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Politique étrangère (IFRI)

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La revue de référence sur les questions internationales
Updated: 1 month 1 week ago

Rencontre-débat : La France et les États-Unis au Moyen-Orient

Wed, 15/06/2016 - 15:18

À l’occasion de la sortie des nouveaux numéros de Politique étrangère, « Moyen-Orient, le nouveau Grand Jeu » (vol. 81, n°2, été 2016) et de Confluences Méditerranée, « Iran/Arabie Saoudite: une guerre froide » (n°97, printemps-été 2016), l’Ifri vous invite à assister à la rencontre-débat organisée à l’iReMMO le mercredi 29 juin 2016 à 18h30 :

« La France et les États-Unis au Moyen-Orient : continuité, ruptures et contradictions ».

Cette rencontre croisée sera animée par Jean-Paul Chagnollaud, directeur de Confluences Méditerranée et Marc Hecker, rédacteur en chef de Politique étrangère, avec :

  •  Denis Bauchard, ancien ambassadeur et conseiller pour le Moyen-Orient à l’Ifri.
  •  Steven Ekovich, historien et professeur à l’Université américaine de Paris.
  •  Georges Malbrunot, journaliste au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient.

* * *

Adresse : iReMMO, 7 rue des Carmes 75005 Paris.
Inscription en ligne : cliquez ici.

Pour plus d’informations sur le débat, veuillez contacter :
– l’iReMMO à infos@iremmo.org ou au 01 43 29 05 65.
– l’Ifri à lavergne@ifri.org ou au 01 40 61 72 73.

 

L’Europe centrale à l’épreuve de l’autoritarisme

Mon, 13/06/2016 - 09:55

La rédaction a le plaisir de vous offrir un second article du numéro d’été 2016 de Politique étrangère : « L’Europe centrale à l’épreuve de l’autoritarisme », par Georges Mink.

Personne ne se souvient de la phrase prophétique de Bronislaw Geremek en 1990 : « La voie de la liberté est ouverte, celle de la démocratie reste incertaine. » À l’époque, on pardonnait le pessimisme chronique du professeur éprouvé par l’expérience traumatique de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui dominait alors était l’idée que la marche vers la démocratie était aussi sûre que naturelle. Tout comme l’insertion dans les institutions garantissant la paix et la prospérité en Europe : l’OTAN et la CEE.

Les transitologues s’appliquaient à mesurer la consolidation – Adam Przeworski définissait le régime démocratique « consolidé » par la répétition des alternances entre élites et partis opposés. La démocratie consolidée s’imposait quand elle était « the only game in town ». Les élites de consolidation devaient routiniser, pour que ses mécanismes deviennent des réflexes inconditionnels pour résoudre les conflits publics. Le 1er mai 2004 a clos symboliquement cette longue marche. Voix et mouvements europhobes et/ou antidémocratiques ne se sont certes pas éteints puisque les embryons de l’extrême droite ou droite anti-européenne ont persisté dans toute l’Europe centrale ; certains, après des succès électoraux, participant à des coalitions au pouvoir comme le parti national slovaque (SNS) de Jan Slota en Slovaquie ou la Ligue des Familles polonaises de Roman Giertych.

Les pays de Visegrad semblaient pourtant tracer leur chemin, certains même avec des succès forçant l’admiration à Bruxelles. Ce fut le cas de la Pologne, qui a traversé la crise de 2008-2009 sans récession, quasi seule en Europe. Avec une présidence de l’UE réussie, une politique étrangère proactive, elle passait en première ligue des pays européens. Ces succès ont été par deux fois couronnés par l’UE : la première fois quand Jerzy Buzek fut élu président du Parlement européen, puis avec la désignation de Donald Tusk au poste le plus prestigieux depuis le traité de Lisbonne, celui de président du Conseil européen.

Le virage autoritaire de la Hongrie en 2010 est apparu comme une première faille, estimée alors accidentelle et gérable par pressions, condamnations ou suspensions en droit européen. Elle s’est confirmée par la victoire du parti Fidesz en 2014. On s’interroge sur le populisme est-européen depuis le début de la transition vers la démocratie, mais c’est avec la Hongrie de Viktor Orban que le concept de régime démocratique illibéral s’impose. Le concept de populisme fait une carrière exceptionnelle, académique et journalistique. On lui reproche cependant sa polysémie : il désigne des phénomènes très différents. Le concept de régime démocratique illibéral n’a pas tout de suite été appliqué aux pays postcommunistes qui paraissaient échapper aux ambiguïtés d’une Russie ou d’une Turquie. Certains de ces pays ont basculé dans cette catégorie en faisant élire démocratiquement des leaders autoritaires dont la gouvernance tend au monopole du pouvoir par la neutralisation de certaines institutions (notamment les tribunaux constitutionnels). Tous les instruments de la gouvernance sont ainsi concentrés par ces leaders « illibéraux » pour la réalisation de leurs projets et leur garantir la durée. La soumission des médias publics, l’imposition d’une seule et unique narration historique réinterprétant le passé au bénéfice des nouveaux gouvernants, le bouleversement des priorités en matière de politique étrangère, le remodelage de la loi électorale mais aussi la refonte de la Constitution, surtout lorsque les gouvernants disposent d’une majorité constitutionnelle, voilà la panoplie des politiques « illibérales ». Tout ceci au nom de l’axiome mettant au-dessus du contrôle constitutionnel la volonté dite du « Souverain ».

Les inclinaisons pro-russes et la réanimation du Quadrilatère de Visegrad

Le Triangle de Visegrad (Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie) naît le 15 février 1991 et devient quadrilatère en janvier 1993 (V4). Longtemps, ses leaders ont évité toute institutionnalisation, se contentant à partir de 1994 d’un Accord de libre-échange centre-européen (CEFTA), pour créer finalement une structure légère de coordination politique et un Fonds International (en 2000). Le rôle du V4 a été important pour l’adhésion à l’UE et à l’OTAN, mais sa raison d’être est toujours mise à l’épreuve des intérêts contradictoires de ses membres. En 2002, Viktor Orban attaque la Slovaquie et la République tchèque pour la non-annulation des décrets Bénès, en vertu desquels les Hongrois ont été expulsés de la Slovaquie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale…

Le 1er mai 2004, le V4 fête l’entrée dans l’UE. La raison centrale de la coopération – l’adhésion – disparaît ; ses activités se limitent alors à des concertations ministérielles avant les réunions à Bruxelles, à des activités académiques et culturelles. Le 20e anniversaire en 2011 ne revêt aucun éclat particulier.

La crise migratoire actuelle crée un réflexe de peur, alimenté par les propos dramatiques de leaders politiques en campagne, et provoque la convergence des pays du Quadrilatère de Visegrad dans le rejet d’une politique communautaire de solidarité. Et pourtant, cette unité ne va pas de soi. Un mois à peine après l’annexion de la Crimée par Moscou, Milos Zeman, président de la République tchèque, déclare que la péninsule ne reviendra jamais à l’Ukraine. Six mois plus tard, avec sa désinvolture coutumière, il compare la guerre à l’est de l’Ukraine, et le tir des séparatistes sur un avion civil transportant 298 passagers, à une simple poussée de fièvre. M. Zeman s’est distingué par une présence ostentatoire à Moscou, en mai 2015, aux cérémonies de commémoration du 70e anniversaire de la victoire sur les Nazis, malgré les sanctions décrétées par l’UE. Il a aussi participé à la réunion des « amis de la Russie » à Rhodes, organisée par Vladimir Jakounine, proche collaborateur de V. Poutine, placé sur la liste noire de l’UE et des États-Unis. C’est là que le président tchèque a parlé d’une Ukraine en déclin, et s’est prononcé contre les sanctions. De même, Viktor Orban a provoqué à Varsovie, lors de sa visite officielle en février 2015, un incident diplomatique sur le conflit russo-ukrainien, la Hongrie plaidant aussi pour la fin des sanctions imposées par l’UE. Il n’est pas sûr que la Pologne de 2016, gouvernée par un Parti Droit et Justice (PiS) fasciné par la Hongrie, soit rassurée par la politique étrangère de Viktor Orban vis-à-vis de la Russie, de la Chine ou de la Turquie. On rappellera que ce dernier a profité de l’instabilité ukrainienne pour revendiquer l’autonomie pour la minorité hongroise d’Ukraine subcarpathique.

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La Russie a-t-elle une grande stratégie au Moyen-Orient ?

Thu, 09/06/2016 - 10:08

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’été 2016 de Politique étrangère que vous avez choisi : « La Russie a-t-elle une grande stratégie au Moyen-Orient ? », par Ekaterina Stepanova.

Depuis le début de la guerre en Syrie, la Russie a renforcé son statut international. L’intervention militaire de Moscou en appui au gouvernement syrien depuis la fin septembre 2015, ainsi que son rôle dans la relance des pourparlers de Genève en février 2016 et dans le cessez-le-feu qui en a découlé en sont les manifestations les plus notoires. Ce niveau d’engagement élevé est venu contredire l’idée reçue d’un désengagement de la Russie post-soviétique du Moyen-Orient.

