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L'Europe politique et de la défense (par Nicolas Gros-Verheyde)
Updated: 8 hours 53 min ago

Frontex déploie 100 garde-frontières supplémentaires dans le cadre d’Evros 2020

Fri, 13/03/2020 - 16:00

(B2) L’opération Evros 2020 est déclenchée. Près de 100 garde frontières supplémentaires sont déployés à la frontière gréco-turque

Les garde-frontières déployés à la frontière (crédit : Frontex)

Une étape importante

« La présence de 100 officiers venus de toute l’Europe [22 États membres y participent] souligne le fait que la protection du domaine européen de liberté, de sécurité et de justice est une responsabilité partagée par tous les États membres » a justifié Fabrice Leggeri, directeur de Frontex, lors du lancement de l’opération, à Orestiada, ville frontière grecque, non loin de Edirne en Turquie. C’est « une étape opérationnelle importante pour nous ».

Une opération maritime en cours de déploiement

Outre l’opération terrestre, Frontex a aussi déclenché une opération d’intervention rapide maritime (dénommée Aegean 2020). « Un patrouilleur de haute mer, six patrouilleurs côtiers, deux hélicoptères, un avion et trois véhicules équipés d’une caméra thermique » avait promis la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen venue inspecter la frontière terrestre gréco-turque début mars (lire : Urgence à la frontière grecque. Frontex déploie une mission d’intervention rapide).

Ils sont attendus de pied ferme. Les États membres se sont engagés à fournir « des navires, des avions de surveillance maritime et des véhicules de vision thermique », souligne le chef de l’agence.

Durée des deux opérations (Evros 2020 et Aegean 2020) : deux mois minimum. Elles seront « prolongées si nécessaire », précise-t-on à l’agence.

NB : Frontex avait déjà en Grèce plus de 500 agents et 11 navires. Deux avions de surveillance des frontières sont déjà venus en renfort.

(CG, st. et NGV)

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L’exercice Cold Response annulé. Defender Europe réduit. La crainte du Coronavirus frappe (v2)

Thu, 12/03/2020 - 20:06

(B2) La menace de coronavirus continue de frapper dans les différentes fores armées européennes. Les autorités norvégiennes ont annoncé, mercredi (11 mars), de mettre fin à l’exercice Cold Response 20 qui devait mobiliser sur leur sol 15.000 soldats venus de dix pays (1) jusqu’au 19 mars. Ce, « après un examen approfondi et des discussions avec les participants alliés et partenaires ».

(crédit : MOD Norvège)

La découverte de cas suspects — au moins un militaire norvégien a été testé positif le 5 mars — et le placement en quarantaine d’environ 850 militaires de la caserne de Skjold, dans le nord du pays, avait commencé à jeter un doute sur la tenue de cet exercice. La décision de certains pays comme la Finlande de ne pas envoyer leur troupes sur place (annoncée le 8 mars dans un communiqué), comme la décision américaine de consigner ses forces à la maison, ont sonné le glas de l’exercice.

L’exercice Defender Europe mis en veilleuse

Même cause, même effet. L’exercice Defender Europe 20, qui a déjà commencé, a été mis en veilleuse. Le commandement US en Europe a annoncé sa décision de « réduire le nombre de participants américains ». « Nous prenons au sérieux l’épidémie de coronavirus et sommes convaincus qu’en prenant cette importante décision, nous continuerons à faire notre part pour empêcher la propagation du virus », indique le chef des forces US en Europe (EUCOM) dans un communiqué.

Cet exercice devait être cependant un des plus importants jamais engagés par les Alliés. Plus de 35.000 soldats devaient normalement y participer. Il devait comprendre plusieurs phases majeures destinés à démontrer au voisin russe à la fois la pertinence du dispositif allié et sa volonté de défendre les frontières de l’Alliance comme de ses voisins. Une partie de l’exercice devait ainsi se dérouler non loin de l’enclave de Kaliningrad. Et d’autres en Géorgie.

Interdiction de déplacement des militaires américains

Dans la foulée de l’annonce de Donald Trump, le Pentagone a annoncé mercredi (11 mars) des mesures drastiques de limitation des déplacements des militaires américains que ce soit à l’étranger ou sur le territoire même américain. Les membres du personnel venant d’un des pays considérés à risque par les États-unis (2) sont priés de rester confinés chez eux.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec RM)

  1. Norvège, Suède, Danemark, Finlande, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, France et USA
  2. Tous les pays de l’espace Schengen : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Vatican) + les pays les plus atteints (Chine, Corée du Sud, Iran). Lire notre carnet de veille du 13 mars 2020

Mis à jour le 13 mars au matin, avec le dernier § (information US)

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Un marin volant prend la tête de la force anti-piraterie de l’UE dans l’Océan indien

Wed, 11/03/2020 - 07:50
(crédit : DR)

(B2) Le contre-amiral espagnol Ignacio Villanueva Serrano doit remplacer à compter du 17 mars le commodore portugais José Vizinha Mirones comme commandant de la force (= en mer) de l’opération anti-piraterie de l’UE au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta). Il officiera à bord de la frégate espagnole qui est déjà sur zone Numancia (F-83) (lire : La Numancia relaie la Victoria).

La décision doit être adoptée par les ambassadeurs des États membres réunis au sein du comité politique et de sécurité (COPS) dans les prochains jours.

Ignacio Villanueva Serrano vient de la flotte aéronavale. Il en a assuré le commandement de 2014 à 2016 et a également commenté dans plusieurs publications (voir ici notamment) sa naissance et son existence.

(NGV)

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Un tanker grec attaqué au large du Bénin. Les pirates font un tour et s’en vont

Tue, 10/03/2020 - 10:30

(B2) Le Minerva Vigo, un tanker battant pavillon grec, a été attaqué par des pirates dans le Golfe de Guinée, à 45 milles nautiques (83 km) au large du Bénin jeudi (5 mars).

Un groupe de six à huit pirates

Un groupe de six à huit personnes armées prend d’assaut le navire de la compagnie Minerva Marine qui venait des Pays-Bas en direction de Lagos (Nigéria). Les 21 membres d’équipage (dont six Grecs) ont le temps de se réfugier dans la citadelle du navire. Et le centre de surveillance maritime de Brest (MICA Center) alerté.

Un avion français et un navire de patrouille béninoise

Deux moyens se mettent en mouvement aussitôt, selon des sources militaires. Un avion de surveillance maritime Falcon 50 de la marine nationale française décolle de la base aérienne française d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Objectif : aider à la localisation du navire attaqué et assister les forces en mer. Dans le même temps, le centre opérationnel de la marine de Cotonou au Bénin fait rapidement appareiller le patrouilleur Oueme, avec une équipe de fusiliers-marins à son bord. NB : face à la recrudescence des attaque la marine béninoise

Plus de pirates sur zone

Mais, au moment de l’arrivée des moyens aérien et maritime sur zone, plus aucun pirate n’est présent sur l’eau ni sur le navire. L’équipe de visite béninoise monte à bord, constate qu’il n’y a plus personne. L’équipage réfugié en citadelle est autorisé à en sortir.

(NGV)

(1) Le Maritime Information, Cooperation and Awareness, hébergé à la préfecture maritime de Brest

Lire aussi :

 

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Dernières nouvelles des missions de maintien de la paix de l’UE – PSDC (février 2020)

Fri, 06/03/2020 - 09:41

(B2) Formation pré-déploiement et cours de doctrine au Mali, fin de formation pour des policiers en Somalie, don de matériel à une clinique au Kosovo, formation médico-légale en Ukraine et relais en Bosnie-Herzégovine, Iraq et dans l’Océan indien… quelques unes des dernières informations des missions de la PSDC

Bamako (Mali). 170 soldats inaugurent le Premier pre-deployment training (PDT) 

Environ 170 soldats des forces armées maliennes (FAMa) ont participé au Koulikoro Training Camp, à un pre-deployment training (PDT) organisé et mené par EUTM Mali, du 26 janvier au 21 février. Objectif :  fournir à une compagnie d’infanterie la préparation nécessaire et les tactiques, techniques et procédures (TTP’s) requises pour le déploiement en opération. Et fournir aux équipes d’armes de soutien une formation spécialisée dans leurs systèmes d’armes respectifs.

