(B2) Les questions de sécurité et de défense sont en haut de l’agenda politique des États Européens et le seront encore plus ces jours-ci avec la réunion du 13 novembre qui verra la Coopération structurée permanente, vieux projet datant à l’origine des années 2000, renaître de ces cendres. Tous les gouvernements en reconnaissent la nécessaire dimension européenne.
Tour à tour, Angela Merkel et Emmanuel Macron, Paolo Gentiloni, Bohuslav Sobotka ou Sauli Niinistö, etc. ont marqué leur adhésion et leur volonté de faire avancer ces projets. Les institutions communautaires, Jean-Claude Juncker d’un côté, Federica Mogherini de l’autre ont joué leur rôle, faisant différentes propositions, éventuellement de compromis, pour permettre à ces projets de voir le jour. Même au Royaume-Uni, le gouvernement de Theresa May a signalé l’intention du Royaume-Uni de continuer à coopérer après le Brexit avec les autres Européens.
Une conférence ce mercredi et ce jeudi
Dans le cadre des conférences de formation du regroupement syndical « Union pour l’Unité » (U4U), avec la revue Graspe du Groupe de Réflexion sur l’avenir du Service Public Européen et l’Association des françaises et français des institutions communautaires et européennes (AFFCE), je ferai un point sur toute l’actualité de la PSDC et de la défense européenne au sein des institutions européennes, ce mercredi 8 novembre, à 18h00, au bâtiment L-80 grande salle et jeudi 9 novembre 2017 à partir de 12h00 au SEAE. L’occasion pour ceux qui ne l’ont pas encore d’acquérir notre livre, rédigé avec André Dumoulin au tarif préférentiel.
Attention inscription préalable, ici (badge UE et inscription nécessaire pour entrer dans le bâtiment) : Information et inscription…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les sauveteurs du Sea-Watch 3 en action, en arrière plan le navire des garde-côtes libyens (crédit : sea-watch)
(B2) Le « comportement violent et imprudent des gardes-côtes libyens a causé au moins cinq morts en Méditerranée centrale » lundi (6 novembre) au matin, dénonce l’ONG allemande Sea-Watch.
Un incident survenu dans les eaux internationales
À environ 7 heures, l’équipage à bord de Sea-Watch 3 (qui venait d’arriver dans la zone) a reçu un appel du Centre italien de coordination des opérations de sauvetage maritime (MRCC) de Rome. Un canot pneumatique venait de lancer un appel de détresse. L’incident s’est produit à 30 miles nautiques, au large des côtes, au nord de Tripoli, « dans les eaux internationales, loin des eaux territoriales libyennes » raconte l’ONG. L’équipage de Sea-Watch 3 est « arrivé sur place à peu près en même temps qu’un patrouilleur de la Garde côtière libyenne et a commencé à embarquer des personnes en détresse ».
Une manoeuvre mortifère des garde-côtes libyens
La Garde côtière libyenne a « commencé à approcher le bateau et pris en charge des personnes à bord du bateau, les frappant et les menaçant. La panique à bord a commencé et de nombreux réfugiés sont tombés par-dessus bord ». Le bateau libyen a ensuite quitté les lieux, à grande vitesse. « Une vitesse inappropriée alors que les gens étaient toujours accrochés sur le côté, étant traînés par leur navire ». Au moins cinq personnes ont été tuées dans le naufrage du bateau, dont un enfant que l’équipe médicale à bord de Sea-Watch 3 n’a pas pu réanimer.
L’intervention d’un hélico de la marine italienne, un navire français non loin
Un hélicoptère de la marine italienne est alors intervenu, « arrêtant brièvement le navire libyen », permettant le sauvetage des autres personnes. Un autre navire « de la marine française » selon l’ONG était « présent » dans la zone. Mais les Libyens n’ont « pas cherché à se coordonner » avec lui. Au contraire, ils « ont tenté de ramener le plus de personnes possible en Libye, acceptant de perdre plusieurs vies » dénonce le chef de mission Johannes Bayer. 58 personnes ont cependant pu être récupérés par les militants de l’ONG. « Ils sont en sécurité à bord du Sea-Watch 3 ».
Une violation manifeste des règles de sauvetage en mer
Pour l’ONG, les gardes-côtes libyens ont « violé de façon manifeste le droit international en embarquant un nombre inconnu de personnes à bord de leur navire, probablement dans le but de les ramener en Libye ». « Nous étions en haute mer, en dehors des eaux territoriales libyennes, à environ 30 miles nautiques au nord de Tripoli. Là-bas, les Libyens n’ont aucun droit souverain », s’alarme Pia Klemp, capitaine du Sea-Watch 3. Sans leur action, tout le monde aurait pu être sauvé. « Personne n’aurait été obligé de mourir aujourd’hui si seulement nous avions la possibilité d’opérer raisonnablement dans un environnement calme » confirme Johannes Bayer.
