La composante idéologique inclut la déconstruction des notions, interprétations et récits fondateurs des extrémistes, et nécessite une connaissance approfondie des concepts islamiques et islamistes. Le programme comporte également une composante dite pragmatique, englobant les démarches administratives ou de réinsertion professionnelle susceptibles de modifier l’environnement de l’individu. L’équipe de Hayat peut également offrir aux jeunes une assistance psychologique, ou les rediriger vers un groupe religieux non radical.

[1]. Les auteurs souhaitent apporter leurs remerciements à Hugo Micheron pour son aide précieuse dans la relecture de l’étude à l’origine de cet article.

Lire prochainement la suite sur Cairn.info.

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PE 4-2015 en librairie !

Wed, 02/12/2015 - 13:10

Le nouveau numéro de Politique étrangère (4-2015) vient de paraître ! Il consacre un dossier à la justice pénale internationale, ainsi que de nombreux articles liés à l’actualité comme les fluctuations du cours du pétrole, les primaires américaines ou encore les modèles de prévention de la radicalisation en Europe.

Née des deux conflits mondiaux, l’idée de justice pénale internationale a mis un demi-siècle à se concrétiser dans des institutions pérennes, et des concepts juridiques indépendants des conjonctures de crises. Le tribunal pour l’ex-Yougoslavie, le tribunal d’Arusha, la création de la Cour pénale internationale témoignent, entre autres, des réelles avancées des années 1990. Le dossier que présente Politique étrangère éclaire ces avancées et leurs limites.

La Cour pénale internationale n’est pas universellement reconnue ; elle ne couvre pas tous les problèmes juridiques que posent crimes de guerre et génocides ; et elle n’est pas non plus la seule forme de justice imaginable face à ces événements. L’idée même de justice pénale internationale est aujourd’hui à la fois de plus en plus sollicitée et de plus en plus contestée : deux bonnes raisons d’évaluer ses résultats, rares acquis d’un temps où l’on croyait le monde saisi d’un irrépressible besoin d’unité.

Ce numéro de Politique étrangère s’attache à d’autres dimensions essentielles du jeu international : la redéfinition des rapports de puissance, à tous niveaux (Chine, Éthiopie…), ou les incertitudes des marchés énergétiques (à travers les énigmatiques variations des cours du pétrole)…

Après les attentats du 13 novembre, on s’attachera particulièrement à l’article qui étudie les modèles de prévention de la radicalisation et de déradicalisation mis en œuvre dans trois pays européens.

Découvrez le sommaire complet ici.

Téléchargez le dossier de presse ici.

Téléchargez gratuitement l’article de Marie-Claire Aoun, « Une ère nouvelle d’abondance pétrolière ? », ici.

Achetez le numéro 4-2015 de Politique étrangère ici.

Abonnez-vous à Politique étrangère pour les 4 numéros de l’année 2016  ici ou à cette adresse : revues@armand-colin.com.

 

Climat : ouverture de la COP21

Mon, 30/11/2015 - 12:04

À l’occasion du lancement de la COP21 (21e Conference of Parties) qui a lieu à Paris jusqu’au 11 décembre, la rédaction de Politique étrangère vous invite à relire le Contrechamps publié dans le numéro d’été 2015 de Politique étrangère (2/2015) : « Climat : avant la Conférence de Paris », ainsi que la partie « Climat : vers la COP21 » publiée dans le RAMSES 2016.

Le premier article de ce dossier, « Climat : l’injustice faite au Sud », écrit par Sunita Narain, montre que les négociations sur le climat ne portent pas seulement sur la réduction des émissions mais également sur le droit au développement, et souligne l’un des enjeux majeurs, qui est de s’accorder sur une répartition équitable du budget carbone du monde.

« Le Forum économique mondial – qui rassemble chaque année à Davos la crème des puissants de ce monde – a dressé une liste des principaux dangers auxquels le monde serait confronté. Selon cette analyse, le changement climatique vient en première position des risques menaçant le monde pour les années à venir, si l’on conjugue les facteurs de probabilité et d’impact. Les liens étroits existant entre le changement climatique et les autres risques principaux doivent retenir encore davantage notre attention. Parmi ceux-ci, l’on pourrait citer : les inégalités économiques (en 3e position), les événements météorologiques extrêmes (5e position), la volatilité extrême des prix de l’énergie  (6e position), les conflits géopolitiques (7e position), et enfin les inondations et la sécurité hydrique (9e et 10e positions). Même les plus fortunés du monde s’accordent donc à dire que le monde est dans une situation critique, peut-être désespérée. »

Pour lire gratuitement l’article de Sunita Narain en intégralité, cliquez ici.

 

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Le second article de ce dossier, « COP21 : quelles chances de succès ? », co-écrit par Christian de Perthuis et Raphaël Trotignon, montre que l’enjeu principal de la Conférence de Paris est de dépasser les visions concurrentes, en mettant en place un jeu d’incitations économiques pouvant conduire à un accord universel où chaque joueur s’engagerait à réduire ses émissions.

« La construction d’un accord international sur le climat renvoie à la question du « passager clandestin ». La perturbation climatique est liée au stock global de gaz à effet de serre présent dans l’atmosphère, qui n’est que faiblement corrélé au flux annuel d’émissions de chaque pays. Pour chaque acteur pris isolément, il n’y a pas de corrélation directe entre le niveau de l’effort engagé pour réduire ses émissions et le bénéfice qu’il en tirera sous forme de moindres dommages. De plus, les impacts les plus sévères sont éloignés dans le temps, ce qui incite chacun à reporter l’intégralité des coûts du changement climatique sur les générations futures. Dans un tel contexte, chaque joueur à intérêt à attendre que ses voisins lancent l’action ; la position idéale étant celle du « passager clandestin », qui ne ferait aucun effort quand tous les autres s’engageraient pour protéger le bien commun. Inversement, aucun acteur n’a intérêt à s’engager unilatéralement tant qu’il n’a pas la conviction que d’autres suivront dans le cadre d’une coalition plus large. »

Pour lire la suite de l’article de Christian de Perthuis et de Raphaël Trotignon, cliquez ici.