Le retour de la Russie au Moyen-Orient nourrit attentes et spéculations, dans la région et au-delà, sur une nouvelle « grande stratégie » russe. Ces spéculations sont-elles justifiées ? Le fait que la Russie ait damé le pion aux États-Unis dans le dossier syrien suffit-il à prouver l’existence d’une telle stratégie pour l’ensemble de la région ? Ou faut-il plutôt considérer l’engagement russe comme une série d’actions calibrées, fruit d’une improvisation maîtrisée ?

La stratégie globale de la Russie

Il a fallu au moins une décennie à la Russie post-soviétique pour s’adapter aux nouvelles réalités internationales, commencer à redécouvrir son identité nationale et, dans la mesure du possible, (re)définir son rôle et sa place dans le concert des nations. Ce n’est toutefois qu’à compter des années 2010 que plusieurs orientations stratégiques transversales ont vraiment commencé à prendre forme, et à être clairement identifiables dans la politique étrangère russe. Ces orientations ont traversé toutes les crises diplomatiques, voire les catastrophes économiques qui ont par la suite touché la Russie. Trois principes directeurs sont ici particulièrement pertinents :

– La volonté de devenir un pôle important du « monde multipolaire », après le « moment unipolaire » des années 1990.

– L’insistance sur les dynamiques de régionalisation dans la politique mondiale. La Russie a d’ores et déjà reconquis son statut de puissance majeure dans l’unique région cristallisant ses intérêts et préoccupations de façon vitale : l’Eurasie post-soviétique.

– Une aversion pour tout changement de régime par la force, surtout imposé de l’extérieur. Cette aversion est issue de la défiance croissante des autorités russes vis-à-vis de ce que l’on baptise les « révolutions de couleur », et qui ont agité l’ancien espace soviétique pendant la décennie 2000. Cette dernière expression renvoie aux changements de gouvernement par des voies autres que les procédures légales – avec un soutien populaire variable –, intervenus en Géorgie (2003), en Ukraine (2004) et au Kirghizistan (2005 et 2010). Bien que menées au nom de la démocratie et d’un nationalisme modéré, ces « révolutions » ont essentiellement consisté, ou se sont transformées, en un rééquilibrage de pouvoirs entre clans et élites oligarchiques dirigeantes sous couvert de contestations sociales plus larges. Au bout du compte, ces pays sont revenus aux mêmes conditions, et aux mêmes sources d’instabilité qu’avant les révolutions. Et ces dernières, contrairement à ce qu’avaient espéré certains dans ces pays, auront souvent créé plus de problèmes qu’elles n’en ont résolus. Ces révolutions ont aussi été perçues par Moscou comme promues par des puissances extérieures à la région, et comme une menace pour l’influence russe. La vague de protestations massives en faveur de la démocratie survenue plus tard en Russie, au début des années 2010, a été interprétée par le Kremlin comme une tentative à classer dans la même catégorie.

Avec les printemps arabes et la multiplication des changements de régime au Moyen-Orient, cette perception s’est renforcée de préoccupations plus générales, suscitées par les interventions extérieures, notamment des Américains et de leurs alliés, visant à renverser des régimes considérés comme « peu fréquentables » ou « non démocratiques » – et en particulier le dépassement, par les pays de l’OTAN du mandat du Conseil de sécurité de l’ONU dans le dossier libyen. Un ajout au traumatisme déjà causé par l’intervention de l’OTAN au Kosovo, et au souvenir encore vivace des échecs du state-building américain en Afghanistan et en Irak.

Depuis la fin 2013, la nouvelle crise ukrainienne est venue cristalliser les préoccupations russes. Cette crise pousse ses racines dans l’obligation faite à Kiev de choisir (selon une alternative stricte : A ou B) entre une association avec l’Union européenne et un resserrement des liens avec la Russie et les structures eurasiennes. Au nombre des ingrédients de la révolution de Maïdan, on trouve un mélange de contestation sociale, de sentiments pro-démocratiques et pro-occidentaux, de nationalisme (parfois extrême) et de dissensions entre groupes oligarchiques concurrents. Cette révolution a abouti, avec le soutien politique actif des États-Unis et une posture d’observateurs complaisants de la part des États de l’UE, au renversement de Viktor Ianoukovitch, président inefficace et corrompu mais élu démocratiquement en février 2014. Lui ont succédé plusieurs gouvernements, tout aussi corrompus et inefficaces, mais cette fois farouchement anti-russes. Les événements ont été interprétés à Moscou comme le signe de la détermination de l’Occident à ignorer les intérêts de la Russie, y compris dans des pays abritant d’importants groupes russophones, culturellement proches de la Russie et bienveillants ou neutres vis-à-vis de celle-ci. Au niveau régional, cela a certainement contribué à la décision de Moscou de réunifier la Crimée et la Russie – une Crimée ardemment pro-russe, et qui avait pendant des décennies caressé des rêves irrédentistes –, puis d’apporter un soutien politique public, ainsi qu’un appui militaire officieux, aux rebelles pro-russes du sud-est de l’Ukraine. Au niveau international, tout ceci a débouché sur la plus grave crise des relations entre Russie et Occident de la période post-soviétique.

La crise ukrainienne cristallise les préoccupations russes

Si l’on considère le Moyen-Orient, ces facteurs sont essentiels pour expliquer le renforcement du soutien politique et militaire de la Russie au gouvernement syrien. C’était là le moyen de réaffirmer une aversion de principe au changement de régime voulu par l’Occident, tout en faisant valoir une influence considérablement accrue en Syrie comme un atout important dans le cadre de relations sérieusement détériorées avec l’Occident.

Ce bref aperçu montre que l’élargissement récent du poids russe au Moyen-Orient s’insère dans un cadre qui dépasse les limites strictes d’une stratégie moyen-orientale. Il s’agit plutôt d’une projection (a) des intérêts internationaux plus larges de la Russie, et des orientations de sa politique étrangère, en particulier dans le contexte de son rejet de principe de l’unipolarité et de ses relations tendues avec l’Occident ; et (b) du cadre plus étroit mais néanmoins vital des préoccupations immédiates de Moscou quant à son environnement régional d’Europe de l’Est et d’Eurasie.

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Présentation vidéo du numéro d’été de Politique étrangère

Tue, 07/06/2016 - 09:00

Dominique David, co-rédacteur en chef de Politique étrangère, présente le numéro d’été, consacré au Moyen-Orient : « Moyen-Orient, le nouveau ‘Grand Jeu’ ».

PE 2/2016 en librairie !

Mon, 06/06/2016 - 14:24

Le nouveau numéro de Politique étrangère (2/2016) vient de paraître ! Il consacre un grand dossier à l’enjeu que représente le Moyen-Orient pour les « grandes puissances » – États-Unis, Russie, Iran, Arabie Saoudite, Turquie et France –, ainsi qu’un petit dossier sur l’Europe face au défi des populismes. De nombreux articles liés à l’actualité sont également à lire, comme le Hezbollah et la guerre en Syrie, les négociations autour du TTIP, ou encore le poids des compagnies pétrolières nationales.

Le Moyen-Orient décomposé redevient-il le centre d’un nouveau « Grand Jeu » ?… S’y réinscrivent les puissances globales : des États-Unis faussement tentés par l’éloignement,  une Russie qui s’impose sur un échiquier inattendu, une France secouée par les contradictions de ses politiques… Et s’y affrontent les candidats à l’hégémonie régionale : Iran, Turquie, Arabie Saoudite. La cartographie d’un espace sans doute déterminant pour les futurs du monde se redessine radicalement autour de la Syrie et de l’Irak.

Absente du nouveau « Grand Jeu » : l’Union européenne. Une UE engluée dans ses crises, dont l’assaut des populismes de toutes natures, et les divisions ravivées par les dérives autoritaires de l’Europe centrale, constituent les signes politiques les plus inquiétants. L’Union européenne serait-elle en train de se défaire par les peuples ?

La planète mondialisée s’organise aussi autour des négociations commerciales internationales : approche globale de l’OMC, approches régionales avec les zones de libre-échange, approche plurilatérale. Quelle dynamique l’emportera, dessinant les systèmes d’échanges de demain ?

Moyen-Orient, crises européennes, échanges internationaux : Politique étrangère se penche sur trois dimensions du désordre international pour lesquels les développements des mois prochains seront sans doute décisifs.

* * *

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Politique étrangère n°2/2016 : votez pour (é)lire votre article préféré !

Mon, 30/05/2016 - 10:29

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Les guerres du président

Wed, 25/05/2016 - 10:26

Cette recension est issue de Politique étrangère (1/2016). Rémy Hémez propose une analyse de l’ouvrage de David Revault d’Allonnes, Les guerres du président (Paris, Seuil, 2015, 256 pages).

David Revault d’Allonnes, grand reporter au service politique du Monde, nous propose dans cet ouvrage une plongée au cœur des relations entre le président de la République et les forces armées. L’auteur analyse bien les ressorts de ce « président aux deux visages » : réticent à la confrontation avec ses partenaires et ses adversaires politiques, mais n’hésitant pas à faire la guerre.

François Hollande n’a pas de penchant naturel pour la chose militaire. Il a fait son service national par nécessité politique et a toujours montré peu d’intérêt pour les sujets de défense. De plus, au cours de sa campagne et au début de son mandat, il a exprimé des réticences quant à l’emploi de la force armée. Il était alors focalisé sur le retrait d’Afghanistan. L’auteur introduit d’ailleurs son propos en évoquant un entretien avec François Hollande au cours duquel ce dernier affirme ne pas vouloir céder à « la tentation de l’aventure extérieure », selon lui une échappatoire commode aux difficultés de la politique intérieure.

