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Défense

[Éditorial] Un an de guerre en Ukraine. Un changement de paradigme pour l’Europe

Bruxelles2 - Sat, 02/18/2023 - 16:09

(B2) Depuis un an, la guerre russe en Ukraine a déjà bouleversé la politique européenne. Une évolution qui va continuer ces prochaines années et pourrait aboutir à transformer l’Union actuelle, de façon majeure et structurelle. Quelques éléments de réflexion.

Kiev © NGV / B2
  • À l’heure où chacun se penche sur les conséquences immédiates de la guerre sur le terrain ou sur l’économie, il faut porter son regard un peu plus loin. Depuis bientôt 15 ans, B2 a choisi de centrer son oeil sur la défense et la géopolitique. Nous étions à l’époque considérés un peu avec commisération par les spécialistes de la défense (centrés sur leur nation) comme par les Européens (vissés sur les “vrais” domaines de compétence européenne). Aujourd’hui, c’est bien différent…

Une question dans tous les domaines

Le sujet « Ukraine » est systématiquement porté à l’agenda des réunions des ministres des Affaires étrangères comme des Chefs d’États et de gouvernement. Mais la question est transversale. Aujourd’hui, au Conseil de l’UE, il n’y pas un seul secteur, un seul des quelques 150 groupes de travail, même les plus éloignés de la politique extérieure, qui n’ait pas la question Ukraine à son agenda. Que ce soit les télécoms (avec l’extension du roaming aux ukrainiens), la culture (avec la question du patrimoine culturel ou des artistes en danger), l’économie et les finances (pour les questions de prêts macro-financiers) ou les transports (avec l’extension des réseaux transeuropéens en Ukraine et Moldavie), tous les experts européens doivent traiter la question Ukraine qu’il s’agisse d’une action sur place ou en relation avec la guerre ou des conséquences sur le plan intérieur de celle-ci.

La défense politique européenne

La défense devient, de gré ou de force, une politique européenne mixte (à la fois communautaire et intergouvernemental). Sans un changement de ligne du traité. Ce qui est, en soi, peu anodin dans l’histoire européenne. Même la question d’établir au niveau européen une centrale d’achats et un financement pour l’envoi de munitions en Ukraine, de façon massive, et le recomplètement des stocks de munitions, est aujourd’hui abordée de front (lire : [Confidentiel] Munitions. À la recherche d’une solution pratique et concrète d’ici fin mars ?).

Aucune question n’est plus taboue

Le principe n’est plus de s’abriter derrière une impossibilité juridique ou financière (comme dans les années 2010 où tous les arguments étaient bons pour ne pas intervenir). Le principe devient : comment faire, en contournant les obstacles existants, pour faire quand même. L’heure est au « pragmatisme » résumait récemment un ambassadeur. Avec raison. Les termes de « souveraineté européenne » ou « autonomie stratégique » qui suscitaient auparavant des batailles épiques sont acceptées. La question devient : comment on applique ces termes concrètement.

Une convergence idéologique

Même si quelques rivalités de personnes peuvent surgir, entre le Belge libéral Charles Michel le président du Conseil européen, l’Allemande chrétienne-démocrate Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le Français libéral Thierry Breton, le commissaire chargé de l’industrie et de la défense, et le socialiste espagnol Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, le « cœur » de l’Europe converge sur un point : la défense est primordiale, l’autonomie stratégique et la souveraineté européennes doivent être renforcées. Au niveau des États membres, les divergences sont plus profondes, mais cet objectif est assez partagé. Les nuances se font surtout sur la mise en pratique.

Un budget à 2%

La défense, considérée auparavant comme une “non politique” européenne, représente environ 2% du budget européen (25 milliards €) sur la période pluri-annuelle 2021-2027 selon nos calculs (1). Soit tout simplement l’objectif défini par l’OTAN pour les dépenses de ses États membres (lire : Quel objectif de dépense pour les Alliés de l’OTAN. Le débat est lancé ). Et si vous ajoutez les autres tâches régaliennes (politique étrangère, élargissement, sécurité, frontières, migrations, etc.), cela représente 13% du budget européen (près de 160 milliards euros) (2).

en croissance exponentielle

Et ce budget est en croissance. Sans grande difficulté (quelques mois de débat à l’échelle européenne ne sont pas si importantes), les 27 ont décidé en décembre de rajouter deux milliards tout de suite à la facilité européenne pour la paix, et 3,5 autres milliards potentiels. La Commission européenne a raclé les fonds de tiroir pour affecter 500 millions d’euros de plus à un nouveau fonds de défense (destiné aux acquisitions en commun, EDIRPA). Et un nouveau fonds (EDIP) doit voir le jour qui n’est pas encore financé. Pour le prochain cadre budgétaire 2028-2035, ces sommes ne vont pas baisser a priori, mais plutôt augmenter. Cela veut dire que les autres politiques (agricole ou régionale) seront ponctionnées. Sauf à trouver de nouvelles ressources.

Une Europe en transformation

Le statut de pays candidat octroyé à l’Ukraine (et la Moldavie) en un temps record ne doit pas faire illusion non plus. Même s’il s’agit d’une gestuelle très politique — montrer la solidarité européenne —, la mécanique d’élargissement de l’Union européenne a repris de façon rapide. Kiev et Chisinau, les deux capitales concernées, ont pris le problème à bras le corps. Et avec l’enthousiasme des néophytes, ils se jettent à corps perdus dans la mise en conformité de leur législation aux normes européennes. En plein conflit, le gouvernement ukrainien et la Rada (le parlement national) adoptent donc loi sur loi. Y compris sur des sujets très éloignés du conflit (ex. sur la reconnaissance des jugements civils et commerciaux). A tel point que l’objectif fixé par le président ukrainien V. Zelensky de voir s’ouvrir les négociations d’adhésion d’ici la fin 2023 (lire : [Récit] Zelenksy à Bruxelles : un one-man show réussi ?), ou début 2024, n’est plus tout à fait théorique.

… vers une Europe à 35 ou 36 membres ?

