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Diplomacy & Defense Think Tank News

Arabie Saoudite : les paris risqués de Mohammed ben Salmane

IRIS - Fri, 08/12/2017 - 18:17

Le 26 septembre 2017 restera une date historique en Arabie saoudite avec un décret royal autorisant les femmes à conduire à partir de juin 2018. Dans ce royaume ultra-conservateur, cette mesure prise par le roi Salmane représente une révolution. Mais, derrière le roi, c’est le prince hériter Mohammed ben Salmane, surnommé ‘’MBS », qui est en train de mener tambour battant des réformes qui transforment le royaume saoudien.

Si cette mesure sur le plan sociétal est la plus forte symboliquement, elle s’accompagne en parallèle d’une volonté de mise au pas des autorités religieuses du pays, qui a été historiquement fondé sur un pacte entre le sabre et le goupillon. Le prince héritier affirme vouloir désormais une ‘’Nouvelle Arabie » débarrassée de la gangrène de l’Islam radical. Afin que la communauté internationale n’associe plus Arabie saoudite et terrorisme islamiste, Riyad vient de relancer une grande coalition antiterroriste de 40 pays majoritairement sunnites, visant à éradiquer les groupes extrémistes jusqu’à leur ‘’disparition de la terre ».

La rhétorique est aussi enflammée que les chiffres de la ‘’Vision 2030 » sont cosmiques. La stratégie économique de l’Arabie saoudite est ambitieuse et le défi est immense. Si les chiffres annoncés sont parfois irréalistes, l’orientation est néanmoins la bonne. L’Arabie saoudite ne peut plus se contenter d’être un état rentier dépendant d’un cours du pétrole de plus en plus incertain et instable. L’Etat ne peut plus fournir des revenus à toute la population en ayant un secteur privé quasi inexistant. En dévoilant son projet NEOM, cette mégalopole du futur sur les bords de la mer Rouge, MBS s’est empressé de proclamer que ‘’seuls les rêveurs sont les bienvenus » dans cette ‘’Nouvelle Arabie ». Vision et communication font souvent bon ménage.

Le miroir aux alouettes saoudien

D’emblée, certains commentateurs ont été séduits par les annonces du prince héritier. Thomas Friedman, le célèbre éditorialiste du New York Times, s’est empressé de parler du ‘’printemps arabe » de l’Arabie saoudite, une appréciation très excessive car des évolutions sociétales ne constituent pas une libéralisation politique et celle-ci ne pointe pas du tout à l’horizon. Ces évolutions et les projets économiques majeurs du royaume, notamment la diversification de l’économie nationale et une petite ouverture du capital de la compagnie pétrolière et gazière nationale, Saudi Aramco, viennent du sommet et sont conduits d’une main de fer. Amnesty International soulignait à la fin octobre que le pays demeurait l’un des pires violateurs des droits de l’homme et qu’aucun progrès significatif n’avait été enregistré depuis l’ascension, apparemment irrésistible, de MBS.

L’opération anti-corruption lancée le 4 novembre 2017 illustre de façon éclatante la verticale du pouvoir en Arabie saoudite, à l’encontre des traditions d’un royaume où il était de bon ton de chercher le consensus entre les différents cercles de pouvoir. Enfermés dans le Ritz Carlton de Riyad, les princes, ministres, anciens ministres et hommes d’affaires mis en cause de façon très peu transparente ne peuvent sortir de cette prison dorée qu’à condition de signer un très gros chèque. Un montant global de l’ordre de 100 milliards de dollars a même été évoqué par le prince héritier lui-même… L’opération sera assurément très rentable mais elle illustre aussi les importantes tensions internes au royaume saoudien, qui pourraient être une source d’inquiétude pour les investisseurs.

Mais, au-delà des tensions internes, c’est surtout à l’extérieur que l’Arabie saoudite, avec une politique étrangère beaucoup plus offensive que par le passé, contribue à accroître les tensions dans la région. Enlisement au Yémen, blocus inefficace contre le Qatar, ingérence dans la politique libanaise, forte augmentation des tensions avec l’Iran… Cette radicalisation de l’Arabie saoudite sur la scène régionale inquiète une bonne partie de la communauté internationale et les investisseurs étrangers. Cette montée des tensions, dont l’Arabie saoudite n’est évidemment pas la seule responsable, peut également rendre plus difficile la réalisation des ambitions internes de MBS. La diversification de l’économie, un défi considérable, serait favorisée par un contexte régional plus apaisé.

La France doit continuer d’être une puissance d’équilibre

Alors que le président Macron se rend au Qatar, toujours sous embargo du ‘’Quartet » (Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahrein et Egypte), la France doit continuer à ‘’parler avec tout le monde » dans une région où le dialogue est trop souvent absent. Alors que l’administration américaine est empêtrée dans ses contradictions internes, avec un président qui a tendance à jeter de l’huile sur le feu à coups de tweets intempestifs et un département d’Etat et un département de la Défense qui tentent tant bien que mal de limiter les dégâts, le président français doit encourager le multilatéralisme et une désescalade des tensions dans la région. Cette absence actuelle de leadership occidental au Moyen-Orient crée des opportunités pour la France et pour l’Union européenne si celles-ci ont la vision stratégique requise et la volonté politique de jouer un rôle significatif dans cette région clé, qui contrôle près de la moitié des réserves prouvées mondiales de pétrole et un peu plus de 40% des réserves gazières.

Il reste à voir si ces deux conditions seront réunies. Au regard de l’état de la région et de son importance internationale, on ne peut que vivement souhaiter que l’UE et la France soient à la hauteur des enjeux.

Transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem : un nouveau camouflet pour le droit international

IRIS - Fri, 08/12/2017 - 17:19

Que revêt la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et de transférer l’ambassade états-unienne dans cette ville ? Au-delà de cette interrogation, la décision vient en tous les cas confirmer à nouveau l’aversion assumée du président américain envers toute forme de multilatéralisme. Pour nous éclairer, le point de vue de Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS.

