(B2 – exclusif) La plupart des missions de l’UE de formation ont cessé toute activité, selon nos informations, du fait de l’épidémie de coronavirus. La situation est suivie de façon quotidienne à Bruxelles pour éviter tout arrêt d’activité
Malgré toutes les mesures prises (cf. encadré), les missions et opérations militaires de la PSDC sont impactées par la crise du coronavirus.
Un impact limité en termes sanitaires
Trois cas sont aujourd’hui recensés : deux en Bosnie-Herzégovine (opération EUFOR Althea) et un autre au niveau maritime dans le navire-amiral commandant la flotte EUNAVFOR Atalanta dans l’Océan indien. Des « cas isolés », nous assure-t-on, qui ont été identifiés rapidement. Les malades ont été évacués et rapatriés dans leur pays d’origine. Et les membres du personnel en contact avec ces collègues ont été « isolés par précaution ». L’impact sanitaire est (pour l’instant) limité : environ 1 pour 1000, sur un effectif total d’environ 3000 militaires. Au niveau opérationnel, il en est différemment.
Deux missions pleinement opérationnelles
En fait, au niveau opérationnel, seules deux opérations demeurent pleinement actives : l’opération navale anti-piraterie dans l’Océan indien (EUNAVFOR Atalanta) et l’opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine( EUFOR Althea). « Elles maintiennent un fort niveau de capacité opérationnelle, et nous pouvons dire qu’elles sont 100% actives », a répondu à B2 le Haut représentant de l’Union, Josep Borrell, à l’issue de la réunion des ministres de la Défense, lundi (6 avril). L’opération EUNAVFOR Med Irini en Méditerranée n’a pas réellement commencé.
Formations à l’arrêt
Au niveau des missions de formation de type EUTM, le résultat est bien différent. Le nombre de formations a été « réduit en raison des contraintes imposées par les pays hôtes » nous a précisé Josep Borrell. En République centrafricaine, notamment, les soldats européens ont été confinés jusqu’à nouvel ordre. Le ministre centrafricain de la Défense a demandé formellement l’arrêt des formations voire le rapatriement des militaires (1). De toute façon, les mesures de distanciation sociale empêchent toute formation, nous confie un militaire.
Le conseil étendu au sujet de la pandémie
Les missions maintiennent cependant « autant que possible d’autres activités, telles que des activités de conseil », a précisé à B2 Josep Borrell. Elles « s’élargissent même, afin de montrer comment faire face à la pandémie, en utilisant l’expérience que nous avons acquise là-dessus ».
Des missions civiles en mode réduit
Quant aux missions civiles de la PSDC, elles ont également été contraintes de réduire leur niveau d’activités. Ainsi au Niger, la plupart des activités de la mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Niger) ont aussi été arrêtées. 49 experts internationaux ont été rapatriés en Europe, seuls restent sur le terrain 30 experts internationaux et 60 employés nationaux.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des mesures pour contenir la propagation du virus
Les missions et opérations ont pris des « mesures rapides pour atténuer les risques et lutter contre la pandémie de coronavirus. elles restent extrêmement vigilantes », indique-t-on du côté du service diplomatique européen (SEAE). Des protocoles ont été mis en place pour identifier, isoler et tester des malades suspects ainsi que pour le contrôle des entrées et des sorties. Un plan de lutte contre les épidémies a été instauré. Les visites et réunions non essentielles, ainsi que les activités de loisirs à l’extérieur des camps, ont été annulées. Des contrôles quotidiens du personnel sont effectués et des règlements et installations de quarantaine sont en place.
Cet article Les missions militaires de la PSDC continuent, mais à bas régime (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Les deux navires déployés dans le golfe arabo-persique, dans le cadre de l’opération EMASOH (alias Agenor et Task Force 474) ont mené le 1er avril un entrainement conjoint de lutte anti-surface, associant pour la première fois un avion de patrouille maritime Atlantique 2, annonce l’état-major des armées. Les frégates française Forbin et néerlandaise De Ruyter ont tenté de se neutraliser mutuellement, tout en évitant la menace représentée par l’avion. (RM)
(crédit : DICOD / EMA)Cet article Forbin et De Ruyter s’entraînent dans le golfe arabo-persique est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2 à Paris) Avec de premiers rapatriés du Sahel et 600 soldats malades en France, les armées commencent à encaisser les effets du coronavirus. Du côté du ministère, on l’assure pourtant : les opérations se poursuivent sans conséquences majeures. Dans les régiments, la prise en compte de l’épidémie semble plus aléatoire
Des militaires nigériens (à gauche) et français (à droite) pendant l’opération ‘Monclar’, qui s’est déroulée du 3 au 23 mars dans le nord du Niger. (crédit : DICOD / ECPAD)Sahel et coronavirus
Premiers rapatriements
Malgré sa discrétion sur le sujet, l’état-major français des armées (EMA) avait dû annoncer jeudi (2 avril) dernier de premiers cas détectés sur l’opération Barkhane. Suite à un dépistage effectué par le service de santé des armées et un laboratoire civil local, quatre officiers ont été diagnostiqués positifs, dont un est traité sur place et trois ont été rapatriés en France. Un cinquième, qui présentait des symptômes mais n’a pas été testé, est également rentré.
Quarantaine et opérations
L’état-major explique que « tous les cas ‘contact’ ont été identifiés et placés en quatorzaine en zone dédiée. Ils font l’objet d’une surveillance médicale renforcée », sans pouvoir préciser le nombre de personnes concernées. La même source assure que « ces cas de contamination, de même que les dispositions prises pour préserver le personnel de la force n’ont pas d’impact sur les opérations, qui se poursuivent à un rythme soutenu ».
Opérations conjointes
De même, les opérations menées avec les pays partenaires sur place se poursuivent. L’EMA explique que la nature de la coordination permet de respecter les règles de distanciation. Au quotidien, les soldats français et alliés ne sont pas dans les mêmes véhicules et ont une certaine distance physique entre eux.
Adaptation des relèves
Depuis l’apparition des premiers cas, le service de santé des armées français s’est coordonné avec les pays hôtes de l’opération Barkhane pour définir un protocole strict lors de l’arrivée de nouveaux militaires. Des périodes d’isolement d’une durée supérieure à 14 jours ont été mises en place, soit sur le théâtre lorsque c’est possible, soit en France sur trois sites différents qui sont gardés secrets. A noter que sur Barkhane, le gros des relèves est attendu courant de l’été. Des relèves d’aéronefs ont été retardées pour ces mêmes raisons.
En France, peu de confinements chez les militaires
600 cas en France
En France, le ministère des Armées refuse de donner des détails sur les militaires contaminés, préférant éviter de rentrer dans une communication chiffrée trop pointilleuse et chronophage. Interrogée par le groupe de presse régional Ebra samedi (4 avril), Florence Parly est donc restée évasive : « Nous avons environ 600 militaires atteints. Cela correspond à un ordre de grandeur, car il est évolutif. » En interne, des chiffres et des suivis remontent de manière quotidienne ou presque.
Un confinement plus ou moins respecté
La semaine dernière, un aviateur confiait à B2 les hésitations de son commandement direct, qui peinait à trouver comment appliquer les consignes du ministère. « Sur les différents groupes de discussions que nous avons mis en place, ils sentent l’inquiétude monter », confie le militaire. Dans son unité, les équipages alternent des vols où ils sont collés les uns aux autres, avec des retours dans leurs foyers, en espérant ne pas avoir été contaminés par les collègues. De nombreux témoignages de ce type ont été diffusés dans la presse ou par de jeunes militaires eux-mêmes sur les réseaux sociaux. Les séances de sport ou d’entrainement se poursuivent ainsi alors que les soldats vont et viennent en dehors des bases, sans réel contrôle. Dans les régiments, c’est la rumeur qui prévaut sur les cas de collègues malades.
Une « population qui résiste bien »
Une source au sein du ministère des Armées, qui réclame l’anonymat absolu, estime qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter sur le volume actuel de contaminations : « Globalement, nous avons une population jeune, qui a vocation à plutôt bien résister au Covid. Il faut considérer l’aspect particulier du métier de militaire : même dans un contexte particulier, nous n’allons pas nous demander d’arrêter de protéger les Français. »
(Romain Mielcarek)
Cet article Du Sahel aux régiments, l’armée française encaisse des coups face au coronavirus est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Un sous-officier affecté au détachement d’appui opérationnel (DETAO) en Centrafrique, une unité qui complète les missions d’EUTM-RCA et qui s’occupe du soutien des militaires français sur ce théâtre est décédé a-t-on appris aujourd’hui de l’état-major des armées ce lundi (6 avril)
L’adjudant-chef Jean-Bernard Russon a été retrouvé mort dimanche (5 avril) dans sa chambre, dans le camp de M’Poko, à Bangui. Les causes du décès de ce sous-officier du groupement munitions de Brienne-le-Château ne sont pas connues et une enquête de prévôté a été ouverte par la gendarmerie française.
