You are here

Diplomacy & Crisis News

Alliance conservatrice à l'ombre de la menace djihadiste

Le Monde Diplomatique - Fri, 25/11/2016 - 15:32
Chris Huby. – « La route du djihad ». Jeune homme s'apprêtant à partir en Syrie, Kasserine, 2013 Haytham Pictures

En dépit de la douceur exceptionnelle de ce début d'hiver, une humeur maussade flotte dans l'air de Tunis. La vie continue, mais la joie des semaines qui suivirent la chute du régime de M. Zine El-Abidine Ben Ali, en janvier 2011, s'est dissipée. La Tunisie a connu une année 2015 éprouvante, durant laquelle elle a subi trois attentats majeurs revendiqués par l'Organisation de l'Etat islamique (OEI) contre des cibles emblématiques du tourisme et de l'Etat (1). Conséquence : la saison touristique s'achève sur un bilan catastrophique. Les entrées de janvier à novembre ont diminué de 26 % et les recettes, de plus de 33 % par rapport à l'année précédente. La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait être quasiment nulle. Et, pour l'année 2016, rien ne permet d'espérer que la conjoncture offrira des perspectives d'amélioration sociale à des Tunisiens épuisés par l'augmentation des prix et par la persistance d'un chômage massif.

Les plus grosses préoccupations sont directement liées à l'évolution de la crise libyenne. Quelle que soit l'issue du dialogue national entre les deux pouvoirs de Tobrouk et de Tripoli (2), la perspective d'une intervention étrangère contre les bases de l'OEI autour de Syrte semble se préciser, avec ou sans la formation d'un gouvernement libyen d'union pour donner son aval. Les accords entre tribus qui stabilisent plus ou moins le contrôle de la frontière avec la Tunisie seront encore fragilisés, la rendant plus poreuse aux répercussions économiques et politiques d'un conflit ouvert en Libye. L'un des cauchemars des autorités serait de voir s'ajouter à des protestations sociales dans le Sud le surgissement de partisans de l'Etat islamique susceptibles de travailler de concert avec les réseaux de contrebande.

Si la Tunisie, officiellement partenaire stratégique de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) depuis juillet 2015, est mise à contribution, elle se retrouvera en première ligne en cas de représailles. Dans une dramatisation quelque peu maladroite, mais révélatrice de l'inquiétude qui règne dans les cercles du pouvoir, le président Béji Caïd Essebsi avait déclaré au lendemain de l'attentat de Sousse : « Si une troisième attaque survient, l'Etat s'effondrera. » Il a pourtant survécu à l'attentat qui s'est produit le 24 novembre en plein cœur de la capitale. Mais il reste à savoir si le dispositif politique mis en place depuis les élections de fin 2014 (législatives en octobre et présidentielle en novembre et décembre) résistera aux chocs de l'année 2016.

En prévision des turbulences qui s'annonçaient, les partenaires internationaux de la Tunisie avaient encouragé une alliance entre les deux pôles opposés de l'échiquier politique tunisien : Nidaa Tounès, qui se revendique de l'héritage de Habib Bourguiba, cimenté dès sa création en 2012 par la volonté de contrer l'hégémonie des islamistes, et Ennahda, vainqueur de l'élection de 2011, qui a dû quitter le pouvoir après la crise de fin 2013. En février 2015, les deux adversaires d'hier ont formé ensemble une coalition gouvernementale. Un choix sans surprise, convenu probablement dès la rencontre des dirigeants des deux formations, en août 2013. Cette coalition « large et inclusive », pour reprendre les éléments de langage diplomatiques, semblait confortée par l'arithmétique parlementaire : avec 86 sièges pour Nidaa Tounès et 69 pour Ennahda sur un total de 217, les deux partis peuvent en théorie se passer de l'appui de leurs deux alliés, les 16 élus de l'Union patriotique libre (UPL) et les 10 d'Afek Tounes. Elle a été surtout encouragée par les partenaires étrangers de la Tunisie : les Etats-Unis, l'Europe et l'Algérie.

Cet attelage pour temps de crise tient-il ses promesses ? En dépit de la majorité confortable dont il dispose, il semble à la peine. « Le vrai soubassement de ce gouvernement, c'est le compromis entre les partis. Ce n'est pas un projet de réforme démocratique et sociale », déplore le politologue Larbi Chouikha (3). Un an après son arrivée au pouvoir, la coalition s'apprête seulement à proposer un plan d'action quinquennal.

Les bailleurs de fonds internationaux attendaient une réforme du secteur bancaire (votée en juillet 2015), du code de l'investissement, de l'administration, de la fiscalité, et l'introduction du partenariat public-privé (votée en décembre 2015). Mais, entre les injonctions étrangères d'ouvrir les marchés, les impératifs sociaux et les intérêts des clans qui ont investi les circuits de décision économiques, la réforme marque le pas, tandis que, selon une étude récente du ministère des finances, l'économie informelle représente désormais 53 % du PIB.

Dans les milieux économiques, on s'exaspère de l'incapacité de la nouvelle majorité à clarifier l'accumulation des dispositifs issus de la révolution : les quelque 350 dossiers ouverts par la commission d'enquête de 2011 sur la corruption (4), les processus de confiscation au périmètre mal défini lancés eux aussi en 2011, le système d'arbitrage de l'Instance vérité et dignité formée en juin 2014… La présidence n'est pas parvenue à faire passer son projet de « réconciliation économique », politiquement difficile à défendre et juridiquement mal ficelé, dont l'objectif est de permettre aux hommes d'affaires et aux fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption ou de détournement de fonds publics d'être exonérés de toute poursuite moyennant un arbitrage.

