(B2) L’aviso français Commandant L’Herminier (A-69) a remplacé la frégate Aconit (F-713), opérant dans l’opération Sophia, alias EUNAVFOR MED, l’opération de l’Union européenne de lutte contre les trafics en Méditerranée.
Depuis son arrivée dans la zone d’opération, la frégate Aconit a apporté « un soutien important à Sophia » indique le QG de Rome. L’Aconit avait notamment sauvé en janvier « 106 migrants d’une mort presque certaine alors qu’ils tentaient de faire le périlleux voyage à travers la Méditerranée dans des embarcations inadaptées et sans soutien vital adéquat » (lire : Plus de 300 migrants récupérés au large des côtes libyennes par EUNAVFOR Med ces trois derniers jours). L’équipage a également agi « avec beaucoup de professionnalisme en accostant 18 navires marchands, contribuant à l’embargo sur les armes » précise le communiqué de l’opération.
La semaine dernière, en mer, le commandant de la force européenne, le contre-amiral italien Alberto Maffeis, avait d’ailleurs participé à une petite cérémonie d’hommage au personnel de la frégate française afin de remercier personnellement le capitaine de frégate David Desfougères et son équipage.
(NGV)
(B2) A la demande des Européens, un navire de guerre chinois a assuré l’escorte d’un navire du Programme alimentaire mondial (PAM), en plein Océan indien, apprend-on du QG de la force européenne à Londres.
L’opération européenne EUNAFVOR Atalanta a en effet envoyé une demande d’escorte aux différentes forces d’escorte internationales, « son propre navire, la frégate espagnole ESPS Patiño, était impliqué dans des opérations de contre-piraterie ». Une demande qui a été acceptée par la marine chinoise, présente dans la zone depuis plusieurs années.
C’est la frégate Yancheng (746) du 28ème escadron d’escorte navale qui a été dépêchée sur place pour escorter le Selin-M, un navire marchand transportant des fournitures humanitaires pour le PAM, de Port Soudan à Mombasa au Kenya, à travers le golfe d’Aden. La mission vient de s’achever, le 10 février dernier, sans encombre. Ce soutien démontre « la bonne coordination du travail » entre toutes les forces présentes dans la région « pour assurer la libre circulation et le passage sûr des navires de commerce autour de la Corne de l’Afrique », souligne-t-on au QG de l’opération européenne.
(crédit photo : CCTV)
(B2 avec AFP) Le Commissaire européen aux affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a prévenu dimanche (18 février) ne pas s’attendre à un accord parfait sur les réformes de la zone euro en juin même s’il y a reconnu que le moment était propice. « Il y a une vraie fenêtre d’opportunités qui s’est ouverte avec l’élection présidentielle française » et « qui se refermera probablement » avec la phase politique des élections européennes prévues en 2019, a déclaré M. Moscovici sur RFI.
Pas de vrai budget pour la Zone Euro, mais un budget plus modeste
« On n’aura pas tout, on n’aura pas un accord parfait mais s’il y avait des progrès sur la gestion de crise, la capacité à lutter contre les chocs, à investir davantage et la démocratie (…) on aura marqué un pas en avant très important », a-t-il souligné. En termes de ligne budgétaire, « j’ai toujours été pour un vrai budget de la zone euro avec un vrai montant », mais « nous savons que nous ne l’aurons pas », a-t-il ajouté. « Dans un premier temps, ce ne sera pas un budget d’ampleur », mais « je souhaite que nous marquions des premiers vrais pas en avant » en juin, a insisté l’ancien ministre français de l’Économie et des Finances.
En débat, l’augmentation du budget européen ?
Le commissaire européen au Budget, l’Allemand Günther Oettinger, a suggéré que les contributions au budget puissent atteindre 1,1% à 1,2% du PIB de l’Union, contre 1,0% actuellement (Lire : La Commission donne ses options pour le budget futur de l’UE (2021-2027)… et une ‘petite’ surprise). « Le temps qui va séparer la formation d’un gouvernement à Berlin du mois de juin doit être un temps de travail intensif » des dirigeants européens sur les réformes, a souligné M. Moscovici.
