(BRUXELLES2 *) Passé le choc du référendum, l’Europe tente de s’organiser, pour préparer au mieux le divorce avec le Royaume-Uni. Seul hic, le Premier ministre britannique n’a toujours pas notifié officiellement son départ de la maison européenne. L’inquiétude est grande
Entre canapé et garage
L’Europe avec le Royaume-Uni, c’est un peu comme une maisonnée, face à un enfant insupportable, qui a décidé de ne plus subir les corvées du quotidien familial, annonce haut et fort qu’il claque la porte, avec quelques insultes au passage, mais au dernier moment se ravise, se dandine, et reste… sans dire dans combien de temps il partira. Alors on s’organise… entre canapé et garage. C’est un peu dans cet esprit que les 27 Chefs d’Etats et de Gouvernement vont se retrouver avec leur alter ego britannique, David Cameron, aujourd’hui et demain, pour essayer de trouver un modus vivendi à 28 ou à 27 pour les mois à venir…
Grosse inquiétude du sommet
Le sommet européen qui se tient à Bruxelles va ainsi s’organiser en deux parties bien distinctes. Tout d’abord, a lieu ce mardi, une discussion à 28 sur les principaux enjeux du moment. Migrations, marché unique, situation en Libye, stratégie de sécurité de l’Union européenne, les sujets ne manquent pas, importants. Mais on ne peut pas dire qu’ils suscitent grand intérêt. Le lendemain, mercredi, doit avoir lieu une discussion, à 27… sans le Royaume-Uni. Un format exceptionnel amené à se reproduire. Il s’agit, a confié un haut diplomate européen, de discuter du « futur » de voir comment « s’organiser » mais surtout d’envoyer un message, urbi et orbi. Les 27 sont décidés à continuer l’aventure européenne, plus que jamais. Entre les deux, il y aura eu un diner, ce mardi soir. Organisé, en format « chefs seuls », sans autre témoin que les scrutateurs du Conseil européen et les huissiers, il promet d’être épique. Le Premier ministre David Cameron est, en effet, attendu de pied ferme par quelques uns de ses collègues. Il va devoir « expliquer » la situation au Royaume-Uni. « Une situation extrêmement confuse et instable » juge des représentants d’Etats membres.
On attend Cameron de pied ferme
Chacun attend en effet que le gouvernement britannique signifie officiellement son désir de quitter l’Union européenne. Le résultat du référendum est pourtant clair et ne laisse planer aucune équivoque. Mais d’un point de vue juridique, et politique, David Cameron doit déclencher ce qu’on appelle la procédure de l’article 50. C’est cette « notification » officielle qui déclenche tout un processus de négociation permettant à terme le processus de sortie du Royaume-Uni. Une « négociation qui promet d’être longue, complexe et difficile » souligne un diplomate européen.
Un futur statut d’Etat tiers quelque part entre la Norvège et la … Corée du Nord
Il faut détricoter en douceur tous les liens, étroits, qui unissent l’ile britannique au continent, sans léser personne mais aussi sans donner d’avantages outranciers à celui qui sorte. A terme, le Royaume-Uni sera un « état tiers » associé à l’Union européenne. « Nous avons beaucoup de modèles en matière de relations extérieure — ironise un diplomate — cela va de la Norvège (très étroitement associée au marché européen) à la Corée du nord (qui est l’objet de sanctions) en passant par la Suisse, la Turquie, les pays des Balkans, etc. ».
Le Royaume-Uni s’efface
Le drapeau britannique flotte toujours à Bruxelles au siège de l’Union européenne. Mais les premiers signes de l’effacement du Royaume ont déjà commencé. Le commissaire britannique, représentant du Royaume à la Commission européenne, Jonathan Hill, chargé des services financiers, a déjà annoncé sa démission. C’est le Lituanien Valdis Dombrovskis qui assure l’intérim en attendant un hypothétique successeur. Toutes les autres nominations de Britanniques à haut niveau sont remisées. Le Royaume-Uni qui devait assurer d’ici un an, au 2e semestre 2017 la présidence de l’Union européenne, pourrait passer son tour (lire : La présidence britannique en 2017 c’est fini ?). Ce devrait un petit pays balte, l’Estonie qui reprendra le flambeau. Et, de façon plus concrète, l’Autorité bancaire européenne, institution européenne installée à Londres, pourrait rejoindre Paris … ou Francfort. Les cartons de déménagement se préparent…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(BRUXELLES2) Une « relance » de la défense européenne après le Brexit est dans toutes les têtes. Et les titres fleurissent bon comme le muguet en mai. Mais à vrai dire, cette relance est, pour l’instant, encore limitée. Ou du moins il ne faut pas voir dans ce qui est présenté ces jours-ci une conséquence du Brexit… c’est plutôt le contraire. En revanche, la parole se libère… Et, pour cela, tous ceux qui croient un peu que la défense européenne est utile peuvent dire : merci David !
