You are here

Diplomacy & Crisis News

Trump Reaches Out to Central Asia, Looking For a Back Door to Russia

Foreign Policy - Thu, 01/12/2016 - 22:33
President-elect Donald Trump made his first overture to former Soviet Central Asia and may looking for ways to mend ties with Moscow.

The Myth of Chaebol Exceptionalism

Foreign Policy - Thu, 01/12/2016 - 22:22
Everyone wants to blame South Korea’s incestuous business culture for the recent failures of its massive conglomerates. But that’s not the reason they’re in a funk.

‘Inshallah’ in the Age of Trump

Foreign Policy - Thu, 01/12/2016 - 22:14
Can the hipster invocation of God’s will survive the coming wave of American Islamophobia?

This World AIDS Day, Consider Where in the World AIDS Is

Foreign Policy - Thu, 01/12/2016 - 19:32
On World AIDS Day and every other day, AIDS is a worldwide phenomenon.

Bribery Is on the Rise Worldwide, and It Costs A Lot More Than Just Money

Foreign Policy - Thu, 01/12/2016 - 18:33
But it could be on the downswing from here, experts say.

How Putin’s Russia Is Doing, According to Putin

Foreign Policy - Thu, 01/12/2016 - 18:00
Life is good and getting better in Putin's Russia, says Putin in his annual address.

#IsraelIsBurning

Foreign Policy Blogs - Thu, 01/12/2016 - 12:01

Palestinian firefighters after helping to extinguish the Nahf fire. (Agence France Presse)

Last week, while Americans celebrated Thanksgiving, fires raged across Israel and on social media.

While Northern Israel was besieged by “unprecedented” fires, forcing tens of thousands of residents to flee their homes, another battle raged in the war of the Middle Eastern twitterverse.

Firefighters fought upwards of 250 large fires, with more than 1500 total fires burning across the region. People across Israel, the Middle East and the world began trading barbs about the fire, both mourning and rejoicing in the devastation.

Northern Israel had been extremely dry due to a severe lack of rain. These dry conditions and heavy winds helped readily spread the flames. While the initial fires were naturally occurring, many of the fires that followed are thought to have been acts of arson.

As the flames spread, people coalesced on social media around the hashtag #IsraelIsBurning. Throughout the Arab world, the fires were being equated with Israel’s controversial bill to ban outside loudspeakers from places of worship, clearly aimed at preventing mosques from making their 5-time daily Muezzin call.

The hashtag, in English and in Arabic, really began to take off when it started getting used by several Imams from Arab Gulf countries, including Kuwaiti preacher Mishary Rashid Alafasy who has 11.6 million Twitter followers.

Prime Minister Benjamin Netanyahu was quick to brand all such arsonists as “terrorists.” Education Minister Naftali Bennett stated that those lighting the fires could not be Jewish. “Only those to whom the country does not belong are capable of burning it.”

While Israel battled these fires, the world came together to offer assistance. The US, Turkey, Egypt, Ukraine, Greece, Russia and others sent aid, planes, trucks and manpower. But some assistance came from much closer to home; the Palestinian Authority sent eight firetrucks and four firefighting teams to help battle the flames.

Superintendent Micky Rosenfeld, the Israel Police Foreign Press Spokesman, sent a tweet with several pictures of Palestinian firefighters working alongside Israeli firefighters to “help put out fires and blazes.”

And Israel’s official Twitter account shared a video of Palestinian firefighters at work.

But when Israel made a professional and official graphic stating that “Israel is thankful for all the support and assistance from around the world!” (shared over Thanksgiving weekend), the Palestinians were not included. They received merely a footnote.

Other than Israel, no one was more directly threatened by these fires than the Palestinians themselves. While Israel was quick to condemn Palestinians lighting the fires as terrorists, they were reluctant to label those fighting the fires as heroes.

Belarus, Britain, Bulgaria, Czech Republic, Georgia, Portugal, Romania and Switzerland are all included in the above graphic for simply offering assistance.

But while the Palestinians stood alongside Israelis fighting the flames, on social media they were but a footnote.

Other related hashtags in use: #Israel_IsBurning, #TelAviv_Is_Burning, #IsraelFires, #IsraelBurns and #IsraelUnderAttack.

Follow me on Twitter @jlemonsk.

The post #IsraelIsBurning appeared first on Foreign Policy Blogs.

Pourquoi les Colombiens ont rejeté la paix

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/12/2016 - 11:42

Tous les sondages donnaient le « oui » gagnant avec une marge confortable. Le 2 octobre, les Colombiens ont pourtant rejeté l'accord de paix entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui orchestrait la fin d'un conflit vieux de plus d'un demi-siècle. Tout aussi étrange, la participation n'a atteint que 37,4 %. Le pays préférerait-il la guerre à la paix ?

Comprendre le rejet de l'accord entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) lors du référendum du 2 octobre dernier implique de saisir les raisons qui ont conduit les deux parties à engager des pourpalers et, surtout, d'analyser le contexte dans lequel ceux-ci se sont déroulés. Le pays est en effet engourdi par cinquante-deux ans de conflit, et quatre années de négociations n'ont pas suffi à le sortir d'une torpeur politique entretenue par les grands médias.

Si les FARC et le gouvernement ont entamé ces discussions, c'est parce que les deux parties avaient compris qu'une solution militaire était impossible (1). Les FARC ont essuyé de lourdes pertes, notamment du fait de la surenchère répressive de l'ancien président Álvaro Uribe (2002-2010), qui avait mobilisé toutes les ressources de l'État pour anéantir les mouvements de guérilla. À l'époque, M. Juan Manuel Santos, l'actuel président, occupait le poste de ministre de la défense. Il était parvenu à faire exécuter plusieurs grandes figures des FARC, tandis que diverses mesures d'accompagnement invitaient les guérilleros à déposer les armes. Leurs rangs s'étaient éclaircis, mais ils n'avaient pas disparu.

L'État a compris que ses offensives ne suffiraient pas. Depuis la politique d'« ouverture économique » amorcée par le président César Gaviria (1990-1994), la Colombie entend participer davantage aux échanges mondiaux en rendant son économie plus « attractive » : réduction des droits de douane, déréglementation, privatisation, libéralisation des échanges et production destinée à l'exportation (2). Ce tournant néolibéral a cependant été contrarié par la guerre civile : les FARC et les autres acteurs du conflit ont imposé des taxes aux propriétaires terriens ; les enlèvements avec demande de rançon se sont multipliés ; les entreprises ont dépensé des fortunes pour assurer leur sécurité…

Autre facteur déterminant : la création, au début des années 1990, de forces paramilitaires d'extrême droite, notamment les Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Leur objectif affiché était d'aider l'État à combattre les guérillas. Mais elles ont également mené une violente campagne d'assassinats politiques et œuvré au déplacement de millions de personnes qui dérangeaient l'oligarchie foncière et freinaient l'extension de l'exploitation agricole et minière tournée vers l'exportation. De sorte que paramilitarisme et néolibéralisme ont longtemps marché main dans la main.

Ce binôme s'est révélé si efficace qu'il a fini par perdre de son utilité. Au début des années 2010, l'élection de M. Santos, incarnation de l'élite néolibérale cosmopolite, suggérait que cette dernière souhaitait « moderniser » le régime d'accumulation colombien. L'heure était venue d'entamer des pourparlers avec les FARC.

Les arrière-pensées d'Álvaro Uribe

Les négociations, qui se sont ouvertes en septembre 2012 à La Havane, visaient six grands objectifs (3) : fixer les modalités d'un cessez-le-feu et d'un dépôt des armes ; rendre justice aux victimes de la guerre civile, qui a fait 220 000 morts ; résoudre le problème du trafic de drogue ; soutenir le développement rural, la pauvreté dans les campagnes étant l'un des principaux facteurs déclencheurs du conflit ; permettre aux anciens combattants de s'engager dans la vie politique et, plus largement, favoriser la participation de la population ; enfin, assurer la mise en place et le suivi de l'ensemble des accords. Soucieux d'en renforcer la légitimité, M. Santos a tenu à organiser un référendum national au sujet du document final — une proposition que les FARC, surmontant leurs réticences initiales, ont fini par accepter. Il s'en mord sans doute les doigts.