Des négociations discrètes sont en cours entre Belgrade et Pristina, visant à normaliser les relations entre les deux capitales, et donc entre les deux pays (lire : [Exclusif] Les dix points clés de l’accord de normalisation entre Belgrade et Pristina présenté aux 27). Si elles aboutissent, la voie vers l’adhésion de la Serbie n’a plus d’obstacle politique majeur. Neuf pays sont dans la salle d’attente européenne. Et certains sont bien décidés à y rentrer. L’Europe à 35-36 n’est donc plus une théorie. Mais une possibilité à laquelle les « vieux » pays européens doivent se préparer. L’Union européenne change de nature et donc de fonctionnement.

Conclusion : une Europe en transformation

Pour la deuxième fois de sa courte histoire, l’intégration européenne ne sait pas trop bien où elle va. Mais elle y va. Comme l’Europe de 2004 (après le big bang de l’élargissement à l’Est) ne ressemblait plus tout à fait à l’Europe de 1989, l’Union de 2035 ne sera donc pas tout à fait celle de 2020. Nous en faisons le pari : la transformation européenne en cours n’est ni mineure ni conjoncturelle. Toutes les politiques seront impactées demain par ces changements.

Le monde aussi évolue à grande vitesse, avec la reconstitution d’un bloc des Non Alignés (le Global South), un multilatéralisme remis en question. « On entre dans un nouveau monde » me confiait un ambassadeur récemment.

Celui ou celle qui prétend suivre les affaires européennes aujourd’hui, sans jeter un coup d’œil sur ces évolutions majeures de la défense et de la diplomatie, commet une singulière erreur. C’est comme naviguer en pleine tempête, sans sextant ou GPS et sans s’assurer de gilets de sauvetage… Conçu pour donner des clés de lecture, des outils d’information, B2 va continuer d’accompagner cette évolution. En évoluant aussi et se transformant à sa façon.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : [Analyse] Ces dix mois qui ont changé la défense européenne. À son insu, de son plein gré

  1. Sont inclus le fonds défense, la mobilité militaire, le budget PESC (essentiellement missions PSDC) issus du budget communautaire et la facilité européenne pour la paix (avec les augmentations de plafond décidées en décembre) qui est hors budget mais alimenté par un budget obligatoire des États membres. Cela ne comprend ni l’EDIP à venir ni les dépenses pour les différentes structures militaires de l’UE (Etat-major, agence de défense, centre satellitaire etc.) qui dépasse les 80 millions € par an (soit un demi-milliard sur la période).
  2. Cela recouvre la sécurité intérieure, les frontières, la politique étrangère y compris l’élargissement, la protection civile, etc. Ne sont pas compris d’autres budgets civils mais à double usage, tels Horizon 2020 (Recherche), ITER (recherche nucléaire), ou le soutien à la communauté chypriote turque (qui dépend du budget Régions) etc.

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[Musique] Poutine, l’homme qui vit dans le passé, selon Pet Shop Boys

Bruxelles2 - Mon, 02/13/2023 - 08:05

(B2) Le groupe de Liverpool nous avait habitué à une musique plus dance. Cette fois, ils ont choisi une musique toute douce. Un air lancinant. Quelques accords. L’intérêt est aussi un texte en forme de dénonciation d’un des hommes les plus puissants. Écoutez Living in the past

V. Poutine en plein sacre de la personnalité © Pet Shop Boys – extrait B2

The past isn’t even past

Cette chanson qui vient d’être publiée sur le site de Pet Shop boys (alias PSB), formé par Neil Tennant et Chris Lowe, vaut le détour. Elle se veut une réaction, à chaud, à la célébration par Vladimir Poutine début février à Volgograd (ex Stalingrad) des 80 ans de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, dévoilant un nouveau buste de Staline. Un évènement qui avait troublé le groupe au point de susciter un virulent commentaire : « Stalin is back » sur leur site.

  • « J’arrive en ville où ils ont dévoilé un buste mon prédécesseur. Encore très discuté. Nous avons essayé de l’oublier. Ses crimes ont été catalogués. Mais dans les nouvelles circonstances, encore une fois, c’est un Dieu. Le passé n’est même pas passé. Cela fait combien de temps ça dure. »

Je veux que les hommes meurent avec mon nom sur leurs lèvres

On est loin ainsi du rythme syncopé, très dance de Go West des Villages People repris par PSB deux ans après la chute de l’URSS ou de Always on my mind. Fabriqué à la maison, comme une démo, et diffusé pour l’instant sur You Tube, le ton est moins enthousiaste aussi. Il fait référence à une autre actualité, plus tragique, la sanglante offensive russe en Ukraine commencée il y a presque un an, le 24 février 2022.

  • « Je veux qu’ils me craignent comme tout le monde le craignait. Arrêtés et fusillés. Mais ils le vénéraient toujours. Comme lui, je vais gagner. Je ne serai pas éclipsé. Je veux que les hommes meurent avec mon nom sur leurs lèvres. Le passé n’est même pas passé. Cela fait combien de temps ça dure »

Il est trop tard pour perdre

Le duo de Liverpool, n’a jamais renié à la critique, sociale dans West End Girls ou sur l’éducation catholique, comme dans It’s the sin. Mais, là, il s’attaque à plus haut, au niveau international. Il se livre à une critique acerbe de la psychologie politique de Poutine : un être sans cœur, poursuivi par un désir personnel de prendre sa revanche, mû par une volonté de redonner à la Russie ce qu’était l’URSS hier.

