(B2) D’intenses combats ont eu lieu lundi 17 février aux abords de Zolote en Ukraine. Après plusieurs heures de tirs (près de cinq heures selon les observateurs), on a relevé au moins cinq morts dix blessés.
Une attaque rebelle ou une avancée ukrainienne
Selon Kiev, les forces des rebelles ont lancé une attaque sur trois fronts contre les positions ukrainiennes après un intense barrage d’artillerie qui a commencé vers 5 heures du matin (heure locale). Du côté séparatiste, on dit que « les combats ont commencé après qu’une unité militaire ukrainienne avancée ait tenté de pénétrer sur un territoire non contrôlé par le gouvernement et se soit retrouvée dans un champ de mines », rapporte Radio Free Europe. Les combats ont cessé vers 10 heures du matin « après que les séparatistes soutenus par Moscou aient demandé un cessez-le-feu pour récupérer leurs blessés et leurs morts », a indiqué le général Ruslan Khomchak, chef de l’état-major général des forces ukrainiennes.
Une violation des accords de Minsk
Quoi qu’il en soit, « ces violations du cessez-le-feu et l’usage d’armes lourdes contreviennent aux accords de Minsk et aux conclusions du sommet des chefs d’État et de Gouvernement du 9 décembre dernier » a souligné le quai d’Orsay aujourd’hui (19 février). Et la France d’appeler les parties « à la retenue, afin d’éviter toute nouvelle escalade sur le terrain ». Paris appelle notamment la Russie « à user de son influence considérable sur les formations armées qu’elle soutient pour garantir la pleine application du cessez-le-feu ».
Un incident non isolé
« Ce dernier incident n’est pas isolé », selon le Premier ministre albanais Edi Rama, qui préside actuellement l’OSCE. « Chaque jour, le cessez-le-feu est violé, malgré les engagements pris dans les accords de Minsk. […] Il est essentiel que toutes les parties concernées fassent en sorte que l’engagement en faveur d’un cessez-le-feu complet et durable devienne une réalité ».
(NGV)
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(B2) La frégate espagnole ‘Numancia’ a pris le relais ce dimanche (16 février) de sa frégate sœur ‘Victoria’ au sein de la force navale de l’Union européenne déployée au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta).
(crédit : Armada espagnole)Un nouveau commandant de la force en mars
La cérémonie a lieu au port de Djibouti. Le Victoria, rentre en Espagne. Le commandement de la force en mer reste assuré, pour l’instant, par le Commodore portugais Jose Vizinha Mirones (au titre de la 33e rotation depuis le début de l’opération en 2008). Il devrait être relayé à la mi-mars par le contre-amiral espagnol Ignacio Villanueva Serrano.
Une triple mission
La mission du ‘Numancia’ reste la même que ses prédécesseurs : lutter contre piraterie maritime et protéger les navires du Programme alimentaire mondial (PAM). Mais une mention particulière est faite par les Espagnols à la surveillance des activités de pêche au large des côtes somaliennes. Une part secondaire de l’activité de l’opération qui pourrait (peut-être) prendre de l’importance à l’avenir. Du moins on y réfléchit… Article à suivre
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2 – exclusif) L’opération militaire de l’UE en Méditerranée (EUNAVFOR Med) va changer de chef d’ici la fin de semaine. Une décision qui tombe à plat alors que le renouveau est à l’ordre du jour. Question sur toutes les lèvres aujourd’hui à Bruxelles : l’Italie gardera-t-elle au-delà du mois de mars le commandement de l’opération
Les ambassadeurs du comité politique et de sécurité doivent ce mercredi (19 février) valider la nomination d’un nouveau chef de l’opération Sophia (EUNAVFOR Med) de lutte contre les trafics en Méditerranée.
Un relais italien prévu
Le vice-amiral italien Fabio Agostini devrait ainsi succéder officiellement à son compatriote le vice-amiral Enrico Credendino. Ce à compter de vendredi (21 février). L’amiral, qui préside depuis le début aux destinées de l’opération, termine sa carrière militaire et pourrait pressenti pour exercer d’autres responsabilités dans les mois qui viennent (chut…). Une cérémonie officielle de passation du bâton de commandant de l’opération est d’ailleurs prévue à Rome vendredi.
Une volonté de renouveau …
Ce changement était prévu depuis bien avant qu’éclate la polémique et le veto austro-hongrois sur la nouvelle opération (comme nos lecteurs fidèles le savent déjà, lire Carnet 07.02.2020). Du coup aujourd’hui, il tombe quelque peu à plat. Cette nomination en elle-même est un peu bizarre. Car tous les paramètres de l’opération EUNAVFOR Med doivent être revus. Pression politique oblige. Le plan d’opération, les règles d’engagement, la zone d’opération, vont être revus. Le nom de l’opération va être changé. Dans ce maëlstrom de renouveau, la question de changer le quartier général (basé à Rome) ou le commandement de l’opération qui appartient aux Italiens se pose de façon très concrète.
… qui pourrait emporter le nouveau chef
Chacun s’interroge : l’amiral fera-t-il juste un tour, pour quelques semaines ? La question est réellement posée, comme nous l’ont confirmé plusieurs sources diplomatiques et militaires. La porte-parole du SEAE n’a pas dénié ce point. « La nomination prévue est [bien] pour l’opération Sophia » a précisé ainsi Virginie Battu lors du point de presse de midi, interrogée par B2 ce mardi (18 février). « Dans les éléments de l’accord politique – intervenu hier entre les ministres (lire : Ne m’appelez plus Sophia ! Les points clés de la nouvelle opération de l’UE en Méditerranée) —, on ne parle plus de l’opération Sophia. Au-delà du commandement, [plusieurs points doivent être revus à commencer par le mandat ». Et d’ajouter : « L’opération Sophia court jusqu’à fin mars. Je ne préjugerai pas de la suite. On parle bien d’une nouvelle opération. »
Conclusion : un changement (peut-être) nécessaire
Il parait difficile à l’Italie de conserver à la fois le quartier général basé à Rome et le commandement de l’opération.
Une question très politique
Ce serait à l’inverse de l’effet recherché en matière politique qui consiste à faire table rase du passé pour redémarrer à zéro, une « nouvelle opération ». Même si chacun est conscient que le mot ‘nouvelle’ est surtout là pour justifier auprès des opinions publiques autrichienne et hongroise surtout, mais italienne également, le léger revirement de leurs gouvernements, des changements autres que cosmétiques sont nécessaires.
Changer de QG : plus délicat en un temps court
Changer le quartier général nécessite du temps — ne serait-ce que pour mettre en place au niveau technique les dispositifs. Maintenant si on demande aux militaires, ils savent faire avec promptitude, les deux doigts sur le béret du marin. Deux pays nécessitent de cette capacité d’adaptation, selon moi : 1° l’Espagne qui a déjà un quartier général dédié à une opération maritime, à Rota (lire : Au QG de l’opération anti-piraterie Atalanta à Rota (Cadiz)). 2° la France qui peut rapidement monter en puissance. Deux autres quartiers généraux existent dans l’Union européenne : Potsdam en Allemagne et Larrissa en Grèce. Mais le temps imparti pour monter en puissance un QG parait trop court. Pour démarrer fin mars, il aurait fallu déjà prendre les dispositions aujourd’hui.
Changer de commandant d’opération : pourquoi pas
Reste le changement de commandant. C’est ce qui est de plus facile au niveau symbolique. Et c’est dans cette optique que les regards se tournent. En la matière plusieurs pays pourraient prétendre au titre : l’Espagne ou la Grèce par exemple (qui n’a pas de commandement d’opération), voire l’Allemagne ou la France. Et, pourquoi pas une femme commandante pour l’opération. Cela changerait véritablement non ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont fini par tomber d’accord*, ce lundi (17 février), sur la relance de l’opération maritime européenne en Méditerranée centrale
L’Autriche participera-t-elle à la nouvelle opération ? Ce serait le minimum. Même si sa marine reste limitée à couvrir le Danube (ici le patrouilleur Niedersachsen, crédit : Armée autrichienne)Le retour des navires en mer
L’obstruction austro-hongroise a fini par être vaincue au prix d’une série de changements apportés, notamment sur la zone d’opération et les règles d’engagement (lire : La revanche de Piave. L’Autriche-Hongrie bloque. L’opération Sophia dans l’impasse). Ce retour des navires en mer intervient, après un an d’interruption de l’activité navale, et au terme de nombre de discussions et tractations entre ambassadeurs, voire entre ministres par téléphone, ces derniers jours, y compris au plus haut niveau lors de la conférence de sécurité de Munich (article à suivre).
L’embargo sur les armes en focus
L’objectif de l’opération est redéfini. Ou plutôt ses objectifs sont re-hiérarchisés. Elle sera centrée avant tout sur le contrôle de l’embargo sur les armes. Les objectifs de lutte contre le trafic des êtres humains et la formation des garde côtes et de la marine libyenne devenant secondaire.
La zone d’opération revue
Les navires européens seront déployés davantage sur la côte Est de la Libye, non loin de l’Égypte. Pour contrôler l’embargo sur le contrôle des armes, c’est plus justifié. D’une part, cela permet de contrôler les navires venant de l’Est de la Méditerranée : le canal de Suez pour les navires émiratis ou jordaniens qui approvisionnent le clan Haftar ou Turquie qui soutien Tripoli. De plus, avoir une présence non loin de Benghazi (contrôlée, justement, par le général Haftar) n’est pas non plus inutile.
