« Terrorisme » a une irremplaçable vertu : donner une violence pour dépourvue de sens. Et de causes. Violence pure, venue de nulle part, qui n'appelle rigoureusement aucune autre action que l'extirpation, éventuellement dans la forme relevée de la croisade : le choc des civilisations, l'axe du Bien, à laquelle il n'y a aucune question à poser.
- La pompe à phynance / Palestine (Gaza), Médias, Palestine, Politique, Israël(B2) C'est une fiction, mais bâtie sur de solides éléments. Pour qui a pu suivre un peu le président (Chirac) et sa femme (Bernadette), on a sans peine à imaginer que ces fiction cinématographique repose sur certains (solides) éléments.
Outre le romanesque nécessaire au film, on retrouve en effet une femme de président, discrète dans l'ombre, mais bien présente, dans l'arrière-cour, et au besoin devant les projecteurs. Ferme à l'égard de Jacques, n'hésitant pas à le rabrouer parfois ou lui lancer un regard qui en disait autant (j'avais pu le vérifier un jour de déplacement présidentiel à Berlin).
Catherine Deneuve campe assez parfaitement cette lente montée en puissance de la Première dame, de son initiative de pièces jaunes à sa réconciliation et la propulsion de Nicolas Sarkozy pour prendre les rênes du pouvoir.
(NGV)
« J’ai été consterné et marqué par les images d’une violence extrême en provenance du Levant qui font irruption sur nos écrans depuis samedi dernier. J’affirme clairement ma solidarité et ma sollicitude pour les victimes, ainsi que ma conviction profonde que le terrorisme - au sens propre de l’emploi de la terreur - doit être combattu avec la plus grande détermination partout où il apparaît.
« Cette réaction d’horreur devra s’accompagner dans les prochains jours d’une analyse militaire, car les évènements d’Israël comme ceux d’Ukraine ou du Haut- Karabagh doivent servir à nous préparer à toute situation, y compris la plus imprévisible.
« Mais surtout, ma première réaction porte sur un fait indéniable : nous assistons au retour des guerres majeures.
Les conflits mettant à l’œuvre un déchaînement de violence paroxystique, dans lesquels les verrous moraux et juridiques sautent sous les coups de boutoir de la barbarie la plus débridée, alors qu’on les pensait relégués dans les livres d’Histoire, font un retour fracassant.
« Le réel frappe à notre porte et nous rappelle que l’homme est un loup pour l’homme, que les États sont engagés dans une compétition permanente et que la guerre est redevenue un moyen privilégié de règlement des différends.
« Dès lors, l’état de préparation des forces armées relève plus que jamais de la précaution la plus élémentaire pour s’assurer de ne pas être à la merci de la volonté du premier compétiteur venu.
« Nous n’avons pas le droit d’être pris en défaut sur ce point. Tous, nous devons en être convaincus. »
(Pierre Schill)
(B2) C'est la Pologne qui a, la première, dimanche (8 octobre) annoncé le lancement de l'évacuation de ses concitoyens d'Israël. Le Portugal a embrayé ainsi que la république Tchèque. D'autres suivent. Le mouvement s'accélérant même en milieu de semaine.
Après l'attaque multiple menée par les militants du mouvement Hamas contre plusieurs villes et habitations civiles dans le Sud d'Israël, aux alentours de Gaza, de nombreux touristes sont restés coincés — de nombreuses compagnies aériennes civiles ayant interrompu leur vol. « Nous sommes prêts à assurer rapidement et efficacement le retour chez eux des touristes polonais qui séjournent actuellement en Israël » a assuré le ministre de la défense, Mariusz Błaszczak.
Trois avions mobilisés
Varsovie a mobilisé au début trois avions de transport : deux avions C130 Hercules et un Boeing 737 pour cette opération, dénommée NEON. Deux avions polonais se sont posés à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv dès dimanche (8 octobre). Le troisième a décollé de Varsovie dimanche soir avec, à son bord, une équipe médicale militaire. Les avions pourront au besoin évacuer d’autres citoyens européens et étrangers qui souhaiteraient quitter le pays, précise le gouvernement polonais. Des avions Casa ont pris le relais assurant à partir de lundi (9 octobre) un pont aérien entre Tel Aviv en Israël et Chania en Crète, permettant ainsi de raccourcir le temps d'évacuation. Douze navettes ont ainsi été organisées jeudi (12 octobre).
