In 2013-2014, EU-Canada relations are being upgraded through negotiations on a Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) and a Strategic Partnership Agreement (SPA). CETA is a ground-breaking agreement which will provide for an ambitious liberalisation of trade and investment relations.
La Tunisie a relevé son taux d'intérêt de référence pour le deuxième mois consécutif, le propulsant à son plus haut niveau depuis plus de 5 ans, dans l'optique de lutter contre l'inflation et d'endiguer la dépréciation du dinar.
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Au début des années 1920, Buckingham Palace règne sur un quart des terres émergées du globe et une part similaire de la population mondiale. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, un empire n'avait atteint de telles proportions. Cinquante ans plus tard, la Couronne a perdu la quasi-totalité de ses colonies et n'administre plus la vie que de trois habitants de la planète sur deux cents.
Depuis quelque temps, de nouvelles fractures apparaissent. À la suite du référendum de 2016, qui a décidé la sortie de l'Union européenne, deux consultations populaires menacent l'intégrité territoriale du royaume : celle que souhaite organiser la première ministre écossaise Nicola Sturgeon, en faveur de l'indépendance ; celle que réclame le principal parti nationaliste d'Irlande du Nord, le Sinn Féin, en vue d'une réunification de l'île d'Émeraude. Europhile militante, la ville de Londres envisage également de rompre les ponts. La capitale génère près de 25 % du produit intérieur brut (PIB) : par importance, elle « deviendrait le quinzième membre de l'Union européenne, devant l'Autriche, le Danemark et l'Irlande », calcule le dirigeant travailliste Peter John, convaincu que le Brexit a rendu la question de l'autonomie londonienne « légitime » (Southwark News, 24 juin 2016).
Les médias célébraient hier le pays comme l'incarnation de la mondialisation heureuse et du multiculturalisme. Ils déplorent désormais sa métamorphose en symbole du « repli nationaliste ». Comment expliquer une telle évolution ? Peut-être par le fait que le paradoxe n'en est pas tout à fait un.
Souvent identifiés comme des nations, l'Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord sont en fait des pays à part entière, mais ne revendiquant (jusqu'à présent) de souveraineté qu'au titre de leur union. La cohésion de ces populations a longtemps reposé sur quatre principaux facteurs : la coercition, la promesse de prospérité, l'aura de la famille royale et une conception multiculturaliste de la société.
Coercition ? Dans son ouvrage Britain's Empire (1), l'historien Richard Gott documente la sauvagerie d'une Couronne déterminée à asseoir sa domination coloniale. La violence n'a pas disparu, mais la démocratie libérale s'accommode désormais moins facilement de l'expression de ses formes traditionnelles.
Prospérité ? Comme ailleurs dans le monde, la crise de 2008 a brisé les rêves britanniques d'opulence. Après avoir nommé un gouvernement dans lequel siégeaient vingt-trois millionnaires (sur un total de vingt-neuf ministres), l'ancien premier ministre conservateur David Cameron a expliqué que l'austérité n'était pas une étape, mais un nouveau « mode de vie ». Il ne mentait pas : en dépit de la baisse du chômage, les salariés britanniques enregistrent la pire régression de leurs rémunérations depuis l'époque victorienne.
Ferveur monarchique ? Toujours considérable, comme en témoignent les grandes cérémonies qui rythment la vie de la famille royale, le prestige de la Couronne se resserre progressivement sur l'Angleterre (à laquelle la reine est d'ailleurs exclusivement associée en langue française). Et le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn ne dissimule pas son ambition d'en finir avec la monarchie.
Restait donc le multiculturalisme, dont le New Labour de l'ancien premier ministre Anthony Blair (1997-2007) s'était fait l'un des hérauts. L'ambition affichée du projet ? Célébrer la diversité culturelle au sein d'une même population. Dans les faits, il renvoie chaque citoyen à sa « différence » (religieuse, ethnique, sexuelle…) pour mieux le noyer dans les eaux glacées et indifférenciées du marché. Qu'ils soient sikhs ou protestants, homosexuels ou hétérosexuels, blancs ou noirs, la quasi-totalité des Britanniques font leurs courses dans les mêmes supermarchés, regardent les mêmes émissions et vivent les mêmes vies. Dans un article de 1993, l'intellectuel américain David Rieff interrogeait : « Les multiculturalistes n'ont-ils pas remarqué que leurs slogans préférés — “diversité culturelle”, “différence”, “abolition des frontières” — ressemblent à ceux des grandes entreprises : “diversification des produits”, “marché global” et “entreprise sans frontières” (2) ? » Dans cette vision du monde, les classes sont escamotées. Elles n'ont pas disparu pour autant, comme l'ont démontré les résultats lors du vote sur le Brexit : plus on était riche, plus on se proclamait attaché à l'Union européenne.
La remise en cause du binôme néolibéralisme-multiculturalisme s'accompagne d'un regain de ferveur pour le concept de nation, voire d'identité — une évolution qui menace à nouveau l'intégrité territoriale du royaume. Elle se caractérise également par un retour de la question sociale, que le New Labour s'était employé à noyer sous la promotion des « différences ». Le premier de ces deux mouvements souffle actuellement dans les voiles des populistes de droite. La gauche saura-t-elle profiter du second pour avancer sa propre définition du Brexit ?
(1) Richard Gott, Britain's Empire : Resistance, Repression and Revolt, Verso, Londres, 2011.
(2) Cité par Russell Jacoby, « The myth of multiculturalism », New Left Review, Londres, novembre-décembre 1994.
