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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 9 hours 27 min ago

Des États entre déni et incapacité, un G5 Sahel à la peine. Le résultat de l’engagement européen au Sahel est mitigé

Tue, 19/02/2019 - 11:05
(B2 - exclusif) Le tableau européen pour le Sahel, vu de Bruxelles et du terrain, n'est pas réjouissant. Il y a certains motifs de satisfaction, au Niger notamment. Mais dans d'autres pays (Mali, Burkina Faso surtout), malgré l'aide européenne apportée, on reste en-deçà des espérances, voire même des possibilités. Panorama Le Sahel « est la […]

Les eurodéputés français, ces mal-aimés du gouvernement Macron ?

Tue, 19/02/2019 - 06:04
(B2 à Strasbourg) Plusieurs eurodéputés français, de différents groupes politiques, sont mécontents d'être tenus à l'écart des grandes orientations européennes par leur gouvernement. Certains l'expriment directement, d'autres discrètement. Mais tous regrettent la position prise par Paris C'est la crise franco-italienne qui a été le révélateur du malaise. Alors que l'ambassadeur français à Rome était rappelé […]

‘Ils ont dit’ conférence de Münich (15 – 17 février 2019)

Mon, 18/02/2019 - 23:12
(B2) « Une Europe forte a besoin de symboles forts. L'Union européenne a besoin de parler d'une seule voix qui représente les intérêts de 500 millions d'Européens » a indiqué Wolfgang Ischinger, président de la conférence de sécurité de Münich en ouverture de cette 'mecque' des relations transatlantiques, marquée par les divisions entre les Alliés […]

Retour des combattants étrangers : une réflexion dispersée des 28 sur une question « très sensible »

Mon, 18/02/2019 - 21:32
(B2) Derrière le message habituel sur la Syrie, c'est la question du retour des combattants étrangers qui a été au cœur des discussion des ministres des Affaires étrangères de l'UE, ce lundi 18 février. Conscients de la nécessité de résoudre ce problème, les 28 en sont pourtant encore à se poser des questions sur l'attitude à […]

Les militaires nigériens, un maillon essentiel de la chaîne pénale

Mon, 18/02/2019 - 20:32

(B2) Les militaires nigériens ont été formés et entraînés à avoir « les bons gestes » sur une scène de crime, avant de passer la main aux forces de sécurité intérieure et à la justice.

(crédits: EUCAP Sahel Niger)

60 militaires des forces armées du Niger ont été formés à la sécurisation des scènes de crime et à la collecte de preuves dans le nord du pays. L’armée est, en effet, responsable de certaines actions dans les territoires où ni la police ni la gendarmerie ne sont présentes. C’est le cas à Madama, près de la frontière Libyenne, où la mission de l’UE de renforcement des capacités de sécurité (EUCAP Sahel Niger) a dispensé une formation théorique et pratique à des militaires du 84ème Bataillon.

Ce renforcement des connaissances et des capacités militaires dans ce domaine est fondamental. La région est particulièrement vulnérable à la menace du terrorisme et de la criminalité en raison de la porosité des frontières. « L’objectif était également de protéger juridiquement l’action militaire, rendre la chaîne pénale plus efficace et renforcer le lien entre l’armée et la société civile », assure la mission.

(MHA)

Venezuela. L’UE soutient Guaido, mais pas au détriment d’élections

Mon, 18/02/2019 - 18:30
(B2) Les positions des Américains et Européens s'éloignent peu à peu sur le Venezuela. Réunis à Bruxelles, lundi 18 février, les ministres des Affaires étrangères des '28' ont tenu à se démarquer de leur tumultueux allié transatlantique. Pas question de renoncer à la demande d'organisation de nouvelles élections présidentielles, et encore moins de soutenir une […]

Yemen. L’UE renouvelle son soutien à l’accord de Stockholm

Mon, 18/02/2019 - 16:30
(B2) Dans les conclusions adoptées ce lundi 18 février, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont offert, formellement, leur aide pour accompagner sa mise en œuvre de l'accord de Stockholm, conclu en décembre 2018 Ces conclusions ont été adoptées en point A (sans discussion entre ministres). Elles font suite à une précédente discussion intervenue trois […]