Tous les moyens mobilisés
L’opération sera menée avec tous les moyens possibles : navals, aériens, satellitaires, voire sous-marins, tous les autres outils d’information et de renseignement. Les États se sont tous engagés à contribuer d’une manière ou d’une autre.
Le ‘pull factor’, clé de l’accord
Une clause de rappel a été apposée, permettant de convaincre les Autrichiens. Le processus de trafic des migrants sera observé de près. Si on détecte une augmentation supplémentaire du trafic dans une zone — ce que les spécialistes appellent le ‘pull factor’ (effet d’attraction) —, alors les moyens navals seront retirés de la zone concernée. Ils pourront opérer dans une autre zone au besoin, ou rentreront au port. Ce sera au commandant d’opération de le décider — ou aux autorités politiques (les ambassadeurs de l’Union) — selon le cas.
Le nom de l’opération changé
« Sophia fait désormais partie de l’histoire ancienne », a annoncé fièrement Alexander Schallenberg, le ministre autrichien des Affaires étrangères à la sortie de la réunion. L’opération ne s’appelle plus Sophia. Un nom donné en l’honneur d’un bébé né à bord d’un des navires de l’opération et trop connoté ‘accueil des réfugiés’ pour plusieurs pays. Elle continuera d’être nommée en revanche EUNAVFOR Med accolé avec le nom d’un Dieu grec de la mer qui a eu une nombreuse progéniture. Reste à finaliser tous les détails.
Une nouvelle décision à écrire d’ici le 23 mars
Les spécialistes militaires et ambassadeurs de l’UE sont appelés dès demain à plancher pour tout préciser. Délai donné : la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, le 23 mars. Juste à temps avant la date-limite inscrite dans l’actuel mandat de Sophia : le 31 mars.
(Nicolas Gros-Verheyde)
*Les ministres des Affaires étrangères sont tombés d’accord sur 9 points, qui sont les suivants :
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(B2) L’attaque d’un porte-conteneurs au large des côtes nigérianes n’est pas un acte isolé. Les actes de piraterie ou de brigandage — on ne parle par de piraterie dans les eaux territoriales — sont relativement courants dans cette zone du Golfe de Guinée (Lire : Deux incidents au large du Nigeria).
Les ports nigérians sont particulièrement prisés des pirates. On recense ainsi trois autres incidents, selon les sources maritimes, dans les huit jours précédents.
Trois attaques dans des ports nigérians
Deux voleurs dans un bateau montent à bord, samedi (1er février) d’un pétrolier qui a jeté l’ancre dans l’anse de Lagos au Nigeria. Ils tentent de s’emparer du matelot de service qui effectue une ronde de routine. Mais celui-ci réussit à s’échapper. L’alarme est donnée. Les voleurs s’enfuient sans demander leur reste et sans rien voler. La marine nigériane envoie un patrouilleur sur les lieux.
Le matelot de garde d’un navire de ravitaillement offshore à quai dans le port de Onne (le second port principal du Nigeria, près de Port Harcourt, bordé par l’île de Bonny) remarque dans la nuit, mercredi (29 janvier) une personne non autorisée sur le pont. Alarmé et entendant l’équipage alerté, la personne s’est échappée avec les biens volés du navire. L’incident a été signalé aux autorités portuaires.
L’équipage de service à bord d’un pétrolier ancré dans l’anse de Lagos (au Nigeria), effectuant des opérations de transfert de navire à navire (STS), remarque au petit matin du samedi (25 janvier) une personne non autorisée près du gaillard d’avant. L’alarme est déclenchée. Voyant l’équipage alerté, la personne saute par-dessus bord et s’échappe avec ses complices dans un bateau en bois. Un patrouilleur naval arrive sur les lieux, et commence les repérages autour du pétrolier.
Un autre incident au large du Bénin
A environ 73 nautiques au sud de Cotonou, Bénin, le 19 janvier, durant la nuit, deux pirates armés de fusils AK47 arrivent à monter à bord d’un porte-conteneur Atlantic Discoverer. Ils sont repérés par l’homme de quart. L’alarme est déclenchée, les feux de pont éteints, les logements verrouillés. Les moteurs sont poussés et le navire se dirige à vitesse soutenue vers Tema, au Ghana. La marine ghanéenne est avertie et invitée à monter à bord pour fouiller le navire à son arrivée. Tout l’équipage est sain et sauf. Rien n’a été déclaré volé, selon les sources maritimes.
(NGV)
Lire aussi : Où agissent nos chers pirates des mers ? Selon quelles méthodes ? Quand ? Toutes les réponses … ou presque
Cet article Des actes de brigandage courants dans les ports du Nigeria est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Le Maersk Tema, un porte-conteneurs allemand, a été attaqué vendredi (14 février) au large des côtes nigérianes, par un groupe pirate composé de deux petits bateaux rapides à moteur. Deux pirates ont réussi à monter à bord, selon le bulletin maritime.
Un signe clair d’attaque pirates
Selon le suivi AIS, relevé par le site Maritime Executive, le Maersk Tema (qui bat pavillon des iles Marshall) filait vendredi matin à 20 nœuds au large de São Tomé dans le Golfe de Guinée. Mais vers 8h05 GMT, à une position d’environ 100 nautiques au nord-ouest de São Tomé, sa vitesse est tombée à 3,5 nœuds puis quasiment zéro dérivant ensuite à un demi nœud le reste de la journée. Un signe très clair, selon un spécialiste consulté par B2 d’un problème à bord. « Sauf avarie ou panne de machine, on peut alors soupçonner un acte de piraterie ».
L’intervention de la marine portugaise et nigériane
Les 21 membres de l’équipage de ce navire, ont suivi les procédures d’urgence, et se sont mis à l’abri dans la citadelle à l’intérieur du navire. La marine nigériane alertée, renforcée par un navire portugais, sont intervenus faisant fuir samedi (15 février) les pirates. Le porte-conteneurs — qui appartient à Bernhard Schulte Ship et est exploité par Peter Doehle Schiffart —, a repris sa route vers Lagos au Nigeria, escorté par le patrouilleur nigérian. On ne connait pas le sort des pirates, toujours recherchés.
Un temps d’intervention long
Il a fallu près de 15 heures après l’alerte au patrouilleur nigérian SVS Teach pour rejoindre le navire attaqué, rejoint quelques heures plus tard, par un navire de la marine portugaise. Point qui étonne Mikhail Voytenko tenancier du ‘Maritime Bulletin’ « Plusieurs bateaux ou navires de patrouille nigérians étaient beaucoup plus proches du porte-conteneurs en détresse, mais ils se sont tenus à leur mission et n’ont pas répondu ».
NB : même si un dysfonctionnement n’est pas à exclure, ce point peut aisément s’expliquer. L’intervention sur un groupe pirates ne peut se faire par n’importe par n’importe quel navire ni n’importe quelle équipe. Il faut du personnel un peu spécialisé, entraîné et armé dans cet objectif.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des actes de brigandage courants dans les ports du Nigeria
Les actes de piraterie ou de brigandage — on ne parle par de piraterie dans les eaux territoriales — sont relativement courants dans cette zone du Golfe de Guinée (Lire : Deux incidents au large du Nigeria). Le port de Lagos représente On recense ainsi trois autres incidents, selon les sources maritimes, dans les huit jours précédents.
Deux voleurs dans un bateau montent à bord, samedi (1er février) d’un pétrolier qui a jeté l’ancre dans l’anse de Lagos au Nigeria. Ils tentent de s’emparer du matelot de service qui effectue une ronde de routine. Mais celui-ci réussit à s’échapper. L’alarme est donnée. Les voleurs s’enfuient sans demander leur reste et sans rien voler. La marine nigériane envoie un patrouilleur sur les lieux.
Le matelot de garde d’un navire de ravitaillement offshore à quai dans le port de Onne (le second port principal du Nigeria, près de Port Harcourt, bordé par l’île de Bonny) remarque dans la nuit, mercredi (29 janvier) une personne non autorisée sur le pont. Alarmé et entendant l’équipage alerté, la personne s’est échappée avec les biens volés du navire. L’incident a été signalé aux autorités portuaires.
L’équipage de service à bord d’un pétrolier ancré dans l’anse de Lagos (au Nigeria), effectuant des opérations de transfert de navire à navire (STS), remarque au petit matin du samedi (25 janvier) une personne non autorisée près du gaillard d’avant. L’alarme est déclenchée. Voyant l’équipage alerté, la personne saute par-dessus bord et s’échappe avec ses complices dans un bateau en bois. Un patrouilleur naval arrive sur les lieux, et commence les repérages autour du pétrolier.
Un autre incident au large du Bénin
A environ 73 nautiques au sud de Cotonou, Bénin, le 19 janvier, durant la nuit, deux pirates armés de fusils AK47 arrivent à monter à bord d’un porte-conteneur Atlantic Discoverer. Ils sont repérés par l’homme de quart. L’alarme est déclenchée, les feux de pont éteints, les logements verrouillés. Les moteurs sont poussés et le navire se dirige à vitesse soutenue vers Tema, au Ghana. La marine ghanéenne est avertie et invitée à monter à bord pour fouiller le navire à son arrivée. Tout l’équipage est sain et sauf. Rien n’a été déclaré volé, selon les sources maritimes.