  • « Je suis l’incarnation vivante d’un cœur de pierre. Un monument humain à la testostérone. Bien qu’à l’intérieur je sois mort, il est trop tard pour perdre. Je suis tout ce dont ils parlent sur leur nouveau cycle d’abus. Je suis là à tes frontières. Je ne vais pas abandonner. Aux nouveaux ordres mondiaux, je ne me soumettrai jamais. Appelez-moi un belliciste. Et je te donnerai une guerre. Dis que je suis un tricheur. Et je vais encore truquer le score. Il n’y a pas de défaite dont je répondrai. L’Occident est mort. Et ils en redemandent. Je vais tout récupérer l’ancien statu quo. Je me souviens comment c’était. Et je ne le lâcherai pas. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Traduction maison des paroles en anglais

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[Analyse] Le petit mensonge de l’Alliance sur l’aide humanitaire à la Turquie après le séisme

Bruxelles2 - Sun, 02/12/2023 - 13:51

(B2) Le séisme en Turquie a pris à revers l’Alliance atlantique. L’organisation qui déroule habituellement son action, de façon linéaire, planifiée, s’est trouvée en fait bien dépourvue face à ce tremblement de terre qui nécessite d’envoyer rapidement hommes et matériels. Elle a bien essayé de prouver l’efficacité de son dispositif de réaction rapide (EADRCC). Au prix d’un artifice frôlant le mensonge.

Equipe de sauvetage bulgare à l’œuvre autour d’un bâtiment détruit par le séisme en Turquie (photo : ECHO – Protection civile bulgare)

Que dit l’Alliance ?

« Plus de 1400 membres du personnel d’intervention d’urgence de plus de vingt pays alliés et partenaires de l’OTAN – dont la Finlande et la Suède – sont déployés en Turquie pour aider à répondre aux tremblements de terre du 6 février » indique-t-elle dans un communiqué publié mardi. C’est vrai en effet. Il y a « plus de 1400 sauveteurs et 100 chiens de recherche » envoyés sur place dès le début.

Ce qu’omet de dire l’Alliance… c’est que cette aide a été principalement fournie dans le cadre du mécanisme européen de protection civile de la Commission européenne (1). En fait, selon nos informations, seuls deux pays (Islande et Azerbaidjan) ont répondu par l’intermédiaire du centre de l’OTAN. Tous les autres pays européens qui ont envoyé des secours — 26 pays de l’UE, + trois pays tiers (Albanie, Monténégro et Serbie) — ont préféré passer par le mécanisme européen de protection civile.

Une réalité d’autant plus difficile à admettre du côté de l’Alliance, que la Turquie — pourtant non membre de l’UE, mais participante au mécanisme européen de protection civile — a déclenché le mécanisme européen en premier. Car elle en connait son efficacité pour l’avoir tester à plusieurs reprises. Ce n’est que six heures après qu’elle a déclenché le mécanisme de l’OTAN.

Le pieux mensonge de l’OTAN

Quand l’OTAN affirme ainsi que le « soutien est fourni par l’intermédiaire du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC) de l’OTAN, le principal mécanisme civil d’intervention d’urgence de l’Alliance dans la zone euro-atlantique », on passe ainsi du pieux mensonge par omission, à l’affirmation mensongère. Surtout quand l’Alliance omet de dire un seul mot sur l’action de la Commission européenne (2). Un oubli d’autant plus étrange que les deux organisations se sont jurées, à travers les déclarations successives UE-OTAN, de coopérer, notamment dans des domaines civils.

La carte des interventions des équipes de sauvetage européenes source ECHO / B2

Pourquoi l’UE et pas l’OTAN ?

C’est simple, le mécanisme de protection civile de l’UE a plusieurs atouts. A commencer par son expérience, son étendue d’action… et son budget !

30 ans d’expérience

Accolé à l’office européen d’aide humanitaire, créé il y a trente ans, en pleine guerre de Yougoslavie en 1992, ce mécanisme créé en 2001, est aujourd’hui particulièrement rôdé. Il regroupe au-delà des seuls membres de l’Union européenne, huit pays du voisinage européen, dont la Turquie. Selon un principe assez simple : « tu m’aides un jour, je t’aide le lendemain ».

Un fonctionnement très civil

Il fonctionne de façon assez souple : une bourse d’échange entre le pays demandeur et les pays qui envoient hommes et matériels. Et selon un principe : la « neutralité » d’action. Son intervention se veut « apolitique », « civile » et est surtout « inodore ». Chaque pays peut ainsi revendiquer l’aide envoyée comme nationale et purement civile (même si elle est souvent assurée par des militaires). À travers l’OTAN, l’aide apparait immédiatement comme très politique et très militaire. Logique le rôle de l’OTAN reste une organisation politico-miltaire, à la différence de l’UE, organisation politico-civile.

Une salle de crise rôdée aux catastrophes de tous genres

Sa salle de commandement 24 h / 24 (alias ERCC) gère régulièrement toute une série d’urgences : des feux de forêt l’été aux séismes ou catastrophes technologiques, telles l’explosion du port de Beyrouth (lire dossier N°86. L’Europe face à la crise du Liban après l’explosion du 4 août 2020), en passant par la crise du Covid-19 ou les guerres (lire : Aide humanitaire, protection civile et Medevac. Le plan de l’aide européenne pour l’Ukraine).

Un puissant atout financier

Le mécanisme de l’UE a surtout un argument sacrément efficace : argent et organisation. Doté d’un budget conséquent (3), il permet de financer une bonne partie des coûts : 75% des coûts de déploiement opérationnel (notamment transport des matériels et des équipes) sont pris en charge dans le cas de la Turquie, a confirmé à B2 un responsable du sauvetage. Autant dire une sacrée incitation. Car le reste des coûts (salaires des personnels, etc.) est de toute façon à charge des États.

Une administration dédiée à la réponse de crises

Le dispositif est aussi très rôdé. En 2021, il a ainsi été déclenché à 114 reprises. Autrement dit, une fois tous les trois jours. Géré par une direction générale de la Commission (la DG ECHO), il anticipe les crises, en passant des contrats cadres soit avec des ONG (pour l’aide humanitaire), soit avec des fournisseurs. Ajouté à cela, le dispositif de réserve d’urgence (RescUE) mis en place depuis 2019 et renforcé après la crise du Covid-19, permettant de disposer de plusieurs stocks ou services spécialisés pour répondre à certaines urgences (feux de forêts, médical, NRBC).