Pourtant, quelques semaines après cet échange, l’opération française au Mali – qui marque « l’entrée en guerre » de François Hollande – était lancée. En effet, la dégradation de la situation dans la boucle de Niger bouscule le calendrier diplomatique. Le 11 janvier 2013, jour de la décision de l’intervention au Mali, est ainsi une date pivot pour le président François Hollande : il prouve qu’il peut trancher. La communication gouvernementale saura mettre cet état d’esprit en valeur. Le président devient « chef de guerre ». En août 2013, François Hollande est proche de déclencher une nouvelle intervention militaire, cette fois en Syrie. Cette dernière ne sera pas lancée mais le président a une fois de plus fait preuve de détermination.

Tout au long de son ouvrage, David Revault d’Allonnes cherche à expliquer le changement d’attitude présidentiel vis-à-vis de l’action armée. En fait, François Hollande y trouve des satisfactions personnelles et politiques. Les « résultats immédiats » qui sont obtenus tranchent avec les délais nécessaires pour obtenir des effets en politique intérieure et l’administration de la défense est aux ordres. Mais ce volontarisme dans les affaires internationales et militaires est aussi le reflet des institutions de la Ve République : tous les présidents avant lui y ont trouvé un terrain de liberté.

David Revault d’Allonnes dresse aussi le portrait de l’entourage du président dans le domaine de la défense, de ceux qu’il nomme « les faucons du président » : Jean-Yves Le Drian, le général Puga et Cédric Lewandowski. L’auteur décrit très bien l’équilibre délicat entre ces fortes personnalités ainsi que leurs relations avec les Armées et le ministère des Affaires étrangères.

Dans la dernière partie du livre, l’auteur revient sur la lutte contre le terrorisme. Les trois jours sanglants de janvier 2015 marquent, selon lui, la fin d’un processus de « présidentialisation » de François Hollande qui avait débuté avec la guerre au Mali. S’ensuit, une nouvelle fois, l’emploi de la force armée avec le déploiement de 10 000 militaires sur le territoire national.

Très agréable à lire, fruit d’un excellent travail de journalisme, cet ouvrage est une véritable plongée dans les arcanes du pouvoir et nous éclaire quant aux mécanismes politiques régissant l’emploi de la force armée. On peut seulement regretter que les ressorts de l’intervention en Centrafrique ne soient pas plus décryptés et que la voix des militaires ne soit pas plus présente.

Rémy Hémez

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The ISIS Apocalypse

Thu, 19/05/2016 - 10:38

Cette recension est issue de Politique étrangère (1/2016). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de William McCants, The ISIS Apocalypse: the History, Strategy, and Doomsday Vision of the Islamic State (New York, St. Martin’s Press, 2015, 256 pages).

En l’espace de deux ans, l’État islamique (EI) a généré une abondante littérature. Cet ouvrage propose de mettre en lumière une dimension peu ou mal comprise de l’organisation : sa rhétorique apocalyptique. McCants prend soin de souligner la particularité tant idéologique qu’opératoire de l’EI : le groupe est en effet le premier acteur depuis la chute de l’Empire ottoman à prétendre au statut de califat.

Il en ressort plusieurs clés de compréhension de l’EI. Tout d’abord, si l’EI est bien un descendant d’Al-Qaïda en Irak, sa stratégie s’en est dès le début distanciée. Ainsi, rappelle l’auteur, Ben Laden et Zawahiri ne proclamèrent jamais un califat qui devait, à leurs yeux, n’advenir qu’une fois les musulmans rassemblés contre l’impérialisme occidental. De plus, les attaques visant directement des musulmans en Irak et Syrie étaient jugées contre-productives par les leaders d’Al-Qaïda. L’EI, pour sa part, n’hésite pas à conquérir ses territoires par une campagne de terreur, et non de séduction, des populations.

Cela nous conduit à un phénomène particulièrement intéressant vers 2013-2014. L’émergence de l’EI et son ralliement par de nombreux djihadistes d’Al-Qaïda ont été entourés de débats internes et de controverses relayés par les réseaux sociaux, comme jamais cela n’avait été le cas dans l’histoire du terrorisme islamiste. Alors qu’Al-Qaïda prenait soin de contrôler les dissensions internes, les allégeances à Daech et les critiques à l’égard des autres mouvements (Jabhat Al-Nusra notamment) furent largement diffusées et discutées sur la toile. Il s’agit là aussi d’une dimension fondamentale de l’EI : son attention méticuleuse apportée à la propagande de masse.

Pour autant, le succès médiatique de cette campagne de l’EI et le flux sans précédent de combattants à ses côtés ne peuvent se comprendre sans la rhétorique apocalyptique qui l’entoure. McCants détaille celle-ci, en montrant comme la proclamation du califat, les références à « Rome », ou encore la mention de la ville syrienne de « Dabiq », sont autant d’éléments s’appuyant sur une croyance en la fin des temps annoncée dans les textes sacrés. L’auteur souligne comment cette eschatologie de l’EI émerge à la suite des révolutions arabes, qui ont elles-mêmes engendré de nombreuses théories populaires sur la fin des temps.

Dans le même temps, McCants souligne bien aussi la lecture cursive des textes sacrés par les idéologues de l’EI. Les crimes infligés et leur mise en scène sont ainsi justifiés par des références contestables à des hadiths tandis que toute contradiction possible est écartée – notamment sur l’interdiction de fumer qui ne trouve tout simplement aucun fondement dans le corpus religieux. Parce que ce messianisme s’ancre dans une lecture biaisée de l’islam, le discours de l’EI attire des masses de jeunes enclins à se sacrifier pour des idées, ou autrement fascinés par la symbolique apocalyptique.

Au-delà, la grande question qui subsiste à la fin de l’ouvrage est celle de la rationalité de l’EI : comment concilier la foi en une fin des temps islamique et la rationalité que suppose l’exercice du pouvoir sur des territoires ? La question est un défi tant pour l’organisation elle-même – qui cherche à préserver ses conquêtes – que pour la France et ses alliés – qui cherchent à détruire le groupe.

Jean-Loup Samaan

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Les droites extrêmes en Europe

Fri, 13/05/2016 - 12:22

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2016). Yves Gounin propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, Les droites extrêmes en Europe (Paris, Seuil, 2015, 320 pages).

Les « droites extrêmes » se caractérisent par leur diversité, justifiant largement l’usage du pluriel de préférence au singulier « extrême droite ». Elles se caractérisent aussi par leur plasticité intellectuelle (dont témoigne par exemple le nazi-maoïsme d’un Franco Freda) qui s’accommode mal d’être réduite à « un point ultime de l’axe linéaire droite-gauche ». Cela ne signifie pas qu’on ne puisse leur rechercher des caractéristiques communes. La première est l’organicisme, c’est-à-dire      « l’idée que la société fonctionne comme un être vivant ». Comme un être vivant, la société doit être défendue contre ce qui la menace (l’altérophobie, qui se décline selon les lieux et les époques en antisémitisme ou en islamophobie), et rassemblée autour de ce qui la constitue (l’autophilie, déclinée en suprématisme raciste ou en intégrisme religieux). Autre caractéristique : le sentiment de faire partie du camp des laissés-pour-compte (vaincus de la Révolution française, des Trente Glorieuses, de la chute du Mur, de la mondialisation…), et le désir de laver cette injustice. Au-delà de ces caractéristiques communes, les droites extrêmes peuvent se diviser en deux catégories. D’un côté les    « nationaux » conservateurs et réactionnaires, qui inscrivent leur action dans le jeu démocratique. De l’autre, les « nationalistes » révolutionnaires, plus jeunes et plus violents, résolument antisystème.

Suivant une approche historique, les auteurs distinguent depuis 1945 quatre vagues de partis extrémistes de droite, qui se sont stratifiées au fil du temps. La première vague, néofasciste, entre 1945 et 1955, se caractérise par sa proximité vis-à-vis des idéologies totalitaires des années 1930. Le MSI italien et le NPD allemand en sont issus. La deuxième correspond à une radicalisation des classes moyennes. C’est le poujadisme en France, ou les mouvements intégristes hostiles à Vatican II (l’Œuvre française, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X). Arrivent ensuite, avec la crise, les mouvements nationaux-populistes tels que le FPÖ autrichien, la Lega Nord italienne ou le Vlaams Blok flamand. La quatrième vague, depuis 2000, a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille : le PVV de Geert Wilders aux Pays-Bas, Aube dorée en Grèce, Jobbik en Hongrie, PEGIDA en Allemagne…

Le Front national est en France un parti « attrape-tout », qui a su fédérer tous ces mécontentements. Avec Marine Le Pen, il s’est dédiabolisé en écartant les fascistes les plus enragés, et déringardisé en marginalisant les catholiques intégristes. Il prospère avec la crise économique, la montée du chômage et la peur du déclassement. Mais son succès n’est pas réductible aux seuls facteurs économiques. Le serait-il, on ne comprendrait pas les différences entre des pays qui ont tous été frappés par la crise. Pourquoi l’Espagne, où le taux de chômage frise les 25 %, ne connaît-elle pas de droite extrême ? L’explication est historique : l’extrême droite y est durablement décrédibilisée par les longues années du franquisme. Mais l’explication est aussi politique : l’extrême droite se développe là où les partis de gouvernement échouent. Terrible conclusion pour la droite et la gauche françaises.