L'accord ne prévoit ni la transformation du système économique ni la résorption des inégalités foncières, dans un pays où 1 % de la population possède plus de 50 % des terres. Autrement dit, il ne traite aucun des problèmes qui sont à l'origine du conflit : il se borne à favoriser le statu quo, sans toutefois prétendre rétablir la situation d'avant-guerre. Compte tenu du nombre de Colombiens que le conflit a déplacés, les négociateurs ont convenu que la récupération des terres serait un processus délicat à mettre en œuvre.

D'emblée, la campagne en faveur des accords de paix s'est trouvée confrontée à une difficulté majeure : il fallait synthétiser un document de trois cents pages en très peu de temps, car six semaines seulement séparaient la fin des négociations (24 août) du référendum (2 octobre). Le camp du « oui » a également souffert d'une autre faiblesse : l'impopularité du président Santos, liée aux difficultés économiques du pays, où le chômage atteint 9 % et l'inflation, 7 %. Quelques semaines avant le scrutin, sa cote de popularité dépassait à peine les 20 %. Enfin, au vu des sondages, qui donnaient le « oui » largement gagnant, ses partisans ont cru leur victoire acquise et n'ont pas pris l'opposition suffisamment au sérieux.

Les handicaps de la campagne du « oui » ont rendu celle de l'autre camp d'autant plus facile. Lors d'un entretien accordé quelques jours après le référendum au quotidien La República, M. Juan Carlos Vélez, le responsable de la campagne du « non », en a révélé — accidentellement, peut-être — les dessous avec force détails (4). L'une des principales stratégies consistait à susciter « l'indignation » en diffusant des informations partielles ou fallacieuses. Les partisans du « non » ont par exemple attiré l'attention sur l'aide financière que recevraient les membres des FARC tant qu'ils n'auraient pas d'autres sources de revenus. Ils n'ont cessé de rappeler le montant de l'allocation — 212 dollars par mois, soit 90 % du salaire minimum —, jugé excessif pour un pays pauvre.

Des allégations plus pernicieuses prétendaient que les accords incluaient des clauses visant à renforcer la légalisation du mariage homosexuel en Colombie (5), pays où 30 % de la population appartient à une Église évangélique. En réalité, le texte ne mentionne ni le mariage ni l'homosexualité. Ses détracteurs ont par ailleurs proclamé qu'il transformerait la Colombie en un pays « castro-chaviste », c'est-à-dire semblable à Cuba ou au Venezuela. Enfin, l'un de leurs arguments les plus efficaces portait sur le programme de justice transitionnelle, grâce auquel les membres des FARC pourraient bénéficier de remises ou de commutations de peine s'ils avouaient leurs crimes. Cette disposition a particulièrement scandalisé une population dont la perception du conflit a été biaisée par les médias.

Une étude de la chercheuse Alexandra García (6) portant sur plus de cinq cents articles publiés dans les grands journaux (El Tiempo, El Colombiano, El Heraldo, etc.) entre 1998 et 2006 a montré que le terme « paramilitaire » ou le nom des organisations d'extrême droite n'apparaissait pas dans 75 % des articles se référant à des violences qui leur étaient imputables ; il était seulement question d'« hommes armés » ou d'« hommes encagoulés ». Dans le cas d'actes de violence impliquant la guérilla, en revanche, 60 % des articles la mentionnaient explicitement. De sorte que, pour 32 % de la population, les FARC sont les principales instigatrices de la violence en Colombie, alors que toutes les études s'entendent pour établir une autre hiérarchie des responsabilités : l'État ; la population en général ; les paramilitaires ; les narcotrafiquants ; et enfin la guérilla (7).

Tout au long de la campagne, le principal représentant du camp du « non », M. Uribe, a martelé son opposition aux dispositions en matière de justice transitionnelle. Human Rights Watch (HRW) a soutenu le camp du « non » pour les mêmes motifs. Les membres des FARC qui avouent avoir commis des crimes pendant la guerre civile ne devraient pas pouvoir commuer leurs peines de prison en simples travaux d'intérêt général ou en assignation à résidence, disent-ils tous. Pourtant, la plupart des accords de paix — par exemple ceux signés au Salvador ou en Afrique du Sud — prévoient de tels dispositifs de justice réparatrice.

L'hostilité de M. Uribe envers les accords de paix a probablement des motivations différentes de celles de HRW. Son bilan en matière de droits humains pendant son mandat de gouverneur de l'Antioquia, puis de président, laisse penser que la justice ne figure pas au nombre de ses priorités. En outre, en 2005, lorsqu'il était chef de l'État, n'avait-il pas fait en sorte que les paramilitaires bénéficient de mécanismes de justice transitionnelle encore plus généreux que ceux prévus pour les FARC ?

Ce qui le préoccupe est plus probablement la question de la restitution des terres. M. Uribe entretient en effet des liens étroits avec l'oligarchie, qui craint de devoir rendre leurs terres aux paysans déplacés. Après le résultat du référendum, il a présenté des propositions de modification du texte, et la principale porte sur ce sujet : « Les accords doivent reconnaître l'existence d'une production commerciale à grande échelle, son importance dans le développement rural et l'économie nationale et l'obligation de l'État de la promouvoir (8).  » Selon lui, il faudrait renoncer à la saisie de terres privées en friche qui appartenaient auparavant à des paysans déplacés. On ne devrait pas obliger ceux qui les ont achetées « de bonne foi » à les rendre à leurs anciens propriétaires, même si ces derniers avaient été contraints de fuir par des incursions de paramilitaires ou par la guerre civile.

Néanmoins, le rejet de l'accord s'explique surtout par le faible taux de participation : 18 % des électeurs ont voté « non », tandis que 63 % n'ont pas voté du tout. Les intempéries du 2 octobre dans les régions côtières ont sans aucun doute joué un rôle dans cette abstention massive, qui a atteint 75 % dans le département de Magdalena et 80 % dans celui de La Guajira. Mais elle résulte sans doute également de la dépolitisation de la société, fruit de la répression et de la manipulation médiatique qui caractérisent l'histoire récente du pays. Les « escadrons de la mort » des paramilitaires ont pratiquement éliminé toute une génération de militants et de défenseurs des droits sociaux. Dans ces conditions, il n'est guère étonnant que la Colombie présente l'un des taux de participation électorale les plus faibles d'Amérique latine...

La victoire du « non » place les deux camps dans une situation inconfortable. Les FARC avaient déclaré qu'elles seraient prêtes à retourner à la table des négociations, en précisant toutefois qu'elles ne reviendraient pas sur le volet de la justice transitionnelle, un point crucial pour les opposants. Ces derniers marchent également sur des œufs. Si M. Uribe a fait campagne contre la justice transitionnelle, il visait en réalité la restitution des terres. M. Santos pourrait peut-être sauver l'accord en apportant des rectifications sans conséquence à la partie consacrée à la justice, et en obtenant des FARC des concessions plus importantes sur la question agricole. Les guérilleros devraient alors accepter de concentrer leurs efforts sur la mise en œuvre de la loi sur la restitution des terres votée en 2011.

Pendant ce temps, dans toute la Colombie, les mouvements sociaux se sont mobilisés en faveur de l'application des accords de paix tels qu'ils ont été signés. Ils ont commencé à occuper l'une des plus grandes places de Bogotá et entrepris de contester le référendum auprès de la Cour suprême en arguant du caractère malhonnête de la campagne du « non ». Mais le recours risque de ne pas avoir le temps d'aboutir : l'attribution du prix Nobel de la paix 2016 à M. Santos lui confère une légitimité supplémentaire pour conclure rapidement le processus. Et un autre facteur pourrait ajouter à l'urgence : l'ouverture de négociations avec une autre guérilla, l'Armée de libération nationale (Ejército de Liberación Nacional, ELN), prévue pour le 27 octobre, à Quito, sous les auspices du gouvernement équatorien.