Entre Européens et Américains, entre Merkel et Pence, davantage qu’une nuance, une opposition

Mon, 18/02/2019 - 15:56
(B2) A la conférence de sécurité de Münich, haut lieu de réflexion transatlantique, les différences entre Européens et Américains se sont exprimées largement. Les discours respectifs de la Chancelière Angela Merkel, largement applaudie, et du vice-président américain Mike Pence, plus poliment salué, l'ont prouvé Les diverses nuances sur plusieurs politiques révèlent un schisme fondamental, qu'il […]

Zimbabwe. Le gel des avoirs du couple Mugabe et l’embargo sur les armes prolongés

Mon, 18/02/2019 - 15:20
(B2) L'Union européenne a décidé ce lundi (18 février) de reconduire pour une année supplémentaire (jusqu'au 20 février 2020) certaines mesures restrictives visant les autorités du Zimbabwe Sont notamment prolongés l'embargo sur les armes et le gel des avoirs de la société Zimbabwe Defense Industries, ainsi que les mesures individuelles (gel des avoirs et interdiction […]

Un fonctionnaire européen soupçonné d’espionnage doit avoir accès à ses données à caractère personnel, selon le Tribunal

Mon, 18/02/2019 - 12:30
(B2) Un fonctionnaire de la Commission, soupçonné d'activités de services secrets, avait été privé de l'accès aux données à caractère personnel le concernant, collectées par la Commission au cours de l'enquête. Les juges condamnent l'institution au profit du droit d'accès à ces documents dans cet arrêt de ce jeudi (14 février) Ce fonctionnaire travaillait à la DG Développement de la Commission européenne et […]

Carnet (18.02.2019). Confidentiels (Sanctions Russie, PESC Pays-Bas, Droits de l’Homme, Jordanie, COPS-COSI). Opérations (EUBAM Libya-Eunavfor Med, Resolute Support et Sea Guardian Allemagne). Défense (FEDef étude, Arabie saoudite exports d’armes,...

Mon, 18/02/2019 - 09:40
(B2) Parus récemment : Afghanistan. Pas de retrait américain sans consulter l’OTAN (exclusif) La régionalisation au Sahel passe en phase 2. Objectif : couvrir tous les pays du G5 Sahel (blog) Les bombardements de la coalition en Irak : victoire tactique, défaite stratégique ? (blog) A Münich le nom de Donald Trump suscite un grand […]

Afghanistan. Pas de retrait américain sans consulter l’OTAN

Mon, 18/02/2019 - 06:30
(B2) Après le retrait américain de la Syrie, tout pointe vers une décision similaire pour l'Afghanistan. Face à l'inquiétude des Alliés, le nouveau chef du Pentagone a transmis un message de calme, jeudi (14 février). Il n'y aura pas de retrait unilatéral Il s'agissait de la première visite de Patrick Shanahan, comme secrétaire d'état (par interim) de la […]

Les bombardements de la coalition en Irak : victoire tactique, défaite stratégique ?

Sun, 17/02/2019 - 22:35

(B2) Alors que les forces arabo-kurdes (FDS) livrent une des dernières batailles contre l’État islamique, un officier français présent sur place avertit : la bataille est gagnée, la guerre… ce n’est pas sûr

artillerie (Task Force Wagram) de l’opération Chammal (crédit : DICOD / EMA)

Dans un article paru dans la Revue de défense nationale, un des organes de réflexion stratégique de l’armée française, le colonel François-Régis Legrier décortique un aspect de l’opération française et américaine en Irak : La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? ». L’auteur sait de quoi il parle. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique, il a été le commandant de la Task Force Wagram au Levant depuis octobre 2018.

L’article serait sans doute passé inaperçu du plus grand nombre, malgré sa qualité, s’il n’avait pas donné lieu à un échauffement politique, révélé par Michel Goya dans son blog La voie de l’épée. L’article a été déprogrammé du site internet de la Revue de défense nationale sur intervention de l’état-major des armées et du cabinet de la ministre Florence Parly. Au nom d’un principe : « on ne parle pas des opérations en cours sans autorisation » au plus haut niveau.