Commentaire : un jeu bien puéril

On peut comprendre pourquoi un État, même membre de l’Alliance, préfère passer par le dispositif UE que par le dispositif OTAN. Celui-ci ne disposant ni de cette organisation ni de ce budget. Entre les deux, c’est un peu la comparaison entre un club de football professionnel et un club amateur des copains du dimanche. Il n’y a pas photo. Plutôt que de faire abstraction de l’Union européenne, de manière assez puérile, l’OTAN aurait tout intérêt à la mettre en avant pour vanter la bonne coopération qui règne (même si elle existe peu en l’espèce) entre les deux organisations. Au lieu de cela, on est dans une espèce de « marquage à la culotte », particulièrement pitoyable, d’autant plus grave en pleine période de tension Russie-Occident, où la désinformation fait rage. L’Alliance ne voudrait pas donner pièce à la Russie qui accuse régulièrement l’OTAN de mentir sur la guerre en Ukraine, qu’elle ne s’y prendrait pas autrement…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Plus de 1400 sauveteurs et 100 chiens de recherche, 29 équipes de recherche et de sauvetage, 6 équipes médicales selon le communiqué de l’UE.
  2. Interrogé par nos soins l’OTAN s’est révélé incapable de détailler pays par pays, le nombre sauveteurs envoyés. Avouant que ce nombre a été « compilé sur la base des annonces officielles turques et alliées ».
  3. La protection civile dispose de 3,3 milliards € sur la période budgétaire de sept ans, soit près d’un demi-milliard € par an en moyenne, dont 170 millions d’euros pour le seul dispositif feux de forêts de RescUE en 2023. Quant au budget à l’aide humanitaire, il se monte à 1,7 milliard en 2023.

Lire nos fiches (réservées aux adhérents) :

— RescEU. La réserve en renfort pour les urgences civiles (fiche)

— Le mécanisme de protection civile. Une petite révolution. Capacités et porte-monnaie

Dans la salle de crise de la Commission européenne, à l’heure du Coronavirus

Mis à jour 12.2 23h50 – nombre de pays européens intervenants + la carte d’intervention

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Le sang des cerises (Bourgeon)

EGEABLOG - Fri, 02/10/2023 - 12:22

Le deuxième tome du Sang des cerises est paru en novembre 2022, clotûrant le dernier épisode de la saga des Passagers du vents. J'en ressors avec un sentiment mitigé.

Nous parlons quand même de François Bourgeon, l'auteur des Passagers du vent. Pour les jeunes lecteurs, l'irruption de cette série dans les années 1980 (aux éditions Glénat, nouvel acteur de l'édition de BD à l'époque) avait donné sinon un coup de fouet, du moins un coup d'accélérateur à la BD de qualité, la sortant défintivement des rayons enfantins. Dargaud avait suivi en lançant la série XIII... Je collectionne des BD sérieusment depuis cette époque...

Revenons à Bourgeon : les Passagers du vent mêlaient un beau dessin, minutieux dans les détails, réaliste dans les attitudes, empreint de poésie grâce aux vieux gréments et à la mer, un scénario original, des personnages attachants et finalement à la mentalité très contemporaine. Autrement dit, une réinvention de la BD historique qui fit florès. Bourgeon poursuivit avec deux autres séries : Les compagnons du crépuscule, sensationnelle plongée dans le Moyen-âge, et le cycle de Cyann, à dominante de science-fiction fantasy (à laquelle j'ai moins accroché). Il reprit ensuite la série des passagers du vent avec "La petite fille bois Caïman" puis avec cette troisième et dernière saison, "Le sang des cerises", dont le tome 1 est paru en 2018 et dont voici le tome 2.

L'action se passe au temps de la Commune. On suit les lentes prérégrinations de Zabo la communarde qui raconte (à la fin des années 1880) à un jeune bretonne un peu perdue, Klervi, son expérience de la Commune, de la défaite, de l'emprisonnement à Versailes jusqu'au transfert à Rochefort, puis le voyage de déportation vers la Nouvelle Calédonie, le temps passé là-bas, le retour et l'ultime voyage en Bretagne.

Disons les choses simplement : malgré les artifices du scénario pour relancer la "conversation", le gigantesque flash-back de Zabo paraît artificiel, verbeux et pour tout dire, ennuyeux. Ce qui était léger dans les volumes précédents est ici lourd, discursif, pesant. Et du coup, on se perd. J'ai mis du temps à m'attacher aux personnages... quant à la chute, elle peine à convaincre...

Le trait reste toujours de très bonne qualité mais là encore, avec quelques pesanteurs disgracieuses, sans les illuminations ni les chocs visuels qu'on avait eus lors des premiers opus.

Bref, un album que l'on conserve par amitié mais sans être réellement convaincu.

O. Kempf

 

 

 

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Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, contre le « terrorisme » du cliché

Défense en ligne - Thu, 02/09/2023 - 15:17

Jean-Marie Straub est mort le 20 novembre dernier, seize ans après sa compagne et coréalisatrice Danièle Huillet, deux mois après Jean-Luc Godard, décédé dans la même petite ville de Rolle, en Suisse. On n'a pas suffisamment reconnu que Jean-Marie Straub a fait, comme ce dernier, partie de la Nouvelle Vague : il rencontra André Bazin des Cahiers du cinéma, écrivit plusieurs textes pour la revue (qu'elle ne publia finalement pas), mais surtout il fut l'ami, dès les années 1950, de Jacques Rivette et (...)

- Contrebande / , ,
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[Réflexion] Ukraine. Les Européens sont-ils en guerre contre la Russie ?

Bruxelles2 - Thu, 02/09/2023 - 10:05

(B2) Un an après le début de l’intervention militaire massive de la Russie en Ukraine (le 24 février 2022) et du soutien tout aussi massif des Européens à l’Ukraine, on peut légitimement se poser la question aujourd’hui. Éléments de réflexion.

Arrivée de véhicules donnés par les Européens en Ukraine (Photo : SEAE – Josep Borrell)

Pour y voir clair… reprenons la définition de Clausewitz, le théoricien de la guerre moderne : « la guerre est 1. un acte de violence dont 2. l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté (…) Pour atteindre cette fin avec certitude 3. nous devons désarmer l’ennemi ». La guerre conduit à monter « aux extrêmes », il s’agit d’avoir un emploi « illimité de la force », mais aussi d’avoir un « calcul des efforts » nécessaires et une « escalade mesurée ».

