(B2) Nombre de commentateurs ne voient pas l’esquisse d’une nouvelle guerre froide entre les Occidentaux et Moscou. A l’OTAN comme à l’UE aussi on réfute comme si le mot faisait peur et qu’il allait encore s’habiller de leurres. Certes l’époque n’est plus la même. Il n’y a plus de mur. Les pays d’Europe centrale et orientale, qui étaient partie prenante du pacte de Varsovie, sont tous membres de l’OTAN aujourd’hui. Des élections ont lieu régulièrement en Russie et il existe une presse alternative, etc. Malgré tout, de nombreux signes existent, persistent au-delà des différences : il y a belle et bien ce qui ressemble à une ‘nouvelle guerre froide’. Une guerre froide 2.0.
L’intervention militaire directe
Tout d’abord, l’annexion de la Crimée en 2014, comme l’avait été l’intervention en Géorgie six ans plus tôt, en 2008, montrent que la Russie n’a pas abandonné ses classiques : l’intervention militaire directe sur le ‘glacis’ européen reste de rigueur quand Moscou estime ses intérêts stratégiques compromis. Cela a été le cas en 1992-1993 (1), en 2008, en 2014. Aujourd’hui, de façon directe ou indirecte, les Russes sont présents, avec hommes et équipements, en Moldavie (forces de maintien de la paix en Transnistrie), en Géorgie (Ossétie du Sud et Abkhazie), en Ukraine (Dombass et Crimée).
Des guerres par proxys interposés
Ensuite, il existe plusieurs terrains de guerre chaude, où Russes et Occidentaux s’affrontent indirectement par proxys interposés : dans l’Est de l’Ukraine tout d’abord, en Syrie ensuite (où on a vu un raid américain bombarder des troupes où étaient des ‘privés’ russes). Sur ces terrains, Américains et Russes sont engagés, de façon plus ou moins discrète, directement sur le terrain. Mais surtout, chacun livre des armes et entraîne ses ‘protégés’. Comme au bon vieux temps de la guerre d’Ethiopie ou d’Angola…
La course aux armements
Le réarmement est en cours. La Russie a augmenté son budget de défense de 32% en 2018, l’outil militaire est devenu le deuxième poste budgétaire de l’Etat. Tandis que les Américains mettaient un +7% à leur budget de défense (déjà conséquent) pour l’année fiscale 2018-2019. Les exportations d’armes se multiplient notamment au Moyen-Orient : la part américaine restant encore prépondérante, à 34% du marché mondial, selon l’analyse du Sipri, mais la Russie se maintient encore à 22% (lire : Les ventes d’armes explosent en 2017 au Moyen-Orient et en Asie).
Bases militaires et exercices à gogo
Des troupes sont massées aux frontières, au cas où. Certes le nombre n’a rien à voir avec la première guerre froide. Mais les esprits et les méthodes ont évolué. On ne peut comparer les époques. Une intervention militaire se compte aujourd’hui en milliers ou en dizaines de milliers là où on comptait il y a 30 ou 40 ans en centaines de milliers d’hommes.
Les Russes ont ainsi rénové et réaménagé plusieurs de leurs bases, par exemple leur base d’hélicoptères près de la frontière lettone. L’OTAN a fait de même que ce soit à Tapa en Estonie, ou à Amari en Lettonie (lire : A Amari, les F-16 veillent au grain… russe) et a massé quatre bataillons dans les trois pays baltes et en Pologne… à titre dissuasif.
Les exercices se multiplient, histoire de montrer les muscles. Et on flirte allègrement au-delà des limites de l’exercice ‘normal’ : environ 100.000 soldats pour l’exercice Zapad 2017 en Biélorussie, 20.000 soldats pour l’exercice Aurora 17 en Suède, en septembre 2017, Stockholm mobilise alors rien de moins que la moitié de son armée.