La coalition en Allemagne pour un budget plus important
L’accord de coalition gouvernementale entre les conservateurs d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates apporte un soutien prudent aux idées de réformes européennes lancées par le président français Emmanuel Macron. Des moyens budgétaires spécifiques pourraient être mis en œuvre comme « point de départ d’un futur budget d’investissement dans la zone euro », selon ce document.
(AFP)
Crédit photo : Commission européenne / Archives B2
(B2) Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies examinent un projet de résolution réclamant la mise en place d’un cessez-le-feu de trente jours en Syrie pour permettre la livraison urgente d’aide humanitaire.
« Toutes les parties au conflit syrien doivent immédiatement respecter une pause humanitaire et arrêter toute violence à travers la Syrie, pour une période de trente jours consécutifs« .
La fin immédiate des sièges
Ce texte, présenté par la Suède et le Koweït (qui assure en février la présidence du Conseil de sécurité), obtenu par l’AFP, exige que toutes les parties opérant en Syrie permettent les évacuations médicales dans les 48 heures suivant l’entrée en vigueur de la trêve humanitaire et que les convois d’aide de l’ONU soient autorisés à procéder à des livraisons hebdomadaires aux civils nécessiteux. Il appelle toutes les parties à « lever immédiatement les sièges des zones peuplées » et à « cesser de priver les civils de nourriture et de médicaments indispensables à leur survie« . Il exprime également « l’indignation face au niveau inacceptable de violence qui s’intensifie dans plusieurs parties du pays« , en particulier dans la Ghouta orientale et à Idleb
La position de Moscou reste inconnue
Les tractations sur le texte devraient débuter lundi et, selon des diplomates, il pourrait être rapidement soumis au vote des quinze membres du Conseil. Mais la Russie, alliée du régime du président Bachar al-Assad, a de manière répétée bloqué toute initiative du Conseil qui viserait Damas. Des diplomates ont indiqué vendredi soir (9 février) que la position de Moscou sur le nouveau projet de résolution n’était pas claire à ce stade, notamment pour savoir si la Russie compte faire usage de son droit de veto pour empêcher son adoption.
Une première tentative jeudi a échoué
Malgré l’ampleur des violences en Syrie, les quinze membres du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus à s’entendre jeudi sur une trêve humanitaire réclamée par les agences de l’ONU pour permettre la livraison d’aides d’urgence. L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, parmi les premiers représentants à avoir quitté la réunion du Conseil, avait affirmé qu’un cessez-le-feu humanitaire « n’était pas réaliste ».
Une situation dramatique en Syrie
Après un bref répit, les bombardements ont visé vendredi plusieurs localités de la vaste région de la Ghouta orientale, proche de Damas et dans laquelle sont assiégés depuis 2013 quelque 400.000 habitants dans des conditions humanitaires dramatiques, selon des correspondants de l’AFP. Médecins et secouristes sont débordés par l’afflux de victimes avec, chaque jour, des dizaines de morts et de blessés, dont des femmes et des enfants. La campagne de bombardements menée par les forces gouvernementales a tué plus de 240 civils en cinq jours (qui s’ajoutent aux plus de 340.000 morts qu’a fait le conflit en presque sept ans). Les représentants des différentes agences onusiennes basées à Damas avaient réclamé mardi « une cessation immédiate des hostilités pour au moins un mois, dans toute la Syrie ». Ils accusaient les autorités syriennes de bloquer depuis janvier tous les convois d’assistance humanitaire destinés aux zones assiégées.
(AFP sélectionné par NGV)
La Suède à la manœuvre
La Suède est un des cinq membres européens du Conseil de sécurité. Une situation relativement exceptionnelle. Outre les deux membres permanents (France, Royaume-Uni), on retrouve les Pays-Bas (en vertu d’une participation partagée avec l’Italie) et la Pologne (élue sur le contingent des pays de l’Est). Olof Skoog, le représentant à l’ONU, est bien connu dans l’Union européenne. Ancien ambassadeur au Comité politique et de sécurité de l’UE (durant la présidence suédoise de l’UE), il avait été le premier président permanent de cette structure entre 2010 et 2013 (lire : Un Suédois à la tête du COPS). C’est aussi un diplomate qui connait bien la question des armes chimiques au Moyen-Orient pour avoir été le conseiller politique de Hans Blix du temps des inspections internationales en Irak.