Affecté au détachement d’appui opérationnel (DETAO) depuis novembre dernier, l’adjudant-chef Russon était chef du dépôt de munitions. Cette unité française d’environ 150 militaires, créée fin 2018, conduit des détachements d’instruction technique au profit des forces armées centrafricaines dans des domaines spécifiques (prévôté, sécurité incendie, gestion des munitions, secourisme).
Le DETAO s’occupe également du soutien aux militaires français affectés à des missions internationales en Centrafrique, qu’il s’agisse de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM-RCA) ou de la mission des Nations Unies (Minusca). Il est sous contrôle opérationnel des éléments français au Gabon (EFG).
L’adjudant-chef Russon s’était engagé en 2007 comme sous-officier, dans le matériel, puis dans le service interarmées des munitions. Il sert au cours de nombreuses opérations et déploiements à l’étranger : au Tchad (2009, 2016), en Afghanistan (2010), au Burkina Faso pour les forces spéciales de la Task Force Sabre (2011), au Liban (2012), à Djibouti (2017), au Niger sur Barkhane (2017), en Irak avec les forces spéciales (2018) et enfin en Centrafrique, où il était arrivé en novembre 2019.
(Romain Mielcarek)
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(B2) Environ 600 militaires sont atteints du Covid-19, a indiqué la ministre française des Armées, Florence Parly, aux Dernières nouvelles d’Alsace (Strasbourg, et aux quotidiens du groupe Ebra). Un chiffre très approximatif reconnait la ministre. « C’est un ordre de grandeur, car il est évolutif. » (1)
Cela n’a pas de conséquence sur l’aspect opérationnel assure la ministre. « Nous suivons cela de très près, et adaptons nos dispositifs en conséquence. Je précise que notre posture opérationnelle n’est pas impactée. » (2)
L’armée française compte une personne décédée : « un agent civil rattaché au Service d’infrastructure de la défense décédé il y a quelques jours ».
(NGV)
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(B2) C’est une première… depuis bien longtemps. On pourrait presque croire à un poisson d’avril. Et non… Un gros porteur des forces armées russes s’est bien posé le 1er avril sur l’aéroport de New-York
L’Antonov 124 sur le tarmarc de l’aéroport de New-York (crédit : Mission Russie aux USA)Un envoi qui fait suite à un entretien Poutine – Trump
A son bord, divers équipements et matériels médicaux, notamment des respirateurs et équipements de protection individuelle, fournis par le gouvernement russe à la FEMA, l’administration fédérale américaine de gestion des urgences. L’information a d’abord été officialisée par Moscou suivie par les Américains. Elle fait suite à la conversation téléphonique qu’ont eu la veille (30 mars) le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, mais aussi à la dernière réunion du G20, la semaine dernière. Les pays du G20 ont convenu « de travailler ensemble pour vaincre le coronavirus »
Peace and love
Les deux pays « se sont mutuellement fourni une aide humanitaire en temps de crise dans le passé et le feront sans aucun doute à nouveau à l’avenir. C’est une période où nous devons travailler ensemble pour surmonter un ennemi commun qui menace la vie de chacun d’entre nous… » chantonne le communiqué américain. Précision que cette aide n’est pas tout à fait gratuite : les Américains ont « convenu d’acheter les fournitures médicales nécessaires ».
Commentaire : amorce d’une autre politique ou le coup d’un soir
Est-ce au-delà de l’urgence, un geste de détente, amorce d’une autre politique, ou juste le ‘coup d’un soir’ ? Difficile à prévoir. Ce qui est sûr, c’est que cela démontre le ‘pragmatisme’ de Donald Trump, prêt à tourner casaque du jour au lendemain, si la nécessité se fait sentir.
Voir cependant la première puissance du monde aller ‘quémander’ de l’aide à une Russie, est plutôt irréaliste. C’est un signe notable que la situation est très grave outre-Atlantique avec l’épidémie du coronavirus qui galope : les USA devant rapidement dépasser l’Europe en terme de mortalité au rythme actuel. La Maison Blanche vient de publier des prévisions alarmistes (évoquant au moins 100.000 morts).
L’autre élément à analyser, c’est que du point de vue de Washington, l’ennemi étant la Chine, la Russie peut être un partenaire, selon les opportunités, notamment en cas de coup dur. Une stratégie à 360° en quelque sorte. Cela va peut-être obliger certains alliés, qui ont fait du sentiment anti-russe, l’alpha et l’oméga de leur politique, à réexaminer certains pans de leur politique
(NGV)
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(B2) Mobilisée très tôt, l’Aeronautica militare (Armée de l’air italienne) n’a pas chômé ces dernières semaines. Elle est présente sur de nombreux fronts dans la gestion de la crise du coronavirus en Italie : rapatriements, transport de malades et de matériel médical, soutien logistique
NB : Éléments à jour le 31 mars 2020 à midi
Phase 1 : les rapatriements en Europe
L’armée de l’air italienne est tout d’abord mobilisée pour rapatrier des citoyens italiens et européens. Quatre opérations sont mises en place. Elles s’effectuent toutes avec des avions Boeing KC-767A, de la 14e Stormo (escadron) de Pratica di Mare (Pomezia, près de Rome). Ils sont équipés de systèmes d’isolateurs (de type ATI, STI et N36) permettant le confinement biologique.
Le 3 février, les avions ramènent 56 citoyens italiens de Wuhan, en Chine, avec à bord une équipé médicale composée de quatre militaires et deux civils. Le 9 février, depuis l’aéroport militaire de Brize Norton, en Angleterre, ils récupèrent des citoyens européens rapatriés par les britanniques depuis Wuhan. Le 15 février, l’avion qui ramène un jeune italien atteint du Covid19 depuis Wuhan se pose sur le tarmac de l’aéroport.
Enfin, le 21 et 22 février, deux avions ramènent 19 citoyens européens depuis navire de croisière Diamond Princess amarré à Yokohama au Japon. Dans cette dernière opération, elle est aidée par la Marine italienne qui lui détache deux médecins et une infirmière, en plus de l’équipe de santé de confinement biologique de l’armée de l’air.
Une fois atterris à Practica di Mare, les passagers passent par une zone d’accueil et de contrôle sanitaire mise en place par des spécialistes du Commandement de l’aéroport, de la 3e Stormo de Villafranca et du Service de santé de l’armée de l’air.
Zone de contrôle sanitaire à Pratica di Mare, le 3 février 2020 (crédit : Ministère italien de la Défense)Phase 2 : le transport de matériel et d’équipement médical
Autre tâche devenue très importante : le transport de matériel médical destiné à la protection civile. Celui-ci est distribué aux hôpitaux les plus en difficulté, en particulier dans le nord du pays. Le 19 mars, ainsi deux avions, un Boeing KC-767 de la 14e Stormo et un C-130J de la 46e brigade aérienne de Pise, font l’aller et retour vers Cologne, en Allemagne. À bord, sept tonnes de matériel d’assistance respiratoire et d’autres appareils de soutien et de matériel médical. Le 22 mars, le C-130J s’envole pour Düsseldorf, en Allemagne, pour embarquer un chargement de respirateurs et le transporter à l’aéroport de Bergamo Orio al Serio. Le même jour, un KC-767A de la 14e Stormo, atterrit à l’aéroport de Malpensa (Milan) depuis Istanbul, transportant environ 10.000 livres de matériel médical arrivé de Chine. Le 30 mars, un C-130J vole depuis l’aéroport de Fiumicino (Rome) à Malpensa avec environ cinq tonnes de matériel médical à bord pour les installations hospitalières.
Un C-130J de l’Armée de l’air effectue un transport de matériel médical, notamment des masques, le 30 mars 2020 (crédit : Ministère italien de la Défense)Phase 3 : le soutien logistique pour des hôpitaux de campagne
Alors que les hôpitaux de campagne se multiplie, l’armée de l’air est appelée à la rescousse pour fournir, en particulier, un soutien logistique. Le 17 mars, un DC8 américain atterrit à l’aéroport de Villafrance-Vérone. À son bord, un hôpital de campagne de 60 lits et huit unités de soins intensifs, mis à disposition par le Samaritan’s Purse, une organisation humanitaire chrétienne évangélique des États-Unis. Présent également, du personnel de santé et de logistique, ainsi que du matériel médical.
Un deuxième vol, le 21 mars, permet d’intégrer l’équipe de spécialistes qui soutiennent ainsi le fonctionnement de la structure. L’armée de l’air, notamment une équipe spécialisée de la 3e Stormo assure le soutien logistique et contribue à la mise en place de l’hôpital à Crémone. Elle met également à disposition de l’ONG des équipements hydrauliques et électriques, tels que des robinets, un éclairage de terrain, des douches et des chaudières. L’hôpital est opérationnel dès le 20 mars, pour une durée de trois mois.
Un soutien logistique similaire est fourni aux 14 avions russes atterris ces derniers jours à Pratica di Mare. Ils amènent des médecins et des experts en maladies infectieuses, ainsi que des unités mobiles pour désinfecter les véhicules et les espaces publics. Le 27 mars, la 16e Stormo Protezione delle Forze di Martina Franca met en place en quelques heures deux tentes de campagne devant l’hôpital ‘Valle d’Itria’ (Martina Franca).