Des course-poursuites en l’air, sur mer et sous mer
On joue à courte poursuite sur les frontières. Les avions russes, divers et variés, chasseurs et bombardiers, frôlent les frontières européennes. Ils restent bien dans l’espace international mais ‘s’amusent’ à voir ainsi se lever à leur rencontre les différentes flottes des pays riverains. En un seul aller-et-retour, ils provoquent ainsi pas moins de six ou sept décollages d’alerte (2). Les occidentaux répliquent avec démonstration de force. Le milieu marin n’est pas oublié : exercices marins et moins voyant, course poursuite sous-marine, (re)deviennent la routine. « Cela n’a pas vraiment changé — me racontait un officier qui a vécu la première guerre froide. « La course poursuite entre les sous-marins était parfaitement courante, et d’une certaine façon codifiée. On connaissait leur flotte sous-marine par cœur. » Cela avait même des airs de combat chevaleresques…
La bataille diplomatique
L’ambition russe de retrouver sa place perdue sur la diplomatie internationale est réelle sur le terrain. Si elle reste civilisée, elle n’en est pas moins féroce. En quelques années, Moscou qui n’avait plus que deux ou trois points d’appui sur la rive méditerranéenne Sud, est en passe, non seulement de récupérer tous ses appuis mais même de les dépasser. Avec la Turquie, les relations sont houleuses, mais Moscou et Ankara sont ‘alliés objectifs, sur le terrain syrien. Idem en Iran ou au Liban. La Russie a réussi l’exploit de tisser des liens solides avec Israël tout en conservant ses amitiés historiques avec les Palestiniens. Elle a renoué avec l’Egypte et avec la Libye (ou du moins ce qu’il en reste). Et elle s’implante en Afrique : non seulement à Djibouti mais aussi, plus inattendu, en Centrafrique, en attendant le Congo, ou d’autres pays de l’Afrique noire. Dans cette bataille aux contours mi-stratégiques, mi-économiques, chacun compte ses points et ses pions.
Espionnage, propagande, déstabilisation
Le renseignement et l’espionnage ont retrouvé un lustre qu’ils avaient peut-être un peu perdu, du moins en apparence. Ils se doublent du recours classique aux médias (Russia today d’un côté, Radio Free Europe de l’autre), aux thinks tanks et autres groupes de réflexion… et aux nouvelles technologies et réseaux. Ce qu’on appelait autrefois propagande ou opération psy-ops, d’intoxication portent le nom désormais de fake-news ou de communication stratégique. C’est juste une mise à jour technologique de méthodes anciennes. L’objectif : reste le même : déstabiliser psychologiquement l’adversaire ou de le contraindre à la faute.
Le relais dans les partis frères
Le relais ancien que trouvait Moscou dans les partis communistes est aujourd’hui atténué mais d’autres relais ont pu être trouvés, sans doute moins stables, mais tout aussi efficaces dans certains partis d’extrême-droite (Front national par exemple) ou populistes. En Europe, la Russie cherche aussi à s’appuyer sur quelques pays dits ‘amis’. Ils ont changé depuis le temps de la première guerre froide. C’est plutôt la Hongrie aujourd’hui. Mais en Bulgarie, à Chypre ou à Malte il y a de nombreux appuis, grâce aux traditions mais surtout au pouvoir financier des diverses entreprises russes. Cette utilisation des outils capitalistiques atteint aussi des pays comme le Royaume-Uni.
La confrontation Washington Moscou
Enfin, même la rivalité ancestrale, des deux empires, Etats-Unis et Russie, retrouve un lustre. Certes le contexte socio-économico-politique a changé. La Russie s’est convertie à un certain capitalisme… centralisé. Les outils de cette guerre ont aussi, en partie, changé. Mais il reste des constantes… notamment la confrontation Washington-Moscou. Elle est teintée de brouillard par l’attitude trouble de Donald Trump. Mais elle est bien réelle. La Russie a choisi de se confronter directement avec les États-Unis et, surtout, a décidé de passer par pertes et profits l’Europe, de la négliger, de la mépriser. On n’est plus du tout dans la politique initiée par Medvedev à la fin des années 2000 qui proposait un contrat de sécurité commun entre Russes et Européens ou dans les différents accords de libéralisation entrevus à ce moment là.
Neutraliser l’Europe
Moscou ne veut plus renforcer la structure politique européenne ou s’en servir pour les besoins de sa politique, comme il y a dix ans. L’esprit et l’objectif ont changés : il s’agit d’assurer la ‘neutralisation’ de l’Europe, de sa construction politique, dans tous les sens du terme. C’est-à-dire, à défaut de la détruire, d’en réduire son efficacité politique. Le Brexit, les tentations populistes ou a-libérales (de type Orban), frôlant avec les valeurs démocratiques traditionnelles de la construction européenne, l’élargissement à outrance… sont autant de chevaux de Troie, dans lesquels peut s’infiltrer la politique russe, ou dont elle peut simplement bénéficier.