Le gouvernement fâche aussi les milieux « modernistes », qui ont fourni la caution intellectuelle à la montée de Nidaa Tounès et qui s'estiment trahis par l'inclusion des islamistes dans la coalition. Le ministre de la justice Mohamed Salah Ben Aïssa, figure de cette mouvance, a en outre été limogé. Seule avancée : la possibilité pour une mère de voyager avec ses enfants sans autorisation paternelle. Mais rien sur la dépénalisation de la consommation de cannabis, promise par le candidat Essebsi. Véritable outil de répression sociale entre les mains de la police à l'encontre des jeunes des quartiers populaires, cette prohibition sacrifie chaque année l'avenir de milliers d'entre eux, condamnés à la prison. Par ailleurs, le 10 décembre dernier, six étudiants de Kairouan ont été condamnés pour homosexualité à trois ans de prison suivis de cinq ans d'interdiction de séjour dans leur ville d'origine. Plus généralement, aucun calendrier n'a été établi pour mettre le code pénal en conformité avec les normes de la nouvelle Constitution en matière de discriminations, de droit à un environnement sain (5)…

Les défaillances sécuritaires révélées par l'attentat de Sousse ont montré que le ministère de l'intérieur, quoique redouté, était une institution faible, divisée en clans rivaux. Il lui manque toujours une procédure de discipline interne susceptible d'empêcher les exactions auxquelles se livrent des agents encore marqués par la mentalité d'un régime policier : mauvais traitements, torture, racket (6). La priorité accordée à la lutte contre le djihadisme a redonné les coudées franches à une institution policière dont une frange non négligeable considère « révolution », « démocratie » et « liberté » comme des synonymes de « terrorisme » et pense tenir sa revanche après des années de discrédit.

Tout cela engendre une série de malaises dont les Tunisiens ne peuvent identifier clairement les responsables. Le fonctionnement même des institutions crée le sentiment d'un pouvoir diffus, sans véritable moteur. Théoriquement, il devrait s'agir d'un régime parlementaire rationalisé, sur lequel pèse néanmoins une tradition présidentialiste, voire autocratique. S'il a du poids, le chef de l'Etat n'est pas aux commandes. Faute d'une majorité construite sur un programme, le premier ministre choisi, M. Habib Essid, a le profil d'un serviteur de l'Etat plutôt que d'un véritable dirigeant politique. Quant à l'Assemblée des représentants du peuple, « elle a aussi peu de moyens qu'un Parlement de dictature », assène Mme Ons Ben Abdelkarim, présidente de l'association Al-Bawsala, qui a mis en place un observatoire de l'activité parlementaire et dont la cofondatrice, Mme Amira Yahiaoui, a reçu en 2014 le prix pour la prévention des conflits de la fondation Jacques-Chirac. « Il n'y a pas assez de salles pour les commissions, aucun appui technique pour les députés. Cette assemblée n'a aucun pouvoir d'initiative. Quand elle a amendé le projet de loi sur l'accès à l'information pour restreindre la portée des exceptions, le gouvernement l'a retiré, avant de le réintroduire dans sa version initiale. »

A ce flou institutionnel s'ajoute une reconfiguration laborieuse des partis sur lesquels repose la coalition. Tous deux ne sont dotés que d'une culture démocratique récente et restent dépositaires d'un héritage qu'il leur faut réactualiser : une vision bourguibienne et dirigiste de l'Etat pour Nidaa Tounès ; une combinaison de la pensée traditionaliste et du projet des Frères musulmans pour Ennahda.

Parti central du pouvoir, Nidaa Tounès se déchire sous les yeux d'une opinion médusée. Le parti s'est construit comme une machine électorale autour d'une référence moderniste sans projet. Il s'est constitué par vagues successives issues de la gauche, du syndicalisme, des milieux d'affaires et des cadres de l'ancien Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président Ben Ali. Il se retrouve livré au jeu des ambitions rivales maintenant que son fondateur a été porté au pouvoir, et sans ligne politique depuis que, par réalisme, l'objectif d'écarter Ennahda a été abandonné. Dans cette formation toute jeune, aucune structure ne semble en mesure de gérer les contradictions internes.

Secrétaire général de Nidaa Tounès, un temps considéré comme le dauphin, M. Mohsen Marzouk est tombé en disgrâce au profit du fils du chef de l'Etat, M. Hafedh Caïd Essebsi, qui bénéficie de l'appui des plus proches conseillers du président, des coordinateurs régionaux, des anciens notables du RCD et des poids lourds du gouvernement. Gros bras et contrôles fiscaux : dans cette lutte toujours en cours, tous les coups sont permis. S'y jouent aussi ouvertement les rivalités entre les grandes fortunes et les clans économiques de Tunis, de Sousse et de Sfax. Les partisans de M. Marzouk, soutenu par une trentaine de députés, entendent aussi incarner un projet plus proche de l'esprit initial, comme l'explique Mme Bochra Bel Hadj Hamida, une élue dissidente : « Ils veulent un parti conservateur ; nous voulons un parti progressiste. Ils veulent reproduire le même système de partis qu'avant, avec l'appui d'Ennahda, sur la base d'une réconciliation historique, pour faire main basse sur l'Etat et l'économie. »

Du côté d'Ennahda, on affiche beaucoup plus de sérénité. Les débats internes sont gérés par un appareil rodé, capable d'organiser de larges consultations. La loyauté envers le parti empêche que les éclats de voix ne s'entendent à l'extérieur. La formation se prépare à un dixième congrès, conçu pour être celui du renouvellement doctrinal et stratégique, début 2016. « Ennahda a entamé une mutation profonde, explique M. Abdelhamid Jelassi, président du majlis al-choura, l'instance délibérative. Il nous faut du temps pour transformer un parti de contestation, autrefois clandestin et réprimé, en un parti de gouvernement. Après quarante ans de confrontation avec l'“Etat profond”, la prison, la torture, nos militants ont développé une certaine défiance. Nous sommes maintenant dans un contexte de coopération. Il faut travailler sur ces réflexes et théoriser cette nouvelle réalité. » Les mânes d'Abdelaziz Thaalbi, figure ancestrale du mouvement national écartée par Bourguiba dans les années 1930, sont invoqués pour inscrire le rapprochement entre destouriens et islamo-conservateurs dans une filiation commune, afin de fonder une alliance que certains cadres d'Ennahda voient se prolonger sur dix ou quinze ans.

En dépit de sa loyauté sans tache envers le gouvernement et de ses efforts évidents pour s'adapter à la nouvelle situation, le parti islamiste ne parvient pas à lever la méfiance de ses ennemis politiques. Son projet est-il toujours d'islamiser les normes collectives ? Quelle influence conserveront les militants attachés à la dimension religieuse la plus conservatrice ? Mais le plus embarrassant pour lui demeure la question lancinante de sa responsabilité, quand il était au pouvoir, en 2012 et 2013, dans la progression du salafisme djihadiste. L'aile la plus éradicatrice de la gauche milite pour que les responsables de l'époque soient traduits en justice ; sa figure emblématique est Mme Besma Khalfaoui, veuve du dirigeant politique de gauche Chokri Belaïd, assassiné le 6 février 2013.

