(B2) Le tanker MT Leopard Sun a bien été attaqué par deux skiffs dans la nuit du 23 février (à 0h30 locales) a confirmé aujourd’hui le QG d’Atalanta, l’opération européenne de lutte anti-piraterie. Ce chimiquier de 50.000 tonnes, battant pavillon de Singapour, était en route de Sohar (Sultanat d’Oman) jusqu’au Cap (Afrique du Sud) lorsque l’incident s’est produit, à environ 160 miles nautiques au large des côtes somaliennes. Il appartient à la compagnie maritime lettone (LSC).
La réplique des gardes de sécurité
Les skiffs ont approché le MT Leopard Sun par la poupe et ont tiré sur elle. L’équipe de sécurité privée, qui était à bord, a riposté en tirant des coups de semonce. L’incident a duré environ 20 minutes avant que les skiffs ne s’éloignent. L’équipage a utilisé « toute la gamme des bonnes pratiques » de la norme BMP4 (zigzags, canons à eaux). Le navire et l’équipage sont maintenant en sécurité souligne t-on à EUNAVFOR qui a pu être en contact avec la compagnie maritime et le capitaine du navire pour évaluer l’incident. Une alerte a été envoyée à tous les navires via le système MSCHOA d’EUNAVFOR et le réseau britannique UKMTO.
Le premier incident en 2018
Cette attaque pirate est le premier incident de ce type pour l’année 2018. La dernière attaque remonte à novembre 2017 avec l’attaque du MV EVER DYNAMIC. Les écrans radars demeuraient vides ces derniers mois.
Un seul navire à EUNAVFOR Atalanta
Heureusement… car l’opération ne compte aujourd’hui plus qu’un seul bâtiment pour couvrir toute la zone de l’Océan indien, le navire ravitailleur espagnol ESPS Patiño (A-14), ainsi qu’un avion espagnol de patrouille maritime P3 Orion.
(Nicolas Gros-Verheyde)
crédit photo : Latvian Shipping Company
(B2) Le CICR, le Comité international de la Croix-Rouge, a lancé un appel face à l’aggravation de la situation dans l’enclave de la Ghouta orientale près de Damas
Les conflits dans la région de la Ghouta orientale préoccupent les organisations humanitaires. Le Comité international de la Croix-Rouge a ainsi récemment souligné la nécessité d’apporter un soutien médical – médicaments et matériel – à la région, « plusieurs structures de soins ayant été touchées ». Marianne Gasser, cheffe de la délégation du CICR en Syrie, appelle à « mettre un terme à cette folie meurtrière » et insiste sur le fait que « Les civils ne doivent pas être pris pour cible. »
Des convois humanitaires au compte-gouttes
Alors qu’aucun convoi humanitaire n’avait pu accéder à la Ghouta orientale depuis le mois de novembre 2017, l’ONU a annoncé que le 14 février « un convoi de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien a pu distribuer une aide alimentaire, nutritionnelle et sanitaire ». Ce convoi est le dernier et le seul à être passé. « Une goutte d’eau » par rapport aux besoins sur place, a confirmé un diplomate à B2. C’est-à-dire à peine 3% « des 272.500 personnes dans le besoin dans la Ghouta orientale », selon le coordinateur des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA), M. Al-Za’tari,
Les hôpitaux et cliniques systématiquement bombardés
Médecins Sans Frontières a, de son côté, dénoncé le bombardement de 13 hôpitaux et cliniques de la Ghouta orientale, dans lesquels elle intervient, en l’espace de trois jours (du 18 au 21 février). « L’armée syrienne interdit ou retire systématiquement les anesthésiques des rares convois des Nations Unies / du Comité International de la Croix-Rouge autorisés à l’intérieur de l’enclave » indique un communiqué de l’ONG.
(NGV avec CB et ES)
(B2) La 72e Brigade de Maribor a été déclarée « inapte » lors d’une série de tests effectués par des évaluateurs de l’OTAN afin d’évaluer la capacité au combat (combat readiness evaluation). Un coup dur pour une des principales unités de l’armée slovène qui provoque un séisme dans l’armée.
Note : 1 sur 5
Le verdict des évaluateurs de l’OTAN est tombé. Impitoyable ! Selon le site 24ur.com qui a révélé l’information, l’état de préparation du groupement tactique du bataillon a été noté « pas prêt au combat » dans quatre cas. Un seul a été reconnu « prêt au combat ». Or, selon les règles de l’OTAN établies selon la méthode CREVAL, il suffit d’avoir deux notes « non prêt au combat » pour avoir un résultat « inapte ».