Ces éléments (objectif, moyens, tempo), sont-ils remplis ? Pour en avoir le cœur net, examinons les moyens mis en œuvre par les Européens (et plus généralement par les Alliés).

1. La volonté politique. La désignation de l’adversaire est très claire. La Russie, son gouvernement, sont désignés explicitement comme l’initiateur du conflit : « une guerre d’agression non provoquée et injustifiée menée par la Russie contre l’Ukraine », une « invasion » selon la terminologie consacrée. Elle est considérée comme responsable de la plupart des crimes de guerre, sur ordre, voire même d’un génocide. Et ses dirigeants doivent être jugés pour ses faits. D’où l’idée d’un tribunal international ou d’un tribunal spécial pour juger ses dirigeants.

L’objectif de contraindre l’adversaire à exécuter la volonté est aussi clair. Les Européens affirment régulièrement leur volonté d’ « augmenter la pression collective sur la Russie pour qu’elle mette fin à sa guerre et retire ses troupes ». Ils se disent tout aussi régulièrement aux côtés de l’Ukraine : « l’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre [cette] guerre […]  aussi longtemps qu’il le faudra ».

Et le but de cette pression est aussi clair : la libération de tout le territoire dans « ses frontières internationalement reconnues ». Autrement dit : tout le Donbass, voire la Crimée. Les Européens rappelant leur « attachement indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de [ces] frontières ». NB : les citations, tirées de la déclaration commune lors du sommet UE-Ukraine du 3 février seront reprises ce jeudi (9 février) lors du sommet européen à Bruxelles en présence du président ukrainien V. Zelensky.

  • Une position de l’Alliance atlantique. Si les Alliés (Européens et Américains) ont désigné la Russie comme un adversaire, ils ont évité de le faire de façon trop voyante. Mais ceci est un artifice politique. C’est bien l’Alliance atlantique en tant qu’être politique, reliant les différents pays européens membres de l’OTAN, et apparentés (Finlande, Suède, etc.) qui est engagée aujourd’hui aux côtés des Ukrainiens tout autant que l’Union européenne et ses États membres. Avec une exception singulière : la Turquie.

2. La pression économique. Elle est très claire, forte et assumée. Avec près de dix paquets de sanctions (dont le dernier devrait être présenté si non approuvé d’ici le 24 février), l’objectif n’est pas juste d’adresser un signal politique. Il s’agit de mettre à bas une partie des ressources économiques et technologiques russes. Il s’agit de miner la capacité militaire de la Russie d’agir en Ukraine, ou au moins de ralentir ses efforts, en coupant tous les flux financiers et économiques européens. Bref de la « désarmer » au sens classique du terme, mais par des moyens « pacifiques », du soft power : l’économie, en lui coupant les vivres.

3. Le soutien militaire massif assumé. Ce soutien passe par une panoplie vaste d’équipements : des munitions aux pièces d’avions de chasse, en passant par les missiles portatifs, les chars, les soutiens d’artillerie, la défense aérienne, ou l’essence, … les Alliés ont de façon graduelle augmenté, et surtout assumé, cette assistance militaire.

Le montant aujourd’hui n’est négligeable. On atteint près de 12 milliards € du seul côté européen. Soit un milliard € par mois en moyenne. C’est grosso modo la moitié du budget d’équipement de l’armée française. Dont 3,6 milliards € sont financés en commun via la facilité européenne pour la paix (FEP).

La décision récente de Berlin et Washington de livrer des chars Leopard et Abrams (lire : Les Alliés vont équiper une brigade blindée ukrainienne. Le club des chars Leopard se met en route), et Londres les Challenger n’est pas en soi révolutionnaire. Elle s’inscrit dans un continuum qui a commencé dès le début par la livraison de chars lourds de fabrication soviétique (type T-72, plus de 400 livrés).

La nouveauté est ailleurs : elle se trouve plutôt dans la médiatisation et dans la volonté affirmée d’agir en coalition. Là où auparavant, chaque pays avait une politique variable de médiatisation — de la discrétion latine à l’outrance polono-britannique. Et où chacun prenait bien soin de préciser que c’étaient des décisions nationales.

4. Un soutien affirmé dans la formation de l’armée ukrainienne. Ce soutien n’est pas anecdotique. Européens et autres alliés (Royaume-Uni et USA) veulent former plusieurs brigades ukrainiennes pour les préparer dans un temps express (deux mois maximum par rotation) au combat.

Un effort massif inégalé dans l’époque moderne ! Côté européen, l’objectif de 15.000 (d’ici mai) au départ a été relevé à 30.000 hommes formés d’ici l’automne 2023. Idem côté britannique et côté américain. L’objectif est bien de doter les forces ukrainiennes des effectifs nécessaires pour faire face à une offensive russe comme de recompléter ses effectifs perdus au combat (environ 100.000 hommes décédés ou blessés hors de combat).

5. Un soutien en renseignement. La discrétion est de mise dans ce domaine. Mais elle est avérée. Les moyens satellitaires européens (français, allemand, britanniques) et américains sont utilisés pour fournir des renseignements précieux aux forces ukrainiennes.

C’est une partie de la puissance de renseignement alliée mise au service des Ukrainiens qui leur permet d’avoir une perception de la zone de combat complète, avec ses propres “capteurs” de terrain (renseignement humain notamment), assez efficaces (de la baba ukrainienne avec son téléphone portable qui renseigne les sources locales aux analystes). Le renseignement ukrainien bénéficie sur place d’analystes européens.

  • Officiellement, il n’y a pas d’engagement de troupes au sol. Et les Européens veillent bien à ne pas donner le change sur ce point. S’il y a des Européens engagés aux côtés des Ukrainiens dans les troupes, ce sont des actes individuels. Et la présence de forces spéciales, dans le cadre notamment de soutien en renseignement ou en “formation”, reste souterrain (c’est le principe même de ces forces : ni vu, ni connu). Mais il y a bien des “officiers de liaison” auprès des forces ukrainiennes, afin de faciliter non seulement la livraison de matériels et d’équipements, mais aussi d’essayer de coordonner la stratégie.