Formation pré-déploiement au camp de Koulikoro (crédit : EUTM Mali)

Bamako (Mali). Premier cours de doctrine pour 12 officiers

Douze officiers des FAMa (les forces armées maliennes) appartenant à plusieurs départements — la doctrine, l’armée de l’air, la sécurité militaire, les écoles militaires, l’état-major de l’armée de terre, le génie, la logistique, les transmissions et télécommunications et la garde nationale —  ont suivi le premier cours de doctrine conjointement avec le directeur du centre interarmées des doctrines (CID) entre le 24 et le 28 février.

Trois officiers dont le directeur du centre Interarmées des doctrines (CID) ont dispensé le premier cours de doctrine (crédit : EUTM Mali)

Mariupol (Ukraine). Kit médico-légal, cadeau de fin de formation

Des inspecteurs médico-légaux de la police nationale de la région de Donetsk ont suivi une formation média-légale de quatre jours de la mission consultative de l’UE (EUAM) à Marioupol. Son but : accroître l’efficacité et l’efficience de la police criminelle et de sa capacité d’enquête. Ils sont repartis avec un équipement médico-légal composé d’un kit balistique, d’un kit de source lumineuse et d’un râteau magnétique qui aide à détecter les traces métalliques.

Le kit médico-légal remis en fin de formation (crédit : EUAM Ukraine)

Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). Un nouveau chef du bataillon multinational

Le lieutenant-colonel Alfred Steingresz a pris, mardi (25 février), le commandement du bataillon multinational européen basé au camp Butmir de Sarajevo, chargé de veiller à la stabilisation et au maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea). Il relaie son compatriote, le lieutenant-colonel Manfred Leitner.

Le lieutenant-colonel Alfred Steingresz lors de la passation des couleurs (crédit : EUFOR Althea)

Leposavic (Kosovo). Don de matériel médical

Un véhicule, du matériel médical pour les salles d’urgence et de consultation, ainsi que du matériel informatique et de bureau, pour une valeur de 67.000 euros ont été remis par le chef d’EULEX Kosovo, Lars-Gunnar Wigemark, au centre médical de Leposavić.

Cérémonie de la remise du don, le 21 février (crédit : EULEX Kosovo)

Lviv (Ukraine). Bonnes pratiques entre police et journalistes

Renforcer la communication et instaurer la confiance entre police et médias locaux étaient au programme de l’atelier de sensibilisation co-organisé par la mission de conseil de l’UE (EUAM Ukraine), mi-février.

Échanges entre journalistes et équipes de gestion et de presse de la police nationale et de la police de patrouille de la région de Lviv (crédit : EUAM Ukraine)

Mogadiscio (Somalie). Inauguration du siège de la mission 

Le nouveau siège de la mission de formation de l’UE auprès des forces somaliennes a été inauguré, le 19 février,  sur le campus international de Mogadiscio, en présence, notamment, du commandant d’opération le général Esa Pulkkinen (chef de l’état-major de l’UE) et le ministre somalien de la Défense, Hassan Ali Mohamed.

Coupe symbolique du ruban (crédit : EUTM Somalia)

Bagdad (Irak). Prise de poste pour le nouveau chef de mission

Le nouveau chef de la mission de conseil aux forces de sécurité intérieure irakiennes (EUAM Iraq), l’Allemand Christoph Buik a pris ses fonctions mi février (lire Relais allemand à la tête de la mission EUAM Iraq. Berlin entend garder des postes d’influence). Il a rencontré dans la semaine le chef de la délégation de l’UE, l’ambassadeur Martin Huth et le ministre irakien de l’Intérieur, Yassin al-Yasiri.

(crédit : EUAM Iraq)

Océan indien. Relais hispano-italien

La frégate espagnole Numancia et la frégate italienne Bergamini ont rejoint le 17 février l’opération EUNAVFOR Atalanta. Elles constituent l’essentiel de la flotte européenne sur place pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie (twitter)

(Emmanuelle Stroesser)

En savoir plus :

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L’Europe doit acquérir sa souveraineté technologique

Thu, 05/03/2020 - 13:00

(B2) La souveraineté technologique est une des notions clés dans le programme de la nouvelle Commission. Un concept vague, certes. Mais qui a le mérite d’être à la fois ambitieux et plutôt consensuel. Et, surtout, en ligne avec les nouvelles réalités technologiques et géopolitiques. Sa mise en œuvre sera cruciale pour la sécurité de l’Europe, c’est le point de vue défendu par Burkard Schmitt, un expert du domaine, directeur ‘sécurité et défense’ à l’ASD, l’association des industriels de la défense et de l’espace

(crédit : Commission européenne/Cristof Echard)

La technologie est de la géopolitique

Nous vivons dans un monde qui change. Des changements géopolitiques, avec l’émergence de la Chine comme nouvelle puissance mondiale, d’un côté. La mise en question des relations entre Europe et les États-Unis, de l’autre. Des changements technologiques aussi, avec la prochaine révolution numérique et l’apparition de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, le Quantum computing, etc. Ces deux niveaux sont étroitement liés, comme la discussion sur la 5G le montre. « La technologie est de la géopolitique », comme le disait le Britannique Julian King, l’ancien commissaire européen chargé de l’Union de la Sécurité.

Un changement de paradigme

L’expression de cette réflexion est l’idée de la souveraineté technologique qui a fait l’apparition avec l’arrivée de la nouvelle Commission européenne. Ce concept représente un véritable changement de paradigme et sera clé pour assurer la sécurité de l’Union européenne et de ses citoyens.

Certes, le terme reste générique. Toutefois, il exprime bien deux aspects fondamentaux. Premièrement, les nouvelles technologies numériques sont d’importance stratégique car elles vont déterminer non seulement la prospérité, mais aussi la sécurité de notre continent. Deuxièmement, le XXIe siècle sera numérique dans tous ses aspects, y compris les domaines de souveraineté comme la défense, la sécurité et l’espace. Cette importance du numérique, et son lien avec la défense et l’espace se reflètent aussi dans le portefeuille du nouveau commissaire pour le marché intérieur, Thierry Breton.

Le stop à la dépendance technologique

Selon Thierry Breton, la souveraineté technologique n’est pas un concept protectionniste. C’est la volonté de ne pas dépendre complètement de sources non-européennes pour les technologies stratégiques. Pour les technologies qui déterminent la position géopolitique de l’Europe, on devrait disposer aussi de fournisseurs européens.

L’expression d’une telle volonté au niveau européen marque un changement politique considérable. Jusqu’à présent, la dépendance technologique était plutôt un non-sujet pour la plupart de nos États membres, mais aussi pour les institutions européennes :

  • Dans le civil, l’ouverture des marchés était le principe de base et non-controversée, y compris dans la recherche et le hi-tech ;
  • Dans la défense, la dépendance des États-Unis était plutôt confortable, au moins jusqu’aux incertitudes créées par l’administration Trump ;
  • Dans la sécurité, la technologie était considérée comme une quantité négligeable. Aucune culture capacitaire ou technologique s’est développée, les achats se sont faits n’importe où pour satisfaire des besoins immédiats, et selon le seul critère du prix le plus bas.

Une rupture silencieuse

Le terme ‘souveraineté technologique’ marque une rupture par rapport à ce laxisme à l’européenne. Et le fait qu’il soit utilisé aujourd’hui dans le discours européen sans faire scandale est tout à fait remarquable, parce qu’il montre une sensibilité nouvelle en Europe et à Bruxelles.

Une approche intégrale

Deuxième aspect important : Le terme ‘souveraineté technologique’ s’applique d’abord à la nouvelle génération des technologies numériques qui sont d’origine civile. L’importance stratégique de ces technologique résulte non seulement de leur application à la défense ou le spatial (domaine classique de la souveraineté), mais aussi de leur omniprésence dans nos sociétés. Dans un monde où tout devient numérique, c’est celui qui contrôle les données et les réseaux qui contrôle notre vie, nos infrastructures, nos entreprises et nos institutions.

Autrement dit : les enjeux de la souveraineté se multiplient, et nos vulnérabilités aussi. Maitriser les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, cloud et quantum computing, ou bien le 5G et ses composants, n’est pas seulement une question économique mais surtout stratégique.

Une stratégie industrielle de sécurité pour renforcer la base technologique

Cibler les investissements

Face aux méga-investissements des hyperpuissances américaines et chinoises, l’Europe n’a pas les moyens de se lancer dans une course technologique tous azimuts. Elle doit bien cibler ses investissements et réfléchir où mettre ses ressources.