Yves Gounin

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La responsabilité de protéger (R2P)

Wed, 11/05/2016 - 10:02

Cette recension d’ouvrages a été publiée dans le numéro de printemps 2016 de Politique étrangère. Rémy Hémez propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, La Responsabilité de protéger (Paris, Presses universitaires de France, 2015, 128 pages).

Docteur en sciences politiques et en philosophie, et spécialiste de l’éthique, Jeangène Vilmer s’attache ici à décortiquer le concept de « responsabilité de protéger » (R2P) apparu en 2001 et adopté par l’Assemblée générale des Nations unies quatre ans plus tard. Cette entreprise est particulièrement utile tant les préjugés sont tenaces à ce propos. La R2P a fait l’objet, dès le début, de nombreux débats. Si les États sont aujourd’hui d’accord sur sa définition, la façon de la mettre en œuvre suscite encore des controverses.

Dans cet ouvrage, l’auteur s’attache tout d’abord à explorer les sources du concept de R2P et démontre en particulier qu’il ne remet pas en question la souveraineté de l’État. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer expose très bien la différence fondamentale entre la R2P et le devoir d’ingérence qui est une « immixtion sans titre, c’est-à-dire sans droit ».

C’est ensuite la période de conception de la R2P (2001-2005) qui est présentée et, en particulier, l’introduction du concept par la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États (CIISE), elle-même issue de la « doctrine Annan » et portée par la diplomatie canadienne. La R2P naît officiellement en 2005, et c’est l’objet du troisième chapitre de l’ouvrage.

Elle est inscrite aux paragraphes 138 et 139 (qui font toujours référence) du document final du « Sommet mondial ». Son champ d’application y est précisé. Elle peut être invoquée en cas de génocide, nettoyage ethnique, crime contre l’humanité et crime de guerre. La possibilité d’une intervention unilatérale est rejetée dans ce document et deux R2P sont distinguées : celle incombant à un État envers sa population et celle, « résiduelle », de la communauté internationale en cas de « défaillance manifeste ».

À partir de 2015, commence le temps de « l’opérationnalisation » du concept au sein de l’ONU. Cela passe, notamment, par la création d’un conseiller spécial pour la R2P en 2007. Un nouveau palier est franchi en 2011 avec les résolutions sur la Libye et la Côte d’Ivoire, qui autorisent pour la première fois des mesures coercitives sous couvert du Chapitre VII au nom de la R2P. L’auteur nous offre à cette occasion un éclairage très intéressant des débats autour des liens entre R2P et intervention en Libye. En fin d’ouvrage, l’auteur développe les approches régionales de la R2P et expose les critiques les plus courantes en démêlant de façon très convaincante le vrai du faux.

Jean-Baptiste Jeangène Vilmer se distingue ainsi dans cet excellent ouvrage par la clarté de ses propos, une connaissance approfondie du système onusien et de ses pratiques et une étude très fouillée des nombreux textes et résolutions que produit cette institution. Ce livre est indispensable pour bien appréhender les débats, souvent stériles, autour de cette R2P qui « n’est ni une norme de droit international conférant une obligation d’agir ni un slogan sans caractère normatif. Elle est un engagement moral et politique d’importance qui participe à une construction normative ».

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« Chine, Inde : les firmes au cœur de l’émergence »

Wed, 04/05/2016 - 09:30

Cette recension d’ouvrages a été publiée dans le numéro de printemps 2016 de Politique étrangère. Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Jean-François Huchet, Xavier Richet et Joël Ruet, Chine, Inde : les firmes au cœur de l’émergence (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, 152 pages).

Cet ouvrage collectif analyse en profondeur l’essor des firmes multinationales (FMN) indiennes et chinoises depuis les années 1980.

Un premier chapitre compare l’évolution des politiques industrielles des deux nouveaux géants économiques. Le passage du socialisme au capitalisme indien s’est accompli sans véritable rupture. Les auteurs parlent de « continuité conglomérale » pour expliquer que cette lente mutation a profité à quelques grands groupes qui ont su s’internationaliser tout en maintenant leurs liens privilégiés avec la classe politique et la haute fonction publique. Le cas chinois est bien différent. Deux sous-périodes apparaissent : du grand tournant de la réforme en 1978 au milieu des années 1990, c’est l’ère du dirigisme avec la constitution de « champions nationaux ». Après 1995, ceux-ci seront rapidement supplantés par de grandes entreprises privées avec la bienveillance de l’État.

Le chapitre consacré aux FMN indiennes révèle comment elles ont su établir des partenariats avec des sociétés occidentales pour drainer techniques et savoir-faire, comme le montre le rapprochement entre Tata Motors et Fiat. En parallèle s’opèrent des spécialisations et des montées en gamme. La croissance annuelle dans le secteur des technologies de l’information est d’environ 40 % entre 1994 et 2009, ce qui permet de passer de fonctions de sous-traitance peu qualifiée à du conseil et à de l’audit à l’échelle mondiale. Mais de grands groupes émergent et s’internationalisent aussi dans des secteurs a priori plus fermés, tel Reliance Industries dans la pétrochimie.

Cinq caractéristiques majeures se dégagent de l’analyse des grandes sociétés chinoises. Le développement du capitalisme en Chine est de moins en moins le résultat de l’action publique : en 2010, 70 % de la production industrielle (entreprises étrangères et chinoises) étaient issus du secteur privé. Les FMN les plus renommées sont privées : Haier (électroménager), Lenovo (informatique), Huawei (télécommunications). Ensuite, le principe de joint-venture a assuré à la Chine le transfert de technologies, accélérant sa capacité d’apprentissage ; pourtant, les performances d’innovation demeurent perfectibles. Troisièmement, internationalisation, concentration, hausse de la profitabilité et de la R&D sont concomitants à partir de la fin des années 1990. Les principales motivations de l’internationalisation des firmes chinoises sont d’ailleurs l’accès aux marchés, l’accès aux ressources, la recherche d’actifs stratégiques et, dans une moindre mesure, la recherche d’efficience. En outre, les sociétés de l’Empire du Milieu sont désormais assimilées à des FMN comme les autres. Elles ont leurs propres stratégies d’acquisitions, de prises de participation, voire d’innovation. Dans le secteur automobile, Geely a racheté Volvo, Dongfeng est entré au capital de Peugeot et BYD est devenue une référence sur le segment des voitures électriques après avoir commencé par produire des batteries. Enfin, le capitalisme chinois a pris une nouvelle dimension à l’aube du xxie siècle : les investissements directs à l’étranger ont été multipliés par 60 entre 2000 et 2009. On comprend ainsi mieux pourquoi 73 entreprises chinoises figuraient dans le classement 2012 de « Fortune 500 » – il n’y en avait aucune quinze ans plus tôt.

Malgré un style parfois jargonnant, ce livre est une contribution originale à la compréhension des capitalismes indien et chinois. Il aurait toutefois dû s’attarder un peu plus sur les modalités de financement des FMN et sur le coût environnemental de l’industrialisation.

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« Docteur TTIP et Mister Tafta »

Mon, 02/05/2016 - 12:16

Alors que les grandes lignes de l’accord TTIP/Tafta sont sur le point d’être dévoilées, nous vous proposons de relire la recension de l’ouvrage de Maxime Vaudano, Docteur TTIP et Mister Tafta (Paris, Les Petits Matins, 2015, 160 pages), écrite par Yves Gounin et publiée dans le numéro de printemps (1/2016) de Politique étrangère.

Comme Docteur Jekyll et Mister Hyde, le Tafta/TTIP a deux visages. Le Transatlantic Trade and Investment Partnership, c’est la « mondialisation heureuse », la suppression des derniers droits de douane, le démantèlement des barrières non tarifaires, la croissance et l’emploi tirés par le commerce international. La Transatlantic Free Trade Area – du nom dont les altermondialistes ont rebaptisé ce projet d’accord commercial lancé en 2013 – c’est au contraire la mise en œuvre d’un agenda néolibéral, « l’harmonisation des normes par le bas », un déni de démocratie.

Qui croire ? Le petit ouvrage très pédagogique de Maxime Vaudano, qui tient le blog « La bataille transatlantique » sur LeMonde.fr, permettra au lecteur de se faire une opinion éclairée. En une vingtaine de courts chapitres, il apporte des éléments de réponse aux questions que suscite cette négociation.

Quels bénéfices en attendre ? Les estimations divergent qui exagèrent à la fois les vertus et les vices du Tafta/TTIP. Le commerce transatlantique est déjà si important qu’on se leurrerait en imaginant qu’il pourrait connaître une croissance exponentielle. Comme dans tous les accords commerciaux, il y aura des gagnants et des perdants.

Faut-il craindre une « harmonisation des normes vers le bas » ? Cette harmonisation est nécessaire pour éviter qu’un même produit soit manufacturé selon plusieurs process en fonction des marchés où il est vendu. Mais cette convergence réglementaire ne va pas de soi. La norme supérieure varie d’une culture à l’autre. Aux États-Unis, les poulets sont chlorés pour prévenir la salmonellose. Le « meilleur » poulet sera-t-il celui, américain, garanti de toute contamination bactériologique ? Ou celui, européen, non traité ?