Essayons d’y voir clair !
Il faut veiller, en effet, à ne pas confondre ce qui était déjà « dans les tuyaux » et devait, de toute façon, déboucher, et ce qui pourrait soit être réactivé, soit être mis en place. Entre l’enthousiasme du novice, qui découvre la lune, ou saute en l’air en se disant ‘tiens l’Europe de la défense existe’ et le commentaire à peine blasé du vieux de la vieille revenu de tout, qui se dit, mais çà en 1926 ou 1958 on l’avait déjà pensé ou de ‘de toute façon ca ne marchera pas’… il y a un espace pour la mesure et la réalité.
Un peu de temps nécessaire à la préparation
Si peu de choses sont sorties récemment sur la défense, la faute en revient, en fait, en partie au référendum britannique mais aussi au délai nécessaire pour préparer toute une série d’initiatives, après la période ‘gelée’ de l’époque Ashton-Barroso et des élections européennes. Quand on regarde près, on voit que les prochains mois dans le domaine de la défense, de la sécurité intérieure et extérieure vont être riches en projets aboutis (régulièrement commentés dans nos colonnes). En voici quelques exemples ci-dessous…
La sécurité priorité numéro un
Ce qui semble sûr, en revanche, c’est que la sécurité et la défense ont désormais été hissées au rang de priorité numéro 1. La déclaration des trois dirigeants franco-allemand-italien en témoigne. Mais aussi certains signes imperceptibles. Une déclaration récente des patronats franco-allemand la mettaient également devant les autres priorités économiques. Car, plus que tout, le continent a besoin de sécurité. Ce n’est qu’avec une sécurité qu’il pourra y avoir un développement économique. La formule applicable aux pays africains ou asiatiques est aussi vraie pour les pays européens.
Ca sort ou çà pulse !
Ce qui est en préparation et va sortir coté ‘défense’ dans quelques jours
La stratégie globale, rédigée sous la houlette Federica Mogherini, qui est plutôt ambitieuse même si elle est peu confuse, est publiée aujourd’hui (sans grand changement depuis plusieurs semaines d’ailleurs). Elle devrait être complétée rapidement de ‘sous-stratégies’ dont une en matière de sécurité et de défense. La Commission prépare d’ailleurs un plan d’action en matière de défense d’ici la fin de l’année, sorte de complément « communautaire » à la Stratégie globale.
L’action préparatoire de recherche liée à la défense devrait sortir des limbes dans quelques jours, prélude à un futur programme cadre au-delà de 2020. Elle devrait être suivie d’une initiative visant à financer l’équipement des armées (africaines), un point fondamental réclamé à cor et à cri par la France et tous les chefs d’opération/mission.
L’opération maritime en Méditerranée franchit dans quelques jours (ou semaines) une étape, passant d’une phase ‘gentillette’ à une option plus ‘robuste’ avec contrôle de l’embargo des armes, en attendant que se déploie une autre mission européenne pour aider les Libyens à reconstruire leurs forces de sécurité (police, gendarmerie, justice, douanes, etc.).
Ce genre d’initiative ne se prépare pas en 48 heures. Et n’a d’ailleurs été qu’impacté très à la marge par le Brexit. La réforme des structures de gestion de crise, qui est actuellement sous le boisseau et se poursuit à l’ombre des réunions des ambassadeurs ou des groupes de travail, devrait cependant connaître un coup de fouet avec la sortie britannique. L’idée d’un QG civilo-militaire est désormais évoqué ouvertement (là où hier on parlait de « renforcement », « de synergie » ou de « réorganisation » dans un organigramme interne :-).
Ca bouge aussi ‘coté sécurité intérieure’
Au niveau ‘intérieur’, ca bouge aussi. Mais le moteur est, là, davantage lié aux deux crises majeures que vit l’Europe : la crise migratoire et le terrorisme. Car Brexit ou pas, de toute façon, le Royaume-Uni ne participe pas à la plupart de ces initiatives ou législations.