(NGV)
Lire aussi : Où agissent nos chers pirates des mers ? Selon quelles méthodes ? Quand ? Toutes les réponses … ou presque
Cet article Un porte-conteneurs allemand attaqué au large du Nigeria. La marine portugaise intervient est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Sharifi G. vient de passer six mois dans le camp de réfugiés d’Athènes. Il a préparé les 85 euros qui doivent lui permettre d’avoir des papiers pour rejoindre sa soeur, en Allemagne
Sharifi G, devant l’entrée du camp de réfugiés d’Elaionas, à Athènes (© B2/Emmanuelle Stroesser)C’est en Allemagne que Sharif voulait aller lorsqu’il a été arrêté à Alexandroupolis. Il venait de passer la frontière terrestre avec la Turquie, le long du fleuve Evros. Il avait quitté l’Afghanistan plusieurs mois de cela déjà. Car après être parti d’Afghanistan, il a d’abord fait escale en Iran, trois mois. Mais l’avenir n’était pas là non plus pour lui. Il a continué vers la Turquie, puis la Grèce. Il ne livre pas tous les détails de la traversée, cela ne se fait pas à visage découvert. Il accepte d’être pris en photo et de raconter.
« Lot of walk »
Des chaussures abandonnées dans le camp (© B2/Emmanuelle Stroesser)Passé la frontière entre la Turquie et la Grèce, il a marché jusqu’à Didymoteicho, en redescendant le long du fleuve Evros. « Beaucoup de marche (Lot of walk) » glisse-t-il. Puis il s’est arrêté à Alexandroupolis, avant de quitter la région de la Thrace pour la Macédoine orientale. Il a rejoint alors Thessalonique, deuxième plus grande ville de Grèce. Il vivait en squatt.
La Grèce comme escale
Les barbelés du camps d’Athènes (© B2/Emmanuelle Stroesser)Il n’avait pas de visa en règle, donc il a été arrêté par les policiers. Il a fait quatre mois de détention. « Et puis j’ai passé un entretien et il était positif », explique-t-il. Sa situation administrative n’est pas très claire. Mais lui, assure qu’il devrait avoir un passeport dans quelques semaines. Alors, il reprendra la route pour Francfort, en Allemagne. Il veut y rejoindre sa grande soeur. Il pense pouvoir trouver du travail, avec son niveau d’ingénieur.
Cinq dans un container
L’entrée du camp (© B2/Emmanuelle Stroesser)Il est 17 heures, comme lui, beaucoup de réfugiés rentrent. Ils regagnent leurs containers. Les hommes s’y serrent par cinq. Les familles par deux. Sharif ne se plaint pas. Pour manger et le reste, le pécule mensuel de la « UN Card » permet de survivre. C’est quand l’électricité saute, comme durant cinq jours mi-janvier, que la vie au camp devient difficile. Pour le reste, il a vu visiblement bien pire.
Au large du capitole
Des enfants dans le camp d’Athènes (© B2/Emmanuelle Stroesser)Le camp d’Athènes est à cinq minutes à pied du métro d’Elaionas, un quartier périphérique d’Athènes. La route qui y mène est jonchée de détritus, bordée d’entrepôts de récupération en tous genres (vêtements, ferrailleurs). Le camp s’aperçoit à un jet de pierres d’une décharge à ciel ouvert. L’étranger curieux est vite repéré. Les gardiens à l’entrée veillent à ce qu’aucun n’entre. Pas même pour regarder. Le ton monte. Circulez.
(Emmanuelle Stroesser)
Tous les articles de notre reportage [Evros, porte de l’Europe]
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(B2, à Athènes) Apostolos Veizis dirige en Grèce l’unité de soutien opérationnel médical de Médecins sans frontières. Il assure qu’il « n’y a pas de crise des réfugiés ni de l’accueil des migrants, mais une crise de gestion politique »…
Apostolos Veizis, dans son bureau de MSF à Athènes © Emmanuelle Stroesser 2020Selon le responsable de l’ONG, tout s’est aggravé depuis la signature de la facilité entre l’Union européenne et la Turquie, en mars 2016. Les conditions de vie dans les camps sont de pire en pire dans les îles de la mer Egée. « Ce n’est pas l’argent qui manque. Mais la volonté politique ». Celle qui devrait éviter que des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, de mineurs non accompagnés vivent dans des conditions indignes, au cœur de l’Europe.
Changement de réthorique
La réforme de la loi sur l’asile adoptée l’été 2019 par le gouvernement à peine installé est perçue comme un geste avant tout politique. Il fallait marquer le coup. Aller vite. D’ailleurs, « elle a été adoptée en quatre jours » soupèse Apostolos. Il fustige le discours qui s’est durcit. Qui fait que certains hommes politiques « ne parlent que chiffres, du nombre de containers et non plus d’êtres humains ».
L’accès aux soins entravé
La critique contre « l’Union européenne (qui) n’assume pas sa responsabilité » est directe. Médecins sans frontières a d’ailleurs choisi de ne plus recevoir de fonds européens depuis 2016. Un « choix politique » assumé. Qui lui offre la liberté de dénoncer aujourd’hui les restrictions d’accès aux soins imposées depuis l’été dernier aux réfugiés, dont « des enfants gravement malades ». MSF cible notamment « les autorités grecques (qui) refusent de soigner des enfants gravement malades » sur l’île de Lesbos (2).
(Emmanuelle Stroesser)
Tous les articles de notre reportage [Evros, porte de l’Europe]
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(B2) Une patrouille de deux Mirage 2000D du détachement chasse ont décollé de N’Djamena, au Tchad, pour conduire jeudi (13 février) une mission d’appui aérien rapproché (Close air support) au-dessus de la ville de Birao en République centrafricaine (RCA). Un « show of force » destiné à appuyer la MINUSCA (mission des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique), indique l’état-major des armés vendredi. Les casques bleus avaient observé des regroupements de groupes armés à proximité de la ville. L’objectif de ce passage à très basse altitude, souvent impressionnant, était de les dissuader de lancer une offensive.
Cet article Deux Mirage 2000 font un ‘show of force’ à Birao (Centrafrique). Soutien à la MINUSCA est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2, en Grèce) On a plus souvent l’habitude de voir les logos du Haut commissariat aux réfugiés sur les toiles de tente de camps de réfugiés en Afrique. Il a pourtant fallu déployer des moyens en Grèce. En 2016, le HCR a été décisif pour mettre à l’abri des milliers de réfugiés coincés en Grèce du fait de la fermeture des frontières vers les Balkans. Aujourd’hui, le HCR s’apprête à passer le relais de son programme d’hébergement aux autorités grecques. Pas si simple
Une histoire qui date…
Si le HCR a une antenne à Thessalonique, en plus de son bureau à Athènes, ce n’est pas un hasard. Dans cette région nord de la Grèce, Thessalonique a joué un rôle pivot en 2016 au pire moment de ce que l’on appelle encore la « crise des migrants ». Au moins 50 000 réfugiés s’entassaient aux portes de la Macédoine, au dessus de Thessalonique, à la ville frontière d’Eidoméni. Surtout des Syriens et des Irakiens. Aujourd’hui, c’est un autre camp, beaucoup moins important, qui reste sous son regard vigilant. Celui de Diavata, sur la commune périphérique de Delta. D’ailleurs, lorsque B2 l’a rencontré, le chef de l’antenne, Luca Curci, s’apprêtait à aller y voir le maire de la commune, confronté à un sentiment d’insécurité grandissant autour du camps. « On sent que les tensions montent » commente Luca.
Pilote du programme ESTIA
Sur le continent, le HCR s’est surtout attaché à développer depuis 2016 un programme d’hébergement urbain, grâce au soutien financier de l’Union européenne. « Le but est de permettre aux demandeurs d’asile d’avoir un abris, de vivre en sécurité ». En tout, le HCR a réussi à dégoter 25 700 places en appartements. Ces appartements sont disséminés un peu partout, dans des villes, des villages, y compris en Crète. Y ont accès des demandeurs d’asile et des réfugiés « les plus vulnérables » ; une notion sur laquelle le HCR et les autorités grecques ne sont pas toujours raccord nous explique Luca. « Les autorités aimeraient voir moins d’exceptions ».
Et de l’aide mensuelle pour les réfugiés
Le HCR distribue aussi de « l’argent de poche » aux demandeurs d’asile « pour qu’ils puissent se débrouiller au quotidien ». Ceux qui obtiennent le statut de réfugié continuent à le percevoir encore six mois. Rien qu’en décembre 2019, le HCR a fourni une aide en espèces à plus de 90 500 personnes, pour un montant de 8,7 millions d’euros. Depuis avril 2017, date de lancement de ce programme d’aide en espèces, 160 000 personnes en ont bénéficié, comme Sharifi (lire article à suivre).
Tensions autour du droit d’asile
Luca Curci n’hésite pas à parler de durcissement de la politique d’asile du nouveau gouvernement. Le droit d’asile a été réformé l’automne dernier. Les nouvelles règles sont entrées en application au 1er janvier 2020. Tout n’est pas encore calé ni très clair. En témoigne le fait qu’il n’a toujours pas pu rencontrer la chef du service asile de la région, « car ils ont encore des incertitudes » glisse-t-il. Le HCR a lui des réserves…
Il y a priorité et priorité
Par exemple, « le gouvernement veut pousser l’examen en priorité des demandes d’asile manifestement infondées ». Autrement dit, celles de personnes venant de pays dits « sûrs »(2) « qui ne produisent à priori pas de réfugiés », en retardant d’autant donc l’examen de ceux déjà en attente depuis longtemps. « On aurait préféré que cette procédure accélérée s’adresse aux cas manifestement fondés, autrement dit qui ont manifestement un besoin solide de protection » résume Luca.