6. Placer l’Ukraine hors de portée de l’influence russe. Cette pression politique, militaire et économique sur la Russie se double d’une volonté politique et économique « d’arracher » l’Ukraine à la domination et l’influence russes. Une volonté commencée en douceur en 2014 avec la signature d’un accord d’association qui se double aujourd’hui d’une promesse d’adhésion à l’Union européenne. Un processus accéléré ! Avec la déclaration de la reconnaissance de pays candidat en quelques mois. Le tout accompagné d’un soutien financier net (environ 1,5 milliard € par mois en soutien budgétaire, 18 milliards pour 2023), en passant par l’association de l’Ukraine à vitesse accélérée aux instruments européens. On assiste ainsi à une réorientation en urgence des réseaux ukrainiens (train, électricité, route, etc.) aux réseaux européens, jusqu’à l’insertion de l’Ukraine dans l’espace de roaming téléphonique européen.

La guerre... ou la paix

Si on revient à la définition classique de la guerre donnée par Clausewitz, on voit que certains éléments sont bien là : le but de « contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté », la « recherche du renversement de l’adversaire », de le « désarmer », le « calcul des efforts nécessaires », etc. Mais il reste tout de même une absence notable : on ne peut pas dire qu’il y ait un acte de « violence » de la part des Européens envers la Russie ni de volonté « d’usage illimité de la force ».

Sans être belligérant — la notion de cobelligérant est très floue : on est belligérant ou pas —, les Européens sont donc bien à mi-chemin de la belligérance, aux cotés clairement d’une partie en guerre (Ukraine), en utilisant tous les instruments à leur disposition (sauf la force militaire) contre l’adversaire de celle-ci (Russie). Sans aucune ambiguïté. Mais ils restent prudemment sous la limite de la guerre, se cantonnant à la légitime défense.

L’objectif final recherché des Européens n’est pas le renversement du régime en Russie (cf. encadré), mais bien son retrait d’Ukraine. C’est donc une singulière différence par rapport à la définition de la guerre classique. Il s’agirait plutôt d’une guerre hybride : utiliser tous les moyens, en restant au-dessous de la limite de la guerre ouverte. De fait à la guerre ouverte déclenchée par les Russes, les Européens et Alliés réagissent par des moyens hybrides.

On remarquera cependant que dans l’histoire de l’Europe moderne, à ma connaissance, jamais les Européens ne se sont engagés aussi clairement et aussi massivement en faveur d’un pays contre un autre. Même du temps des guerres yougoslaves, même s’il y avait un soutien, il restait plus ou moins discret (notamment pour le soutien militaire). L’intervention militaire au Kosovo sous couvert de l’OTAN est une exception. Mais elle a été courte et limitée dans l’espace, et n’était pas empreinte de la confrontation avec un membre du Conseil de sécurité de l’ONU doté de la puissance nucléaire.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Des nuances sur l’objectif final recherché

Entre la réduction du pouvoir russe et un retour à une normalité des relations

Pour certains pays — les balto-polonais —, il faut en terminer avec une Russie agressive, qui n’en finit pas d’intervenir dans son voisinage, et lui couper, définitivement, les ailes. D’où leur dureté dans tous les aspects de la pression contre la Russie et dans le soutien à l’Ukraine (sanctions économiques maximales, soutien militaire maximal, adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE comme à l’OTAN). Une position justifiable (cf. ci-dessous). Pour d’autres (France, Allemagne, Italie), il faut limiter les ambitions de la Russie, mais trouver un nouveau mode d’équilibre avec ce qui reste néanmoins un voisin. Un point de vue rejoint, peu ou prou par les USA, qui ont un autre impératif stratégique : éviter la constitution d’un bloc sino-russe et contrer la montée douce de l’impérialisme chinois.

La Russie intervient dans son voisinage

Quand on jette un regard en arrière sur la liste des interventions russes (et URSS), elle est frappante. Les troupes russes interviennent régulièrement dans leur voisinage. Deux interventions majeures durant la guerre froide : 1956 Hongrie, 1968 Tchécoslovaquie. Et cinq interventions depuis la chute du mur de Berlin : 1992 Moldavie (guerre de Transnistrie), 1992-1993 Géorgie pour l’Abkhazie (avec plus de 20.000 morts civils et militaires) et l’Ossétie du Sud, 2008 Géorgie de nouveau pour l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, 2014 Ukraine (Crimée et Donbass), 2022 Ukraine (toutes zones). Soit une intervention tous les dix ans en moyenne. Et une accélération nette depuis 2007 (tous les six-huit ans). D’où l’inquiétude des pays d’Europe de l’Est (Pologne, Baltes et Roumanie particulièrement), plutôt compréhensible.

Si on contrebalance cela par les interventions de l’OTAN dans le « voisinage » russe (ou ce qu’elle considère comme son voisinage), on peut comptabiliser trois interventions majeures visant à un changement de régime (regime change) : le Kosovo 1999, l’Afghanistan 2001, la Libye 2011. Ces deux dernières n’étant pas vraiment couronnées de succès. NB : l’intervention en Iraq 2003 comme en Syrie 2012 ne peuvent être considérées comme du voisinage, mais sont plutôt des zones d’adversité confrontationnelles.

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Les demeurés de la « légitimité »

Défense en ligne - Tue, 02/07/2023 - 09:34

En politique, le formalisme juridique est l'asile de la bêtise. S'obstiner à penser la légitimité par la seule dévolution procédurale (du suffrage), c'est la certitude de ne rien comprendre à tout ce qui fait la politique en son sens le plus haut : les surgissements.

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Le frôlement de la folie

Défense en ligne - Tue, 01/24/2023 - 17:12

« Je lève mon verre de vase à la santé de toutes les putains du Danemark ! C'est ma dernière tournée, videz vos bières, adieu au music-hall, ce soir j'ouvre les jambes à la buvette du couvent ! » D'abord seule, dans un espace aux couleurs bleu acidulé qui pourrait aussi bien être un appartement qu'une salle de musée, Jeanne tend un miroir à Ophélie. À toutes les Ophélie qui ont sombré dans la folie ou mis fin à leurs jours après avoir croisé sur leur chemin un Hamlet faisant d'elles une victime expiatoire. (...)