L'accord conclu avec le président Essebsi maintient Ennahda à l'abri de ces mises en accusation. Mais plus le crédit du gouvernement s'use, plus les actions terroristes ravivent les passions anti-islamistes et mettent à l'épreuve les bases de la coalition. L'appareil sécuritaire renforce son autonomie dans le traitement du djihadisme. Il revient à ses anciennes méthodes et obtient le rappel de ses anciens cadres.

Une autre force politique peut-elle émerger, disposer d'un réseau national de militants, obtenir des soutiens financiers pour conquérir le pouvoir ? Dans l'état actuel du pays, probablement pas une force de gauche : « Ceux qui étaient marginalisés nous ont libérés, mais, depuis, ils ont été écartés. La gauche a délaissé les quartiers populaires. Nous n'étions pas préparés, et les gens de l'ancien régime l'ont compris : ils ont repris leurs places dans le monde politique, l'administration, les médias… », déplore M. Abderrahman Hedhli, coordinateur du Forum des droits économiques et sociaux — et, à ce titre, l'un des principaux organisateurs des deux éditions du Forum social mondial, à Tunis en 2013 et en 2015. « Notre erreur a été de ne pas chercher un consensus, de la gauche à Ennahda, sur les principales réformes, juste après le 14 janvier. Nous avons laissé passer ce moment. Il n'y aura pas d'autre révolution. »

L'apathie populaire en Tunisie a toujours laissé les chercheurs perplexes : consentement tacite au pacte de sécurité ? désaffiliation à l'égard d'un Etat incapable de fournir les services essentiels et peu respectueux de ses citoyens (lire « Kasserine ou la Tunisie abandonnée ») ? ou bien protestation sourde, prête à se muer à nouveau un jour en émeute ?

En attendant, l'espace politique semble saturé par l'obsession du djihadisme, qui, s'il devait intensifier son activité en Tunisie, créerait des conditions favorables à l'achèvement d'une restauration autoritaire. Seules les initiatives qui ont éclos dans les interstices ouverts par la révolution continuent de porter désormais un espoir de transformation sociale.

(1) Vingt et un touristes ont été tués au musée du Bardo (18 mars), 39 dans un hôtel de Sousse-Al-Kantaoui (26 juin) et 12 agents de la garde présidentielle sont morts dans l'explosion d'un bus à Tunis (24 novembre).

(2) Lire Patrick Haimzadeh, « En Libye, ce n'est pas le chaos, c'est la guerre », Le Monde diplomatique, avril 2015.

(3) Larbi Chouikha et Eric Gobe, Histoire de la Tunisie depuis l'indépendance, La Découverte, coll. « Repères », Paris, 2015.

(4) Le 13 janvier 2011, la veille de son départ, M. Ben Ali avait promis la formation de trois commissions, deux chargées d'enquêter sur la corruption et la répression, et l'autre de préparer une réforme politique.

(5) « Le travail législatif à l'épreuve de la Constitution tunisienne et des conventions internationales » (PDF), Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Tunis, décembre 2015.

(6) « Réforme et stratégie sécuritaire en Tunisie » (PDF), International Crisis Group, rapport Moyen-Orient- Afrique du Nord, no 161, Bruxelles, 23 juillet 2015.

L'austérité est le seul remède à la crise

Le Monde Diplomatique - Thu, 24/11/2016 - 22:32

Dans l'Allemagne du chancelier Brüning, le Chili du général Pinochet ou le Portugal de Salazar, partout où elle fut appliquée, l'austérité a produit l'inverse des effets annoncés : loin de relancer la croissance, elle a fragilisé les populations, déstabilisé les sociétés et affaibli les économies. Mais l'Union européenne n'en démord pas : la rigueur est le remède miracle contre la crise des finances publiques.

Photographie de Stefania Mizara, 2012. 
En Grèce, dans la banlieue d'Athènes, le centre médico-social d'Hellinikon permet à des familles privées de couverture sociale de se faire soigner gratuitement.

« Rien ne pourra se faire de crédible sans une coupe dans les dépenses publiques », écrivait en 2011 un éditorialiste du Figaro. Deux ans plus tard, sur Europe 1, un autre commentateur abondait dans ce sens, prônant « la baisse des dépenses de santé, le recul des crédits aux collectivités locales et, surtout, plus de réformes structurelles pour la compétitivité ». Depuis le début de la « grande récession » (lire Naissance de l'économie de spéculation), nombre de journalistes, dirigeants politiques, économistes s'emploient à présenter l'austérité – c'est-à-dire la diminution des dépenses publiques – comme la condition nécessaire du retour à la croissance. La rengaine est connue : le fardeau que la dette ferait peser sur les générations futures obligerait au sacrifice de tous et à l'effort de chacun.

Pourtant, partout où elle est mise en œuvre, l'austérité produit l'inverse des effets annoncés. Elle perpétue la récession, accroît le niveau de dette publique et creuse les déficits. Entre 2008 et la fin de l'année 2013, le produit intérieur brut (PIB) de l'Italie a chuté de 8,3 % ; celui du Portugal, de 7,8 % ; celui de l'Espagne, de 6,1 %. Quant à la dette publique, depuis 2007, elle est passée de 25 % du PIB à 117 % en Irlande ; de 64 % à 103 % en France ; de 105 % à 175 % en Grèce. Tous ces pays sont des adeptes de la rigueur.

La « troïka » a favorisé la mise en place d'un gouvernement technocratique en Italie.

La baisse des prestations sociales, la diminution (relativement à l'inflation) des salaires et le gel des embauches des fonctionnaires – les trois principales formes de l'austérité – ont également contribué à l'augmentation du chômage. Situé autour de 12 % dans l'Union européenne, le taux de chômage s'élève, en Grèce, à 27,9 % en 2013 contre 10 % en 2007 ; en Espagne, à 26,7 % contre 7,3 % ; au Portugal, à 16 % contre 6,1 % ; et en Irlande, à près de 15 % contre 4,7 %. Conséquence : l'austérité grippe la consommation, l'un des principaux moteurs de l'activité, et affecte jusqu'à la santé des peuples : en Grèce, la baisse de 23,7 % du budget du ministère de la santé entre 2009 et 2011 s'est accompagnée d'une recrudescence de certaines maladies – les cas d'infections au virus de l'immunodéficience humaine (VIH/sida) ont par exemple augmenté de 57 % entre 2010 et 2011. Le nombre des suicides s'est envolé, quant à lui, de 22,7 %.

Photomontage de Boris Séméniako, d'après le tableau de Pérugin « L'Adoration des bergers » (1510).