 

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Composé 8 articles, le dossier « Climat : vers la COP21 » publié en septembre dans le RAMSES 2016 éclaire les enjeux décisifs de la conférence de Paris sur le climat et pose des questions essentielles. La COP21 réussira-t-elle: 1) à définir une nouvelle donne internationale ? ; 2) à proposer des solutions crédibles aux problèmes de court terme ? ; 3) à crédibiliser définitivement une nouvelle forme de négociation universelle ?

« Pour qualifier ou non de succès la conférence de Paris, il faudra observer la cohérence de l’ensemble des textes adoptés, tant sur la complémentarité des engagements que sur leur degré de contrainte juridique. Si la construction est cohérente, les bases de la transformation seront posées. » (Marie-Claire Aoun, « S’adapter aux effets du réchauffement climatique »)

Pour en savoir plus sur les différents articles de ce dossier, en lire certains en intégralité, et découvrir des interviews de leurs auteurs, cliquez ici.

 

Politique étrangère n°4-2015 : votez pour (é)lire votre article préféré !

Mon, 23/11/2015 - 11:08
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« Défaire Daech : une guerre tant financière que militaire »

Wed, 18/11/2015 - 11:39

À la suite des attentats du vendredi 13 novembre 2015, nous vous invitons à relire l’article de Myriam Benraad, « Défaire Daech : une guerre tant financière que militaire », publié dans le numéro d’été 2015 (2/2015) de Politique étrangère.

Organisation terroriste la plus médiatisée et la plus redoutée de la nébuleuse djihadiste mondiale, l’État islamique a largement bâti sa puissance militaire et politique sur le développement d’une véritable économie de guerre, à cheval entre l’Irak et la Syrie, passé graduellement d’activités de contrebande et d’extorsion diverses à un système dont chaque aspect a été méticuleusement pensé par ses concepteurs[1]. De par sa volonté de fonder un « État », qui confère tout son sens à son action au-delà des multiples débats sémantiques qui l’ont entouré, « Daech »[2] s’est doté de ressources qui, en 2015, en font toujours le groupe armé le plus fortuné au monde, avec près de deux milliards de dollars à son actif. Cette richesse se combine à un fonctionnement interne reposant sur une gestion millimétrée de revenus démultipliés à la faveur de l’absence de développement socioéconomique et de la déliquescence des institutions dans les territoires conquis ; revenus qui rendent compte de l’essor du djihad et de l’autonomisation de ses représentants par rapport à leurs promoteurs passés[3].

Cette sombre réalité et la résilience de l’État islamique en dépit des frappes aériennes de ces derniers mois rappellent, s’il en était besoin, l’urgence d’une compréhension plus aboutie de la machine de guerre qui sous-tend la survie même de l’organisation. Les djihadistes ont, en effet, su parfaire des méthodes de levée et de transfert de fonds extrêmement sophistiquées, qui fondent leur faculté à donner corps à l’État dont ils se prévalent. À ce titre, l’État islamique constitue une nouvelle forme de terrorisme pour laquelle conserver une activité financière pérenne est essentiel à la réalisation de ses ambitions. Or, si elles sont partiellement connues, les sources de financement de l’organisation appellent une documentation plus minutieuse, essentielle à l’adoption de mesures appropriées pour empêcher l’État islamique de faire usage de sa richesse, et pour tarir les ressources dont il pourrait s’emparer. Le caractère changeant des fonds en cause rend l’exercice périlleux, mais non moins décisif pour la réussite de la lutte anti-djihadiste.

On éclairera ici tout d’abord les rouages économiques et financiers de l’État islamique qui lui ont permis, dès son émergence sur la scène irakienne à l’automne 2006, de conquérir un vaste territoire à travers le Moyen-Orient, niant les frontières contemporaines de la région, et qui s’étend désormais à l’Égypte, à la Libye et, dans une moindre mesure, au Yémen. Quoiqu’une typologie exhaustive des sources de financement soit difficile à dresser, la richesse de l’État islamique provient principalement de ses extorsions et trafics divers – dont celui des populations fragilisées qui subissent son chantage –, de même que des ressources naturelles qu’il maîtrise et exploite au sein de son « califat » autoproclamé. Les revenus de Daech servent une stratégie qui vise par le biais de divers mécanismes de terrain et le recours aux technologies et aux derniers moyens de communication, à façonner un projet sociopolitique à double vocation régionale et globale[4].

On soulignera ensuite que les besoins financiers croissants de l’État islamique pour réaliser ses ambitions et consolider ses structures internes l’ont aussi très tôt placé dans une posture de vulnérabilité. Comme en témoigne son expansion hors d’Irak et de Syrie vers d’autres théâtres de conflit comme la Libye, l’organisation terroriste est contrainte de prendre de nouveaux territoires et de nouvelles ressources pour maintenir un flux constant de revenus et financer ses opérations. Depuis l’été 2014, la réponse militaire vise particulièrement l’économie de l’État islamique pour assécher ses revenus et le mettre en déroute au plan militaire. Le groupe djihadiste est aujourd’hui confronté à un défi : pérenniser sa richesse pour pouvoir subsister.