L’avion de Samaritan’s Purse, qui apporte un hôpital de campagne, sur le tarmac de l’aéroport de Villafrance-Vérone, le 17 mars 2020 (crédit : Armée de l’air italienne)Phase 4 : le transport de patients d’un hôpital à un autre
Afin d’alléger la pression sur les hôpitaux du nord de l’Italie, l’armée de l’air prend aussi part au transport de patients. Des hélicoptères HH-101, capables de transporter des patients en confinement biologique grâce à des brancards isolés spéciaux ATI (Aircraft Transit Isolator), ainsi que de fournir une assistance aux patients via un appareil respiratoire pendant le vol, sont mis à disposition. Des équipages de la 15e Stormo et des équipes de médecins et infirmières sont prêts à décoller 24h/24 depuis le hub temporaire installé sur la base aérienne de Cervia. L’avion C-130J de la 46e brigade aérienne effectue huit transports depuis l’aéroport de Bergame-Orio al Serio : cinq en direction d’autres hôpitaux italiens, un vers Dresde (Allemagne) et deux vers Leipzig (Allemagne). Des hélicoptères du HH-101 de la 15e Stormo, soutenus aussi par des équipages du 9ème Stormo de Grazzanise, effectuent cinq autres transports (1).
Préparation au transport en confinement biologique d’un malade du covid19, le 7 mars 2020 (crédit : Armée de l’air italienne)(C.G., st.)
Coordination des opérations
Le Centre d’opérations aériennes, au commandement des opérations aériennes de Poggio Renatico (Ferrare), est chargé de recevoir et d’évaluer les demandes des hôpitaux, des préfectures ou de la défense civile. Il les traduit en ordres de mission pour les services de vol désignés. De son côté, le commandement opérationnel du sommet interarmées (COI), sous la responsabilité du chef de l’état-major, a mis en place une salle d’urgence chargée de coordonner tous les transferts de compatriotes de l’étranger, ainsi que de gérer et partager les informations pertinentes avec d’autres départements.
Lire aussi :
Cet article L’armée de l’air italienne mobilisée pour approvisionner les hôpitaux face au coronavirus est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Avec notre article, Le Berlaymont transformé en hôpital de campagne Rôle 3, B2 n’a pas failli à la tradition du 1er avril. Nous avons hésité. Mais nous avons maintenu cet aperçu. Malgré tout, il faut garder l’humour et le porter haut et fier. Cela peut paraitre un humour noir, ou déplacé. Mais il est de tradition, dans les structures de gestion de crises, de secours d’urgence (que j’ai pratiquées en un temps plus ancien), comme dans celles de sécurité ou de défense, de toujours garder, même dans les pires circonstances, un peu d’humour et d’auto-ironie. C’est l’instinct de survie qui parle.
Certains ont critiqué ce ‘poisson’. J’aurai préféré qu’ils adressent leurs critiques à ceux qui sonnent le tocsin, mais à ceux qui n’y répondent pas ou du moins pas assez. Nous aurions, tous, été enthousiastes, si la présidente de la Commission européenne, ou d’autres responsables européens, avaient sonné l’heure de la mobilisation générale (comme cet article pouvait le laisser penser). Ils en avaient les moyens. Malheureusement cela n’a pas été le cas. L’histoire jugera…
Quant à la tente mise en exergue durant cette journée, les experts l’auront reconnu : c’est une tente de l’hôpital de campagne italien mis à disposition dans l’opération EUFOR Tchad RCA de 2008. Une tente qui a abrité des malades et blessés de toute nationalité (y compris des Tchadiens blessés dans des combats avec les rebelles) car le sens du devoir, ces médecins et infirmiers déployés au fin fond du Tchad l’avaient au fond des tripes. Comme aujourd’hui ceux qui se battent dans les hôpitaux, dans les ambulances, dans les services de santé, sans le minimum de moyens qu’ils devraient avoir… C’est cela l’énorme scandale et pas notre poisson d’avril. Cette tente et ce poisson étaient, pour nous, un hommage vibrant et massif à tous ceux qui sont actuellement sur le front de la maladie et sont partis, sans armes, sur le front pour se faire massacrer.
À part çà… je vais me coucher. Car le Covid-19 étant ce qu’il est, je devrais déjà être couché à cette heure, voire toute la journée… (ordre de mon médecin). Ceux qui vont vivre vous saluent bien bas !
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi sur ce thème :
Nos autres poissons du 1er avril au fil du temps :
Cet article Eh oui le 1er avril, c’est un poisson est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2 – exclusif) La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Cela devrait être annoncée officiellement ce mercredi (1er avril) à l’issue de la réunion habituelle de l’exécutif européen, selon un document interne lu par B2 dans la nuit.
© Le centre nerveux de la Commission européenne (© Ngv. / B2)Une aile complète du Berlaymont, siège de l’exécutif européen, devrait être vidée de ses dossiers, et transformé en hôpital de campagne, de rôle 3. Un service médical de haut niveau équipé de possibilité de salles de réanimation, d’un laboratoire biologique et de lites de suite. Des travaux d’isolement ont déjà commencé discrètement et pourraient être achevés ce mercredi. Les premiers équipements médicaux et lits devraient arriver très rapidement par la suite, dès demain, livrés par les militaires belges.
Une tente de premier tri pourrait être installée au centre du rond point Schuman, qui a l’avantage de pouvoir assurer une rapide rotation des véhicules. Le personnel viendra en partie de l’intérieur : le centre médical de la Commission (situé au Breydel) devrait rejoindre cette unité.
Une autre aile va être réservée aux citoyens européens qui seront rapatriés via les différents avions européens. Des bus de la STIB, les transports urbains de Bruxelles, pourraient être réquisitionnés. Les ministres des Affaires étrangères devraient, en effet, vendredi (3 avril) décidé d’un plan de rapatriement supplémentaire.
Autre décision attendue : tous les fonctionnaires qui ne sont pas affectés aux tâches essentielles vont être réquisitionnés pour servir de personnel de renfort dans les hôpitaux. Et les véhicules officiels qui sont peu utilisés, tels les minibus, mis à disposition des personnels de santé.
(NGV)
Cet article Le Berlaymont transformé en hôpital de campagne Rôle 3 est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Avec en toile de fond l’épidémie de coronavirus, l’activité des missions s’est un peu réduite. Mais les exercices d’entraînement en mer, les formations de médecins militaires, de policiers, en face à face ou à distance continuent. Tout comme la signature de partenariat et les bilans de l’année. Et pour finir, un clin d’œil aux jeunes mariés de la mission EULEX Kosovo
Missions civiles au ralenti pour cause de Covid-19
Les onze missions civiles de la PSDC « ont temporairement adapté ou réduit leurs activités opérationnelles là où cela était nécessaire » prévient le 24 mars le commandant des missions civiles PSDC. Les activités opérationnelles reprendront « une fois qu’elles seront jugées sûres ». En attendant, les fonctions indispensables continuent – comme la protection des témoins de la mission de l’État de droit de l’UE au Kosovo ou l’observation des ‘frontières’ par la mission en Géorgie -, « mais sous la pleine mise en œuvre des mesures de précaution sanitaire ».
Carte des Missions PSDC 2020 (crédit : SEAE)Sarajevo. (Bosnie-Herzégovine). Rapatriement à Vienne
Un hélicoptère S-70 ‘Black Hawk’ de l’armée autrichienne, équipé d’un conteneur ‘MedEvac’, a rapatrié un soldat autrichien de l’opération européenne de stabilisation en Bosnie-Herégovine souffrant de coronavirus vers Vienne samedi (28 mars). Après un décollage à Langenlebarn samedi matin et une escale à Graz, l’hélicoptère avait atterri à Sarajevo, où le patient était traité. Après un vol de retour de trois heures, il a été remis aux médecins de l’hôpital militaire Van Swieten de Vienne dans l’après-midi.
Les militaires équipés de combinaison et maques pour éviter toute contamination (crédit : EUFOR Althea)Odessa (Ukraine). Visioconférence pour cause de COVID-19
La plupart du personnel d’EUAM Ukraine et leurs homologues télétravaillent désormais. Crise du Covid-19 oblige, c’est donc un webinaire qui a été organisé par le ‘field office‘ d’Odessa vendredi (27 mars). Thème : l’intervention de la police dans les situations d’urgence. La conférence virtuelle a été suivie par une centaine de professeurs et cadets de l’Académie des affaires intérieures.
Ukraine et Moldavie. Bilan et perspectives
EUBAM Moldova Ukraine a présenté son rapport annuel 2019, le 27 mars. « Ensemble, nous fait avancer les travaux sur les mesures de confiance, la gestion intégrée des frontières et la criminalité transfrontalière, et nous persévérerons certainement dans nos efforts conjoints jusqu’à ce que nous réussissions dans toutes les activités prévues jusqu’en novembre 2020 », commente le chef de mission Slawomir Pichor.