Le terme d’un entraînement de 18 mois
Cette unité qui a pour fonction « d’effectuer des tâches d’opérations de combat à travers l’ensemble du spectre d’action, à l’exception des opérations spéciales » ! s’était pourtant préparée de façon intensive durant près de 18 mois en Slovénie et dans plusieurs pays (Allemagne, République tchèque, Hongrie, Roumanie, Bulgarie ou Géorgie). L’exercice organisé dans le camp de Poček à Postojna de mardi à vendredi dernier devrait donc être la consécration de cet entrainement. Les 800 hommes et femmes de la bridage étaient soumis au test final.
Des chaussures pas adaptées
Les inaptitudes semblent nombreuses, des aspects les plus importants aux plus petits détails. Coté tactique, la faiblesse est patente. « Les soldats ne savaient même pas comment se déplacer sur le champ de bataille » note un évaluateur cité par 24ur.com. Côté équipement, ce n’est pas mieux. Six soldats qui faisaient l’exercice ont eu besoin de soins médicaux en raison d’engelures. En cause, les nouvelles chaussures, achetées par le ministère de la Défense, se sont révélées tellement mauvaises que les soldats les ont « jeté après deux semaines d’utilisation ». Les « nouvelles chaussures fournies par le ministère étaient inadaptées aux conditions hivernales » raconte notre confrère slovène.
Des années de pénuries ont usé les armées
« Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme », a souligné le porte-parole de l’armée Simon Korez. « Nos équipements sont vieux et usés ». Et « nous sommes sous-dotés, tant financièrement qu’en effectifs, alors même que nos missions se sont multipliées » (cf. encadré).
Le chef d’état-major viré
La réaction n’a pas traîné. Le Premier ministre slovène Miro Cerar a annoncé jeudi (22 février) le limogeage du chef d’état-major des armées après l’échec des forces aux tests d’aptitude de l’OTAN et les critiques émises contre le manque de moyens alloués à la défense. « Puisque le chef d’état-major a la responsabilité ultime de la préparation des troupes, du travail et de l’usage opérationnel de toutes les unités, le gouvernement a renvoyé le général Andrej Osterman », a-t-il déclaré. Un mois a été donné au ministre de la Défense, Andreja Katic, pour prendre les mesures nécessaires afin d’assurer l’état de préparation au combat de la 72e brigade (1).
Une humiliation mal vécue
Très en colère, le Premier ministre a parlé « d’humiliation » pour les forces armées. Une humiliation… aussi pour le gouvernement et, en particulier, le ministre de la Défense Andreja Katic, qui disent n’avoir pas eu communication du rapport et d’avoir appris la nouvelle par les médias. Cela fait pourtant des années que les militaires slovènes alertent sur l’état déplorable des forces armées. Le nouveau chef d’état-major (CHOD) qui n’est autre que l’adjoint d’Osterman, Alan Geder, avait d’ailleurs protesté vivement il y a quelques temps sur cet état des lieux.
Commentaire : la « jurisprudence » De Villiers
Cela devient une habitude désormais. Dès qu’un chef de gouvernement (ou d’État) se sent mis en cause par la faiblesse mais surtout par les critiques sur l’état de ses forces armées, il vire le chef. Cela soulage un moment. Cela permet d’affirmer sa (petite) puissance. Mais les problèmes restent intacts. Et l’effet est souvent désastreux au sein des forces. L’exemple du limogeage en France de Pierre de Villiers l’a montré. La réputation d’Emmanuel Macron (qui avait pourtant fait un bon début) a été sérieusement atteinte au sein des armées. Plusieurs mois après cet évènement, il n’a toujours pas remonté la pente, malgré le respect de ses promesses et l’annonce concrète d’une augmentation du budget des armées en 2018.
(Nicolas Gros-Verheyde, avec AFP)
Le résultat d’un lent désinvestissement
Cette nouvelle n’est pas vraiment surprenante. Selon les statistiques de l’OTAN analysées par B2, la part du budget slovène de défense dans le PIB a chuté brutalement de 1,61% en 2010 à 0,98% trois ans plus tard en 2013, ne remontant péniblement qu’à 1,02% en 2015 et 2016. Soit six bonnes années de disette budgétaire. C’est un point notable. Mais c’est surtout le budget consacré aux équipements, ridiculement bas, qui est très inquiétant. Moins de 1% du budget de défense en 2014 était consacré aux équipements pour ne remonter en 2016 qu’à 6%. Très loin de la norme OTAN (et UE) qui fixe le ratio minimal de budget consacré aux équipements à 20%.