Au vu de l’absence d’avancées dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens, comment expliquer un tel timing dans la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël ?

Il s’agit tout d’abord d’une décision de Donald Trump qui s’inscrit dans la logique de sa campagne électorale présidentielle puisqu’il avait alors clairement expliqué son objectif de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et d’y transférer l’ambassade états-unienne, actuellement située à Tel-Aviv. Ainsi, même si cette décision a mis un an pour être prise, le président américain applique ce qu’il avait promis à son électorat.

Cette décision confirme la totale mécompréhension par le président des Etats-Unis des complexes enjeux en question ainsi que de la double dimension symbolique et politique de Jérusalem. Elle vient, à n’en pas douter, servir des enjeux de politique intérieure comme le démontrent les nombreux commentaires de satisfaction de sa base électorale, en partie composée de courants évangéliques traditionnalistes attachant une grande importance à cette reconnaissance, d’une part, et d’une majorité des Républicains, d’autre part.

Cette décision inconséquente vient mettre en lumière la vision simpliste de Donald Trump qui considère que tout ce qui peut aller dans le sens des revendications israéliennes doit être encouragé, en faisant abstraction des réactions et des modifications de rapports de forces que cela peut générer à l’international. Ce manque de rationalité, cette incapacité à se projeter dans l’avenir constitue une nouvelle illustration de l’action du président américain depuis son accession au pouvoir, incontrôlable et menée sans véritable concertation avec son Administration, ou du moins ce qu’il en reste.

Visiblement, la seule méthode qui compte aux yeux de Donald Trump, en l’occurrence à l’instar de ses comparses israéliens, c’est celle du fait accompli. C’est jouer aussi sur le sentiment d’impunité de facto encouragé par les capitulations à répétition de ladite communauté internationale. Ces faits indiquent le plus profond mépris de ce qui est encore la première puissance mondiale à l’égard du droit international.

Cette décision condamnée par de multiples chancelleries étrangères n’est-elle finalement pas un cadeau empoisonné pour Israël, notamment dans son souhait de rapprochement avec certains pays de la région ?

En effet, cela renseigne en tous cas un autre aspect susmentionné, à savoir qu’avec cette décision, Donald Trump, pensant servir les intérêts d’Israël, croit pouvoir s’affranchir radicalement des réactions des Etats de la région.

A titre d’exemple, il n’est plus ignoré qu’un processus de rapprochement discret se tisse depuis quelques mois entre Israël et l’Arabie Saoudite. La raison fondamentale de ce récent rapprochement est l’ennemi commun que représente l’Iran à leurs yeux. Le président des Etats-Unis est donc un allié à la fois des Saoudiens et des Israéliens sur ce dossier, comme il l’a parfaitement démontré lors de sa visite officielle à Ryad au mois de mai dernier. Mais il a complètement sous-estimé l’importance politique et religieuse que revêt Jérusalem pour la monarchie saoudienne, qui ne peut accepter cette décision unilatérale faisant passer un lieu saint de l’Islam sous contrôle israélien.

Il est beaucoup trop tôt pour spéculer sur un hypothétique arrêt de ce rapprochement initié entre Tel-Aviv et Ryad, mais il est certain qu’il sera plus compliqué à assumer à l’avenir pour les Saoudiens. Or un refroidissement diplomatique entre les deux Etats mettrait en porte-à-faux l’approche de Donald Trump sur les intérêts américains dans la région, à savoir un axe Washington / Tel-Aviv / Ryad.

Les positions d’autres pays entretenant des liens avec Israël seront également à observer car, pour nombre d’entre eux, la remise en cause du droit international, à l’instar de la Turquie par exemple, constitue une ligne rouge. A part quelques Etats comme la République tchèque et les Philippines, peu d’Etats vont reconnaître Jérusalem comme capitale, ce qui éclaire sur l’affaiblissement de la politique américaine. Une chose apparaît certaine, c’est que Washington ne pourra plus se targuer désormais d’être un honnête médiateur, tout du moins aux yeux de celles et ceux qui entretenaient encore cette illusion !

Alors que le Hamas et le Fatah se sont engagés dans un processus de réconciliation après des années d’hostilité, cette décision américaine peut-elle venir tout bousculer ?

Si le rapprochement entre l’Autorité palestinienne et le Hamas constituait une bonne nouvelle, le processus s’avérait infiniment compliqué et les pressions considérables.

La décision américaine vient renforcer les factions palestiniennes les plus réticentes à la perspective – certes fort éloignée – d’un compromis avec les Israéliens dans le cadre de l’application du droit international. Israël voulait par exemple que le Hamas désarme totalement comme gage de sa bonne volonté ; or il est évident que cette requête est inacceptable pour les dirigeants de ce mouvement car ils ne peuvent envisager désarmer leurs milices tant que les perspectives de réelles négociations sont nulles. En outre, Mahmoud Abbas, lui-même, était dans une posture dure à l’égard du Hamas et donc très peu disposé à faire des compromis avec l’organisation.

Avec la décision du président américain, il est évident que les cartes sont redistribuées et dans le mauvais sens. Cela aura sans doute pour conséquence un arrêt du processus de réconciliation, au moins de manière temporaire. Le Hamas a en effet par exemple appelé à une nouvelle Intifada. Nous ne savons pas pour l’heure si cela aura un écho, mais il est clair que les plus radicaux ont beau jeu d’avancer qu’avec Donald Trump et Benjamin Netanyahou la voie politique s’avère impossible.

Par ailleurs, au sein même de l’Autorité palestinienne, on va assister à une modification radicale des rapports de force. Mahmoud Abbas, qui depuis des années assumait le rôle du bon élève du droit international pour désespérément tenter de gagner les bonnes grâces de Washington et Tel-Aviv, vient d’encaisser une gifle monumentale par la décision de Donald Trump. Celles et ceux des Palestiniens qui étaient favorables à des négociations sont aujourd’hui marginalisés et ce sont les plus radicaux qui reprendront le flambeau, sans issue possible, la violence n’en constituant pas une en tant que telle.