Hurdiyo (Somalie). Exercices en mer
Deux exercices d’entrainement ont eu lieu dimanche (22 mars) dans la zone d’opérations contre la piraterie maritime. Les équipes d’abordage (‘Marines Boarding Team‘) embarquées sur l’hélicoptère italien SH-90A et sur des bateaux pneumatiques (RHIB) de la frégate italienne Bergamini ont mené un exercice de tir réel, contre une cible remorquée par la frégate espagnole Numancia d’EUNAVFOR Atalanta. L’équipe EOD (Explosive Ordnance Disposal) de la frégate Bergamini a, elle, effectué un exercice lié à des engins explosifs artisanaux qui s’est terminé sur la récupération par treuil d’un homme blessé, par l’hélicoptère (cf. photo).
Mogadiscio (Somalie). Cycle de formation médicale
Pendant trois mois, des médecins de l’armée nationale somalienne suivront des cycles de formation avec les spécialistes de l’hôpital de la force des Nations unies (AMISOM), sous la supervision du personnel de la mission de formation de l’UE en Somalie (EUTM Somalia). Ce programme médical de mentorat a débuté le 2 mars par une journée d’orientation à l’hôpital de l’AMISOM de Mogadiscio.
Rota (Espagne). Coopération renforcée avec le PAM
Début mars (le 5), un mémorandum d’accord a été signé pour renforcer la collaboration entre le programme alimentaire mondial (PAM) et EUNAVFOR Atalanta. La sécurité maritime s’avère essentielle pour permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les ports et de sauver des vies.
Naplouse (Palestine). Réagir aux évènements de masse
19 policiers palestiniens se sont formés à la façon de gérer les opérations complexes (émeutes, manifestations et manifestations sportives) en assurant la sécurité des personnes et la protection des droits de l’homme. La formation de cinq jours a été dispensée au centre de formation des forces de police spéciales (SPF), à Naplouse, notamment par des conseillers de police d’EUPOL COPPS du Portugal, de Suède et des Pays-Bas.
Pristina (Kosovo). Noces malgré l’épidémie
En masques et gants blancs, deux membres de la mission ‘État de droit’ au Kosovo se sont mariés le 28 mars à l’ambassade d’Italie à Pristina. « Félicitations et bénédictions Valentina et Hubert ! Nous célèbrerons une fois que cela sera terminé » salue le chef de EULEX Kosovo, Lars-Gunnar Wigemark sur son compte twitter.
(Emmanuelle Stroesser avec NGV)
En savoir plus
Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (mars 2020) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) La Commission européenne a-t-elle su répondre aux demandes italiennes, espagnoles et des autres pays en détresse ? Pas évident. Le point
Suite à l’éditorial de jeudi (lire : Crise du coronavirus. La Commission von der Leyen manque d’audace. Faiblesse congénitale ?), j’ai reçu beaucoup de réactions et de demandes d’information supplémentaire, notamment sur l’aide concrète de l’Union européenne. Je ne parle pas ici des mesures réglementaires pour faciliter le marché intérieur ou le financement des laboratoires pour trouver un vaccin, je parle bien, ici, de l’aide d’urgence, concrète, en cas de catastrophes, pour laquelle l’Union européenne dispose à la fois des bases juridiques nécessaires (articles 122, 196 et 222 du Traité sur le fonctionnement de l’UE pour les spécialistes) et des budgets (lire aussi : Face au Coronavirus, agir et être solidaire n’est pas une faculté, c’est une obligation. Dixit le traité).
Un mois après, qu’est-il parti ?
Presque un mois après le premier déclenchement du dispositif de gestion de crises (IPCR et mécanisme de protection civile), l’aide (concrète) de la Commission européenne, c’est-à-dire, hommes, matériels, etc. se résume à trois choses essentiellement : les masques, les rapatriements et l’achat groupé équipements supplémentaires via le lancement d’appels d’offres.
Presque quatre millions de masques
L’Allemagne, la France et l’Autriche ont convoyé vers l’Italie près de quatre millions en tout, au 26 mars : 1 million de masques cette semaine pour la France (il y a une semaine), l’Allemagne (en fin de semaine dernière) et 1,5 million pour l’Autriche. Au surplus, la France a envoyé 200.000 combinaisons de protection. Pour une population de plus de 60 millions d’habitants, alors que les masques doivent se renouveler plus d’une fois par jour, ce n’est pas énorme.
Moins de 3.000 personnes rapatriées
En matière de rapatriement, au 26 mars, selon les chiffres officiels, 2.714 personnes ont été rapatriées, via le mécanisme de protection civile, dont 2.302 citoyens européens. La plupart des rapatriements concernent les citoyens coincés en Chine. Chiffre plutôt faible, là encore au regard de la crise. Pour donner un ordre de grandeur, le service diplomatique européen estimait à environ 300.000 le nombre de citoyens européens coincés hors de chez eux. Pour la France, on estime à 130.000 le nombre de compatriotes à l’étranger. 110.000 ont déjà été rapatriés ou sont rentrés (1).
Des équipements supplémentaires à venir
Enfin, l’Union européenne a déclenché plusieurs appels d’offres conjoints le 28 février, le 17 mars et le 19 mars (ou 18 mars selon les versions que donne la Commission) pour divers équipements de protection personnelle — allant des lunettes et masques respiratoires, aux équipements de laboratoire, etc. Les contrats sont en cours de signature pour certains, pour d’autres ce sera plus tard. Pour l’arrivée du matériel, il faudra attendre encore un peu.
Commentaire : … et c’est tout ?
Tout cela est faible, très faible, au regard de l’ampleur de la crise et du temps passé depuis que l’alerte a été donnée début mars.
Pourtant l’Europe était prête…
On est loin de la réponse promise (fin janvier) par Stella Kyriakides, la commissaire européenne en charge de la santé : « Nous sommes prêts à soutenir les États membres et à assurer une réponse forte et coordonnée de l’UE, à l’extérieur et à l’intérieur de l’Union européenne » (2).
… et la propagation de l’épidémie faible au niveau mondial
Il est vrai que si on en croit les commissaires Valdis Dombrovskis et Paolo Gentiloni (Économie), qui signaient le 13 février leurs prévisions économiques d’hiver, leur hypothèse retenue dans le scénario de référence était un pic de l’épidémie « atteint au premier trimestre » avec une « propagation à l’échelle mondiale […] relativement limitée. »
C’est ce qui s’appelle un beau plantage et explique peut-être l’affolement qui règne dans la maison ‘Commission européenne’ pour désigner du doigt les États comme seuls responsables de cette impéritie.
(Nicolas Gros-Verheyde)
À suivre : le règlement sur l’aide d’urgence européenne.
Cet article Face au drame du coronavirus, que fait l’Europe concrètement en gestion de crises est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) C’est officiel. Un trentième drapeau a été hissé devant le quartier général de l’OTAN, à Bruxelles, ce lundi (30 mars) : celui de la Macédoine du Nord
Cérémonie de levée du drapeau de la Macédoine du nord, lundi (30 mars) (crédit : OTAN/capture AP)Un cérémonie aux quartiers généraux de l’Alliance
Près de vingt ans après l’intervention de l’OTAN dans ce qui n’était alors que l’ancienne république yougoslave de Macédoine, le pays fait aujourd’hui partie de l’Alliance atlantique à part entière. Les actes de son traité d’adhésion ont été déposés à Washingon, dépositaire du Traité de l’Atlantique Nord, vendredi (27 mars). Son accession a été symbolisée ce matin par la levée des couleurs de la Macédoine du Nord au quartier général de l’OTAN à Bruxelles, en présence du secrétaire général de l’OTAN et du chargé d’affaires de la délégation de la Macédoine du Nord Zoran Todorov. Le drapeau a été hissé au même moment au SHAPE à Mons, et, de l’autre côté de l’Atlantique, au Allied Command Transformation à Norfolk (USA). Le tout accompagné de l’hymne national nord-macédonien.
Les meilleurs amis du monde
Jens Stoltenberg a accueilli Zoran Todorov, souhaitant au pays la « bienvenue à l’OTAN » et rappelé que « dans des moments comme ceux-ci, les amis et les alliés sont plus importants que jamais, et maintenant, la Macédoine du nord a les meilleurs amis et les meilleurs alliés au monde ». Et au Macédonien de répondre : « À partir de maintenant, nous ne sommes plus seuls. Dès maintenant et pour toujours, une fois pour toute, nous sommes l’OTAN ». Et de préciser que l’adhésion à l’OTAN « c’est un grand accomplissement, car c’est la garantie de la protection et la sauvegarde de nos valeurs démocratiques ».
Permis grâce à un accord historique
L’adhésion à l’OTAN, Jens Stoltenberg l’a souligné et rappelé, « a été rendu possible » par la signature avec la Grèce de l’accord sur le nom de la Macédoine du nord, un « compromis historique ». Il a également « félicité la décision de l’Union européenne d’entamer des négociations d’adhésion » avec la Macédoine du Nord , « un autre signe que votre pays est prêt à prendre sa place dans la famille euro-atlantique, contribuant ainsi à une plus grande sécurité et stabilité pour tous ».