Effacer les leurres et faire face à une nouvelle donne
Les Européens doivent avoir conscience de cette nouvelle donne. Oui. Il y a bien une seconde guerre froide qui est à l’oeuvre, une guerre 2.0. Il ne faut pas se leurrer. L’Europe en tirer des conséquences, solidifier son socle de valeurs, diminuer ses facteurs de division, consolider dans l’opinion publique l’idée que l’Union est plus utile que la désunion (ce qui n’est pas gagné au vu des dernières évolutions (3)… Il y a une nouvelle donne stratégique dont on doit tirer les conséquences. Il faut arriver à garder la porte ouverte à la Russie, ne pas gâcher des chances d’un possible dialogue, mais ne pas être aussi naïfs, montrer sa force, la doser, de façon responsable… mais efficace.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) On l’a oublié la guerre « d’indépendance » entre l’armée transnistrienne (soutenue par les Cosaques) a fait plus de 3000 victimes (tués et blessés) en 4 mois de conflit ! Celle de l’Abkhazie avec intervention russe directe a fait plus de 6000 morts (militaires) et entre 15 à 22.000 civils tués, de part et d’autre, en à peine sept mois de conflit, sans compter les milliers de déplacés internes.
(2) Un seul aller et retour à partir de la Baltique jusqu’aux côtes Atlantiques provoque au moins sept alertes : la Baltic Air Policy au-dessus des pays Baltes, le Danemark voire l’Allemagne, la Suède ou la Norvège (selon la trajectoire), le Royaume-Uni, la Belgique ou Pays-Bas (selon l’avion de permanence sur le ciel commun), la France, le Portugal.
(3) La première des réactions serait d’arrêter de faire le petit jeu de ‘bubble’ européenne, jouer enfin franc jeu.
crédit photo : MOD espagnol, entraînement sportif en Lettonie
(B2) Seize civils, dont deux femmes enceintes, ont été tués vendredi (16 mars) dans une frappe aérienne turque qui a touché le principal hôpital de la ville kurde d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le Croissant-Rouge, dont des employés travaillent dans l’établissement, a confirmé à l’AFP la frappe, sans fournir de bilan. Aucun membre du personnel hospitalier ne figure parmi les victimes, a-t-il ajouté.
Une information confirmée par Serwan Bery, haut responsable du Croissant-Rouge kurde, qui précise qu’il s’agissait du « seul hôpital opérationnel dans la ville d’Afrine ». Ces derniers jours, l’étau s’est resserré sur Afrine, que les civils fuient par milliers. Le spectre d’un siège ou d’un assaut sur cette cité de quelque 350.000 habitants fait craindre un nouveau drame humanitaire en Syrie. Au moins 15.000 personnes ont fui Afrine vendredi, selon l’Observatoire.
L’armée turque et ses supplétifs syriens mènent depuis le 20 janvier une offensive militaire contre Afrine, une région contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice kurde est considérée comme terroriste par la Turquie mais alliée des États-Unis dans la lutte contre l’organisation de l’Etat islamique (EIIL/ISIL).
La Ghouta orientale objet des frappes du régime syrien
Dans la Ghouta orientale, la situation n’est pas meilleure. Le régime syrien, aidé militairement par son allié russe, poursuit sans relâche son offensive entamée le 18 février, en dépit des condamnations internationales et des appels à un cessez-le-feu. Vendredi, 80 habitants de la Ghouta orientale ont été tués, principalement dans des raids sur Saqba et Kfar Batna, d’après l’OSDH, qui a attribué les frappes à l’aviation russe.
L’armée a assuré avoir repris 70% de ce qui constituait l’ultime bastion rebelle aux portes de Damas, désormais morcelé en trois secteurs, et a exhorté les habitants de ces secteurs rebelles à fuir via des « couloirs sécurisés ». Au moins 1.350 civils, dont 270 enfants, ont été tués et des milliers blessés en près d’un mois de bombardements, selon l’OSDH.
