(B2) Les premières projections en sièges des intentions de vote aux élections européennes ont été dévoilées par le Parlement européen
© Parlement européen, 18 février 2019
Ces premières projections dévoilées, lundi (18 février), seront actualisées tous les quinze jours, jusqu’en avril, puis chaque semaine jusqu’au 23 mai (1)
Premières tendances
Si l’on votait aujourd’hui dans l’Europe des 27 (hors Royaume-Uni), les 705 sièges au Parlement européen se répartiraient comme suit (entre parenthèse le chiffre d’évolution :
183 sièges pour les chrétiens-démocrates du PPE (dont fait partie Les Républicains) – contre 217 aujourd’hui. Le Parti populaire européen (la droite) reste le 1er groupe mais amaigrit de 34 sièges. (- 3 points)
135 sièges pour les socio-démocrates du S&D (dont fait partie le PS) – contre 186. Les socialistes et démocrates maintiennent leur seconde place mais avec 51 sièges en moins. (- 6 points)
75 sièges pour les libéraux et démocrates de l’ALDE (dont fait partie le Modem) – contre 68. Les Libéraux gagnent un rang, en prenant la 3è place d’ECR et 7 sièges. (+1,6 points)
59 sièges pour la droite nationale ENF (dont fait partie le Rassemblement national) – contre 37. Plus forte poussée pour l’extrême droite qui double quasiment ses députés avec 22 de plus, et remonte de la dernière à la 4è place. (+3,4 points)
51 sièges pour les conservateurs ECR – contre 75. Chute de 24 députés pour le groupe des Conservateurs. (-2,7 points)
46 sièges pour la gauche GUE (dont fait partie le Front de gauche ou La France insoumise) – contre 52. Relative stabilité pour les communistes et l’extrême gauche. (-0,4 point)
45 sièges pour les Verts – contre 52. Le groupe ne bénéficie pas du poids pris par les Verts dans certains pays, mais il ne dévisse pas (7 députés en moins, -0,5 point).
43 sièges pour le groupe de démocratie directe EFDD (qui comprend les ‘Patriotes’ de F. Philippot) contre 41. Malgré la perte des Britanniques anti-européens de l’Ukip ce groupe qui comprend dans ses rangs les Italiens du Mouvement 5 Etoiles augmente de deux sièges (+ 0,6 point)
10 ‘non inscrits‘ – contre 22.
58 ‘non alignés’, ils sont dans la catégorie ‘Autres’, car non rattachés aujourd’hui à un groupe politique existant
NB : Il faut faire attention aux comparaisons brutes, le Parlement européen, passant de 751 à 705 sièges, perdant une petite cinquantaine de sièges. D’où une nécessaire péréquation entre l’ancien et le nouvel hémicycle. C’est le chiffre que nous indiquons entre parenthèses, permettant d’évaluer la perte en termes réels.
La perte de la majorité de la grande coalition
En première leçon, on voit que les grands partis du parlement européen (S&D et PPE) qui forment la grande coalition ne sont pas seulement qui perdent le plus relativement, mais aussi qu’ils perdent leur majorité absolue. L’extrême droite gagne du terrain, ainsi les libéraux de l’ALDE dans une moindre mesure. Les baisses des autres groupes restent plus relatives.
Pas de grande poussée anti-européenne
Il n’y a cependant pas de grande poussée populiste, anti-européenne, comme certains le prédisent ou le craignent. Mais plutôt à une consolidation du ‘bloc’ anti-européen, concomitant avec un effritement, lent, des partis pro-européens. A cela deux raisons principales : 1° cette poussée avait déjà eu lieu en 2014 ; 2° on assiste au départ des députés britanniques qui formaient une bonne partie des troupes des groupes eurosceptiques et limitent ainsi cette poussée. Cela correspond de fait à notre première analyse faite en fin d’année dernière (lire : Européennes 2019. Quels changements attendre ?).
Des inconnues en nombre
Cette projection n’est qu’une photographie, à groupes existants. Il existe huit groupes politiques aujourd’hui. Mais qui peut parier sur leur nombre à venir, ainsi que sur leur format ? Quelles alliances passeront-ils ? Une inconnue importante figure notamment sur le rattachement du Mouvement 5 Etoiles en Italie (le parti de Luigi Di Maio) ?
Un nombre importants de ‘non classés’
La catégorie ‘autres’ est relativement imposante avec 58 membres, soit près de 8% du Parlement européen. De quoi permettre à certains groupes de progresser (ou non). On y trouve les partis qui n’ont pas déclaré expressément leur rattachement à un groupe existant, comme La République en Marche (LREM). Même si le parti du président français Emmanuel Macron, n’a pas manqué d’indiquer son intention de rejoindre le groupe centriste des Libéraux et démocrates de l’ALDE, il n’y a pas encore d’engagement formel. « Il ne suffit pas d’une déclaration orale de rattachement, il faut un engagement, une déclaration écrite » précise un expert des questions électorales au Parlement européen.
(Emmanuelle Stroesser, avec NGV)
Lire notre dossier N°67. Elections européennes 2019
Lire aussi : Conseil européen, Commission, Haut représentant… Qui pour occuper les top jobs européens en 2019 ?
(B2) Les militaires nigériens ont été formés et entraînés à avoir « les bons gestes » sur une scène de crime, avant de passer la main aux forces de sécurité intérieure et à la justice.