(1) Lire « Pourquoi la Colombie peut croire à la paix », Le Monde diplomatique, octobre 2012.

(2) Cf. Forrest Hylton, « Peace in Colombia : A new growth strategy », NACLA Report on the Americas, vol. 48, no 3, New York, 2016.

(3) Lire Maurice Lemoine, « En Colombie, “pas de justice, pas de paix” », Le Monde diplomatique, février 2013.

(4) « El No ha sido la campaña más barata y más efectiva de la historia », La República, Bogotá, 5 octobre 2016.

(5) En avril 2016, la Cour suprême colombienne a légalisé le mariage homosexuel, arguant qu'il était inconstitutionnel de réserver le mariage aux couples hétérosexuels.

(6) Auteure du blog La Perorata, http://laperorata.wordpress.com

(7) Adriaan Alsema, « How Colombia's newspapers consistently misinformed the public on the armed conflict », Colombia Reports, 18 octobre 2016, www.colombiareports.com

(8) Adriaan Alsema, « Uribe formally presents proposals to revive Colombia peace deal », Colombia Reports, 13 octobre 2016.

Yemen: A Regional Problem With Regional Consequences

Foreign Policy Blogs - Thu, 01/12/2016 - 11:08

The Arleigh Burke Class guided missile destroyer USS Mason (US Navy)

Since March 2015 U.S. allies, led by Saudi Arabia, have been increasingly involved in a military campaign in Yemen against the Zaydi Shia fundamentalist rebel movement known as the Houthis, and their ally, former Yemeni President Ali Abdullah Saleh. Yemenis forced to flee their homes because of it.

Yemen’s collapsing state holds negative implications for international maritime trade, as the conflict is occurring near a major trading artery for the global economy, the Suez Canal-Red Sea shipping lane, and for regional security for countries on both sides of the Red Sea, including Saudi Arabia and the Gulf of Aden.

The lack of a deep Yemeni national identity means that the incomplete fall of Saleh has seen multiple competing power centre re-emerge. Owing to the lack of national cohesion, events could yet see the country break up entirely, pushing nation building into to the far future. Militarily, NATO should therefore stay out of this bitter factional civil war between multiple sides. However, the Alliance should seek to mitigate the effects of the conflict at sea where international shipping could be affected by the belligerents or a fresh wave of piracy.

A multisided struggle

The real roots of the present civil war stem from Yemen’s complex regional and tribal politics, long predating the Arab Spring which led to the toppling of Saleh, Yemen’s long-time dictator. Following months of protests against his rule, a Saudi-backed deal saw Saleh step down in 2012 in favour of his Vice President, Field Marshal Abdrabbuh Mansur Hadi.

Hadi took office after running in an election as the only candidate for a transitional presidency, but in 2015 he was overthrown in turn by the Houthis who allied with the deposed Saleh. Their long-running insurgency had first developed in the early 2000s under the former dictator’s rule, but the Houthis saw the chaos of the Arab Spring as a chance to expand at the expense of the weakened central government of Saleh’s successor.

Hadi bitterly denounced the Houthi move against him as a coup, eventually fleeing to Saudi Arabia. A massive Saudi-led intervention against the Houthis and Saleh followed in March 2015, by nine Arab states and assorted mercenary forces. Djibouti and Somalia open their airspace, waters and military bases to the coalition whilst the U.S. accelerated its sale of weapons to coalition states and provided intelligence and logistical support. The U.S. and UK have also deployed their military personnel in the command and control centre responsible for Saudi airstrikes.

Saudi influence has galvanized regional states to defend the internationally recognized Yemeni government. However the kingdom’s military campaign has also provided an opening for al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP) and Islamic State (IS) to seize territory in Yemen from which they operate in relative safety, and threatens to internationalize the Yemeni civil war.

A regional battle for influence

An example of this internationalization came on October 12 when the U.S. alleged that Houthi forces had fired missiles on American naval assets and struck back by targeting the rebel’s radar systems. Previously American attacks in Yemen had been limited to targeting members of Sunni militant groups in the fragmented state such as AQAP, al-Qaeda’s local franchise, which found refuge in Yemen after largely being driven out of neighboring Saudi Arabia in 2009.

Houthi hostility to America predates the U.S. backing of Saudi Arabia during its intervention on behalf of President Hadi’s feeble regime in March 2015. As a minority Shi’a community in a Sunni majority nation, they are fierce enemies of Sunni fundamentalist movements such as IS or AQAP, which view them as apostates to be exterminated. But they also oppose U.S. military involvement in the fight against the Sunni radicals as an unacceptable infringement of Yemeni sovereignty.

Now that the U.S. has supported direct military intervention against the group, this position has hardened and allegedly led to the recent missile attacks against U.S. navy ships. Though the Houthis deny their forces carried out the attacks, analysts speculate the rebels might have acquired Iranian anti-ship missiles or seized these from captured Yemeni army stocks. The result is direct hostilities have occurred between the Houthis and the U.S. for the first time.

Meanwhile the Saudis see the Shi’a Houthis as coming under the influence of Iran, though proof of Iranian backing to the rebels remains limited. As such Riyadh perceived the overthrow of the Hadi government through the lens of its struggle for influence in the Middle East with Tehran, rather than an internal development in Yemen’s turbulent politics. Thanks to forceful Saudi and U.S. support, President Hadi’s forces have been able to retake Aden and hold onto large parts of central Yemen. But the Houthis still hold the capital Sana’a and the Saudi led coalition has been unable to dislodge the rebels from the parts of Yemen unsympathetic to the internationally recognized government.

The exact extent of any Iranian backing for the Houthis is unknown but likely to remain small. The Houthis do not follow the same branch of Shi’a Islam as the Iranian regime and the Yemeni militia is not influenced by Tehran to anywhere near the same extent that Lebanon’s Hezbollah is, for example. Nonetheless there are credible reports that weapons transfers sent through neighboring Oman, said to include missiles, ammunition and small arms, have been stepped up by Iran to the Houthis in recent months. Yemeni and senior regional officials accuse the Omanis of turning a blind eye to the flow of arms through their territory and of failing to aggressively crack down on the transfers.

Western officials have been more skeptical about the scale of Iranian backing, pointing out that the Houthis secured an arsenal of weaponry when entire divisions of Yemen’s army, allied to former Yemeni President Saleh, defected to them at the start of the civil war last year. These included the crews of three Chinese-made Type 021 missile boats armed with C.801 anti-ship missiles. Some analysts claim that an unknown number of these C.801 missiles and their launchers were installed on trucks by Houthi forces and coupled with various surface-search radars to create an improvised missile system.

The Houthis had been using these weapons without success to strike at the Saudi coalition’s naval blockade against Yemen for about a year until they managed a direct hit against the catamaran Swift, a former U.S. Navy catamaran now in Emirati service. This system was destroyed in retaliatory strikes by American forces after the Houthis targeted U.S. ships but Tehran can easily supply its proxies with Iranian made replacements and the training to use them.

Since Iran offers a quasi-recognition of the Houthis as Yemen’s legitimate government and certainly sees the civil war in Yemen through the matrix of its regional conflict with Saudi Arabia, this would not be impossible to envisage. Tehran believes backing the Houthis in Yemen against Saudi Arabia is a counter move offsetting Saudi Arabia’s support for Syrian rebels fighting Iran’s ally Bashar al-Assad.

It carries the risk of potentially antagonizing the United States at a time the two countries have warily cooperated over Iran’s nuclear program, but Tehran may think of Washington’s approval of Saudi action in Yemen as a sop from the Obama administration to Riyadh. When the nuclear deal was signed in 2015 skeptical Gulf countries warned Washington it would only embolden Iran in conflicts in Syria, Lebanon, Yemen and elsewhere. The Iranians may be gambling that at least in Yemen the U.S. will not care enough to do anything except continue reassure the Saudis that they remain committed to defending Saudi Arabia’s interests.

No Kosovo

The U.S. and other Western nations are right to hesitate before committing themselves, either individually or collectively though NATO, to a military campaign aimed at resolving Yemen’s intractable differences. Yemen was only formally united as a country in 1990 and has remained deeply divided even during the height of Saleh’s dictatorship. . The new Houthi Revolutionary Committee has been unable to defeat tribesmen opposed to it in central Yemen despite holding its ground against the Saudis and their allies on its home ground in Yemen’s north-western areas.