(avec AFP)
(B2) Le navire OpenArms d’une ONG espagnole Proactiva a été pris à partie jeudi (15 mars) par les garde-côtes libyens. Alors qu’il se trouvait à 73 miles de la côte libyenne, ceux-ci ont menacé le navire « de nous cibler à moins que nous ne les transférions les femmes et les enfants que nous avons déjà sauvés » dénonce un des membres de l’ONG.
#breaking Libyan coastguards, 73 miles off Libyan coast, are threatening our ship, a European-flag one, to target us unless we transfer them the women and children we have already rescued
— PROACTIVA OPEN ARMS (@openarms_fund) 15 mars 2018
Les garde-côtes libyens à l’offensive
Les volontaires étaient en train d’effectuer le sauvetage d’un bateau pneumatique, où se trouvaient à bord 101 personnes de nationalité érythréenne. Ils avaient déjà transféré dans leurs deux bateaux de sauvetage, 25 femmes et sept enfants, quand le navire des garde-côtes a commencé à effectuer des manœuvres dangereuses raconte Cristina Mas, une journaliste du quotidien catalan Ara qui se trouvait à bord du navire de l’ONG.
Le patrouilleur libyen « s’est approché dangereusement, abaissant même son échelle extérieure pour montrer qu’il était prêt à capturer des migrants ». « Si vous ne ne nous donnez pas les immigrants, nous vous tuerons » a indiqué le capitaine du patrouilleur libyen aux volontaires espagnols de l’ONG. La confrontation a duré plus de trois heures. Finalement, les sauveteurs ont pu embarqué tous les occupants du canot pneumatique.
Le navire 648 des garde-côtes
Apparemment (quand on regarde la video tournée par les journalistes), le navire des garde-côtes libyens est siglé ‘648’. Celui-là même qui s’était fait connaitre pour une attitude pour le moins offensive à l’égard d’un autre navire d’ONG, le Sea Watch 3, le 6 novembre 2017 (lire : 5 morts au large de la Libye. Les garde-côtes libyens mis en accusation (V2)).
Un hélicoptère en survol
Un hélicoptère a aussi survolé la zone tout au long de la journée [mais] n’a même pas répondu aux appels de l’ Open Arms» soulignent-ils. Du côté de l’UE, on dément cependant « qu’aucun moyen de l’opération ait été impliqué de l’opération ». Cela signifie qu’il s’agit d’un hélicoptère de la marine italienne.
Sans port de débarquement ?
Vendredi matin, le navire de l’ONG a mis sur le cap sur le nord, « attendant des instructions » comme le raconte Oscar Camps, le fondateur de Pro Activa. A son bord 218 personnes — 117 personnes d’un précédent sauvetage et les 101 de ce sauvetage. A midi, aucun « port européen ne leur a été assigné » par le centre de coordination des secours de Rome (MRCC). L’équipe médicale de bord a alors demandé l’évacuation des cas les plus sérieux.
The emergency situation continues in #openarms In view of the refusal to disembark in a European port, the medical team requests immediate evacuation of the most serious medical cases. What shame! @hrw pic.twitter.com/ds2PgdHx7z
— Oscar Camps (@campsoscar) 16 mars 2018
Un bébé et sa mère évacués sur Malte
Un bébé de trois mois gravement malade, déshydraté, et sa mère ont ainsi pu être évacués vers Malte. Ils ont été transférés en mer, selon nos informations, vers un navire des forces armées maltaises qui les a pris en charge. Mais l’ONG n’avait toujours pas de port de débarquement pour les autres réfugiés à bord. « C’est très urgent. A bord nous avons 216 personnes, et beaucoup de femmes et d’enfants en situation critique. Tout le monde est à la limite ».
(mis à jour) En fin de journée, la bonne nouvelle arrive enfin. Le navire reçoit un appel des garde-côtes italiens. Ils sont autorisés à entrer dans le port de Pozzalo (Sicile) pour y déposer les réfugiés secourus.