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On l'appelle Redouane

Défense en ligne - Mon, 01/23/2023 - 17:23

Le stand-up français se porte bien, merci pour lui. En témoigne le succès croissant de « On m'appelle Marseille », le spectacle de Redouane Bougheraba, Français d'origine algérienne. Avec ce Marseillais qui adore « chambrer » les supporters du Paris Saint-Germain en mal de trophée européen, point de fioritures ni de précautions langagières. Le propos crû, les railleries et autres insultes franco-arabes fusent et rien n'échappe à sa verve dum-dum.

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Le moment

Défense en ligne - Tue, 01/17/2023 - 18:15

Tout le monde a désormais bien compris que « réforme » était le mot-codé pour dire « service du capital » : lui donner directement de l'argent, étendre ses latitudes stratégiques, accroître le périmètre de ses activités, augmenter sans fin son pouvoir sur le travail. « Réforme » n'est pas qu'un mot-codé, c'est un recouvrement.

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[Editorial] Le Qatargate, une très bonne nouvelle finalement ?

Bruxelles2 - Mon, 01/09/2023 - 09:05

(B2) La révélation de la corruption possible de plusieurs députés, ou anciens eurodéputés, et de leurs assistants parlementaires, par le Qatar ou le Maroc, révèle une démocratie qui fonctionne. À plus d’un titre.

Le siège du Parlement européen à Bruxelles, côté rue Wiertz (© NGV / B2)

Les processus anti-ingérences ont fonctionné

Premièrement, on peut se réjouir d’une certaine efficacité des processus anti-corruption, y compris quand il s’agit d’ingérence étrangère. Certes il y a eu défaillance des processus internes de prévention au niveau politique. Ceci devra être réparé. Mais le dispositif de contrôle a posteriori, policier et judiciaire, notamment en Belgique et en Italie, a bien fonctionné (lire : [Actualité] Arrestations à Bruxelles pour corruption au Parlement européen. Le Qatar en ligne de mire). C’est finalement la logique même de la corruption, qui est avant tout un crime et doit être traité comme tel.

Une sphère d’influence internationale

Deuxièmement, il souligne le rôle non négligeable du Parlement européen, au niveau de la politique extérieure européenne. Si à l’intérieur du continent, ces textes plutôt anodins, passent souvent inaperçus, sont incompris, laissés de côté, voire méprisés, y compris par les plus avertis. À l’extérieur de l’UE, ce n’est pas du tout le cas. Ces prises de position sont jugées à la hauteur de leur importance : notable. Nombre de gouvernements suivent de près ces textes et tentent de les influencer dans le sens qui leur est favorable.

Le baromètre de la relation avec un pays tiers

Derrière les mots, il y a en effet un risque réputationnel certain, mais aussi et surtout un risque d’amoindrissement des relations politiques, économiques, sociales. Ces textes sont ainsi autant de baromètres posés sur la relation entre l’UE et un pays tiers. Ce sera pour l’un la libre circulation des visas, pour l’autre un accord de partenariat, ou des participations à des projets économiques. Dans tous les cas, un bon niveau de relation avec l’Union européenne est pour une grosse majorité des pays du globe sinon une nécessité, du moins un « Plus » utile. Tous les moyens d’influence habituels pour tenter de sauvegarder leurs intérêts sont donc employables : charme, diplomatie, conviction politique, sympathie intellectuelle ou géographique, etc. L’Europe doit en avoir conscience et « blinder » sa diplomatie.

Deux erreurs à ne pas commettre dans l’opération mains propres

Dans cette opération « mains propres » à l’Européenne, il ne faudrait cependant pas, sous prétexte de transparence et de sauvegarde des intérêts, se tromper de combat.

Considérer que ces prises de position sont toutes truquées ou ne servent à rien, serait dommageable. Ce serait ne plus permettre au Parlement européen de jouer tout son rôle dans la diplomatie « douce » qui est son domaine de prédilection, de prendre des positions plus déterminées parfois que les politiques européens en condamnant telle violation des droits de l’Homme.

Interdire tout contact entre parlementaires et les pays tiers serait une autre erreur. Au contraire, ils doivent être permis, voire même encouragés. Ce n’est pas en interdisant à tel diplomate de venir dans les couloirs du Parlement qu’on empêchera la corruption ou les jeux d’influence d’avoir lieu. Ces contacts auront lieu ailleurs, dans les bars entourant la place Lux’ ou le rond-point Schuman par exemple, dans les lieux bien discrets des ambassades ou à l’étranger.

En revanche, une réglementation plus stricte des cadeaux ou invitations en tout genre, une publicité plus claire et systématique de tous ces contacts serait très utile. Une tentative de pression, de contact, rendue publique, suffit en général à annihiler le demandeur et préserve le receveur de toute pression ultérieur. Dans ce domaine, le Parlement européen est plutôt en retard sur les autres institutions européennes (Lire : Le QatarGate au Parlement européen : un séisme qui révèle des défaillances).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire notre [Dossier n°96] L’affaire Qatargate et MarocGate éclate. Tempête sur le Parlement européen et [Actualité] Le Qatargate et le MarocGate : un véritable pacte d’influence !

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Huit heures à Berlin (Blake et Mortimer)

EGEABLOG - Fri, 01/06/2023 - 12:58

Plus d'un an que je n'avais publié sur ce blog. Il faut dire que l'Ukraine a pris bien de mon temps et que je consacre finalement mon analyse géopolitique à La Vigie. Dès lors, je vais réorienter ce blog vers d'autres aspects, notamment la BD.

Pour commencer, le dernier Blake et Mortimer, Huit heures à Berlin.