Seule consolation pour la Slovénie, elle n’est pas la seule dans les tréfonds du classement. D’autres pays comme la Belgique (0,91%), l’Espagne (0,92%), la Hongrie (1,05%) sont dans les tréfonds du classement otanien en matière de poids de la défense dans le PIB. Et côté équipements, on peut citer trois mauvais élèves : la Belgique (5,30%), le Monténégro (8,20%) ou la Croatie (9,07%), qui n’atteignent même pas la moitié de l’objectif d’équipements, soit un niveau critique pour assurer le minimum de renouvellement et de maintien à niveau.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Tout n’est pas perdu cependant. L’unité peut demander une nouvelle évaluation. Mais encore faut-il que les forces slovènes soient prêtes. Ce qui nécessitera sans doute encore plusieurs mois avant qu’une équipe mixte d’évaluateurs (slovènes et OTAN) puisse donner le feu vert.
(B2) Deux Spahis de Valence sont morts « au combat » ce matin au Mali a confirmé la ministre des Armées ce mercredi (21 février).
Victimes d’un IED à bord de leur blindé
Le maréchal des logis-chef Emilien Mougin et le brigadier-chef de 1re classe Timothée Dernoncourt du 1er régiment de Spahis de Valence étaient engagés dans une « vaste opération de contrôle de zone » dans la région de Ménaka, frontalière avec le Niger, quand leur véhicule blindé léger a « été frappé par un engin explosif improvisé » précise l’état-major des armées. Un troisième militaire est blessé. Le groupement tactique désert blindé (GTDB) est actuellement engagé dans des opérations de contrôle de zone dans cette région, et plus largement dans celle des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
L’hommage du CEMA et de l’Union européenne
Dans un message, adressé via facebook le chef d’état-major des armées, François Lecointre, a salué « l’engagement de nos soldats tombés ce jour, leur courage et leur abnégation dans le combat contre les groupes armés terroristes ». La chef de la diplomatie européenne, par le biais de sa porte-parole, a tenu à « présente[r] ses sincères condoléances aux familles des victimes et à la France ». Mais aussi d’adresser un message politique, à la veille de l’ouverture de la conférence du G5 Sahel. « Nous réitérons notre soutien aux forces françaises de l’Opération Barkhane pour leurs efforts en faveur de la sécurité du Mali et de la région du Sahel ».
Une situation instable au Mali qui inquiète
La situation au Mali semble loin d’être calmée. Et tant la Minusma, la force de l’ONU, que les FAMA, les forces armées maliennes, perdent régulièrement des hommes. Si l’opération « Barkhane » est un peu moins touché, le bilan n’en est pas moins rude. Le dernier incident porte à 12 le nombre de soldats tués depuis l’été 2014 et le début des opérations Barkhane, et à 22 depuis début 2013 et l’opération Serval (1). Les pays voisins, notamment le Niger, sont passablement inquiets de l’instabilité malienne aggravée par la porosité des frontières.
(NGV)
(1) In Memoriam. La liste des noms décédés dans le cadre de l’opération Serval et de l’opération Barkhane
(B2) La situation de José-Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne, continue de faire des remous à Bruxelles. Le Portugais était passé, en 2016, juste après la fin de la période de latence, avec armes et bagages chez le banquier Goldman Sachs. Le tumulte créé par ce passage qui s’apparentait à une trahison de l’idéal européen avait donné lieu à l’époque à un avis, embarrassé, du comité d’éthique maison. Aucune règle n’avait été violé, c’était plutôt l’attitude morale de l’ancien président qui avait été réprouvée (lire : José-Manuel Barroso se paie une pantoufle en diamant aux dépens de l’Europe).
Un engagement à ne pas faire du lobbying
« Je n’ai pas été engagé pour faire du lobbying pour le compte de Goldman Sachs et je n’en ai pas l’intention », avait ainsi indiqué l’intéressé, à l’époque, dans un courrier au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Un engagement dont le comité d’éthique avait pris acte. « L’engagement de M. Barroso de ne pas exercer de lobbying au nom de Goldman Sachs répond au devoir d’intégrité et de discrétion imposés par le traité. ».
Une demande de Barroso lui-même
« La réunion répond à une demande de M. Barroso lui-même et a été convenue par téléphone avec mon cabinet » indique Jyrki Katainen dans une lettre adressée aux ONG (Alter-EU et Corporate Europe Observatory CEO) militant pour plus de transparence dans les institutions européennes. Elle s’est « déroulée à l’Hotel Silken Berlaymont », qui se trouve à deux pas de la Commission (1). Cette discussion portait « principalement sur le commerce et la défense ».