Tensions politiques
Le HCR est également critique sur le fait que les nouveaux demandeurs d’asile ne puissent plus avoir de numéro de sécurité sociale. « Sans numéro, ils ne peuvent pas avoir accès à l’assistance médicale. Cela empêche des enfants de se faire vacciner. Or sans vaccination, pas d’inscription à l’école ». Si le HCR multiplie les « plaidoyers », ils n’ont pas l’heur de faire bouger les choses. Même la visite du Haut commissaire Philippo Grandi en novembre dernier n’y a rien fait. Au contraire même. Le HCR a depuis des problèmes à dérouler des projets comme celui de tuteur pour les mineurs non accompagnés.
(Emmanuelle Stroesser)
252 millions d’euros de fonds européens
En 2019, le HCR en Grèce avait un budget de 264,4 millions $ US. Montant largement financé par l’Union européenne (252 millions d’euros). Il sert à financer les programmes d’hébergement et d’assistance en espèces de l’ESTIA, ainsi que la gestion de Kara Tepe et de la phase 2 (deux accueils dans l’ile de Lesbos), plus une série d’activités de protection ciblées principalement pour aider à construire accroître la capacité des services gouvernementaux.
Cet article [Evros, porte de l’Europe 6] Le HCR, gardien du droit d’asile, en position d’équilibre est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2, à Athènes) Le bureau européen d’appui en matière d’asile, plus connu sous l’acronyme d’EASO, va doubler de volume en Grèce
EASO a posé ses valises la première fois en Grèce il y a cinq ans. Le bureau européen aidait à la relocalisation de réfugiés bloqués en Grèce dans d’autres États membres. Il ne comptait alors que quelques agents. Ils sont 500 aujourd’hui. Ils devraient atteindre le millier d’ici à la fin 2020 (1). C’est l’objectif sur lequel s’engage l’agence qui vient de signer un ‘hosting agreement’ avec les autorités grecques (cf. encadré).
Dimitrios Pagidas, Chef du secteur Grèce de l’EASO (© B2/ES)Des interprètes
Une grande partie de ces agents sont des interprètes. C’est ce que nous explique Dimitrios Pagidas, chef du secteur Grèce de l’EASO, dans ses bureaux à Athènes. Ils sont essentiels pour recueillir les récits des demandeurs d’asile. C’est à cette étape qu’intervient le plus souvent EASO. Une fois que les demandeurs d’asile ont été enregistrés par les autorités grecques et Frontex. Les équipes fixes d’EASO sont surtout sur les îles, aucune n’est à Athènes. Quelques unes en région, notamment à Thessalonique, au nord de la Grèce. S’ajoutent deux équipes mobiles, à Athènes et à Thessalonique. Elles vont de camp en camp pour informer les demandeurs d’asile sur leurs droits.
Et des ‘interviewers’
L’étape du recueil du récit de la personne est déterminante. Ce récit doit justifier que la Grèce accorde — ou non — le statut de réfugié. Ce sont les assistants sociaux d’EASO qui font ces entretiens, assistés d’interprètes. « En 2019, nous en avons réalisé 10 000 » dénombre Dimitrios Pagidas. Trois fois moins que le nombre de dossiers que le bureau a aidé à enregistrer. « Parce qu’il est difficile de réaliser plus de deux entretiens par jour [par personne]. On doit se concentrer sur le cas de la personne, sa situation, son parcours ».
Un appui déterminant mais pas décisif
La décision d’accorder ou de refuser le statut de réfugié reste en revanche du ressort des autorités grecques. EASO ne fait qu’émettre un avis. Même si cet avis est suivi « dans la plupart des cas ».
Accélérer les instructions
« Plus il y aura d’agents, plus l’instruction des demandes d’asile pourra s’accélérer » assure D. Pagidas. Ravi d’annoncer que « le service d’asile grec augmente également ses effectifs. Ce qui va permettre d’augmenter de manière significative le nombre d’entretiens pouvant avoir lieu, à la fois sur les îles et le continent. » Si cet effort n’a pas été décidé plus tôt, c’est parce que les budgets étaient limités, explique-t-il.
Agrandir les locaux
Il faut aussi des locaux adéquats. C’est ce qui pousse l’agence à déménager ses équipes en dehors du hotspot de Lesbos. Entassées elles aussi dans des containers, les équipes n’ont pas la place de faire plus de vingt entretiens par jour. « Si nous déménageons dans de vrais bureaux, à l’extérieur du hotspot, nous seront plus productifs » assure D. Pagidas.
Faible mobilisation des États membres
Les agents qui travaillent pour EASO sont plus souvent des locaux recrutés et formés de façon intensive (en deux trois mois) que des experts mis à disposition par les États membres. Ces derniers se font tirer le pantalon. Ils ne représentent qu’à peine 12% du staff. La directrice exécutive d’EASO, Nina Gregori, l’a rappelé lors de sa venue à Athènes, fin janvier. « Les États membres ont aussi nombre de cas en attente et donc les conseillers expérimentés sont précieux chez eux aussi ! » excuse D. Pagidas. Il explique surtout que le bureau a besoin de personnes « pour un an et pas deux mois ». Ce qui complique encore la tâche de recrutement.
Conseils avisés
Le rôle de l’agence, c’est aussi d’épauler le pays dans la consolidation de son service d’asile. C’est ce qu’EASO a cherché à faire en aiguillant les autorités grecques sur les expériences d’autres pays européens dans la façon de traiter les mineurs non accompagnés. Un grave problème en Grèce mais sur lequel nous n’avons pas eu le temps d’enquêter.
Mais à l’abri de regards extérieurs
Car il n’est pas non plus facile de rencontrer les équipes qui travaillent dans ces camps. « Si à Lesbos, l’EASO dispose d’installations en dehors (du camp) de la Moria où nous réalisons des entretiens dans des locaux sûrs et confortables, nous sommes très prudents avec l’accès à la presse afin de respecter l’état souvent vulnérable et sensible des candidats, comme vous pouvez le comprendre. »
(Emmanuelle Stroesser)
La Grèce et EASO officialisent leur relation
Georgios Koumoutsakos, ministre adjoint à la migration et l’asile, et Nina Gregori, directrice exécutive d’EASO, le 28 janvier 2020 (© B2/ES)Mardi 28 janvier, dans les locaux de la représentation européenne à Athènes, sur un grand bureau verni, deux exemplaires d’un accord attendent leurs paraphes. Il ne manque plus que le drapeau grec ‘de table’ pour que la photo soit parfaite. Le ministre grec adjoint de la migration et de l’asile, Georgios Koumoutsakos, vient d’arriver. Il salue Nina Gregori, la directrice exécutive du Bureau européen pour l’appui en matière d’asile (EASO). Elle s’est déplacée de Malte, siège de l’EASO, pour signer ce ‘Hosting agreement’ avec les autorités grecques. « Nous en avons signé avec Chypre, l’Italie, Malte » énumère-t-elle. Cet accord « sécurise juridiquement » les interventions du Bureau. Cette formalité est nécessaire puisque le Bureau sait qu’il doit encore rester au moins cinq ans en Grèce.
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(B2) Les citoyens de l’Alliance atlantique ont une vision généralement positive de l’organisation, dévoile le sondage réalisé par le Pew Research Insitute*, publié mardi (11 février). Mais il montre également que leur attachement à la défense collective est très bancal. Voire inexistant, si ce n’est envers les États-Unis. Détails
Les résultats du sondage proviennent d’une enquête conduite dans 19 pays, dont 16 États membres de l’OTAN, la Suède, la Russie et l’Ukraine, auprès de 21 029 personnes à l’été 2019.
Une vision largement positive de l’Alliance
Globalement, l’Alliance est vue « favorablement » par l’opinion publique de ses États membres. Un sentiment partagé autant en Europe que de l’autre côté de l’Atlantique.
Parmi les membres, la Turquie fait néanmoins ‘tache’, avec seulement 21% de l’opinion publique favorable à l’Alliance. La Grèce et la Bulgarie se situent également dans le bas du panier (respectivement 37% et 42%). De l’autre côté du spectre, on retrouve la Pologne et la Lituanie, qui comptent largement sur l’OTAN pour leur défense, et où elle est particulièrement soutenue. En Pologne, c’est 82% de l’opinion qui l’accueille favorablement et 77% en Lituanie. L’opinion reste majoritairement positive aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Italie et en Allemagne, alors qu’elle baissent sous 50 % en République tchèque, en Slovaquie, en France, en Espagne, en Hongrie et en Bulgarie.
Parmi les États non-membres, le bilan est plus mitigé. Alors que la Suède et l’Ukraine soutiennent l’Alliance, respectivement à 63% et 53%, ce n’est pas le cas en Russie. De manière peu surprenante, seuls 16% partagent cette opinion, offrant le pourcentage le plus bas, et 60% de l’opinion s’est dit défavorable à l’organisation.
Les États-Unis pour défendre l’Alliance
Dans le cas d’une attaque potentielle de la Russie sur un Allié, les opinions publiques au sein de l’OTAN s’en remettent largement aux États-Unis pour les défendre.