(Aurélie Pugnet)
Lire aussi :
Cet article Chère Macédoine du Nord, bienvenue à l’OTAN est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Ce soir je laisse la parole à Lorenzo Consoli, mon collègue italien, il est, d’une certaine façon, beaucoup plus concerné que moi pour parler de la situation actuelle. Son message vaut d’être lu, et entendu
Lorenzo Consoli (DR)Reviens Juncker ils sont devenus fous ! (1)
Il est dix heures du soir, samedi 28 mars, le jour où, en Italie, les 10.000 décès dus au coronavirus ont été surmontés. L’Espagne, malheureusement, arrivera bientôt. La France craint d’avoir pris le même virage.
L’État dépense beaucoup dans ces pays, et en déficit, pour sauver le plus de vies possible, avec une thérapie intensive pour les patients les plus graves et avec un confinement pour arrêter la contagion.
Si la solidarité européenne était plus qu’un mot vide et hypocrite, il serait normal que les pays de l’Union européenne financièrement plus forts acceptent l’idée que la dette publique générée par la réponse à la pandémie soit émise en commun, avec des garanties communes, aux mêmes intérêts pour tous. Les euro-obligations. Comme si l’Espagne, pour l’Allemagne, était ce que la Lombardie est pour l’Italie, une partie d’une grande nation, la nation européenne.
Mais ce n’est pas le cas. La nation européenne n’existe pas. La solidarité européenne est un mot vide et hypocrite. [Les premiers ministres] Angela Merkel et Mark Rutte ne regardent pas l’Europe, ils ne regardent que les Allemands et les Néerlandais. Ils savent que s’ils acceptent les euro-obligations, le lendemain une crise gouvernementale s’ouvrira pour eux.
Dans tout cela, l’Allemande Ursula von der Leyen, qui est censée représenter l’intérêt général des citoyens européens, même si elle contraste avec les opinions et les dogmes idéologiques des Allemands, a finalement prononcé le mot tabou, Eurobonds, pour dire que « ce n’est qu’un slogan », que « ce n’est pas le plan », que l’UE « n’y travaille pas » et que « les réserves de l’Allemagne et d’autres pays sont justifiées ».
Le vieux Jacques Delors [l’ancien président de la Commission européenne] a tiré la sonnette d’alarme : nous sommes confrontés à un danger mortel pour l’Europe. Cette Europe qu’il a construite plus que toute autre après les pères fondateurs. Von der Leyen regarde ailleurs. Chaque jour, elle enregistre de magnifiques messages vidéo en trois langues écrits par son fantôme. Mais ce qui compte, ce sont les ordres qu’elle reçoit de Berlin.
C’est ainsi que se termine le rêve européen. Et ils ne s’en rendent même pas compte.
(Lorenzo Consoli)
Je précise que Lorenzo fait partie des plus anciens journalistes de Bruxelles, qui sont à la fois expérimentés, talentueux et pondérés. Correspondant pour Askanews, son sens européen, il le possède jusqu’au bout des ongles. Trouver quelqu’un de plus pro-européen que lui dans la salle de presse est difficile. Son message doit donc être entendu, et non méprisé. Trop souvent, je vois quelques commentaires, sur les réseaux sociaux, parfois désobligeants, parfois mal informés, de militants pro-européens qui n’ont d’égal dans leur refus de voir la réalité, et de toute critique, que les apôtres des régimes totalitaires. Et je sais de quoi je parle… Aujourd’hui, il faut écouter la souffrance de ceux qui ont mal à l’Europe. Ce n’est pas cette Europe que nous avons rêvée, vécue et accompagnée, jusqu’ici. On est face à un monstre froid, impavide.
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(B2) L’exercice Grand African NEMO est devenu désormais un rendez-vous annuel majeur (classique) de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. L’édition 2019 qui s’est déroulé entre fin octobre et le 5 novembre n’a pas échappé au rituel
Concertation lors du Grand African Nemo 2019 (crédit : Mica Center / Marine nationale)29 exercices sur tous les thèmes possibles
19 marines des pays riverains et 6 marines investies dans la sécurisation du Golfe de Guinée (Belgique, Brésil, Espagne, États-Unis, France et Portugal) ont mené au total 29 exercices sur tous les sujets possibles : de la pêche illicite, au sauvetage, à l’assistance en mer en passant par la lutte anti-piraterie, contre les trafics illicites, le narco-trafic et les pollutions en mer.
Des scénarios d’entrainements proches de la réalité, dans lesquels les navires des marines amies du golfe de Guinée jouent le rôle de navires en situation de pêche illicite, en détresse ou attaqués par des pirates. En réaction, les marines riveraines du golfe de Guinée doivent intervenir de manière coordonnée pour éradiquer la menace simulée.
Une vingtaine de pistages de navires ont ainsi été effectués par les centres opérationnels des marines riveraines et les centres multinationaux de coordination (CMC) dans toute la zone : l’espace couvre plus de 3.530.000 km² de zones économiques exclusives (ZEE) et 6000 km de côtes.
19 marines de la région et du monde
35 bâtiments, du patrouilleur à la frégate, en passant par le bâtiment de commandement et de ravitaillement, étaient sur l’eau. Tandis que sept aéronefs, dont deux avions de patrouille maritime, décollaient. Par ailleurs 20 observateurs et officiers de liaison ont été mobilisés. Un observateur italien était ainsi au centre multinational de coordination (CMC) d’Accra tout comme le Danemark avait également envoyé des moyens.
Ont participé à l’exercice le patrouilleur de haute mer espagnol Atalaya (P-74), le NRP Zaire (Portugal), le navire de commandement et de soutien logistique belge Godetia (A-960), un avion P8A Poseïdon américain basé à Abidjan, et un patrouilleur de haute mer brésilien Apa (P-121). Coté français deux bâtiments — une frégate de surveillance avec un hélicoptère Alouette III et le BCR Somme — et un avion de surveillance maritime Falcon 50 ont été mis à disposition.
Les exercices menés au Grand African Nemo 2019 (crédit : Mica Center)Trois objectifs
Cet exercice avait tout d’abord comme objectif d’aider à consolider l’architecture de sécurité maritime dans le Golfe de Guinée, comme le voulait le processus de Yaoundé. Principal défi : développer « la capacité des navires des marines engagées à communiquer entre eux, ainsi qu’avec les différents centres de commandements à terre ».
Second objectif : tester l’ensemble de la chaîne régionale de sécurité maritime : les centres de commandement maritime (COM), les centres multinationaux de coordination maritimes (CMC) des cinq zones A, D, E, F, G. Sans oublier le centre interrégional de coordination (CIC), structure d’échange d’information et de coordination, implantée à Yaoundé, qui fait la jonction entre le centre régional de sécurité maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) et son équivalent pour l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO).
Troisième objectif : accompagner les pays africains dans leur volonté d’autonomie opérationnelle à la mer (missions de sécurité maritime). C’est une grosse différence avec Somalie. Il n’y a pas là d’État failli, ce sont des pays souverains, ils peuvent avoir des difficultés à maintenir la sécurité. On les accompagne mais on ne peut pas les remplacer, certains mettent des moyens ont davantage de volonté. D’autres ont plus de mal. Chaque pays est très différent.
L’opération Corymbe
Depuis 1991, la marine nationale française déploie de façon quasi régulière un bâtiment dans la zone. C’était auparavant une nécessité vu les tensions dans la région du Golfe de Guinée. Il fallait être prêt à toute éventualité, notamment l’évacuation de ressortissants.
Une opération réorientée de la crise vers le soutien aux capacités
Aujourd’hui « il y a peu de crises et de besoins d’évacuation de ressortissants, l’opération s’est davantage réorientée vers la coopération, des patrouilles communes avec les Africains, la formation des marins africains », explique le capitaine de frégate Olivier Bertrand.
Fournir déjà du carburant c’est pas mal
« Il faut être pragmatique », confie un officier. « Beaucoup de marines africaines n’arrivent tout simplement pas à naviguer faute de carburant. » En soi, il n’y a pas d’entraînement au sens d’une formation soutenue. « Très franchement, ils sont au dessous du niveau opérationnel. C’est plutôt du mentoring, pour leur faire prendre conscience de la nécessité de certaines actions » et apprendre certaines notions. Les marins français fournissent essence et gasoil à leurs collègues africains.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Le processus de Yaoundé
Le sommet de Yaoundé, en juin 2013 au Cameroun, pose les bases d’une coopération régionale. Un mémorandum fixe les premiers objectifs du dispositif de la « sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest », et les domaines de coopération. Il établit une division claire du travail entre les organisations régionales (chargées de concevoir la stratégie) et les États (chargés des opérations), entre le niveau stratégique et le niveau national.
Un centre interrégional de coordination (CIC) est créé par la suite, en septembre 2014 à Yaoundé, afin de mettre en œuvre cette stratégie régionale. Puis, un centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) est installé à Pointe-Noire au Congo.