Il y a deux jours à peine, il avait condamné l’usage du droit de veto par les membres permanents du Conseil de sécurité.
« L’utilisation, ou plutôt l’usage abusif, du veto pour protéger des intérêts nationaux étroits contre la volonté de la grande majorité des membres diminue l’efficacité et la crédibilité du Conseil. Ce n’est que lorsque le Conseil de sécurité se réunit et travaille dans son ensemble que nous sommes capables de faire notre travail. » (Olof Skoog sur twitter)
(NGV)
Lire aussi :
(B2) Le vice-Premier ministre bulgare, Valeri Simeonov, en charg de l’Économie et de la Politique démographique, est sorti de ses gonds ce vendredi (9 février). Dans une déclaration particulièrement violente, publiée (en bulgare), sur le site de son parti, le président du Front national pour le salut de la Bulgarie, un parti nationaliste bulgare, s’en prend de façon plutôt vulgaire et agressive à l’eurodéputée verte allemande, Ska Keller.
Le tort de Ska Keller : s’être déplacé en Bulgarie et avoir protesté hier contre l’agrandissement de la station de ski et l’exploitation commerciale sur le site protégé Natura 2000 Parc National de Pirin (1). Une question sensible en Bulgarie pas tellement parce qu’elle touche la fierté nationale ou le développement touristique mais parce qu’elle vient contester quelques intérêts privés bien établis qui s’entrechoquent avec la ‘chose’ publique.
Après avoir traitée Ska Keller de djihadiste vert, en insistant lourdement sur sa nationalité (allemande), le communiqué du parti du vice-Premier ministre (2), demande :
« au gouvernement bulgare (« la présidence du Conseil de l’Union européenne ») d’envoyer immédiatement la note au Parlement européen, au gouvernement fédéral allemand et aux dirigeants du Parti des Verts pour « ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de la Bulgarie souveraine et violation du principe de subsidiarité ».
Il ne s’en tient pas là. Dans un langage plutôt vulgaire, il demande ni plus ni moins l’expulsion sans tarder de l’eurodéputée non pas vers son pays mais vers la frontière turque.
« Le ministère des Affaires étrangères doit déclarer Ska Keller persona non grata et elle doit être expulsée par camion à Kapikule (nb : près de la frontière turque). Nous pensons que le coût d’un billet d’avion serait injustifié. Si nécessaire, le NFSB se fera un plaisir de fournir un transport gratuit. »
Une sortie hors de propos pour un responsable de la présidence du Conseil de l’Union européenne
Commentaire : ce type de propos dans la bouche d’un responsable de gouvernement est pour le moins détonnant. On peut discuter des propos politiques, les contester, argumenter. Mais demander l’expulsion d’une personne, juste du fait de l’expression de ses opinions, qui correspondent à ses fonctions (de députée européenne), relève plus d’une méthode dictatoriale que d’une démocratie.
Quand ce propos émane d’un membre du gouvernement qui a la présidence de l’Union, il est encore plus déplacé. La présidence de l’UE doit normalement oublier quelque peu durant les six mois de la présidence ses propres soucis, son questions nationales pour être la représentation européenne.
Au-delà de la personnalité politique qui vient de prononcer ces mots, ce propos heurte toutes les idées que porte l’Union européenne. Il affaiblit la présidence bulgare de l’Union qui va devoir réagir rapidement. A quelques jours du gymnich, la réunion des ministres des Affaires étrangères à Sofia, où l’Union doit discuter de la question syrienne, du Moyen-Orient, quelle peut être la légitimité de l’Union à s’exprimer sur la démocratie et les droits de l’Homme dans le monde, si le dirigeant du pays hôte de cette réunion donne l’exemple contraire ?