Les dirigeants ne retiennent pas grand-chose de l'histoire. Dans les années 1930 déjà, les programmes de déflation menés par Pierre Laval en France, Ramsay MacDonald au Royaume-Uni et le chancelier Heinrich Brüning en Allemagne avaient paupérisé les peuples européens. De même, après l'éclatement de l'Union soviétique en 1991, les coupes budgétaires avaient donné lieu à une véritable saignée : l'espérance de vie masculine chuta de 64 à 57 ans entre 1991 et 1994.

D'autres politiques seraient possibles : augmenter les salaires et l'investissement public pour relancer l'investissement (une méthode appliquée, avec un certain succès, dans l'Amérique du New Deal), annuler les « dettes illégitimes », ou encore nationaliser le système bancaire. Mais rares sont les gouvernements qui, en Europe, osent s'aventurer sur ces sentiers inusités : la pression des institutions financières internationales est jugée trop forte.

Jadis imposée par des dictatures, comme dans le Portugal d'António de Oliveira Salazar (1932-1968) ou dans le Chili d'Augusto Pinochet (1973-1990), l'austérité est aujourd'hui orchestrée par le « talon de fer » d'organismes supranationaux non élus. En Grèce et au Portugal, la « troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international [FMI]) a envoyé ses agents dans chaque ministère pour contrôler les dépenses publiques.

En Italie, elle a favorisé la mise en place du gouvernement technique de Mario Monti (2011-2013). En mars 2014 en Ukraine, dans un contexte de très grande instabilité politique, le FMI impose le gel des retraites et la baisse de 10 % des effectifs de la fonction publique. Enfin, l'entrée en vigueur du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) en 2013 a soumis les Etats membres de l'Union européenne à un contrôle a priori sur leurs budgets. Limitant à 0,5 % du PIB le déficit budgétaire autorisé pour les Etats – contre 3 % précédemment –, cette « règle d'or » interdit toute politique de relance de l'activité.

Manuel scolaire italien

A l'unisson des principaux médias et commentateurs du pays, ce manuel italien publié en 2008 ne voit d'autre solution que l'austérité pour sortir de la crise.

En réalité, la cure d'austérité financière imposée par le traité de Maastricht n'a fait que révéler (contribuant ainsi à les corriger) quelques caractéristiques qui pénalisent les économies du Vieux Continent depuis longtemps (…) et le rendent peu compétitif par rapport aux marchés asiatiques et nord-américains : l'excès de dépenses publiques (…) ; le caractère non durable, sur le plan financier, des systèmes de sécurité sociale (…) ; la rigidité du marché du travail, davantage guidé par la préservation des acquis que par la volonté de créer de nouvelles possibilités pour les jeunes et les chômeurs.

Today’s thoughts: Losing my religion

Foreign Policy - Thu, 24/11/2016 - 16:52
It seems like a natural war story even a mundane one: young, idealistic soldier, full of vigor and faith goes to war and loses that faith because war is hell … blah, blah, blah. But it’s not something we discuss often.

Le parti des misogynes

Le Monde Diplomatique - Thu, 24/11/2016 - 12:50
Soyez ménagères Dans La Pornocratie ou les femmes dans les temps modernes, Pierre-Joseph Proudhon écrit : « Je regarde comme funestes et stupides toutes nos rêveries d'émancipation de la femme. Je lui refuse toute espèce de droit et d'initiative politique. Je crois que, pour la femme, la liberté et le bien-être consistent uniquement dans le mariage, la maternité, les soins domestiques, la fidélité de l'époux, la chasteté et la retraite. » (…) « L'égalité politique des deux sexes, c'est-à-dire l'assimilation de la femme à l'homme dans les fonctions publiques, est un de ces sophismes que repoussent non pas seulement la logique, mais encore la conscience humaine et la nature des choses. » Il conseille aux femmes : « Soyez donc ce qu'on demande de vous : douce, réservée, renfermée, dévouée, laborieuse, chaste, tempérante, vigilante, docile, modeste, et nous ne discuterons pas vos mérites. Et que l'énumération de tant de vertus ne vous effraie pas : c'est toujours la même au fond qui vous revient : soyez ménagères, le mot dit tout. »

Pierre-Joseph Proudhon, La Pornocratie ou les femmes dans les temps modernes 1875, cité par Béatrice Bottet, dans Le p'tit dico de la misogynie Multitudes, Paris, 2002.

Témérité Dans le chapitre 3 du livre III des Essais (1588), Montaigne écrit : « Le monde n'a rien de plus beau ; c'est à elles d'honorer les arts et de farder le fard. (…) Quand je les voy attachées à la rhétorique, à la judiciaire, à la logique et semblables drogueries si vaines et inutiles à leur besoing, j'entre en crainte que les hommes qui le leur conseillent, le facent pour avoir loy de les regenter soubs ce tiltre. Car quelle autre excuse leur trouverois-je ? Baste qu'elles peuvent, sans nous, renger la grace de leurs yeux à la gaieté, à la severité et à la douceur, assaisonner un nenny de rudesse, de doubte et de faveur, et qu'elles ne cherchent point d'interprete aux discours qu'on faict pour leur service. Avec cette science, elles commandent à baguette et regentent les regens et l'eschole. Si toutesfois il leur fâche de nous ceder en quoy que ce soit, et veulent par curiosité avoir part aux livres, la poësie est un amusement propre à leur besoing ; c'est un art follastre et subtil, desguisé, parlier, tout en plaisir, tout en montre, comme elles. Elles tireront aussi diverses commoditez de l'histoire. »

Francis Jeanson, Montaigne par lui-même Seuil, 1954.

Névrosée A la fin de sa vie, dans La Féminité, Sigmund Freud écrit : « Peut-être la femme parviendra-t-elle à gagner sa vie comme les hommes. Je crois que toutes les réformes législatives et éducatives échoueraient du fait que, bien avant l'âge où un homme peut s'assurer une situation sociale, la nature a déterminé sa destinée en terme de beauté, de charme et de douceur (…). Le destin de la femme doit rester ce qu'il est : dans sa jeunesse, celui d'une délicieuse et adorable chose ; dans l'âge mûr, celui d'une épouse aimée... L'envie de réussir chez une femme est une névrose, le résultat d'un complexe de castration dont elle ne guérira que par une totale acceptation de son destin passif. (…) L'œuvre de civilisation est devenue, de manière croissante, l'affaire des hommes ; elle les a confrontés à des tâches plus difficiles et les a conduits à mener à bien les sublimations intellectuelles dont les femmes sont peu capables. »

Sigmund Freud, La Féminité 1932, livre non réédité. Cité par Benoîte Groult, dans Cette mâle assurance Albin Michel, Paris, 1993.