Autre mesure concrète de ce sommet, l’adoption d’un code de conduite relatif à « la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre » (lire : Une force anti-piraterie dans le Golfe de Guinée ?).
L’architecture issue du processus de Yaoundé expliquée (crédit : Mica Center)Cet article (Mica Center 4) Exercice Grand African Nemo et opération Corymbe, une démonstration d’un savoir faire possible est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) La situation de la piraterie dans le monde est variable selon les zones. Témoignages des officiers du MICA Center
Au Mica Center de Brest © NGV / B2Corne de l’Afrique
La piraterie est contenue par un effort des opérations successives, que ce soit l’opération européenne EUNAVFOR Atalanta ou les autres acteurs. Mais le phénomène n’a pas disparu. Il reste à faire un effort à terre pour reconvertir les pirates en pêcheurs. La situation politique en Somalie n’est pas réglée. Si le dispositif est allégé ou disparait, la piraterie reprendra comme en 2011-2012, avec des attaques journalières.
Dans l’Océan indien, « ce n’est pas le moment de baisser la garde ». Il ne faut pas économiser sur la sécurité. Même si on prend toutes les mesures de précaution en fonction des préconisations données (les fameuses BMP best management practices qui en sont à la version 5), « il faut donc garder les équipes de sécurité. Nous sommes dans un monde interconnecté » rappelle ce marin. « À la seconde où on apprendrait qu’un armateur ne prend plus d’équipes, il deviendrait une cible. »
Golfe de Guinée
La situation est assez stable. La zone est plus petite, mais la lutte contre les pirates s’avère aussi plus difficile. Les actions ne se déroulent pas toujours en haute mer, mais dans les eaux territoriales, « où on ne peut pas agir sans leur autorisation ». Il y a bien sûr le (bon) exemple du Togo. Ce qui montre qu’ils sont capables d’agir, il y a dix ans cela n’aurait pas été le cas. Mais pour d’autres pays, en particulier le Nigéria, c’est plus problématique.
Détroit de Malaka
Les attaques sont moins violentes. Il n’y a pas de kidnapping. C’est davantage de la ‘rapine’ ou du brigandage de grand chemin. Les ‘pirates’ montent à bord, volent tout ce qu’ils peuvent et repartent. Parfois l’équipage ne se « rend même pas compte » qu’il a été attaqué. On sent une « forte progression ». Les patrouilles communes de l’Indonésie et de la Malaisie ont bien fonctionné, dans le temps au moment de l’irruption de la piraterie. Mais la piraterie revient, ou plutôt le brigandage.
(Nicolas Gros-Verheyde))
Des navires qui trichent
Certains navires font ce qu’on appelle du spoofing avec leur AIS. Ils se greffent sur un autre navire, se déclarent au Golfe de Mexique alors qu’ils sont dans le Golfe de Guinée en train de faire de la pêche illicite. Le changement d’AIS ou le camouflage d’identité est courant en Asie. Il se produit à plusieurs niveaux : un navire de guerre prend l’identité d’un navire de pêcheur, un navire de pêcheur l’autre. Cette tricherie oblige les marines à être présent physiquement « pour voir qui fait quoi ». Les dispositifs de repérage satellites ne sont pas suffisants. Il y a toujours un décalage entre la réalité et l’analyse satellite : commander une image, la faire venir, l’analyser, permet d’appréhender la compréhension du problème, pas d’intervenir ou de le solutionner
.
Cet article (Mica center 3) Les différentes tendances de la piraterie vues par les opérationnels est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) En ces temps de confinement, il peut être intéressant de relire certains textes de base. Certains ont la bible, d’autres Zarathoustra… moi j’ai les textes européens. Chacun son luxe… ou ses tares. Lisez… puis agissez
En rangeant ma documentation (passe-temps favori du confiné), j’ai retrouvé ce document destiné à expliquer la future Constitution européenne aux citoyens… intitulé « Une Constitution pour l’Europe » diffusé (si mes souvenirs sont bons) l’un à l’été 2004, et un autre, plus court, après la signature par les leaders à Rome en octobre. Très pédagogiques, ils ont l’avantage d’être très clairs, très compréhensibles pour tous.
Davantage de solidarité
Sous cette très belle citation de Jean Monnet — « Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes » — on retrouve ainsi, dans le second document, un paragraphe « Davantage de solidarité ». « Si un État membre est l’objet d’une attaque terroriste ou victime d’une catastrophe naturelle ou d’origine humaine, l’Union européenne et ses États membres agissent de manière solidaire – le cas échéant par des moyens militaires – pour venir en aide à cet État. » (NB : c’est l’actuel article 222 du traité de fonctionnement de l’Union européenne). Et plus loin en page 18, pour détailler des exemples de ‘nouvelles’ politiques, on lit cette phrase, vitale aujourd’hui « Elle instaure une solidarité entre l’Union européenne, les États membres et l’État membre qui est frappé par une catastrophe naturelle ou humaine. »
Nouvelles possibilité d’agir dans certains domaines
Dans le premier document, plus épais (30 pages), destiné à illustrer les nouvelles bases juridiques du Traité, on retrouve cette phrase sublime : « La Constitution introduit de nouvelles bases juridiques qui permettront à l’Union d’intervenir en cas de besoin dans les domaines de la santé publique, pour faire face aux enjeux communs touchant à la sécurité des citoyens (par exemple: SARS, bio terrorisme) […] de la protection civile, pour assister les États membres à faire face aux catastrophes d’origine naturelle ou humaine … »
Et une précision supplémentaire : « En rentrant dans l’Union, les États membres ont accepté de se montrer solidaires les uns vis-à-vis des autres. Cette solidarité n’est pas qu’économique: en cas d’attaque terroriste ou de catastrophe naturelle, la Constitution prévoit dorénavant une intervention de l’Union. De plus, dans le cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance. »
Un texte identique
Précisons que les Traités actuels, issus du Traité de Lisbonne, sont identiques à (quelques mots et protocoles près) à la « Constitution européenne ». Ces changements ne concernent pas ces paragraphes. Les exemples cités sont issus de l’actualité du moment. L’épidémie de SARS, fait référence à l’épidémie de coronavirus (déjà!) de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), apparue en novembre 2002 dans la province du Guangdong (Chine) et qui a fait près de 800 morts en Asie. Le focus important mis sur le terrorisme est lié aux attentats qui viennent d’avoir lieu à Madrid le 11 mars 2004 et ont secoué non seulement l’Espagne, provoquant la chute du gouvernement Aznar, mais aussi l’Union européenne.
Commentaire : un seul remède, l’action
À tous ceux qui disent, on ne peut pas agir, on n’a pas les compétences… je leur conseillerai de d’abord relire leurs classiques. Cette ‘promesse’ faite devant le peuple européen doit être tenue aujourd’hui. Mesdames, messieurs les responsables européens, notamment monsieur le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et madame la Chancelière Angela Merkel, cessez ces querelles enfantines. Donnez à l’Italie et à l’Espagne de quoi respirer économique. Madame Ursula von der Leyen, et Monsieur Janez Lenarčič, réagissez, plus vite, plus fort. Ce n’est pas une question de marché unique, c’est la vie de milliers d’Européens qui est en jeu. Comme le dit ci-bien Jacques Delors, « l’Europe est en danger mortel ». Il a raison. Il vous reste quelques heures, quelques jours pour vous montrer à la hauteur de vos glorieux ainés.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Crise du coronavirus. La Commission von der Leyen manque d’audace. Faiblesse congénitale ?
Cet article Face au Coronavirus, agir et être solidaire n’est pas une faculté, c’est une obligation. Dixit le traité est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) La Légion étrangère (française) adapte sa communication aux canons de Youtube, en proposant des vidéos à la mode « Tuto ». Le major Gérald, officier des sports du 1er régiment étranger d’Aubagne, propose ainsi des conseils pour faire des abdos, se déplacer en maintenant sa garde… et cette semaine, pour faire du sport dans un espace confiné. Crise de coronavirus (Covid-19) oblige.
Il vous suffira donc d’un mur, d’un tabouret, d’une balle de tennis et d’une paire de bouteilles d’eau pour vous maintenir en forme pendant cette période difficile. Et n’oubliez pas le conseil du major : « si vos murs sont en placo, pas la peine d’aller chez le voisin. »
Cet article Faites votre sport en mode confiné, avec la Légion étrangère est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Face à l’ampleur de la crise actuelle du Coronavirus, la réponse européenne parait encore bien timide. Audacieuse sur l’économie, faible sur la gestion de crise. Étonnant pour une Commission qui se prétend géopolitique
Cela fait plus de trente ans que l’aide humanitaire fonctionne au niveau européen. Et autant de temps que je l’observe, je n’ai rarement vu une telle réaction aussi sous-proportionnée.
Une Europe ni inactive ni impuissante
Dans la crise actuelle, épidémique, les institutions européennes ne sont pas restées sans rien faire. Au contraire. Les mesures prises, notamment, pour soutenir l’activité ou préserver le marché unique sont plutôt audacieuses et rapides.