NB : juste avant le 13 février, M. Simeonov doit intervenir à la conférence de haut niveau sur le tourisme. organisée par la présidence bulgare de l’Union aux côtés de la commissaire européenne chargée de l’Industrie Elżbieta Bieńkowska. On verra alors si les autorités européennes réagissent.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Vladimir Simeonov a été reconnu coupable en octobre 2017 pour avoir prononcé en 2014 pour discrimination après un discours rempli de haine contre les Roms
(2) Un développement qui a suscité une campagne des organisations de protection de la nature, du WWF notamment ainsi que des questions écrites d’eurodéputés verts. Ce projet avait déjà fait parler de lui. En 2015, les ONG environnementalistes avaient porté plainte à la Commission européenne (lire dans Euractiv).
(B2 avec AFP) Le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron se sont entretenus vendredi au téléphone pour discuter de la situation en Syrie et en Ukraine, a annoncé le Kremlin.
Cet entretien visait notamment à préparer la visite de Emmanuel Macron en Russie, où il doit participer au Forum économique de Saint-Pétersbourg (24-26 mai) et participe de la diplomatie « tout azimut » du président français. Il n’a d’ailleurs pas été question que de Syrie mais aussi de l’Ukraine, dans le cadre des discussions « format Normandie ».
Tout faire pour mettre fin à la situation dans la Ghouta
Emmanuel Macron a demandé à son homologue russe de « tout faire pour que le régime syrien mette un terme à la dégradation insoutenable de la situation humanitaire dans la Ghouta orientale et à Idlib » et exprimé « sa préoccupation » sur « l’emploi possible de chlore » contre les civils. Le président français a « exprimé sa préoccupation sur les indications faisant état de l’emploi possible de chlore à plusieurs reprises contre des populations civiles en Syrie au cours de ces dernières semaines« , précise l’Elysée dans un communiqué. Il a « souligné que la détermination de la France pour lutter contre l’impunité dans l’utilisation des armes chimiques était sans faille« .
Une nécessité : renforcer la coordination
Les deux présidents ont souligné « l’importance de renforcer la coordination russo-française sur les principaux aspects du dossier syrien« , insiste-t-on côté Kremlin. Ils ont fait part de leur « intérêt à faire avancer les négociations inclusives intersyriennes à Genève » compte tenu des résultats du Congrès du dialogue national syrien, qui a eu lieu le 30 janvier à Sotchi (Russie). Ils ont évoqué les « possibilités d’aide » aux travaux de reconstruction de la Syrie, selon la même source.
L’application des accords de Minsk en question
Les présidents russe et français ont aussi discuté de « la situation en Ukraine en mettant l’accent sur la nécessité de mettre pleinement en oeuvre » les accords de paix de Minsk, visant à mettre fin au conflit opposant les forces de Kiev et les séparatistes prorusses dans l’Est ukrainien.
Une crise qui fait des victimes chaque semaine
Alors que la date anniversaire des accords de Minsk se rapproche (le 12 février), la question de leur mise en œuvre reste toujours en pointillé. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait déjà évoqué ce sujet de l’Ukraine en début de semaine, lundi (5 février), avec son homologue ukrainien, puis avec son homologue russe. « Cette crise fait des victimes chaque semaine et entraîne des conditions de vie difficiles pour la population » souligne-t-on au Quai d’Orsay.
Un appel aux deux parties à respecter les accords
La France (comme l’Allemagne), a lancé un appel aux deux parties. A la Russie, elle lui demande de « mettre en œuvre les accords de Minsk, en particulier dans le domaine sécuritaire », à l’Ukraine « qu’elle poursuive la mise en œuvre des mesures qui la concernent ». « Notre objectif demeure la résolution politique globale de la crise, l’amélioration de la situation sécuritaire – qui implique le respect complet du cessez-le-feu – et le rétablissement des liens socio-économiques entre les deux côtés de la ligne de contact » précise le Quai.
(NGV avec AFP)
NB : signés en février 2015 avec la médiation de Paris, de Berlin et de Moscou (« format Normandie »), les accords de Minsk ont permis une baisse d’intensité des combats sans parvenir à un règlement politique du conflit. On dénombre ainsi plus de 10.000 morts depuis le déclenchement du conflit en avril 2014.