Austausch Bayern und China: Ländlichen Räume - zunehmend im Fokus der chinesischen Staatsregierung

Hanns-Seidel-Stiftung - Fri, 08/12/2017 - 14:39
Die ländlichen Räume Chinas stehen zunehmend im Fokus der chinesischen Staatsregierung: Während des 19. Parteitages forderte Staatspräsident XI Jinping eine Revitalisierung ländlicher Räume. Wissenschaft und Verwaltungen sind nun aufgerufen, Konzepte zur Armutsbekämpfung und zur Erhöhung des Lebensstandards weiterzuentwickeln.

Ilse Seidel - Gründungsmitglied der HSS

Hanns-Seidel-Stiftung - Fri, 08/12/2017 - 12:14
Vor 20 Jahren am 8. Dezember 1997 verstarb Ilse Seidel, Gründunsgmitglied der HSS und Ehefrau von Ministerpräsident Hanns Seidel.

Les perspectives économiques de la France et de la zone euro

Institut Montaigne - Fri, 08/12/2017 - 10:28
Les perspectives économiques de la France et de la zone euro Institut Montaigne ven 08/12/2017 - 10:28

Vendredi 8 décembre, l’Institut Montaigne rassemblait Eric Chaney, conseiller économique de l’Institut Montaigne, Philippe Martin, professeur d’économie à Sciences Po et membre du Conseil d’Analyse Économique (CAE), ainsi que Natacha Valla, chef de la Division Politique et Stratégie de la Banque européenne d’investissement et membre du Conseil d’Analyse Économique (CAE). Les intervenants ont livré leur analyse de la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne avant de débattre sur la réforme de la zone euro. La nécessité de réformer en profondeur cette dernière, tant que la conjoncture économique favorable le permet, a été identifiée comme une priorité.

Blanc 8 décembre 2017 Activé Avec Eric Chaney, Philippe Martin et Natacha Valla. Fermé Non Non

Erstes Sicherheitsforum 2017 in Lwiw: Die Ukraine und die europäische Sicherheitsarchitektur

Hanns-Seidel-Stiftung - Fri, 08/12/2017 - 10:24
Das Erste Lwiwer Sicherheitsforum war die Auftaktveranstaltung für ein Expertenforum. Hochrangige Vertreter aus Europa und Nordamerika trafen sich vom 29. November bis 01. Dezember 2017 in Lwiw (Lemberg), um sich über Fragen der europäischen Sicherheitsarchitektur nach 2014 und die aktuelle politische Situation in der Ukraine auszutauschen.

Reframing the Protection of Civilians Paradigm for UN Peace Operations

European Peace Institute / News - Thu, 07/12/2017 - 21:20

On December 7th, IPI together with the Permanent Missions of Italy and the Kingdom of the Netherlands to the UN cohosted an event on “Reframing the Protection of Civilians Paradigm for UN Peace Operations.”

The Security Council first established protection of civilians (POC) as an explicit mandate for a peacekeeping operation in 1999. Since then, POC has gained prominence both conceptually and in practice, and has been institutionalized as a central paradigm for peace operations. The UN Secretariat has developed policy and guidance documents on POC, designed innovative tools, mechanisms and activities, and deployed dedicated personnel to enhance the multidimensional implementation of protection of civilians by its military, police, and civilian personnel in the field.

However, missions mandated to protect civilians face increasingly challenging environments in theatres where there is little peace to keep, no viable political process, and state authorities unwilling or unable to fulfill their own protection responsibilities. In this context, and in the context of a lack of a unified vision around POC, criticism over the potential tension between protection of civilians, political processes, and exit strategies has arisen.

IPI’s latest issue brief, which will serve as a backdrop to the discussion, analyzes these debates and explores possible directions to reframe the protection of civilians paradigm for peace operations, identifying several factors limiting effective delivery of POC mandates.

As the DPKO/DFS Policy on Protection of Civilians will be updated in 2018, and with the prospect of the secretary-general defining a new POC vision, this policy forum explored specific considerations on how the POC paradigm should be redesigned to fit hostile environments where peacekeepers are targeted, obstructed, manipulated, or sidelined. Participants also discussed ways in which to reconcile POC with political processes and exit strategies, and reinforce accountability.

Opening Remarks:
H.E. Mr. Inigo Lambertini, Deputy Permanent Representative of Italy to the United Nations
H.E. Ms. Lise Gregoire, Deputy Permanent Representative of the Netherlands to the United Nations

Speakers:
Dr. Namie Di Razza, Post-doctoral Fellow, International Peace Institute
Mr. Baptiste Martin, Former POC Advisor to the United Nations Mission in DR Congo and the United Nations Mission in CAR
Mr. Kevin S. Kennedy, Consultant
Ms. Ayaka Suzuki, Director of Strategic Planning and Monitoring, Executive Office of the Secretary-General
Ms. Naomi Miyashita, Division of Policy, Evaluation and Training, UN Department of Peacekeeping Operations

Closing Remarks:
Mr. Jonathan Allen, Chargé d’affaires of the Permanent Mission of the United Kingdom to the United Nations

Moderator:
Mr. Jake Sherman, Director of the Brian Urquhart Center for Peace Operations

Le Honduras : de nouveau l’arrière-cour d’enjeux régionaux ?

IRIS - Thu, 07/12/2017 - 16:36

L’impasse électorale qui paralyse le Honduras suite à la contestation par l’opposition des résultats du scrutin présidentiel, ramène ce petit pays gangréné par la criminalité organisée à son passé politique récent continuellement traversé de coup de forces. Pour nous éclairer, le point de vue de Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS.

 Quels étaient les enjeux de l’élection présidentielle hondurienne qui a tourné à la crise politique ?