Désormais, il y a dans la série Blake et Mortimer plus d'albums publiés par les suiveurs (19) que par E.P. Jacobs (11). Dans l'ensemble, sauf de rares exceptions (Schuitten voire Ch. Caillaux), les auteurs restent fidèles au trait et à l'esprit du maître. Le comité éditorial est très vigilant à ces principes, ce qui évite les dérives que l'on peut apercevoir dans Spirou, ou de bonnes choses se perdent dans des délires peu intéressants. Chez Blake et Mortimer, la série est maîtrisée, avec un album par an, qui satisfait les Jacobsiens sans les désorienter.

Dans le cas présent, il faut admirer le travail exceptionnel du dessinateur, Antoine Aubin. Tout y est : le trait, les mouvements, les détails mais aussi les citations (telle cette voiture qui plonge dans le lac de Genève, référence à l'affaire Tournesol d'Hergé). C'est absolument bluffant et constitue une réussite exceptionnelle qu'il faut mettre en avant.

En face, le scénario est plaisant mais sans surprendre. Il y a des incohérences (imagine-t-on le chef du MI6 faire l'espion de terrain sans appui ? Comment fait Blake pour passer sans problème d'URSS à Berlin ?) mais  cela fait après tout partie des licences d'un auteur. On a les ressorts classiques d'un roman d'espionage moderne, avec deux héros qui ont des aventures parallèles, trois pages à l'un, trois à l'autre, et qui se retrouvent à la fin. Mais précisément, c'est un peu banal.

Et puis surtout,q uelque chose me gêne beaucoup : jusqu'à présent, les B&M se passaient dans une période d'après-guerre indéterminée : datée mais sans référence à la vraie actualité. La situation politique était le plus souvent absente, malgré quelques citations ici ou là : par exemple, les savants atomiques. Mais finalement, on évitait les personnages historiques et en tout cas, ils ne formaient pas le coeur de l'intrigue. Là au contraire, tout le contexte est désigné : l'URSS et la guerre froide, avec en plus un personnage historique (pas n'importe lequel) qui tien tun rôle important, à savoir JF Kennedy lors de son passage à Berlin pour son discours "Ich bin ein Berliner". Et du coup, nous perdons toute la magie distanciée de B&M qui savait créer un univers en soi, plaqué sur une réalité datable et avec en même temps une dimension fictionnelle fondamentale. Elle a disparu dans cet album ce qui est très dommage. J'ose espérer que ce n'est qu'un ocup de doigt et que les scénaristes ne reprendront pas cette mauvaise méthode.

Pour conclure : un bon album avec un dessin sensationnel et un scénario un peu décevant.

O. Kempf

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Ancien combattant : quelles sont les différentes retraites ?

Aumilitaire.com - Tue, 01/03/2023 - 15:49
En France, les anciens combattants peuvent avoir droit à deux types de « retraites ». Il s’agit de la retraite militaire classique accordée à tout […]
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Le virus de la valeur

Défense en ligne - Mon, 01/02/2023 - 19:54

Un virus est une chose étrange, défiant les définitions habituelles de la vie. Pour se reproduire, en effet, il est obligé de s'introduire frauduleusement dans une cellule vivante. De pousser l'audace jusqu'à pénétrer dans le coffre-fort de cette cellule : son noyau détenant l'ADN, la singularité biologique d'un être, cet ADN dont la recombinaison de certaines portions permet aux cellules de ce corps de survivre. Or, ce sont précisément ces recombinaisons, ces réagencements de l'ADN que le virus manipulera (...)

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Comment bien préparer sa remise de Légion d’honneur ?

Aumilitaire.com - Mon, 01/02/2023 - 17:12
La Légion d’honneur demeure la plus haute distinction française. Très connue dans le monde, cette dernière récompense depuis 1802 les mérites éminents civils et militaires rendus à […]
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La défense européenne retrouve des couleurs en 2022… Bonne année 2023

Bruxelles2 - Sat, 12/31/2022 - 19:22

Si vous n’avez pas encore lu notre article d’analyse sur les évolutions de ces derniers mois.. sur le Pro (article ouvert à tous) : Ces dix mois qui ont changé la défense européenne. A son insu de son plein gré

© NGV – campagne ukrainienne près de Tchernihiv – mai 2022

En vous souhaitant une excellente année 2023

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Istanbul lance la bataille présidentielle

Défense en ligne - Mon, 12/26/2022 - 18:33

Le parc Sarachane, à Istanbul, est un lieu symbolique de l'histoire politique turque. En 1998, condamné à la prison pour y avoir lu un poème faisant référence au djihad, Recep Tayyip Erdogan avait su utiliser cet épisode pour bâtir sa popularité. Ce jeudi 15 décembre, l'histoire se répète : M. Ekrem Imamoglu, le maire de la ville vient d'être condamné à deux ans et sept mois de prison pour avoir qualifié d'« idiote » l'annulation des élections municipales par le Haut conseil électoral.

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Le Noël de l'OTAN

Défense en ligne - Fri, 12/16/2022 - 11:50

L'OTAN continue de renforcer son flanc est, aux frontières de l'Ukraine : certains des effectifs pourraient bientôt être multipliés par 7. De son côté, la France met désormais plus d'hommes au service de l'Alliance que dans son ancien pré-carré africain.

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« Nos frangins », ou comment réécrire l'histoire

Défense en ligne - Thu, 12/15/2022 - 17:22

En novembre 1986, Malik Oussekine est tabassé à mort par la police en marge d'une importante manifestation étudiante. La même nuit, Abdelouahab Benyahia, dit Abdel, est tué à bout portant dans un café alors qu'il tentait de s'interposer dans une bagarre. C'est autour de cette trame que se tisse le nouveau film de Rachid Bouchareb, « Nos frangins », sorti en salle le 7 décembre. Pour Malik Oussekine, la fiction va chercher à coller au plus près des faits. En ce qui concerne Abdel, c'est autre chose…

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Post post-moderne…

Défense en ligne - Mon, 12/12/2022 - 18:38

Dans « Triangle of Sadness », le réalisateur suédois Ruben Östlund met en scène deux personnages, Carl et Yaya, mannequins et influenceurs, dans trois tableaux qui sont autant de milieux expérimentaux qui permettent de mieux interroger leurs réactions face à leur environnement.

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