(B2) Entre l’Union européenne et l’Union africaine, loin des flonflons et des embrassades, le courant n’est pas rétabli apparemment. Et il « y a toujours des problèmes de clims » (pour paraphraser la formule du président français à Ouagadougou).
Quatre jours sans déclaration
Près de quatre jours après la fin du 5e sommet Europe – Afrique d’Abidjan, on a beau scruter : aucune déclaration commune à l’horizon. Cependant, l’habitude veut que ce type de documents soit préparé longtemps à l’avance par les différents sherpas des organisations et des pays membres. Ceux-ci étaient d’ailleurs à Abidjan en début de semaine dernière pour préparer les différents éléments. Mais rien n’y a fait. L’accord ne semble pas parfait …
Silence prudent
B2 a posé la question à plusieurs interlocuteurs : mur complet. C’est « en cours » répond l’un. « Voyez à Abidjan » indique un autre. Une « déclaration finale a été adoptée. Elle est en cours d’ajustement… de traduction » a affirmé, sans l’ombre d’un sourire Catherine Ray, la porte parole de la Haute représentante de l’Union, interrogée par nos soins au briefing de midi ce lundi (4 septembre). (écoutez ici)
Un problème politique
Pour un texte négocié, en amont, dans une seule langue (anglais), problème de traduction signifie « problème politique ». Apparemment les dirigeants africains sont légèrement agacés du ton comminatoire des Européens qui leur font régulièrement la leçon notamment sur l’immigration. A suivre …
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Obtenir un financement pour sa recherche à finalité stratégique, c’est aujourd’hui possible. Un certain nombre de financements ont été mis en place par le ministère (français) de la Défense. Comment bénéficier d’une bourse, à quelles conditions ?… B2 vous dit (presque) tout.
Le Livre blanc de 2013 avait indiqué la nécessité de renforcer la « réflexion prospective » (1). La création d’un Pacte d’enseignement supérieur doté de 2,5 millions d’euros par an à destination du monde universitaire, financé par la DGRIS (la Direction générale des relations internationales et de la stratégie – ex DAS) est venue concrétiser cet objectif autour de deux maîtres mots : « Connaitre » et « Anticiper ». Destiné à jeter un pont entre le monde de la défense et le monde universitaire, ce pacte entend faciliter le développement et la régénération du vivier de chercheurs français sur les problématiques liées à la défense et à la sécurité.
Le programme « ambassadeur » : prochaine campagne début 2018
1° Que permet-il de financer : un séjour de 12 mois à l’étranger (hors zones jugées à risque par le ministère de la défense)
2° A qui s’adresse-t-il : aux post-doctorants
3° Quelles sont les modalités de mise en œuvre : le candidat (rattaché à un laboratoire universitaire français) propose un projet de recherche argumenté et justifié par l’intérêt scientifique (faisabilité auprès du laboratoire français) et un centre de recherche d’accueil à l’étranger qui valide le projet. Le laboratoire universitaire français reçoit une allocation pour salarier le post-doc pendant 12 mois pour une rémunération nette mensuelle minimum de 2300 €.
4° Combien d’allocations sont financées : deux au maximum par an.
Le programme « innovation » : prochaine campagne ouverte en mars 2018
1° Que permet-il de financer : une thèse de trois ans portant sur des enjeux de sécurité et de défense, quelle que soit la discipline universitaire en sciences humaines et sociales (géographie, économie, sciences politiques, droit etc …) et comportant une prise de risque scientifique, soit sur le plan méthodologique (usage ou expérimentation de méthodes scientifiques innovantes, issues de différentes sciences humaines et sociales, voire empruntées à des sciences dites dures), soit sur le plan thématique (thématique de réflexion inédite dans le champs disciplinaire concerné, originalité du prisme scientifique choisi, renouvellement de la réflexion scientifique dans le domaine considéré).
2° A qui s’adresse-t-il : aux doctorants français ou ressortissants d’un pays membre de l’Union européenne inscrit dans une université française (avec ou sans cotutelle, française ou étrangère) ou dans une université étrangère avec une cotutelle française. Seront privilégiés les étudiants en 1e année de thèse.
3° Quelles sont les modalités de mise en oeuvre : le laboratoire universitaire français reçoit une allocation pour salarier le doctorant pendant 3 ans pour une rémunération nette mensuelle minimum de 1550 €.
4° Combien de bourses sont financés : trois au maximum par an.