L’opinion publique croit majoritairement que les États-Unis « viendraient » défendre leurs Alliés par la force militaire. Alors qu’au contraire, ils sont une majorité à penser que leur pays, ne « devrait » pas le faire, faisant ainsi reposer toute la responsabilité de la défense des Alliés sur les États-Unis.
Parmi les opinions qui comptent le moins sur les États-Unis, on trouve la Hongrie (39%), la République tchèque (41%), la Turquie (46%) et la Pologne (47%). Alors que dans les autres pays, l’opinion publique est majoritairement certaine qu’ils interviendraient, notamment en Italie (75%), au Royaume-Uni (73%) et en Espagne (72%).
Une aversion à répondre aux obligations de l’article 5 du Traité
Dans 11 des 16 pays membres de l’OTAN interrogés, l’opinion publique pense qu’ils ne devraient pas utiliser la force pour défendre un Allié face à la Russie. C’est une claque que prend l’article 5 de Traité de l’Atlantique nord, qui promet une défense collective en cas d’attaque sur l’un des Allié.
Très peu sont ceux qui pensent que leur pays « devrait » également intervenir pour défendre ses Alliés. Les plus réticents sont notamment ceux qui pensent largement majoritairement que les États-Unis, eux, interviendraient, comme les Italiens (25%) et les Grecs (25%). Mais également les Bulgares (12%), les Turcs (32%), les Slovaques (32%), les Hongrois (33%), les Allemands (34%), et les Tchèques (36%). Alors que dans certains États la culture d’entraide militaire est plus présente : au Canada (56%), au Royaume-Uni (55%), aux Pays-Bas (64%), en Lituanie (41%) l’opinion publique pensent majoritairement que leur pays devrait intervenir.
L’opinion est néanmoins plus partagée en France, en Espagne et en Pologne.
La volonté d’entraide a baissé, remarque le Pew Research Institute. Par exemple, presque la moitié de l’opinion publique disait être prête à s’engager sur l’article 5 en Italie en 2015, contre 25% en 2019. De même, la volonté a baissé en Pologne (-8 points de pourcentage), en Espagne (-7) et en France (-6). Alors qu’il a augmenté au Royaume-Uni (+6).
L’utilisation de la force nécessaire pour maintenir l’ordre dans le monde
Parmi les membres de l’Alliance, l’utilisation de la force militaire pour maintenir l’ordre dans le monde demeure majoritairement vue comme une option. Seule la Bulgarie se distingue clairement du lot, en n’approuvant la force militaire dans ce cadre qu’à seulement 38%. L’Allemagne (47%) et la Lituanie (48%) se situent également en dessous de la majorité. Les plus favorables sont également les opinions des grandes puissances militaires : les États-Unis (78%), le Canada (71%), le Royaume-Uni (71%), la Turquie (71%), les Pays-Bas (69%) et la France (64%).
(Aurélie Pugnet)
*Le Pew Research Center est un Centre de recherche basé à Washington, indépendant, qui conduit des sondages sur différents sujets.
Télécharger le rapport
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(B2) Les structures européennes se sont trouvées un nouveau mot à ruminer : la cohérence
Les Européens sont-ils prêts à agir de façon aussi cohérente que cette équipe néerlandaise de tir de mortiers intégrée dans un exercice multinational des chasseurs alpins (27e BIM) (© NGV / B2)C’est un des mots mis en débat à la Commission européenne mardi (11 février). Josep Borrell, le Haut représentant l’a d’ailleurs proclamé haut et fort face à la presse (lire : Politique de défense. La cohérence, à la Commission et ailleurs, c’est moi ! (Josep Borrell)). Les ministres de la Défense de l’UE en avaient également discuté en décembre dernier.
La cohérence nouveau karma européen
La défense européenne adore ces mots clés qu’elle adule pendant quelques mois ou quelques années et répète à satiété. Puis ils disparaissent sans lendemain, comme par inadvertance. Nous avons eu ainsi : la ‘global approach’ (approche globale) puis l’integrated approach’, le ‘pooling and sharing‘ (partage et mutualisation), la ‘global strategy‘ et aujourd’hui… la cohérence, avant le prochain qui va faire son apparition d’ici quelques mois : la ‘boussole stratégique’ (strategic compass). Le principe est, semble-t-il, de trouver un mot le plus abscons possible pour y mettre ce qu’on veut. Mais ce mot a cependant une signification assez précise.
Que signifie la cohérence ?
Sous ce terme, on désire agencer les différentes initiatives prises ces derniers mois : la coopération structurée permanente (PESCO), le fonds européen de la défense (FEDef), la revue annuelle de défense (CARD)… avec les initiatives anciennes (plan de capacité de défense, QG opérationnel). Non pas qu’elles ne soient pas utiles chacune, mais afin de les rendre mieux enclenchées les unes aux autres. Il s’agit de mieux les séquencer dans le temps, tel un engrenage. Un travail qui peut paraitre bureaucratique. Mais où se cachent aussi des enjeux concrets, philosophiques, économiques et géopolitiques.
Derrière un mot de vrais enjeux ?
1. Une politique intergouvernementale ou communautaire ?
Premier enjeu : qui pilote le dispositif de défense au niveau européen : les États membres ou les institutions communautaires ? Une question qui ne se posait pas vraiment il y a vingt ans. La réponse était invariablement : les États membres. Au mieux, les institutions européennes sont là en soutien sur quelques techniques, de financement ou de coordination. Aujourd’hui, avec l’arrivée du Fonds européen de défense et l’intervention du budget communautaire, la question mérite d’être reposée et la réponse n’est plus aussi tranchée que par le passé. Les États membres, bien sûr, sont les pilotes du dispositif. Mais la Commission européenne (et le Parlement européen, la Cour de justice de l’UE, la Cour des comptes…) veulent aussi avoir leur mot à dire… De purement intergouvernementale, la politique européenne de défense devient mixte. Comme le dit Josep Borrell : « L’essentiel de la coopération en matière de défense appartient au domaine intergouvernemental » (je souligne essentiel). On remplace en fait le bon vieux moteur diesel par un moteur hybride, plus subtil. Peut-être plus performant à terme mais plus complexe à gérer aujourd’hui.
2. Le haut représentant ou le commissaire ?
À cette question philosophique se greffe une question institutionnelle ou administrative : qui pilote le dispositif au niveau européen ? Le Haut représentant (Josep Borrell) — qui a en charge les relations extérieures et est le chef de l’Agence européenne de défense — ou le commissaire chargé du portfolio ‘défense’ (Thierry Breton) — qui a à sa disposition la toute nouvelle direction générale de la Défense de la Commission européenne ? La réponse semble bien tranchée depuis hier. C’est le Haut représentant de l’UE qui est le commandant à bord. Et si vous aviez un doute, l’Espagnol le dit lui-même : « En tant que Haut représentant, j’ai un rôle important pour garantir la cohérence entre les instruments de la Commission européenne et les politiques intergouvernementales ». B2 en a eu confirmation de façon directe auprès d’un diplomate bien introduit : « C’est évident que c’est au haut représentant de coordonner » la politique.
3. Un Fonds défense, réparti à parts égales, ou centrés sur la résorption des lacunes ?
Troisième enjeu : à quels objectifs doit répondre le Fonds européen de défense ? Une question très concrète et qui a des conséquences très précises au niveau industriel et économique. Plus précisément, doit-on répartir la manne financière dont dispose la Commission européenne de façon plus ou moins proportionnée entre les États membres, de façon à préserver, voire encourager une présence industrielle dans tous les pays. C’est un objectif industriel dont sont assez friands nombre de pays, qui n’ont pas ou peu d’industrie de défense. Ou doit-on ne financer que des projets stratégiques, sélectionnés sur le volet, car ils remplissent des lacunes capacitaires ? Dans cette hypothèse, quelles lacunes capacitaires doivent en premier être comblées : celles déterminées par le plan de développement des capacités de l’UE, visant à répondre à ses propres opérations de gestion de crises ; celles déterminées par l’Alliance euro-atlantique qui a un objectif principal : la défense territoriale du continent européen. La question officiellement est tranchée : le Fonds européen de défense répond aux priorités définies dans le plan de développement de capacité fixé par les États membres. Mais le diable se cache dans les détails. Et il existe une pression intense de plusieurs États membres pour ne pas avoir un Fonds centré sur quelques priorités, mais réparties sur un ensemble de priorités.
4. Une Europe au service de l’OTAN ou l’inverse ?
Derrière cette répartition des fonds se glisse un autre enjeu aux contours plus géopolitiques. Qui a la maîtrise du ciel européen : les Européens ou les Euro-Atlantiques ? En clair doit-on revoir (ou compléter) les accords de Berlin Plus — par lequel l’Alliance mettait à disposition des timides Européens ses infrastructures de commandement militaires — en ajoutant un addendum où l’Union européenne met ses compétences financières et législatives à disposition des objectifs de l’Alliance. Le débat ne fait que commencer. Mais d’ores-et-déjà on peut constater que le déblocage d’une ligne budgétaire dans le cadre budgétaire futur (MFF 2021-2027) pour la ‘mobilité militaire’ correspond strictement à un objectif de l’OTAN — la défense territoriale — qui sert effectivement le continent européen mais dans son cadre plus euro-atlantique que de politique européenne. De même, un ou deux financements européens sont venus épauler des projets de l’Alliance (déminage en Bosnie-Herzégovine). Un test très concret du rapprochement UE-OTAN qui est en train de s’opérer.
