Dans cette seconde partie, consacrée à la crise migratoire à Calais depuis 2014, les auteurs montrent comment, entre les élections européennes de 2014 et les élections régionales de 2015, le Front national a progressé à Calais et dans ses environs comme nulle part ailleurs en France. Ils abordent ensuite la question de la délinquance, bien […]
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Calais : miroir français de la crise migratoire européenne (2) est apparu en premier sur Fondapol.
À Calais, depuis le milieu des années 1990 et l’ouverture du tunnel sous la Manche, la pression migratoire est allée grandissante. Aux réfugiés kosovars ont succédé Afghans, Iraniens, Soudanais ou encore Érythréens, et à la « jungle » pachtoune démantelée à l’été 2009 a succédé, en 2015, la « nouvelle jungle », véritable bidonville en […]
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Calais : miroir français de la crise migratoire européenne (1) est apparu en premier sur Fondapol.
Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir avant la sortie officielle du numéro de printemps de Politique étrangère (n° 1/2017), l’article que vous avez choisi : « Le tesbih et l’iPhone : islam politique et libéralisme en Turquie », par Max-Valentin Robert.
« L’influence de la religion sur le comportement économique constitue une thématique de recherche récurrente pour les sciences sociales. Ainsi Max Weber attribuait-il l’apparition du capitalisme à l’émergence de la pensée protestante. Plusieurs décennies plus tard, Gerhard Lenski comparait les attitudes respectives des juifs, des catholiques et des protestants américains à l’égard de l’économie et du travail. Puis, dans un double contexte de réaffirmation confessionnelle et de diffusion du libéralisme après la chute de l’URSS, un ouvrage dirigé par Richard Roberts tenta de réinterpréter les relations des diverses éthiques religieuses à l’économie de marché. En outre, Luigi Guiso, Paola Sapienza et Luigi Zingales ont montré que la religiosité alimentait une interprétation individualisante de la pauvreté, ainsi qu’un attachement au modèle libéral et une certaine hostilité à l’égard du travail des femmes.
Plus spécifiquement, il existe une abondante littérature sur le rapport de l’islam au capitalisme. Celle-ci s’est progressivement détachée des thèses weberiennes (qui percevaient la culture musulmane et l’économie de marché comme étant incompatibles), au profit d’une approche relativisant le poids du facteur religieux. De plus, Rodney Wilson a souligné l’émergence d’une nouvelle interprétation de l’islam, pleinement adaptable au capitalisme. Toutefois, la relation entre islam politique et libéralisme s’avère être moins étudiée. Or le recours à la littérature précédemment mentionnée, bien que nécessaire, ne saurait suffire à analyser le rapport qu’entretient l’islamisme à l’économie de marché (l’islam et l’islamisme correspondant à deux réalités sociales distinctes : religieuse pour l’un, politique pour l’autre). L’islamisme turc s’avère donc être un cas d’étude particulièrement pertinent : en Turquie, la permanence relative de la démocratie permet d’analyser l’évolution du discours économique des partis se revendiquant de l’islam politique.
Necmettin Erbakan et l’« ordre économique juste »
L’hostilité à l’économie de marché est une caractéristique récurrente des mouvements islamistes. Rappelons que le marxisme fut reformulé dans une optique religieuse par certains théoriciens iraniens à la veille de la révolution de 1979. De même, les Frères musulmans égyptiens défendaient initialement un socialisme islamique. Un phénomène similaire a également impacté la Turquie des années 1970 : les idéologies islamiste et
marxiste « convergeaient dans leur opposition au capitalisme et à la domination économique occidentale ».
L’affirmation de l’islamisme turc n’aurait sans doute pas été possible sans l’apparition de Necmettin Erbakan sur la scène politique. Soutenu par le Parti de la Justice (Adalet Partisi – AP) du Premier ministre Süleyman Demirel, cet ingénieur de formation fut nommé en 1966 à la direction du Département d’industrie de l’Union des Chambres et des Bourses de Turquie (Türkiye Odalar ve Borsalar Birligi – TOBB), avant de se voir attribuer un siège au conseil d’administration de cette même institution. Élu secrétaire général de la TOBB en 1967, il tenta de se faire élire à sa présidence en mai 1969. Soutenu par les petits entrepreneurs d’Anatolie, mais perçu avec méfiance par les grands industriels d’Istanbul et d’Izmir, il fut élu mais le gouvernement AP invalida son élection. Erbakan se porta ensuite candidat aux primaires organisées à Konya par la branche locale de l’AP, en prévision des élections législatives du 12 octobre 1969. Écarté par Demirel mais bénéficiant de l’appui des commerçants locaux, l’ex-secrétaire général de la TOBB se présenta en tant que candidat « indépendant », parvint à se faire élire député de Konya, et créa en janvier 1970 le Parti de l’Ordre National (Milli Nizam Partisi – MNP).