La communauté internationale continue quant à elle de se mobiliser, concentrant ses efforts pour entraver l’essor de la contrebande et des autres activités illicites aux mains des djihadistes. L’identification des acteurs, intermédiaires, transporteurs, acheteurs, reste toutefois ardue ; de même que le contrôle du secteur financier et des subventions extérieures. Quelles politiques peuvent être adoptées ou développées pour mettre fin au financement de l’État islamique ? Outre la poursuite des frappes sur ses infrastructures matérielles, une coopération internationale renforcée s’impose, de toute évidence. Mais selon quels dispositifs, eu égard à la capacité des djihadistes à déjouer les mesures traditionnellement prises contre les entreprises terroristes ? »

[…]

Et Myriam Benraad de conclure :

« Aucune victoire décisive contre l’État islamique ne pourra advenir sans une contre-offensive économique et financière qui requiert la mobilisation du plus grand nombre et la criminalisation de tout financement à destination du groupe et d’autres formations djihadistes actives. À l’heure actuelle, l’imposition de sanctions adéquates et la création de dispositifs judiciaires et institutionnels susceptibles de prévenir ces flux financiers butent sur des dissensions d’ordre géopolitique, notamment entre acteurs régionaux (Arabie Saoudite et Iran en tête) qui n’ont pas été directement frappés par l’onde de choc djihadiste, et restent par conséquent plus préoccupés par l’extension de leur influence. Vus du terrain, l’entremêlement sans fin des dynamiques conflictuelles et la primauté des réseaux économiques et circuits financiers informels n’est pas sans compliquer la donne. »

Lire l’intégralité de l’article sur cairn.info.

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[1]. On peut évoquer ici une économie politique. Voir à ce sujet : M. Batal Al-Shishani, « The Political Economy of the Islamic State », Terrorism Monitor, vol. 12, n° 24, The Jamestown Foundation, décembre 2014.

[2]. Ironiquement, l’usage du terme « Daech » ne retire rien à la prétention étatisante de ses membres. Il ne s’agit, en effet, que de l’acronyme arabe de Dawla islamiyya fi al-‘Iraq wa al-Cham, qui signifie « État islamique en Irak et au Levant ».

[3]. Sur le rôle joué par certains régimes sunnites du Golfe, au premier plan desquels l’Arabie Saoudite, dans l’essor continu du djihadisme et de l’État islamique en particulier, voir l’excellent essai de P. Cockburn, Le Retour des djihadistes. Aux racines de l’État islamique, Paris, Éditions des Équateurs, 2014.

[4]. Sur la stratégie de l’État islamique et ses multiples dimensions, voir l’essai remarquable de P.-J. Luizard, Le Piège Daech. L’État islamique ou le retour de l’Histoire, Paris, La Découverte, 2015.

« Pourquoi l’Algérie ne parvient pas à se réformer ? »

Fri, 13/11/2015 - 11:36

Le 6 novembre dernier, le dossier sur l’Algérie paru dans le dernier numéro de Politique étrangère (3/2015) a fait l’objet de la chronique « Idées & Débats : la revue du jour » dans le journal Les Échos.

« LE PROPOS

Fascinante en même temps que désespérante. Pleine de ressources mais tragiquement immobile : dans son dernier numéro, la revue Politique étrangère consacre un excellent dossier à l’Algérie, incapable encore aujourd’hui de sortir de la double impasse que constituent « son pouvoir militaro-sécuritaire » et sa « rente pétro-gazière », dont elle se sert pour acheter la paix sociale au lieu d’investir dans le rayonnement économique et culturel auquel pourrait légitimement aspirer cette grande puissance africaine.

L’INTÉRÊT

Un régime politique bloqué, une société – notamment les plus jeunes – désabusée, une montée de l’intégrisme religieux depuis le reflux de l’islamisme politique de masse des années 1990 : tel est le tableau, bien sombre, que dressent les auteurs d’un pays comme figé avant les inévitables changements qu’il va devoir adopter pour se sortir de l’ornière. Parmi les drames qui étreignent ce pays, il y a ce paradoxe d’une richesse dont il ne sait que faire, ces 730 milliards de dollars de revenus extérieurs engrangés entre 2000 et 2014 « dont près des trois quarts ont été recyclés dans la dépense publique », calcule la revue. Une inertie due au clientélisme, « le » mal algérien dont le pays n’a su se défaire depuis toutes ces années. À quand le réveil de l’Algérie ? »

D. Fo.

Article publié dans Les Échos, 6-7 novembre 2015, p.11.

 

Intégration et déviance au sein du système international

Mon, 09/11/2015 - 14:37

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (3/2015). Yves Gounin propose une analyse de l’ouvrage de Soraya Sidani, Intégration et déviance au sein du système international (Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 200 pages).

L’espace mondial n’est pas – ou pas seulement – une arène où s’affrontent des puissances. Cette grille de lecture réaliste ne suffit plus dans le monde de l’après-guerre froide. D’autres approches qui analysent les relations internationales avec les outils de la sociologie sont nécessaires.

Soraya Sidani interroge la marginalisation des États à partir de l’analyse des ratifications des quelque 317 conventions multilatérales enregistrées au siège des Nations unies entre 1945 et 2014. Elle en tire un classement des États par niveau de ratification, depuis les Pays-Bas qui arrivent en tête avec 214 conventions ratifiées jusqu’au Soudan du Sud, 193e avec 8 conventions ratifiées seulement.

L’utilisation de ce corpus pour analyser la « déviance » soulève une difficulté terminologique. Dévier – deviare : sortir du chemin – implique une action volontaire. Un État n’est pas déviant malgré lui. Or, l’absence de ratification d’une convention internationale peut trouver son origine soit dans le refus unilatéral d’un État d’y adhérer, soit dans son incapacité à le faire. Si dans le premier cas il s’agit bien d’une déviance au sens étymologique du terme, l’expression n’est pas appropriée dans le second, qui constitue plutôt une marginalisation involontaire ou un défaut d’intégration.

Cette réserve posée, on saluera la clarté de la typologie dressée par l’auteur. Elle distingue deux types de déviances : une déviance subie – qui, pour les motifs exposés plus haut, devrait plutôt être qualifiée de marginalité –, et une déviance souhaitée.

La déviance subie s’explique par plusieurs facteurs. Le premier est le défaut d’intégration régionale : un État ratifie d’autant plus de conventions multilatérales qu’il participe à une union régionale intégrée (17 des 20 États en tête du classement sont membres de l’Union européenne). Le deuxième est le retard de développement socio-économique : la négociation, la ratification et la mise en œuvre d’une convention internationale supposent la mobilisation d’un minimum de moyens que de nombreux États, notamment africains ou insulaires en queue de classement, ne possèdent pas. Le troisième est le caractère autoritaire de l’État : moins un État est démocratique, moins il ratifie de conventions internationales.