Le programme « thématique » : prochaine campagne ouverte en mars 2018
1° Que permet-il de financer : une thèse de trois ans portant sur des enjeux de sécurité et de défense, quelle que soit la discipline universitaire (géographie, économie, sciences politiques, droit etc.), relevant de l’une des thématiques spécifiques, appelées à changer chaque année (2).
2° A qui s’adresse-t-il : aux doctorants français ou ressortissants d’un pays membre de l’Union Européenne inscrit dans une université française (avec ou sans cotutelle, française ou étrangère) ou dans une université étrangère avec une cotutelle française. Seront privilégiés les étudiants en 1e année de thèse.
3° Quelles sont les modalités de mise en oeuvre : le laboratoire universitaire français reçoit une allocation pour salarier le doctorant pendant 3 ans pour une rémunération nette mensuelle minimum de 1550 €.
4° Combien de bourses sont financés : six au maximum par an.
Le programme « Aide à la mobilité »
1° Que permet-il de financer : le transport aérien ou ferroviaire pour présenter des communications à des colloques ou des séminaires nationaux ou internationaux (hors frais annexes : taxi, bus, métro…).
2° A qui s’adresse-t-il : aux jeunes chercheurs en sciences humaines rattachés à l’IRSEM.
3° Quels sont les domaines études ciblés : études des nouveaux conflits, pensée stratégique et nouveaux concepts, armement et prolifération, sécurité européenne et transatlantique, sécurités régionales comparées, défense et société, enjeux juridiques de le défense, histoire de la défense et de l’armement.
4° Quelles sont les modalités : déposer son dossier complet au moins deux mois avant le départ.
(Elena Barba)
Renseignements supplémentaires : retrouver toutes les informations utiles et dossiers de candidatures sur les sites de la DGRIS ou de l’IRSEM
La mise en place d’un label « Centre d’excellence »
Le ministère a décidé de sélectionner quelques établissements d’enseignement supérieur français et regroupements d’établissements, sur différents critères (excellence et innovation scientifique, impact et rayonnement des travaux, interdisciplinarité, insertion professionnelle). L’objectif est de soutenir des centres de recherche universitaires en pointe sur les questions de stratégie et de défense afin qu’ils soient reconnus et deviennent des références au niveau international.
Ces centres sont sélectionnés en deux phases. Premièrement, une phase de pré-sélection (qui a commencé en 2017) permettant de faire monter en puissance les centres académiques dans le domaine des études stratégiques en embauchant des jeunes chercheurs. Deuxièmement, la labellisation via un budget de 300.000 euros par an d’une durée de cinq ans renouvelable et permettant la création de nouveaux postes d’enseignants-chercheurs et la constitution d’une équipe de recherche de haut niveau.
(1) Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) avait mis en évidence des faiblesses —, « la recherche stratégique française souffre d’une masse critique insuffisante » – et préconisé une « démarche prospective de l’État [appuyée] sur une réflexion stratégique indépendante, pluridisciplinaire, originale intégrant la recherche universitaire ».
(2) A titre d’exemple, pour l’année universitaire 2015-2016 avaient été retenus les thèmes suivants : Russie, Afrique du Nord – Proche et Moyen Orient, Arctique, Afrique subsaharienne et australe, Asie centrale, Asie du Sud Est, BITD Russie, Chine, Inde, Cyber défense, Dissuasion nucléaire, Défense anti-missile, Marché international de l’armement, Démographie, Crises sanitaires mondiales, Questions religieuses, Prospective internationale de défense, Agrégats économiques de la BITD, Politiques de défense
(crédit : DICOD / EMA)
(B2) Le douzième avion de transport militaire A400M Atlas destiné à l’armée de l’air s’est posé sur la base aérienne d’Orléans-Bricy vendredi (1er décembre). Portant le numéro de série MSN62, cet appareil est le premier à être équipé de 2 pods permettant de ravitailler en vol des avions de chasse, indique un communiqué du ministère. Les autres avions de la flotte seront progressivement dotés de cette capacité lors de campagnes de rétrofit. Le ministère des Armées devrait disposer de 15 A400M d’ici 2019.
Le commandant des opérations civiles européennes, Kenneth Deane avec le Premier ministre irakien Haidar Al-Abdai, lors de la cérémonie d’inauguration le 22 novembre à Bagdad.
(B2) L’Union européenne est de retour à Bagdad, dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Elle vient de déployer, en toute discrétion (1), une mission, dénommée « EUAM Irak », chargée de conseiller les forces de sécurité intérieure iraquiennes.