Une remise en cause de la stratégie actuelle

Le propos du colonel est en effet implacable pour la stratégie de la France et de la coalition militaire en Irak. Il vient poser un désaveu ‘technique’ à toutes les démonstrations politiques tendant à prouver que la bataille contre Daech est en passe d’être gagnée. Au passage, il fustige la tactique américaine, et occidentale du zéro perte dans les rangs des militaires, et d’une campagne essentiellement de bombardement qui est particulièrement destructrice.

Daech n’est pas vaincu

L’ennemi (alias Daech) n’a pas été détruit par les frappes aériennes « autant qu’on a bien voulu le faire croire ». Les compte-rendus réguliers d’estimation des pertes ennemies (BDA comme Battle Damage Assessment) sont « impressionnants » mais ils restent « calculés de façon statistique et non par observation visuelle ».

Le mouvement terroriste peut avoir gardé certains forces au chaud. La défaite devenue inéluctable, « il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers. »

Une illusion de l’efficacité aérienne

La ‘projection de puissance’, « c’est-à-dire la projection de destruction, sans ‘projection de forces’, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas » dénonce le colonel. « Elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. »

Une stratégie qui fait davantage de victimes civiles pour épargner les militaires

Pire… si la bataille d’Hajin a été gagnée, sur le terrain, elle n’a pas été sans conséquences pour les populations. « En refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. »

Des dommages collatéraux surexploités par Daech

Le mouvement « Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès.  » De quoi s’interroger sur « le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi ».

Une interrogation stratégique

La façon dont le discours officiel mettant en avant la réduction des poches qui a traîné à une question sur la « stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ? » Au final, l’officier s’interroge : « Nous n’avons en aucune façon gagné la guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate. Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route. »

Commentaire : se taire ou débattre

On peut comprendre que le ministère et l’état-major des armées se soit émus d’une remise en cause aussi féroce de l’intervention en Irak, alors que celle-ci n’est pas terminée. Mais le propos est argumenté, et les questions posées sont légitimes. On peut même se demander si cela ne nécessiterait pas un vrai débat, plus large, au sein du parlement national sur les contours de l’intervention française en Irak.

(Nicolas Gros-Verheyde)

La régionalisation au Sahel passe en phase 2. Objectif : couvrir tous les pays du G5 Sahel

Sun, 17/02/2019 - 22:02
(B2 - exclusif) Les ministres des Affaires étrangères donnent ce lundi (18 février) le feu vert à la  régionalisation de la politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC) au Sahel. Cette nouvelle initiative vise à renforcer les capacités des cinq pays du G5 du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). Objectif […]

A Münich le nom de Donald Trump suscite un grand blanc

Sun, 17/02/2019 - 12:22

(B2) Dans le discours du vice président américain Mike Pence lors de la conférence de sécurité de Münich (MSC 2019) … après les mots « … the 45th President of the United States of America, President Donald Trump. » il était prévu des applaudissements. Du moins, c’est que retranscrit le texte officiel diffusé par la Maison blanche.

La réalité a été légèrement différente. Il y a eu un grand blanc ! Le vice-président en a été réduit à continuer son discours après s’être interrompu quelques secondes le temps de grappiller un ou deux applaudissements sourds dans le fond de la salle, qui n’ont pas vraiment réussi à déchaîner l’enthousiasme…

La différence entre la théorie et la réalité vaut le détour.

Addressing U.S. allies at the Munich Security Conference, Mike Pence is met with silence as he tells the audience: "I bring greetings from the 45th president of the United States of America, President Donald Trump." pic.twitter.com/yr7SNVhCVf

— Axios (@axios) February 16, 2019

Ce qui dans une enceinte acquise à la force du lien transatlantique traduit bien le fossé qui sépare aujourd’hui Europe et États-Unis et le malaise européen à la vue de la politique américaine de Donald Trump.

(NGV)

NB : au passage notons que celui qui pourfend les fake news en est le premier émetteur. Qualifiez d’applaudissements ce qui ressort d’un bide est une ‘fausse information’.