Un appel à la responsabilité européenne
Ces morts n’ont qu’une cause, poursuit le responsable de Sea-Watch : « les gardes-côtes libyens qui ont entravé un sauvetage en toute sécurité par leur comportement brutal ». Mais la responsabilité « est aussi du côté de l’Union européenne qui forme et finance ces milices », souligne l’ONG. « Les gouvernements européens « doivent tirer des conclusions de cet incident et arrêter la collaboration avec les garde-côtes libyens ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : l’ONG allemande Sea-Watch a mis en cause régulièrement l’action des garde-côtes libyens
Marins tanzaniens en formation sur le ESPS Rayo (crédit : EUNAVFOR Atalanta)
(B2) A l’occasion d’une escale à Dar es Salaam, le navire espagnol ESPS Rayo (P-42), qui participe à l’opération EUNAVFOR Atalanta, a accueilli à bord, fin octobre, 38 membres de la marine tanzanienne. Au programme, des présentations théoriques complétés d’exercices pratiques, sur la survie en mer, des procédures d’approche et d’embarquement, des premiers secours, des opérations de recherche et de sauvetage (SAR) comme de contrôle des dommages.
NB : La tâche d’initier les forces maritimes locales a été ajoutée au mandat de l’opération européenne. Le navire espagnol a poursuivi sa route ensuite vers l’Ile Maurice, où il se trouve jusqu’au 6 novembre, avec une visite des autorités à bord.
Une présence renforcée pour la période intermoussous
L’opération EUNAVFOR Atalanta qui fonctionne en mode semi-intensif depuis la baisse de la piraterie compte aujourd’hui trois navires : la frégate italienne ITS Virginio Fasan (F591), qui assure le rôle de navire amiral), le patrouilleur de haute mer espagnol ESPS Rayo (P-42) et le navire de débarquement amphibie néerlandais HNLMS Rotterdam (L-800) et dispose de deux avions de patrouille maritime de type P3 Orion espagnol (P3-M) et allemand (P3-C).
Une présence légèrement renforcée dans la période inter-moussons qui, traditionnellement, est plus propice à des tentatives d’attaques de pirates, dans ce qui est considéré par les autorités européennes (et par tous les observateurs) comme un « corridor maritime économique stratégique ».
(Elena Barba avec Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Youssouf Atteipe, un collaborateur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a été tué samedi (4 novembre), par balle quand des assaillants non identifiés ont attaqué un convoi du CICR composé d’un camion et d’un véhicule 4X4. L’incident a eu lieu à l’est de Kaga Bandoro, dans le centre-nord du pays. Le véhicule arborait pourtant clairement l’emblème de la croix rouge.
« Nous sommes consternés et bouleversés par le meurtre de notre collègue Youssouf, qui illustre à nouveau un manque flagrant de respect pour la vie humaine », a réagi Jean-François Sangsue, chef de la délégation du CICR à Bangui. « Le fait que cette attaque ait eu lieu alors que notre collègue convoyait des articles d’assistance destinés aux victimes du conflit en République centrafricaine rend cet acte encore plus tragique et inacceptable. »
Youssouf avait rejoint le CICR en février 2013. Il était marié et père de sept enfants.
(NGV)
(B2) Vendredi (3 novembre), une grosse action de sauvetage a mobilisé les différentes marines européennes présentes en Méditerranée centrale au large de la Libye. En tout, environ 700 personnes ont pu être récupérées dans six actions de sauvetage distinctes, selon les gardes-côtes italiens, sous la coordination du Centre italien de coordination du sauvetage maritime (IMRCC).
Deux unités de l’opération SOPHIA / EUNAVFOR Med sont intervenues permettant le sauvetage de 263 personnes. Le navire irlandais LÉ Niamh (P-52) a ainsi récupéré 53 migrants en détresse dans un navire. Tandis que le navire espagnol Cantabria (A-15) a été à la rescousse de deux autres navires, sauvant un total de 146 migrants en détresse. Mais d’autres secours n’allaient pas tarder. L’hélicoptère de bord du Cantabria AB 212, en patrouille dans la zone, a repéré « un autre canot en caoutchouc qui coulait avec des personnes qui se trouvaient déjà dans l’eau ». 64 personnes supplémentaires ont pu être secourues mais 23 personnes au moins ont coulé.
Un navire de la garde-côte italienne, le CP 941 Diciotti, a déposé au port de Reggio de Calabre samedi 764 migrants: 555 hommes, 97 femmes, 112 mineurs (dont 63 non accompagnés) ainsi que les cadavres de 8 personnes (dont certains étaient très jeunes, entre 8 et 17 ans selon la presse italienne).
Selon un bilan dressé par EUNAVFOR MED, l’opération européenne a permis de récupérer plus de 41 500 vies ont été sauvées en mer lors de 278 opérations de sauvetage. Durant ces actions, 117 trafiquants et trafiquants présumés ont été livrés aux autorités italiennes et 497 bateaux utilisés pour les trafics ont été coulés, ce qui empêche qu’ils soient réutilisés par les trafiquants (NB : nombre d’entre elles étaient de toute façon hors d’usage, les trafiquants utilisant dorénavant beaucoup des bateaux en caoutchouc de si mauvaise qualité qu’ils sont à usage unique).