Pas de loge féminine Le journal La République maçonnique écrit le 23 octobre 1881 : « Depuis quelque temps déjà, quelques maçons de différentes obédiences font une campagne dont l'initiation de la femme est le but. Cette campagne part d'un principe erroné, d'une idée fausse : l'égalité de l'homme et de la femme. Non, la femme n'est pas égale de l'homme, non, il n'y a égalité ni morale ni physique entre ces deux êtres. Peut-on dire que l'Océan soit égal de l'Himalaya ? Peut-on dire que le noir soit égal au blanc ? Peut-on établir une égalité entre deux quantités non comparables ? Bien entendu nous ne sommes pas de ceux qui pensent que la femme est un être inférieur que la nature a fait pour l'esclavage ou pour le servage, et il y a longtemps que l'humanité a rompu avec ces théologiens qui se demandaient sérieusement si la femme avait une âme. (…) Chacun a un rôle distinct et spécial. A l'homme l'action extérieure, à lui les luttes de la vie et de la tribune ; à lui le côté actif et brillant et peut-être un peu superficiel. A la femme l'action lente, douce et persévérante du foyer. A elle d'être le conseiller avant la bataille, la consolatrice après la défaite, la récompense après la victoire… »

Cité dans La Démocratie « à la française » ou les femmes indésirables (sous la direction d'Eliane Viennot), Publication de l'université Paris-VII, coll. « Cahiers du Cedref », Paris, 2002.

Misogynie ouvrière En septembre 1917, le comité fédéral CGT des métaux adopte à l'unanimité la motion suivante : « Le comité déclare que l'introduction systématique des femmes dans l'atelier est en opposition absolue avec la création et l'existence du foyer et de la famille. Il estime en principe que l'homme doit obtenir de son travail la possibilité d'assurer la subsistance de son foyer et d'élever dignement ses enfants. (…) Il affirme donc que l'absorption de plus en plus généralisée de la femme par toutes les industries est en contradiction flagrante avec l'incitation à la procréation. Le comité fédéral décide cependant de faire toute la propagande nécessaire pour organiser syndicalement la femme et qu'il ne serait pas de bonne tactique de les grouper à part des organisations formées par des hommes. » En 1919, le bureau national de la CGT estime que « la place naturelle de la femme est au foyer, et vouloir l'astreindre aux travaux de l'atelier, c'est courir à la destruction de la famille ». La CFTC et les nombreuses associations catholiques sociales partent à la reconquête de la classe ouvrière en insistant sur ce thème.

Françoise Thébaud et Christine Bard, dans Un siècle d'antiféminisme, op. cit.

Royalistes et papistes « Tous les philosophes affirment que la faculté dominante de nos compagnes, c'est l'assimilation. Presque toujours la femme d'un homme éminent semble supérieure. Dans tous les cas, elle s'imprègne de lui d'une étrange façon. Elle prend ses idées, ses théories, ses opinions. La femme n'a ni rang, ni caste, ni classe : elle sait devenir ce qu'il faut qu'elle soit selon le milieu où elle se trouve. Il existe aujourd'hui des femmes athées, des femmes libres penseuses. Elles le sont avec violence comme elles seraient dévotes. Celles-là ont épousé des libres-penseurs. La femme devient ce que l'homme la fait. (…) Si les femmes votent, disait-on, rien ne sera changé dans le résultat final des suffrages, chaque femme devant fatalement représenter l'opinion de son maître, ou, si elle n'est pas mariée, celle de son père ou de ses frères. Ce raisonnement cependant ne semble pas tout à fait juste. La femme, sensiblement inférieure à son mari, le subit devient son reflet. Mais quand elle lui est égale, ce qui est fréquent, elle échappe totalement à son influence (…). Donc, donnez aux femmes les droits politiques ; et c'est le plus sûr moyen de rétablir chez nous la monarchie, avec le pape comme souverain temporel. »

Guy de Maupassant, « Gil Blas, 16 août 1882 », dans Chroniques 2 UGE 10/18, Paris, 1993.

Anatomie Selon le dramaturge suédois August Strindberg « le cerveau de la femme présente moins de circonvolutions que celui de l'homme et chez elle la substance grise est plus légère que chez l'homme. Au contraire, ses nerfs sont plus forts, ainsi qu'on le remarque chez l'enfant. D'où sa faculté de pouvoir supporter plus facilement certaines douleurs physiques, en quoi elle ressemble au sauvage et cela prouve aussi qu'elle a un système nerveux plus grossier. (...) Des anthropologues ont trouvé - ce qui a été confirmé par des explorateurs africains - que le crâne de la femme blanche se rapproche de celui du nègre et que le crâne d'une négresse est inférieur à celui d'un Noir. La conclusion serait donc que le crâne de la femme blanche se rapproche d'un type de crâne qui rappelle une race inférieure ».

August Strindberg, De l'infériorité de la femme 1893, cité par Béatrice Bottet, dans Le p'tit dico de la misogynie Multitudes, Paris, 2002.

Florilège « La femme est à l'homme ce que l'Africain est à l'Européen et le singe à l'humain » écrit l'anthropologue Paul Topinard (1830-1911). Et Gustave Le Bon (1841-1931), initiateur de la psychologie des foules : « On ne saurait nier, sans doute, qu 'il existe des femmes très distinguées, très supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi exceptionnels que la naissance d'une monstruosité quelconque. » Baudelaire (1821-1867) s'inquiète de «  l'invasion » des femmes aux Salons de peinture, tandis que Gustave Moreau (1826-1898) s'esclaffe devant les toiles de Marie Bashkirtseff (1858-1884), « pauvre idiote enflammée, pauvre concierge exaltée ». Le socialiste révolutionnaire Gustave Hervé (1871-1944) récuse le vote des femmes ; certes, « il est juste, démocratique (…), mais le geste est laid. Et nous n'en voulons pas. » Léon Daudet (1867-1924) accepte certaines avancées des femmes, à condition qu'elles gardent leur féminité : « La femme ne doit pas se faire le singe de l'homme. La masculinisation de la femme serait un fléau pour toute la civilisation et pour elle-même. Car elle y perdrait son ascendant et son prestige. Qu 'elle se fasse doctoresse, avocate, suffragette, ministresse, tout ce qu 'elle voudra ; mais qu'elle reste femme. »

Michelle Perrot, dans Un siècle d'antiféminisme sous la direction de Christine Bard, Fayard, Paris, 1999.

