(B2) La présidence de la république française s’est livré à un petit bilan du discours de la Sorbonne prononcé en septembre dernier. Bilan somme toute intéressant et normal… s’il ne comportait pas de grossières erreurs, voire de tentatives de manipulations de faits
Dans le « point d’étape de l’initiative de la Sorbonne », diffusé ce mardi (5 mars) sur le site de l’Elysée, on retrouve sous l’intitulé : budget de défense commun… ceci :
Ceux qui connaissent le sujet, comme B2 le suit depuis des années, ont eu une étrangre sensation : aurais-je perdu une étape, oublié un chiffre quelque part…
Reprenons les éléments un par un …
1. « Le Fonds européen de défense […] est désormais opérationnel »
C’est une illusion. Le fonds européen de défense (FEDef) n’est pas encore opérationnel. Les négociateurs européens viennent juste de tomber d’accord sur une bonne partie du règlement. Mais celui-ci n’est pas encore approuvé définitivement, et ne le sera pas avant plusieurs mois. Et les appels à propositions sont loin d’être lancés. Tout simplement, car il reste un détail important à régler : le montant du fonds (13 milliards), qui ne fait l’objet d’aucun accord (cf. point 3). Le FEDef est donc virtuel et non opérationnel.
2. « l’Union investit 1,5 milliard d’euros en 2019 et 2020 […] dans des projets de recherche dans le domaine de la défense et dans le développement industriel de technologies de défense. »
C’est vrai sur le fond, faux sur le chiffre. Pour 2019-2020 il y a en effet deux programmes préliminaires au Fonds européen de défense, l’un pour le développement industriel (PEDID / EDIDP) doté de 500 millions € pour les deux ans (2019-2020) (1), l’autre l’action préparatoire doté de 90 millions € pour trois ans (2017-2020). Même en additionnant le tout, on n’arrive pas à 1,5 milliard. Il manque un milliard d’euros. Un véritable tour de prestidigitateur !
3. « … 13 milliards sur la période 2021-2027 »
C’est un chiffre putatif. Pour 2021-2027, il y a effectivement un montant proposé par la Commission européenne de 13 milliards d’euros sur les sept ans du Fonds européen de défense (FEDEF). Mais ce chiffre n’a pas été agréé, par personne. Et il est loin de l’être. Il fait partie en effet d’une vaste négociation sur ce qu’on appelle le MFF, le futur cadre budgétaire multiannuel pour les sept années à venir. Les chefs d’État et de gouvernement vont devoir arbitrer entre les différentes priorités, pour arriver à un accord… avec le Parlement européen, une négociation toujours rude, qui est aggravée par le départ du Royaume-Uni (qu’il va falloir remplacer). Cette négociation n’a pas encore vraiment commencé, elle ne devrait l’être qu’au second semestre 2019. Emmanuel Macron le sait bien. La France — comme plusieurs autres États membres — ne sont d’ailleurs pas très pressés, estimant qu’il y a encore du temps. Un accord devrait intervenir, au bas mot, que fin 2019 ou début 2020 (dans l’hypothèse optimiste…). Et il est très rare qu’une proposition soit acceptée sans voir son montant diminuer. Concrètement, si le FEDef sort de la bataille en étant doté de 10 milliards, cela sera considéré comme bien. Et si on atteint 12 milliards cela sera considéré comme une ‘grande victoire’.
De la désinformation pure
Annoncer l’opérationnel là où il y a putatif, faire une erreur (volontaire) sur les chiffres, prendre une prévision pour une réalité… Tout cela en une seule phrase, c’est un exploit ! On peut avoir un désir d’Europe, être volontaire, poser des ambitions. A un moment, il faut parler vrai et être réel. Sinon on passe pour un alchimiste, qui transforme le plomb en or. Ce n’est pas digne d’un président de la république, d’un responsable européen, surtout de quand il affirme vouloir combattre la désinformation. On combat bien la désinformation quand on donne les bonnes informations.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Une délégation de militaires de l’UE s’est rendue à New Delhi et Mumbai fin janvier. L’occasion de réaffirmer l’importance des relations entre l’UE et l’Inde.
(crédits: EUNAVFOR Atalanta)
L’objectif de cette visite, qui a eu lieu entre les 22 et 24 janvier, était de discuter des opportunités de coopération entre l’UE et l’Inde en matière de défense et de maintien de la paix, ainsi que de réaffirmer l’engagement européen dans la lutte contre la piraterie dans l’Océan indien.