La déviance souhaitée résulte, elle, d’un choix rationnel. On pourrait croire que ce fût le cas des États contestataires de l’ordre international, successivement qualifiés par la superpuissance américaine de rogue states (1994), states of concern (2000) ou outlier states (2010). Or, ces États ne sont pas les plus mal classés : la Corée du Nord est certes 182e, mais l’Iran 105e, le Venezuela 94e et Cuba 39e. S’ils contestent l’ordre international, ils le font de l’intérieur, utilisant par exemple les organes onusiens comme tribune pour leurs revendications. Les États contestataires ne sont donc pas nécessairement des États déviants.

La déviance n’est pas là où on l’imagine : ce sont paradoxalement les États les plus puissants qui font le choix rationnel de rester en marge du jeu conventionnel. C’est le cas des États-Unis (63e) ou de la Chine (75e). Cette distanciation volontaire par rapport à la norme, privilège du fort, procède d’un réflexe souverainiste et d’une démarche utilitariste : dans le jeu international, le fort ne veut pas se lier les mains par des engagements internationaux.

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Or noir. La grande histoire du pétrole

Mon, 02/11/2015 - 15:37

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (3/2015). Julien Brault propose une analyse de l’ouvrage de Matthieu Auzanneau, Or noir. La grande histoire du pétrole (Paris, La Découverte, 2015, 718 pages).

L’auteur analyse l’histoire du XXe siècle à travers celle du pétrole. Celui-ci est d’abord le produit de sociétés militarisées fondées sur la guerre mécanisée – la guerre de Sécession, la Première Guerre mondiale, le Blitzkrieg vu comme une gestion optimisée de l’énergie, jusqu’à l’usage du napalm au Vietnam. L’industrie pétrolière apparaît ainsi dans cet ouvrage comme un système monopolistique, coercitif et corrompu créé par les Rockfeller. Sauveurs du système financier américain à la fin du XIXe siècle, artisans de la création de la Fed, se présentant comme les grands défenseurs d’un système néolibéral dont ils seraient la banque, ceux-ci auraient orchestré une transformation du capitalisme en corporatisme. S’alliant successivement avec le charbon, le chemin de fer, l’automobile, l’agriculture, l’ingénierie, la banque, le fisc, la science et notamment la science économique, ce cartel international aux multiples ramifications connaîtrait depuis 1989 un renouveau, incarné notamment par JPMorgan et Citigroup. L’auteur souligne, à l’inverse, le rôle des figures qui combatirent Big Oil, de l’essor du Staline de la Bakou pétrolière aux luttes de Kennedy contre les majors.

C’est l’ensemble de l’histoire récente des relations internationales que l’auteur présente comme inféodé à l’or noir, en s’attachant au récit de ses événements marquants : percement du canal de Suez, accords Sykes-Picot, invasion de l’Éthiopie, création des organisations internationales après 1945, renversement de Mossadegh, mort de Mattei ou guerre du Biafra. Au centre du jeu : une alliance américano-saoudienne fondée sur les astuces fiscales des majors, le refus de la démocratie et le réinvestissement des pétrodollars. À ce titre, la crise pétrolière et ses conséquences – chômage, dette et restructurations néolibérales – sont interprétées comme profitant avant tout aux majors américaines. La révolution iranienne et la première guerre d’Afghanistan conduisent d’ailleurs à un renouveau rapide de la puissance américaine au Moyen-Orient, la CIA jouant les uns contre les autres, notamment pendant la guerre Iran-Irak. Le contre-choc pétrolier apparaît quant à lui comme un tribut payé par les Saoud à Washington pour accélérer la chute de l’empire soviétique. Georges W. Bush se garde d’ailleurs bien d’inquiéter les Saoudiens après le 11 Septembre, qui l’en remercieront en favorisant sa réélection. Au regard du chaos irako-syrien actuel, ce renouveau américain au Moyen-Orient apparaît aujourd’hui comme un échec, qui profite paradoxalement aux compagnies chinoises. La dernière facette de la question pétrolière est enfin écologique, et renvoie à un déclin, qui détermine aujourd’hui l’évolution d’une partie du système international.

Le livre pâtit d’un certain nombre de longueurs, de considérations philosophiques approximatives sur la nature du progrès, et d’un défaut d’analyse économique. L’auteur n’hésite ainsi pas à lier étroitement le pétrole à l’essor du fascisme, mais aussi à une libération des potentialités humaines… D’un indéniable talent littéraire, rempli de détails fouillés et de brillants passages, il comble néanmoins utilement un vide dans un champ traditionnellement dominé par l’historiographie anglo-saxonne.

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Politique étrangère 3/2015 : un «éclairage percutant» de l’actualité internationale

Thu, 29/10/2015 - 15:45

La Revue Politique et parlementaire a publié dans son dernier numéro une recension sur le numéro d’automne de Politique étrangère (3/2015).

« Dans une région secouée par des guerres sans fin, au milieu d’un chaos généralisé, le Maroc et l’Algérie semblent relativement épargnés. Pour combien de temps encore alors que l’environnement international risque de remettre en cause ce calme relatif : chute des prix du pétrole, baisse de la rente entraînant une dislocation du tissu social, mettant à nu le fonctionnement du système : structures politiques opaques, clientélisme corruption, faisant le lit d’une islamisation rampante et un chaos extérieur explosif (Sahel, Tunisie, Lybie). Le dossier de Politique étrangère donne un éclairage percutant de l’ensemble de ces questions. Sont également abordés deux thèmes majeurs de 2015 : le centenaire du génocide arménien, occasion de rapprochement entre Ankara et Erevan gaspillée, mais révélatrice, entre autres, des contradictions turques ; et la mutation des migrations internationales, en particulier celles qui concernent l’Europe et l’espace méditerranéen.