[…]
L’éthique musulmane et l’esprit du capitalisme
Comme le rappelle Dilek Yankaya : « L’affinité entre ces deux organisations [l’AKP et le MÜSIAD] se manifeste par leur ambition de représentation politique. L’AKP est le représentant des nouvelles classes moyennes culturellement conservatrices […] et économiquement libérales. Le MÜSIAD se présente aussi comme le porte-parole du “capital anatolien” […]. Ils apparaissent donc comme des organisations jumelles, défendant les intérêts des groupes sociaux pieux en voie de modernisation et sur le chemin d’une ascension sociale en phase avec la globalisation. » On relève d’ailleurs une certaine porosité entre les deux mouvements : lors des élections législatives du 1er novembre 2015, plusieurs membres de cette organisation patronale ont été élus députés (notamment à Konya, Malatya, Elazig et Gaziantep) sous les couleurs du mouvement islamo-conservateur.
La « nouvelle bourgeoisie islamique » a bénéficié d’un contexte politico-économique favorable après la victoire de Turgut Özal et de son Parti de la Mère-Patrie (Anavatan Partisi – ANAP), lequel obtint 45,1 % des suffrages exprimés aux législatives de 1983. Le passage d’un étatisme relativement protectionniste à un libéralisme tourné vers les marchés extérieurs fut au cœur des années ANAP. Özal se faisait le chantre du marché et de la dérégulation, promouvait les PME exportatrices et affichait une certaine europhilie. C’est dans ce contexte qu’émergea, à partir des années 1990, une nouvelle catégorie d’entrepreneurs conservateurs d’origine anatolienne, caractérisés par leur désir de conjuguer éthique islamique et acceptation du libre-échange. Cette bourgeoisie conservatrice affichait une certaine ouverture à l’export, et a constitué le fer de lance du développement des « tigres anatoliens ». Dilek Yankaya remarque l’existence (dans ce milieu) d’un capital social ayant deux capacités fondamentales : une « capacité de marchandisation symbolique pour créer une dynamique de collaboration », et une « capacité de rentabilisation sociale en vue de l’insertion de l’entrepreneur dans les niches économiques ». En témoigne par exemple l’affiliation au MÜSIAD : « Le marché capitaliste oblige l’entrepreneur à prendre des risques dans un environnement compétitif, parfois sans qu’il ait suffisamment de compétences techniques, de sources de financement ou d’informations sur le marché. À cela s’oppose la convivialité du [MÜSIAD] qui, en faisant bénéficier ses membres d’une ambiance non compétitive, solidaire et sincère, favorise l’échange d’expériences et le partage de l’information. » Il ne s’agit pas ici d’un calcul mais d’un qualcul : le choix du partenaire économique ne se fait pas seulement pour des raisons de stricte rentabilité, mais s’effectue aussi à travers la sélection de collaborateurs partageant des qualités communes (en l’occurrence, le respect des valeurs musulmanes).
[…]
En renforçant les prérogatives du pouvoir exécutif, le projet de réforme constitutionnelle actuellement débattu aurait pour conséquence indirecte une accentuation de l’emprise d’Erdogan sur l’AKP (ce qui rendrait difficile l’émergence de tendances dissidentes au sein du parti). L’arrestation, dans la nuit du 3 au 4 novembre 2016, de 12 députés du HDP (Halklarin Demokratik Partisi – Parti Démocratique des Peuples) peut être aussi interprétée comme une velléité de contrôle de l’offre électorale par le pouvoir islamo-conservateur – ce mouvement pro-kurde constituant le principal rival de l’AKP dans les provinces du Sud-Est. L’autoritarisme constituerait donc une ressource pour le Parti de la Justice et du Développement, face à d’éventuels risques de scissions que pourrait alimenter l’hétérogénéité de sa base électorale.
Pour lire l’article en intégralité, cliquez ici.
S’abonner à Politique étrangère.
Le 2 mars dernier, Emmanuel Macron dévoilait son programme. Les affaires stratégiques y sont décomposées en deux parties : Défense et International.
Partant du constat que les menaces sont désormais multiples, il souligne dans un premier temps la nécessité d’opérer un effort à la fois national et européen. Il résume la situation actuelle en trois points fondamentaux :
Il propose alors d’affecter 2% du Produit intérieur brut (PIB) au secteur de la défense d’ici 2022, de moderniser la force nucléaire française en conservant les deux composantes – aérienne et sous-marine[1] –, de conserver une force opérationnelle terrestre de 77 000 hommes et de renforcer la cyberdéfense. Il souhaite également conforter le quartier général européen (indépendant de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord – OTAN), créer un Conseil de sécurité européen pour éclairer les décideurs et activer les groupes tactiques qui n’ont jamais été déployés sur le terrain. Enfin, il propose de diminuer l’opération sentinelle et de composer une garde nationale de 80 000 hommes.
Macron soutient manifestement un effort de défense important. Il est conscient que, s’il a quelque chose à prouver, cela se situe plus sur le terrain régalien – supposé lui être moins familier – qu’économique. Sans doute veut-il dissiper l’idée d’une « citadelle Bercy », dont il est issu, fortement partisane d’une réduction des dépenses militaires.