Des tabous qui volent en éclat au plan économique
On déroge au pacte de stabilité (une petite révolution). On ferme les frontières extérieures. On tolère la fermeture des frontières intérieures, avec juste la préconisation de couloirs ‘verts’ pour l’acheminement de marchandises. Les aides d’États exceptionnelles sont approuvées à la file, de façon quasi-automatique. Sans oublier le mode de décision totalement revu. En quelques jours, ce qui était impossible hier (visio-conférence, vote par mail, délégation de décision aux ambassadeurs, etc.) devient possible aujourd’hui.
Une protection civile déclenchée…
Le mécanisme de protection civile a été déclenché. Dès le 28 janvier, à la demande la France, surtout pour organiser les rapatriements de citoyens coincés à l’étranger. Un marché public a été lancé en urgence, pour acheter des masques et des respirateurs (masques avec respiration). Mais le rythme reste lent, très lent, par rapport à l’ampleur de la crise (1). Les premières livraisons n’auront lieu que début avril. C’est tard… Et finalement c’est faible. Alors que les hôpitaux italiens crient famine, que l’Espagne pourrait à son tour être submergée, la réponse n’est pas à la hauteur.
… Mais en sous-régime par rapport à l’ampleur de la crise
Le corps médical européen n’a pas été déclenché, il a disparu corps et bien (lire : Le corps médical européen ne répond plus). La fameuse décision prise sous Jean-Claude Juncker de pouvoir utiliser l’instrument de l’aide humanitaire sur le territoire européen, laissé de côté (2). Quant au commandement médical européen (un projet de la PESCO) ou au hub logistique, il est encore dans les cartons. Les structures militaires de l’UE (état-major de l’UE … ), ou proches d’elle, continuent de fonctionner, mais sans aucune coordination. L’Allemagne et l’Autriche déclenchent au bout de trois semaines la clause de solidarité. Personne ne répond au bout du fil. Etc.
Étonnant !
Dans les années 1990 l’aide humanitaire pulsait le rythme européen
En 1989, quand il s’est agi d’envoyer des secours en Roumanie, lors de la révolution de palais qui a mis à bas Ceaucescu, en pleine vacances de Noël, il ne fallait que quelques heures pour débloquer les fonds, choisir des opérateurs et les camions de secours partaient (lire : La Commission européenne déclenche une aide d’urgence à la Roumanie). Idem durant la guerre de Yougoslavie qui a servi de test grandeur nature à l’office européen d’aide humanitaire (ECHO), créé en 1992, devenue une direction générale complète. Durant des années, les ‘humanitaires’ européens ont été sur tous les fronts : de la Tchétchénie à la Syrie aujourd’hui. Et certains ont perdu la vie. Pourquoi ne sont-ils pas sur le front aujourd’hui ?
L’Europe est aujourd’hui bien armée et bien dotée
L’Union dispose d’une compétence claire, rénovée par le Traité de Lisbonne (3). Elle a des moyens humains : une direction générale entière consacrée à l’aide humanitaire et la protection civile, une salle de crise fonctionnant 24h/24 bien équipée. Elle dispose d’un dispositif d’analyse des informations et de renseignement qui aurait dû la conduire à anticiper la crise (4). On est loin du petit bureau niché au fin fond de la DG Environnement. Le CERU — centre européen de réponse d’urgence — qui est doté de gens compétents. Elle a un budget (non négligeable). Et plusieurs dispositifs ont été mis en place — mécanisme de protection civile, réserve opérationnelle (RescEU), corps médical européen… À quoi cela sert d’avoir tout çà ?
Les Européens auraient-ils oublié l’audace ?
On a l’impression que toute la structure européenne reste, aujourd’hui, paralysée, le doigt sur la couture du pantalon, attendant l’ordre (de Ursula ou d’un autre). Aurait-elle perdu cette capacité d’innovation, d’anticipation, d’audace, qui a toujours caractérisé l’aide humanitaire à l’européenne. D’ordinaire, durant la crise, on improvise, puis on formalise. Aujourd’hui cela a tout l’air d’être le contraire. Toutes les belles déclarations — une ‘vision intégrée’, une ‘Europe globale’, ‘une Commission géopolitique’, etc. — seraient-elles juste du vent ? Et l’Europe continuerait alors de fonctionner en ‘silo’, institution par institution, au lieu de travailler en réseau. Les déclarations politiques de Ursula von der Leyen dans son discours d’intronisation seraient-elles du vent ?
Ursula est-elle à la hauteur ?
L’actuelle présidente de la Commission européenne serait-elle si obnubilée par l’économique qu’elle en oublierait le monde d’où elle vient : la défense ? Ou est-elle tout bonnement (osons le mot) ‘non compétente’ ? Quand Ursula von der Leyen, dans un message solennel sur twitter (prononcé en trois langues) explique que « la lutte contre le virus prendra beaucoup de temps. La force et les moyens de remporter cette lutte viendront de notre grand marché unique. C’est la raison pour laquelle nous devons le protéger », on peut être étonné d’une telle myopie. La première urgence aujourd’hui, n’est-ce pas de sauver des vies ? Le marché unique est un actif essentiel à préserver, certes. Mais un actif secondaire aux côtés de l’urgence médicale, sanitaire. Ou alors, en effet, l’Europe n’est qu’un marché. Et la Commission géopolitique peut fermer ses portes.
Lenarčič est-il toujours vivant ?
Quant au commissaire européen Janez Lenarčič, chargé de la gestion de crises (5), c’est pour moi un mystère. Il devrait être aujourd’hui, en première ligne, présent tous les jours, devant nous. Il est inexistant. Nous avons eu un entretien (par voie de mail) avec lui. On ne peut pas dire que ce soit transcendant (lire : Nous devons constituer un stock stratégique de matériel médical (Janez Lenarčič)). La hauteur de vues et l’audace ne semblent pas être son fort. Sans vouloir jouer l’ancien combattant, avec Emma Bonino, Louis Michel ou Kristalina Georgieva — chacun(e) dans son style — ça déménageait autrement !
Déployer en interne…
L’Europe peut-elle agir ? Oui. Il n’est pas trop tard encore. Mais il faut prendre le taureau par les cornes dès aujourd’hui. L’Union pourrait jouer un rôle en mobilisant très vite ses fonctionnaires. Tout ce que la Commission européenne compte de compétences médicales, ou logistiques, en interne, doit être mis à disposition des États qui le demandent. Elle doit également mobiliser et financer ONG et organisations de volontaires, pour déployer rapidement des hôpitaux de campagne dans toutes les zones rouges (de crise) et orange (potentiellement de crises). Elle ne doit pas hésiter à affréter elle-même des avions pour ramener les équipements médicaux manquants dans les pays en grave besoin, au besoin en passant un contrat avec les transporteurs privés, ou en passant par les États membres. Le financement devra intégralement être pris en charge par le budget de l’UE, quitte à faire une modification d’urgence au système RescEU. Il faut être aussi révolutionnaire en matière de protection civile qu’on l’est en matière économique.
Anticiper à l’externe…
Et surtout il faut préparer le coup d’après. L’UE doit mobiliser dès maintenant tous ses moyens, civils et militaires, sur cette crise, notamment l’entrepôt de gestion de crises de l’UE qui est à Stockholm (financé par le budget européen). Elle doit préparer le déploiement d’un battlegroup médical soit en Europe, soit dans le monde, quand la crise atteindra le Sahel par exemple ou d’autres pays du voisinage. Une opération de secours type PSDC pourrait très bien être préparée également pour rapatrier les citoyens européens (6). L’état-major de l’UE peut prêter main forte en cas de demande ou, à l’extérieur, le commandement européen de l’aviation de transport (EATC), pour planifier des transports. Et si nécessaire, l’Union pourrait recourir à l’OTAN, au nom de cette coopération UE-Otan tant vantée par ailleurs, dont on n’a jamais la réalité autrement que dans de beaux discours.
Il y a urgence !
Mesdames et messieurs du Berlaymont. Il ne vous reste que quelques jours pour sauver votre honneur et la crédibilité européenne. Bougez-vous !
(Nicolas Gros-Verheyde)
Santé publique, non. De la gestion de crises
Certains ‘experts’ européens, en mal d’inspiration serinent à longueur de journée : l’Europe n’a pas de compétence en matière de santé publique. C’est pour cela qu’elle ne peut agir dans cette crise. C’est vrai en santé publique, l’Union européenne a des compétences limitées. Mais la santé publique, c’est la gestion des hôpitaux, la politique de vaccination, la prévention de telle ou telle maladie. On n’est (malheureusement) plus aujourd’hui dans cette problématique (même si le corps médical est mis à grande contribution). Ici, on est dans la gestion de crises, l’urgence, la protection civile. Dans ce domaine, l’Union européenne a des compétences claires et précises (cf. note 3).