Numéro coordonné par Renaud Lambert & Bernard Cassen
Édition : Olivier Pironet
Conception graphique : Nina Hlacer
Émiettement
Renaud Lambert
De la volaille cuite dans un four tandoor accompagnée d'une sauce à base d'épices exotiques : la recette du poulet « tikka massala » évoque davantage le Gange que la Tamise. Il s'agirait pourtant du véritable plat national britannique, selon l'ancien dirigeant travailliste Robin Cook. Gastronomie, visages, cultures mais également conflits : l'Empire continue à déterminer le quotidien des Britanniques, longtemps après sa disparition.
À Glasgow, apartheid social et cappuccinos
Julien Brygo
Un royaume écartelé
Brigitte Friang
Les ambitions du nationalisme écossais
Keith Dixon
Liverpool, reflet du déclin
François Poirier
« L'esprit de Dunkerque », quand l'élite cède...
Le feu couve en Irlande
B. F.
Une paix fragile à Belfast
Cédric Gouverneur
« Aucun homme n'est une île », écrivait le poète anglais John Donne (1572-1631). De tout temps, son pays natal a déjoué sa propre insularité. Première puissance coloniale au début du XXe siècle, partenaire privilégié des États-Unis après la seconde guerre mondiale, membre influent de l'Union européenne, dont il a participé à forger le credo libéral, le Royaume-Uni s'apprête — Brexit oblige — à repenser son insertion dans l'ordre international.
Vers l'Europe, à reculons
Françoise de La Serre
Le prix de la Carpette anglaise
Sainte alliance Londres-Washington
K. D.
« The Sun », gazette des girouettes ?
Adrien Piquera
L'Europe minimale de la Dame de fer
Bernard Cassen
Brexit, les raisons de la colère
Paul Mason
Quand la gauche travailliste dénonçait Bruxelles
Anthony Benn
Cinq yeux, une seule langue
B. C.
Offensive contre les immigrés…
Owen Jones
Par trois fois au cours des quarante dernières années, les Britanniques ont fait figure de pionniers en Europe. En transformant leur pays en laboratoire du néolibéralisme occidental à la suite de l'élection de Margaret Thatcher, en 1979. En inaugurant la mutation « sociale-libérale » des forces anciennement progressistes, sous l'égide de M. Anthony Blair, élu en 1997. Puis en ouvrant la perspective d'une refondation de la gauche, avec l'élection de M. Jeremy Corbyn à la tête du Labour, en 2015.
Le Labour choisit les classes moyennes
Seumas Milne
Le thatchérisme à l'assaut des consciences
B. C.
Les pauvres chassés des stades
Olivier Pironet
« Eh ! Blair, tu vas bien, mec ? »
Richard Gott
L'ordre moral contre la « racaille »
O. J.
Le vent nouveau de la Big Society
David Cameron
Quand un juge étrille les médias
La fin d'un « modèle »
R. L.
Haro sur Jeremy Corbyn
Alex Nunns
Faites qu'il s'en aille !
Pierre Rimbert
Ce numéro est accompagné de photographies de Stéphane Duroy (agence Vu) et d'Ed Alcock.
ExtraitsL'internationale de la Couronne
A. P.
Churchill et l'Empire
François Kersaudy
Anarcho-syndicalistes moyenâgeux
Monty Python
« Inglan Is a Bitch »
Linton Kwesi Johnson
« What is Brexit ?
Foil Arms and Hog
Questions pour un communiste
Monty Python
« The Guns of Brixton »
The Clash
Des États-Unis d'Europe
Winston Churchill
Quatre self-made-men se souviennent
Monty Python
Entre gentlemen…
Peter Oborne
« Which Side Are You on ? »
Billy Bragg
« La société n'existe pas »
Margaret Thatcher
Cécile Marin
L'Europe ? « Yes… but no » (avec A. P.)
DocumentationOlivier Pironet
Chronologies
• Par-delà les mers
• « Dehors, dedans, dehors... »
• À droite toute !
• Julien Brygo, « Vivre riche dans une ville de pauvres », août 2010.
• Brigitte Friang, « Le Royaume-Uni se transformera-t-il en Commonwealth de groupes ethniques ? » (extrait), janvier 1969.
• Keith Dixon, « Les ambitions du nationalisme écossais », septembre 2014.
• François Poirier, « Liverpool : reflets du déclin de l'Empire britannique », mars 1987.
• Brigitte Friang, « Le Royaume-Uni se transformera-t-il en Commonwealth de groupes ethniques ? » (extrait), janvier 1969.
• Cédric Gouverneur, « Paix introuvable en Irlande du Nord », avril 2001.
• Françoise de La Serre, « L'Europe avec les Anglais ? », mars 1978.
• « Le prix de la Carpette anglaise », Manière de voir, « La bataille des langues », n° 97, février-mars 2008.
• Keith Dixon, « Sainte alliance Londres-Washington », septembre 2004.
• Bernard Cassen, « L'Europe minimale de Margaret Thatcher », juin 1989.
• Paul Mason, « “Brexit ”, les raisons de la colère », août 2016.
• Owen Jones, « Colère sociale, vote à droite », octobre 2014.
• Seumas Milne, « Réformisme camouflé en Grande-Bretagne », décembre 1998.
• Bernard Cassen, « Le “thatchérisme” à la conquête des esprits », juin 1983.
• Olivier Pironet, « Les pauvres chassés des stades » (inédit).
• Richard Gott, « Départ sans gloire pour M. Anthony Blair », juin 2007.
• Owen Jones, « L'ordre moral britannique contre la “racaille” », septembre 2011.
• « Ce rapport qui accable les médias britanniques », janvier 2013.
• Renaud Lambert, « Élections britanniques, la fin d'un “modèle” », La valise diplomatique, 3 mai 2010.
• Alex Nunns, « Jeremy Corbyn, l'homme à abattre », octobre 2015.
• Pierre Rimbert, « Faites qu'il s'en aille ! », septembre 2016.
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