La partie internationale met en avant l’instabilité du XXIème siècle, traversé par de nouvelles menaces mais également d’immenses opportunités.
Le premier constat est cruel : Selon Emmanuel Macron : « (…) depuis quinze ans, notre influence dans le monde a diminué (…) ce constat est tangible partout ». À l’exception du succès de la COP21, nuance-t-il. La France a perdu du terrain à Bruxelles, mais également au Moyen-Orient, en Afrique et, malgré des efforts récents, demeure peu présente en Asie, en Russie et en Amérique latine. Trois raisons expliquent ce phénomène : émergence de nouveaux acteurs ; incapacité à se réformer structurellement et retrouver une bonne santé économique ; diplomatie erratique qui a amené à la diminution de l’indépendance et du rôle de la France dans le monde. « (…) cette place singulière, cette voix différente, qui nous permet d’être une puissance d’équilibre et de dialogue, en conservant nos valeurs et les moyens de tenir nos engagements. » Il y a là des accents gaullo-mitterrandistes conjugués à la critique d’un affaiblissement d’une diplomatie autrefois plus allante.
Le programme insiste ensuite sur la compatibilité de nos intérêts et de nos valeurs, façon d’assumer la realpolitik sans renier la défense des principes. L‘indépendance, si chère à notre pays, doit être mise en œuvre à la fois par une diplomatie fédératrice et mobilisatrice et la permanence de la dissuasion, clé de voûte de notre architecture de sécurité. Macron ne remet cependant pas en cause la place de la France au sein du commandement militaire intégré de l’OTAN, même si l’élection de Trump ouvre une aire d’incertitudes. En limitant les éventuels élargissements aux Balkans, à la Suède et à la Finlande, il en conserve la porte fermée pour l’Ukraine et la Géorgie. Il propose par ailleurs de limiter les interventions de l’OTAN hors zone et, plus généralement, de n’engager la France dans de nouvelles opérations militaires extérieures que si les conditions d’une sortie de crise politique sont posées. Il soutient un élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies à l’Allemagne, au Japon, à l’Inde, au Brésil et à un pays africain.
Il se déclare favorable à une levée des sanctions à l’égard de la Russie, si les accords de Minsk sont respectés.
Son Europe est celle de la défense, construite à partir d’un noyau de pays solidaires face aux crises régionales communes, et la mise en commun des projets et des capacités. Pour lui, les conditions de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE) ne sont pas réunies. Mais la porte ne doit pas lui être fermée. « Notre voix est écoutée et respectée quand elle défend nos intérêts mais qu’elle sait aussi porter un message, regarder et agir au-delà de ces seuls intérêts. » Il préconise d’anticiper une intense pression migratoire que le dérèglement climatique, la croissance démographique, les crises et les inégalités vont provoquer. En priorité ? La création d’une Organisation mondiale de l’environnement. Enfin, il se déclare en faveur d’une initiative globale européenne en vue d’un accord transversal avec la Chine.
Sur le conflit au Proche-Orient, Macron recherche les conditions d’une paix juste et durable qui permette aux deux États de coexister en sécurité. La sécurité d’Israël est pour lui un principe intangible, de même que la légitimité de l’État palestinien. Prudent, il ne précise pas plus son projet sur ce point afin de ne pas braquer les camps fortement opposés en France sur ce sujet. Mais cette ambiguïté est difficilement soutenable à terme. D’autre part, il prône la poursuite de l’ouverture vers l’Iran.
Si le principe de 0,7 % du PIB consacré à l’aide au développement est réaffirmé, il le conditionne à l’amélioration de la situation économique à l’horizon 2030.
Enfin, on remarque qu’Emmanuel Macron évite de récupérer la thèse de la « Troisième Guerre mondiale » ou de l’islamo-fascisme, sur lesquels François Fillon, candidat des Républicains, s’est récemment positionné.
Le programme international du candidat du mouvement « En Marche ! » n’est ni flamboyant ni répulsif mais sérieux et appliqué. Bien sûr, seuls des grands principes sont réellement évoqués. Dans la course à la présidentielle, il est capital pour Emmanuel Macron de montrer qu’il n’évite pas les questions stratégiques.
[1] Quand on entend parfois proposer la suppression de la composante aérienne ou, au moins, la réduction du budget nucléaire militaire.
Svájci túránkról hazafelé botlottunk bele Reichenburg falucska mellett ebbe az Oerlikon Skyguard GDF-005-ös légvédelmi gépágyús ütegbe, amit Csaba barátom jóvoltából közelről is volt alkalmunk szemügyre venni. Amellett, hogy a helyi "tanyavilágba" zavartalanul települhettek (a C2 az egyik gazda fészerében kapott helyet, antennájuk egy szántóföldi feszület mellett meredt az égre), szemet szúrt az is, hogy még a senki által nem fenyegetett, semleges Svájc is megtartásra érdemesnek találta a csöves légvédelmet. Akinek kell, nézzen most magába idehaza...
Zord