D’autres sujets de réflexion y sont développés : la négociation d’un éventuel TTIP, la vision chinoise des « nouvelles Routes de la soie », l’état de la Somalie, la piraterie dans le golfe de Guinée, les rapports entre les États musulmans et l’islam de France. En rendant compte des débats relevant des
relations internationales et en proposant des analyses approfondies de l’actualité internationale, La revue trimestrielle Politique étrangère constitue un instrument de référence pour les milieux académiques, les décideurs et la société civile. »

« L’Algérie, puissance émergente ? »

Tue, 27/10/2015 - 10:01

« L’Algérie, puissance émergente ? », telle est la question posée par la journaliste Charlotte Bozonnet dans son article publié vendredi 23 octobre 2015 dans Le Monde et consacré au dossier sur l’Algérie paru dans le numéro d’automne de Politique étrangère (3/2015).

« De l’Algérie, on souligne souvent la paralysie : celle de son président, affaibli par un accident vasculaire cérébral depuis 2013 ; celle de son système politique, où les clans au pouvoir refusent toute transition. Plus rarement ce qui bouge pour ce pays. Dans son dernier numéro, Politique étrangère consacre un dossier éclairant sur l’Algérie, analysant comment ce système, « miné de toutes parts», se voit contesté par son environnement international.

L’économie, d’abord, ou « la chronique d’une crise permanente » dans un pays qui, en quinze ans de manne pétrolière, aura, certes, amélioré le quotidien de ses habitants mais sans parvenir à construire une économie productive. « Au moment où l’Algérie doit faire face à une nouvelle crise pétrolière, l’hyperdépendance de son économie aux hydrocarbures fait craindre un risque systémique », prévient l’économiste Mihoub Mezouaghi. Avec un baril tombé à moins de 50 dollars (44 euros), le modèle de croissance n’est plus viable, faisant craindre une crise aux répercussions politiques.

Immobilisme mortifère

Les mutations de la politique étrangère de l’Algérie, ensuite. « La diplomatie algérienne va devoir se redéfinir face à un monde qui change », souligne Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, qui revient sur « l’âge d’or » de cette diplomatie, dont les principes restent les mêmes depuis l’indépendance : soutien à la décolonisation, non-intervention au-delà des frontières, coopération et multilatéralisme. Sauf que la survenue des « printemps arabes » et les menaces à ses frontières bousculent l’édifice.

Le principe de non-ingérence est remis en question, souligne Geoff D. Porter, de la New York University, rappelant que l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine, en janvier 2013, a été lancée depuis le territoire libyen. Si l’Algérie reste fidèle à son approche non interventionniste, certains signes traduisent une inflexion.

En 2013, Alger a autorisé Paris à utiliser son espace aérien dans le cadre de l’opération Serval. En mai 2014, un accord de coopération militaire a été signé avec la Tunisie. Et en février, l’Algérie s’est abstenue de condamner les frappes égyptiennes en Libye. « Face à des menaces externes sans précédent, l’Algérie sera peut-être contrainte de se demander, pour la première fois, si les avantages de sa politique de non-ingérence ne vont pas finir par se révéler moindres que les inconvénients», note M. Porter.

Ce dossier de Politique étrangère raconte l’immobilisme mortifère du régime algérien, tout en analysant les défis majeurs auxquels il est confronté. Ses capacités militaires – les plus importantes du Maghreb –, sa situation géographique aux portes du Sahel en font un acteur-clé de la région. Que l’Algérie le veuille ou non. »

Article écrit par Charlotte Bozonnet dans Le Monde, le 23 octobre 2015. © Le Monde, 2015.

La Russie : puissance faible ou forte ?

Tue, 20/10/2015 - 17:50

Dimanche 18 octobre 2015, le précédent numéro de Politique étrangère (2/2015) sur la Russie était à l’honneur dans l’émission « Carrefour de l’Europe » présentée sur RFI par Daniel Desesquelle.

Tatiana Kastouéva-Jean, responsable du Centre Russie/NEI à l’Ifri et coordinatrice du dossier « La Russie, une puissance faible ? » présenté dans le numéro d’été 2015, était l’une des invités de l’émission.

« En Syrie, le régime de Bachar el-Assad regagne du terrain grâce aux frappes russes. En Ukraine, le jeu trouble de Moscou empêche toute stabilisation du pays. Que cherche vraiment Vladimir Poutine, dont les ressources s’estompent avec la baisse des prix du pétrole. Le président russe a-t-il les moyens de son ambition : remettre durablement son pays sur le devant de la scène mondiale ? La Russie est-elle une puissance forte ou faible ?  »

Pour réécouter l’émission, cliquez ici.

De gauche à droite : Olga Kokorina, Tatiana Kastoueva-Jean, Daniel Desesquelle, Isabelle Facon. Crédits photographiques : © 2015 Copyright RFI – Tous droits réservés.

Boko Haram et le Nigeria

Thu, 15/10/2015 - 15:07

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (3/2015). Timothy Boswell propose une analyse croisée de deux ouvrages : celui de Virginia Comolli, Boko Haram. Nigeria’s Islamist Insurgency (Londres, Hurst Publishers, 2015, 208 pages) et celui de Mike Smith, Boko Haram. Inside Nigeria’s Unholy War (Londres, I.B. Tauris, 2015, 320 pages).

Si Al-Qaïda et l’État islamique ont concentré la plupart des analyses sur le phénomène djihadiste, la littérature sur Boko Haram est bien moins abondante. Le groupe qui s’est rendu célèbre par l’enlèvement des lycéennes de Chibok il y a plus d’un an est pourtant responsable de nombreuses exactions, qui ont coûté la vie à plus de 7 000 personnes de la mi-2014 à la mi-2015. Deux livres, de Mike Smith, ancien chef du bureau de l’AFP pour l’Afrique de l’Ouest, et de Virginia Comolli, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques (IISS) à Londres, tentent de faire la lumière sur cette organisation que l’on qualifie parfois de « secte ».