La cohérence n’est donc pas seulement un ‘petit’ mot. Est-il suffisant ? L’Europe est-elle si cohérente qu’elle veut bien le dire ? À suivre…
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2, en Grèce) Certains demandeurs d’asile en Grèce prennent aujourd’hui rendez-vous pour 2025 avec un officier du service national d’asile ! Ce délai délirant est à l’image d’une situation qui peine à se stabiliser. Le parcours des demandeurs d’asile en Grèce reste très laborieux
« Le système national d’asile grec a longtemps été bien en deçà des standards. Cela a pris plusieurs années pour construire un système d’asile en ligne avec les standards européens », indique un acteur de ce chantier. Les progrès sont notables depuis 2015. Aujourd’hui, le dispositif reste malgré tout sous-dimensionné face aux besoins.
Embolie sur les îles
Un contrôle d’identité de migrants à Athènes (© B2/ES)Ces derniers mois, la situation dans les cinq îles principales de la mer Egée a de nouveau fait la une des médias en Grèce. Avec elle, des images d’enfants vivant sans abris. De familles affrontant l’hiver dans le dénuement. Le dispositif d’accueil n’est pas engorgé. Il implose (1). Cela a provoqué des manifestations ces dernières semaines. D’habitants d’un côté. Avec des slogans parfois violents. « We want our Islands and our lives back ». Début février, ce sont les demandeurs d’asile qui à leur tour ont brandi des pancartes pour réclamer un traitement digne. Tandis que sur le continent, à Athènes, les contrôles des migrants sont réguliers.
L’effet pervers de l’accord UE-Turquie
Tag sur un mur de Thessalonique (© B2/ES)En fait, le parcours des réfugiés et demandeurs d’asile s’est compliqué depuis l’accord UE-Turquie, le pacte migratoire opérationnel depuis le 20 mars 2016. Sur les îles, les demandeurs d’asile sont en effet bloqués le temps de l’examen de leur situation. Ils doivent y rester jusqu’à ce qu’ils aient ‘l’interview’. Or, « les hotspots ont été construits pour un nombre beaucoup plus restreint de candidats à recevoir ». Alors que des réfugiés sont coincés ici, d’autres débarquent régulièrement. À raison de dizaine de nouvelles arrivées sur les îles par mois, la pression n’a pas le temps de descendre.
Durée d’examen extensible
La durée d’examen d’une demande d’asile peut prendre des années. Le ministre de la protection des citoyens, Michalis Chrisochoidis, le disait dans l’enceinte de la commission des Libertés publiques du Parlement européen, en novembre dernier : « Il faut attendre trois mois pour obtenir son premier rendez-vous de demande d’asile ». À ce délai initial déjà long, s’ajoutent les délais de recours éventuels. Cela provoque l’engorgement constaté aujourd’hui sur les îles. Il n’y a pas assez d’agents pour recueillir et traiter les témoignages. Tout le monde doit attendre. Et certains vivre à ciel ouvert.
La nouvelle loi asile
Avant l’année 2020, les personnes vulnérables, comme les femmes enceintes ou les personnes malades, étaient prioritaires pour rejoindre le continent. Cela a changé avec la loi de réforme du système d’asile grec adoptée cet automne 2019. Depuis le 1er janvier, « l’esprit de la loi est que tout le monde devrait être interviewé sur l’île et après seulement sera transféré sur le continent si elle rentre dans les catégories prioritaires » nous explique un expert.
Les retards du continent
Sur le continent, le parcours des réfugiés et demandeurs d’asile n’est pas forcément plus rapide. Car les demandeurs d’asile qui arrivent par la frontière terrestre doivent remplir une étape supplémentaire et préalable, en s’enregistrant via une plateforme web. Cette étape de pré-enregistrement conditionne l’octroi d’un premier rendez-vous. Cela peut prendre des mois…
Des hébergements plutôt que des containers ?
Des containers du camps d’Athènes (© B2/ES)L’hébergement des demandeurs d’asile est le gros problème. En fait, la Grèce n’a jamais été pourvue d’un dispositif d’accueil des demandeurs d’asile adapté aux besoins. En 2016, au pic des arrivées et alors que la route des Balkans se fermaient à la frontière de la Macédoine du Nord, un camp de fortune a grossi, grossi, jusqu’à ce que les images effrayantes de ces personnes s’enfonçant dans les torrents de boue, forcent au démantèlement du camp par les autorités grecques. Avec l’appui d’autres états membres, comme la France, pour relocaliser des réfugiés. Les réfugiés ont été répartis dans des camps disséminés dans le nord de la Grèce, souvent des bases militaires désaffectées.
Des hébergements à construire
Le programme ESTIA est mené par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) depuis 2016. Il a permis de mobiliser près de 25 000 places dans des appartements loués dans différents villes et communes sur le continent, voire même en Crète. Elles sont toutes occupées. Le gouvernement annonce l’ouverture de 20 000 places supplémentaires. Mais ces projets butent sur la grogne d’élus locaux et d’une partie de la population. « Beaucoup disent ne pas être consultés ni associés à ces projets, tandis qu’ils pensent en avoir déjà assez fait pour l’accueil de réfugiés. La question de la redistribution interne est à l’image de celle entre les États membres de l’Union européenne. Tout le monde dit pourquoi chez moi ? », indique un diplomate.
Virage politique
Des tags à Thessalonique (© B2/ES)Le climat politique n’est pas étranger à cette levée de boucliers. De l’avis de tous les interlocuteurs rencontrés, ce climat a changé avec le nouveau gouvernement de droite de Kyriákos Mitsotákis, qui a succédé à celui d’Alexis Tsipras, le leader du parti de gauche Syriza, en juillet dernier. « La question des migrants n’a pas été au centre des débats politiques jusque là, même dans la campagne de cet été. Mais la situation change, avec une réthorique plus dure », glisse un observateur politique aguerri. La réforme de l’asile (International Protection Act) visant a accélérer les procédures fait tousser bien des défenseurs du droit d’asile. Les organisations engagées dans l’accueil des réfugiés ont la critique encore discrète. À l’opposé d’organisations comme MSF qui dénonce ouvertement les reculs des droits fondamentaux. Notamment sur l’accès aux soins des plus fragiles (lire article séparé).
(Emmanuelle Stroesser)
Parcours du demandeur d’asile
Sitôt arrivé en Grèce, le demandeur d’asile doit se faire enregistrer dans un ‘reception service‘, le Service de réception et d’identification (RIS). La police et Frontex recueillent son identité. Il faut ensuite se faire enregistrer par le service d’asile qui s’informe du pays, de la langue qu’il souhaite parler pour la suite de ses démarches, des papiers dont il dispose. Sans cette ‘registration‘, impossible d’obtenir un rendez-vous pour déposer sa demande d’asile. Le rendez-vous est fixé par le service d’asile grec. La date sera plus ou moins lointaine suivant d’autres démarches nécessaires, comme un rendez-vous médical (pour établir un problème de santé). La date donnée dépend souvent de la disponibilité des interprètes, qu’on imagine aisément comme étant indispensables, tout autant que les officiers en charge de recueillir le récit de la personne. L’officier qui recueille le récit instruit le dossier. Il rend un avis, favorable ou défavorable. L’avis définitif est rendu par le service d’asile grec. La personne a le droit de déposer un recours si elle conteste la décision. Si ce recours confirme la décision du service d’asile, la personne est considérée comme débouté. L’accord UE Turquie prévoit qu’elle puisse être renvoyée en Turquie.
Cet article [Evros, porte de l’Europe 4] L’accueil et le traitement des réfugiés sous la pression de l‘accord UE Turquie est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2 – exclusif) L’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia a déjà dans ses attributions un mandat de contrôle de l’embargo sur les armes. Mais ce mandat a été très peu utilisé. Six inspections et deux saisies en trois ans, c’est plutôt faible
L’Union européenne dispose d’un mandat exécutif, avec possibilité d’usage de la force, en vertu d’une résolution des Nations unies (2240 et 2316 notamment).
170 ‘approches amicales’
Si on regarde les différentes données publiques (ONU), confirmées à B2 par d’autres biais (UE), le bilan est limité. De juin 2016 à juin 2019, l’opération a procédé à plus de 2377 ‘hailing’ — vérifications par canal radio d’identité de navires — et conduit 170 approches ‘amicales’ — vérifications effectuées in situ avec le consentement du navire.
Six inspections
Six contrôles ont ainsi été effectués : le 14 septembre 2016, le Med Prodigy, en partance pour Misrata, a été contrôlé. Sans détection. Le Lufy, est soupçonné et ‘hélé’, à plusieurs reprises entre novembre 2016 et mars 2017, mais les Européens se heurtent à un refus ; le navire excipe l’exception de souveraineté au nom du gouvernement libyen (reconnu) de Tripoli.
Et deux saisies
Des saisies d’armes n’ont été effectuées, selon nos informations, qu’à deux reprises sur le même navire, le El Mukhtar, à deux moments différents, les 1er mai et 19 juin 2017. Parti de Misrata pour Benghazi, le El Mukhtar est ainsi contrôlé le 1er mai 2017, par une équipe lituanienne d’abordage appartenant au navire allemand Rhein. À bord du navire, lance-roquettes, mines terrestres… un petit arsenal pas vraiment destiné à assurer la paix, mais surtout destiné à lutter contre Haftar (lire : Des armes à bord d’un navire libyen. Une première saisie pour Sophia).