Quel intérêt à passer par l’arbitrage privé ? L’ISDS (Investor State Dispute Settlement) est un mécanisme ouvrant aux entreprises la possibilité de régler les litiges nés de l’application du Tafta/TTIP non pas devant les juridictions normalement compétentes mais devant une cour d’arbitrage ad hoc. L’arbitrage est réputé plus rapide, plus discret, plus indépendant. Ce système s’est toutefois attiré de vives critiques car il fait naître le soupçon d’une justice à deux vitesses. Les systèmes judiciaires aux États-Unis et en Europe sont suffisamment fiables pour faire l’économie d’un tel détour. Toutefois, en y renonçant, ces États se privent d’un argument dans les négociations commerciales ultérieures qu’ils engageront avec d’autres États – la Chine au premier chef mais aussi les autres BRICS – où l’indépendance des systèmes judiciaires est moins bien établie.

Un « déni de démocratie » ? Les adversaires des accords commerciaux internationaux parlent à leur sujet « d’accords Dracula » qui se négocient dans le noir mais ne résistent pas au grand jour. Il est vrai que les négociations, menées par la Commission européenne et par le Département du Commerce américain, sont secrètes. Comment d’ailleurs pourrait-il en aller autrement ? Comment la position européenne à la table de négociation ne pâtirait-elle pas si toutes ses lignes, rouges et bleues, étaient publiquement révélées – alors que la partie américaine pourrait garder secrètes les siennes ? Il est faux d’affirmer que le traité ne sera l’objet d’aucun contrôle démocratique. Après sa signature, il sera soumis à l’accord du Conseil de l’Union européenne, du Parlement européen et enfin de chacun des 28 États membres. Mais l’impossibilité d’y apporter le moindre amendement limitera la portée de ce contrôle.

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« Australie, une nouvelle stratégie de puissance moyenne »

Fri, 29/04/2016 - 10:35

Au moment où l’Australie affirme, avec le contrat de renouvellement de ses sous-marins, sa volonté de renforcer sa présence militaire régionale, nous vous proposons de revenir sur sur les grandes options d’une politique étrangère revisitée en relisant l’article « Australie, une nouvelle stratégie de puissance moyenne », paru dans le numéro de printemps 2015 de Politique étrangère.

À mesure que le monde change, que le centre de gravité de la finance, de la politique et du commerce internationaux se déplace, l’héritage « bipolaire » de la guerre froide et du « moment unipolaire » américain qui lui a succédé semblent bien appartenir au passé. La suprématie américaine n’est plus seulement contestée, elle a de vrais rivaux avec la (ré)émergence de multiples pôles, en Asie notamment. Dans ce monde en transition, les moyennes puissances comme l’Australie voient leur marge de manœuvre s’élargir.

L’Australie a une superficie de plus de 7,5 millions de kilomètres carrés, qui en fait le 6e plus grand pays du monde, juste après le Brésil. Ce vaste pays, qui ne compte que 22,5 millions d’habitants, a une population relativement jeune. Sa santé économique peut être qualifiée de saine et dynamique : il est la 13e économie mondiale, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de près de 58 000 dollars américains. Bien que confrontée à quelques difficultés économiques depuis 2013, l’Australie a connu plus de 20 années de croissance soutenue, avec un taux moyen de 3,5 %. À la marge d’un monde asiatique en mouvement, l’Australie s’est vue contrainte de transformer sa position d’extériorité en une politique d’action et d’engagement dans son voisinage, en vue de se tailler une place dans ce que Canberra pense devoir être « le siècle asiatique ». Dès lors se pose la question de la stratégie du pays pour affirmer son intérêt national, vis-à-vis de son voisinage mais aussi des transformations plus larges du système international.

L’Australie poursuit une politique étrangère réaliste et libérale, caractéristique des puissances moyennes « traditionnelles ». Sa dimension libérale renvoie aux normes et valeurs qu’elle défend, telles la démocratie ou les droits de l’homme, ainsi qu’aux institutions internationales et régionales soutenues par Canberra. Sa dimension réaliste est concrétisée par l’alliance entre l’Australie et les États-Unis au travers du traité ANZUS, par quelques relations bilatérales déterminantes et par les capacités militaires dont Canberra dispose en propre. L’articulation de ces deux dimensions dans la politique étrangère australienne varie, notamment en fonction des alternances politiques à Canberra. Sous le travailliste Kevin Rudd, l’administration australienne a considérablement investi dans la dimension libérale – chantier poursuivi, quoiqu’en pointillé, avec Julia Gillard. L’élection de Tony Abbott en septembre 2013, qui marque le retour des conservateurs de la coalition libérale-nationale, s’est rapidement traduite par un retour aux canons réalistes en politique étrangère. Une certaine continuité existe néanmoins, qu’on peut attribuer non à une « grande stratégie » clairement énoncée mais à un consensus autour des principaux défis auxquels fait face l’Australie (et d’abord celui de son intégration à son voisinage asiatique) et des moyens dont elle dispose. Plus que d’une stratégie, il est donc ici question d’une posture, que les derniers gouvernements ont cherché à formaliser au travers de différents documents cadre.

[…]

Dans un monde en pleine mutation, l’Australie a saisi l´importance de renforcer ses relations régionales en diversifiant et multipliant ses options. La coopération avec les autres puissances moyennes est à cet égard une option intéressante. Pour Andrew Cooper, « dans une situation de coalitions changeantes et en expansion, les pays ayant des ressources réseau-centrées et de soft power sont privilégiés, de par leur capacité à identifier et construire les coalitions adéquates. Un pays ayant une puissance réseau-centrée bénéficie de davantage d’informations, d’outils de communication et de réseaux humains, qui lui permettent de réunir plus aisément des coalitions à succès. Le soft power permet donc à la fois de produire des messages, des initiatives et des innovations adaptés, et de gagner la confiance des États partenaires. » C’est dans ce cadre que doit se comprendre l’intérêt accru, ces dernières années, pour l’environnement proche du pays, l’accent mis sur certaines relations bilatérales prioritaires avec l’Inde, l’Indonésie, le Japon et la Corée du Sud, ainsi que le développement de liens avec des pays comme le Vietnam ou le Myanmar.

Évolutions doctrinales et capacitaires des Australia Defence Forces

Pour continuer à jouer ce rôle actif et diversifié sur la scène internationale, l’Australie continue, parallèlement, à investir dans sa défense. Les forces armées australiennes sont modernes, professionnelles, composées de près de 57 000 hommes, et disposaient en 2012 d’un budget de 26,2 milliards de dollars américains – ces dépenses militaires plaçant l’Australie au 13e rang mondial. Le rôle de ces forces a récemment évolué vers une plus grande autonomie et une meilleure adéquation aux défis posés par les changements économiques, stratégiques et militaires de la région. L’Australie insiste ainsi sur le développement des capacités de la Marine. Le gouvernement veut remplacer les six sous-marins de classe Collins dont disposent aujourd’hui ses forces armées par au moins douze nouveaux sous-marins. Les frégates de classe Perry (les Adelaïde), pourtant modernisées dans les années 2000, seront remplacées par des destroyers de classe Hobart, actuellement en construction sur le type de la frégate Álvaro de Bazán (F-100) de l’espagnol Navantia. La construction de deux Landing Helicopter Docks de classe Canberra, inspirés du Juan Carlos espagnol est également confirmée. Les différents programmes de modernisation vont tous dans le sens d’un développement des capacités de projection de force et d’une présence en mer réaffirmée. Cette montée en puissance qualitative de la flotte s’accompagne d’un plan d’acquisition de 72 avions de chasse F-35 au profit de l’armée de l’Air, et du remplacement de certains matériels de l’armée de Terre.

Il faut enfin mentionner que l’Australie est très active sur divers théâtres militaires, en particulier auprès de son allié américain. Elle a ainsi déployé 2 000 hommes en Irak (2003 et 2009) et 1 500 hommes en Afghanistan (2001-2013). Aujourd’hui, alors que des dizaines de ses citoyens ont rejoint la Syrie et l’Irak, et qu’elle a déjoué plusieurs attentats terroristes projetés par des djihadistes du groupe État islamique en septembre 2014, l’Australie participe également à la coalition contre ce groupe avec 600 hommes (dont 200 des forces spéciales), et huit avions de chasse F-18.

Mais comme pour tout choix de politique étrangère le débat est ouvert dans le pays : doit-il continuer à avoir une politique de forward defence (défense avancée, correspondant souvent aux intérêts des États-Unis) ou privilégier la defence self-reliance (défense des intérêts stricts de l’Australie) ? La voie choisie a naturellement des conséquences sur l’achat des matériels militaires, sur les doctrines, et sur les priorités des diverses missions. Actuellement, Canberra semble privilégier un mixte des deux stratégies.

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Le Tsar c’est moi. L’imposture permanente d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine

Thu, 28/04/2016 - 10:40

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2016). Jean Radvanyi propose une analyse de l’ouvrage de Claudio Ingerflom, Le Tsar c’est moi. L’imposture permanente d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine (Paris, Presses universitaires de France, 2015, 520 pages).