Pour y arriver, il faudrait faire une analyse systématique de la dimension sécuritaire des technologies, y compris dans les politiques qui semblent à priori non pertinentes pour la sécurité, comme le Green Deal ou l’Europe numérique. Il faut éviter de répéter l’expérience 5G, où l’on se réveille juste avant le déploiement de la technologie qu’il peut y avoir un problème de sécurité. En même temps, il faudrait prioriser l’application de ces technologies aux domaines particulièrement sensibles, à savoir la défense, la sécurité et l’espace.

Intégrer l’ambition technologique dans la politique industrielle

Enfin, et surtout, il faut intégrer l’ambition technologique dans une vraie politique industrielle de sécurité. Théoriquement, l’Union a tous les moyens à sa disposition pour une telle politique : Elle a des agences et de programmes pertinents, mais elle ne les utilise rarement comme instruments pour soutenir la base industrielle et technologique de sécurité en Europe.

Financer la recherche ne suffit pas, il faudrait mobiliser l’ensemble des outils pertinents et les orchestrer par une stratégie globale et ambitieuse qui soutient l’ensemble de l’écosystème et couvre l’ensemble du cycle industriel. Les éléments existent ou sont en préparation — il est temps d’y ajouter de la cohérence et les mettre au service de l’idée de la souveraineté technologique.

Burkard Schmitt, directeur ‘Défense et Sécurité’ à l’ASD (AeroSpace and Defence Industries Association of Europe)

L’auteur exprime ici ses points de vue propres. Titres et intertitres sont de la rédaction.

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Le Coronavirus frappe au cœur de la défense européenne

Wed, 04/03/2020 - 23:45

(B2) Un fonctionnaire de l’agence européenne de défense a été détecté positif au Coronavirus. Ses collègues ont été mis en quarantaine. Et des mesures de précaution aussitôt déclenchées

Consignes d’espace minimal de un mètre peu respectées au conseil informel des ministres de la Défense (source : EBS – sélection B2)

Un membre de l’Agence de défense détecté positif

Ce membre du personnel s’était récemment rendu en Italie (Milan et Cortina) et est rentré à Bruxelles le 23 février. « Les premiers symptômes sont apparus samedi soir (29 février). Des symptômes très légers. Il a été testé positif » a confirmé l’agence européenne dans un communiqué publié ce mercredi (4 mars). « Il n’est pas retourné à l’Agence depuis » l’apparition des symptômes « et se trouve actuellement chez lui en isolement depuis l’apparition ».

Mesures de précaution à l’Agence

Des mesures de protection ont été prise par l’Agence. 1° Les personnes en contact avec le personnel atteint ont été priés « de s’isoler durant 14 jours par précaution ». 2° Toutes les réunions devant se tenir dans les locaux de l’EDA ont été annulées jusqu’au 13 mars 2020 inclus, ainsi que celles organisées par l’Agence en dehors de ses locaux. 3. Aucun membre du personnel n’assistera à des réunions externes avant cette date. 4° Le bureau et les installations de réunion du membre du personnel concerné ont été passés à la désinfection.

Des consignes claires passées

Malgré cela, on a appris peu après qu’un fonctionnaire du Conseil de l’UE avait été détecté également positif. Il avait été en contact avec l’agent de l’EDA (1). Des consignes ont été passées à tous les agents et fonctionnaires européens : aucun contact physique, pas même une simple poignée de main, distance minimum d’un mètre avec tous les interlocuteurs, éviter toute réunion inutile. Ce qui est difficile au niveau européen qui est le paradis de la réunionite.

Le Covid19 va-t-il se répandre comme une trainée de poudre

Si les consignes semblent à peu respectées au niveau de la fonction publique, il n’en est pas de même apparemment des ministres de la Défense réunis à partir de mercredi soir à Zagreb. La proximité était de règle — il est vrai que c’est un peu le principe de ces réunions informelles — entre ministres de l’UE, hauts fonctionnaires et alliés de l’OTAN, le secrétaire général Jens Stoltenberg.

Un coup de Trafalgar pour la défense européenne

D’ici peu, on pourrait donc avoir la plupart des ministères de la défense obligés de se confiner. Après la raréfaction des exercices, on assisterait ainsi à une victoire par KO de l’establishment de défense européen, qu’aucun adversaire n’a jamais rêvé. Un petit Covid19. Et hop ! la présence avancée à l’Est, les défenses européennes réduites à zéro.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. L’Agence a démenti en revanche que l’agent concerné ait assisté à une réunion avec 30 fonctionnaires d’autres institutions de l’UE.

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Urgence à la frontière grecque. Frontex déploie une mission

Mon, 02/03/2020 - 17:05

(B2) Le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) va lancer « une intervention rapide » (1) pour aider la Grèce à faire face au grand nombre de migrants à ses frontières extérieures, notamment en mer. L’agence, basée à Varsovie, vient de l’annoncer ce lundi (2 mars).

Opération Poséidon au large de l’île de Lesbos (crédit : Frontex – archives B2)

Elle répond ainsi à une demande d’assistance faite officiellement hier soir (dimanche) par le gouvernement grec, de bénéficier d’un renfort européen rapide en mer Égée, pour prévenir une arrivée trop grande de bateaux contenant des migrants et réfugiés.

« Cela fait partie du mandat de Frontex d’aider un État membre confronté à une situation exceptionnelle et demandant un soutien urgent » a précisé le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri.

Autres informations à suivre…

(NGV)

  1. Les interventions rapides aux frontières sont conçues pour apporter une assistance immédiate à un État membre de l’UE « soumis à une pression urgente et exceptionnelle à sa frontière extérieure, notamment en ce qui concerne le grand nombre de ressortissants de pays tiers qui tentent d’entrer illégalement sur son territoire » précise l’agence.

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Le renseignement à l’épreuve de l’Union européenne

Sat, 29/02/2020 - 09:42

(B2) La coopération européenne en matière de renseignement reste l’un des sujets qui soulèvent beaucoup de questions lorsque l’on se penche sur le travail des ‘espions’. Tantôt présenté comme une réelle progression, tantôt perçu comme une utopie, ce dialogue entre services alliés évolue au gré des fluctuations des politiques européennes de défense et de sécurité.

L’auteure de cet ouvrage, Julie Prin-Lombardo, fait intervenir au fil de sa réflexion des hauts fonctionnaires et des hauts responsables qui viennent étayer le propos de témoignages opérationnels. Au bilan, cette docteure en histoire travaillant au sein du ministère des Armées français décrit une construction institutionnelle qui aurait pu donner lieu à une structure efficace, mais qui s’est écroulée. Cela lorsque le centre de situation de l’UE (SitCen) est devenu le centre de situation et du renseignement de l’UE (IntCen), lors de la création du service européen pour l’action extérieure (SEAE) auquel il a été intégré. Paradoxe de cette mutation : c’est parce que le premier avait commencé à devenir réellement influent que certains ont œuvré à en réduire la portée.

C’est le positionnement de Londres, notamment, qui revient de manière récurrente comme un obstacle à un meilleur dialogue entre services européens. Pour les Britanniques, la priorité d’une relation solide avec Washington a bloqué de nombreux mécanismes. Par exemple : impossible d’échanger du renseignement avec le Royaume-Uni, sans risque de voir ces données partir vers les États-Unis. De même, Londres peut difficilement transmettre tout un pan de ses connaissances… directement issues des services alliés outre-Atlantique.

Reste que les échanges ont quand même lieu. Plus que dans des enceintes policées, c’est parfois dans des clubs plus informels que les acteurs du renseignement parviennent à se coordonner. Ces plateformes, dont la plus connue reste le club de Berne, qui réunit des dirigeants de services depuis les années 1970, ont le mérite de ne pas contraindre les participants et de laisser chacun s’investir à la mesure de ses besoins, de ses capacités et de ses limites politiques. Les blocages sont de fait plus politiques qu’opérationnels : les professionnels du renseignement multiplient, eux, les démarches pour trouver de bons moyens de travailler efficacement ensemble.

Cet ouvrage reste parfois assez technique, avec une approche historique qui ravira les passionnés de renseignement. Les décryptages institutionnels ont la force de leur faiblesse : très pointus, ils dissuaderont probablement le lecteur plus novice en matière de renseignement. Pour le spécialiste, c’est un livre à ajouter à sa bibliothèque.