Encéphalogramme plat depuis juin 2017
Depuis juin 2017, l’encéphalogramme de l’opération européenne, coté ‘contrôle de l’embargo sur les armes’ est plat. Le groupe des experts de l’ONU est formel. L’opération « n’a pas signalé avoir détecté des activités de trafic d’armes dans les eaux internationales ». Depuis juin 2019, c’est pire, plus aucun contrôle n’est effectué, l’opération maritime n’ayant… plus de navire. On est alors plus proche de la comedia dell’arte que de l’opération militaire. Quant à Sea Guardian, l’opération soeur de l’OTAN, elle a peu de navires sur zone, et évite comme la peste de mettre le doigt dans l’engrenage du contrôle de l’embargo sur les armes. Trop gênant…
Un bilan maigre
Ce bilan peu glorieux étonne vu le trafic existant en Méditerranée, où malgré les difficultés de détecter des traces de trafic d’armes, rapport après rapport, les experts de l’ONU documentent des violations régulières de l’embargo, par terre, par air et par mer (bénéficiant des renseignements de plusieurs pays … et de l’opération Sophia).
Une faiblesse congénitale ?
Le contrôle de l’embargo n’a jamais été apprécié comme une tâche primordiale de l’opération que ce soit pour Rome ou le commandant de l’opération ou la Haute représentante de l’époque (F. Mogherini). Cette faiblesse avait d’ailleurs donné lieu à une sévère explication de texte, en 2017, derrière les portes habituellement closes du Comité politique et de sécurité (COPS). L’ambassadeur français de l’époque avait reproché sévèrement à la direction de l’opération d’avoir laissé filer un navire, avec sa cargaison d’armes, voire de fermer quelque peu les yeux (lire : Le gouvernement libyen contourne l’embargo sur les armes. Avec l’assentiment de Sophia ?).
Un contrôle délicat politiquement…
Facile à dire, le contrôle de l’embargo sur les armes vers la Libye est aussi très délicat politiquement. Par nature, la mer étant le seul moyen de ravitaillement (avec les airs) pour le gouvernement de Tripoli, celui-ci pourrait être davantage visé que le gouvernement de Benghazi. En effet, les troupes de Haftar peuvent plus facilement se ravitailler par la voie terrestre, grâce à leur allié égyptien. Ce qui pose effectivement un ‘petit’ problème politique et juridique. Si saisie d’armes, il y a, elle viserait le gouvernement d’union nationale (GNA) libyen — soutenu par la communauté internationale, Européens y compris. De plus, elle mettrait en cause immanquablement la Turquie, allié de l’OTAN. La désignation des auteurs des violations devient alors très délicate. Et la tentation est forte alors de ne pas faire, pour éviter d’être placée dans une situation impossible à tenir.
… et difficile à mener en pratique
Les experts de l’ONU le reconnaissent, la tâche de détecter des armes à bord de navires n’est pas facile. Les armes sont cachées dans des conteneurs avec « de fausses informations » mentionnées sur les documents d’expédition. Il faut alors intervenir de force : « 1) procéder à une inspection physique du chargement complet, 2) recourir à des chiens de détection pour repérer des armes et des explosifs dans un conteneur parmi d’autres et 3) disposer de renseignements suffisamment fiables pour justifier une intervention ».
Une présence navale nécessaire
Commentaire. Un contrôle de l’embargo du contrôle des armes, sans moyen d’agir sur place, est relativement illusoire. On peut surveiller, monitorer, documenter tant qu’on veut, le trafic continue. Tant que les ‘contrevenants’ ne sont pas arrêtés, les armes saisies, cette mesure apparait assez théorique. La présence de navires et de marins aguerris, permettant, au minimum, d’assurer quelques saisies, est un facteur de dissuasion net. Il ne supprime pas l’acheminement des armes, tous les experts le diront, mais il le complique sacrément.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les Européens seuls responsables du contrôle de l’embargo
L’absence européenne est fatale au contrôle de l’embargo. L’opération aéro-navale de l’Union européenne est, en effet, le « seul mécanisme régional agissant en vertu des autorisations » données par le Conseil de sécurité des Nations unies pour vérifier le bon respect de l’embargo sur les armes « dans la partie sud de la Méditerranée centrale », reconnaît le rapport de l’ONU. Aucune autre action au large des côtes libyennes « par les États Membres, agissant à titre national ou dans le cadre d’organisations régionales » n’a été signalé à l’ONU. Autrement dit, les Européens ne peuvent se défausser sur personne d’autre. C’est bien l’Union européenne, et elle seule, qui est en charge de contrôler cet embargo au nom de la communauté internationale.
Lire aussi :
Papier complété à 10h avec un § commentaires sur la présence navale nécessaire
Cet article Embargo sur les armes au large de la Libye. Quel est le bilan de l’opération Sophia ? (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Avec 84.390 demandes d’asile en instance, c’est le système entier d’accueil et de traitement des demandeurs d’asile grec qui sature
La Grèce comptait 84.390 demandes d’asile en instance en juillet 2019. Cela signifie que ces dossiers sont en cours d’examen, ou dans l’attente d’une décision liée à un recours contestant la décision rendue en première instance. Ce « stock » provoque cet effet bouchon sur le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile.
Toujours plus
Fin 2018, ce solde était de 76.330 demandes en instance. Soit une augmentation de 60% par rapport à l’arriéré à la fin de 2017 (47.815 affaires pendantes). Environ quatre demandes sur cinq en seraient encore au stade de la première instance.
Une place pour six
Selon les chiffres officiels, 38.181 réfugiés vivaient dans les centres d’accueil et d’identification (RIC) des cinq îles de Lesvos, Chios, Samos, Leros, Kos, pour une capacité d’accueil de 6178 places. Soit six personnes pour une place. Selon des observateurs, le chiffre dépasserait même 40.000 réfugiés. Dont un tiers d’enfants.
Demandes en hausse
En 2019, ce sont 76.000 demandeurs d’asile qui ont été enregistrés. Le nombre continue d’augmenter depuis 2016.
Afghans et Syriens en tête
(Pays d’origine des réfugiés en Grèce (source HCR) © B2)Les pays d’origine sont essentiellement l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, des pays de l’Afrique sub saharienne, ou le Congo.
(Emmanuelle Stroesser)
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(B2 en Grèce) Georgios Koumoutsakos est ministre adjoint à la migration et l’asile dans le gouvernement de Kyriákos Mitsotákis formé en juillet 2019. Aujourd’hui, il accuse la Turquie de jouer avec les frontières de l’UE…
G. Koumoustakos (© ES/B2)Le nouveau gouvernement illustre le virage à droite de la Grèce, après cinq ans de gouvernement Tsipras (2015-2019). Ancien député européen (2009-2014), Georgios Koumoutsakos a été vice président de la délégation UE Turquie au Parlement européen.
L’accord entre l’UE et la Turquie, signé en 2016, prévoit que la Grèce puisse renvoyer en Turquie tout réfugié n’étant pas autorisé à rester en Grèce. Le nombre de retours est faible (1), comment l’expliquez-vous ?
— Nous avons voté une nouvelle loi sur l’asile. Nous renforçons le personnel (pour l’examen des dossiers de demande d’asile) afin d’avoir des procédures très rapides. Si nous avons des procédures plus rapides, nous aurons la possibilité de retours plus nombreux. Nous avons déjà commencé, mais de l’autre côté, la déclaration commune prévoit des obligations pour la Turquie aussi. Ils doivent éradiquer les réseaux de trafiquants. Ils ne font presque rien en ce qui concerne les réseaux qui sont à côté de la Grèce. Sinon, on ne verrait pas ces gilets de sauvetage et bateaux sur nos côtes…
Le respect de l’accord tient au bon vouloir des Turcs ?
— Les Turcs ont une autre obligation. Ils doivent dissuader l’apparition de nouvelles routes de migration terrestre. Or, là aussi, nous avons un problème entre l’ile de Samothrace (carte) et Alexandropoulis. Ils doivent faire quelque chose. Ils doivent aussi répondre aux questions des autorités grecques. Or, lorsque la police envoie des questions détaillées sur des trafiquants, il n’y a presque jamais de réponse.
La frontière reste donc sous pression ?
— La répétition de déclarations turques disant « on va rouvrir les portes », que l’on a entendu au plus haut niveau du gouvernement turc, même au niveau du président de la République, sont une invitation aux trafiquants et aux migrants de venir aux frontières. Ce qui augmente la pression sur les frontières. Cela certifie en même temps qu’ils contrôlent les flux. Car en disant qu’ils peuvent ouvrir, ils admettent qu’ils contrôlent les flux.
Il y a pourtant cet accord entre l’UE et la Turquie, qui a posé un certain nombre de points en contrepartie de la Facilité accordée à la Turquie pour l’accueil des syriens sur son sol ?
— Nous soutenons pleinement l’application de la déclaration commune.
Au Parlement européen, des députés s’interrogent sur le fait que les autorités grecques n’autorisent pas Frontex à intervenir à la frontière avec la Turquie ? Est-ce exact ? —
— Bien sûr que non. Ce sont les autorités turques qui n’acceptent en aucun cas d’avoir Frontex patrouiller dans leurs eaux territoriales ou sur leur territoire. Nous, ce que nous voulons, c’est renforcer notre coopération avec Frontex. La coopération est essentielle pour nous. Mais les turcs n’accepteront jamais.