(B2) L’atténuation de la crise de la zone euro et la montée en puissance des questions de sécurité et de défense aboutissent à renverser le couple franco-allemand. L’Allemagne qui a, durant dix bonnes années, donné le « la » à la politique européenne a passé le relais à la France…
L’Allemagne en poupe… grâce à la crise de l’Euro
La crise de la Zone Euro avait donné mécaniquement à donner le premier rôle à l’Allemagne. Sa très bonne santé économique, quelque peu insolente même, sa stabilité économique, une doctrine de la rigueur et partagée au plan national, son tissu socio-économique sains, sa puissance à l’exportation avaient donné à Berlin un rôle de premier plan dans la gestion de la crise euro. Rôle conforté par une tradition historique et un large consensus dans la société allemande que la rigueur était une condition nécessaire à la bonne santé économique.
Un rôle correspondant à une tradition historique et économique
Une puissance qui correspondait d’une part à la tradition historique — c’est en quelque sorte le don du « Deustchmark » qui ont facilité la création de la zone euro – et à la faiblesse des autres partenaires de l’Allemagne, la France notamment en mauvaise santé économique, plus ou moins critique des critères de Maastricht, avec un gouvernement pusillanime en matière européenne (avec les deux principaux partis UMP et PS traversés par des courants pro-européens et euro-sceptiques) empêchaient à la France de pouvoir équilibrer l’Allemagne.
La crise sécuritaire donne à la France son bâton de maréchal
La sortie progressive de la zone euro, le rétablissement économique à la fois de l’Europe, comme de la France, et l’émergence (ou la résurgence) de questions de sécurités cruciales, au plan intérieur (terrorisme), comme extérieur (Russie, Afrique, Moyen-Orient) renversent le paradigme. C’est désormais la France qui caracole en tête.
Des capacités réelles et un consensus politique
Ses capacités militaires, qui n’ont pas été trop entamées par l’intervention en Irak et en Afghanistan (comme les Britanniques), sa doctrine structurée de défense, embrassant toute la palette (de l’intervention des forces spéciales au bouclier nucléaire en passant par la marine, l’aviation, le terrestre), ses bases militaires réparties dans les zones actuelles de crise (d’Abu Dhabi à Abidjan, en passant par Djibouti et N’Djamena) confèrent à la France des atouts indéniables. Il faut ajouter à cela le consensus largement partagé dans la population française autour de son armée et de sa capacité d’intervention (qui s’est largement renforcé avec les attentats terroristes de 2015). Cela donne à la France la primeur et le « droit » à la parole sur cette thématique.
Un gouvernement tranquille et stable…
Là encore, les antécédents historiques comme la nouvelle donne politique accentuent cet avantage naturel. La victoire d’un président français qui n’a pas hésité à briser ce qui était devenu un tabou de la politique française, l’Europe, et a doublé les partis traditionnels en quelques mois reste dans toutes les mémoires. Cette victoire éclatante lui donne une aisance. Il multiplie les interventions magistrales, les « cours » à l’Europe, les sommets à 2, 4, 5… entendant replacer l’hexagone au premier plan de la diplomatie de crise (avec les USA, la Russie, la Chine ou la Turquie). Son assise large au plan politique interne (gouvernement homogène, large majorité, opposition atomisée) lui donnent une force, tranquille, une « fenêtre de tir » large.