(Romain Mielcarek)

  • Editions Nouveau Monde, Paris, novembre 2019, 311 pages, 19,90 euros

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Un avion C101 de la ‘patrouille des Aigles’ espagnole s’abîme en mer. Le pilote tué

Thu, 27/02/2020 - 20:10

(B2) Un avion C101 de la Patrulla Aguila, l’escadrille de vol acrobatique de l’armée de l’air espagnole de l’armée de l’air espagnole, s’est écrasé en mer ce jeudi (27 février) après-midi au large de la ville de La Manga, dans la province de Murcie, tuant son pilote.

Un avion C101 de la ‘patrouille des aigles’ (crédit : armée de l’air espagnole)

L’accident s’est « produit lors d’une répétition », indique l’armée de l’air. Des navires et un avion de patrouille maritime ont été dépêchés sur les lieux pour localiser l’épave de l’avion et tenter de porter secours au pilote. « Rien n’indique que le pilote ait pu s’éjecter. » On apprenait quelques temps plus tard que le cdt Eduardo Garvalena était décédé dans le crash.

Le Premier ministre Pedro Sanchez a adressé les « condoléances sincères de tout le gouvernement à la famille du commandant Garvalena et à tous ses camarades de la Patrouille des Aigles » indiquant avoir ressenti « une énorme tristesse en recevant les nouvelles qui nous parviennent après l’accident de l’avion C-101 de l’Académie Générale de l’Air à La Manga (Murcie). 

Enorme tristeza al recibir las noticias que nos llegan tras el accidente del avión C-101 de la Academia General del Aire en La Manga (Murcia).

Un sentido abrazo de todo el Gobierno a la familia del comandante Garvalena y a todos sus compañeros de la Patrulla Águila. DEP.

— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) February 27, 2020

Deuxième accident en moins d’un an

C’est le deuxième accident similaire en quelques mois. Le 26 août dernier, un autre avion C101 s’était abîmé en mer non loin de là. Le commandant Francisco Marín avait réussi à s’éjecter mais était décédé avant d’avoir pu être repêché. En septembre dernier, un autre accident touchant cette fois un avion d’entrainement T35 Pillan avaient causé la mort du commandant instructeur Daniel Melero et de son élève l’enseigne Rosa Otero, âgé de 20 ans, au large de Santiago de la Ribera.

(NGV)

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La frégate belge Leopold Ier rejoint le Charles de Gaulle

Thu, 27/02/2020 - 19:30

(B2) La frégate Léopold I (F-930), sous le commandement du capitaine de frégate Nico Cottyn, a mis le cap sur la mer Méditerranée, depuis dimanche 23 (février). Mission : intégrer le groupe aéronaval 2020 formé autour du porte-avions nucléaire français, le Charles de Gaulle (la mission Foch).

Le Léopold Ier (crédit : MOD Belgique)

La frégate belge, avec à son bord 150 membres d’équipages et un hélicoptère Alouette III embarqué, va mener divers exercices. Objectif : « maintenir et développer les compétences nécessaires à un engagement dans l’ensemble du spectre des opérations maritimes ». Fin de mission prévue : le 24 avril avec le retour du navire au port de Zeebruges.

(NGV)

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Plusieurs soldats du contingent européen de la Minusma au Mali blessés par un IED

Tue, 25/02/2020 - 19:48

(B2) Trois soldats membres de la Minusma ont été blessés, légèrement, ce mardi (25 février) après-midi dans l’explosion d’un engin artisanal (IED) non loin de Gao sur la route de Kidal

(crédit : Forces irlandaises)

Les trois soldats irlandais effectuaient une patrouille à l’Est, non loin de leur base de Gao, lorsqu’un engin explosif improvisé (IED) « a explosé à proximité de leur convoi ». « Légèrement blessés, […] Ils ont reçu des soins médicaux et se portent bien », précise selon le communiqué des forces irlandaises parvenu à B2.

D’autres soldats d’une autre nationalité pourraient être impliqués dans cet incident selon un blogueur malien. Mais cette information doit être prise au conditionnel. Information à suivre. Selon notre collègue de Augengeardeaus, Thomas Wiegold, il n’y pas de blessés allemands. La Bundeswehr l’a confirmé.

(NGV)

Lire : Combien de morts par IED au Mali ces dernières années

 

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Les sept plaies d’EUTM Mali selon l’Irsem

Tue, 25/02/2020 - 17:30

(B2) Le constat est sévère. Malgré son effectif (environ 500 personnes) et son antériorité (sept ans), la mission de formation de l’armée malienne, EUTM Mali, n’est pas pleinement efficace. Elle souffre de sept grands problèmes, selon le chercheur Denis Tull de l’IRSEM qui vient de publier une étude

Un instructeur européen et des FAMa en exercice (crédit : EUTM Mali)

La gestion d’un double défi : combattre et reconstruire 

Au Mali, le fait que les forces armées soient déjà engagées en opérations est une « contrainte importante » et « souvent négligée ». La priorité des Maliens est l’effort de guerre, et non la reconstruction de leur outil militaire. Non seulement Européens et Maliens ont des priorités différentes. Mais même lorsque les objectifs s’alignent, « les ressources et les capacités des partenaires maliens sont nécessairement limitées ». Avec environ 75% des forces maliennes engagées sur le terrain, souvent pour 9 à 12 mois, EUTM a du mal à recevoir un nombre suffisant de soldats à former. Les effectifs potentiellement disponibles sont « peu nombreux et épuisés ».

Une reconstruction orientée sur l’offre et non les besoins

Sans cadre stratégique défini, les Maliens rejettent rarement, « voir jamais », une offre de soutien (formation, équipement, conseils), que celle-ci soit adaptée, ou pas, à leur besoins et priorités réels. Une partie des véhicules (camions, ambulances…) souvent d’occasion offerts au Mali « ne verront jamais le champ d’opération ou tombent en panne à la première utilisation car ni budget, ni pièces de rechange, ni expertise mécanisme n’ont été programmés ». Résultat : l’aide axée sur l’offre entraîne des coûts importants, pose des problèmes de durabilité et d’interopérabilité et peut en fait ne pas contribuer beaucoup au renforcement des capacités — lorsqu’elle ne les affaiblit pas.

Un vrai manque de coordination 

« Un autre inconvénient de la rupture entre l’offre et la demande est la mauvaise coordination de l’aide extérieure. Elle n’est ni appliquée par la partie malienne, ni assumée de manière adéquate par les donateurs », y compris Européens. Malgré quelques efforts récents, « il ne semble guère y avoir plus que des échanges d’informations ». D’ailleurs, au sein du ministère malien de la Défense, un seul agent sert de point de contact en matière d’assistance à la sécurité.

Les acteurs internationaux sont aussi pointés du doigt. Chacun tente de divulguer ses propres « concepts militaires et de cultures d’origine étrangère qui coexistent de façon malaisée ». Ceci contribue « à la saturation de l’armée malienne » Problème qu’EUTM Mali connait puisque malgré une tentative d’homogénéisation, chaque contingent (Suédois, Espagnol, Allemand ou Estonien) transmet surtout ses propres normes.

Une formation insuffisante et inefficace

La formation par EUTM Mali a été massive : plus de 5.000 soldats entre février 2013 et avril 2016. Mais elle fait l’objet de critiques fréquentes et persistantes, souvent partagées par les membres de la mission. En ligne de mire : la durée trop courte des formations, insuffisante pour avoir un impact important sur l’efficacité des FAMa sur le champ de bataille. Le recyclage des bataillons, commencé en 2015 pour améliorer et étendre les compétences, « n’a pas apporté de progrès significatif ». L’impact de la formation des formateurs reste, lui aussi, « incertain ».

Parfois, les soldats maliens sont formés avec des équipements que leur armée ne possède pas. Et dont elle ne disposera probablement pas dans un avenir proche. Cette incohérence mine la crédibilité politique de l’Union européenne et sa mission, alors que d’autres acteurs cherchent à prendre une place auprès des Maliens.

Des intérêts divergents

Si l’objectif de EUTM est de contribuer à la reconstruction d’une armée compétente, professionnelle et efficace, « il est douteux que les dirigeants politiques et/ou militaires du Mali partagent cet objectif ». Tout d’abord, le gouvernement malien a pris l’habitude de s’appuyer sur les forces étrangères, notamment la mission de l’ONU (MINUSMA), leur déléguant effectivement la sécurité. De plus, l’externalisation de la sécurité constitue une garantie de sécurité contre la propre armée malienne, sujette aux coups d’État.