Pour quelle raison ?
— C’est une question à poser aux autorités turques.
Le Haut commissariat aux réfugiés exprime des réserves sur cette nouvelle loi sur l’asile (adoptée en juillet 2019 et applicable depuis le 1er janvier). Que lui répondez-vous ?
— Nous avons commencé à appliquer cette réforme. Laissons-la se mettre en œuvre.
Avez-vous l’intention d’agrandir les barbelés aux frontières terrestres ?
— Nous voulons renforcer la frontière terrestre, et la frontière maritime.
Avec des hommes et des barbelés ?
— Avec tous les moyens prévus.
(Emmanuelle Stroesser)
Interview réalisée en face à face, à Athènes, le 28 janvier 2020, à l’issue de la conférence de presse suivant la signature de l’accord entre la Grèce et l’EASO
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(B2 en Grèce) Dans les rues d’Alexandroupolis, dimanche matin, le silence l’emporte. C’est la dernière grande ville avant le poste frontière entre la Grèce et la Turquie. La frontière est encore loin. Elle suit les contours du fleuve Evros, plus connu sous son nom bulgare de Maritza, là où il prend sa source, pour se jeter, 150 km plus bas, dans la mer Egée. Ce sont près d’un réfugié sur trois qui l’ont traversé pour rejoindre l’Europe
Carte de la Thrace (© B2/ES)Au départ d’Alexandroupolis, au Nord-Est de la Grèce, dans la région de la Thrace, la route s’étale et s’étend, déserte. La végétation terne de l’hiver et le ciel bas de ce matin de janvier écrasent les paysages. On cherche à voir le fleuve Evros. C’est la barrière terrestre pour les réfugiés qui tentent de rejoindre l’Europe sans passeport ni visa. La fréquence de ces passages irréguliers varie suivant les époques. Elle reste élevée depuis le bond entre 2017 et 2018 où le nombre de passages terrestres a été multiplié par trois et a franchi la barre des 10.000 (cf. encadré). La route des ‘mainlands’ reste une alternative à celles des îles.
Premier poste frontière, Kipoi
En quittant la grande route, la chemin se resserre. Le fleuve Evros reste, lui, invisible, il fuit. Niché au fond d’une vaste vallée. En revanche, l’enfilade de camions stationnés de part et d’autre d’une barrière séparant un chemin et la grande route que l’on avait délaissé indique que l’on approche du poste frontière de Kipoi. Quelques voitures particulières font la queue devant la guitoune des douaniers grecs. La station dure quelques minutes à peine. Et puis c’est l’autre côté, la Turquie. À quelques dizaines de mètres. Ce n’est pas par là que les réfugiés sans visa passent.
150 km de fleuve
Le fleuve Evros limite frontière entre Grèce et Turquie (© B2/ES)Il faut remonter encore pour trouver le fleuve Evros, à 29 km de Didymoteicho. Pour atteindre la rive, on emprunte le chemin de terre d’un chantier financé par l’Europe pour lutter contre les inondations. L’aboiement d’un chien de la ferme voisine accueille le curieux. Au bout de ce chemin rocailleux, le fleuve apparait enfin.Le passage est effectivement étroit. Aisément franchissable pour qui sait nager. L’accès aux deux rives a été patiné par les passages. Sur la rive opposée, un bateau dégonflé sèche aux branches décharnées d’un arbre.
Sur la rive grecque, des habits restent au sol. Quelques emballages de nourriture aussi. « Les gens nagent pour rejoindre la rive » nous a-t-on expliqué. À d’autres endroits, les migrants empruntent des petites embarcations. Certains se noient, se font emporter par le courant, témoigne le CICR (Comité international de la Croix-rouge) qui assiste les familles dans la recherche de leur parent disparu peut être là…
Ce sont les passeurs qui décident
Un bateau pneumatique échoué sur le fleuve (© B2/ES)Dans la ville de Didymoteicho, on explique que les migrants ne restent pas ici. « Ils demandent le poste de police s’ils ne se sont pas déjà fait arrêter ». Aller au poste de police pour se faire enregistrer et envoyer vers un hébergement, « c’est la recommandation qu’ils reçoivent des passeurs » confirment tous les interlocuteurs. À la frontière terrestre, ce sont les passeurs qui décident du timing. Un officiel confirme : « c’est en effet paradoxal. Mais on a tous en tête l’histoire de réfugiés qui demandent à la police de les arrêter pour qu’ils puissent se faire enregistrer ».
Se faire arrêter
C’est comme cela qu’à Thessalonique, à près de trois heures de route de là, on a noté l’an dernier « une hausse importante de gens ayant franchi la frontière terrestre sans se faire interceptés par la police ». Dès lors « ils arrivent à Thessalonique, la ville principale de la région, pour se faire enregistrer comme demandeur d’asile. Et pour cela, soit ils vont au camps de Diavata proche de la ville, soit ils se font arrêter par la police en ville ». C’est ce qu’explique le responsable d’une grande organisation internationale.
Plans de route
Certains réfugiés ont des plans de route très détaillés raconte un observateur. Il se souvient de celui d’un réfugié Afghan, les plus nombreux à traverser, avec les Syriens et les Irakiens. « Il avait noté sur un papier toutes les instructions du passeur : du départ de son village en Afghanistan jusqu’à sa destination en Allemagne, il avait le détail ville par ville, cela commençait en Iran, avec le nom de la personne à aller voir, etc. ». Il n’existe visiblement pas une seule route, mais plusieurs. Les tarifs changent selon ces routes, proportionnels aux risques de se faire intercepter. Malgré une présence militaire renforcée à la frontière, les mouvements continuent, « c’est assez surprenant d’ailleurs » glisse un diplomate.
L’homme, cette marchandise aux mains des passeurs
Sans passeur, on ne passe pas. Et… sans la complicité de garde-frontières, nous indiquent plusieurs interlocuteurs bien informés. Pour ces passeurs, la fermeture des frontières vers les Balkans et l’accord signé entre l’Union européenne et la Turquie en mars 2016 a même été une aubaine. « Les migrants empruntent la même route qu’avant, à la différence qu’elle est devenue payante depuis 2016 ». Des réfugiés évoquent le prix de trois mille dollars, le prix à payer pour passer rapportent des humanitaires qui ont recueilli maints témoignages. Les passeurs jouent avec les menaces d’ouverture des vannes d’Erdoğan. Ces menaces « sont restées des menaces » assure un diplomate, « mais on constate que certains jours, au lieu de dix entrées par jour, ce sont une centaine ».
Panneaux des douanes entre la Grèce et la Turquie (© B2/ES)Au Nord-Est, voie sans issue à Kastanies
Il existe un deuxième point de passage terrestre officiel entre la Grèce et la Turquie. À l’extrémité nord de la région Thrace. En remontant d’Orestadia, le long de la grande route, sur la droite, on aperçoit la silhouette de la grande Mosquée de la ville turque de Edirne. La route se fait plus étroite à mesure que l’on se rapproche du village de ‘Kastanies’. Au bout de sa rue bordée de petits bistrots, les barbelés indiquent qu’on ne peut continuer, sauf à passer la douane. Sésame pour accéder à la boutique duty free qui nargue de l’autre côté. Côté grec, un long grillage et des fils de barbelés ont été posés dans les parkings et jardins des maisons qui jouxtent le poste de douane. Des chemins mènent toujours au fleuve Evros. La rive semble même être un endroit de plaisance aux beaux jours. Il faut remonter le fleuve pour rejoindre la Turquie. Là encore, des restes de vêtements.
Mur et barbelés à Kastanies (© B2/ES)Les failles du ‘mur’
C’est sur ces routes qui reviennent de Turquie que la présence policière grecque est manifeste. Des patrouilles mobiles n’hésitent pas à intercepter les voitures et camionnettes. La plaque française nous évite au dernier moment d’être contrôlés. Des jeeps militaires passent aussi. Omniprésentes nous dit-on. D’ailleurs, dans la région, plusieurs casernes ont servi à l’accueil de réfugiés dans les années 2011/2012.
Coopération impossible
Ce ne sont pas les contrôles côté grec qui empêcheront les réfugiés de passer, mais bien le travail côté turque. Or c’est là où le bas blesse selon le ministre grec de la migration et de l’asile (lire article séparé). L’appui de Frontex pour la gestion extérieure des frontières de l’Europe parait limité aux desiderata turcs. Quant à en savoir plus sur les renforts effectifs de Frontex, la question semble secret d’état. « Notre présence à la frontière terrestre grecque est très limitée et les officiers déployés par Frontex ne sont pas autorisés à accorder des entretiens. Vous devrez également demander des autorisations pour toute activité médiatique aux autorités grecques, car nous opérons sous l’autorité du pays hôte » nous avait prévenu le service de presse. L’accord des autorités grecques ne nous a pas non plus été accordé.
(Emmanuelle Stroesser)
Une entrée sur trois
La Grèce a enregistré 36.310 entrées en 2017 et 50.508 en 2018. Cette augmentation de 34 % est due au regain des « passages terrestres de la Turquie vers la Grèce », de l’ordre de 18.014 selon les autorités grecques. Le nombre est resté élevé en 2019. En septembre 2019, Frontex recensait déjà 10.000 entrées irrégulières sur les six premiers mois de l’année.
[Evros, porte de l’Europe]
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