Industrie européenne. Le tabou est levé, attention à ne pas être trop optimiste (Assemblée nationale)

Sun, 17/02/2019 - 08:27
(B2 à Paris) Dans leur rapport sur les enjeux européens de l’industrie de défense, les députés français notent un effort inédit de l’Union européenne dans la défense, qui marque la fin d’un « tabou », mais ils pointent un certain nombre de risques. Pour faire face aux défis du futur, les effets d’annonce ne suffiront pas Les […]

Mettre en place un Conseil de sécurité européen ? Une idée à travailler

Sat, 16/02/2019 - 16:15

(B2) Berlin insiste régulièrement sur un point souvent oublié dans la rhétorique sur l’armée européenne : la mise en place d’un « Conseil de sécurité de l’UE ». Un point qui mérite un peu d’attention

(crédit : MOD portugais)

Avec mes amis de ‘La faute à l’Europe‘ (J. Quatremer, Y. A. Noguès, K. Landaburu, H. Beaudoin), qui reçoivent ce week-end Michèle Alliot Marie, alias MAM, l’ancienne ministre de la Défense (sous Jacques Chirac) et ministre des Affaires étrangères (sous Nicolas Sarkozy), nous parlons ‘défense’, ‘Europe puissance’ et notamment de ce Conseil de sécurité européen (video).

@bruxelles2 pèse le pour et le contre d’un Conseil de sécurité européen à l’image de @ONU_fr pic.twitter.com/JfbkGh4Kot

— la faute à l’Europe? (@lafautealeurope) 16 février 2019

Une proposition franco-allemande

Cette proposition ne nait pas de nulle part. Elle figurait en dernier lieu dans la déclaration de Meseberg adoptée par les deux dirigeants Emmanuel Macron et Angela Merkel en juin 2018. L’objectif est d’avoir un « débat européen dans de nouveaux formats » et « d’accroitre la rapidité et l’efficacité de la prise de décision de l’Union européenne [en matière] de politique étrangère » (lire : Défense, Sécurité, Migrations, Développement, l’accord franco-allemand de Meseberg).

Une explication merkelienne

Au Parlement européen, en novembre 2018, la chancelière Angela Merkel souligne l’importance d’« une enceinte au sein de laquelle des décisions importantes pourront êtres prises », avec une « présidence tournante » (lire : « Une armée (européenne) montrerait au monde qu’entre (nous) il n’y aurait plus de guerre » (Angela Merkel). Le format serait limité précise-t-on du côté allemand : « un petit cercle d’États se relayant et représentant l’ensemble de l’UE [pour] travailler plus promptement et intensément au règlement des crises en cours. » (1)

Une certaine réserve française

Du côté français, on ne peut pas dire que le projet suscite une grande mobilisation. A l’Élysée, la prudence est de règle : « C’est une idée [de] la Chancelière. Ce pourrait être une proposition commune, mais cela mérite encore [d’être travaillée] » lâche en ‘off’ un Élyséen, à quelques journalistes (dont B2) en novembre 2018. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas de détails proposés par le gouvernement allemand : est-ce un forum pour discuter ou pour décider des questions de politiques étrangère ? Ce n’est pas encore une position qui est mûrie. » (3)

Une idée mal perçue dans les milieux européens

Dans les couloirs européens, cette idée est à peine commentée. « Je suis un peu sceptique sur la création d’une nouvelle structure. Est-elle vraiment nécessaire. N’a-t-on pas déjà pas assez de structures » s’interroge un bon connaisseur des questions sécuritaires interrogé par B2, résumant assez bien le sentiment à Bruxelles, perplexe et qui a, à peine, réfléchi sur l’idée.

Un vide béant de réflexion stratégique

Cette proposition répond pourtant à un réel besoin. L’Union européenne souffre aujourd’hui d’un vide béant d’absence de direction politique au plus haut niveau, d’anticipation stratégique et de réactivité en cas de crise majeure. Parler d’autonomie stratégique ou de réflexion sans avoir une instance capable de décider est un leurre.

Des leaders européens absents collectivement

Certes, en théorie, le Conseil européen doit se pencher une fois par an au minimum sur les grandes questions de sécurité. Mais cette disposition du Traité de Lisbonne est restée plutôt lettre morte. Force est de constater que ces dernières années, sur toutes les crises majeures — Libye, Syrie, Irak, Ukraine, crise migratoire, coup d’état en Turquie, etc. — les Chefs d’État et de gouvernement européens, collectivement, ont été ‘à la ramasse’.