La résistance au changement 

EUTM Mali fait face à une résistance « particulièrement notable » pour les projets relatifs à la gouvernance et l’efficacité dans le secteur de la sécurité. Par exemple, EUTM n’a pas réussi à convaincre les autorités maliennes du bien-fondé d’un système d’information logistique (SILOG). Autre défi permanent : la mise en place d’un système de gestion des ressources humaines, ou d’un nouveau système de paie, bloquée par les « intérêts particuliers, notamment le racket et la corruption » et les faibles capacités de supervision du processus de planification et de dépenses.

L’Union européenne a fini par lier un partie de son soutien budgétaire aux progrès dans ces réformes. Si le message politique est fort, la somme (14 millions) est dérisoire pour créer un véritable effet de levier.

Un vide institutionnel 

La plus grande faiblesse de l’assistance au secteur de la sécurité au Mali est peut-être qu’elle s’articule autour de divers problèmes institutionnels plutôt que de chercher à les résoudre.

Le premier obstacle institutionnel est l’État malien. Une armée efficace ne peut être maintenue en l’absence d’autres structures étatiques efficaces. Le second concerne le réseau institutionnel du secteur de la sécurité, qui souffre de corruption et d’une culture organisationnelle dysfonctionnelle. Tant que ces problèmes ne montrent pas de signes d’apaisement, il y a peu de chances que les FAMa deviennent une armée plus professionnelle.

(Leonor Hubaut)

Télécharger l’étude (en anglais)

Lire aussi :

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L’opération Agenor, petit nom de EMASOH, pleinement opérationnelle

Tue, 25/02/2020 - 15:30

(B2) L’opération Agénor, le volet militaire de l’initiative européenne de surveillance maritime du détroit d’Ormuz (EMASOH), portée par la France, les Pays-Bas et le Danemark, a atteint sa pleine capacité opérationnelle. Une cérémonie officielle vient de marquer ce cap

Le vice-amiral Didier Maleterre déclarant le volet militaire de EMASOH (Agénor) opérationnelle (crédit : Etat-Major des Armées / Alindien)

Deux frégates disponibles…

Les frégates française Forbin et néerlandaise De Ruyter sont désormais placées sous le contrôle opérationnel et le commandement tactique de l’opération. Une cérémonie vient d’avoir lieu sur la place d’armes de la base navale française aux Émirats Arabes Unis, en présence de l’amiral Rob Kramer, chef d’état-major de la marine néerlandaise, du général Stéphane Mille, chef du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) à l’état-major des armées, et de Jeanette Seppen (la haute représentante civile de EMASOH) (1) et des Émiriens.

… sous un commandement français depuis Abu Dhabi

L’opération est commandée par un officier français, le vice-amiral Didier Maleterre, l’amiral commandant des forces françaises aux Émirats Arabes Unis (FFEAU) et la zone maritime océan Indien (ALINDIEN). L’état-major tactique (Force Head Quarter ou FHQ), est situé au sein de la base navale d’Abu Dhabi, rassemblant les représentants des États contributeurs et des officiers de liaison (notamment Belge et Danois).

Une étape décisive

« C’est une étape décisive dans l’engagement des partenaires européens au profit de la sécurité maritime et de la liberté de la navigation dans la région », affirme le ministère (français) des Armées. « Cette étape concrétise le projet politique, porté par huit pays européens, de mettre en œuvre une mission de surveillance et de sécurité maritime dans le détroit d’Ormuz. » La capacité initiale opérationnelle avait été atteinte fin janvier (lire : Emasoh déclarée opérationnelle. Le Courbet sur zone. Le Zs Ms De Ruyter arrive).

Une opération pour la liberté de navigation et la stabilité régionale

Pourquoi ce petit nom d’Agénor ? La réponse c’est Florence Parly, la ministre française des Armées qui l’a donnée : « Fils de Poséidon et père d’Europe pour laquelle il s’est toujours battu, Agénor était roi de Tyr. Désormais, c’est aussi le nom du volet militaire de la mission européenne de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz : ‘pour la liberté de navigation et la stabilité régionale’. »

Commentaire : une opération rondement menée

Remarquons au passage que les délais ont été respectés et que l’opération a été montée, sinon dans un temps record, du moins rapidement, pour une mission multinationale. Elle avait été initiée au départ par les Britanniques, puis les Allemands en juillet dernier (lire : Vers une opération maritime combinée franco-germano-britannique dans le détroit d’Ormuz. Les discussions continuent). Mais Londres comme Berlin avaient jeté l’éponge. Finalement c’est Paris qui a repris le gant, donnant officiellement le ‘la’ en novembre (lire : L’opération dans le détroit d’Ormuz refait surface. Les Français à la manœuvre), soutenu par plusieurs pays nordiques… Comme quoi rien n’est impossible

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Lire : Jeannette Seppen nommée haut représentant civil de l’EMASOH

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Sept véhicules remis aux forces mauritaniennes

Tue, 25/02/2020 - 13:05

(B2) La commissaire européenne Jutta Urpilainen, chargée des ‘Partenariats internationaux’, va remettre officiellement à Nouakchott (Mauritanie), ce mardi (25 février), les clés de sept véhicules blindés au bataillon mauritanien de la Force conjointe du G5 Sahel.

Cela fait partie du lot de 46 véhicules fournis par l’Union européenne. D’autres avaient déjà été fournis au Mali en janvier (lire : 13 véhicules blindés pour les deux bataillons maliens du G5 Sahel). La remise a été faite symboliquement alors que les chefs d’État du G5 Sahel sont réunis en sommet dans la capitale mauritanienne et qu’un exercice multinational bat son plein.

Un exercice multinational en cours

Cet exercice, entamé le 17 février 2020, réunit les forces de la région. Il réunit environ 1600 militaires issus de 34 pays africains et occidentaux et devrait prendre fin le 28 février 2020. Au menu, diverses manœuvres axées sur les reconnaissances de points suspects, ou contrôle d’axes routiers. Y prend part notamment le bataillon autonome des forces spéciales selon les FAMA.

(NGV)

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Quand Tintin Michel se balade, le Conseil européen trinque

Mon, 24/02/2020 - 20:01

(B2) L’échec du sommet européen de jeudi et vendredi sur le cadre budgétaire 2021-2027 est surtout le fait des divisions des ’27’. C’est certain. Personne n’avait vraiment envie d’un compromis. Ni les radins ni les dépensiers. Mais Charles Michel a une part, non négligeable, dans ce plantage. Sa méthode de travail, sa dispersion, son manque de style ont pesé

(crédit : Conseil de l’UE)

Tintin voyage

Alors que sa nomination est actée depuis fin juin et qu’il est en poste officiellement depuis début décembre, on ne peut pas dire que le nouveau président du Conseil européen ait pris sa tâche à cœur tout de suite. Sitôt nommé, Tintin Michel part se balader. Istanbul, Le Caire, Jérusalem et Tel Aviv, Addis Abeba, Tirana et Skopje. En quelques semaines, en janvier et début février, le nombre de déplacements officiels, hors de l’UE, n’est pas négligeable.

… blablate

À chaque fois, cela s’accompagne d’une déclaration, qui enchaîne des phrases types, plutôt banales. Même les communiqués du SEAE (le service diplomatique européen), pourtant taillés au cordeau, où chaque mot est soupesé à l’aune des diplomaties nationales, en disent davantage. Et si l’écrit collectif est trop succinct, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, au langage plutôt franc, permet d’avoir un langage autrement plus clair et direct, tout en restant diplomatiquement correct.

… et perturbe

Charles Michel ne s’arrête pas là. Il use de son téléphone. Il appelle le président iranien Rohani à qui il parle accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), position dans le Moyen-Orient, etc. Quelques jours plus tard, juste avant la conférence de Berlin, il téléphone au dirigeant russe V. Poutine pour parler, là encore, d’un peu tout (Libye, Moyen-Orient, Ukraine). Et, là encore, il le fait savoir. Car la diplomatie de ‘Tintin Michel’ semble davantage axée sur la volonté de se faire valoir, que sur celle d’apporter une ‘vraie’ valeur ajoutée (1).

Le diplomate débutant

Cela fait grincer un peu des dents, dans les couloirs européens. Du côté des diplomates expérimentés, on juge ces prises de position plutôt inutiles au mieux, et intempestives. « C’est l’enthousiasme des débuts » nous glisse-t-on. Du côté russe, on rigole, sachant comment faire vibrer la fibre ‘vanité’ de l’ancien Premier ministre belge. Ce qui n’était pas trop possible avec son prédécesseur, Donald Tusk…

Est-ce le rôle du président du Conseil européen ?