L’enjeu principal de cette élection était de savoir si ce pays allait revenir à une normalité démocratique dont il était sorti depuis 2009 avec le coup d’Etat légal soutenu par le Congrès et la Cour suprême qui avait conduit à l’éviction du président élu Manuel Zelaya. En 2013, l’élection présidentielle qui a vu l’accession au pouvoir de Juan Orlando Hernández, toujours candidat de la droite (Parti national) en 2017, souffrait déjà d’un défaut de légitimité. D’une part, ce sont en effet les mêmes autorités instigatrices du coup d’Etat de 2009 qui ont porté ce candidat à la présidence de la république. D’autre part, ces élections de 2013 ont été entachées de lourdes suspicions de fraude dont la gauche, le camp de l’ancien président Zelaya à l’époque mené par sa femme Xiomara Castro (Parti Liberté et refondation -Libre), a été victime. Le Honduras vit ainsi une crise démocratique de haute intensité depuis 2009.

Les élections présidentielles de 2017 devaient donc répondre à une question : était-il possible au Honduras d’organiser des élections « propres » afin qu’émerge la possibilité d’une véritable alternance au pouvoir dans le respect de la souveraineté populaire ? Ce scénario est actuellement entravé par la situation que nous connaissons.

A l’instar d’autres pays de la région, le contexte sociopolitique et économique du Honduras a-t-il constitué un terreau favorable à cette crise ?

Oui, bien sûr.  Le contexte économique du Honduras (moins de 9 millions d’habitants) est celui d’un pays qui est touché de plein fouet par les maux qui secouent la région, à savoir la pauvreté avec un taux avoisinant les 65% de la population, des inégalités très marquées et une forte immigration vers les Etats-Unis. Un facteur majeur des difficultés du pays est la question du narcotrafic et de la violence qu’il engendre. Le Honduras est le pays des « Maras », ces gangs qui règnent sur le narco. Il détient une triste palme : celle du taux d’homicide le plus élevé au monde.

Avec le Guatemala et le Salvador, le Honduras fait partie de ce que l’on appelle le « Triangle du Nord » d’Amérique centrale, point de fixation du narcotrafic continental où la drogue transite de la Colombie vers les Etats-Unis. Suite à l’échec de la militarisation de la lutte contre le narcotrafic au Mexique, qui a abouti à une extension des territoires touchés par les activités des cartels et des gangs, ce Triangle est devenu un centre de la criminalité organisée centre-américaine. Ce contexte produit un système politique défectueux, corrompu et poreux à la criminalité organisée qui, malheureusement, constitue son écosystème.

Cela conduit à des pratiques électorales délictueuses dont le pays est historiquement coutumier.

Comment se positionne le Honduras dans le paysage géopolitique latino-américain ? Cette élection est-elle un enjeu pour la stabilité de la région ?

C’est en effet un enjeu en termes de stabilité régionale parce qu’il s’agit tout d’abord d’un petit pays qui est une place forte de l’arrière-cour des Etats-Unis. Ces derniers le considèrent comme une extension de leur politique étrangère. Ils y sont également présents militairement pour lutter contre le narcotrafic.

Dans ce contexte, le Honduras est le pays par lequel sont arrivées les premières secousses d’instabilité régionale en 2009 parce que c’est de là qu’ont été initiées les premières formes de coups d’Etat institutionnels contre des gouvernements progressistes qui entendaient mettre en place des programmes de rupture avec les désidératas de Washington en matière économique et d’alliances régionales. En 2009, Manuel Zelaya souhaitait mettre en place des politiques de lutte contre la pauvreté moins favorables aux intérêts des entreprises nationales et internationales et avait décidé d’intégrer le Honduras à l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) fondée par Cuba et le Venezuela. Le modèle du « coup d’Etat légal » de 2009 a servi d’inspiration à d’autres renversements par la suite, notamment au Paraguay en 2012 (Fernando Lugo) et même au Brésil en 2016 (Dilma Rousseff).

La situation actuelle confirme les lignes de fracture régionales et rappelle les choix radicaux que peuvent parfois faire les droites latino-américaines pour empêcher la prise de fonction de gouvernements de gauche ou de centre-gauche.

Aujourd’hui, la situation est incertaine au Honduras. L’Organisation des Etats américains (OEA) et l’Union européenne peuvent difficilement défendre un pouvoir à la légitimité fragile et si étroitement associé à la corruption. Ce pouvoir vaut-il une crise régionale, d’autant que l’opposition et son candidat en particulier, Salvador Nasralla, ne proposent plus un programme radical et de rupture avec les intérêts de Washington ?

Ainsi, l’OEA et l’UE souhaitent un recomptage des voix et confirment l’existence de nombreuses irrégularités dans le vote du 26 novembre, ce qui va dans le sens des demandes de l’opposition regroupée au sein de l’Alliance d’opposition contre la dictature. Mais cette dernière exige désormais un second tour ou l’organisation d’une nouvelle élection. Contraint, Juan Orlando Hernández accepte un recomptage, mais refuse une nouvelle élection. Il demande le respect des résultats que donnera le Tribunal électoral sous observation de l’OEA et de l’UE. Or, cette institution n’a pas la confiance de l’opposition.

La crise hondurienne va continuer ces prochains jours.

 

Trump, Jérusalem et le droit international

IRIS - Thu, 07/12/2017 - 15:09

En dépit des multiples mises en garde à l’égard de l’embrasement régional que risquait de susciter une telle décision, le président Donald Trump vient de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

Alors en pleine campagne présidentielle, Donald Trump avait déclaré que s’il était élu président des États-Unis, il reconnaîtrait Jérusalem comme la capitale d’Israël et transférerait l’ambassade américaine dans la Ville sainte : « je le ferai (…) plutôt rapidement », avait-il même précisé dans une interview à CNN donnée en mars 2016.

Désormais élu, et dans un nouveau geste de transgression, il l’a fait. Une décision unilatérale qui a provoqué une réprobation générale de la communauté internationale. Une réaction qui ne saurait faire illusion tant le dossier israélo-palestinien est désormais perçu comme stratégiquement secondaire aux yeux de nombreuses puissances régionales et internationales. Une erreur d’analyse au regard notamment du statut d’exception dont jouit Jérusalem.