Lire aussi : L’Office européen d’aide humanitaire, ECHO, un système rodé aux crises
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(B2) Une semaine après les Britanniques, l’état-major français a annoncé mercredi (25 mars) suspendre ses opérations de formation en Iraq
Formation en Iraq des militaires français de Chammal (crédit : EMA / DICOD 2018 – archives B2)Une demande du gouvernement irakien
Une décision prise à la suite dans la foulée de la décision de la coalition « d’ajuster son dispositif en Irak » et qui répond à une « demande du gouvernement irakien » et à la crise du coronavirus. Les activités de formation des forces de sécurité irakiennes étant suspendues. Les Britanniques avaient déjà plié bagages la semaine dernière (lire : Les missions de formation en Iraq font pause ! Les Britanniques, Espagnols… rentrent à la maison).
Plus d’une centaine de militaires rentrent
Le personnel de l’opération Chammal déployé en Irak dans ce cadre va ainsi être rapatrié. Une centaine de soldats engagée dans le pilier « formation », ainsi que les éléments de soutien national stationnés au sein de l’état-major de l’opération Inherent Resolve (OIR) à Bagdad, auprès de l’armée irakienne rentrent en France à compter du 26 mars.
Toujours engagée par d’autres moyens
La France reste « toutefois engagée au Levant, car la lutte contre Daech continue » précise l’état-major. La présence des militaires insérés dans les structures d’Inherent Resolve au Koweït et au Qatar ainsi que les déploiements maritimes dans le canal de Syrie restent d’actualité. Mais surtout, les militaires français continuent de participer à la composante aérienne qui effectue des vols quotidiens depuis la base aérienne projetée de Jordanie et la base aérienne de la coalition au Qatar. Les activités de formation reprendront « dès que la situation le permettra ».
Commentaire : ce retrait ne semble pas justifié uniquement par l’épidémie actuelle
Ce sont tout autant les conditions sécuritaires et la tentation croissante au sein du gouvernement irakien de ne plus avoir des troupes occidentales à demeure dans le pays. Ces motifs sont d’ailleurs clairement exposés par d’autres pays.
Prague avait pris la même décision hier (mardi 24 mars) le justifiant par quatre raisons : la réduction des opérations, les menaces sécuritaires, l’épidémie de coronavirus et le projet de restructuration de la mission. 30 soldats sont ainsi rentrés, selon CTK et Radio Prague, la plupart étaient chargés de l’entraînement des pilotes irakiens des avions d’attaque au sol L-159 de fabrication tchèque. D’autres s’occupaient des armes chimiques ou étaient des policiers militaires.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Il n’y a pas qu’en France où les militaires ont été appelés à la rescousse. D’autres pays ont décidé, très vite (même plus vite), de faire appel à ces ressources. La logistique, les services de santé, les patrouilles aux frontières sont parmi les principales tâches qui leur ont été confiées. Petit tour
NB : ce tour n’est pas complet, il sera mis à jour ou complété d’autres articles
France : un hôpital de campagne déployé
Dans la foulée de la décision présidentielle du président français Emmanuel Macron, lundi (16 mars) soir, le ministère des Armées envoie un élément militaire de réanimation (EMR) à Mulhouse, à proximité de l’hôpital. Une infrastructure sous tente avec une trentaine de lits équipés pour la réanimation, déployée par le régiment médical (RMED) de l’armée de terre (de La Valbonne) et ‘armée’ par le service de santé des armées (SSA). Structure opérationnelle une semaine plus tard. Le premier malade est pris en charge mardi (24 mars).
Un Airbus A330, équipé en version d’évacuation médicale (kit Morphée), a commencé mercredi (18 mars) des navettes entre l’hôpital de Mulhouse, débordé par la crise, et plusieurs autres hôpitaux français (Bordeaux, Brest, Lorient…), comme le précise la défense française dans un communiqué. Tandis que le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre (L-9014) a rapatrié 12 malades d’Ajaccio sur le continent. L’objectif est de « désengorger certains hôpitaux débordés, en territoire métropolitain, Corse et outre-mer » a précisé à B2 un des officiers de communication. L’Élysée décide mercredi (25 mars) de lancer une opération de soutien aux services publics et hôpitaux français dénommée ‘opération résilience‘.
Allemagne : une mobilisation plutôt rapide
Le service de santé des armées allemand s’est mobilisé depuis… fin janvier. Le premier cas suspect en Allemagne impliquant un homme de Bavière a ainsi été confirmé par l’Institut de microbiologie de la Bundeswehr à Munich fin janvier. Tandis que la Luftwaffe a commencé des vols pour rapatrier les ressortissants allemands bloqués à l’étranger et amener de l’aide en Italie. Berlin a aussi décidé de commencer à lister ses réservistes en demandant aux volontaires de se signaler dès le 19 mars. Des appels répétés visent en particulier ceux ayant des compétences médicales, notamment pour renforcer les hôpitaux militaires, intégrés dans le système hospitalier civil un peu partout dans le pays.
Autriche
Dès le début de l’épidémie en Autriche, le 9 mars, l’armée a été mise en alerte, d’abord pour prêter main forte à la police aux frontières. Une tradition en Autriche où à chaque crise la Bundesheer est appelée en renfort. Pas question de « répéter les erreurs de 2015 » a indiqué la ministre de la défense Klaudia Tanner dans un communiqué commune avec son collègue de l’Intérieur, Karl Nehammer (tous deux membres du parti chrétien-démocrate ÖVP). « Nous n’allons pas faire passer de réfugiés par l’Autriche. » Très vite également des militaires ont été déployés à d’autres tâches. Dans plusieurs Länder (Vienne, Vorarlberg, Carinthie, etc.), les sportifs de l’armée et du personnel des centres logistiques de l’armée ont été déployés, à partir de lundi 16 mars. Ceux-ci sont confrontés « au défi de remplacer leur propre main-d’œuvre, afin d’assurer la rotation des marchandises et les livraisons aux épiceries » explique-t-on au ministère de la défense. Des soldats ont aussi pris le relais de policiers pour la protection des ambassades et des institutions internationales à Vienne, à la demande de la police du Land.
Belgique
Les services de l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek ont été placés en alerte et renforcés. Ses ambulances peuvent à la demande du numéro 112 transporter davantage de patients atteints du coronavirus entre les hôpitaux de Bruxelles et du Brabant flamand. La protection civile et les militaires ont, de concert, pour le stockage, le reconditionnement et la distribution de millions de masques de protection. Une première cargaison arrivée dans la nuit du 19 au 20 mars à Liège a été transportée jusqu’au quartier militaire de Peutie, et redistribuée ensuite dans le reste du pays. Une deuxième cargaison est arrivée le 23 mars.
Espagne : opération Balmis
Madrid a lancé une opération militaire baptisée ‘Balmis’, en hommage au médecin militaire espagnol qui a mené d’importantes campagnes de vaccination dans les colonies au début du XIXème siècle. 2600 soldats ont été déployés dans 48 localités différentes pour aider les autres services et forces de l’ordre pour l’aide à la population et la sécurité : renvoi à domicile des habitants ne respectant pas le confinement, aide à la construction d’un hôpital de campagne civil, livraisons de matériel médical, logistique et même aide aux sans-abris. Les militaires ont également désinfecté divers sites où vivent des populations fragiles (personnes âgées, handicapées…). Selon le ministère de la défense, une trentaine d’établissements de ce type ont ainsi été nettoyés la semaine passée rien qu’à Madrid.
Hongrie
Plus d’une centaine de soldats devaient être envoyés samedi (21 mars) aux frontières slovaque et autrichienne pour « renforcer le verrou frontalier », a indiqué le ministre hongrois de la défense Tibor Benkő sur Hir TV. Elles sont fournies par la 5e brigade d’infanterie István Bocskai et le 24e régiment de reconnaissance Gergely Bornemissza, tous basés à Debrecen.
Pologne : renforts aux frontières
La Pologne mobilisait au 23 mars 4968 militaires et civils de la défense face au coronavirus. Le gros du contingent (1800 hommes) opère directement en appui des forces de police et de garde-frontières, pour protéger les accès au pays, surtout côté ouest (frontière sur l’Oder avec l’Allemagne). Un peu plus de 500 militaires remplissent des missions logistiques diverses pour aider les autres services, notamment de santé, en transportant des médicaments. Plusieurs laboratoires biologiques contribuent à réaliser quelques centaines de tests de coronavirus par jour. Sur le plan purement médical, les 14 hôpitaux militaires polonais étaient annoncés en alerte dès le début de la crise.
République Tchèque
Depuis le 10 mars, des professionnels du service de santé ont été déployés aux frontières pour examiner l’état de santé des personnes présentant des symptômes de maladie virale aux postes frontaliers. D’autres soldats tchèques ont été déployés, lundi (16 mars), en renfort d’unités de police pour sécuriser la frontière nationale. Le gouvernement ayant décidé de clôturer le pays. Les militaires ont aussi été mobilisés pour aider à acheminer des équipements médicaux minimaux (masques simples ou à respiration), dans tous les hôpitaux du pays (lire : Prague organise un pont aérien pour rapatrier masques et respirateurs de Chine).
(NGV, avec RM à Paris)
A suivre : l’Italie en première ligne
Lire aussi : Deux navires hôpitaux et des hopitaux de campagne en renfort outre-atlantique
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