Féministe et anti-suffragette « Etes-vous féministe ? » demande [à Colette un journaliste de] Paris-Théâtre le 22 janvier 1910. - Moi, féministe ? - Oui… au point de vue… social, naturellement. - Ah ! non ! Les suffragettes me dégoûtent. Et si quelques femmes en France s'avisent de les imiter, j'espère qu'on leur fera comprendre que ces mœurs-là n'ont pas cours en France. Savez-vous ce qu'elles méritent les suffragettes ? Le fouet et le harem… » On tolère mieux ces propos dégoûtés si l'on sait qu'ils sont équilibrés, chez Colette, par un rejet tout aussi violent de l'image conventionnelle de la femme (…) : « Il me semble que je vois, dans quelque dix ans, une vieille Colette raisonneuse, sèche, avec des cheveux d'étudiante russe, une robe réformiste, prônant l'union libre, l'orgueilleux isolement, et patiapatia, et un tas de fariboles ! Brr… ! Mais quel démon me montre, plus terrible encore, l'image d'une Colette quadragénaire, enflammée d'un amour neuf, mûre et molle sous le fard, combative et désespérée ! De mes deux bras étendus, je repousse les deux fantômes. »

Julia Kristeva, Le Génie féminin, Colette tome III, Fayard, Paris, 2002.

Droit de vote Depuis la Déclaration des droits de la femme rédigée par Olympe de Gouges en 1791, qui lui valut d'être guillotinée, jusqu'à la loi sur la parité en 2001, les déclarations machistes n'ont pas manqué. Georges Clemenceau : « Nous avons déjà le suffrage universel [masculin]. Inutile d'aggraver une bêtise. » (Cité par Louise Weiss, Ce que femme veut 1946, Gallimard.) Julien Duplantier, sénateur radical, dans un discours au Sénat, le 3 mars 1932 : « Lorsque la notairesse aura signé avec les parties (sourires), lorsqu 'elle aura apposé au bas de l'acte ses seing (rires) et sceau… (…) Messieurs, comme il arrive souvent qu 'il y a des clients insolents, grossiers ou brutaux, vous allez exposer, de leur part, ces malheureuses femmes à des outrages qui ne seront pas toujours les derniers (rires). » (Cité par Christine Bard dans Les Filles de Marianne. Histoire des féminismes 1914-1940 Paris, Fayard, 1995.) Raoul Bayou, député socialiste, 5e circonscription de l'Hérault : « Je n'ai rien contre les femmes ministres, mais elles ont le devoir de rester gracieuses, de ne rien perdre de leurs charmes, vous comprenez ce que je veux dire, n 'est-ce pas ? (...) En tant que socialiste, je défends les opprimés, mais je reste un homme avant tout. Alors si les femmes veulent militer, qu 'elles militent mais en restant gracieuses, surtout, c'est important. »

(Cité dans Choisir n° 62, avril-mai 1984.)

Aux féministes Dans son dernier livre, Alain Mine classe les féministes parmi les « nouveaux maîtres » et écrit : « Mesdames - avons-nous encore le droit d'employer ce mot empreint de déférente galanterie et suspect ? Mesdames, donc. Derrière cette formule, ce n'est pas l'ensemble des femmes que j'ai l'outrecuidance d'interpeller. (...) C'est à vous, militantes féministes, que je prends la liberté de m'adresser. (...) Votre combat était légitime. Votre victoire est éclatante. (...) Tout à son féminisme militant, Lionel Jospin n'hésitait pas à affirmer (...) que « la parité a sa place dans la langue ». Vous n'avez rien demandé, me répondrez-vous ? Sans doute n'imaginiez-vous pas que le « politiquement correct » frapperait aussi fort. Mais vous vous êtes bien gardées de refuser ce geste. (...) Nous n'avons certes pas encore entendu réclamer la parité entre saints et saintes sur les frontons des églises, la réécriture de l'Histoire afin de réévaluer le rôle des femmes, le réexamen des manuels de littérature afin de hisser George Sand au niveau de Victor Hugo, Louise de Vilmorin à celui de Paul Morand, Elsa Triolet au rang d'Aragon ou Marguerite Yourcenar à la hauteur de Julien Gracq. »

Alain Minc, Epître à nos nouveaux maîtres Grasset, Paris, 2003.

Progressistes et machistes Elle était particulièrement réussie, la manifestation des électriciens et gaziers le 3 octobre 2002, à Paris, contre la privatisation d'EDF et la défense des services publics ! Pourtant, elle laisse un goût amer à Malika Zediri, une des responsables de l'association de chômeurs Apeis, et à la trentaine de personnes qui l'accompagnaient : « Nous étions beaucoup de femmes, de jeunes filles maghrébines, nous étions gaies, puis la manifestation est passée » écrit-elle aux syndicats. « Avec la CFDT, peu de contacts ou des contacts « franchement hostiles ». » Puis vint FO. « Cela a été méprisant du début jusqu 'à la fin » : un militant lui déclare : « Le boulot, cela se mérite, apprends donc à te lever à 4 heures du matin » ; un autre : « Avec la paire de nibards que tu as, tu devrais quand même trouver des gosses à garder ». Quand la CGT est arrivée, et « après être passées pour des glandues, des fainéantes et des incapables, nous sommes devenues des objets : « Je t'achète ton canard si tu suces » ou encore : « Je te le prends si tu couches » ». « Quelle différence poursuit-elle, entre ce que nous avons entendu pendant cette manif et le jeune qui entreprend dans les mêmes termes les nanas au bas de sa cage d'escalier ? » A ce jour, aucun syndicat n'a répondu.

Malika Zediri, « Tou(te)s ensemble… », Existence ! novembre 2002.