Un manque d’anticipation certain

Pour en attester, il suffit de reprendre la liste des crises récentes. Les 28 ont-ils à la veille de signer l’accord d’association avec l’Ukraine clairement évaluer les conséquences de cet acte sur les relations avec la Russie, donner leur accord en bonne et due forme ? Ont-ils planifié un dispositif de gestion de crise soit diplomatique, soit militaire en cas d’intervention russe (largement prévisible) ? Lors de la déroute du printemps arabe en Syrie, ont-ils anticipé la crise des réfugiés et des migrants à venir ? Après l’intervention franco-britannique en Libye, qui laisse un pays déchiré et un État failli, ont-ils envisagé et débattu de la solution à apporter à la crise, en commençant par résoudre leurs différents ? Lors du coup d’état en Turquie, y-t-a-il une réunion de crise par rapport à un pays le plus proche ? Non, non !

Des questions posées trop vite abordées

Au mieux, les ‘Leaders’ ont discuté une ou deux heures pour s’accorder sur les traitements collatéraux de la crise (rupture des liens diplomatiques, aide humanitaire, sanctions…). La plus longue discussion dans ces dernières années a été consacrée à définir l’intensité des sanctions mises en place sur la Russie. Mais rarement pour tenter de résoudre leurs différends, trouver des solutions ou bâtir des feuilles de route. Au pire, ils ont préféré ne pas trop se pencher sur la question.

Une réforme facile à mettre en place

Si l’on met de côté certains aspects proposés par A. Merkel, avoir un conseil de sécurité de l’Union européenne est possible dans le cadre existant.

Pas de modification de traité

Ce projet ne nécessite pas de modification des traités constitutifs. Il suffit juste de changer les usages. On peut décider (par exemple) de consacrer une demi-journée lors de chaque Conseil européen aux grandes questions internationales ou (autre exemple) dédier une de ses quatre réunions annuelles aux questions internationales. Il serait même possible de tenir une ou deux fois par an un Conseil européen informel dans un pays tournant (permettant à un chef de gouvernement de coprésider la réunion).

Juste changer les usages

Rien n’empêche d’ailleurs quelques pays plus proches en matière d’approche sécuritaire — France, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie — de tenir régulièrement des conciliabules préparatoires à l’image des réunions G6 des ministres de l’Intérieur (un petit cercle conjoint). Rien n’empêche aussi de joindre à ces réunions des Chefs, une réunion parallèle des ministres de la Défense ou des Affaires étrangères, voire des ambassadeurs, pour mettre en musique immédiatement les mesures décidées par les Chefs. Toutes ces dispositions, tout à fait possibles dans les traités existants, permettraient de se rapprocher du modèle prôné par A. Merkel.

Un dispositif diplomatique et technique prêt à répondre

Au-dessous du niveau politique, le dispositif européen en cas de crise est plutôt complet et prêt à travailler. On a ainsi des ambassadeurs des 28 (le Comité politique et de sécurité), qui siègent en permanence à Bruxelles, avec au minimum deux réunions par semaine (sans compter les petits déjeuners, gouters et autres diners informels) permettant d’échanger et affiner des positions communes. En cas d’urgence, une réunion du COPS peut être improvisée. Ces diplomates, discrets mais parfaits connaisseurs de leurs sujets, sont tenus d’être là, 24h/24 sur le pont. J’en ai été témoin à plusieurs reprises. Des réunions ont eu lieu le dimanche, au mois d’août, à 6 heures du matin ou à 22 heures le soir.