Un rappel à l’ordre européen
La position européenne reste ferme a indiqué un porte-parole de la Commission, joint par B2 : « Il est impératif de ne pas mettre la vie des migrants en danger, quelles que soient les circonstances. Nous condamnons tout acte de violence à leur encontre. Tous les acteurs doivent agir dans le plein respect du droit international et des standards humanitaires. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour 16.3 22h30
(B2) Quelle est la façon la plus simple d’obtenir une vue d’ensemble des sanctions adoptées par l’Union européenne ? Tout simplement sur internet : une carte interactive répertoriant les cibles et types de sanctions imposées par l’Union européenne. Une manière visuelle et ludique de se faire une idée des raisons et de l’ampleur des restrictions en vigueur. Cette carte, B2 l’a testée pour vous… Notre débrief…
Ce site web mise en place par la présidence estonienne de l’UE a été remis à la Commission européenne, à la fin de la présidence, à charge pour la Commission de continuer à l’entretenir et le mettre à jour. « La carte est notre cadeau numérique à l’UE ».
La mesure restrictive, outil majeur de la politique européenne
Un outil utile. Les mesures restrictives et les sanctions sont devenus, au fil du temps, un instrument incontournable de la politique étrangère européenne, permettant à l’Union d’épingler des acteurs étatiques ou non-étatiques, d’empêcher l’export vers certaines zones de matériel potentiellement dangereux, voire de faire pression pour un changement d’attitude avec un embargo économique tentant de frapper au cœur de ses ressources économiques l’État incriminé (pétrole, gaz, minerais…). Elles sont adoptées par le Conseil à l’unanimité et doivent être renouvelées régulièrement (en général tous les ans ou tous les six mois selon le cas).
Tour du site
Sur la page principale du site internet, un planisphère grisé d’où ressortent certains pays en bleu. En cliquant sur un de ces pays mis en évidence, des pictogrammes indiquent les différentes catégories de sanctions touchant le pays. En agrandissant la fenêtre, un descriptif plus complet dresse l’origine et l’historique des sanctions qui touchent le pays.
En développant la barre d’options du coin supérieur droit, il est possible de recibler la recherche selon certains critères, à savoir l’institution à l’origine des sanctions (Conseil de l’Union européenne ou Conseil de sécurité des Nations unies), le(s) type(s) de mesures restrictives adoptées (embargo sur les armes, contrôles, gel d’avoirs, limitation des visas, …) et le thème des sanctions (terrorisme).
Ce que nous avons aimé
Ce que nous avons moins aimé
Au bilan
Une nouveauté amusante et intéressante qui vient égayer un sujet quelque peu rébarbatif. Cependant, la EU Sanctions Map est avant tout un gadget qui se contente de présenter un état des choses. Pour la transformer en outil analytique, il faudrait pouvoir comparer en une seule et même carte la série de pays visés par des sanctions avec d’autres catégories de critères (degré démocratique, conflits internes, guerres, intégration dans le système juridique international, carte des opérations de peace-keeping et peace-building, etc.).
(François De Ganck, avec NGV)
Consultez-la ici
(B2) Le Premier ministre slovène Miro Cerar a présenté mercredi soir (14 mars), sa démission après la remise en cause d’un projet majeur d’infrastructure, sur fond de crise au sein d’une majorité en fin de mandat. « Les forces du passé ne nous permettent pas de travailler pour les générations futures. (…) Je présente ma démission au parlement », a annoncé le Premier ministre lors d’une conférence de presse impromptue.
Le refus du référendum sur le port de Koper : la goutte d’eau
Quelques heures plus tôt, la Cour constitutionnelle avait invalidé un référendum de septembre 2017 portant sur l’aménagement du port de Koper, sur la côte adriatique. Lors de cette consultation, les électeurs slovènes avaient approuvé la construction d’une nouvelle voie ferrée pour desservir le seul grand port commercial, d’une importance stratégique pour le pays. Il s’agit d’un projet phare de la majorité de M. Cerar, estimé à plus d’un milliard d’euros. Le Premier ministre espérait un lancement des travaux avant l’été. La Cour constitutionnelle a reproché au gouvernement d’avoir manqué à son devoir de neutralité en finançant la campagne avec des fonds publics.
Un ‘sabotage’ de la coalition
L’annulation du référendum a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », selon le Premier ministre qui a accusé mercredi ses partenaires de coalition d’avoir délibérément « saboter plusieurs projets » de l’exécutif ces derniers temps. Miro Cerar a estimé qu’il revenait au chef de l’Etat Borut Pahor de convoquer ou non des législatives anticipées pour renouveler les 90 députés du parlement. Il rencontre le président ce jeudi (15 mars).