Fines critiques A propos de Vestiges, paru aux éditions du Seuil en 1978, Claude Michel Cluny écrit : « Viviane Forrester, quant à elle, écrit volontiers, à défaut de testicules, avec les pieds (un anglais, un français). Mais l'astuce consiste à ajouter selon la mode quelques pénis, sécrétions, moiteurs et à saupoudrer avec un peu d'épices qui mettront la poularde plein-deuil et la casserole à gauche... Il y a des naïvetés dans ce petit bol de soupe, qui comme le poisson commence à sentir par la tête. Le reste n'est rien » (Magazine littéraire, n° 142, novembre 1978). Passion simple d'Annie Ernaux et La Mise à l'écart de Marie Didier suscitent le commentaire suivant de Pierre-Marc de Biaisi, universitaire et spécialiste de Flaubert : « Les Emma victorieuses sont de retour : ce sont de véritables petites bombes sexuelles à retardement, qui parlent à la première personne, et qui vous ressemblent comme dans une histoire vraie en direct à la télévision » (Magazine littéraire, n° 301, juillet 1992). Bien avant, Jean de Bonnefon signalait en conclusion de son livre La Corbeille aux roses ou les Dames de lettres (1909) : « La femme de lettres sera la première devant le mur où se briseront la famille et le mariage, les vieilles institutions qui firent la femme socialement différente de l'homme. »

Venezuela’s Struggles Continue as Government and Opposition Clash

Foreign Policy Blogs - Thu, 24/11/2016 - 11:26

Frustrated anti-government protesters flooded the streets of Caracas, Venezuela in October 2016. (Rodrigo Abd/AP)

This summer I wrote about the economic and political struggles in Venezuela. Unfortunately the country’s situation has not greatly improved since, and recent events have shown the frustration and discontent with President Nicolas Maduro’s leadership. Nevertheless, each side has made some recent concessions which offer hope.

Opposition parties began a petition in May asking for a recall election which could remove Maduro from power. Yet such an action would only take place with the approval of Venezuela’s supreme court, which is controlled by Maduro.

In the last few weeks this dispute reached a boiling point. In late October, the country’s supreme court suspended the recall election petition, a move derided by the U.S. State Department and the Organization of American States. Venezuelan lawmakers announced that this decision amounted to Maduro staging a coup. Outraged, they vowed to put the president on trial themselves.

Despite growing opposition, some protests rose up in support of the government. Days after the court decision a legislative session was disrupted by hundreds of pro-government protesters who muscled their way onto the floor yelling “Congress will fall!”

Though symbolic, this action was easily dwarfed by the tens of thousands of Venezuelans who subsequently took to the streets of Caracas and other cities demanding Maduro’s removal from power. Opposition leaders termed the demonstrations of outrage “the takeover of Venezuela.”

Polls indicate as much as 80% of Venezuelans want him removed from office, tired of the stagnating economy, food shortages, and significant health care deficiencies. Victoria Rodriguez of Caracas, a recent high school graduate, told the Associated Press she hoped to vote to cast her first vote to support recalling Maduro. Rodriguez further lamented her “emptying country,” noting that 15 of her 25 classmates have left Venezuela since graduation, which is just one reflection of the country’s hardships.

After the court decision to suspend the recall intensified the political crisis, various interests have attempted to broker a resolution. Representatives of Vatican City tried to organize talks between Maduro’s government and the opposition but with limited success. Some common ground was reached by Nov. 14, 2016, as both sides agreed to cooperate to address the food and medicine shortages. However some anti-government activists characterized these developments as a ploy by Maduro to divert attention from the main issue: reinstating the recall referendum. Opposition protests were called off when the Vatican-backed talks began with the understanding that a recall vote would be on the table.

Despite the mistrust, both sides have made some concessions. On Nov. 15 the opposition consented to the resignation of 3 legislators the government accused of committing fraud. Maduro commended the move, stating “The process begins for the National Assembly to respect the Supreme Court, respect the Constitution.”

As reconciliation talks continued, three days later the government released Rosmit Mantilla, a politician who had been imprisoned on suspicion of fomenting violent protests against Maduro in 2014. Mantilla had been a key figure in the opposition-controlled congress. While encouraged by the government releasing Mantilla as a first step, Amnesty International expressed the opinion of many opposition supporters in saying, “He should have never been made to spend a second behind bars. The Venezuelan authorities must now build on this positive step and release all imprisoned activists and political leaders whose only ‘crime’ was to disagree with the government.”

As long as Maduro controls Venezuela’s court system, it seems unlikely the government will agree to a recall election. Therefore the opposition may be better served focusing on ensuring that the government provides the resources and support services needed by so many Venezuelans. With the support of outside groups, they should demand that the government provide these services. If it fails or refuses, anti-government groups will be in a better position to demand political change. They have shown a willingness to reconcile, now it is the government’s turn. Presently, this is the best chance for the country’s recovery.

The post Venezuela’s Struggles Continue as Government and Opposition Clash appeared first on Foreign Policy Blogs.

Singapore vs. Global Times: Analysis of Two Logics

Foreign Policy Blogs - Thu, 24/11/2016 - 11:16

(Associated Press)

Not long ago, a war of words between the Singaporean Ambassador to China, Stanley Loh, and the chief editor of Global Times, Hu Xijin, broke out. The incident provided a rare opportunity to observe the characteristics of the two countries’ thinking and logic in recent years.

The fuse of the polemic was a relatively small, technical issue with limited relation with international pattern, yet the story must begin from here. Earlier this year in July, Laos, as the rotating presidency of ASEAN, submitted a request to Iran, the rotating presidency of the 17th Non-Aligned Movement Summit. It hoped to revise the ‘Southeast Asia’ paragraph of the draft Final Outcome Document, stating the increasingly serious concern of some leaders and ministers to the South China Sea situation.

However, the new rotating presidency and China’s ally Venezuela rejected the amendment. Thus, ASEAN wrote to the Foreign Affairs Minister of Venezuela, stating ‘ASEAN expressed reservations about the existing paragraph on the South China Sea issue and said that it could not reflect the ASEAN position and hoped that the General Assembly would record the attitude of ASEAN and the earlier request for revision of that paragraph by way of an annex.’.

Nevertheless, Global Times published a report on the summit with a title ‘the Non-Aligned Movement summit closed, Singapore highlighted the South China Sea arbitration regardless of opposition’. Singaporean ambassador to China accused that the report was not true, yet the editor of Global Times, Hu Xijin insisted that the report was true, and expressed dissatisfaction with Singapore’s foreign policies.

To break down the debate, Global Times’ reported that Singapore has made a request on the Non-Aligned Movement summit for the strengthening of the South China Sea paragraph on the Outcome Document for its own interests when ‘many countries’ expressed opposition, reflecting that the South China Sea arbitration was ‘not popular’ in the international community.

Secondly, Singapore has challenged the authority of the rotating presidency Venezuela, delaying the progress of conference, making many member states feeling uneasy, hence showing a disrespect for international rules. It is particularly noteworthy that Hu Xijin said that the Global Times has made these reports based on the information provided by the ‘informed sources’ who attended the summit, insisting that the report was not fabricated. This position was confirmed by the spokesman of the Chinese Ministry of Foreign Affairs (who said ‘the truth is very clear’). It seems that these reports are not without official involvement.