Un dispositif de veille et d’analyse

On a aussi un dispositif de veille du renseignement (l’IntCen) (dirigé aujourd’hui par un Allemand ancien des services de renseignement) qui produit régulièrement des notes d’analyses. Ces notes — environ 1400 par an — sont plutôt bien appréciées de leurs destinataires, selon mes informations. On peut ajouter à cela des dispositifs de réaction de crise — cellule de protection civile à la Commission européenne, état-major militaire de l’UE (EUMS), commandement des missions civiles (CPCC) etc. — qui existent et ne demandent qu’à produire des résultats. Tous ces dispositifs peuvent au besoin être renforcés et rendus plus performants.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Proposition à ne pas confondre avec celle de Olaf Scholz, le ministre allemand des Finances (SPD) proposant de transformer le siège français au Conseil de sécurité de l’ONU. Lire : Un siège permanent à l’ONU pour l’UE. Est-ce une si bonne idée ?
  2. Sur l’initiative européenne d’intervention, les mêmes seront largement plus prolixes. Or l’un ne va pas sans l’autre. Sans un dispositif de décision en haut lieu, on pourra faire tous les échanges possibles entre tous les officiers les plus doués possibles, cela n’aboutira pas.
  3. La question d’une présidence tournante du Conseil européen, reviendrait à la situation ante Traité de Lisbonne. Faisant fi du président ‘permanent’ du Conseil européen, elle n’est pas constitutionnelle aujourd’hui.

Les accords Debré-Schmidt sur les exportations de matériels militaires produits en commun

Sat, 16/02/2019 - 12:55
(B2) La France et l’Allemagne ont conclu, les 7 décembre 1971 et 7 février 1972, un accord dit Debré-Schmidt (du nom des deux ministres de la Défense, Helmut Schmidt et Michel Debré) pour les matériels de guerre construits en commun, l’accord « sur les exportations vers les pays tiers des matériels d’armement développés et/ou produits en coopération » […]

Investissements étrangers : la fin de la naïveté européenne (Franck Proust)

Fri, 15/02/2019 - 22:15
(B2) Les eurodéputés ont voté à une large majorité « la mise en place d’un système de filtrage des investissements étrangers dans l’UE ». Un texte dont se réjouit le rapporteur, le Français Les Républicains Franck Proust Une large majorité (500 pour, 49 contre et 56 abstentions) a approuvé jeudi (14 février)  le texte issu […]

Qui, sinon nous ? Pour une alliance pour le multilatéralisme (Le Drian – Maas)

Fri, 15/02/2019 - 16:54

(B2) Les deux ministres des Affaires étrangères, allemand Heiko Maas et français Jean-Yves Le Drian viennent de signer conjointement une tribune publiée originalement dans le Süddeutsche Zeitung à l’occasion de la conférence de Munich sur la sécurité

Heiko Maas et Jean-Yves Le Drian, à Paris le 16 octobre 2018 (crédit : MAE France)

Une des crises les plus graves depuis 1945

Le système multilatéral tel qu’il a été conçu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale traverse ce qui est sans doute l’une des crises les plus graves de son existence. L’idée qu’un système international fondé sur des règles est le meilleur garant de notre sécurité et de notre prospérité n’est plus évidente pour tous. La confiance dans la coopération internationale, la recherche de solutions communes, des institutions solides et efficaces, tout cela s’érode aujourd’hui et menace de nous ramener à un « monde d’hier ». Cette année encore, lors de la 55ème Conférence de Munich sur la sécurité, la situation critique dans laquelle se trouve le multilatéralisme dominera les discussions.

Des pressions massives en cours 

L’ordre international est soumis à des pressions massives. Certains acteurs misent de manière accrue sur la politique de puissance, minent l’idée d’un ordre fondé sur des règles pour pouvoir faire jouer la loi du plus fort à leur profit. Dans le même temps, dans de nombreuses sociétés, y compris du monde occidental, des critiques se font jour quant à l’apparente inefficacité de la coopération internationale. De plus en plus de voix s’élèvent selon lesquelles il conviendrait de rejeter la coopération multilatérale au motif qu’elle serait trop coûteuse et de faire comme si les problèmes mondiaux tels que le changement climatique, les migrations et la cybersécurité pouvaient être traités à l’intérieur des frontières nationales. La concurrence entre grandes puissances et la montée des nationalismes entraînent un éclatement accru de l’ordre mondial sur les plans politique, économique et sociétal.

Allemagne et France pionnières

Afin de contrer cette tendance, les États partageant les mêmes vues doivent entreprendre des actions communes et renforcer leur engagement en faveur du multilatéralisme. La France et l’Allemagne entendent être pionnières en la matière. De concert avec nos partenaires européens, nous misons sur la coopération multilatérale et sur un ordre mondial fondé sur des règles. Nous sommes convaincus qu’un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme, une alliance pour le multilatéralisme, est plus que jamais nécessaire pour stabiliser l’ordre mondial fondé sur des règles, en préserver les principes et l’adapter à de nouveaux défis si nécessaire. C’est pourquoi nous voulons, avec des partenaires du monde entier, constituer un réseau d’acteurs partageant les mêmes vues et guidés par le même souci de concilier leurs intérêts nationaux et la défense des biens communs de l’humanité.