L’ouvrage de Mike Smith se livre principalement à un récit factuel des événements, plus qu’à une étude critique de Boko Haram. Il fournit des détails saisissants sur les attaques du groupe, recueillis de la bouche même des victimes et des témoins directs. Ces détails donnent un excellent aperçu de la situation au Nigeria depuis que le groupe s’est engagé sur la voie de la violence en juillet 2009. Le livre s’ouvre sur un récit de l’attaque de Boko Haram contre un siège de la police en janvier 2012 par un des survivants, avant de présenter un tableau général de la situation au Nigeria, et du groupe lui-même. Chaque chapitre débute par le récit d’un événement majeur dans l’histoire de Boko Haram, de l’exécution extrajudiciaire du chef du groupe en juillet 2009 à l’enlèvement de près de 300 filles dans leur école de Chibok. Les autres chapitres se concentrent sur le contexte, l’histoire coloniale de la région, et l’échec des réponses du gouvernement à Boko Haram.

De son côté, Virginia Comolli a écrit un ouvrage de facture plus scientifique, aux nombreuses références, et offrant moult détails donnant une vue d’ensemble du groupe et des enjeux locaux, régionaux, et internationaux. Le livre de Comolli explore tout d’abord le contexte historique de l’islam au Nigeria. L’auteur se fonde sur cette histoire pour expliquer l’origine de groupes islamistes radicaux, avant de se tourner plus spécifiquement vers Boko Haram. Elle analyse en profondeur ce groupe, détaillant les controverses sur sa fondation et le tournant violent sous la direction d’Abubakar Shekau. Elle se concentre ensuite sur les multiples conséquences régionales, et les liens éventuels avec d’autres groupes islamistes extrémistes. Dans la dernière partie de l’ouvrage, elle se montre critique envers la stratégie de contre-insurrection mise en œuvre par le gouvernement nigérian, qui s’est soldée jusqu’ici par des revers et de multiples violations des droits de l’homme de la part des forces de sécurité.

Les deux livres ont des styles et des buts différents. Celui de Smith est une lecture captivante pour quiconque souhaite mêler récits historico-politiques et témoignages poignants. De son côté, le livre de Comolli est une lecture incontournable pour ceux qui veulent avoir une compréhension globale des conditions ayant conduit à la situation actuelle. Alors que Boko Haram étend ses opérations hors du Nigeria et que les effets de ses actions se feront sentir pendant des années, on ne peut que recommander la lecture de ces deux ouvrages.

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La question des réfugiés : 3 questions à Matthieu Tardis

Fri, 09/10/2015 - 10:00

Auteur de l’article « L’accueil des réfugiés : l’autre crise européenne » paru dans le numéro automne 2015 de Politique étrangère (3/2015), Matthieu Tardis a accepté de répondre à trois questions en exclusivité pour politique-etrangere.com.

Pourquoi la crise des migrants – qui n’est pas nouvelle – s’est-elle brutalement accélérée depuis l’été 2015 ?

Il s’agit avant tout d’une crise des réfugiés. Selon le HCR, il n’y a jamais eu autant de réfugiés dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. L’Union européenne a été jusqu’à présent relativement protégée. Elle le reste d’une certaine manière quand on la compare à des États comme la Turquie ou le Liban. C’est parce que les conflits durent, notamment le conflit syrien, et que les conditions de vie dans les pays de premier asile se dégradent, particulièrement au Liban, que les réfugiés reprennent la route en prenant des risques importants.

Comment expliquer que les États européens réagissent de manière si contrastée par rapport à l’afflux de réfugiés ?

C’est le principal facteur de cette crise très européenne. L’asile, et l’immigration en général, ont longtemps été réduits à des questions de frontières et de sécurité. Il n’est pas étonnant que ce raisonnement ait été transposé à l’échelle nationale allant jusqu’à remettre en cause la liberté de circulation. De plus, le droit d’asile et l’Europe ont une longue histoire commune. Pourtant, aucune réflexion n’a été initiée sur une mémoire européenne de l’asile. Plus que les réponses gouvernementales, ce sont les contrastes entre les sociétés européennes qui sont frappants.

Quels scénarios de sortie de crise peut-on envisager ?

L’Union européenne ne va pas faire en quelques mois ce qu’elle ne parvient pas à mettre en place depuis 15 ans, à savoir des conditions d’exercice du droit d’asile équivalentes dans les États membres. Cependant, c’est souvent en période de crise que l’Union européenne progresse même si les divergences sont ici profondes. L’UE doit faire preuve de responsabilité, de solidarité et d’imagination en soutenant les pays tiers qui accueillent le plus de réfugiés, en proposant des voies d’accès légales vers l’Europe et en créant un régime d’asile européen qui soit davantage que l’addition de 28 systèmes nationaux. Le défi est de taille pour les réfugiés et pour l’UE, qui semble être devant des choix déterminants pour son avenir.

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Prix Nobel de littérature

Thu, 08/10/2015 - 14:17

Svetlana Alexievitch vient de se voir attribuer le prix Nobel de littérature. À cette occasion nous vous invitons à relire la recension de son ouvrage La Fin de l’homme rouge parue dans le n°3/2014 de Politique étrangère.

« L’Union soviétique est un de ces sujets à propos desquels il est difficile de ne pas tomber dans l’extrême, par une écriture antisoviétique et russophobe, ou par un patriotisme artificiel et exacerbé. Svetlana Alexievitch, journaliste biélorusse née en 1948, parvient à éviter ces deux écueils. Dans La Fin de l’homme rouge, elle se contente de transmettre le témoignage des hommes et femmes qui ont vécu la désintégration d’un empire tout entier. L’authenticité de leurs souvenirs rend ce livre véritablement captivant, en plus des poignants drames personnels de certains témoins. »

Pour relire intégralement l’article paru sur cette recension, cliquez ici.