Of course, the biggest message behind the report is not within these details. In fact, the main reason behind China’s discontent is how Singapore openly sided with the United States to put pressure on China over the South China Sea issue. Aside from Global Times’ usual style of writing which includes all kinds of negative, subjective and emotional words, it seems that it also decontextualized the details into a large framework of established view, and the main audience for the polemic is not international readers but the Chinese domestic readers.

Although Singapore is also a Chinese-majority country, its official routine is the opposite of China. Singaporean Ambassador to China, Stanley Loh, made his counterargument based on the following points. Firstly, he pointed out that ‘Emphasizing the South China Sea issue’ is not Singapore’s claim but the consensus of the ASEAN Summit. It is reckless for China to specifically single out Singapore for the collective decision of ASEAN. Besides, there were only a few non-Southeast Asian countries that opposed this on the summit, quite the opposite with what Global Times described.

Singapore also stressed that is its common practice for countries of the relevant region to make their own decisions on the amendments to the draft outcome document of the Non-Aligned Movement Summit. Thus, the request of Singapore on behalf of ASEAN countries was not unusual. Yet it was rare this time that Venezuela rejected the collective request of the ASEAN due to the pressure of a few ‘extraterritorial countries’, hinting that the Global Times report is an accusation made by the offender itself.

Thirdly, Singapore stressed that its ‘consistent position’ on the South China Sea issue had not changed. That was, it hoped to enhance mutual understanding with China on this matter and jointly promote China-Singapore relations development, etc. It also made a sarcastic statement that Global Times’ “escalation of issues” is simply a misread of Singapore’s response.

From this, we could see that Singapore is mechanically describing facts, emphasizing the fact on documents and legal details, and to avoid making any political statements in order to win the moral high ground of reason. The target audience is domestic readers, the ASEAN member states, and the international community.

However, Singapore has indeed avoided answering Beijing’s most concerned question: Singapore does hold certain attitude on the controversial South China Sea issue and actively support the United States in keeping its force in this region. Diplomatic issues like the South China Dispute is simply impossible to be solved by a game of word. We can expect that similar cases would come one after another in the coming days.

The post Singapore vs. Global Times: Analysis of Two Logics appeared first on Foreign Policy Blogs.

The EU Moves to Counter Russian Disinformation Campaign

Foreign Policy - Thu, 24/11/2016 - 01:31
The links between anti-establishment voices and the Kremlin are far from clear, but many Europeans want the EU to be more aggressive against Russian spin.

我 ‘回到中国’ —而从未如此感到自己如此美国化

Foreign Policy - Wed, 23/11/2016 - 22:55
在香港度过的六年时间让我看到这亚洲国际都会深刻的种族主义。

Countries at UN forum in Dubai encouraged to make ‘Space for Women’

UN News Centre - Wed, 23/11/2016 - 22:37
At a high-level United Nations forum under way in the United Arab Emirates aimed at exploring the role of space in socio-economic and sustainable development, a senior UN official is urging the global space community to “make Space for Women” within the next two years.

Will Foreign Aid Get Cut on Trump’s Chopping Block?

Foreign Policy - Wed, 23/11/2016 - 22:36
USAID is in the dark on Trump's plans, but Republicans in Congress could be the main defenders of foreign assistance.

The Wait Is Finally Over: Chechen Leader Picks New Protege in ‘The Apprentice’-style Reality TV Show Finale

Foreign Policy - Wed, 23/11/2016 - 22:10
Ignore the corruption or human rights abuse allegations. Chechen leader Ramzan Kadyrov wants you to know he’s a really great guy, and he’s got a reality show to prove it.

Inaction has ‘cost measured in human lives,’ Security Council told in Middle East debate

UN News Centre - Wed, 23/11/2016 - 22:10
Briefing the Security Council on the Middle East peace process, two senior United Nations officials – the UN relief chief and the UN coordinator for the Middle East peace process – called for action to prevent further deterioration of the region plagued by humanitarian crises and to save lives and alleviate human suffering.

Secretive Push Underway to Audit Key 2016 Swing-State Vote Totals

Foreign Policy - Wed, 23/11/2016 - 21:54
Wisconsin, Pennsylvania, and Michigan are the targets of a recount effort amid allegations of Russian hacking.

Cambodia: UN-backed court upholds life sentences for former Khmer Rouge leaders

UN News Centre - Wed, 23/11/2016 - 19:31
The United Nations-backed court set up to bring to trial those most responsible for crimes committed during Cambodia’s brutal Khmer Rouge regime today upheld life sentences for two top former Khmer Rouge leaders on Wednesday for crimes against humanity.

Charges Dropped Against British Woman for Reporting Her Rape in the UAE

Foreign Policy - Wed, 23/11/2016 - 19:06
International condemnation, not proper investigation, prompted Dubai to drop the charges, experts say.

Is There Anyone In Asia Who Still Trusts America?

Foreign Policy - Wed, 23/11/2016 - 19:05
The likely death of the hard-fought TPP pact has left even Washington's closest allies wondering about its credibility.

Spurred by patent and trademark applications in China, global innovation flies high – UN agency

UN News Centre - Wed, 23/11/2016 - 18:05
Global innovation is soaring as the 2015 edition of a United Nations agency on intellectual property report reveals that 2.9 million patent applications lodged worldwide – a 7.8 per cent increase over the previous year.

Fun Home

Le Monde Diplomatique - Wed, 23/11/2016 - 14:50

Dans cette tragicomédie autobiographique, l'auteure explore de façon récursive son enfance et la découverte de son homosexualité, au prisme des relations avec son père et de multiples références littéraires…

Alison Bechdel, Fun Home, Denoël, 2006.

Commando Culotte

Le Monde Diplomatique - Wed, 23/11/2016 - 14:50

De « Game of Thrones » à « Love Actually », de l'importance de la représentation à la culture du viol, Mirion Malle dissèque la « pop culture » et les tropes du patriarcat avec pédagogie et humour.

Mirion Malle, Commando Culotte, Ankama, 2016.

Politique étrangère n° 4/2016 : votez pour (é)lire votre article préféré !

Politique étrangère (IFRI) - Wed, 23/11/2016 - 11:45

Note: There is a poll embedded within this post, please visit the site to participate in this post's poll.

 

Pages