… face à d’autres pays anxieux et affaiblis
Emmanuel Macron a, sans nul doute, la baraka. Il bénéficie d’une faiblesse conjoncturelle des principaux partenaires européens pour l’année à venir. Le Royaume-Uni est ‘out‘ pour cause de Breixt. L’Espagne est ankylosée par la question catalane. L’Italie est gelée par son processus électoral et un large marais anti-européen. La Pologne s’est peu à peu marginalisée par un comportement infantile de son gouvernement et son éloignement du « coeur » de l’Europe. Même la forte Allemagne se trouve « fendillée ». Les dernières élections et la laborieuse élaboration d’une coalition, acquise au forceps, ont d’une certaine manière affaibli la Chancelière Angela Merkel qui n’aura plus autant qu’avant le champ libre, notamment sur la politique étrangère ou européenne. Le gouvernement aura une nature beaucoup plus bicéphale qu’homogène…
La french touch attendue
Tout explique pourquoi la « french touch » a aujourd’hui le vent en poupe en Europe et que son message en matière de défense est attendu et expliqué. La France ne doit pas « rater » cette opportunité, inestimable. La France doit s’exprimer désormais sur l’Europe de la défense, sur la sécurité européenne, proposer une doctrine, dérouler un programme, en évitant quelques écueils qui ont, trop souvent, marqué dans le passé la position française :
Si la France a un atout, reconnu par tous, c’est de bouleverser certains codes, certains principes, en proposant des idées, construites, architecturées, une doctrine apte à être interprétée, comprise par les autres, traduite en actes. Il est permis, aujourd’hui, d’espérer. En tout cas, les Français doivent savoir aujourd’hui qu’ils sont attendus, espérés. La France a aujourd’hui une impérative obligation : ne pas décevoir les Européens (5).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : LPM. La France met le booster sur sa défense et veut rester l’armée de référence en Europe et La Grosse Koalition pour que la Bundeswehr devienne une « armée des Européens » (à venir)
(1) Cette dérive bonapartiste, un défaut récurrent de la pensée politique française n’est pas automatiquement le mieux vécu en Europe même si chacun peut reconnaitre, par ailleurs, l’excellence du modèle français. Elle traduit également une sorte de paresse intellectuelle consistant à ne pas tenir compte des « autres » modèles et des contraintes des autres européens.
(2) même au Royaume-Uni. Le seul modèle comparable se situe hors UE : la Russie.
(3) Les exemples récents sont nombreux : la relance du triangle de Weimar, peu suivie ; l’annonce projets européens tempérés par une adhésion intégrale à l’OTAN et la signature d’un accord bilatéral avec les Britanniques (qui coupe l’herbe sous le pied à tous les autres projets ; l’intervention au Mali menée d’abord en solo
(4) L’un n’exclut pas l’autre. Mais il parait nécessaire d’avoir une doctrine lisible, et des priorités clairement annoncées. Personne ne niera aux Français la logique d’avoir un accord avec les Britanniques sur le nucléaire. Proposer à ceux-ci, et en parallèle, aux Allemands de bâtir un avion du futur, parait contradictoire, à moins de proposer une fabrication en trio (une question délicate quand on connait l’attachement britannique au lien avec les USA).
(5) De leur côté, les autres pays européens doivent aussi balayer devant leurs portes : on ne peut pas promouvoir la solidarité européenne et ne pas contribuer de façon importante aux opérations, vouloir l’Europe de la défense et ne jurer que par l’OTAN, en achetant que des matériels américains.
(B2 avec AFP) La France d’Emmanuel Macron prévoit de donner une sacrée pichenette à ses armées sur les sept ans à venir, entre 2019 et 2025, avec l’objectif de porter ses dépenses de défense à 2% du PIB en 2025, selon le projet de loi de programmation militaire (LPM), présenté jeudi (8 février) en conseil des ministres à Paris.
1,7 milliard d’euros de hausse par an
Le budget de défense français, de 34,2 milliards d’euros en 2018, devrait ainsi bénéficier d’une hausse de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022 (atteignant ainsi un budget de 41 milliards d’euros). Hausse accélérée à partir de 2023 avec 3 milliards de plus par an, jusqu’à 2025 (soit 50 milliards d’euros), selon le projet obtenu par l’AFP. Cette trajectoire budgétaire ascendante, qui prévoit un effort de 198 milliards d’euros de 2019 à 2023, contraste avec les réductions d’effectifs et les tensions financières endurées pendant plus d’une décennie par l’institution militaire, avant un redressement amorcé dans la foulée des attentats de 2015.