Si on interroge un diplomate européen, il vous répondra : oui, sans ambage.

Un rôle fixé par le Traité

De par le Traité, le président du Conseil européen a un rôle de représentation extérieure (2). Mais, il faut aussi le préciser, le traité considère cette fonction comme secondaire par rapport au rôle de présider, d’animer, de préparer les réunions du Conseil européen, et surtout d’assurer « la cohésion » du Conseil (3). Sur le dossier ‘Moyen-Orient’, malgré tous les efforts, deux voix dissonantes se font entendre (cf. encadré). Fait regrettable…

En étroite liaison avec le chef de la diplomatie européenne

Cette fonction de relations extérieures doit être assurée en étroite liaison avec le Haut représentant qui est, lui, le véritable chef de la diplomatie européenne. À lui, au jour le jour, la présence sur tous les dossiers chauds du moment, en particulier dans les zones de crise. De même que l’autorité sur les délégations de l’UE, la rédaction des télégrammes diplomatiques, comme la présidence des réunions des ministres des Affaires étrangères. La liaison avec le Haut représentant ne semble pas avoir été complètement effective.

Une parole précieuse à ne pas gaspiller

Cela ne veut pas dire que le président du Conseil européen n’a pas droit à la parole et que sa parole extérieure n’est pas importante. Mais elle ne doit pas être gaspillée. Elle est très précieuse notamment pour négocier avec les partenaires stratégiques, pour assurer la présence dans les grandes enceintes internationales, type G7 et, surtout, pour maintenir l’unité sur les grands sujets de politique étrangère. Malheureusement ce rôle là aussi est raté (cf. encadré).

Un oubli des priorités

En inversant les priorités, le président du Conseil européen a sans doute commis une erreur de débutant et surestimé ses forces.

Une certaine impréparation

Charles Michel avait une tâche importante : trouver un accord sur le cadre budgétaire futur de l’Union européenne. Une tâche délicate, ardue, qui requerrait une présence de tous les instants. Les positions très éloignées, durcies par le temps, méritaient un travail acharné. Le sommet raté de jeudi et vendredi l’a prouvé. Cet échec est aussi celui d’une certaine impréparation. Trouver un compromis ne se fait pas avec quelques vidéos conférences ou visites aux chefs de gouvernement ou d’État.

Adopter la méthode Barnier

Cela nécessite non seulement de voir chacun des protagonistes, mais aussi de visiter chacun des parlements, de rencontrer les groupes socio-économiques, de comprendre les tenants et aboutissants de chaque État, pour arriver à les faire fléchir, et amender la position. Un travail de bénédictin, qu’a mené par exemple Michel Barnier sur le Brexit (avec succès). C’est autrement moins glorieux que d’aller se balader dans quelques capitales du Moyen-Orient, des Balkans, ou d’Afrique. C’est vrai. Mais c’est le ‘job’.

Une erreur de jeunesse

En pensant se dispenser d’un tel travail, Charles Michel a surestimé sa force de conviction. Croire que quelques coups de fils, de longues discussions en bilatérale et qu’une négociation au ‘finish’, à la Belge, pouvait marcher était un pari. Sans une préparation sérieuse en amont, le pari était très risqué. Tel le jeune cadre dynamique à qui on offre tout d’un coup un ‘pass unlimited’, Charles Michel s’est cru autorisé à se projeter sous les ‘sunlights‘ pour pouvoir prétendre régler les problèmes du monde. C’est un peu présomptueux.

Un trio directorial qui a dû mal à trouver son style

Or l’actuel président du Conseil européen n’a ni l’expérience de son compatriote Herman Van Rompuy (qui la jouait discrète) ni la force et l’aura (il faut le reconnaître) du Polonais Donald Tusk. Deux personnalités qui l’ont précédé à ce poste, chacune avec son style. Charles Michel doit encore prendre ses marques. Il n’est pas le seul. Les premiers pas de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sont aussi décevants. Le seul à tirer son épingle du jeu aujourd’hui est le ‘vieux’, Josep Borrell. Avoir deux maillons faibles sur trois, qui se ‘tirent la bourre’, au lieu de marcher, main dans la main, c’est dommage. Au moment où, plus que jamais, l’Europe a besoin de leadership, c’est une erreur.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un rôle limité dans l’unité européenne

N’en déplaise ce qu’aime à dire l’entourage du président du Conseil européen, Charles Michel (n’)a (pas) forcé l’unité européenne face au au plan américain pour la paix entre Israël et la Palestine. Ce n’est pas lui qui a été le principal artisan du rassemblement.

Le premier communiqué publié très vite dès la publication du plan US, ‘au nom des 28’ (le Royaume-Uni était encore membre), était un communiqué d’attente et de rappel de la position européenne. Le minimum syndical européen (lire : Le plan de paix US pour le Moyen-Orient accueilli avec prudence par les Européens).

Mais l’unité apparente s’est très vite fractionnée. Et il n’a pas été possible de répéter l’exercice quelques jours plus tard. Ce qui a obligé le Haut représentant de l’UE à faire un communiqué en son nom propre (soutenu par une majorité de l’UE) et non au nom de l’Union comme espéré. La République tchèque et surtout, la Hongrie, avec un déplacement à Washington et une déclaration tonitruante de son ministre des Affaires étrangères, a fait savoir publiquement son désaccord avec la position commune (lire : Le plan de paix américain pour le Moyen-Orient en infraction du droit international dénonce l’Union européenne).

  1. On sent comme une volonté chez Charles d’égaler le père. Un complexe d’Oedipe mal digéré peut-être. Louis Michel, ancien ministre des Affaires étrangères de Guy Verhofstadt, ancien commissaire européen chargé du Développement, en connaissait un rayon au niveau international.
  2. « Le président du Conseil européen assure, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de l’Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, sans préjudice des attributions du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. » (article 15.6 TUE, 1er alinéa)
  3. « Le président du Conseil européen : a) préside et anime les travaux du Conseil européen; b) assure la préparation et la continuité des travaux du Conseil européen en coopération avec le président de la Commission, et sur la base des travaux du Conseil des affaires générales; c) œuvre pour faciliter la cohésion et le consensus au sein du Conseil européen; d) présente au Parlement européen un rapport à la suite de chacune des réunions du Conseil européen. » (article 15.6 TUE, 2e alinéa)

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Combien de morts par IED au Mali ces dernières années

Sat, 22/02/2020 - 14:23

(B2) La question a été posée à la Chambre des députés (belge) et la réponse fournie par le ministre des Affaires étrangères et de la défense, Philippe Goffin, le 22 janvier dernier.

Fouille anti-IED par les militaires de l’opération Barkhane (crédit : EMA / DICOD avril 2019 – Archives B2)

593 personnes on été victimes des suites d’engins explosifs artisanaux (IED) au Mali en 2018 et 459 –dont 137 morts – en 2019.

La MINUSMA a eu 93 victimes – dont 8 morts – en 2018 et 49 – dont 5 morts – en 2019.  Les forces de sécurité maliennes ont eu 187 victimes en 2018 et 148 en 2019.

Les autres forces présentes ont eu au total 68 victimes en 2018 et 42 en 2019. Les troupes françaises de l’opération Barkhane ont perdu 27 militaires entre 2013 et fin 2018. Les IED ont causé la mort de sept militaires français.

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Sur mer, la coopération européenne fonctionne. Je le constate tous les jours (Amiral Lozier)

Fri, 21/02/2020 - 14:20

(B2 à Brest) Du Golfe de Guinée, avec la piraterie, à l’Arctique, avec l’ouverture de la route de la soie polaire, en passant par la lutte anti-pollution dans le Golfe de Gascogne ou la protection des sous-marins nucléaires de regards trop curieux, le vice-amiral d’escadre Jean-Louis Lozier ne manque pas de champs d’action

L’homme a trois casquettes, une civile et deux militaires (cf. encadré). Comment ne pas aborder tous les rôles.

La coopération européenne fonctionne bien aujourd’hui ?