L'expérience polonaise
L'aviation de transport et les forces spéciales polonaises ont « une certaines expérience dans ce type d'opérations » précise l'état-major : elles avaient mené une opération d'évacuation des Polonais de Wuhan (Chine) lors de l'épidémie de Covid-19 en 2020, et en 2021 pour l'évacuation de Kaboul.
D'autres pays embraient le pas
Le Portugal a aussi mobilisé un C-130 de ses forces aériennes pour « effectuer une mission d'aide au retour des Portugais » d'Israël, a annoncé en début de soirée, la défense portugaise.
L'Italie a assuré plusieurs rotations de ses avions militaires de Tel Aviv vers Pratica di Mare. Deux ont atterri mardi (10 octobre) dans la matinée à Pratica di Mare, ramenant environ 200 personnes, un troisième avion militaire a atterri dans l'après-midi. Deux autres vols assurés par une compagnie aérienne privée (Neos) à « prix contrôlés » (NB : 350 euros) seront assurés mercredi (11 octobre), indique la Farnesina. De nombreux pèlerins se trouvaient dans le pays, coincés par l'annulation des vols réguliers.
La Hongrie a dès lundi (9 octobre) envoyé deux avions de l'armée de l'air à Tel Aviv qui ont effectué deux rotations entre lundi et mardi. Puis elle a choisi (comme l'Autriche) Chypre comme hub d'évacuation avec un mode d'évacuation hybride bateau - avion.
215 personnes ont ainsi été rapatriées dès lundi (9 octobre) au soir à bord de deux avions de l'armée de l'air. Un appareil est ensuite retourné à Tel Aviv pour pour ramener 110 autres personnes. Au total, 325 personnes dans cette première rotation, dont 46 enfants, et 15 ressortissants d'autres nationalités (israéliens, suédois, allemands, britanniques, autrichiens et portugais). 65 Hongrois d'Israël, dont 18 enfants, ont pu rejoindre Chypre par bateau jeudi (12 octobre) annonce le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjártó. Ils seront rapatriés par avion en Hongrie.
De son côté, la Tchéquie a profité du déplacement mardi (10 octobre) de son ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský en Israël — pour exprimer son soutien à son homologue Eli Cohen —, pour ramener des citoyens tchèques bloqués dans le pays.
34 ont ainsi pu rentrer dans l'avion ministériel mardi soir. Une autre rotation a été assurée mercredi (11 octobre) dans la nuit, permettant de rapatrier une quarantaine de citoyens tchèques à l’aéroport militaire de Kbely, à Prague, à 3h40.
Des citoyens tchèques évacuent de Tel Aviv à bord de l'A319 ministériel (Photo : MFA Tchéquie)L'Autriche a préféré envoyé un avion C-130 vers Chypre. De là, un service de navette vers Israël sera mis en place pour ramener les Autrichiens. Il devait décoller de Linz mercredi (11 octobre) en matinée annonce la Bundesheer. A bord de l'avion, des psychologues de l'armée. (mis à jour) Mais l'opération a été reportée. L'avion étant tombé en panne. Construit en 1966 (57 ans d'âge !), il est en fonction depuis 2003 dans l'armée autrichienne s'excuse Michel Bauer, le porte-parole de l'armée.
Les Pays-Bas ont annoncé mardi (10 octobre) envoyé un avion de transport militaire de type A330 de l'unité multinationale d'avions de transport multirôles (MRTT) stationnée à la base aérienne d'Eindhoven, gérée par l'Otan, pour « rapatrier les personnes possédant un passeport néerlandais et souhaitant quitter Israël » comme l'a précisé la ministre de la Défense Kajsa Ollengren.