Comme son titre l’indique, ce livre porte sur un phénomène connu mais peu étudié, l’apparition, à partir de la mort d’Ivan IV (le Terrible), d’imposteurs autoproclamés tsars, le plus connu restant sans doute le « faux Dimitri », Grichka Otrepev, moine défroqué qui se fit passer pour le fils d’Ivan lors du « temps des troubles » et un des héros de l’opéra Boris Godounov. Par la suite, l’histoire russe redoublant ces temps d’incertitudes engendrés par les crises de succession ou la répétition d’actes tragiques, le pays voit la multiplication de ce phénomène après le décès de Pierre le Grand en 1725 jusqu’aux révolutions du xxe siècle et au début de l’ère soviétique.

On assiste au défilé de prétendants au trône, pour la plupart de classes populaires, cosaques, paysans, bas-clergé, qui expriment à leur manière les revendications de leur temps, rejet du servage et des impôts trop lourds, défiance envers les boyards qui accaparent le pouvoir civil et religieux. Ils reflètent autant le rejet de réformes incomprises, comme celle du rite orthodoxe en 1653, provoquant un schisme majeur, ou encore la collectivisation bolchévique. L’auteur nous invite ainsi à revisiter de fond en comble l’histoire même de la Russie. Pour cela, l’historien se fait linguiste et revient sur les concepts clés de l’historiographie russe, souvent mal compris. Il réinterprète des épisodes marquants, comme la « mascarade » d’Ivan IV, intronisant comme tsar Siméon, noble Mongol à peine converti à l’orthodoxie ou l’étonnant « Tout-comique et Tout-ivrogne Concile », singulier double de la Cour créé par Pierre le Grand en 1691 et qui fonctionnera jusqu’à sa mort. Loin de ranger ces phénomènes au rang de lubies de jeunes tsars parvenant tout juste au pouvoir, Ingerflom nous invite à repenser leur signification, comme celle de la révolte de Stenka Razine, superbement décapée des études antérieures à l’aide d’une connaissance pointilleuse des analyses russes et étrangères, ainsi que des sources, jusqu’aux toutes récentes découvertes extraites des archives.

En mettant en parallèle l’origine de ces « autoproclamés » et le recours récurrent à l’inversion des genres (l’inversion « jouée » des ordres établis utilisée à plusieurs reprises par le monarque pour imposer le nouvel ordre voulu par lui), l’auteur nous invite à une passionnante relecture des tournants de cette histoire. Il éclaire d’un nouveau jour l’établissement de l’autocratie sous Ivan le Terrible, puis la singulière ouverture du pays aux influences étrangères sous Pierre le Grand, qu’Ingerflom interprète non comme une occidentalisation mais comme la fixation du régime autocratique, dans une distinction durable avec l’évolution occidentale, celle qui oppose les monarchies éclairées européennes à l’absolutisme divin russe.

Hors le titre, il n’est pratiquement pas question de Poutine dans ce livre. Mais on pardonne à l’auteur ce « renversement » : il éclaire d’un jour nouveau plusieurs moteurs essentiels de l’histoire russe qui demeurent d’actualité : le rapport à la magie et la complexité des relations entre religion/religieux et pouvoir, la lente maturation du fait politique dans une société toujours hétérogène, le recours permanent à une histoire sans cesse « fabriquée », aussi bien par les dirigeants que par les historiens. Et cette réflexion sur l’histoire en gestation est certainement l’un des apports essentiels du livre d’Ingerflom.

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Les Arabes, leur destin et le nôtre

Mon, 25/04/2016 - 16:11

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2016). Denis Bauchard propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Pierre Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre. Histoire d’une libération (Paris, La Découverte, 2015, 250 pages).

Dans ce livre dense, Jean-Pierre Filiu nous offre une fresque brillante et engagée sur le monde arabe et l’histoire de sa libération, pour reprendre le sous-titre de l’ouvrage. Le livre s’ouvre sur « le prologue français », l’expédition de Bonaparte en Égypte en 1798, « choc fondateur » de la modernité dans un monde arabe qui connaît une renaissance, la nahda, au cours d’un très long xixe siècle. Il se termine par l’évocation des printemps qui, en 2011, renouent avec les Lumières arabes occultées par des régimes autocratiques. La nahda est ainsi un fil conducteur qui permet de mieux comprendre le monde arabe d’aujourd’hui. L’ouvrage souligne également le rôle joué par les chrétiens dans cette renaissance, mais aussi dans la fondation du parti Baas.

Dans le chapitre « La paix de toutes les guerres », consacré au démantèlement de l’Empire ottoman par la France et la Grande-Bretagne, l’auteur estime que les décisions de cette époque contenaient en germes les éléments du chaos actuel. « Un siècle plus tard nous payons encore, en termes de retombées des crises moyen-orientales, le prix de notre décision de soumettre les Arabes plutôt que de nous les associer. » Ainsi cette paix est-elle organisée sans les Arabes, malgré les promesses, d’ailleurs contradictoires, faites notamment au chérif Hussein, qui menait la Révolte arabe. Mais à la Conférence de San Remo de 1920, la Grande-Bretagne et la France imposent des mandats en découpant la Grande Syrie en plusieurs entités. Par ailleurs, la Déclaration Balfour promettant un foyer juif est incorporée dans le mandat sur la Palestine. Cette nouvelle organisation du Proche-Orient est contestée dès le départ, notamment par le Congrès national syrien, et débouche régulièrement sur des troubles graves.

L’auteur souligne à juste titre l’importance de l’année 1979, point de départ d’un basculement lourd de conséquences : la révolution en Iran, le traité de paix entre Israël et la seule Égypte, l’attaque par des fondamentalistes de la grande mosquée de La Mecque, l’invasion de l’Afghanistan et le djihad mené conjointement, pour lutter contre les troupes soviétiques, par l’Arabie Saoudite et les États-Unis, sont autant d’événements dont les suites expliquent la situation présente.

Les révolutions qui se développent à partir de janvier 2011 dans le monde arabe à la stupéfaction générale ouvrent un nouveau chapitre : initiées par les jeunes, ces révolutions mettent en cause le nizam, c’est-à-dire tout à la fois les systèmes de pouvoir et les régimes. À ces révolutions s’opposent des contre-révolutions qui conduisent à des situations chaotiques dont on ne voit pas la fin. La tragédie syrienne en est l’illustration la plus évidente. Dans ce chaos, les groupes djihadistes prospèrent. Quant à la politique française, elle semble fluctuer depuis 2011 entre un interventionnisme brouillon et une certaine passivité. Elle continue d’hésiter entre la promotion de la démocratie comme en Tunisie, et le soutien aux contre-révolutions comme le montre l’étroitesse des liens noués avec l’Arabie Saoudite ou l’Égypte. Cependant Jean-Pierre Filiu entrevoit quelques lueurs d’espoir : l’essoufflement des dictatures arabes, l’épuisement de leurs finances, l’implosion du totalitarisme de Daech, plus subi que choisi. Cela suffira-t-il à faire apparaître des régimes démocratiques dans un monde arabe en quête de stabilité ?

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Migrations en Méditerranée

Fri, 22/04/2016 - 16:04

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2016). Matthieu Tardis propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Camille Schmoll, Hélène Thiollet et Catherine Wihtol de Wenden, Migrations en Méditerranée (Paris, CNRS Éditions, 2015, 382 pages).

En réunissant les contributions d’une trentaine de chercheurs, Camille Schmoll, Hélène Thiollet et Catherine Wihtol de Wenden proposent un ouvrage foisonnant proche de l’exhaustivité sur les questions migratoires.

Il ne s’agit pas d’un ouvrage sur l’Europe et ses voisins méditerranéens. Il évite l’euro-centrisme qui fausse les grilles d’analyse des commentateurs politiques et médiatiques. En élargissant la focale sur la Méditerranée, l’ouvrage offre un éclairage approprié à la crise migratoire. La Méditerranée est la ligne de fracture économique, politique, sociale, culturelle et démographique la plus importante du monde avec la frontière américano-mexicaine. Dans leur introduction, les auteurs rappellent effectivement que la Méditerranée n’est pas un ensemble homogène. Elle ne constitue pas moins un espace migratoire dans lequel les circulations de population ont connu des bouleversements importants au cours de ces dernières décennies.

Ces bouleversements concernent en premier lieu les statuts migratoires des pays de la région. En quelques dizaines d’années, et alors qu’ils étaient il y a peu des pays de départ, les États d’Europe du Sud ont accueilli une immigration massive régulée grâce à l’outil de la régularisation. Les pays de la rive sud de la Méditerranée ont connu des transformations similaires. Ils cumulent aujourd’hui les caractéristiques de pays d’émigration, de transit et, de plus en plus, d’immigration. Quant au Moyen-Orient, il connaît des mouvements de populations, principalement des déplacements forcés, depuis longtemps, qui réactivent des circulations transnationales anciennes.

Cet ouvrage offre également un éclairage sur les dynamiques migratoires contemporaines au regard de deux faits majeurs : la crise économique et les révolutions arabes. Est-ce que ces événements rebattent les cartes migratoires en Méditerranée, ou accélèrent-ils simplement un processus déjà enclenché ? L’Europe du Sud redevient un lieu de transit, voire de départ, parce qu’elle n’a pas su mettre en place les politiques et les structures que ses partenaires du Nord n’ont pas imposées quand il en était temps. De même, les flux migratoires en provenance des pays arabes, y compris la tragédie des réfugiés syriens, expriment les aspirations à la démocratie et au développement à l’origine des mouvements de protestations.