On va recruter pour la cyberdéfense et le renseignement
« Les précédentes lois de programmation militaire demandaient des efforts aux armées. Cette fois, on demande un effort à la nation pour les armées », fait-on valoir dans l’entourage de la ministre des Armées Florence Parly. En matière d’effectifs, après quelque 60.000 suppressions de postes entre 2005 et 2015, le ministère ambitionne de créer quelque 6.000 postes civils et militaires d’ici 2025, dont 3.000 d’ici cinq ans. Il compte notamment renforcer les effectifs de la cyberdéfense (1.500 postes) et du renseignement (1.500 postes).
Renouveler les équipements
Cet « effort budgétaire inédit » pour « arrêter la lente érosion de nos capacités militaires », selon les propos du président Emmanuel Macron, va être consacré en priorité à l’amélioration du quotidien du soldat et à la modernisation d’équipements à bout de souffle, alors que la France est engagée tous azimuts depuis des années, au Sahel (opération Barkhane), en Iraq-Syrie alias Le Levant (Chammal) et sur le territoire national (Sentinelle).
Une meilleure protection du soldat
Pour améliorer la condition de quelque 200.000 militaires français et chercher à les fidéliser, la LPM augmente nettement les crédits consacrés aux petits équipements (gilets pare-balles de dernière génération, treillis ignifugés), à l’entretien du matériel et aux infrastructures. Autre grand axe de cette LPM : la modernisation accélérée des matériels, nombreux à aligner plusieurs décennies de service, a été privilégiée et l’accent mis sur les capacités de renseignement (avions, drones, satellites…) susceptibles d’accroître l’autonomie stratégique française. « Ces investissements vont permettre à la France de rester l’armée de référence en Europe », plaide-t-on au ministère des Armées.
De nouveaux blindés
Au menu figure le renouvellement accéléré des véhicules blindés médians de l’armée de Terre (programme Scorpion), dont 50% des nouveaux modèles seront livrés d’ici 2025. Les fameux VAB, 40 ans au compteur, seront notamment remplacés par les blindés Griffon, dont 150 exemplaires supplémentaires seront commandés. Seront également commandés 40 chars légers Jaguar de plus que prévu (150 au total).
Sur mer, les pétroliers ravitailleurs et le remplacement du « Charles »
La Marine obtient quatre pétroliers ravitailleurs de nouvelle génération, dont deux d’ici 2025 (NB : en coopération avec l’Italie), un bâtiment léger spécialisé dans le recueil de renseignement, et se voit accorder 19 patrouilleurs au lieu de 17, indispensables pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer. La France va également lancer des études sur le remplacement de l’unique porte-avions français, le Charles de Gaulle, qui sera retiré du service à l’horizon 2040.
Avions ravitailleurs
L’armée de l’Air va bénéficier du renouvellement accéléré de sa flotte d’avions ravitailleurs pour remplacer ses vieux Boeing KC-135 (dont certains volent depuis plus de 50 ans), par 15 Airbus A330 MRTT modernes, dont 12 auront été livrés en 2023. Elle bénéficiera aussi de l’arrivée de six drones Reaper supplémentaires, 28 nouveaux Rafale ainsi qu’une cinquantaine d’avions de chasse Mirage 2000 modernisés. . Seront également lancées des études sur le système de combat aérien du futur et sur le char de combat du futur (NB : avec l’Allemagne notamment).
La dissuasion nucléaire renouvelée
Sur le plan de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense française, les coûteux travaux de renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) seront engagés au cours du quinquennat. Budget estimé: 37 milliards d’euros entre 2019 et 2025.
(AFP)
(B2) Sur BFM TV ce mercredi (matin), le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a aussi précisé le chiffre de Français aux mains des forces kurdes : une « petite centaine » de jihadistes français sont ainsi détenues par les forces kurdes en Syrie. Même si le « signalement de ces jihadistes dans une zone encore en conflit reste très compliqué » a-t-il souligné, leur jugement se fera sur place. « Ce sont des combattants. Ils sont français mais ce sont nos ennemis. La conclusion c’est qu’ils seront jugés par ceux qu’ils ont combattus ».
Lire aussi : Syrie. Le régime a recommencé. Tout indique « l’usage du chlore par le régime » (Le Drian)