Cette visite a également été l’occasion pour le général Daniel Grammatico, directeur des opérations de l’État-Major militaire, et pour le contre-amiral Giuseppe Rapese, commandant adjoint des opérations d’EUNAVFOR Atalanta, de visiter le Centre de fusion de l’information pour la région de l’Océan Indien de la marine indienne, qui est relié au centre pour la sécurité maritime de l’UE établi à l’état-major d’opérations de Northwood, pour quelques jours encore (avant de déménager à Brest).
La coopération indo-européenne est devenue une réalité concrète au large de la Somalie, où l’Inde a récemment escorté les navires du PAM (lire: Un bâtiment indien escorte un navire du Programme Alimentaire Mondial).
Ce rapprochement sécuritaire se greffe sur la décision du Conseil de l’UE d’établir un partenariat stratégique avec l’Inde, adoptée le 10 décembre 2018 (voir: Carnet 21.11.2018)). La coopération militaire et la collaboration entre l’UE et l’Inde dans la promotion de la paix et de la sécurité dans le monde ont, notamment, été placés au cœur de cette nouvelle stratégie (voir le communiqué ici).
(MHA)
(B2) Si les attaques des pirates dans l’Océan indien sont devenues très rares, elles n’en restent pas moins marquantes. Pour le contre-amiral Pérez de Nanclares de Badajoz qui achève son mandat de chef de la force maritime européenne placée au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta), « cela a été une expérience extraordinaire ». Que ce soit à Northwood, au QG d’opération ou sur le navire d’assaut amphibie Castilla.
Premier incident en novembre 2017
« Le premier incident s’est produit en novembre 2017. J’étais alors à Northwood » raconte le contre-amiral interrogé par notre confrère espagnol Antonio J. Armero du média en ligne hoy.es . « Nous avons reçu des informations sur une attaque à environ trois cents kilomètres de la côte somalienne. Les pirates ont tenté d’attaquer un navire mais n’y ont pas réussi. Ils sont alors allés en chercher un autre, cette fois un bateau de pêche avec équipage espagnol, qui a également réussi à repousser l’attaque. »
Réaction rapide
« Nous avons réagi rapidement en déployant un avion de patrouille maritime dans la zone, qui était certainement espagnol, qui a repéré le navire attaquant, tandis que la frégate italienne qui était à l’époque le navire amiral de la force se dirigeait à grande vitesse vers la zone. Il a lancé son hélicoptère pour déplacer le bateau, puis a capturé les pirates. » « C’étaient de grands moments de tension ».
Second incident en octobre 2018
Un autre incident a eu lieu en octobre dernier (2018). « Nous avons reçu des informations sur l’attaque d’un navire marchand. Grâce à un avion de patrouille maritime, (…) nous avons détecté un navire baleinier (bateau-mère) qui était impliqué. La Castilla était assez loin de la zone de la tentative d’assaut et, à notre arrivée, nous l’avons cherché durant environ dix jours. Finalement, nous avons trouvé le baleinier ancré près d’une plage perdue au large des côtes somaliennes. »
Décision a été alors prise d’intervenir. « La nuit même, nous l’avons approché et avons pu confirmer qu’il s’agissait bien [du navire repéré lors] de l’attaque manquée. Les pirates n’étaient pas à bord. Nous l’avons alors remorquée pour la faire sortir des eaux proches. Nous avons déchargé tout ce qui pouvait la contaminer et l’avons détruit pour qu’il ne puisse plus être utilisé, pour des actes criminels. » (lire aussi : Un bateau pirate repéré par les forces d’Atalanta détruit près des côtes somaliennes (V2)
(NGV, avec l’aide de Capucine Allais, st. pour l’espagnol)
(B2) La mission d’observation de l’UE en Géorgie (EUMM Georgia) recrute actuellement quelques personnels par voie de contrat (ou de détachement) :
D’autres sont recrutés uniquement par voie de détachement des États membres, notamment le chef des opérations, le chef adjoint du département des rapports analytiques et de la sensibilisation, un personnel chargé de la planification et de l’évaluation, un officier de liaison avec le service de sécurité de Géorgie, et plusieurs observateurs ou analystes de situation, situés dans les ‘Fields office’ de Mtskheta, Gori et Zugdidi.
Date limite d’inscription: 11 mars 2019 17h (Bruxelles).
Informations détaillées ici.
PS : pour parfaire vos connaissances sur la politique européenne, le manuel sur la politique européenne de sécurité et de défense est le complément indispensable à votre préparation