« L’Algérie face aux changements »

Tue, 06/10/2015 - 10:21

Le journal La Croix a publié le 2 octobre dernier un article de Jean-Christophe Ploquin, consacré au dossier du numéro d’automne de Politique étrangère (3/2015) : « L’Algérie, nouvelle force régionale ? ».

« L’Algérie va-t-elle écrire une nouvelle page de son histoire ? Ce pays pivot du Maghreb va devoir négocier des changements majeurs dans les années à venir. Politiquement, la succession du président Abdelaziz Bouteflika, âgé de 78 ans et qui en est à son 5e mandat, devra être négociée. Économiquement, la rente pétrolière n’est plus garantie avec l’effondrement des prix des hydrocarbures. Diplomatiquement, le splendide non-alignement du pays, cultivé depuis l’indépendance, devient difficile face aux périls qui s’accumulent aux frontières.

Ce sont ces nombreux défis qu’examinent quatre auteurs dans le dossier consacré à l’Algérie par la revue Politique étrangère. Tous pressentent d’inéluctables évolutions mais s’interrogent sur la capacité du pays à les appréhender. »

Pour lire l’article de Jean-Christophe Ploquin dans son intégralité, cliquez ici.

Gouverner le climat ? 20 ans de négociations internationales

Fri, 02/10/2015 - 10:08

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (3/2015). Mathilde Isler propose une analyse de l’ouvrage de Stefan Aykut et Amy Dahan, Gouverner le climat ? 20 ans de négociations internationales (Paris, Presses de Sciences Po, 2015, 752 pages).

La Conférence de Paris doit aboutir à un accord contraignant, avec des engagements concrets de diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES), afin de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 °C. Cet ouvrage permet de bien comprendre les tenants et les aboutissants de cet enjeu : pourquoi un accord contraignant ? Quelles positions des différents acteurs face à cet enjeu ? Quelles contraintes au niveau national ? Pourquoi cette limite des 2 °C ? Quel lien entre le monde scientifique et le monde politique ? Quelles sont leurs interactions ?

La négociation climatique n’est pas à part dans la sphère internationale : elle suit les grandes tendances géopolitiques mais elle est un théâtre où les équilibres basculent rapidement. Alors que de petits pays insulaires réussissent à attirer l’attention sur les problématiques qui les touchent à très court terme, certains pays n’hésitent pas, par des positions dogmatiques, à bloquer les négociations (l’Inde, entre autres). Les États-Unis et la Chine, parmi les plus gros émetteurs de GES, sont attendus pour des engagements ambitieux et réalistes, mais doivent composer avec des pressions internes fortes quant à la préservation de leurs intérêts nationaux.

Ce manuel entre en profondeur dans la mécanique de la négociation internationale sur le climat. Plusieurs chapitres sont consacrés à la gouvernance de ses institutions, à ses blocages, à ses opportunités d’évolution. Les auteurs défendent l’idée que le climat devrait être placé au centre du système de négociation internationale, notamment à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour être défendu à son juste niveau. Et pourtant, l’échec de la création d’une Organisation mondiale de l’environnement qui aurait eu pour but de renforcer et crédibiliser la prise en compte de cette thématique sur la scène internationale, a démontré, lors du sommet Rio+20 en 2012, que le monde n’était pas prêt à mettre l’environnement et les négociations climatiques au cœur de débats qui restent centrés sur l’économie.

Une réflexion très intéressante est également menée par les auteurs sur la question de la temporalité : souvent critiquée pour sa lenteur, la négociation climatique s’inscrit dans le temps long, mais doit également composer avec l’accélération des modes de communication liée aux nouvelles technologies et aux médias. La négociation climatique a été rythmée par des momentum qui ont permis de mettre en lumière certains sujets et d’acter certaines avancées, comme le protocole de Kyoto en 1997 ou la création du Fonds vert en 2010. Chaque COP, chaque année, est une fenêtre d’opportunité pour une progression majeure ou non (Copenhague, 2009) des négociations, et dépend beaucoup du contexte et du rapport des forces en présence. La Conférence de Paris sera-t-elle déterminante pour l’avenir du processus ?

Face au constat d’échec du système de négociations climatiques établi tout au long du livre – malgré de réelles avancées, la situation actuelle semble paralysée –, le dernier chapitre se penche sur la question du changement de paradigme nécessaire pour une véritable lutte contre le changement climatique. Peut-on vraiment faire évoluer nos modes de vie vers plus de durabilité ? Doit-on abandonner le capitalisme pour sauver la planète ? Ces réflexions nous poussent dans nos retranchements. Tout le monde veut le changement, mais qui veut changer ?

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Relations internationales : y a-t-il vraiment un système international ?

Thu, 17/09/2015 - 12:04

Dominique DAVID, conseiller du président de l’Ifri, rédacteur en chef de Politique étrangère et co-directeur du Ramses était l’invité de Thierry GARCIN sur France Culture, mercredi 16 septembre 2015, dans l’émission « Les Enjeux internationaux ». Il y a présenté l’édition 2016 du « Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies » et examiné la question de l’existence d’un véritable système international.

« On parle souvent du « système international » sans vraiment le définir, de la « communauté internationale » en en faisant un tout, de la « société internationale » en en faisant un fourre-tout, de l’« ordre international » en cachant le désordre international, pourtant si manifeste. »

Mais comment fonctionnent les relations internationales, qui reposent en grande partie sur les relations interétatiques, malgré une certaine mondialisation de la politique étrangère, voire de la diplomatie ?

Promeuvent-elles avec tant de succès la démocratie ? S’achemine-t-on vers un monde plus multipolaire ?

Le rôle de l’État reste-t-il déterminant, quels que soient les régimes en place ?

La recherche de l’équilibre n’est-elle au fond qu’un processus sans fin ?

Pour écouter l’émission, cliquez ici.

Pour découvrir le sommaire du Ramses 2016 cliquez ici.