Oui. Quand le CONRO [cargo porte-conteneurs-roulier] Grande America a coulé dans le Golfe de Gascogne, et que j’ai déclenché les opérations de gestion de crise, j’ai pu bénéficier rapidement des moyens anti-pollution espagnols. Facilement. Un peu comme si j’appelais mon collègue de la préfecture maritime de Méditerranée ! Nous avons une collaboration ancienne, qui a fait ses preuves, avec le ‘Biscaye plan‘ (1). La demande de soutien s’est faite directement entre nos organisations respectives, sans nécessiter d’accord politique préalable. Nous avons ensuite coordonné nos survols pour optimiser la détection des nappes de polluants. Leur radar était par exemple plus performant à certains moments du jour que les nôtres. On les a privilégiés à ce moment-là. Nous avons une coopération semblable avec l’agence européenne de sécurité maritime (l’EMSA basée à Lisbonne), qui fonctionne aussi très bien. Nous avons pu avoir deux moyens anti-pollution supplémentaires. Affrétés et financés par l’Union européenne, l’un basé à Vigo et l’autre à Brest, ils ont été déployés en moins de 24 heures. Une véritable opération européenne en fait !

Pendant ce temps, d’autres navires en profitent pour dégazer ?

Les temps ont changé. Nous avons désormais les moyens de surveiller plusieurs « feux » à la fois, grâce justement à cette coopération européenne. Nous bénéficions de produits satellitaires appelés Cleanseanet, fournis par la société CLS, et financés par l’EMSA. Des moyens très utiles pour repérer les pollutions. Ces clichés satellitaires nous permettent d’avoir une première alerte. Ils nous permettent de ne déployer qu’à bon escient nos moyens. On envoie un avion pour affiner la détection et agir ensuite.

Et si la même chose se passe en Espagne ?

On répondra bien évidemment présent ! Les Français seront là, demain comme par le passé, aux côtés de nos amis espagnols.

C’est le naufrage du Prestige qui a entraîné cette réorganisation ?

L’organisation espagnole a été revue après le Prestige. En effet. C’est un peu leur Amoco Cadiz (2). Une catastrophe qui nous avait obligé, côté français, à renforcer notre organisation. À chaque crise maritime, nous nous complétons notre dispositif et rendons compte que la coopération est vitale.

On est à Brest, à quelques encâblures de l’Île Longue, où est basée la force nucléaire sous-marine. C’est de votre ressort ?

Non. Le centre de commandement de la force océanique stratégique, qui est situé plusieurs dizaines de mètres sous nos pieds, dans le ‘granit’, dépend d’ALFOST [l’Amiral commandant la Force océanique stratégique]. Mon rôle, c’est d’assurer la protection des SNLE [sous-marin nucléaire lanceur d’engins] lors de leurs manœuvres d’entrée et de sortie de la base de l’île Longue, jusqu’à leur plongée et leur dilution dans les profondeurs. C’est ma responsabilité première. Pour cela, je dispose de chasseurs de mines qui garantissent la sûreté des chenaux d’accès, de frégates anti sous-marines ou de moyens aériens dédiés à la lutte anti sous-marine.

Les Russes sont là ?

On a assisté effectivement depuis plusieurs années à une recrudescence de l’activité sous-marine russe en Atlantique. Il ne faut pas exagérer le phénomène. Mais, avec nos alliés, nous devons rester vigilants. Nous les surveillons de près.

Votre commandement s’étend jusqu’à l’Arctique. Avec la fonte des glaces, la donne change, cela devient un passage ?

En effet, le Rhône [bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain] a d’ailleurs franchi en septembre 2018 le passage du Nord-Est allant de la mer de Norvège au détroit de Bering. C’est une zone stratégique et qui va le devenir de plus en plus. Ce n’est pas ma zone de responsabilité en termes de sauvetage en mer, mais s’il arrivait un problème à un navire français, on pourrait difficilement ne rien faire. Il faut donc tout envisager.

Il y a des différences par rapport à l’Atlantique ?

C’est un environnement très particulier. Par exemple, dans un fjord, les transmissions ne fonctionnent pas bien entre les avions et les bateaux. Pour bien appréhender le jour où un incident arrivera, il faut s’y déployer et s’y entraîner régulièrement, apprendre en quelque sorte. Depuis deux ans, nous participons ainsi activement à un exercice de sauvetage en mer au large du Groenland avec la marine danoise.

L’Arctique attire les Chinois également ?

Clairement, le grand Nord est une zone d’intérêt pour tous, France et Européens y compris. Les Chinois s’y implantent. Le transporteur maritime chinois COSCO a annoncé qu’il emprunterait cette voie maritime. Ses investissements en Islande, Norvège, ou au Groenland ne sont pas un hasard. La « route de la soie » polaire s’ouvre.

Autre zone d’intérêt, le Golfe de Guinée. Malgré tous les efforts, les actes de piraterie ou de brigandage se multiplient ?

C’est vrai. Mais cela progresse. Les pays africains s’équipent, se coordonnent. Il y a des opérations où des pirates sont mis en échec. Ce qui s’est passé avec le G-Dona 1 récemment (3), n’aurait pas pu se réaliser il y a cinq ans. Le MDAT-GoG (Maritime Domain Awareness for Trade – Gulf of Guinea), qui fait partie du centre d’expertise de sécurité maritime, le MICA Center, a été contacté rapidement. Le COM [Centre des opérations maritimes] du Togo a envoyé un patrouilleur. Les pirates ont été stoppés, arrêtés et ramenés à Lomé. Depuis le lancement du processus de Yaoundé [2013], on sent chez nos partenaires africains une réelle volonté de prendre en main leur sécurité maritime, de mieux partager l’information, de se coordonner et d’intervenir rapidement si nécessaire. C’est un changement de paradigme !

Pourquoi n’a-t-on pas mis en place une opération du type Atalanta ?

On n’est pas du tout dans la même situation à tous les plans, politique comme opérationnel. En Somalie, il y avait un État failli au lancement de l’opération. Ici, il y a 19 États souverains et une volonté politique de faire cesser cette insécurité maritime. Dans la Corne de l’Afrique, il y a un courant de navires (marchands) qui vont d’Ouest vers l’Est, et vice-versa. Ici, il y a de multiples ports d’arrivées, de départ, des plateformes pétrolières, etc. Enfin, dans le Golfe de Guinée, la plupart des incidents ont lieu dans les eaux territoriales. Le brigandage prend de plus en plus le pas sur la piraterie proprement dite (4). Les moyens d’action ne peuvent être les mêmes…

Vous en êtes sûr ?

Imposer une opération internationale serait contre-productif. Cela entraînerait les États à s’en désintéresser ou à rejeter l’opération, voire les deux en même temps. Et les Européens sont déjà là. Un patrouilleur portugais est en permanence à Sao Tomé. Nous avons l’opération Corymbe. L’Espagne déploie aussi régulièrement un navire dans la zone. Nous intégrons les équipes. À bord du BCR Somme, dernièrement, il y avait une équipe portugaise. C’est comme çà qu’on crée des réflexes de coopération européenne. Et avec les programmes GoGIN et Swaims (5), on est bien en complémentarité entre l’action des États et de l’UE.

Que faut-il faire de plus ?

Persévérer. On n’arrête pas des formes de criminalité, souvent endémiques, de cette ampleur en quelques années. Il faut un investissement tenace sur le temps long. On doit continuer de soutenir le processus de Yaoundé. Les marines africaines doivent continuer de renforcer leurs moyens de surveillance et d’intervention aéromaritimes. Les corpus juridiques doivent s’adapter, pour arriver à poursuivre les contrevenants. Tout comme on le fait en Europe. Surveiller, intervenir et dissuader par de lourdes sanctions sont indissociables pour lutter contre l’insécurité maritime.

Vous employez souvent le mot ‘européen’, l’Europe c’est indispensable ?

Cela fait partie de mon travail quotidien. J’héberge à quelques pas de mon bureau le MICA Center où travaillent des militaires français, espagnols, portugais et belges. Le fait de travailler ensemble, de faire des exercices ensemble crée des habitudes. La coopération devient naturelle. C’est important. L’Europe ne doit pas rester une idée virtuelle. On doit toujours faire du concret. Il faut que les Européens prennent confiance en eux.

(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)

Les trois casquettes de l’amiral

L’amiral Lozier a trois casquettes. Première casquette : celle, civile, de préfet maritime. Il coordonne l’action de l’État en mer dans trois secteurs : la mise en œuvre des actions de secours (en cas d’accident ou de catastrophe), la réglementation (prise d’arrêtés), le développement durable en mer. Deuxième casquette : militaire celle-là, il est le commandant en chef pour toutes les opérations maritimes de la Zone Atlantique, qui s’étend du Sud au Nord jusqu’à l’Arctique. Troisième casquette : il commande l’arrondissement maritime Atlantique (ports militaires et soutien des forces maritimes de la région). Enfin, même s’il n’a pas de responsabilité européenne en soi, l’Amiral a une étoile de plus à son actif : l’Europe.