La mise en place d’un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes constitue une innovation fondamentale, et un saut réel dans la gestion en commun des frontières (gestion en commun qui était pour l’instant assez théorique). Les législations européennes anti-terroristes sont en passe d’être renforcées (au plan pénal, financement, PNR, etc.)… Et le centre anti-terroriste d’Europol se met (lentement) en place (de façon plus administrative qu’opérationnelle pour l’instant).
Une parole libérée
Au final, si le Brexit a un effet au niveau de la défense, c’est — comme un bouchon de champagne qui saute — de libérer la parole. Tous les responsables politiques qui se taisaient, ne voulaient pas parler vraiment de défense car cela ‘allait gêner les Britanniques’ ou ‘cela ne passerait pas’, semblent tout à coup, retrouver leurs ‘méninges’, leurs ‘convictions’, leur parole.
Les idées ressortent
Il faudra encore du temps pour articuler et mettre en rapport, ce qui ressort de la ‘belle intention’ de ce qui est plus concret. Mais le simple fait qu’on ose aujourd’hui reparler de mettre en place la coopération structurée permanente (jamais mise en place et même jamais discutée très sérieusement), d’avoir un commandement opérationnel civilo-militaire au niveau européen (qui était en préparation mais très très discrètement), d’avoir des capacités autonomes à disposition de l’Europe — comme le fait très officiellement le papier franco-allemand — est une très bonne chose.
L’heure de vérité
C’est en fait l’heure de vérité maintenant. On va voir ceux qui se contentaient de parler mais préféraient s’abriter derrière ce bon vieux veto britannique et les autres. Deux dangers guettent cette ‘relance’. Il faut veiller à ne pas venir repêcher de (vieilles, bonnes) idées, qui ne sont plus tout à fait adaptées aujourd’hui ou, tout simplement, ne tiennent pas compte des impératifs internes (budgétaires, politiques, opérationnels). Il faut aussi en profiter pour faire l’inventaire. Il y a aujourd’hui beaucoup de travaux à entreprendre. Il faut réserver la ‘force humaine’ à l’essentiel. Cela veut dire stopper l’inutile ou, du moins, le manque de résultats concrets, et visibles.
Un droit d’inventaire et de questionnement
Est-ce aujourd’hui nécessaire de continuer à travailler sur les ‘headlines goals’ ? Est-ce nécessaire de garder des battlegroups si on sait très bien qu’il ne pourront pas partir (faute de moyens financiers, opérationnels et de décisionnel politique) ? N’est-il pas temps de fermer certaines missions de la PSDC dont l’atout réel est discutable — et discuté même en interne ? Ne faut-il pas se poser la question du saupoudrage de divers projets de développement qui n’ont juste pour but que de dépenser l’enveloppe indiquée ou de pouvoir dire que l’Europe est le ‘meilleur élève’ de la classe ? Etc.
Réfléchir à ce qui est nécessaire et utile
Il ne s’agit pas de tout casser. Mais il ne faut plus avoir de tabous… Il s’agit de réfléchir aux bons instruments adaptés, à la bonne place. Je pense qu’il vaut mieux dépenser un peu moins un peu mieux (pour le développement) et avoir un peu moins de missions (mais plus efficaces) que la reproduction du modèle actuel.
Pour un aggiornamento dans l’Europe de la défense
Aujourd’hui, l’Europe et les Européens ne peuvent plus se permettre les approximations, ou les faux communiqués de victoire (plus dignes de la propagande nord-coréenne que de l’information européenne). On ne peut plus se permettre de faire la même chose qu’hier sous prétexte qu’hier on le faisait et ne plus faire serait dangereux. L’Europe de la défense mérite un réel aggiornamento, une review complète de ce qui doit être fait, de ce qui doit être abandonné, de ce qui doit être développé.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Le Royaume-Uni pourrait renoncer à sa présidence de l’Union européenne au second semestre 2017, a appris B2. David Cameron pourrait l’annoncer lors du Conseil européen de mardi. C’est une des premières conséquences politiques concrètes (après la démission du commissaire Hill). Et ce n’est pas la dernière d’un lent effacement grand-breton de la thématique européenne.