Ce qui frappe le plus à la lecture de cet ouvrage est l’inadéquation des politiques qui s’inscrivent dans une continuité de contrôle, de dissuasion et de répression. L’omniprésence du fait frontalier n’est pas remise en cause, bien au contraire, alors qu’elle a fait preuve de son échec. Bien que les politiques européennes aient un impact sur l’ensemble de la région, cette permanence politique n’est pas le seul fait de l’Union européenne. La fermeture des frontières et la répression des migrants sont des outils utilisés par les autres pays méditerranéens.

Le contraste avec les dynamiques sociales et économiques, des migrants comme des sociétés d’accueil, qui contredisent cette continuité des politiques, souligne la nécessité du travail accompli par les auteurs. Ils décrivent avec clarté des phénomènes complexes que les décideurs politiques n’ont pas voulu regarder en face. À cet égard, cet ouvrage, qui devrait devenir une référence, remet en cause la notion même de crise migratoire, tant ces chercheurs analysent les bouleversements migratoires depuis de longues années.

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Paroles armées. Comprendre et combattre la propagande terroriste

Wed, 20/04/2016 - 15:53

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2016). Marc Hecker propose une analyse de l’ouvrage de Philippe-Joseph Salazar, Paroles armées. Comprendre et combattre la propagande terroriste (Paris, Lemieux Editeur, 2015, 264 pages).

Philippe-Joseph Salazar, normalien, a étudié la philosophie et la science politique, avant de se spécialiser dans la rhétorique qu’il enseigne à l’université du Cap depuis 1995. Il a publié de nombreux ouvrages dont Mahomet. Récits français de la vie du Prophète (Klincksieck, 2005) et Paroles de leaders (François Bourin, 2011). Son dernier essai, Paroles armées, a obtenu le prix Bristol des Lumières 2015. Cet ouvrage a le mérite de considérer le califat proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi pour ce qu’il est : un puissant mouvement politico-religieux. À ce titre, Salazar démontre brillamment que la communication de cette entité politique vient en appui d’une stratégie de conquête et d’hostilité radicale à tous ceux qui s’opposent au projet califal.

Si cet essai est particulièrement stimulant, il dérange pour au moins trois raisons. Tout d’abord, Salazar décrit l’État islamique de manière séduisante. Ses membres apparaissent comme de valeureux soldats, répondant à l’appel d’un chef – à la fois imam, émir et calife – au charisme indéniable. Ils forment un « peuple djihadiste » uni autour d’un idéal commun. Le djihadisme, nous dit Salazar, est une fraternité. Une fraternité autrement plus solide que celle qui s’affiche sur le frontispice de nos bâtiments publics.

Ensuite, l’auteur de Paroles armées décrit nos gouvernants et responsables sécuritaires comme des incompétents ne comprenant pas le phénomène qu’ils prétendent combattre et commettant de nombreuses erreurs. Le clip « Stop-Djihadisme » produit par le gouvernement français après les attentats de janvier 2015 est présenté comme une « bévue », une « mauvaise imitation ». « Sommes-nous devenus idiots ? », demande Salazar. Non, répond-il, mais nous ne maîtrisons pas les termes de la lutte asymétrique que le califat porte jusqu’au cœur de l’Europe. Salazar critique non seulement la communication gouvernementale face à l’État islamique mais, plus largement, l’ensemble des réponses apportées par les spécialistes du terrorisme. Il consacre par exemple quelques paragraphes au « processus de radicalisation », citant le concept de Bunch of Guys élaboré par Marc Sageman, et commente : « Il n’y a rien à espérer du côté de cette psychosociologie moliéresque. »

Enfin, cet essai dérange car son auteur – contrairement à ce qu’indique le sous-titre – ne propose guère de solutions pour « combattre la propagande terroriste ». Parmi les rares pistes évoquées pour faire face à la rhétorique du califat se trouve l’idée de renoncer à la censure. Il s’agirait, au contraire, de diffuser les revues djihadistes dans les écoles. À charge pour les enseignants de déconstruire les Paroles armées contenues dans des publications telles que Dabiq et Dar A l-Islam.

Pour avoir tenté cette expérience délicate avec des étudiants de Sciences Po, il me semble pour le moins hasardeux de vouloir l’étendre dans les lycées et collèges. Les enseignants sont-ils réellement mieux armés que les gouvernants pour faire face au discours « performatif » de l’État islamique ? Rien ne le prouve. Espérons au moins que le jour où les élèves étudieront la poésie djihadiste dans les classes de littérature, ils n’apprendront pas, en parallèle, à confectionner des explosifs en cours de chimie.

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Hollande l’Africain

Mon, 18/04/2016 - 15:52

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2016). Aline Leboeuf propose une analyse de l’ouvrage de Christophe Boisbouvier, Hollande l’Africain (La Découverte, 2015, 224 pages).

François Hollande prône la « doctrine par l’exemple » dans la mise en œuvre de sa politique africaine. Serait-ce un mélange d’héritages réinterprétés, entre Mitterrand et Jospin, d’équilibrisme ad hoc, de principes revus à l’aune de la Realpolitik ? Pour comprendre ce président finalement fort « normal » au regard de ses prédécesseurs, Christophe Boisbouvier revient sur son parcours africain, de ses premiers faits d’armes sous Mitterrand jusqu’à ses difficultés récentes à se démarquer de partenaires africains fort mal élus.

On apprend ainsi que, au cabinet du secrétaire d’État porte-parole du gouvernement, Hollande défend l’intervention Manta au Tchad. En 1996, il contribue aux efforts du cabinet Mignard pour renégocier en faveur du Tchad son contrat avec Exxon-Shell-Elf. Surtout, représentant du PS auprès de l’Internationale socialiste, il se constitue un premier réseau africain qui, comme son stage de l’ENA en Algérie en 1978, détermine plus sa vision de l’Afrique que ses rares voyages en Somalie et au Sénégal. Sa première vraie décision en matière de politique africaine consiste à soutenir Gbagbo jusqu’en octobre 2004.

Mais l’intérêt du livre ne réside pas d’abord dans ces anecdotes – qui prouvent que, même pour un politique français sans grand intérêt pour l’Afrique, il est difficile de ne jamais s’y confronter. Non, ce qui fascine dans ce livre c’est de voir comment l’Afrique rattrape même ceux qui ne s’y intéressent pas, et comment il est difficile de repenser et renouveler la politique africaine de la France, même ou surtout quand on est un homme « neuf » qui voit dans l’Afrique un espace « où il n’y a que des coups à prendre ».

Hollande est élu sans autre politique africaine que : « mettre fin à la Françafrique », aux interventions militaires, aux réseaux et aux relations privilégiées avec des dictateurs. Trois ans après, la France est intervenue au Mali et en Centrafrique. Les réseaux et les intermédiaires n’ont plus officiellement droit de cité, réduisant ainsi le risque de privatisation de la politique africaine de la France. Mais, comme le montre l’auteur, de nouveaux réseaux ou intermédiaires ont pris une importance nouvelle, comme l’Internationale socialiste ou certains avocats, communicants, consultants, ou même compagnies de service de sécurité et de défense proches du président ou de ses ministres. Enfin, alors que le Burkina Faso avait été intelligemment valorisé par Paris pour affirmer la fin du soutien aux présidents tentés de faire sauter le verrou constitutionnel des deux mandats, cet engagement de principe de Hollande a vite été mis de côté au profit d’une approche moins engagée, voire complice, des régimes en place, surtout quand la question du changement constitutionnel ne s’y pose plus. Quand Le Drian explique à l’auteur qu’il « flirte mais […] ne couche pas », n’entend-on pas un résumé efficace de cette relation compliquée entre la France de Hollande et ses partenaires africains, auxquels il faut bien payer les services rendus ?

Ainsi lorsque Juppé raillait l’opposition socialiste en lui reprochant de faire « un mauvais copier-coller de la droite », il posait une vraie question : comment faire une autre politique africaine, quand l’obsession reste la « grandeur de la France », cette idée mitterrandienne que « sans l’Afrique il n’y aura pas d’Histoire de France au xxie siècle » ? Christophe Boisbouvier ne répond pas à cette question, mais donne de nombreuses clés pour y réfléchir.

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Paris-Berlin : un conseil pour sauver les apparences

Thu, 07/04/2016 - 14:20

Dans l’édition du Monde du 6 avril, Marc Semo et Frédérick Lemaître analysent la position diplomatique de la France et de l’Allemagne à la suite du 18e Conseil des ministres franco-allemand. Il cite l’article d’Hans Stark , « De la question allemande à la question européenne », paru dans le n°1/2016 de Politique étrangère.

Le dix-huitième conseil des ministres franco-allemand, jeudi 7 avril à Metz, permettra-t-il de sauver les apparences ? Entourés d’une quinzaine de ministres – soit la quasi-totalité du gouvernement allemand et la moitié du gouvernement français –, François Hollande et Angela Merkel devaient, selon la présidence française, évoquer de nombreux sujets, qui ont permis parfois de montrer leurs discordes : la sécurité et la lutte contre le terrorisme, la crise des réfugiés, l’économie, la croissance, l’emploi et l’avenir de la zone euro.