Hommage à Stanley Hoffmann

Wed, 16/09/2015 - 14:30

Stanley Hoffmann, spécialiste de relations internationales à l’université de Harvard, vient de nous quitter. En 1983, il avait publié dans Politique étrangère (4/1983) un article remarquable sur la pensée de Raymond Aron. Ce texte avait été republié en 2006, à l’occasion du 70e anniversaire de notre revue. Nous vous invitons à le relire.

L’ampleur de l’œuvre de Raymond Aron a toujours fait le désespoir de ses commentateurs – et de ses disciples. On peut s’attendre à la publication de divers textes inédits ; néanmoins, hélas, cette œuvre est désormais achevée. Ce qui devrait permettre d’étudier enfin, en profondeur, la contribution scientifique qu’elle a apportée – de séparer en quelque sorte les deux activités que Raymond Aron a menées de concert et a souvent entremêlées : l’activité proprement journalistique, commentaires d’une actualité qu’il se sentait le devoir d’élucider et d’interpréter, et l’activité du théoricien, philosophe de l’histoire, sociologue des sociétés contemporaines, ou critique de la pensée politique et sociale des grands auteurs.

Lire la suite de cet article.

La politique étrangère de l’Algérie : le temps de l’aventure

Fri, 11/09/2015 - 15:51

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’automne 2015 de Politique étrangère que vous avez choisi : « La politique étrangère de l’Algérie : le temps de l’aventure ? », par Jean-François Daguzan.

Longtemps, la politique étrangère algérienne est allée de son train de sénateur. Définie dès les premières années de l’indépendance et marquée par la guerre de libération, la politique étrangère du jeune État s’est caractérisée par l’énoncé d’un ensemble de dogmes dont les gouvernements successifs ne sortirent jamais vraiment. Elle dut bien prendre en compte la fin des blocs et les désillusions de l’après-décolonisation, mais sans jamais se défaire tout à fait des habits d’un certain un âge d’or. La diplomatie fut si importante pendant la période Boumediene qu’elle favorisa l’émergence de diplomates de grande qualité qui furent très actifs dans les organisations internationales. Cette politique étrangère suit un fil rouge : Abdelaziz Bouteflika.

Dès avant l’indépendance, l’actuel président est présent dans les processus de décision : il sera le ministre des Affaires étrangères de Boumediene, et après une éclipse sous Chadli Bendjedid et la transition de la guerre civile, il revient en tant que président et imprime quasiment seul sa marque sur la politique étrangère – jusqu’à ce que la maladie vienne freiner son action. À partir de 1999, Bouteflika n’a de cesse de restaurer l’image de l’Algérie ternie par les années de plomb et il la désenclave politiquement[1]. Mais cette relance va être conduite dans le cadre théorique d’une diplomatie construite par la lutte pour l’indépendance et par les années Boumediene. Les principes définis sous son leadership, et qui sous-tendent encore aujourd’hui la politique extérieure algérienne, sont les suivants : soutien à la décolonisation, non-intervention au-delà des frontières, coopération et multilatéralisme, libération de la Palestine ; Sahara occidental[2].

Aujourd’hui, les printemps arabes et leur cortège de déstabilisations, la mondialisation économique et la crise économique et financière (qui fut un des catalyseurs de la révolte), ont balayé les certitudes. L’Europe, qui paraissait une force en marche, est désormais désorientée. Enfin, la crise libyenne a mis le feu aux confins sahéliens. Tout oblige désormais l’Algérie à une redéfinition de ses choix stratégiques.

Lire la suite sur Cairn.info.

[1]. A. Boukhars, « Algerian Foreign Policy in the Context of the Arab Spring », Carnegie Endowment for International Peace, 14 janvier 2013, disponible sur : <http//carnegieenddowment.org/2013/01/14/algerian-foreign-policy-in-context-of-arab-spring/f1xf>, p. 3.

[2]. Voir l’ouvrage fondateur de N. Grimaud : La Politique étrangère de l’Algérie, Paris, Khartala, 1984.

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RAMSES 2016 en librairie !

Wed, 09/09/2015 - 15:37

RAMSES 2016 propose des analyses couvrant l’ensemble des enjeux internationaux d’actualité, enjeux qui interrogent plus globalement l’organisation de notre monde.
Thème dominant de cette 34e édition : Climat : une nouvelle chance ? RAMSES 2016 interroge aussi l’insertion de l’Afrique dans la globalisation, et les incertitudes de l’espérance démocratique : dans nos sociétés développées, plus au Sud, et pour la société internationale dans son ensemble.

Le RAMSES (Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies) éclaire un monde en pleine recomposition :

Les Perspectives de Thierry de Montbrial replacent les développements internationaux des mois écoulés dans le temps long de l’analyse.

Trois enjeux pour 2016 : les chercheurs de l’Ifri s’attachent à trois questions décisives :

  • La Conférence sur le climat de décembre 2015 pourra-t-elle être un nouveau départ ?
  • Les désordres africains conduisent-ils le continent au seuil du gouffre, ou du rebond ?
  • L’avancée vers la démocratie est-elle toujours à l’ordre du jour de la planète ?

Le Monde en questions passe en revue l’actualité des conflits, des stratégies, des grandes négociations internationales

Les Repères proposent un important appareil documentaire : statistiques, chronologie, cartes originales créées pour le RAMSES.

Le RAMSES 2016 est également, pour la première fois, accompagné de 7 vidéos de chercheurs de l’Ifri, qui proposent leur synthèse sur les thèmes internationaux les plus actuels.

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Téléchargez le sommaire complet ici.
Téléchargez le dossier de presse ici.
Découvrez la vidéo de présentation de Dominique David ici.

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RAMSES 2016. Climat : une nouvelle chance ?
336 pages, 32 euros
Ifri/Dunod
ISBN : 978-2-10-073839-7
Disponible en librairie depuis le 2 septembre 2015.
En vente en ligne sur Dunod.com.

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