Le 6 décembre 2017 est donc une nouvelle date historique pour les Israéliens … et les Palestiniens. La déclaration de Trump a été prononcée lors d’une brève allocution au cours de laquelle il a justifié sa position par la volonté de suivre « une nouvelle approche » sur ce dossier et la nécessité de « reconnaître une réalité ». La réalité du rapport de force plutôt que la réalité du droit international, en somme.

En tenant l’une de ses promesses de campagne, il rompt avec la ligne suivie jusqu’ici par ses prédécesseurs et renforce l’impression d’un isolement international des États-Unis. Un paradoxe pour la première puissance mondiale, qui voit son soft power s’étioler à mesure que son chef agit sur la scène internationale. Ainsi, si le président américain se dit encore déterminé à faciliter la recherche d’un accord de paix « acceptable pour les deux parties », sa prise de position sur Jérusalem le décrédibilise définitivement aux yeux des Palestiniens. Est-ce la fin du rôle d’« honest broker », d’intermédiaire impartial, que Washington a longtemps revendiqué – avec une part de fiction non négligeable – sur ce dossier ?

Certes, pour Donald Trump, l’essentiel est ailleurs : sa décision a d’abord vocation à remobiliser un électorat composé notamment de sionistes chrétiens, des fondamentalistes évangélistes pour lesquels la Palestine est le berceau du peuple juif, une « Terre promise » sur laquelle il convient de regrouper le « peuple élu » pour mieux amorcer sa conversion au christianisme…

Il n’empêche, cette décision a une résonnance particulièrement forte, compte tenu de la force symbolique de la ville de Jérusalem et du quitus qu’elle semble définitivement donner à la politique de colonisation israélienne à Jérusalem-Est et ailleurs en Cisjordanie. La stratégie diplomatique suivie depuis plus de deux décennies par l’Autorité palestinienne se trouve condamnée, alors que la posture agressive du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, à la tête d’un gouvernement formé de partis nationalistes et religieux, se trouve couronné de succès. Le tout sous le regard passif des pays arabes et européens… en attendant le grand embrasement ?

JÉRUSALEM, UN STATUT D’EXCEPTION

La ville symbolise à elle-seule le caractère complexe et multidimensionnel du conflit israélo-palestinien : religieux, certes, mais surtout idéologique/nationaliste et territorial. Ces trois aspects sont intimement liés.

Jérusalem abrite les Lieux saints des trois religions monothéistes. Une ville « trois fois sainte », en somme, et source de tensions interreligieuses continues et plus ou moins intenses. Le « noble sanctuaire » (selon les musulmans) est le troisième lieu saint de l’islam : il recouvre le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. Selon la tradition juive, le mont du Temple (détruit en 70 par l’Empire romain) était en lieu et place d’Al-Aqsa.

Depuis l’annexion de Jérusalem-Est, Israël a pris le contrôle du mont du Temple, qui demeure administré par le Waqf, l’office des biens musulmans sous la souveraineté de la Jordanie. Un accord conclu en avril 2013 entre la Jordanie et l’Autorité palestinienne a officialisé le rôle du royaume comme gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem. Toutefois, la police et l’armée israéliennes assurent l’ordre et contrôlent l’accès au site (autorisé en principe aux seuls musulmans qui viennent y prier, et interdits aux juifs à l’exception de certaines heures).

Si le président américain se dit déterminé à faciliter la recherche d’un accord de paix « acceptable pour les deux parties », sa prise de position sur Jérusalem le décrédibilise définitivement aux yeux des Palestiniens.
Au-delà de cette dimension complexe mêlant religion, pouvoir de police et autorité administrative, Jérusalem demeure au centre de la construction idéologique et territoriale du nationalisme israélien et palestinien. C’est la représentation (unitaire/partagée) qui est en jeu. Ainsi, après l’annexion de la partie arabe de la ville, la Knesset a déclaré – en décembre 1980 – Jérusalem « réunifiée » comme « capitale » (« éternelle et indivisible ») de l’État d’Israël.

Une revendication -rejetée par la majeure partie de la communauté internationale, à l’exception notable désormais des États-Unis, qui s’oppose frontalement à la volonté des Palestiniens de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur hypothétique futur État. Ces prétentions antagonistes s’inscrivent dans l’histoire même du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien.

DE LA COLONISATION DE JÉRUSALEM-EST AU MUR DE SÉPARATION

Si la partie arabe de la ville fait partie intégrante de la Cisjordanie, la résolution onusienne n° 181 du 29 novembre 1947 sur le plan de partage de la Palestine reconnaît à la ville sainte un statut d’entité séparée qui la place sous le contrôle des Nations-Unies. Elle devait ainsi être dotée d’un statut international. À l’issue de la première guerre israélo-arabe, la partie orientale de Jérusalem a été conquise par l’armée jordanienne, la partie occidentale étant annexée par Israël qui en a fait sa capitale.

La « guerre des Six Jours » en 1967 marque un tournant symbolisé par l’annexion israélienne de Jérusalem-Est. Le gouvernement de Levy Eshkol entreprend une politique de « colonisation-judaïsation » de Jérusalem-Est, qui se traduit encore aujourd’hui par une succession d’expropriation et de construction de logements. Pourtant la résolution 242 du Conseil de sécurité (22 novembre 1967) évoque « le retrait des forces armées israéliennes de(s) Territoires occupés » dans le cadre de l’instauration d’une paix durable.

La politique de « colonisation-judaïsation » s’est prolongée par un autre phénomène également condamnable sur le plan du droit international. Le 14 avril 2002, le gouvernement israélien dirigé par Ariel Sharon a décidé la construction d’ouvrages formant, selon Israël, une « barrière de sécurité » dans certaines parties de la Cisjordanie et de Jérusalem. Le 1er octobre 2003, le conseil des ministres a adopté un tracé complet formant une ligne continue sur une distance de 720 km le long de la Cisjordanie, au nom de la sécurité d’Israël.