199 personnes ont ainsi pu être rapatriées mercredi (11 octobre). Une deuxième rotation a été organisée dans la foulée. L'appareil se posant à Eindhoven vers 1h30 du matin dans la nuit de jeudi à vendredi (13 octobre) avec plus de 200 Néerlandais à bord et une vingtaine d'Européens, précise le ministère néerlandais des Affaires étrangères. D'autres vols sont prévus dans les prochains jours, indique la défense néerlandaise.
La Roumanie a choisi de privilégier des vols privés, organisés notamment par la compagnie nationale Tarom, à la demande du ministère des Affaires étrangères. 239 ressortissants roumains ont ainsi été rapatriés entre mercredi et jeudi, à bord de quatre vols (Tarom, El Al et deux compagnies privées). En tout depuis le début du conflit, 18 vols spéciaux, assurés par Tarom et d’autres compagnies privées ont permis de rapatrier environ 1800 ressortissants roumains assure le porte-parole du ministère, Radu Filip à Agerpress
Il reste encore 300 citoyens roumains en Israël qui ont demandé une aide pour rentrer et 150 vivant à Gaza (350 Roumains sont recensés dans le territoire palestinien).
La France a annoncé qu'un vol spécial opéré par Air France sera assuré jeudi (12 octobre) pour permettre aux « compatriotes qui le souhaitent, et n’ont pu trouver de places disponibles dans les vols commerciaux encore ouverts à Tel Aviv, de regagner le territoire national » indique le quai d'Orsay, mardi (10 octobre) en fin de soirée.
Le premier vol a atterri à l'aéroport Charles de Gaulle jeudi (12 octobre) au soir ramenant 377 personnes. D'autres vols sont prévus vendredi (13 octobre).
L'Allemagne a demandé à la compagnie nationale Lufthansa d'effectuer plusieurs vols spéciaux jeudi et vendredi à destination d'Israël pour rapatrier les ressortissants et binationaux. Quatre vols avaient déjà été organisés jeudi (12 octobre) permettant d'évacuer 950 personnes, annonce le ministère des Affaires étrangères.
Après avoir hésité le Royaume-Uni a lancé jeudi (12 octobre) son opération d'évacuation. Via des avions privés, avec trajet payant. Chaque personne devant acquitter un montant de 300 £ précise le communiqué du Foreign Office.
À suivre...
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour le 10 octobre (Italie, Tchéquie, Autriche, Pays-Bas, Allemagne, France) - le 12 octobre (Hongrie, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Roumanie) - le 13 octobre (bilan chiffré Hongrie, Italie, Pays-Bas, Tchéquie)
Début septembre, la Sierra Leone a été plongée dans le noir. Le pays, qui souffre de l'un des plus faibles taux d'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne, dépend à 80 % des centrales électriques flottantes du groupe turc Karpowership. Après une « période prolongée de non-paiement », celui-ci a pris « la décision malheureuse et difficile de suspendre brièvement ses opérations »…
- Mots d'Afrique / Sierra Leone, Énergie, Turquie, Afrique du SudEn 2013, le monde arabe et sa périphérie connaissent le contre-coup des révoltes populaires de 2011. Les commentateurs parlent alors « d'hiver arabe » par opposition aux « printemps arabes » qui virent la chute de plusieurs dictatures. Alain Gresh, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, spécialiste du monde arabe, lance alors OrientXXI, un journal en ligne destiné à couvrir l'actualité d'ensembles géographiques s'étendant du Maroc à l'Afghanistan mais avec une attention particulière pour le Maghreb (...)
- Horizons arabes / Monde arabe, Proche-Orient, Internet, Médias(B2) Le retrait de l'ambassadeur français du Niger était inéluctable. De même que le retrait des soldats de Barkhane. Il aurait été sans doute plus sage et plus avisé de le faire plus tôt. Sans ce bras de fer inutile et finalement perdu.
La décision prise par le président Emmanuel Macron était la seule possible. Annoncée dimanche (24 septembre) au détour d'une interview télévisée bien préparée (1) sur TF1 et France 2.