Sans témoin, sans note, sans document
« Nous étions tous les deux, sans autre participant à cette rencontre » a assuré . Aucun document malheureusement ne vient confirmer les dires du commissaire. « Je ne prends pas de notes habituellement dans ce type de réunion. Et je ne l’ai pas fait non plus dans cette réunion. Pour ces raisons, il n’y a pas de documents concernant cet évènement ».
Un suivi ‘religieux’ de la légalité
Ce rendez-vous a bien lieu le 25 octobre — a confirmé ce mardi (20 février), — le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, lors du point presse quotidien ». Pour le porte-parole, il n’y a pas de problème. « Vingt-quatre heures après ce rendez-vous, le vice-président Jyrki Katainen a publié cette rencontre selon la procédure », dans le registre de transparence de l’UE. « La légalité a été suivie. » Il a « suivi religieusement les paramètres de légalité qui s’appliquent ».
Une plainte des ONG
Les ONG regroupées au sein Alter-EU, une coalition d’ONG spécialisées dans la lutte anti-corruption, a introduit une plainte au secrétaire général de la Commission, Alexander Italianer (2). « L’organisme devrait cette fois-ci mener une enquête plus approfondie sur le rôle de M. Barroso auprès de Goldman Sachs et évaluer si l’ancien président a induit le président Juncker en erreur », soulignent-ils (télécharger la lettre de plainte).
Des circonstances bien troublantes
Commentaire : Les circonstances de la rencontre, discrète, dans un hôtel au voisinage, sans prise de note, sans témoin, sont pour le moins extraordinaires. Vu la personnalité de l’ancien président et la polémique entourant son arrivée vers Goldman Sachs, la moindre des prudences aurait été d’avoir un tiers présent, d’enregistrer tous les éléments pour dissiper tous les doutes possibles. La thèse du « circulez, il n’y a pas de problème » défendue par la Commission Juncker aurait alors pu être crédible. En l’espèce, elle parait bien fragile. Quant aux thèmes envisagés, « principalement » le commerce et la défense, on ne peut considérer qu’il s’agit d’une simple demande de renseignement (3).
Toutes les données sur ce sujet sont normalement publiques. On est donc bel et bien dans le cadre d’une demande d’intérêt privé pour peser sur les affaires publiques. Se réfugier derrière une pseudo-légalité est donc très délicat. On est dans un questionnement d’abord politique. Pourquoi était-il si important pour Barroso de voir Katainen et vice-versa. La Commission Juncker aurait tout intérêt à faire la lumière rapidement sur cette affaire.
(Nicolas Gros-Verheyde, avec AFP pour certains éléments)
(1) Un lieu bien pratique, puisqu’il se situe à quelques dizaines de mètres de la Commission, et permet de ne pas avoir à recevoir J.-M. Barroso dans les locaux du Berlaymont. La discrétion voulue a, apparemment, été éventée.
(2) Alexander Italianer est, lui-même, un ancien du cabinet Barroso. Il a été aussi secrétaire général adjoint de la Commission de 2006 à 2010 (durant le mandat de J.-M. Barroso en charge de la « Better regulation » (autrement dit le travail de dérégulation), un des sujets préférés de l’ex-président.
(3) On sait combien aujourd’hui la question d’accès des pays tiers aux futurs programme de défense sont un enjeu crucial pour tous les pays tiers ou futurs tiers — comme le Royaume-Uni ou les États-Unis. La récente polémique lors de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN l’a prouvé.
(B2) L’aviso français Commandant L’Herminier (A-69) a remplacé la frégate Aconit (F-713), opérant dans l’opération Sophia, alias EUNAVFOR MED, l’opération de l’Union européenne de lutte contre les trafics en Méditerranée.
Depuis son arrivée dans la zone d’opération, la frégate Aconit a apporté « un soutien important à Sophia » indique le QG de Rome. L’Aconit avait notamment sauvé en janvier « 106 migrants d’une mort presque certaine alors qu’ils tentaient de faire le périlleux voyage à travers la Méditerranée dans des embarcations inadaptées et sans soutien vital adéquat ». L’équipage a également agi « avec beaucoup de professionnalisme en accostant 18 navires marchands, contribuant à l’embargo sur les armes » précise le communiqué de l’opération.
La semaine dernière, en mer, le commandant de la force européenne, le contre-amiral italien Alberto Maffeis, avait d’ailleurs participé à une petite cérémonie d’hommage au personnel de la frégate française afin de remercier personnellement le capitaine de frégate David Desfougères et son équipage.
(NGV)