L’Assemblée générale a alors saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) pour obtenir son avis sur les conséquences, au regard du droit international, de l’édification de ce mur. Ainsi, dans son avis consultatif du 9 juillet 2004, la CIJ a conclu à l’illégalité du mur de séparation, car il concrétise une annexion de territoires occupés et son emplacement ne peut être justifié par des raisons de sécurité nationale.

Dans son argumentaire, la Cour précise que « l’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international. » Et de conclure : « Israël est dans l’obligation de réparer tous les dommages causés par la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est. »

La logique séparationniste de ce mur correspond à la vision du monde de Donald Trump, qui n’a pas hésité à citer l’exemple du mur israélien pour justifier le mur qu’il souhaite ériger entre les États-Unis et le Mexique : « Le mur est nécessaire » ; « Ce n’est pas seulement de la politique et pourtant c’est une bonne chose pour la nation d’une certaine manière, parce que les gens veulent de la protection et un mur protège » ; « Il suffit de demander à Israël. Israël vivait une catastrophe qui touchait le pays et qui venait de l’extérieur et les Israéliens ont construit un mur. Les entrées non autorisées se sont arrêtées à 99,9 % », comme il l’a déclaré dans une interview à la chaîne ABC, le 26 janvier 2017….

ELIAMEP Working Paper discusses the political turmoil in Kosovo

ELIAMEP - Thu, 07/12/2017 - 14:08

In Working Paper 88/2017 of ELIAMEP’s South East Europe Programme, Research Associate Bledar Feta deals with the political situation in Kosovo. More specifically, the paper attempts to provide the main aspects of the political and institutional crisis that hit Kosovo after Parliamentary elections of June 8th, 2014. The aim of the paper, besides giving an overview of the most important developments since then, is to provide an analysis on the attempts of Kosovar political class to establish a stable government putting under the microscope their political behaviour. In addition, the paper deals with the last parliamentary elections, as well as the new government’s priorities, the challenges ahead and the key policy issues which remain a major talking point in the political and public debate, polarizing opposition, the coalition government and the public opinion in general.

Dr Thanos Dokos talks on Greek News Agenda on Erdogan’s Greece visit, 07/12/2017

ELIAMEP - Thu, 07/12/2017 - 13:45

Dr Thanos Dokos spoke with Greek News Agenda* about Turkish President Recep Tayyip Erdogan’s visit to Greece, Greek-Turkish relations today and their economic aspect, as well as EU-Turkey relations and Turkish foreign policy in the Middle East:

How would you describe Greek-Turkish relations today?

Greece has moved away from zero-sum game perceptions vis-à-vis Turkey and overall, the two countries are much better off today in terms of bilateral relations (including trade and people-to-people contacts) than they were a few years ago [before 1999 to be more precise]. Having said that, neither country has moved from their firm positions regarding ‘high politics’ issues and Greece and Turkey continue to perceive each other through a Hobbesian prism. Greek policy-makers are moving away from “zero-sum game” perceptions regarding Greek-Turkish relations, but scepticism and distrust continue to linger as Turkey insists on its revisionist policies. During the last few years Turkey has been conducting frequent low level overflights of Greek islets and islands whose sovereignty Ankara started disputing rather recently. Turkey’s political objective is to promote its claims regarding maritime zones in the Aegean. Challenging the sovereignty of inhabited islands is a highly escalatory and potentially destabilising policy of brinkmanship, however.

It seems unlikely that there will be major progress in the near future in fully normalizing bilateral relations. It would be more productive if the two sides explored ideas for confidence-building measures and functional interim solutions regarding overflights, air-space violations and dogfights.

Erdogan has already visited Greece in the past. This will be his first visit as President. In fact he will be the first Turkish president visiting Greece in 65 years. What do you think about the timing of the visit and which are the expected outcomes for both sides?

The visit is taking place at a time of President Erdogan’s choice. It is probably related to Turkey’s difficult relations with the majority of EU countries, as well as the US and the resulting diplomatic isolation. A state visit to Greece would be a good photo opportunity and a successful public relations exercise for the Turkish president, who is eager to show that he is still welcomed in an EU member state, despite the bilateral problems and his authoritarian style of government. For the Greek government the expectation is that this visit and the resulting good will, in combination with Ankara’s many foreign and domestic problems will lead to a period of lower tension between Greece and Turkey and perhaps better cooperation on the migration issue. Boosting economic cooperation is another expectation for the Greek side.

Are we to expect further progress in the field of economic cooperation between Greece and Turkey?

TheTurkish side has put on the table a few potentially interesting proposals for economic cooperation. Boosting economic ties would be important for both sides, as Turkey remains an export destination for Greece whose economy is still struggling with the economic crisis, whereas the Turkish economy has been slowing down after several years of impressive growth rates. Energy is another area of potential cooperation. Already there is a natural gas pipeline linking the two countries and another one, the Trans-Adriatic Pipeline (TAP), that will carry gas from Azerbaijan to Italy, via Turkey, Greece and Albania, is under construction. The Russian proposal for an extension of the so-called Turkish Stream (another proposed pipeline) through Greece and then to other European destinations will have to overcome the obstacle of difficult political relations between Russia and the West.

You believe that Turkey still wants to join the European Union or that it wishes to establish another kind of relation with the EU?  

President Erdogan has made every possible effort to cause tension with major EU countries and alienate Turkey’s Western partners and allies. As a result of undemocratic practices inside Turkey, a number of European policymakers and a majority of the members of the European Parliament have been asking for a formal suspension of Turkey’s accession negotiations. Greece is one of several EU member states believing that such a decision would be counterproductive as it would cause Turkey to drift further away from Western institutions. Turkey’s key role in the management of refugee/migration flows would make such a development rather costly for the EU. It would also be tantamount to ‘abandoning’ those in Turkey (probably 50% of the population) who are against undemocratic practices and support a closer relationship with the EU. Of course, any expectation that Turkey could join the EU in the foreseeable future would be unrealistic. The best both sides could aim for is a better working relationship that would allow more efficient cooperation in areas of common interest (or concern).