Protéger les normes jusqu’aux accords de contrôle de armements

Nous devons protéger les normes, accords et institutions internationaux lorsqu’ils sont soumis à des pressions, que leur existence ou leur financement est menacé. Sont notamment concernés le droit international, ainsi que les droits de l’Homme et le droit humanitaire international, qui subissent chaque jour des violations dans le monde entier, exacerbant les conflits à l’intérieur des États et entre États. Cela implique que nous nous engagions en faveur d’un commerce libre et équitable et que nous mettions tout en œuvre pour préserver les avancées diplomatiques significatives telles que l’accord sur le nucléaire iranien, les accords sur la lutte contre le changement climatique ou les régimes de contrôle des armements.

Une réponse multilatérale aux cyberattaques

Nous devons également faire preuve d’un engagement et d’une détermination accrus là où une régulation politique est nécessaire et où les défis nouveaux exigent une réponse commune. Cela vaut en particulier pour les crises régionales et les nouveaux mécanismes de coopération en matière de sécurité. À l’ère du numérique, nous nous engageons pour une régulation appropriée qui concilie respect de la vie privée, préoccupations liées à la sécurité et défense des libertés individuelles. Et nous entendons formuler des réponses multilatérales efficaces aux cyberattaques et aux manipulations malveillantes de l’information.

Un multilatéralisme plus représentatif et plus efficace

Sans aucun doute, le système multilatéral actuel n’est pas parfait. Il n’est pas toujours en mesure de trouver les réponses adaptées aux innombrables défis à relever. Ceux qui, comme nous, défendent le multilatéralisme doivent également veiller à ce que celui-ci soit plus efficace, plus représentatif et plus réactif. L’ordre politique et économique mondial doit devenir plus inclusif et plus efficace afin d’apporter aux citoyennes et citoyens du monde entier des résultats plus tangibles.

Constituer un réseau d’États engagés

Les défis sont gigantesques. Il n’y a pas une solution unique. Au contraire, il importe de constituer des réseaux flexibles d’États engagés qui, grâce à une géométrie variable et à la diversité des participants, produiront le maximum d’effets. Des coalitions d’États partageant les mêmes vues devraient se former en fonction des thématiques afin d’obtenir des résultats politiques concrets. La participation à ce réseau pour le multilatéralisme n’est pas exclusive mais elle vise à contribuer de façon engagée et durable aux objectifs de l’Alliance pour le multilatéralisme.

Le rôle pivot du franco-allemand

La France et l’Allemagne sont prêtes, de concert avec d’autres partenaires partageant leurs vues, à jouer le rôle de moteur et de pivot pour ce réseau. Au cours des deux prochaines années, Paris et Berlin utiliseront la présence de l’Allemagne au Conseil de sécurité comme membre élu en 2019 et 2020 comme une occasion de travailler ensemble au renforcement du multilatéralisme, en particulier à l’occasion de nos présidences successives du Conseil de sécurité des Nations Unies à New York en mars et avril prochains.

L’ADN de l’Union européenne

À cet égard, nos partenaires européens et les institutions européennes jouent un rôle clé. L’Union européenne est une pièce maîtresse du système multilatéral. Le compromis et la recherche du juste équilibre entre positions diverses sont inscrits au plus profond de son ADN. Nous, Européens, sommes donc un partenaire fiable pour ceux qui entendent préserver un ordre fondé sur des règles et qui sont disposés pour cela à endosser davantage de responsabilité. Nous constatons partout dans le monde une forte volonté d’œuvrer en ce sens. Il est grand temps de resserrer nos liens et de bâtir un réseau solide et engagé permettant de préserver la diplomatie multilatérale des fausses promesses d’une action purement nationale, ainsi que d’une politique de puissance débridée.

Qui le fera, sinon nous ? Et quand, si ce n’est maintenant ?

* * *

traduction officielle – intertitres de la rédaction

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