Meanwhile, although Saudi money did much to keep Yemen afloat before the war, this has now gone. As a result, the Yemeni economy is in freefall while civilians are on the brink of starvation. Yemen’s feuding factions include hostile southern secessionists and IS and AQAP militants who would react violently to any Western intervention on behalf of the Hadi regime. Heavy casualties would be inevitable and any post-conflict clean up would take years and cost billions, particularly one aiming at a Kosovo or Bosnian style nation building program to bring a permanent end to civil war. No Western government would be willing to meet this commitment at present and any failure would damage the prestige and perceived value of NATO.

The presence of major regional powers backing different sides in the present civil war also means that Yemen makes an especially poor choice for a major NATO intervention. Admittedly Yemen is lower on the Iranian priority list than it is for Saudi Arabia; Iran is ultimately much more willing to relinquish Yemen than cede influence in Iraq or Lebanon. But it is a useful card to have, and Tehran will keep playing it for as long as it can, because the Iranian regime knows how weak its proxies are, making Iran’s major rival look through their defiance. Riyadh has always considered Yemen to be in its backyard, and insisted that foreign countries, including the United States, follow the Saudi lead when making deals with its troublesome neighbor.

Inserting NATO forces into this conflict would be unlikely to end the fighting in Yemen entirely as long as Riyadh remains determined to end the war on its terms. Iran could step up its support to compensate for any NATO troop surge, setting the stage for a wider escalation beyond Yemen if Western armies are being constantly attacked by Iranian weapons. At a time when Europe is already strained by refugees from the war in Syria, any escalation of war in the Middle East would be a disaster which would expose divergent U.S. and European interests.

A job for NATO: Maritime security

The Houthi attacks on shipping passing through the Gulf of Aden have highlighted one valuable role for NATO forces— maritime security. Indeed, the Houthis gained access to missile systems which present a real danger to international shipping in the Gulf of Aden and the nearby strait, Bab al-Mandeb. The strait is a major shipping lane between the Red Sea and the Gulf of Aden leading into the Indian Ocean, and any Houthi attempt to disrupt the passage of international shipping would have massive financial implications for logistics and insurance companies involved in the maritime sector.

It would also be an economic disaster for Egypt, which controls the Suez Canal connecting the Gulf region and Asia to Europe and North America. Egypt has committed warships to support coalition operations against the Houthis and the rebels may calculate that targeting the economies of Saudi Arabia’s allies would be a good way to weaken the coalition supporting its domestic enemies.

Missile launchers and their radar systems have proven vulnerable to U.S. countermeasures but there are also reports that the Houthis have used small speed boats to support their missile attacks on coalition and U.S. vessels. These only present a danger to unarmed support ships like the Swift or to civilian vessels but these are precisely the vessels which would be vulnerable if the Houthis decided to switch tactics and start performing suicide attacks or hijackings in the Gulf of Aden or the straits.

There are precedents for this—in 2000 the USS Cole was hit by a speed boat packed with explosives while it was being refuelled in Yemen’s Aden harbour. Meanwhile hijackings by Somali pirates using small boats to approach and board undefended civilian vessels mean ships passing through the Gulf of Aden have required a permanent international naval taskforce to protect them. Even before Yemen’s civil war reached its present heights there were fears that a devastated Yemen could serve as a new hub for piracy.

NATO should consider the possibility that the Houthis could adopt this tactic or encourage and tolerate the emergence of pirate groups on their territory as a form of economic warfare against the Saudi coalition and its Western supporters. This would function similarly to the way Iran presently sponsors the Houthi ‘government’ as a means of pressuring Saudi Arabia without fighting an open war against them.

This could be modeled on the effort to suppress Somalian piracy, which NATO has been helping to deter and disrupt since 2008, protecting vessels and helping to increase the general level of security in the Gulf of Aden, off the Horn of Africa and in the Indian Ocean. As part of this, NATO is currently leading Operation Ocean Shield in the region and working in close collaboration with the European Union’s Operation Atalanta, the U.S.-led Combined Task Force 151 and individual country contributors. Ocean Shield is scheduled to terminate in December 2016 but with the rise of the Houthi threat the alliance should shift its attention to the other side of the Bab al-Mandeb strait.

Conclusion

Yemen would be a highly unsuitable place for NATO intervention by air or on land. The interests of the Alliance at stake in Yemen are simply not high enough yet to justify intervening in what is essentially a civil war between Yemeni factions, aggravated by the sectarian struggle between Iran and Saudi Arabia. The cost of maintaining peace and security in Yemen would be staggering at a time when the Alliance needs to focus on more urgent matters, such as deterring Russian adventurism in Eastern Europe.

This could change if there is an emergence of a jihadist emirate along the style of the IS caliphate declared in Iraq and Syria or the takeover of northern Mali in 2012. But for now, AQAP and IS in Yemen have not reached such threatening heights, while the arrival of NATO units to Yemen would merely provide targets of opportunity and ideological justification to the Sunni terrorist networks currently operating there.

What would be of great value in light of the demonstrated Houthi interest and ability to hit vessels passing through the Bab al-Mandeb strait is the creation of a new NATO naval task force modeled on its Somali predecessor to help deter future attacks and enforce freedom of navigation in the Red Sea, the Bab al-Mandeb and elsewhere around the world.

A version of this article appeared earlier in the Atlantic Voices journal of the Atlantic Treaty Association and reappears here with kind permission.

The post Yemen: A Regional Problem With Regional Consequences appeared first on Foreign Policy Blogs.

PE 4/2016 en librairie !

Politique étrangère (IFRI) - Thu, 01/12/2016 - 08:30

Le nouveau numéro de Politique étrangère (4/2016) vient de paraître ! Il consacre un dossier complet à la Méditerranée, tandis que le « Contrechamps » propose à travers les articles de Dmitri Trenin et de Jean-Paul Palomeros un état des lieux de l’après-sommet de Varsovie, en examinant notamment le discours de la Russie. Enfin, comme à chaque numéro, de nombreux articles viennent éclairer l’actualité, comme le Brexit et ses conséquences ou encore le bilan de la politique étrangère d’Obama.

Au croisement des secousses et des crises : la Méditerranée. Déstabilisations sur la rive sud, flux migratoires incontrôlés, rivalités larvées à l’est pour l’exploitation des ressources énergétiques, présence militaire simultanée de toutes les grandes puissances (de Washington à Pékin sans oublier Moscou…), affirmation croissante des puissances régionales… Mare nostrum est plus que jamais agitée, éclatée. D’ailleurs, fut-elle jamais le bassin uni dont rêvèrent trente années de politiques européennes – des politiques de bonne volonté, mais dont l’échec en dit beaucoup sur ses complexités. Comment penser cette Méditerranée-là, qui reste le centre de tous les dangers ?

La crise ukrainienne semble rabattre l’Alliance atlantique sur un métier initial quelque peu oublié : la défense des États membres. Le sommet de Varsovie de juillet 2016 a voulu exprimer très officiellement une remobilisation de l’OTAN. Plus limité et raisonnable qu’on ne le dit, le nouvel effort de défense occidental sur le Vieux Continent fera-t-il sa place au dialogue avec Moscou ? Ce dialogue est, en tout cas, ouvert largement dans ce numéro de Politique étrangère.

Coincés entre le Brexit et l’élection de Donald Trump, les Européens pourraient bien devoir rapidement, au-delà des décisions de l’OTAN, se poser la question de leur propre dispositif de défense. Un article du Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale s’interroge sur les pistes possibles et réalistes. Tandis qu’une autre contribution explore l’avenir du Brexit : fin d’une Europe, commencement d’une autre ?

* * *

Découvrez la présentation vidéo de Dominique David :

Découvrez le sommaire complet ici.

Téléchargez le dossier de presse ici.

Lisez gratuitement l’article de Jolyon Howorth et Vivien Schmidt, « Brexit : Que s’est-il passé ? Que va-t-il se passer ? », ici.