Recherche d’une positon commune sur l’intégration des migrants

L’Allemagne s’était sentie bien seule quant à l’immigration et avait négocié directement avec Ankara pour trouver une solution. Heureusement, il y a l’intégration. En mars 2015, le président de la République et la chancelière avaient demandé à l’ancien premier ministre et pas encore ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, et à Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre-présidente (CDU) de la Sarre, de produire un rapport sur l’intégration des personnes issues de l’immigration dans chacun des deux pays.

Remis jeudi, ce document devrait préconiser la création d’un conseil franco-allemand de l’intégration composé d’élus, de chercheurs, d’associations et de l’Office franco-allemand de la jeunesse (OFAJ). Il devrait surtout permettre à François Hollande et Angela Merkel de montrer que les deux pays travaillent ensemble face à un sujet que l’afflux de réfugiés rend encore plus brûlant. En espérant faire oublier les critiques émises à Munich début février par le premier ministre Manuel Valls à l’encontre de la politique d’accueil des réfugiés d’Angela Merkel, ainsi que la répartition pour le moins inégale de la charge entre les deux pays : plus d’1 million de réfugiés d’un côté du Rhin, 80 000 demandes d’asile de l’autre. […]

« Impossible de diluer dans l’Europe la puissance allemande »

Encore plus pessimiste, Hans Stark, spécialiste des questions franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (IFRI), juge dans la revue Politique étrangère de janvier qu’« il y a aujourd’hui à nouveau une question allemande en Europe (…). Elle vient de l’impossibilité de diluer dans l’ensemble européen la puissance de ce pays qui découle aussi bien de sa situation économique que de sa centralité géographique et de son système ordolibéral ». Il rappelle néanmoins que « cette domination allemande n’est que l’écho de l’absence du projet européen, de sa remise en question par ses membres eux-mêmes du fait de l’effacement des grands acteurs européens, nationaux, communautaires ».

Lire l’article en intégralité cliquez ici.

Pour lire l’article d’Hans Stark, cliquez ici.

Le retour de la question allemande ?

Mon, 04/04/2016 - 16:38

Le blog Reflets du Temps, qui consacre une large place aux questions internationales et des recensions de qualité, a publié le 2 avril dernier un article mettant à l’honneur le numéro de printemps (1/2016) de Politique étrangère, et plus particulièrement son Contrechamps, consacré au retour de la question allemande.

«Dans le numéro de Printemps de la revue Politique Étrangère, le dossier premier est consacré aux migrations en Afrique (et non venant d’Afrique). Passionnant et riche comme d’habitude, mais c’est au dossier contrechamps que Reflets du temps s’intéressera cette fois-ci, puisque dévolu à une problématique de premier plan : le retour de la question allemande ; celle-là même qu’on avait crue close aux lendemains de l’unification, en 1990… « Fixant les frontières de l’Allemagne, pour la première fois  depuis 1806, confirmant son ancrage à l’Ouest, les principes démocratiques et libéraux qui la fondent ; l’unification allant de pair avec la fin de la Guerre Froide en maintenant le pays dans l’OTAN ».

C’est ainsi que démarre l’article de Hans Stark, enseignant la civilisation allemande contemporaine à la Sorbonne, chargé de l’étude des relations franco-allemandes à l’IFRI. Le titre-problématique est clair : « De la question allemande à la question européenne ». Articulation incontournable.

De quoi s’agit-il ? La place du pays en Europe, géographique, géopolitique ; ses relations avec ses partenaires ; son rôle européen dans l’espace international. La façon dont elle joue de sa force – énorme – économiquement, mais si particulière dans d’autres domaines ; militaire, par exemple. La manière dont elle doit faire varier les représentations qui entourent son Histoire. L’Allemagne « en » Europe ; l’Allemagne « et » l’Europe, où en est-on ?

Centralité, toujours en balancement ; tentations, sinon tentatives de se tourner presque naturellement vers le Nouvel Est, des pays anciennement communistes entrés dans l’Union. Outils de domination implicite du reste de l’Union ; en termes de puissance, d’influence et de présence massive dans les institutions : ce que d’aucuns dénoncent comme un constant défi à ses partenaires. Les débats sur la réalité ou les risques d’une « Europe allemande » alimentent maints débats actuellement. Et, non moins, maints fantasmes. Particulièrement vifs, on l’a vu, au moment de l’été 2015 de la Crise Grecque.

L’article reprend utilement le déroulé historique depuis la chute du Mur : la façon dont Mitterrand, et bien plus, Thatcher, ont « accepté, contraints, l’unification » ; Maastricht qui, selon Hans Stark, est le point d’achoppement du système Europe, précipitant l’arrivée de l’Euro, pour mieux ficeler le Deutsche Mark, et fixer par cela l’Allemagne elle-même ; poussant en avant une Europe, unie « ni politiquement ni économiquement », se lançant dans la course des élargissements selon le principe du « spillover » (« chaque pas en avant en matière d’intégration devant se solder par des progrès ultérieurs en matière de politique communautaire »), mécanisme, à terme, peu efficient. Pour autant, surfant sur les différences se creusant entre elle et les pays du sud de l’Union, et même la France, sa partenaire historique et naturelle, l’Allemagne a installé une image de pays leader, au modèle vécu comme obligatoire, d’une démocratie libérale, forte et « validée bonne élève » ; ce « modèle allemand » qui semblait destiné à une pérennité quasi éternelle. Leadership accompagné souvent, notamment récemment, par des décisions unilatérales, de facto imposées (ou fermement recommandées) à des partenaires européens en situation – non de soumission – mais d’inégalité notoire. Toutefois, si Berlin domine, c’est « que le vide à Paris, Londres, Bruxelles lui a ouvert un boulevard ». La rencontre des Crises économiques de cette dernière décennie a largement changé la donne – Schröder, par exemple et son abandon de l’harmonisation des politiques européennes, accouchant de fait des problèmes liés à la dette souveraine, du credo de l’austérité et du décrochage Nord/Sud en Europe, que l’approche ordo-libérale ne fait qu’augmenter.

Regard sévère, donc, de l’auteur de l’article sur le tableau allemand/européen obtenu. C’est la fin d’une sorte de mythe ; celui d’une Allemagne dominatrice, gagnante, modélisable à souhait.  Préconisations fermes en conclusion de l’article : Alors que l’implosion de L’Europe menace, il faut chercher à « obtenir une Allemagne européenne », appuyée par et sur davantage d’adhésion de ses citoyens, et un cadre institutionnel à plusieurs vitesses. Autrement dit, plus d’Europe et autrement. « Une Allemagne européenne et non une Europe allemande » comme disait Thomas Mann.

« L’Allemagne du vivre ensemble » que signe Stephan Martens, spécialiste lui aussi de civilisation allemande, résonne d’entrée pour le lecteur, qui voit défiler les masses de réfugiés de Syrie, la terrible nuit de Cologne et ses interprétations, et, la montée des populismes électoraux. On n’oubliera pas non plus la germanophobie grandissante. Prise de conscience des citoyens allemands : « le monde n’est pas loin, à l’extérieur, mais ici ». En bute avec les menaces terroristes, et les solidarités nécessaires avec ses partenaires européens, dont la France, l’Allemagne est face au monde et à une globalisation qui a fait sa fortune économique. A. Merkel s’est du reste avec un certain panache, posée à ce titre en « remboursement » d’une dette, en accueillant le million de réfugiés ; position humanitaire mais aussi intérêt démographique face au vieillissement de la population (d’ici 2050, la population active pourrait se contracter d’un tiers). Sinistre pendant à ces mouvements de populations à l’intérieur du territoire, les populismes d’Extrême Droite se haussent du col (Cologne, et les dernières élections).

Le rôle international allemand avait, depuis la fin de la guerre, été cantonné dans des aides diverses, du type, conseils techniques.  Rôle humanitaire et non militaire interventionniste. La Bundeswehr était à la tête d’une « puissance réticente » à « la culture de la retenue », laissant à d’autres armées européennes le soin des interventions armées à l’extérieur du continent. Actuellement, ce pivot essentiel, dans la réalité, mais surtout dans les mentalités allemandes et européennes, tend à changer. « Cet éternel traumatisme : la guerre et les Allemands » varie. Les gouvernants au pouvoir, ces temps-ci, de la Grande Coalition, réaffirment leur volonté de peser à l’international, « non, en solitaire, mais en concert », rassurant ainsi les jeunes que l’image d’un pays martial rebute toujours. Pour autant, l’opinion allemande demeure réservée en ce domaine sensible et le leadership du pays est préféré économique plutôt que militaire. Une sorte de « grande Suisse », en somme.

Dernier mot sera laissé à la jeunesse – certes non majoritaire, mais on peut l’espérer, influente – redoutant de plus en plus la xénophobie, n’étant plus par contre que « 37% à souhaiter une restriction de l’immigration, et considérant que l’Allemagne est devenue leader dans son engagement pour un vivre ensemble civilisé ». »

Martine L. Petauton

Retrouvez l’article en intégralité sur le blog Reflets du temps.

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