Le fond et la forme
Si sur le fond, la position française est logique — refuser de composer avec une junte militaire et considérer le président élu Bazoum comme la seule autorité légitime — la forme est beaucoup plus discutable. Camper comme un matamore sur une position ferme — nous ne bougerons pas —, pour ensuite, plier bagage, sans tambours ni trompettes est plutôt incompréhensible. Aucune justification concrète n'est donnée à ce revirement. La seule explication valable étant que la situation était politiquement, militairement et moralement intenable.
Mali, Niger, bis repetita
La même situation s'était produite au Mali où, dans un premier temps, les Français avaient dit, nous ne partirons pas, puis avaient finalement plié bagage (lire : Le retrait du Mali : une sacrée défaite française). Au final, l'image et la réputation de la France en sort écornée. Elle laisse l'impression que si une junte militaire est ferme et droite dans ses bottes dans le refus de la coopération, la France après avoir dit haut et fort ce qu'elle pense, rompt le camp. C'est un très mauvais signal envoyé à tous nos alliés en Afrique et un bel encouragement pour de futurs coups d'État.
Un repli sur le territoire européen ?
En même temps, ce départ signe, avec celui qui l'a précédé au Mali, la fin des grosses opérations extérieures conduites par l'armée française (2) en Afrique, voire même dans le monde. Le repli est ainsi sonné vers la défense du territoire national et de l'espace européen. La visite du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, en Moldavie, est un signe notable de cette évolution. Un changement tactique, plutôt que stratégique pour l'instant (3).
(Nicolas Gros-Verheyde)
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« Il n'y aura plus de nuit » montre des images que ne devraient pas être vues. Nous voyons ce que voit le pilote de l'hélicoptère de combat dans lequel la caméra est embarquée. En Syrie, en Irak, en Afghanistan et en règle générale partout où l'armée d'une grande puissance militaire impose sa force, cette armée voit, presque divinement, les individus vivre. La nuit, ils sont aussi visibles que le jour, mais les hélicoptères, eux, ne sont plus repérés qu'au roulis de leurs pales.
- Contrebande / Armée, Cinéma, Conflits, Technologie(B2) Les mois passent. Et le couple franco-allemand patine toujours. Sur une question-clé : la défense. La rencontre des ministres Lecornu et Pistorius, aujourd'hui à Évreux, pourra sans doute aplanir quelques difficultés passagères. Mais elle ne suffira pas à redynamiser une relation difficile. De partenaires, Paris et Berlin, sont devenus rivaux. L'enjeu : le leadership européen dans ce domaine.
Des ratés en cascade
Entre la rénovation en commun des hélicoptères Tigre, stoppée, le projet d'avion de patrouille maritime, avorté, la liste des projets interrompus ces dernières années est désormais plus longue que celles des projets enclenchés. La réalité est cruelle : sur les quatre projets définis il y a cinq ans, au sommet de Meseberg, un seul a été enclenché : le SCAF. Non sans difficultés. Et toujours sans certitude sur son aboutissement (1).
Un encalminage révélateur d'un blocage
Quant au dernier, le système de chars du futur, alias MGCS, il est encalminé. On peut se demander si le projet allemand de préparer le successeur du char Leopard actuel enterre le projet commun ou, au contraire, lui donne un coup de pression ? L'un se situant à cout terme, à l'horizon 2030, l'autre à plus long terme, à l'horizon 2040 (lire : [Actualité] MBT versus MGCS. Quelles répercussions sur la coopération franco-allemande ?). Peu importe. Ce qui est intéressant c'est de bien voir que dans l'un ou l'autre des projets, ce n'est pas la France, mais l'Allemagne qui est au cœur des projets.
Une Allemagne plus fédératrice que la France
Idem pour le bouclier anti-missile lancé par l'Allemagne. Présentée à l'automne 2022, l'initiative European Sky Shield (ESSI) fédère. Aux quinze pays de départ, sont venus s'ajouter quatre autres : Danemark, Suède en février, puis Autriche et Suisse en juillet (cf.Carnet 04.07.2023). Et pas à pas, le projet prend forme. Un contrat vient ainsi d'être signé, il y a quelques jours, entre Allemands et Baltes(cf. Carnet 14.09.2023) . Les Français peuvent bien tempêter (lire : [Actualité] Défense aérienne : Emmanuel Macron dézingue l’approche allemande sans proposer d’alternative concrète), le projet avance inéluctablement. Là encore l'Allemagne est au centre du jeu. La France, sur la touche.