(crédits: EUCAP Sahel Niger)
60 militaires des forces armées du Niger ont été formés à la sécurisation des scènes de crime et à la collecte de preuves dans le nord du pays. L’armée est, en effet, responsable de certaines actions dans les territoires où ni la police ni la gendarmerie ne sont présentes. C’est le cas à Madama, près de la frontière Libyenne, où la mission de l’UE de renforcement des capacités de sécurité (EUCAP Sahel Niger) a dispensé une formation théorique et pratique à des militaires du 84ème Bataillon.
Ce renforcement des connaissances et des capacités militaires dans ce domaine est fondamental. La région est particulièrement vulnérable à la menace du terrorisme et de la criminalité en raison de la porosité des frontières. « L’objectif était également de protéger juridiquement l’action militaire, rendre la chaîne pénale plus efficace et renforcer le lien entre l’armée et la société civile », assure la mission.
(MHA)
(B2) Alors que les forces arabo-kurdes (FDS) livrent une des dernières batailles contre l’État islamique, un officier français présent sur place avertit : la bataille est gagnée, la guerre… ce n’est pas sûr
artillerie (Task Force Wagram) de l’opération Chammal (crédit : DICOD / EMA)
Dans un article paru dans la Revue de défense nationale, un des organes de réflexion stratégique de l’armée française, le colonel François-Régis Legrier décortique un aspect de l’opération française et américaine en Irak : La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? ». L’auteur sait de quoi il parle. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique, il a été le commandant de la Task Force Wagram au Levant depuis octobre 2018.
L’article serait sans doute passé inaperçu du plus grand nombre, malgré sa qualité, s’il n’avait pas donné lieu à un échauffement politique, révélé par Michel Goya dans son blog La voie de l’épée. L’article a été déprogrammé du site internet de la Revue de défense nationale sur intervention de l’état-major des armées et du cabinet de la ministre Florence Parly. Au nom d’un principe : « on ne parle pas des opérations en cours sans autorisation » au plus haut niveau.
Une remise en cause de la stratégie actuelle
Le propos du colonel est en effet implacable pour la stratégie de la France et de la coalition militaire en Irak. Il vient poser un désaveu ‘technique’ à toutes les démonstrations politiques tendant à prouver que la bataille contre Daech est en passe d’être gagnée. Au passage, il fustige la tactique américaine, et occidentale du zéro perte dans les rangs des militaires, et d’une campagne essentiellement de bombardement qui est particulièrement destructrice.
Daech n’est pas vaincu
L’ennemi (alias Daech) n’a pas été détruit par les frappes aériennes « autant qu’on a bien voulu le faire croire ». Les compte-rendus réguliers d’estimation des pertes ennemies (BDA comme Battle Damage Assessment) sont « impressionnants » mais ils restent « calculés de façon statistique et non par observation visuelle ».
Le mouvement terroriste peut avoir gardé certains forces au chaud. La défaite devenue inéluctable, « il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers. »
Une illusion de l’efficacité aérienne
La ‘projection de puissance’, « c’est-à-dire la projection de destruction, sans ‘projection de forces’, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas » dénonce le colonel. « Elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. »
Une stratégie qui fait davantage de victimes civiles pour épargner les militaires
Pire… si la bataille d’Hajin a été gagnée, sur le terrain, elle n’a pas été sans conséquences pour les populations. « En refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. »
Des dommages collatéraux surexploités par Daech
Le mouvement « Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès. » De quoi s’interroger sur « le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi ».
Une interrogation stratégique
La façon dont le discours officiel mettant en avant la réduction des poches qui a traîné à une question sur la « stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ? » Au final, l’officier s’interroge : « Nous n’avons en aucune façon gagné la guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate. Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route. »
Commentaire : se taire ou débattre
On peut comprendre que le ministère et l’état-major des armées se soit émus d’une remise en cause aussi féroce de l’intervention en Irak, alors que celle-ci n’est pas terminée. Mais le propos est argumenté, et les questions posées sont légitimes. On peut même se demander si cela ne nécessiterait pas un vrai débat, plus large, au sein du parlement national sur les contours de l’intervention française en Irak.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Dans le discours du vice président américain Mike Pence lors de la conférence de sécurité de Münich (MSC 2019) … après les mots « … the 45th President of the United States of America, President Donald Trump. » il était prévu des applaudissements. Du moins, c’est que retranscrit le texte officiel diffusé par la Maison blanche.
La réalité a été légèrement différente. Il y a eu un grand blanc ! Le vice-président en a été réduit à continuer son discours après s’être interrompu quelques secondes le temps de grappiller un ou deux applaudissements sourds dans le fond de la salle, qui n’ont pas vraiment réussi à déchaîner l’enthousiasme…
La différence entre la théorie et la réalité vaut le détour.
Addressing U.S. allies at the Munich Security Conference, Mike Pence is met with silence as he tells the audience: "I bring greetings from the 45th president of the United States of America, President Donald Trump." pic.twitter.com/yr7SNVhCVf
— Axios (@axios) February 16, 2019
Ce qui dans une enceinte acquise à la force du lien transatlantique traduit bien le fossé qui sépare aujourd’hui Europe et États-Unis et le malaise européen à la vue de la politique américaine de Donald Trump.
(NGV)
NB : au passage notons que celui qui pourfend les fake news en est le premier émetteur. Qualifiez d’applaudissements ce qui ressort d’un bide est une ‘fausse information’.