Achetez le numéro 4-2016 de Politique étrangère ici.

Achetez la version ePub ici.

Abonnez-vous à Politique étrangère pour les 4 numéros de l’année 2017  avant le 31 décembre 2016 et recevez gratuitement un exemplaire du RAMSES 2017. Un monde de ruptures ! Pour profiter de cette offre-anniversaire, cliquez ici !

Dès le plus jeune âge

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 17:02

Puisqu'il n'est jamais trop tôt pour s'initier à la politique, l'édition de novembre 2016 du magazine « Moi je lis » (Milan Presse), destiné aux enfants de 8 à 11 ans, proposait à ses lecteurs un test tout en nuances sur l'élection américaine.

Fais le test ! Et si tu te présentais, toi, quel genre de candidat serais-tu ? Plutôt Donald ou Hillary ?

La couche d'ozone, c'est :

♠ Ce qui nous protège des rayons ultraviolets

♦ Une marque de couches pour bébé, un truc de filles, quoi…

Ton activité préférée après l'école :

♠ Faire tes devoirs

♦ Regarder une émission de télé-réalité

Ta petite sœur veut emprunter ta 3DS [console de jeu portative] :

♦ « Ça va pas, non ? Va jouer à la poupée… »

♠ Pas de souci tant qu'elle y fait attention

Au foot, à la récré, l'un de tes équipiers tombe par terre :

♦ « Mais relève-toi, empoté ! On va perdre à cause de toi ! »

♠ « Ça va ? Tu n'as rien de cassé ? »

Quand tu seras grand(e), tu feras :

♠ Un métier intéressant, qui te plaît vraiment

♦ Peu importe, tant que tu gagnes de l'argent

Il y a un nouveau dans la classe :

♦ « C'est qui, lui ? D'où il vient ? »

♠ « Super, un futur copain ! »

Si tu as plus de ♠, tu serais Hillary Clinton.

Si tu as plus de ♦, tu serais Donald Trump.

Le rôle-clé des bénévoles au Canada

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 16:43

Au Canada, les mesures de justice réparatrice ont largement dépassé le stade expérimental. Depuis plus de trente ans, le service correctionnel chargé des personnes condamnées à des peines de prison supérieures à deux ans dispose d'une division spécifique. Il reçoit chaque année entre cent cinquante et deux cents demandes de médiation directe entre un délinquant et une victime. Cependant, le dispositif reste essentiellement porté par la société civile. Ce n'est pas un hasard : l'histoire de ce mouvement doit beaucoup à son ancrage communautaire et aux contestations du système judiciaire.

Dans les années 1970, les peuples autochtones revendiquent leur droit à réhabiliter certaines pratiques de leur justice traditionnelle. Les cercles de sentence et les cercles de guérison plaçant la communauté au cœur de la résolution des conflits sont réactualisés et adoptés. Au même moment, la justice institutionnelle s'attire les critiques les plus vives. Les premières mesures de déjudiciarisation voient le jour pour les adolescents contrevenants. Les programmes restauratifs se développent rapidement, jusqu'à devenir l'essentiel des réponses alternatives proposées aux mineurs délinquants.

Aujourd'hui, si ces programmes reçoivent l'appui des gouvernements provinciaux et fédéral, la plupart restent mis en œuvre par des organismes communautaires ou confessionnels. Ainsi, les rencontres détenus-victimes (de substitution) semblables à celles organisées en France dépendent entièrement de l'investissement de bénévoles du milieu associatif. Un impératif qui ne constitue pas un frein, car, au Canada, la justice est l'affaire de tous. « Neuf mille bénévoles interviennent auprès des personnes condamnées, pour une population carcérale totale d'environ treize mille détenus, indique Catherine Rossi. La dizaine de sessions organisées chaque année au Québec, par exemple, font partie des nombreuses actions portées par le monde associatif. » Professeure de criminologie à l'université Laval de Québec, elle-même donne chaque semaine près de quinze heures de son temps dans le milieu carcéral et judiciaire.

Une histoire courte mais agitée

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 16:18

1947. Le Royaume-Uni préside à la partition de son empire indien sur des bases confessionnelles. Fondé le 14 août, le Pakistan comprend le Pakistan occidental et le Pakistan oriental, séparés par 1 600 kilomètres de territoire indien.

1949. Création de la Ligue Awami par Mujibur Rahman, qui prône l'indépendance du Pakistan oriental.

1970. La Ligue Awami remporte les élections législatives. Les dirigeants pakistanais refusent de reconnaître les résultats.

Mars 1971. Mujibur Rahman est arrêté et le Pakistan occidental lance une violente attaque militaire.

Décembre 1971. Les indépendantistes, aidés par l'armée indienne, battent les forces du Pakistan occidental. Fondation de la République populaire du Bangladesh.

1975-1990. Succession de coups d'État militaires.

Mars 1991. Mme Khaleda Zia mène le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) à la victoire.

1996. La Ligue Awami gagne les élections et porte au pouvoir Mme Sheikh Hasina.

2001. Le BNP remporte les élections.

6 janvier 2006. La Ligue Awami revient au pouvoir.

22 avril 2013. Élection de M. Abdul Hamid (Ligue Awami), seul candidat, à la présidence de la République.

24 avril 2013. L'effondrement du Rana Plaza, usine textile près de Dacca, tue plus d'un millier de personnes.

5 janvier 2014. La Ligue Awami remporte les élections législatives, marquées par une féroce répression.

Janvier 2016. Deux étudiants sont condamnés à mort pour le meurtre en 2013 du blogueur athée Ahmed Rajib Haider.

1er juillet 2016. Un attentat revendiqué par l'Organisation de l'État islamique fait vingt-quatre morts à Dacca.

L'armée, le peuple et la mystique révolutionnaire

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 16:14

En avril 1995, l'Organisation des États américains (OEA) organisait un colloque sur les missions de sécurité et de paix à Washington. Le principal intervenant était un général américain qui venait de diriger l'opération « Restaurer la démocratie » en Haïti (1), laquelle avait renversé le régime militaire installé après le coup d'État contre le président élu Bertrand Aristide. Tandis que le général vantait la coopération avec les organisation non gouvernementales (ONG) locales, des militaires vénézuéliens ironisaient dans la salle : « Ah, ces Yankees ! Éternels libérateurs des petits pays opprimés. »

L'anecdote illustre le ressentiment qu'éprouve encore à ce jour l'armée vénézuélienne envers les États-Unis. Comme en Bolivie, en Équateur et au Pérou, elle recrute essentiellement parmi la classe ouvrière ou la frange basse de la classe moyenne. La formation militaire inculque aux soldats un nationalisme fervent qui mêle bien souvent patriotisme et notions de justice sociale.

Depuis la guerre froide, les armées latino-américaines ont laissé dans les mémoires collectives l'image de juntes militaires persécutant les ennemis de l'État derrière des lunettes noires. Mais un courant militaire nationaliste progressiste moins connu contredit l'idée selon laquelle toutes les armées seraient de droite. Dans les années 1920, le mouvement de la Jeunesse militaire (en espagnol, Juventud militar) fomente des rebellions au Brésil, au Chili et en Équateur, et participe à des révoltes pour réclamer des réformes en Amérique centrale. En 1960 au Guatemala, de jeunes lieutenants progressistes essaient — sans succès — de renverser une dictature militaire avant de mettre en place les premiers groupes de guérilla dans ce pays. Des militaires de rang intermédiaire provoquent la chute de deux dictateurs guatémaltèques, les généraux Lucas García et Ríos Montt. En 1979, dans la république du Salvador, des membres de la Jeunesse militaire tentent un putsch dans un effort désespéré pour empêcher la guerre civile qui éclate malgré tout l'année suivante.

Les militaires nationalistes de gauche ont parfois eu recours à la force pour mettre en œuvre des nationalisations antioligarchiques et anti-impérialistes, ainsi que des programmes de réforme sociale en faveur des plus défavorisés. Nombre d'entre eux, à l'image de ceux qui sont sous leurs ordres, viennent de milieux modestes. Arrivés au pouvoir par la force ou par les urnes, ils cherchent à renforcer leur légitimité à travers des élections et des organisations de masse. Le colonel Jacobo Arbenz, élu président du Guatemala en 1950, en est le premier exemple, mais un coup d'État piloté par la Central Intelligence Agency (CIA) met prématurément fin à son mandat en 1954. Ses héritiers politiques, les généraux Juan Velasco au Pérou et Omar Torrijos au Panamá mènent tous deux un putsch dans leur pays respectif en 1968. En tant que « réformistes militaires », ils se sentent investis d'une mission patriotique, celle de rompre avec l'élite traditionnelle pour restaurer le contrôle de l'État sur l'économie et introduire des réformes sociales dont l'exécution serait confiée aux forces armées. Dans la même veine, des chefs militaires instaurent des programmes progressistes, quoique moins ambitieux, en Bolivie (1969-1971) et en Équateur (1972). Des militaires retraités fondent une ONG composée d'anciens officiers progressistes, qui sera présidée au milieu des années 1990 par un ancien lieutenant-colonel vénézuélien, un certain Hugo Chávez.

En 1983 au Venezuela, des officiers appartenant au groupe Comacate (acronyme pour : comandantes, mayores, capitanes y tenientes [commandants, majors, capitaines et lieutenants]), conspirent contre le président civil Luis Herrera, sous la houlette de William Izarra, qui va solliciter l'aide de Fidel Castro. Dès lors, l'ambassade cubaine tisse des relations confidentielles avec les courants militaires de gauche au Venezuela. Chávez, fils de cordonnier devenu lieutenant-colonel, dirige l'un de ces groupes militaires d'opposition. En 1992, ce fervent admirateur de Simón Bolívar, du général et président péruvien Juan Velasco et du Panaméen Omar Torrijos, entreprend un coup d'État qui lui vaut deux ans de prison. Quelques années après sa libération, il fonde un mouvement politique et fait campagne dans les bidonvilles et les villages ruraux, sous l'œil attentif des diplomates cubains, impressionnés par son ascension et l'adhésion massive qu'il suscite. Quand ils entendent les villageois l'accueillir comme le Messie, ils sont convaincus qu'il sera le prochain président du Venezuela (2). Lors de sa première visite à Cuba en 2001, Fidel Castro le reçoit comme s'il était déjà chef de l'État. Commence alors une histoire particulière entre Fidel Castro, le vieux sage, et Hugo Chávez, son jeune successeur révolutionnaire et futur collègue.

Mais Chávez n'est pas le premier président révolutionnaire du Venezuela. En 1958, après avoir chassé le dictateur Marcos Pérez Jiménez, l'amiral Wolfgang Larrazábal devient président intérimaire. En décembre de la même année, il envoie sept tonnes d'armes à l'armée rebelle de Cuba, une aide militaire décisive qui hâte leur victoire. Mais Chávez s'inscrit également dans la lignée de Torrijos et Velasco, imprégnés de la mystique révolutionnaire militaire qui suppose une unité indivisible entre le peuple et l'armée. Pour illustrer le rôle de l'armée comme avant-garde, l'ancien président du Venezuela emploie la métaphore suivante : « Prenez la formule chimique de l'eau : H2O. Le peuple représente l'oxygène, et les forces armées l'hydrogène. Il n'y a pas d'eau sans hydrogène (3). »

Au cours de ses quinze années au pouvoir (1999-2013), la trajectoire politique de Chávez révèle un radicalisme croissant. Lors de sa visite en 2001, Fidel Castro lui fait comprendre qu'il ne pourra pas « être le maire de tout le Venezuela » et le convainc que pour réaliser son projet de transformation du pays et de lutte contre la pauvreté, il aura besoin d'un parti politique doté d'une vision à long terme et d'organisations de masse, d'où la nécessité d'une équipe expérimentée. Le nouveau président décide alors de faire confiance à ses loyaux compagnons d'armes et à d'autres hauts responsables militaires.

Chávez survit à une tentative de coup d'État en 2002 et à une grève générale manquée, organisée par des alliances hétérogènes de militaires et d'hommes politiques de l'opposition. Fidel Castro l'encourage à créer des milices populaires au plus vite pour prévenir les troubles civils ou contrer une éventuelle invasion de mercenaires ou de soldats étrangers. Au cours des années qui suivent, les appareils de sécurité de Cuba et du Venezuela passent un pacte de coopération mutuelle concernant l'espionnage et d'autres opérations réalisées sur les deux territoires.

Au milieu des années 2000, Hugo Chávez commence à développer son projet en se posant comme le champion du « socialisme du XXIe siècle ». Il lance alors un ensemble de « missions » sociales et économiques au niveau national, menées par des militaires et des civils de confiance. Il en résulte un système de ministres et membres de cabinet directement soumis aux ordres du président, qui finit d'ailleurs par créer son propre parti politique, le Partido socialista unido de Venezuela (PSUV).

L'armée du Venezuela, rebaptisée Forces armées nationales bolivariennes (Fuerza Armada Nacional Bolivariana, FANB) devient progressivement l'organe exécutif du charismatique président-comandante, qui a rassemblé ses partisans dans un parti politique, des milices, ainsi que des syndicats et des associations. Les officiers et sous-officiers font désormais partie d'une institution chargée de renforcer l'État et de gouverner la patrie. Leur fierté institutionnelle s'appuie ainsi sur l'idéologie nationaliste de gauche qui considère les militaires comme des « gardiens de la nation » œuvrant dans l'intérêt du peuple, en particulier les plus démunis.

La nomination de militaires à des postes de responsabilité dans le cadre des nouvelles missions sociales, de l'administration publique et de l'économie nationalisée a renforcé leur loyauté envers ce président patriote qui se veut l'héritier de Bolívar. L'augmentation des soldes militaires et l'élargissement du recrutement dans l'armée et les milices y ont probablement contribué. En 1999, la nouvelle Constitution donne le droit de vote aux militaires. Entre 2008 et 2015, le budget des forces armées passe de 1,06 % à 4,61 % du PIB. Entre 2010 et 2014, les effectifs militaires passent de 117 400 à 197 744 personnes (soit une proportion de 40 à 63 pour 10 000 citoyens). En 2015, le pays compte 365 046 miliciens, répartis dans cent « zones de défense intégrales » (4). L'étroite collaboration entre La Havane et Caracas dans les domaines des services secrets et de la sécurité d'État se resserre davantage.

Sous Chávez, la FANB constitue déjà un puissant instrument, qui sert au président à la fois de bras droit militaire (pour la défense et la sécurité intérieure) et de bras gauche politique (chargé des ministères, des « missions » et de la gestion économique). Auparavant, les ministres de la défense vénézuéliens pouvaient être des civils ou des hauts gradés de l'armée, mais Chávez a nommé douze loyaux militaires au ministère de la défense, après les avoir promus chefs de l'état-major. Sous sa présidence, l'armée a aussi pénétré dans un univers administratif qui restait jusque-là essentiellement civil.

Depuis quelques années, on observe une généralisation de ce phénomène : contrairement à Cuba, au Venezuela les ministères civils et les postes à responsabilité passent de plus en plus aux mains des militaires, qu'ils soient en service ou retraités (5). En 2015, ils détiennent la vice-présidence, les ministères de l'intérieur, de la sécurité publique, de l'économie et des finances, des travaux publics, de la santé, de l'alimentation, des transports, de l'énergie électrique, de la « participation populaire », sans oublier l'influent ministère du bureau de la présidence et du suivi du gouvernement. En outre, tous les « vice-ministres » de ces grands ministères font partie de l'armée de terre, de l'air ou de la marine.

Pour illustrer la militarisation actuelle du gouvernement et de l'administration publique, voici quelques chiffres : en 2015, les personnes issues de l'armée représentent 88 % des ministres, 38 % des gouverneurs, 70 % des maires et 85 % des ambassadeurs (souvent d'anciens ministres). De même, les militaires sont responsables de secteurs importants et d'instruments publics stratégiques comme la collecte des impôts, le budget, les marchés publics et les appels d'offre, achats et acquisitions du secteur public, la direction des banques publiques et la surveillance des banques privées.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a généralisé ce système en ne s'entourant que de militaires purs et durs. Le général Vladimir Padrino López, nommé chef de l'état-major en 2013, devient ministre de la défense l'année suivante. Face au tumulte politique et au désastre économique, M. Maduro décrète l'« état d'urgence économique » en juillet 2016, créant une « super-mission pour l'approvisionnement souverain », encadrée par le ministre de la défense. Actuellement, le général Padrino gère non seulement la défense nationale et l'économie du pays, mais aussi tous les autres programmes sociaux, jouant ainsi un rôle de premier ministre. Ainsi, l'état-major est étroitement lié au parti socialiste et au président, à tel point que l'avenir de ce dernier dépend avant tout de la loyauté des militaires.

Certes, pour l'instant l'armée soutient le président et s'occupe en grande partie de gouverner un pays parcouru de divisions et de gérer une économie exsangue, mais pour combien de temps encore ? Les institutions militaires tendent à survivre aux partis et aux carrières politiques. Si la crise venait à s'enliser et la contestation à s'intensifier, alors les forces armées, au lieu de défendre l'État, pourraient-bien éprouver le besoin de s'attribuer le rôle d'arbitre national.

(1) Intervention menée à Haïti en 1994 par des soldats américains mandatés par le Conseil de sécurité de l'ONU.

(2) Entretien avec Carlos Antelo Pérez (24 et 27 octobre 2011), conseiller à l'ambassade cubaine à Caracas.

(3) Cf. Bilbao, Luis. Chávez y la Revolución Bolivariana. Conversaciones con Luis Bilbao, Santiago du Chili : Capital Intelectual S.A. et LOM, 2002.

(4) Cf. RESDAL, Atlas comparativo de la defensa en América Latina y Caribe, Buenos Aires : Red de Defensa y Seguridad de América Latina, 2016. Cf. aussi Francine Jácome, Fuerza Armada, estado y sociedad civil en Venezuela, Caracas : Instituto Latinoamericano de Investigaciones Sociales (ILDIS). Les analystes fournissent des informations très différentes sur le nombre de miliciens, leur entraînement et leur armement.

(5) Cf. Carlos Tablante, Elgran saqueo. Caracas : Editorial Cinglar, 2016.

Building the Commune. Radical Democracy in Venezuela

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 15:45

Difficile de peindre un tableau enthousiasmant du Venezuela à l'heure actuelle. Difficile, à moins qu'on ne s'intéresse aux réalisations du processus bolivarien dans la création d'un « nouvel État » reposant sur la participation populaire. En 2006, Hugo Chávez imagine les conseils communaux, des structures de base vouées à gérer de façon autonome des budgets autrefois alloués aux municipalités. En 2010, Caracas va plus loin avec le lancement des communes : des regroupements de conseils communaux dont les prérogatives, plus larges, visent à gommer la dichotomie entre politique et économie. Certaines communes s'impliquent dans la production agricole ; d'autres récupèrent des entreprises ou gèrent des transports en commun. L'auteur y voit une forme de « territorialisation du socialisme » échappant à la fois au localisme béat et à la soumission à l'État. Il existe aujourd'hui plus de 45 000 conseils communaux et environ 1 500 communes. On n'imagine pas que le chavisme puisse sortir de sa crise actuelle par la gauche sans s'appuyer sur ces structures.

Verso, Londres, 2016, 144 pages, 6,29 livres sterling.

Rectificatifs

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 13:45

— Contrairement à ce qu'indiquait l'article « Le Maghreb entre autoritarisme et espérance démocratique » (novembre), avec 31 % de sièges occupés par des femmes au Parlement, la Tunisie n'a pas la proportion d'élues la plus forte du continent africain. Cette proportion est de 42 % au Sénégal et de 64 % au Rwanda.

— Dans le graphique représentant la « La spirale de l'intégration » (novembre), l'Irlande apparaissait à tort comme étant membre de l'espace Schengen.

— Le mauvais placement d'une virgule dans une note de l'article « Riposte culturelle au Cachemire » (septembre) nous a conduits à diviser la population du Jammu-et-Cachemire par dix. Il compte en réalité 12,54 millions d'habitants.

— Régent du royaume de Hongrie entre 1920 et 1944, Miklós Horthy était amiral et non maréchal, comme nous l'avons écrit par erreur dans « Le beau Danube noir » (novembre).

Accidentologie

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 13:44

Délégué interministériel à la sécurité routière, M. Emmanuel Barbe conteste les conclusions de l'article « Des accidents de la route pas si accidentels » (août) sur les disparités sociales en matière d'accidents et sur la politique de prévention.

L'accidentalité d'un pays est déterminée par la somme des risques individuels pris par chaque usager de la route (du piéton au chauffeur de poids lourd). La sécurité routière doit donc, par définition, s'adresser à tous, ce qui en fait d'ailleurs une politique de santé publique plus que de sécurité. Au reste, l'auteur ne prétend tout de même pas que seuls les ouvriers meurent sur les routes. Il indique leur surreprésentation parmi les victimes. En imposant le port de la ceinture à l'avant et à l'arrière, l'équipement de série des véhicules de systèmes de sécurité passive et active, des seuils en matière d'alcoolémie comme la prohibition de la conduite sous l'empire de la drogue ou téléphone à la main, en développant le système du permis à points comme les radars automatiques, la politique de la Sécurité routière s'adresse bel et bien à tous. Il a d'ailleurs souvent été souligné combien ses stages de sensibilisation (que l'on réduit trop souvent à des sessions de récupération de points) constituent désormais l'un des derniers lieux de véritable mixité sociale, le PDG y croisant l'ouvrier, comme le montre l'excellent film de Coline Serreau Tout est permis !

Aucune des campagnes diffusées à la télévision depuis au moins ces dix dernières années ne montre le moindre « passager en costume trois-pièces ». Pas même, d'ailleurs, l'ombre d'une cravate chez nos protagonistes. C'est que notre communication attache au contraire la plus grande importance au fait que les acteurs choisis dans ses films et la façon dont ils sont habillés permettent l'identification la plus large possible des publics visés.

Reprocher à la communication de la Sécurité routière la représentation de « familles avec enfants » est un peu surprenant, à moins que l'on puisse démontrer que la famille serait l'apanage des plus riches. En revanche, la famille est un vecteur d'émotion puissant, à même de faire évoluer les comportements, et c'est pourquoi elle est largement représentée dans nos films, qui cherchent précisément à provoquer une émotion, une indignation, une réaction.

Quant aux jeunes, ils sont plus que présents dans nos campagnes : ils constituent même, depuis bien des années, une cible majeure de sa communication, notamment avec la campagne SAM (« Sans accident mortel ») : « Celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas. » La Sécurité routière y consacre 20 % de son budget. Cohérent là encore avec les statistiques, puisque les 18-25 ans représentent 9 % de la population et 21 % des personnes tuées sur la route. Soit la première cause de mortalité de cette classe d'âge. Et si les ouvriers sont surreprésentés parmi les jeunes tués sur la route, cet investissement massif devrait leur être bénéfique.

UraMin

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 13:44

Après l'enquête de Juan Branco « Aux sources du scandale UraMin » (novembre), M. Christophe Neugnot, directeur de la communication de l'entreprise publique, souhaite préciser les conditions de suspension de l'exploration sur le site de Bakouma.

Fin 2011, Areva a notifié aux autorités centrafricaines la suspension des activités d'exploration sur le site de Bakouma, compte tenu de la forte chute des cours de l'uranium (— 40 % depuis l'accident de Fukushima en mars 2011). Ces travaux d'exploration visaient à mieux caractériser le gisement et aucune mine n'a jamais été en activité. En juin 2012, le camp de Bakouma a été attaqué et pillé par des bandes armées, en présence de certains employés. Areva a alors évacué tout son personnel, ne laissant sur place qu'une équipe réduite de maintenance ainsi qu'un gardiennage continu, assuré par une société privée.

Cette attaque a clairement démontré que la sécurité n'était plus assurée sur la zone de Bakouma où intervenait le personnel d'Areva, que ce soit sur le camp, dans le village ou sur les secteurs d'exploration. En conséquence, Areva a notifié en avril 2013 aux autorités centrafricaines une situation de « force majeure », en application des termes de la convention minière, compte tenu du fait que la sécurité de ses employés n'était plus assurée. Areva n'avait plus de possibilités de se rendre sur le site, plus aucun cadre d'Areva n'y ayant eu accès depuis décembre 2012.

En ce qui concerne le réaménagement du site, dans la période de responsabilité d'Areva et ce jusqu'à notification du cas de « force majeure », Areva s'est acquittée de toutes ses obligations en la matière, nonobstant la situation de guerre qui régnait alors localement.

À fin 2012, 95 % des travaux de réaménagement avaient été réalisés. L'objectif de ces travaux était une mise en sécurité et une remise en état des terrains dans une configuration aussi proche que raisonnablement possible de leur état initial avant le lancement des travaux d'exploration. En mars 2013, Areva a soumis à l'Agence nationale de radioprotection (ANR), l'équivalent local de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en France, les résultats des travaux de réaménagement menés à fin 2012, ainsi que des rapports de suivi radiologique du site et des travailleurs, et convenu avec elle du restant des travaux à réaliser. La fin des travaux a fait l'objet, en juillet 2013, d'un rapport déposé par Areva au ministère des mines en août 2013 aux fins de délivrance d'un quitus.

Les contrôles radiologiques réalisés en fin de travaux ont montré des valeurs du même niveau que la radioactivité naturelle de cette zone. Nous tenons à signaler qu'une partie de ces terrains recèlent une radioactivité naturelle significative en raison de la présence d'indice d'uranium naturel en surface. (...)

Nous ne pouvons que regretter que le site de Bakouma ait été pillé. En ce qui concerne la sécurité et la santé des travailleurs, il est important de souligner que nos activités étaient des activités d'exploration. Tous les employés du site avaient des tenues de travail adaptées et bénéficiaient d'une sensibilisation régulière aux enjeux de sécurité au travail et de radioprotection. Areva avait mis en place un suivi radiologique des salariés et, conformément à la réglementation, le médecin disposait des résultats de ce suivi. Les doses moyennes reçues par les salariés entre 2009 et 2011 étaient comprises entre 0,18 et 0,85 mSv par an avec une dose maximale de 2,28 mSv. Ces doses sont largement inférieures à la limite réglementaire centrafricaine et internationale de 20 mSv par an.

Tous les résultats ont été transmis à l'ANR. Dans un rapport de mars 2013, l'ANR centrafricaine « confirme que les doses reçues par le personnel sont faibles et largement au-dessous des seuils réglementaires ». Entre 2008 et 2012, Areva a noué de nombreux partenariats avec la République centrafricaine, et a déployé une politique sociétale ambitieuse pour un montant de plus de 600 000 euros investis en faveur de l'accès aux soins, de l'éducation et du développement local. (...)

De plus, la Fondation Areva a apporté son soutien dans un projet de lutte contre le paludisme, mené dans l'agglomération de Bangui, à Bambari et Soda à partir de 2015 par l'association française Guira et en partenariat avec le gouvernement centrafricain qui a notamment assuré la sécurisation des opérations. Ce projet comprend une campagne de sensibilisation, la mise à disposition d'antiseptiques, antihistaminiques, antispasmodiques et petit matériel médical, et de 4 000 moustiquaires imprégnées.

Pinocchio, menace, marche arrière, film d'horreur

Le Monde Diplomatique - Wed, 30/11/2016 - 13:44
Pinocchio en blouse blanche

Évoquant une initiative américaine destinée à superviser les essais cliniques (dont dépend la mise sur le marché des médicaments), l'hebdomadaire britannique The Economist rappelle que dans ce domaine le vernis scientifique dissimule parfois les acrobaties statistiques les plus douteuses.

La moitié des essais cliniques n'ont pas réellement obtenu les résultats publiés. (...) Proportionnellement, les pires fraudeurs sont les gouvernements et les universités. En termes absolus, les coupables du plus grand nombre d'écarts sont deux géants du secteur pharmaceutique : Sanofi et Novartis, suivis du National Cancer Institute, une structure fédérale américaine.

« Tested, and found wanting », 5 novembre.

Menace

Un mois après un discours remarqué dans lequel elle promettait de faire du Parti conservateur « le parti des travailleurs », la première ministre britannique Theresa May a annoncé vouloir offrir aux entreprises le taux d'imposition sur les sociétés le plus faible du G20, suscitant l'alarme en Irlande.

Prenant la parole devant la CBI, l'une des principales organisations patronales britanniques, [Mme Theresa May] a affirmé que son objectif « n'était pas seulement d'afficher le taux d'imposition des sociétés le plus bas des pays du G20, mais également de proposer un système fiscal qui récompense l'innovation ». Les experts estiment qu'elle pourrait réduire l'impôt sur les sociétés à moins de 15 % [il était passé de 20 à 17 % début 2016], dans l'optique de protéger l'économie de son pays des soubresauts liés à une sortie de l'Union européenne. Réduire l'impôt sur les sociétés pourrait attirer des entreprises et remettre en cause le statut de l'Irlande comme destination favorite des grandes transnationales.

Joe Brennan, « Theresa May's retreat from Brexit ‘cliff edge' may cushion Ireland », Irish Times, 21 novembre.

Marche arrière

Le 14 novembre, Bogotá et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont rendu public un nouvel accord de paix après le rejet du premier lors du référendum du 2 octobre. Pour l'hebdomadaire communiste Voz, le document marque un recul considérable.

Le président [Juan Manuel] Santos et le chef de la délégation officielle à La Havane, Humberto de la Calle, ont déclaré que le nouvel accord était « meilleur que le précédent », mais les secteurs démocratiques avancent une autre analyse. Il s'agit en fait d'un pas en arrière, nécessaire pour sauver le processus de paix mis à mal par le résultat négatif du 2 octobre. (...) Désormais, l'accord ne bénéficie d'aucune garantie constitutionnelle, de sorte qu'il sera exposé aux contre-réformes que pourraient mettre en œuvre les prochains gouvernements. (...) Le nouveau texte mentionne par ailleurs le concept de « soutenabilité budgétaire » pour le financement de l'accord, mettant son application en danger si un jour le pouvoir exécutif alléguait un manque de ressources, réel ou non.

Carlos A. Lozano Guillén, « El “nuevo acuerdo” : El turno es para la implementación », 18 novembre.

Film d'horreur

Inflexibles défenseurs de la propriété privée contre les réquisitions d'appartements en Union soviétique, les pères fondateurs de l'Union européenne auraient-ils frémi à la lecture de cet article du New York Times  ?

Comptable à la retraite, M. Michalis Hanis a fidèlement remboursé le crédit immobilier de sa petite maison de la banlieue d'Athènes, où il vit depuis vingt-trois ans. Du moins jusqu'à l'éclatement de la crise grecque, il y a quelques années. Conformément aux mesures d'austérité exigées par les créanciers, le gouvernement a amputé sa retraite de 35 %. Et, comme celle du pays, sa dette gonfle. Il a désormais rejoint les rangs des dizaines de milliers de Grecs qui luttent pour sauver leur logement au moment où déferle une nouvelle vague d'expulsions et de manifestations. « C'est comme dans un film d'horreur, témoigne M. Hanis, 63 ans, qui tient grâce aux antidépresseurs et aux somnifères. La pression ne baisse jamais. Je veux juste protéger ma maison. » Les créanciers du pays [au premier rang desquels la Banque centrale et la Commission européenne] ont mis en demeure le gouvernement d'autoriser la vente aux enchères des biens appartenant aux débiteurs qui ne paient pas, et ce afin de collecter des milliards d'euros qui pourraient servir à renflouer les banques grecques chancelantes.

Niki Kitsantonis, « Greek Homeowners Scramble as Repossession Looms : ‘It's Like a Horror Movie' », 29 octobre.

Pages