Je ne suis pas sûr d’ailleurs que cela rejaillisse sur le prestige britannique à l’extérieur comme à l’intérieur de l’Europe. La présidence de l’Union européenne a toujours été un exercice de haute voltige permettant au pays et à son Premier ministre d’en tirer profit. Certes, depuis le Traité de Lisbonne, il y a un président permanent du Conseil européen et une présidence permanente du Conseil des ministres des Affaires étrangères. Mais au plan extérieur, à l’aide d’une bonne maestra gouvernementale et politique (ce que David Cameron a assurément), il est très facile de capitaliser sur la présidence européenne une mise en avant d’un Etat membre.
Concrètement, toutes les présidences vont être ainsi avancées d’un cran. C’est l’Estonie qui prendra le « créneau » du Royaume-Uni. La Bulgarie prendra la place de l’Estonie. Ainsi de suite. Les 28 auraient dû modifier l’ordre des présidences de toute façon pour faire de la place à la Croatie. Zagreb va donc trouver un créneau. Londres ne perd pas le sien. Le Royaume-Uni est toujours officiellement membre de l’Union européenne. Il y aura bien une présidence britannique tournante après 2020. D’ici là on devrait avoir, tout de même, réussi à négocier un accord.
Bye bye Cameron !
(NGV)
(B2) Au lendemain du Brexit, nos amis d’Eurodéfense publient une tribune voir la défense européenne ‘rebondir’ après la décision britannique de quitter l’Union européenne. Pour sortir de la « crise par le haut », ils appellent une « grande initiative » en matière de défense. C’est-à-dire mettre en place, enfin, la coopération structurée permanente, penser « européen », en matière de planification des équipements, du développement industriel, du comblement des lacunes existantes, qui reste la première urgence.
Le résultat d’une perte de confiance
Nous prenons acte du vote des électeurs britanniques en faveur de la sortie de l’Union européenne (UE). Ce résultat marque la perte de confiance d’une majorité de citoyens britanniques dans le projet européen et leur réticence à considérer l’UE comme un projet politique, préférant en rester à celui d’un grand marché. EuroDéfense-France regrette le départ d’un grand pays membre, qui constitue un choc politique et psychologique pour l’Europe qu’il ne faut pas minorer. Cependant, il faut en évaluer les conséquences avec réalisme.
Développer un esprit nouveau de coopération avec le Royaume-Uni
La sortie de l’UE du Royaume-Uni entame la crédibilité du projet européen en en réduisant la surface géographique et les données statistiques, mais elle peut aussi libérer la construction d’une Europe plus intégrée, plus politique, et donc plus puissante, en particulier autour de la zone Euro. Et cette Europe-là sera un partenaire incontournable du Royaume-Uni. Sans oublier que les négociations inévitables et complexes qui vont s’engager ont pour origine une initiative britannique, EuroDéfense-France considère qu’il convient d’aborder la nouvelle coopération entre l’Union européenne et le Royaume-Uni dans un esprit gagnant- gagnant, en respectant les intérêts de chacun et en ménageant l’avenir, autant qu’il est possible.
Les conséquences du retrait sont à mesurer
S’agissant des conséquences de ce retrait sur la défense européenne, celles-ci doivent être appréciées avec mesure ; le Royaume-Uni reste un pays européen qui ne saurait se désintéresser de la défense et de la sécurité de l’Europe. Ses capacités militaires continueront d’être comptabilisées avec celles de l’Otan qui demeure pour ses membres l’organisation en charge de la défense collective. Ses accords bilatéraux avec des pays européens, au premier rang desquels la France, ne devraient pas en être affectés. Quant à la contribution du Royaume-Uni à l’Europe de la défense (ce qui est fait au sein de l’UE), force est de constater que, bien qu’importante dans les états-majors et au plan diplomatique, elle a toujours été minimale sur le terrain et qu’en outre le Royaume-Uni a toujours été réticent à la constitution d’une capacité militaire européenne autonome.
Sortir de la crise par le haut
EuroDéfense-France propose de sortir de cette crise « par le haut » et demande qu’une initiative forte soit prise par l’UE et ses Etats-membres dans le sens de l’approfondissement politique de l’Union. Il apparaît depuis déjà plusieurs années que l’un des domaines d’approfondissement les plus nécessaires est celui de la défense, alors que l’Europe est de plus en plus menacée par les crises dans son voisinage.
Il est de temps de donner corps à la coopération structurée permanente
EuroDéfense-France estime en particulier qu’il est temps de donner corps au projet de coopération structurée permanente inscrit dans le traité de Lisbonne. