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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 2 months 1 week ago

Dépasser la politique des petits pas. Pour une défense européenne vraiment assumée

Thu, 05/04/2018 - 13:18

(B2) Eurodéfense, une association qui regroupe de nombreuses personnalités militant en faveur d’une autonomie européenne de défense, estime que l’Europe doit changer de braquet, passer à la vitesse supérieure, affirmer réellement une politique de défense européenne, l’assumer et s’attaquer aux questions non résolues depuis des années.

Dans cette tribune, signée par plusieurs officiers supérieurs dont les lecteurs de B2 reconnaitront certainement plusieurs noms, différents principes sont posés dont, en tant qu’observateur, nous pouvons partager plusieurs des constats.

Une Europe de la défense, parent pauvre de la construction européenne

L’époque enthousiaste des pères fondateurs, au lendemain de la Guerre, a posé les bases de l’Union européenne. Si l’Europe économique est devenue une réalité, même imparfaite, l’Europe de la défense a vécu plusieurs échecs. Le traité instituant la Communauté européenne de défense en 1950 n’a jamais été ratifié. L’Union de l’Europe occidentale, de 1954 à 2011, est restée une coquille vide. Ce n’est qu’en 1999, après le sommet franco-britannique de Saint Malo, que furent posées les bases d’une politique de défense au plan européen, avec de premiers fruits en 2003, où deux opérations militaires furent lancées sous la bannière bleue étoilée.

Des résultats positifs mais à l’échelle d’un laboratoire

La politique de sécurité et de défense commune (PSDC), bras armé de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), était née. Elle a donné des résultats plus que positifs, malheureusement insuffisamment connus. En 15 ans, près de 80 000 hommes ont été engagés avec succès dans les opérations de l’Union européenne. Nous avons ainsi célébré le 30 mars les 15 ans de la PSDC opérationnelle, avec l’anniversaire du lancement de la première opération, Concordia, dans l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (FYROM). Toutefois, à l’échelle européenne et au regard des besoins, c’est peu. Nous restons à un degré d’engagement de portée limitée, que l’on peut qualifier de « niveau de laboratoire ». De plus, les actions du haut du spectre, envisagées parmi les types de missions élaborées à Petersberg en 1992, n’ont été que très rarement menées. Ces missions, dont l’objectif est le rétablissement de la paix, comportent des modes d’action robustes, incluant l’usage de la force. Continuer ainsi ne suffira pas. Pire, le modèle s’épuisera.

Un monde plus dangereux… ou juste différent

Les besoins ont évolué, face à un monde plus dangereux. Il devient difficile de dissocier action extérieure et sécurité intérieure dans la lutte anti-terroriste. Une défense européenne digne de ce nom se doit de garantir la sécurité de ses citoyens où qu’ils se trouvent, de protéger ses infrastructures et de défendre ses intérêts partout dans le monde. Elle doit pouvoir s’appuyer sur une « base industrielle et technologique de défense européenne » (BITDE) qui soit apte à garantir l’autonomie stratégique européenne, en particulier l’emploi des matériels sans contrainte venant de l’extérieur de l’Europe. Cette BITDE est hélas insuffisante aujourd’hui, en raison notamment du périmètre réduit de la PSDC, maints domaines capacitaires n’étant pas couverts par celle-ci. Il y a là une véritable incohérence.

La complémentarité nécessaire même pour les petits pays

Peu d’États ont la capacité de répondre seuls à l’ensemble des besoins de défense. La complémentarité au niveau européen s’impose. Même la France, qui, en théorie, dispose des moyens d’assurer son autonomie stratégique, fait régulièrement appel à des soutiens extérieurs pour combler ses lacunes, principalement dans les domaines du renseignement et du transport stratégique.

Les limites de la politique des petits pas

La politique des petits pas a montré ses limites, malgré les récentes avancées concrètes que sont le fonds européen de défense, le processus annuel de revue coordonnée des plans nationaux de défense et la coopération structurée permanente. Il faut élever le niveau d’ambition inutilement censuré lors de la création de la PSDC et passer la vitesse supérieure. Une approche globale et collective de la sécurité de l’Europe par les pays européens est désormais indispensable, une approche qui englobe les aspects intérieurs et extérieurs, et qui soit partagée si possible par l’ensemble des États membres de l’UE et à défaut par le plus grand nombre.

Revoir la complémentarité OTAN-UE

Cela implique notamment une réflexion sur la complémentarité entre l’OTAN et l’UE. L’actuelle répartition des rôles entre une OTAN garante de la sécurité collective et une PSDC tournée exclusivement vers l’action extérieure n’est à l’évidence plus pertinente : elle ne permet pas aux Européens d’exercer collectivement leurs responsabilités de défense, en dépit des dispositions volontaristes prises récemment par ceux-ci pour resserrer leur coopération. Même la mesure phare de la complémentarité entre les deux organisations, l’accord dit de Berlin Plus, signé en 2003, qui donnait à l’Union un accès aux moyens de commandement de l’OTAN, n’est plus opérante en raison notamment du différent turco-chypriote.

Assumer une défense européenne

Il est temps de s’engager dans une défense européenne vraiment assumée. La simple relecture des documents européens – le traité de Lisbonne de 2007, la Stratégie européenne de sécurité intérieure 2015-2020, la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’UE de 2016 – fournit suffisamment d’éléments pour faire émerger une telle défense. La capacité d’agir sur l’ensemble du spectre des opérations, de l’assistance humanitaire à l’engagement de haute intensité, comprend, avec les opérations de projection, des opérations de solidarité et d’assistance mutuelle sur le théâtre européen. Ces dernières qui font partie de la défense collective, sont menées en cohérence avec les engagements pris au sein de l’Alliance Atlantique par les États qui en sont membres. Par ailleurs, les textes autorisent un niveau de flexibilité original : l’article 44 du traité de Lisbonne donne aux instances européennes la possibilité de déléguer la conduite d’une opération à un groupe d’États membres. Et la Coopération structurée permanente, récemment décidée, est le support adapté pour le développement de capacités nouvelles.

Rééquilibrer le pacte atlantique

C’est une politique de défense européenne complète, affirmée, active et opérationnelle qui peut alors se mettre en place. Grâce à des Européens stratégiquement plus autonomes, elle devrait avoir pour première conséquence une évolution du lien transatlantique qui, tenant compte de l’histoire et de nos valeurs communes, devra être rénové. Rééquilibré et assumé, le nouveau pacte atlantique devra permettre à l’Europe de devenir un partenaire fiable, crédible et écouté. Restent à définir les voies permettant cette évolution.

Revoir les processus de décision nationale et le financement en commun

Il faudra pour cela affronter les sujets de discordance ou de blocage entre Européens, plutôt que de les passer sous silence, de peur de détruire un hypothétique équilibre obtenu à force de concessions. Les règles d’engagement et les spécificités juridiques, notamment pour l’usage de la force, seront à harmoniser. Les processus décisionnels nationaux nécessiteront dans certains cas la définition de boucles courtes, permettant la réaction dans l’urgence, comme dans les catastrophes humanitaires. Il faudra travailler sur les contributions budgétaires des États pour les opérations, les rendre plus équitables et renforcer l’importance du fonds européen de défense.

Avoir une politique claire vis-à-vis des citoyens

Les principes suivants inspireraient la démarche. D’abord, les citoyens européens doivent recevoir des réponses simples et compréhensibles à leurs besoins de sécurité et de défense. Aujourd’hui, si, selon l’Eurobaromètre de l’automne 2017, les trois quarts d’entre eux continuent à plébisciter l’Europe de la Défense, ils n’ont pas une idée claire de sa réalisation, tant les discours sur les rôles partagés entre l’Alliance Atlantique, la PSDC et la défense nationale sont complexes et indigestes. Quand nos dirigeants se seront engagés résolument pour une défense européenne souveraine, ils pourront apporter de telles réponses.

Tenir compte des différences et de la souveraineté des États

Le principe de la subsidiarité et de la complémentarité avec les États doit être préservé. La subsidiarité est incontournable, le domaine de la défense restant de la responsabilité des États et la souveraineté européenne ne pouvant s’exercer que grâce aux contributions de ceux-ci en troupes aguerries et en équipements. Si les menaces et les risques sont perçus avec un degré d’intensité différent selon les États, ils doivent conduire à la complémentarité des actions, basée sur les savoir-faire spécifiques de chacun. Par exemple, certains pays ont une culture de projection développée, comme la France ou l’Espagne, autorisant notamment l’intervention en Afrique. D’autres, comme l’Allemagne ou la Pologne, sont plus tournés vers la défense collective. Cela n’empêche pas chacun d’entre eux de participer aux missions, mais avec des degrés d’engagement différents. Les clauses de solidarité et d’assistance mutuelle entre les États, notamment en cas d’attaque terroriste, telles qu’elles sont décrites dans le traité de Lisbonne, ne doivent pas rester lettre morte ; elles doivent être assumées.

Avoir réellement une autonomie stratégique

C’est à ce titre que cette défense gagnera en souveraineté. Les initiatives lancées par le Président de la République dans son discours de la Sorbonne de septembre 2017, comme le développement d’une capacité d’action autonome, autoriseront la continuité entre les États et l’Europe, comme celle entre missions extérieures et intérieures. L’autonomie stratégique d’une défense aux contours élargis pourra alors être soutenue dans le même périmètre par une BITDE ayant des capacités de recherche et développement complètes et autonomes. Il s’agira de gagner alors la bataille des normes industrielles. Dernier principe, cette Europe de la défense souveraine devra multiplier les partenariats, notamment avec ses voisins immédiats. Elle renouvellera le lien transatlantique, rééquilibré grâce à un meilleur partage du fardeau.

Un livre blanc européen nécessaire

Pour tout cela, un Livre blanc, dont EuroDéfense-France est un ferme partisan, s’avère nécessaire, avec l’établissement d’une feuille de route ambitieuse. Ainsi, pourra être construite la défense d’une « Europe souveraine, unie, démocratique » pour reprendre les termes du Président de la République.

Les membres du bureau de l’association EuroDéfense-France : Patrick Bellouard (président d’EuroDéfense-France, IGA 2S), Maurice de Langlois (général 2S, ancien directeur de recherche IRSEM), Jean-Didier Blanchet (ancien DG d’Air France), Jean-Charles Boulat (directeur des affaires UE et OTAN du groupe industriel Naval Group), François Bresson (général 2S, ancien directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale-IHEDN), Patrick de Rousiers (général d’armée aérienne 2S, ancien président du comité militaire de l’Union européenne), Michel Desmoulin (président d’honneur de l’Union des associations d’auditeurs de l’IHEDN), Jacques Favin-Lévêque (général 2S, ancien délégué général du Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres), Patrick Hébrard (vice-amiral d’escadre 2S), Jean-Loup Kuhn-Delforge (ancien ambassadeur), François Laumonier (ancien ambassadeur), Jean-Paul Palomeros (général d’armée aérienne 2S, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, ancien commandant allié transformation de l’OTAN), Jean-Paul Perruche (général 2S, ancien directeur général de l’état-major de l’Union européenne), Claude Roche (ancien directeur de la stratégie défense d’EADS, Vice-président de l’Académie de l’air et de l’espace), Philippe Roger (IGA 2S), Cyrille Schott (ancien directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice) et Denis Verret (président, DV Conseil).

Les propos ci-dessus n’engagent que leurs auteurs. Les intertitres sont de la rédaction. Cette opinion a été publiée également dans le quotidien français La tribune

Crédit photo : EUNAVFOR Med / Sophia – marin allemand

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La Brigade d’intervention de la MONUSCO recadrée ?

Thu, 05/04/2018 - 09:50
 (B2) Le Conseil de sécurité de l’ONU a unanimement renouvelé, mardi 27 mars, le mandat de la MONUSCO, la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo, jusqu’à mars 2019. La résolution 2409 met cependant le doigt sur la brigade d'intervention, tentant de la sortir des critiques qu'elle affronte. Détails Effectifs maintenus  La MONUSCO « maintiendra un effectif […]

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L’A400M grevé d’hypothèques opérationnelles et financières. Berlin inquiet (rapport)

Wed, 04/04/2018 - 22:15
(B2) Le dernier rapport du ministère allemand de la Défense fait état de plusieurs problèmes non résolus sur l'avion de transport européen A400M. Certains peuvent paraître légers (des vapeurs d'essence dans le cockpit), d'autres sont plus lourds (l'absence d'autoprotection, les difficultés de planification) ou tout simplement financiers. Comme l'explique notre confrère Thomas Wiegold sur son […]

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Wed, 04/04/2018 - 15:00
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La terminologie européenne revue et corrigée

Wed, 04/04/2018 - 14:11

(B2) La terminologie européenne utilisée par l’Union européenne est parfois complexe, incompréhensible, voire totalement erronée. Nous avons choisi à B2, sciemment, de ne pas la respecter quand elle conduit à des erreurs de sens ou se révèle incompréhensible.

Exemples :

Le commandement des missions civiles = La Capacité de conduite et de planification civile (CCPC) alias Civilian Planning and Conduct Capability (CPCC) parait un outil bien bureaucratique. Ce n’est ni plus ni moins que que le Commandement des missions civiles de l’UE. Ce qui figure d’ailleurs dans certains documents de planification (qui mentionne d’ailleurs — allez comprendre — un Commandant civil des opérations !)

Le soutien militaire = Le nom officiel du dispositif est CBSD, comme Capacity Building in support of Security and Development, ou RCSD, en français comme Capacités pour favoriser la sécurité et le développement. Impossible de vraiment saisir ce que cela recouvre. C’est d’ailleurs l’objectif : tresser un épais brouillard sur son activité réelle ! Ce dispositif a pour objectif de permettre le financement de formations ou l’équipement (en matériel non létal) des forces armées de pays tiers, principalement en Afrique, mais pas seulement. Ce qu’on appelle en France, la coopération technique.

La mission de conseil en Ukraine ‘EUAM Ukraine’ ou en Iraq ‘EUAM Iraq = Le terme officiel en français mentionne « sécurité civile » par traduction du terme anglais « civilian security ». C’est pour nous non seulement une approximation, mais une erreur et une volonté d’induire en erreur. En France comme dans tous les pays latins, la terminologie « sécurité civile » désigne les forces de secours d’urgence type pompiers, non les forces de police, de maintien de l’ordre ou de renseignement intérieur, qui constitue l’objectif de ces missions. Le terme « sécurité intérieure » ou à défaut « sécurité nationale » est donc le plus exact.

La commission du Parlement sur les libertés publiques = Le terme officiel utilisé en anglais est « Committee on Civil Liberties« . Il est traduit officiellement par « libertés civiles ». Un terme peu compréhensible (sauf au Canada où il est couramment utilisé). L’antithèse de libertés civiles serait alors libertés militaires ou libertés pénales. Cette commission s’intéresse davantage aux questions pénales et pas seulement civiles ou familiales. Le terme exact et couramment utilisé en français est donc « libertés publiques ».

La PESCO (coopération structurée permanente) = Nous utilisons l’abrégé en anglais (PErmanent Structured COoperation) pour trois raisons principales : il est plus « agréable » à lire que l’abrégé en français CSP, il prête moins à confusion que celui-ci avec d’autres termes proches, il est utilisé largement par tous les Européens, y compris dans les langues nationales. Ainsi la traduction au journal officiel dans quasiment toutes les langues (nous avons vérifié !) est PESCO, même si le déroulé nominal ne correspond pas, ce quel que soit le groupe de langues (exemple pour l’Italien ou le Roumain, le Danois ou le Néerlandais, le Grec ou le Maltais, le Hongrois, le Slovaque ou le Polonais). On dénombre seulement cinq exceptions : le Français CSP, l’Allemand SSZ, le Portugais CEP, le Finlandais PRY ou le Bulgare ПСС. Quelques langues (espagnol, estonien, suédois, tchèque) ont choisi de … ne pas utiliser d’abrégé.

(NGV)

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Nouvel incident en Méditerranée. Le changement de cap italien et européen confirmé

Mon, 02/04/2018 - 19:50

(B2) Un nouvel incident a opposé un navire d’une ONG aux garde-côtes libyens. Samedi (31 mars), il était 10h30, quand l’Aquarius — le navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, seul navire d’ONG désormais présent au large des côtes libyennes — reçoit un appel du centre de coordination des secours de Rome (MRCC) signalant la position d’une embarcation en détresse.

Repéré par un avion de patrouille maritime

Le canot pneumatique est repéré par un avion de patrouille maritime de l’opération européenne EUNAVFOR MED, qui signale immédiatement la position des naufragés, au MRCC de Rome, via son QG. L’Aquarius se déroute vers cette position. Après une heure à peine de navigation, il est localisé par les sauveteurs.

Le sauvetage pris en charge par les Libyens

Mais à 11:34, le centre de secours de Rome informe l’Aquarius que les garde-côtes libyens « assument la coordination des opérations » (le dossier SAR 183 selon l’ONG), et donne « instruction » à l’Aquarius de « ne pas interférer et de rester en stand-by ». Les Italiens veulent éviter la répétition du sauvetage accompli par les Espagnoles d’Open Arms (lire : Opération de secours en mer de l’Open Arms. Toutes les règles ont-elles été respectées ? Qui dit vrai ?).

L’Aquarius sur place avant la vedette libyenne

L’Aquarius arrivé sur les lieux avant la vedette des garde- côtes libyens, informe le MRCC Rome de la nécessité de stabiliser la situation en distribuant les gilets de sauvetage à bord de l’embarcation surchargée, qui continue à s’approcher. L’Aquarius reçoit alors un appel téléphonique du centre des opérations des garde-côtes libyens qui se déclare en charge de la coordination. La vedette Al Khifra 206 des garde-côtes libyens, en route vers la position, reçoit la même information simultanément via radio.

Pas d’évacuation possible de tous les migrants

L’ONG informe de l’urgence et lance ses deux canots de sauvetage et commence à distribuer des gilets de sauvetage, après avoir informé les Libyens et obtenu leur autorisation. Les sauveteurs « constatent la présence d’enfants, dont un nouveau-né et de cas médicaux urgents – et obtiennent l’autorisation de la vedette des garde-côtes libyens d’évacuer les cas les plus vulnérables vers l’Aquarius ».En revanche, ils « se voient interdire de secourir les autres passagers du canot ».  39 personnes, dont un nouveau-né, des femmes enceintes et de nombreux enfants avec leurs parents sont ainsi transférés sur l’Aquarius. tandis qu’environ 90 personnes sont interceptées par les garde-côtes Libyens et renvoyées en Libye.

Le renvoi en Libye priorité sur les opérations de secours

« Les conditions actuelles de sauvetage en mer, toujours plus compliquées et avec des transferts de responsabilité confus et périlleux pendant les opérations, sont inacceptables. Les bateaux de sauvetage se retrouvent contraints à négocier au cas par cas, en pleine mer, en situation d’urgence et de tension dangereuse, l’évacuation de personnes en détresse, malades, blessées, épuisées, vers un lieu sûr » tempête Francis Vallat président de SOS Méditerranée France. « Alors que les moyens en mer pour sauver des vies sont de plus en plus insuffisants, […] le renvoi des personnes en détresse vers la Libye est priorisé au lieu de leur mise en sécurité ». L’ONG en appelle aux « autorités européennes et internationales à clarifier d’urgence le cadre d’intervention des garde-côtes libyens dans les eaux internationales ».

Commentaire : Avec raison… Cet incident, ou mésentente entre sauveteurs les uns du gouvernementaux, les autres des ONG, ne tient pas du hasard. Pour nous, il s’agit d’une politique décidée du gouvernement italien, en accord (au moins tacite) des autorités européennes. Lire : Au large de la Libye, l’Europe a-t-elle changé de position ?

(NGV)

Télécharger le communiqué de SOS Méditerranée

Categories: Défense

Es war einmal in Deutschland (Bye bye germany)

Sun, 01/04/2018 - 18:44

(B2) Dans le Berlin d’après guerre, David Bermann et quelques amis juifs n’ont qu’une envie : vivre — Hitler est mort mais nous sommes vivants » dit David à ses amis — ; fuir le pays — Ils veulent d’immigrer en Amérique ; s’enrichir — pour avoir suffisamment d’argent pour vivre outre Atlantique.

Ils trouvent un moyen rapide pour se faire de l’argent : vendre du linge de maison, le double, le triple, du prix réel (au mieux)… en utilisant toutes les ficelles du commerce à domicile : conviction, séduction, réduction …

Tout va bien jusqu’à ce que les services de renseignement américains mettent la main sur David (Moritz Bleibtreu), le soupçonnant de ne pas avoir vraiment raconté toute la vérité, de ne pas avoir été interné et d’être en fait un agent du régime nazi. L’agente US Sara Simon (Antje Traue) le passe au grill, se pinçant les lèvres pour ne pas céder à la séduction de son client et ne pas rire aux blagues de son « client ».

— Comment êtes-vous arrivés au camp de Sachsausen ?

— Je suis arrivé en limousine avec chauffeur

L’humour, grinçant, marque ce film, de Sam Garbarski, présenté en avant-première au Festival de Berlin 2017, Prix du Public au Festival international du film norvégien de Haugesund. On surfe entre la tragédie de l’horreur des camps nazis et le rire d’une bande de joyeux écumeurs de portefeuilles.

Toute la complexité de l’époque surgit cependant au hasard de cet interrogatoire qui rythme le film. La version de départ se trouve ébranlée par les faits amenés par l’enquêtrice américaine, au point qu’on a quelques doutes sur la version du principal acteur du film.

(NGV)

Sortie : sur les toiles en Belgique, prochainement en France

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La présence des forces spéciales françaises en Syrie révélée par les Turcs

Sat, 31/03/2018 - 21:08

(B2) L’agence Anadolu, l’agence de presse proche du gouvernement turc, a révélé vendredi les positions de l’armée française. Une révélation qui survient quelques heures à peine après que le président français Emmanuel Macron ait reçu à l’Élysée des cadres kurdes (lire : Des renforts français au nord de la Syrie. L’Élysée dément du bout des lèvres mais offre sa médiation).

Inutile de chercher trop loin d’où vient cette information classée défense. Tous les regards se tournent vers Ankara, avec qui l’agence Anadolu entretient des rapports étroits. La raison de ce courroux ne doit pas non plus être très difficile à chercher. Le soutien à peine déguisé du président Macron aux FDS n’a pas vraiment plu au président Erdogan. Entre alliés de l’OTAN, la révélation de telles informations est pourtant pour le moins étrange.

70 militaires français dans le nord de la Syrie

Selon des sources d’information locales « fiables » de l’agence Anadolu, « plus de 70 militaires membres des forces spéciales françaises sont présents dans le nord de la Syrie », sous l’égide de la Coalition internationale anti-Daech, dans les zones tenues par les Forces démocratiques syriennes, en grande partie composées par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérées par Ankara comme des forces ‘terroristes’ car proches du PKK turc.

Réparties dans cinq bases

Les forces françaises sont réparties dans « cinq bases » : à Ayn el Arab (Kobané), au Mont Mashtnour (Sud) dans le district Sirrin, dans le village d’Ayn Isa, et dans l’usine française de fabrication de ciment, Lafarge, dans le village de Harb Ishq. C’est près de ce village que les Américains ont établi une base aérienne militaire ; une base qui accueille également des soldats français. Ils sont aussi présents « à Raqqa avec 30 militaires ».

(carte et légende : agence Anadolu)COS, CPA et RPIMa

Hormis les membres du commandement des opérations spéciales (COS) présents depuis deux ans sur le terrain et qui coopèrent avec les Kurdes de l’YPG, « se trouvent également sur le territoire syrien des troupes françaises issues du 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa) » de l’armée de terre, et des éléments « du commando parachutiste de l’air n° 10 (CPA 10) » de l’armée de l’air. Ces forces sont, « selon les rapports » turcs, positionnées en Iraq, il s’avère qu’elles se rendent souvent dans le nord de la Syrie à travers le passage frontalier de Simelka. Les entrées et sorties de ces derniers sur le territoire syrien, en provenance d’Irak, ont augmenté au cours des trois derniers jours, selon « des sources locales » de Anadolu.

(NGV)

mis à jour le 1.4. correction cartographique

Categories: Défense

La Pologne s’équipe de batteries Patriot. La 1ère phase signée, la 2e phase se prépare

Sat, 31/03/2018 - 14:47
(B2) Le gouvernement polonais a signé, mercredi (28 mars), l'achat du système américain de défense antimissile Patriot (Wisła en polonais). Un contrat d'une valeur de 4,75 milliards $, pour la phase I (environ 3,8 milliards d'euros) qui comprend deux batteries de missiles anti-aériens et moyenne portée Patriot dans la configuration 3+ avec le système de […]
Categories: Défense

Dernières nouvelles des missions PSDC – mars 2018 (II)

Sat, 31/03/2018 - 12:47

(B2) Voici les dernières nouvelles des missions et opérations déployées au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’Union européenne…

Sikasso (Mali). Fin de la formation de la 8e Région militaire

Exercice d’entraînement de tir (crédit : EUTM Mali)

Pendant cinq semaines, EUTM Mali a organisé une mission à destination de la 8e région militaire des forces armées maliennes (FAMa). Elle s’est déroulée dans la région de Sikasso, près de la frontière avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, dans le cadre de l’équipe d’entrainement de la coalition militaire (Coalition military assistance training team ou CM ATT). Une formation qui s’inscrit dans le reformatage de la mission EUTM qui forme surtout les formateurs (officiers et sous-officiers) et dispense des formations spécialisées aux FAMa, comme par exemple les « tactiques de base, la réaction au contact, l’attaque improvisée et point de contrôle ». Parmi les cours dispensés : l’informatique, le sauvetage au combat et les droits de l’Homme. Cette mission, qui s’est achevée le 14 mars, a aussi été une opportunité pour les formateurs européens « d’apprendre des bonnes qualités et de l’expérience des Maliens » selon le communiqué.

Mogadiscio, Hargeisa (Somalie). Visite aux autorités somaliennes

Rencontre entre les représentants européens et somaliens (crédit : EUCAP Somalia)

Une délégation, composée de responsables du commandement des missions civiles (CPCC) du SEAE, et de Cristina Stepanescu, chef de la mission EUCAP Somalia, a effectué un séjour en Somalie. Objectif : discuter avec diverses autorités. Au ministère de la sécurité intérieure, le 12 mars, les discussions ont porté sur l’architecture de la sécurité maritime, le futur des gardes-côtes somaliens, la mise en œuvre de projets financés par l’Union européenne, ou encore sur les activités de la mission, selon EUCAP Somalia publié après la réunion. Le lendemain, ce sont des sujets juridiques qui ont été abordés, notamment la législation sur la piraterie et la rédaction de lois, signale-t-on à la mission. Au bureau d’Hargeisa, la capitale de la république semi-indépendante du Somaliland, le 15 mars, ils ont voulu « avoir un aperçu du fonctionnement de la mission dans la région ». Le 16 mars, dernier jour de la visite, les représentants européens se sont rendus à Nairobi (Kenya) pour s’entretenir avec le personnel du bureau de soutien EUCAP Somalie.

NB : à noter qu’une rencontre avait déjà eu lieu entre Stepanescu et les autorités du Somaliland à la fin du mois de février. Lire : Dernières nouvelles des missions/opérations PSDC (mars 2018)

Kiev (Ukraine). Des livrets anti-corruption

Brochures anti-corruption financées, conçues et imprimées par EUAM (crédit : EUAM Ukraine)

EUAM Ukraine a réalisé des brochures sur le thème de l’anti-corruption à destination de la police nationale ukrainienne, apprend-on du QG de la mission de conseil basée à Kiev. Ces livrets devraient permettre « de définir ce qu’est la corruption et comment la signaler » selon EUAM Ukraine. Pour Peter Staidl, conseiller principal de la mission sur la lutte contre la corruption, l’objectif de ce document est double : le premier est de « s’assurer que les officiers de police honnêtes peuvent signaler la corruption » et ne commettent pas d’erreurs eux-mêmes. Le second objectif de la brochure est davantage symbolique puisqu’il vise a faire passer « un message clair que la corruption ne sera pas tolérée » et que « la police nationale d’Ukraine est sérieuse dans la lutte contre la corruption. ». Ce sont ainsi près de 50.000 fascicules qui ont été distribués à la police ukrainienne mardi 20 mars. Commentaire : la lutte contre la corruption vient de franchir un grand pas…

Ramallah (Palestine). Renforcer la police de quartier

De nombreux commentaires constructifs ont été obtenus lors des ateliers de discussion (crédit : EUPOL COPPS)

La police palestinienne, avec le soutien de la mission civile de formation de l’UE à la police palestinienne (EUPOL COPPS), a renforcé ses services de police communautaire. En un mot : la police de quartier. Ce renforcement se fait via deux actions : la création d’une unité de coordination et l’élaboration d’une stratégie. Un atelier de deux jours a ainsi été organisé à la mi-mars pour mettre en place ce concept stratégique. Une équipe de terrain sera « responsable de la planification, de la conduite et de la coordination de la formation sur la police communautaire ». Selon Veijo Alavaikko, conseiller de la mission européenne, « il ne devrait pas y avoir de différence entre le concept stratégique et la manière dont les policiers de première ligne se comportent et servent le peuple palestinien ». (Communiqué)

Zagreb (Croatie). Formation aux opérations maritimes

Formation aux opérations maritimes ‘en douceur’ (crédit : Frontex)

L’agence européenne Frontex a organisé le 23 mars sa première formation d’agents de soutien pour les équipes européennes de garde-frontières et de garde-côtes à Zagreb, en Croatie. Y participaient onze États membres de l’UE. Objectif : « faire en sorte que les opérations maritimes Frontex se déroulent en douceur et en toute sécurité ». Un cours similaire avait été organisé il y a un an, le 3 mars 2017, également à Zagreb, afin de renforcer les connaissances des gardes-frontières sur « la gestion des frontières dans le contexte européen ». A l’époque, 13 États membres avaient participé à la formation selon Frontex.

(Informations rassemblées par Claire Boutry)

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L’esprit de Pâques soufflera-t-il sur les accords de Minsk ? Les Quatre y croient faiblement

Fri, 30/03/2018 - 13:05
(B2) Les quatre acteurs du groupe de Minsk (Allemagne, France, Russie, Ukraine) ont voulu « réaffirmer », jeudi (29 mars), en cette veille de week-end de Pâques leur « attachement » à la mise en œuvre des accords de Minsk « dans toutes ses dimensions (sécuritaire, politique, humanitaire et économique) ». Une relance des négociations […]
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Des renforts français au nord de la Syrie. L’Élysée dément du bout des lèvres mais offre sa médiation

Fri, 30/03/2018 - 11:58

Crédit : FDS – 2016

(B2) Les Français vont-ils s’impliquer davantage diplomatiquement et militairement dans le nord de la Syrie ?

Sur le premier volet, diplomatique, c’est clair. En recevant, jeudi (29 mars), à l’Élysée, une délégation des FDS, les forces arabo-kurdes (ou forces démocratiques syriennes), composée de huit personnes, le président français, Emmanuel Macron, a été particulièrement limpide. Sur le second volet, c’est plus mystérieux. Les Kurdes affirment que ‘oui’, les Français sont plus elliptiques.

Un soutien aux FDS

Emmanuel Macron a, en effet, assuré les « FDS du soutien de la France » afin de « stabilis[er] la zone de sécurité au nord-est de la Syrie ». Un soutien qui a un objectif « prévenir toute résurgence de Daech », et s’inscrit dans deux cadres, celui « d’une gouvernance inclusive et équilibrée »,  et « dans l’attente d’une solution politique au conflit syrien ». Une phrase qu’on pourrait croire juste destinée à faire beau mais qui prend une autre signification quand on examine ce qu’en disent les Kurdes.

Des soldats français à Minbej

A l’issue de la rencontre, une des représentantes kurdes, Asiya Abdellah, a été plus précise. Elle a ainsi annoncé que la France allait envoyer des soldats à Minbej, prochaine ville que le président Erdogan menace d’attaquer au nord de la Syrie et où des forces américaines sont aussi présentes. « Il y aura l’envoi de nouvelles troupes françaises à Minbej. La coopération va être renforcée », a-t-elle dit lors d’une conférence de presse, selon l’AFP. Un propos confirmé par le représentant du Kurdistan syrien (Rojava) en France. « Dans le cadre de la sécurisation de la reconstruction du nord de la Syrie, il y aura un renforcement du dispositif militaire français et d’autres pays à Minbej, pour la défense de Minbej », a précisé Khaled Issa qui faisait partie de la délégation reçue à l’Élysée.

L’Élysée dément …

« La France ne prévoit pas de nouvelle opération militaire sur le terrain dans le nord de la Syrie en dehors de la coalition internationale anti-Daech (acronyme de l’EI en arabe) », a affirmé l’Elysée, selon l’AFP. Car la lutte n’est pas terminée. « Il faut poursuivre ce combat ensemble ». Car il y a toujours « des risques de résurgence de Daech ».

… un peu

(Commentaire) On peut noter que ce démenti n’est pas complet. Certes n’y a pas de nouvelle « opération militaire », sauf celles menées dans le cadre de la coalition. Ce qui est logique. La France ne va pas s’engager dans une opération ‘solitaire’ en faveur des FDS, c’est-à-dire contre les forces turques. Mais il n’y pas de démenti d’une présence sur place ni d’acheminer de possibles renforts.

Des forces spéciales déjà présentes en Syrie

Des forces spéciales françaises sont, en effet, déjà stationnées en Syrie. Elles participent discrètement, comme d’autres forces spéciales (britanniques, américaines…), dans le cadre de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, notamment afin de guider les opérations aériennes contre les positions des forces de l’État islamique ou Al Qaida, de former les FDS ou de servir d’officiers de liaison. Mais la France reste ultra discrète sur cette présence et sur le volume déployé. « Il n’y a jamais de communication sur les mouvements de forces spéciales » répète régulièrement le porte-parole de l’état-major des armées, quand on l’interroge sur un fait précis. Ni démenti ni confirmation… sauf exception.

La France offre sa médiation entre Kurdes syriens et Turcs

La France insiste ainsi pour qu’un « dialogue puisse s’établir entre les FDS et la Turquie avec l’assistance de la France et de la communauté internationale », selon le communiqué officiel publié après la réunion. La France « continuera à tout mettre en œuvre, avec les pays principalement intéressés, pour progresser vers une transition politique inclusive en Syrie, seule à même de ramener la paix en Syrie et d’assurer la sécurité de la région » insiste-t-il.

Le combat contre le terrorisme n’est pas terminé en Syrie

Le dirigeant français a voulu aussi rendre un « hommage aux sacrifices et au rôle déterminant des FDS dans la lutte contre Daech ». Un hommage appuyé puisque couché noir sur blanc dans la communication élyséenne. Il a voulu aussi « réaffirm[er] la priorité de ce combat alors que la menace terroriste perdure ». NB : une pique sans le dire à la fois aux Turcs qui pilonnent les FDS mais aussi aux Américains qui se retirent de Syrie.

Une évolution du langage diplomatique

(Commentaire) On peut remarquer que le langage français a, légèrement, évolué depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence. Il n’est ainsi pas fait mention une seule fois du régime de Bachar el Assad, ni de son exclusion de la négociation. Le mot « avec les pays intéressés » permet d’éviter tout le jeu du blâme, courant avec François Hollande (notamment par son ministre Laurent Fabius). La France revient ainsi à une position réaliste si elle veut rester au centre du jeu.

Une Europe, brillant par son absence

On peut saluer la nette volonté française de s’impliquer comme médiateur dans le conflit, sans avoir d’a priori. Cette volonté de rentrer dans le jeu est louable. Mais on aurait pu souhaiter, ou espérer, une initiative européenne. Soutenir Staffan di Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, est bien. Mais cela relève plutôt du service minimum (Lire : Syrie. Pour apaiser l’enfer sur terre, le cessez-le-feu doit être « réalisable » (De Mistura). Tout comme la décision d’envoyer de l’aide humanitaire ou d’imposer des sanctions (lire : Les sanctions de l’UE contre la Syrie : à peine un cautère sur un conflit sanglant). En appeler aux signataires d’Astana est assez révélateur de cette impuissance (lire : Sept ans de guerre en Syrie? Les Européens lancent un appel aux garants d’Astana pour mettre fin au conflit).

L’Europe peut rentrer dans le jeu mais le veut-elle ?

Les Européens auraient cependant les moyens de rentrer dans le jeu, autrement qu’en admonestant le régime de Bachar. Ne pas le faire revient à signer dans notre voisinage une abdication de notre politique diplomatique. Et laisser à la fois Moscou, Ankara et Téhéran, d’un côté ; Ryad et Washington, de l’autre, faire le jeu de la future Syrie. Les Européens étant appelés uniquement à la rescousse pour payer les pots cassés : accueillir les réfugiés ou soutenir leur maintien à distance (Turquie, Liban, Jordanie) ou financer l’aide humanitaire et la reconstruction.

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Carnet (30.03.2018). EUTM G5 Sahel. Soudan (sanctions). Chambres spécialisées Kosovo (procureur). UE-UK (sanctions). Finlande (expulsion). EUNAVFOR Med (interpol). EUFOR Althea (visite). Franco-Britannique (DGA). Syrie (médiation française). Macédoine...

Fri, 30/03/2018 - 10:25
(B2) Parus récemment : La pratique du parachutage bientôt interdite dans les institutions européennes ? Sommet de Varna : ni avancée ni compromis… Affaire Selmayr : ce qu’en disent les principaux groupes parlementaires (blog) Une campagne pour un second référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne ? Affaire Selmayr. Le service juridique du Parlement rend un avis […]
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La pratique du parachutage bientôt interdite dans les institutions européennes ?

Thu, 29/03/2018 - 17:20
(B2) Après l'audition, plutôt catastrophique du commissaire Oettinger, mardi (27 mars), en commission de contrôle budgétaire, la plupart des eurodéputés en sont désormais convaincus. La nomination de Martin Selmayr n'a pas respecté sinon la lettre du moins l'esprit du Statut. Une crise interinstitutionnelle est-elle proche ? Sous l'impulsion d'Ingeborg Grässle, la présidente de la Cocobu (CDU/PEE), […]
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Sommet de Varna : ni avancée ni compromis…

Thu, 29/03/2018 - 15:57
(B2) Mauvaises relations avec Chypre et Grèce, intervention en Syrie, répression en Turquie, gel des négociations d'adhésion... La liste des points de tensions entre Ankara et Bruxelles est longue. La rencontre entre l'Union européenne et la Turquie, lundi (26 mars) à Varna (Bulgarie) n'a cependant pu aboutir à aucune avancée. Pas vraiment une surprise pour […]
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Affaire Selmayr : ce qu’en disent les principaux groupes parlementaires

Thu, 29/03/2018 - 13:41
(B2) L'affaire de la nomination du secrétaire général de la Commission européenne n'en finit pas. Les explications du commissaire Oettinger mardi (27 mars), en commission de contrôle budgétaire (Cocobu) du Parlement n'ont pas eu l'heur d'apaiser ni de satisfaire les groupes. Réactions et positions Le PPE (Parti Populaire Européen) distingue manque de transparence et d'intégrité  Pour […]
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Une campagne pour un second référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne ?

Thu, 29/03/2018 - 12:56

(B2) A un an avant la sortie du pays de l’Union européenne, l’organisation britannique pro-UE Best for Britain a lancé mercredi (28 mars) une campagne d’affichage nationale au Royaume-Uni afin de tenter d’obtenir un deuxième référendum sur le Brexit. « Quand saurons-nous ce pour quoi nous avons voté? Nous méritons tous d’avoir le dernier mot sur l’accord sur le Brexit », interrogent ces affiches.

Des pages de pub seront également publiées dans des quotidiens comme The Evening Standard et The Guardian. « La campagne vise à impliquer le public dans la campagne appelant à un nouveau vote sur le Brexit », a indiqué Best for Britain dans un communiqué. Les électeurs sont « profondément et de plus en plus frustrés de ne pas savoir ce que signifie le Brexit », explique Mark Malloch-Brown, le président du groupe qui a obtenu un don d’au moins 400.000 livres sterling du milliardaire américain George Soros.

Plusieurs initiatives pro-UE ont vu le jour récemment au Royaume-Uni en s’appuyant sur les incertitudes du Brexit pour tenter d’inverser le processus de sortie du giron européen, prévu le 29 mars 2019. Début février, les mouvements anti-Brexit avaient lancé une plateforme commune, la Grassroots Coordinating Group (GCG), pour coordonner leurs efforts afin de peser sur les négociations avec Bruxelles, voire tenter d’obtenir un nouveau vote. Andrew Adonis, un membre travailliste de la Chambre des Lords, a lancé sa propre campagne aux côtés d’un groupe de jeunes souhaitant stopper démocratiquement le Brexit, Our Future, Our Choice.

(avec AFP)

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Crise migratoire : des progrès mais encore beaucoup à faire (Leggeri)

Tue, 20/02/2018 - 22:55
(B2) Pour Fabrice Leggeri, directeur du corps européen de garde-frontières et garde-côtes, « 2017 a été une année bien meilleure que 2016 ». Mais cette amélioration ne doit pas porter à confusion. « La pression de la migration illégale aux frontières sud de la Méditerranée restera à un niveau très élevé, sur les trois routes, en […]
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Goldman Sachs. Barroso viole ses engagements de ne pas faire de lobbying

Tue, 20/02/2018 - 21:57

(B2) La situation de José-Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne, continue de faire des remous à Bruxelles. Le Portugais était passé, en 2016, juste après la fin de la période de latence, avec armes et bagages chez le banquier Goldman Sachs. Le tumulte créé par ce passage qui s’apparentait à une trahison de l’idéal européen avait donné lieu à l’époque à un avis, embarrassé, du comité d’éthique maison. Aucune règle n’avait été violé, c’était plutôt l’attitude morale de l’ancien président qui avait été réprouvée (lire : José-Manuel Barroso se paie une pantoufle en diamant aux dépens de l’Europe).

Un engagement à ne pas faire du lobbying

« Je n’ai pas été engagé pour faire du lobbying pour le compte de Goldman Sachs et je n’en ai pas l’intention », avait ainsi indiqué l’intéressé, à l’époque, dans un courrier au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Un engagement dont le comité d’éthique avait pris acte. « L’engagement de M. Barroso de ne pas exercer de lobbying au nom de Goldman Sachs répond au devoir d’intégrité et de discrétion imposés par le traité. ».

 

Une demande de Barroso lui-même

« La réunion répond à une demande de M. Barroso lui-même et a été convenue par téléphone avec mon cabinet » indique Jyrki Katainen dans une lettre adressée aux ONG (Alter-EU et Corporate Europe Observatory CEO) militant pour plus de transparence dans les institutions européennes. Elle s’est « déroulée à l’Hotel Silken Berlaymont », qui se trouve à deux pas de la Commission (1). Cette discussion portait « principalement sur le commerce et la défense ».

Sans témoin, sans note, sans document

« Nous étions tous les deux, sans autre participant à cette rencontre » a assuré . Aucun document malheureusement ne vient confirmer les dires du commissaire. « Je ne prends pas de notes habituellement dans ce type de réunion. Et je ne l’ai pas fait non plus dans cette réunion. Pour ces raisons, il n’y a pas de documents concernant cet évènement ».

Un suivi ‘religieux’ de la légalité

Ce rendez-vous a bien lieu le 25 octobre — a confirmé ce mardi (20 février), — le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, lors du point presse quotidien ». Pour le porte-parole, il n’y a pas de problème. « Vingt-quatre heures après ce rendez-vous, le vice-président Jyrki Katainen a publié cette rencontre selon la procédure », dans le registre de transparence de l’UE. « La légalité a été suivie. » Il a « suivi religieusement les paramètres de légalité qui s’appliquent ».

Une plainte des ONG

Les ONG regroupées au sein Alter-EU, une coalition d’ONG spécialisées dans la lutte anti-corruption, a introduit une plainte au secrétaire général de la Commission, Alexander Italianer (2). « L’organisme devrait cette fois-ci mener une enquête plus approfondie sur le rôle de M. Barroso auprès de Goldman Sachs et évaluer si l’ancien président a induit le président Juncker en erreur », soulignent-ils (télécharger la lettre de plainte).

Des circonstances bien troublantes

Commentaire : Les circonstances de la rencontre, discrète, dans un hôtel au voisinage, sans prise de note, sans témoin, sont pour le moins extraordinaires. Vu la personnalité de l’ancien président et la polémique entourant son arrivée vers Goldman Sachs, la moindre des prudences aurait été d’avoir un tiers présent, d’enregistrer tous les éléments pour dissiper tous les doutes possibles. La thèse du « circulez, il n’y a pas de problème » défendue par la Commission Juncker aurait alors pu être crédible. En l’espèce, elle parait bien fragile. Quant aux thèmes envisagés, « principalement » le commerce et la défense, on ne peut considérer qu’il s’agit d’une simple demande de renseignement (3).

Toutes les données sur ce sujet sont normalement publiques. On est donc bel et bien dans le cadre d’une demande d’intérêt privé pour peser sur les affaires publiques. Se réfugier derrière une pseudo-légalité est donc très délicat. On est dans un questionnement d’abord politique. Pourquoi était-il si important pour Barroso de voir Katainen et vice-versa. La Commission Juncker aurait tout intérêt à faire la lumière rapidement sur cette affaire.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec AFP pour certains éléments)

(1) Un lieu bien pratique, puisqu’il se situe à quelques dizaines de mètres de la Commission, et permet de ne pas avoir à recevoir J.-M. Barroso dans les locaux du Berlaymont. La discrétion voulue a, apparemment, été éventée.

(2) Alexander Italianer est, lui-même, un ancien du cabinet Barroso. Il a été aussi secrétaire général adjoint de la Commission de 2006 à 2010 (durant le mandat de J.-M. Barroso en charge de la « Better regulation » (autrement dit le travail de dérégulation), un des sujets préférés de l’ex-président.

(3) On sait combien aujourd’hui la question d’accès des pays tiers aux futurs programme de défense sont un enjeu crucial pour tous les pays tiers ou futurs tiers — comme le Royaume-Uni ou les États-Unis. La récente polémique lors de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN l’a prouvé.

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A l’agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères (26 février 2018) (V1)

Tue, 20/02/2018 - 20:50
(B2) La Moldavie, le Venezuela, le processus de paix au Moyen Orient... tels seront les sujets de la réunion des 28 ministres des affaires étrangères de l'UE, lundi (26 février). La réunion commencera, comme de tradition, par un examen des questions urgentes à l'ordre du jour international. Un déjeuner informel réunira les ministres européens avec […]
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