Entretien réalisé en face-à-face dans les locaux de la préfecture maritime de Brest en novembre 2019

  1. Signé en 1999, actualisé en 2009, le Plan Biscaye est un document opérationnel qui prévoit les modalités d’intervention conjointe entre la préfecture maritime de l’Atlantique et la SASEMAR (Sociedad de Salvamento Marítimo y Seguridad Marítima), pour le sauvetage, la lutte contre la pollution ou l’assistance à un navire en difficulté dans le golfe de Gascogne.
  2. Ce pétrolier, affrété par la société Amoco et battant pavillon du Libéria, s’échoue à proximité des côtes bretonnes, en face du village de Portsall, le 16 mars 1978. Puis il se brise en deux quelques jours plus tard. Ses 227.000 tonnes de pétrole brut s’échappent, occasionnant une marée noire restée dans les mémoires. Avec l’Erika ensuite, ce naufrage entraîne une prise de conscience et une série de modifications réglementaires en France comme au niveau européen.
  3. Attaqué par une équipe de huit pirates, dans la nuit de samedi 11 mai au dimanche 12 mai, le G-Dona 1 a bénéficié de l’intervention d’une vedette rapide et d’un patrouilleur de la marine togolaise. Huit pirates ont été interpellés, remis à la gendarmerie maritime togolaise.
  4. Les actes de brigandages ont lieu dans les eaux territoriales des États au contraire de la piraterie qui, elle, sévit en haute mer. En haute mer, tout navire d’État à le droit, et même le devoir, d’intervenir.
  5. Lancé en décembre 2016 par l’Union, le programe ‘Gulf of Guinea Inter-regional Network‘ (GoGIN) vise à améliorer la sécurité et sûreté maritimes. Le programme de ‘renforcement des systèmes de justice pénale en Afrique de l’Ouest et du Centre’ (Swaims) soutient l’élaboration d’un cadre législatif et d’une coopération juridique pour la poursuite et le jugement des crimes maritimes. Porté par l’UNODC, il est financé quasi-totalement par l’UE (5,9 millions sur un budget total de six millions €).

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Mali. Barkhane mène des opérations dans le centre autour de Mopti

Thu, 20/02/2020 - 23:58

(B2) Les militaires de l’opération Barkhane viennent de mener plusieurs actions dans le centre du Mali autour de la ville de Mopti. 50 ‘terroristes’ ont été neutralisés. Cela fragilise le dispositif selon l’armée française

Deux opérations distinctes, autour de Mopti

Ces opérations ont été menées en deux phases. La première s’est déroulée entre le 9 et le 10 février, au nord-ouest de Mopti. Des frappes aériennes de drone et de Mirage 2000, couplées à l’engagement d’hélicoptères de combat ont d’abord « permis de neutraliser une vingtaine de combattants armés. Parmi eux se trouvait un cadre de l’État islamique dans le Grand Sahara » (EIGS) indique l’état-major des armées.

La deuxième action a été menée entre le 16 et le 17 février, au sud de Mopti, dans une région où la Katiba Macina est comme un poisson dans l’eau. Cette fois, « les frappes aériennes et tirs d’hélicoptères de combat ont été accompagnés d’un assaut héliporté. Une trentaine de combattants djihadistes ont été mis hors de combat. »

Une cinquantaine de terroristes tués

En tout, ainsi ces actions — bien préparées en amont par du renseignement, permettant d’identifier avec certitude les groupes terroristes — ont permis de « neutraliser une cinquantaine de membres [de groupes terroristes], de détruire une trentaine de motos et deux pickups, et enfin de saisir de l’armement, des téléphones et du matériel électronique ». Ces deux opérations « au bilan matériel et humain très lourd, fragilisent le potentiel offensif des groupes armés terroristes dans cette région » précise-t-on à l’EMA.

(NGV)

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Les fonds européens de défense changent l’ambiance chez les industriels. On se parle !

Thu, 20/02/2020 - 20:52

(B2) Le Fonds européen de défense n’est pas encore né que certains effets commencent déjà à se faire sentir. L’ambiance change. Lors d’entretiens informels, avec certains industriels, nous avons pu nous en rendre compte

(crédit : Conference on European Space)

Le budget du Fonds européen de défense est un des points clés de la discussion aujourd’hui et demain entre les chefs d’État et de gouvernement sur le futur cadre budgétaire (MFF) pour 2021-2027. (Lire : Le Fonds européen de défense rapiécé. Est-ce grave docteur ?)

On se parle enfin !

Du fait du futur Fonds européen de défense (FEDEF), qui doit entrer en œuvre dans un an — et de son précurseur le Programme industriel de développement de la défense européenne (EDIDP) déjà en place — les industriels ont appris une chose : ils doivent coopérer. Ce n’est pas une question de volonté uniquement. C’est une obligation. Il n’y a pas d’autre moyen s’ils veulent bénéficier des subventions européennes. Et, pour cela, ils doivent dialoguer. Ce qui n’était pas vraiment tout à fait dans le karma des industriels de la défense auparavant. On se parlait, mais la méfiance était souvent là. Grâce au dialogue créé, les industriels reconnaissent l’expertise de leurs concurrents et partenaires. Ils apprennent à se faire confiance.

Le naturel change de camp

Les coopérations nationales, qui étaient encore jusqu’à peu la logique naturelle, perdent la cote. Il est impératif en effet de trouver des partenaires hors de ses frontières. Le Fonds européen défense pose en effet comme condition de réunir des entreprises de différents pays (trois au moins). Mais tout n’est pas gagné pour autant. Les plus petites entreprises doivent jouer des coudes pour s’imposer. La tentation est grande, en effet, chez les plus grosses entreprises de faire jouer leurs filiales, directes ou indirectes, déjà établies dans un autre pays pour remplir les conditions.

Des champions européens

Le risque est ainsi grand de voir les grandes entreprises continuer à gagner du terrain en formant des partenariats entre elles, au détriment des petites et moyennes entreprises (PME). Elles formeraient des champions européens, qui prendrait ‘en otage’ le marché de la défense européenne subventionné par le Fonds… sans laisser de place aux petits. Une crainte chez de nombreux industriels, mais aussi du côté des institutions européennes.

Faire que le FEDEF devienne l’affaire de tous

À la Commission européenne, on ne veut pas utiliser le terme de « champion européen », souvent très utilisé en France, pour se démarquer à l’international. L’implication des PME dans le Fonds est une « question très importante », jauge-t-on au Berlaymont (siège de la Commission). « Il faut faire en sorte que la défense européenne devienne l’affaire de tous ». Les projets candidats « devront intégrer des PME ».

Un défi : le volet acquisition

Une chose manque absolument dans le futur FEDEF : la promesse d’achat et de contrat d’État. Car si l’industrie s’engage dans le développement d’un projet sans contrat final — habituellement passé avec l’État —, ses coûts seront certes compensés par les subventions et il n’y aura pas de perte financière substantielle immédiate. Mais l’effort consacré l’empêchera de se concentrer sur une autre technologie, elle aura donc perdu des ressources et en rentabilité sur le long terme.

Le débouché des marchés de la Commission européenne 

Au cas où les États ne sauraient garantir des contrats aux industriels développant leurs programmes dans le cadre du Fonds, la Commission européenne devrait s’en charger. Elle pourrait ainsi fournir les besoins de ses différentes agences (maritimes, de pêche, de protection des frontières…). Encore faut-il qu’elle joue le jeu. À voir les marchés et tests passés par l’agence Frontex, par exemple pour un drone israélien ou le Reaper américain, on peut en douter… (1)

Vers une communautarisation de la défense européenne 

Par la création du Fonds, au travers duquel la Commission européenne finance les projets d’armement, on assiste à un transfert de l’expertise industrielle des capitales vers le Rond point Schuman. C’est lent, invisible. Mais cela ouvre certainement une porte à la communautarisation d’une relation jusqu’ici exclusivement intergouvernementale. (2)

(Aurélie Pugnet)

  1. Lire : Frontex : quels drones aériens pour surveiller les frontières maritimes ? et Les curieux achats de drones de Frontex
  2. Lire : La défense, une compétence intergouvernementale qui se communautarise ? (v2)

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