What is the Turkish foreign policy in the Middle East?

After decades of very selective engagement with the Middle East, AKP’s Turkey has been trying to increase its presence in the region, using mostly its soft power to increase its regional role and influence. A confrontational attitude towards Israel was intended to serve those objectives. The Arab revolts significantly disrupted Turkey’s Middle Eastern policies. Ankara then tried to play the Sunni card by supporting the Muslim Brotherhood in various Arab countries. This policy failed spectacularly in Egypt. Turkish support for the opposition in Syria also didn’t produce the expected results, as the Assad regime proved to be quite resilient. The situation became more complicated because of the emergence of ISIS and the support given to the Syrian Kurds by various powers. Turkey is currently struggling to prevent the emergence of autonomous Kurdish entities and is trying to re-define its relations with regional and global actors in the Middle East.

Source: Greek News Agenda

Afrique subsaharienne : pas de développement sans sécurité, et vice-versa ?

IRIS - Thu, 07/12/2017 - 11:39

Alors que s’est tenue la 5e édition du sommet Union africaine/Union européenne la semaine dernière, le véritable enjeu semble porter sur la situation sécuritaire au sein de la zone sahélo-saharienne et la création d’une force multinationale conjointe du G5 Sahel. Celle-ci sera d’ailleurs l’objet d’une rencontre internationale le 13 décembre prochain. Le point de vue de Serge Michailof, chercheur associé à l’IRIS, ancien directeur à la Banque mondiale et ancien directeur exécutif de l’Agence française de développement.

La 5e édition du sommet Union européenne / Union africaine d’Abidjan a placé la thématique sécuritaire au cœur des discussions, au premier rang desquelles, la lutte contre le terrorisme. Qu’en est-il de l’africanisation des politiques de sécurité et de défense par les organisations régionales ?

Dans l’immédiat, le véritable enjeu porte sur la zone sahélo-saharienne. La création d’une force multinationale conjointe des pays du G5 Sahel – comprenant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad – a constitué à ce titre, une initiative africaine importante. Il s’agit d’une véritable force d’intervention avec ses moyens propres. Actuellement la décision de constitution de cette force est actée, une partie des financements permettant son fonctionnement a été sécurisée.

Le budget initial qui portait sur un montant de 423 millions d’euros a été réajusté entre 220 et 250 millions, ce qui apparaît suffisant pour faire fonctionner cette force. Aujourd’hui, il y a une participation de la France en équipement et de l’Union européenne à hauteur de 50 millions d’euros, ce qui laisse penser que l’opérationnalisation ne devrait être qu’une question de mois.

Il importe également de mentionner la récente inflexion américaine sur le plan budgétaire, ainsi que le concours de l’Arabie Saoudite. Cela étant, si les Etats-Unis ont l’équivalent d’un bataillon entre le Mali, le Niger et la Mauritanie, leur veto concernant le rattachement de cette force sous l’égide de l’ONU montre que certains aspects ne sont pas encore clarifiés.

Une rencontre internationale aura lieu ce 13 décembre dans le but d’accélérer l’opérationnalisation de cette force conjointe du G5 Sahel. Que doit-on en attendre ?

Cette réunion du 13 décembre est essentiellement consacrée à la mobilisation des ressources financières nécessaires à son opérationnalisation. Les montant mobilisés devront avoir un aspect récurrent sur un temps correspondant à la durée d’engagement de cette force.

Les missions qui lui sont assignées sont assez claires : il s’agira de sécuriser les frontières et d’éviter leur perméabilité afin d’entraver la circulation des groupes armés. Sur le plan logistique, cette force conjointe bénéficiera de l’appui de l’opération Barkhane ainsi que de la Mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (MINUSMA).

Il faut néanmoins prendre conscience du fait que des opérations militaires ne règleront pas d’elles-mêmes le problème de la sécurité. Au-delà de l’élimination des groupes djihadistes, doit se mettre en place un appareil étatique et sécuritaire qui fait cruellement défaut au Mali, même s’il fait preuve d’une plus grande résilience dans les pays voisins.

En marge du sommet UE/UA, une réunion d’urgence a été organisée à l’initiative d’Emmanuel Macron pour apporter des solutions à court terme à la situation migratoire en Libye. Avec ou sans le soutien de la France, se dirige-t-on vers une intervention militaire interafricaine ?

Les déclarations du président Emmanuel Macron ont donné lieu à des interprétations diverses et variées. En réalité, on ne sait pas à l’heure actuelle ce qu’il a exactement en projet. Tout en sachant qu’il est plus judicieux qu’il ne précise pas plus ses intentions en la matière si intervention militaire il devait y avoir.

Il faut néanmoins se rendre compte de la difficulté d’une opération de ce genre. Le nombre de Subsahariens détenus et en attente d’une traversée de la Méditerranée est de l’ordre de 400 000 personnes. Or, au regard du contexte libyen, le défi logistique est gigantesque. Plusieurs options sont à mettre sur la table. Il pourrait s’agir d’une intervention à court terme, relativement symbolique de démantèlement de quelques camps de concentration privés pour montrer « qu’on fait quelque chose ». Mais il peut aussi s’agir d’une opération plus ambitieuse. Ceci dit le règlement de ce problème suppose la reconstitution d’un Etat libyen et la mise au pas des milices. Nous n’y sommes pas.