C’est la première mission civile lancée sous le mandat « Mogherini » au titre de la PSDC. Les deux dernières missions civiles lancées, l’avaient été en décembre 2014 (EUAM Ukraine) et janvier 2015 (EUCAP Sahel Mali) mais correspondaient à des missions préparées sous le mandat précédent (mandat Catherine Ashton). Deux missions/opérations militaires ont été lancées sous le mandat de l’actuelle Haute représentante : en Méditerranée (EUNAVFOR Med/Sophia) et en Centrafrique (EUTM RCA qui a succédé à une mission précurseuse EUMAM RCA).
Quel est l’objectif de cette mission ?
L’objectif est d’appuyer le gouvernement irakien dans sa réforme du secteur civil de la sécurité (2). Comme l’explique le chef de la mission, Markus Ritter, « EUAM Irak va assurer la complémentarité avec les divers efforts en cours pour renforcer la sécurité intérieure en Irak et se concentrer sur les zones critiques identifiées par les partenaires irakiens ».
Pourquoi le nom de EUAM pour cette mission ?
De son nom entier, « European Union Advisory Mission in support of Security Sector Reform in Iraq », on a tiré l’accronyme EUAM Iraq. Une mission du même type est déployée en Ukraine (EUAM Ukraine).
EUAM va-t-elle assurer la sécurité sur le territoire irakien ?
Non. Comme son nom l’indique, EUAM n’est qu’une mission de conseil. Il ne s’agit pas ici d’une mission avec mandat exécutif (de force).
Où va travailler la mission ?
La mission est basée à Bagdad même, dans la zone « rouge », à l’Hotel Babylon dans un premier temps (qui fait face à la zone verte, sur l’autre côté du fleuve). Selon nos informations, une fois sa pleine capacité opérationnelle atteinte, la mission devrait passer dans un compound propre.
Combien de temps va-t-elle durer ?
Le mandat est prévu pour un an, jusqu’au 17 octobre 2018. Mais, comme d’ordinaire, ce mandat est reconductible. Et la mission devrait durer plusieurs années.
Qui finance l’opération ?
EUAM Irak est financée sur le budget européen, sur la ligne de la politique extérieure et de sécurité commune (PESC). Le budget attribué pour la première année est de 14 millions d’euros. Une bonne partie de l’enveloppe sera destinée à payer les personnels et la sécurité des expatriés.
Qui dirige l’équipe ?
C’est un Allemand, Markus Ritter, qui a été nommé chef de mission. Policier de formation et chef adjoint de la police fédérale à l’aéroport de Francfort, il a également participé régulièrement à plusieurs missions internationales de l’ONU, de l’UE, ou en bilatéral (Kosovo, Afghanistan).
Combien de personnes forment la mission ?
L’équipe d’EUAM comptera, à terme, une fois tous les recrutements effectués, 35 experts européens (51 personnes en tenant compte du personnel local). A cela s’ajoute aussi les agents de sécurité, fournis par une société privée.
La mission travaillera-t-elle en solo ?
Non. Les Européens vont travailler en étroite coordination avec leurs collègues de la délégation de l’UE en Irak ainsi qu’avec les autres partenaires internationaux présents, comme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ainsi que l’OTAN et la coalition mondiale contre Daech (dirigée par les Américains).
Est-ce la première mission européenne sur l’Irak ?
Non, de 2005 à 2013, l’Union européenne avait mis en place une mission EUJUST Lex Irak, afin de renforcer les capacités judiciaires en Irak. Cette mission a d’abord travaillé hors d’Irak (les conditions de sécurité n’étant pas réunies) puis à l’intérieur du pays (lire : La mission EUJUST Lex déployée dans tout l’Irak. Mais toujours pas d’accord Soma). Et notre fiche : EUJUST Lex Iraq
(Elena Barba & Nicolas Gros-Verheyde)
(1) D’ordinaire, le lancement d’une mission s’accompagnait au minimum d’une conférence de presse ON record du chef de mission, et d’un briefing OFF record. Ce temps-là est révolu. La priorité ne semble plus vraiment mise sur les missions / opérations de la PSDC…
(2) Il faut préciser qu’il s’agit bien d’une mission de conseil auprès des forces de sécurité intérieure et non portant sur la « sécurité civile », comme c’est parfois mentionné dans les documents européens. Une erreur de traduction et, surtout, une erreur de sens.
Aller plus loin, lire notre fiche complète sur la mission EUAM, L’opération EUAM Iraq de conseil à la sécurité intérieure