Un réarmement en cours
Nous assistons à un changement majeur d'orientation politique en Allemagne. Pour autant qu'il soit assumé dans la durée - ce qui n'est pas encore assuré à ce stade - ce changement pourrait reconfigurer la carte de l'Europe stratégique. Pour l'heure, l'Allemagne est décidée à se réarmer, à s'équiper et le fait savoir haut et fort. Le temps des atermoiements sur la défense, de grandes déclarations à Berlin suivies de peu d'effet (lire : Défense. L’Allemagne cause beaucoup et agit peu. Pourquoi ?) semble terminé. Certes c'est lent, et parfois balbutiant.
Une lenteur allemande qui ne doit pas faire illusion
Toutes les promesses d'un réinvestissement massif — le fameux fonds de 100 milliards — ne sont ainsi pas encore tenues. Et nul ne sait ce qu'il adviendra à l'échéance. Le budget de défense reste encore grevé par les dépenses en personnels, sociales et de santé. Mais, avec la part annuelle de l'enveloppe exceptionnelle, il devrait atteindre dès 2024 la bagatelle de 71 milliards d'euros, avec pas moins de 19 milliards consacrés aux équipements. A comparer aux 47 milliards d'euros du budget français, on a un écart budgétaire de près de 25 milliards d'euros (près de 30 milliards si on rajoute le nucléaire auquel n'est pas assujetti l'Allemagne).
Une double menace sur l'Allemagne
Les Allemands n'ont pas soudainement redécouvert la géopolitique et l'outil militaire. Ils n'ont pas vraiment envie d'avoir une défense propre. Mais le contexte a changé. Et l'Allemagne, inquiète, s'adapte. Pays du centre-européen, elle doit se garder des deux côtés. Sur son flanc Ouest, l'Allemagne est inquiète (sans le dire ouvertement) d'un retour trumpiste ou de son avatar qui veuille s'en prendre à l'OTAN. Une Alliance atlantique qui reste à Berlin l'alpha et l'oméga de la défense collective. Sur son flanc Est, la stabilité acquise depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, avec le Mur de Berlin, puis sans le Mur de Berlin, est aujourd'hui menacée, durablement, par une Russie agressive.
Une agressivité russe qui fait peur
L'espionnage du Bundestag, l'assassinat en plein cœur de Berlin d'un opposant (lire : [Décryptage] Le GU (ex GRU). Un service russe hyperactif… dans l’ingérence), l'affaire Navalny, etc. ont peu à peu nourri cette inquiétude. L'offensive brutale de la Russie sur l'Ukraine a été le point de bascule. De partenaire, la Russie est devenue une menace, voire un adversaire. Ensuite, les sanctions contre la Russie se mettent en branle. Le gazoduc Nordstream est suspendu. Le soutien militaire l'Ukraine prend de l'ampleur, jusqu'à faire d'une Allemagne, auparavant hostile à exporter des armes dans un pays en guerre, le deuxième soutien de l'Ukraine, derrière les États-Unis.
Un tournant dont on doit prendre conscience
Ces changements sont souvent minorés en France. De même qu'on a peu conscience de la révolution en cours dans le rapport allemand à la défense. Alors que dans le passé, l'Allemagne était prête à s'effacer derrière le leadership français, ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'Allemagne d'Olaf Scholz ne semble plus (du tout) disposée à se laisser dicter une conduite et joue sa carte personnelle et celle de leader européen. Si en matière opérationnelle, Berlin reste prudente dans ses engagements militaires, répugnant à s'avancer en premier ou de façon aventureuse comme sait le faire la France (2), elle n'a pas ses pruderies dans le domaine de la défense territoriale, de l'industrie de défense et de la politique de défense à l'échelle de l'Europe. La France d'Emmanuel Macron n'a ni vu venir cette évolution, ni réussi à s'y adapter. En mesure-t-elle seulement les enjeux ?
(Nicolas Gros-Verheyde, avec OJ)
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