Tout cela est extrêmement compliqué et lorsque l’on interroge des militaires, ils sont très lucides sur l’ampleur des obstacles. Le Premier ministre libyen, Fayez el-Sarraj, ne contrôle véritablement que quelques quartiers de Tripoli et toute force qui se hasarderait au-delà de ce périmètre extrêmement restreint se heurterait à des milices lourdement armées. On se souvient de l’échec Américain en Somalie. Ce type d’expédition est difficile si l’on ne peut négocier avec les milices. Les profits des réseaux mafieux qui gèrent le trafic des migrants est estimé à environ 4 milliards de dollars. C’est donc un gros business qu’il s’agit de démanteler, sans doute le plus rentable avec le trafic de cocaïne qui vient d’Amérique latine et qui transite par la Libye. Il est à craindre que les protecteurs locaux de ces « business » ne se laissent pas faire sans résister. En revanche un travail de police dans les pays de départ devrait assez aisément permettre d’identifier les têtes de réseau et de les démanteler.

M. Trump et Jérusalem – un nouveau signal de désengagement américain des affaires du Proche-Orient ?

Institut Montaigne - Thu, 07/12/2017 - 10:14
M. Trump et Jérusalem – un nouveau signal de désengagement américain des affaires du Proche-Orient ? Institut Montaigne jeu 07/12/2017 - 10:14

En reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et en lançant le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, le président Trump a donc rompu avec la politique de tous ses prédécesseurs – et s’est écarté du consensus interna

France, UE, Chine : quelles relations ?

IRIS - Thu, 07/12/2017 - 09:51

ZHU Jing est directeur général adjoint du département européen du ministère des Affaires étrangères chinois. Il répond à nos questions à l’occasion de son intervention dans le cadre de la première édition du Forum de Paris portant sur « Les nouvelles routes de la soie » organisée par l’IRIS et l’Ambassade de Chine en France, le 29 novembre 2017 :

– Comment définir les relations qu’entretiennent la Chine et l’Union européenne à l’heure actuelle ?
– L’initiative de « la ceinture et la route » constitue-t-elle l’opportunité d’une impulsion nouvelle au partenariat Chine / UE ?
– Un accord-cadre a été signé lors du 19ème sommet Chine / UE. Quels sont les projets concrets qui en ressortiront ? De nouvelles initiatives sont-elles en cours ?

Syria’s Reconstruction Scramble

SWP - Thu, 07/12/2017 - 00:00

By November 2017, as the civil war abated and the so-called Islamic State (IS) was all but defeated, Moscow increased its efforts to reach what it regards as conflict resolution in several fora beyond the UN-led Geneva process. Moreover, as the US administration made it clear that it would not be engaging in reconstruction efforts, Russia has sought European financial assistance to help cover the costs of rebuilding the country, together with Arab Gulf states. Although the European Union had, in April 2017, ruled out support for reconstruction without a political transition, calls have now been mounting in Europe to accommodate Bashar al-Assad, help in the reconstruction of Syria, and send back refugees. Yet, the fighting is far from over. More importantly, the mere reconstruction of physical infrastructure would do little to instill stability, but would rather raise the risk of fueling new conflicts. Europeans should therefore make clear to Russia that they will stick with their own approach. They should play the long game and develop leverage to make future contributions serve state- and peace-building purposes. Meanwhile, they should focus on increased levels of humanitarian aid, early recovery measures, such as de-mining and restoring basic water and health infrastructure, building human capital in Syria and among Syrian refugee communities, in addition to concentrating on civil society and local governance support where they have credible partners.

Trumps Wirtschaftspolitik im Zeichen der Midterm Elections

SWP - Thu, 07/12/2017 - 00:00

Im November 2018 geben die US-Wählerinnen und -Wähler bei den Midterm Elections das erste Mal ihr Votum darüber ab, wie zufrieden sie mit ihrem Präsidenten, Donald Trump, und der Republikanischen Regierung sind. Im Vorfeld dieser Wahlen zum US-Kongress, die nach der ersten Hälfte der Amtszeit des Präsidenten stattfinden, gerät Trump zusehends unter Druck: Er muss politische Erfolge vorweisen. Das gilt nicht nur, aber vor allem auch für jene Wirtschaftsthemen, mit denen er im Präsidentschaftswahlkampf punkten konnte: massive Steuersenkungen, eine aggressive Handelspolitik und die Deregulierung der Finanzmärkte. Trump könnte versuchen, mit einer harten Linie in der Außenpolitik und wirtschaftlichen Muskelspielen, auch gegenüber Partnerländern, sein Profil als durchsetzungsstarker Staatsmann zu schärfen. Im Wahlkampfjahr 2018 müssen sich die EU und Deutschland daher auf außen- und wirtschaftspolitische Konflikte mit den USA einstellen. Unmittelbar negativ würden sich US-Strafzölle auf europäische Stahlimporte und neue US-Sanktionen gegen Russland und Iran auswirken. Langfristig schaden könnten der EU die geplante Steuerreform, die politische Vereinnahmung der Geldpolitik und die Aussetzung strenger Finanzregeln.

Mali und G5: Ertüchtigung des Sicherheitssektors

SWP - Thu, 07/12/2017 - 00:00

Während sich die Sicherheitslage in Mali und seinen Grenzgebieten stetig verschlechtert, hat die neue »gemeinsame Truppe« (Force Conjointe, FC) der G5-Sahel-Staaten Mitte November ihre erste Militäroperation abgeschlossen. Sie soll einen regionalen Beitrag zum Kampf gegen Terrorismus und Kriminalität leisten. Am 13. Dezember wird in Paris eine Geberkonferenz stattfinden, um weitere finanzielle Unterstützung und Ausstattungshilfe für die FC zu mobilisieren. Bei diesem Vorhaben sind Deutschland und die EU an der Seite Frankreichs stark engagiert. Die Anstrengungen, regionale Streitkräfte zu befähigen, sind aber mit Problemen behaftet: Die internationalen Partner ziehen einen Capacity-Building-Ansatz, der auf kurzfristige Erfolge ausgerichtet ist, einer Reform des Sicherheitssektors vor und verfolgen keine abgestimmte Strategie. Mali wiederum hält am Status quo fest und ist nicht bereit, politische Eigenverantwortung zu übernehmen.

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