Un parti en difficulté
Le Parti du centre moderne de Miro Cerar (PCM) se préparait de toute façon à des élections difficiles, prévues en juin ou juillet, au terme de son mandat de quatre ans. Elu en 2014, cet ancien juriste respecté de 54 ans, avait alors fait sensation en remportant les législatives à la tête de la formation qu’il avait créée, quelques mois après être entré en politique. Mais le désaveu de la Cour constitutionnelle intervient après une série de crises qui ont fragilisé la majorité gouvernementale.
Le retour de la croissance
Plusieurs vagues de grèves ont paralysé ce petit pays de l’Union européenne depuis le début de l’année, portées notamment par les revendications sociales des agents de la fonction publique qui exigent des hausses de salaire, et de recueillir les fruits de l’austérité passée. La Slovénie a, en effet, renoué avec une croissance vigoureuse de 5% en 2017, la plus élevée en dix ans, après avoir connu une sévère récession en 2012 et 2013 dues à la crise de son secteur bancaire. Mais le gouvernement a jusqu’ici opposé une fin de non-recevoir aux revendications, estimant qu’une hausse des traitements dans la fonction publique « plongerait à nouveau la Slovénie dans la récession ». Il y a quelques mois, le sort d’un migrant syrien soutenu par une partie de l’opinion publique avait déjà fait vaciller la coalition et fragilisé M. Cerar.
Une fragmentation de l’hémicycle possible
Ces élections pourraient déboucher sur une fragmentation de l’hémicycle, rendant difficile la formation d’un gouvernement. Avant ce scrutin qui interviendra au plus tard en juillet, la formation de M. Cerar est très largement devancée dans les sondages par ses principaux rivaux, dont le parti conservateur (SDS) de l’ancien Premier ministre de centre droit Janez Jansa et les sociaux-démocrates (SD), actuellement alliés de M. Cerar au sein de la majorité.
Un 5 étoiles slovène ?
Mais un nouveau venu caracole régulièrement en tête des enquêtes d’opinion: Marjan Sarac, un ancien comédien et maire d’une petite ville, candidat au programme flou et sans parti structuré. Celui qui s’était fait connaître pour ses imitations d’hommes politiques slovènes avant de se recycler dans la politique, avait déjà créé la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle en novembre 2017. Il avait alors fait campagne sur le rejet des élites auprès d’un électorat désabusé, qui avait massivement boudé les urnes.
NB : c’est la seconde démission en quelques heures d’un gouvernement en Europe, le Premier ministre slovaque Robert Fico ayant également présenté hier sa démission, conséquences de l’affaire , ce journaliste slovaque assassiné.
(avec AFP)
Crédit photo : Conseil de l’UE, Miro Cerrar à son arrivée au sommet européen de février 2018
(B2) La chancelière allemande Angela Merkel, qui a prêté serment mercredi (14 mars) pour son quatrième mandat, après avoir été applaudie au Bundestag, va se rendre à Paris rapidement.
Réélue chancelière au terme de six mois de paralysie politique, elle sera reçue « vendredi en fin d’après-midi [16 mars] pour une séance de travail » avec le président français, a précisé l’Élysée. Angela Merkel avait indiqué lundi qu’elle se rendrait à Paris pour « préparer le Conseil européen » des 22 et 23 mars et « apporter de la clarté sur ce qu’on considère comme la prochaine étape ». Elle sera précédée à Paris dès ce mercredi (14 mars) par son nouveau ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui sera reçu par son homologue Jean-Yves Le Drian.
Paris et Berlin ont promis une impulsion commune pour relancer l’Union européenne, en pleine montée des populismes. Mais l’Allemagne, qui craint avant tout de payer les dettes de ses partenaires, n’a répondu que vaguement aux idées françaises de budget et de ministre des Finances de la zone euro.
Commentaire : La tradition franco-allemande désormais bien établie qui veut que le premier voyage officiel d’un nouveau leader élu est donc respectée. Mais dans cette rapidité, Angela Merkel, marque combien elle entend faire de la coopération avec la France, notamment en matière économique, la priorité de son mandat.
(NGV avec AFP)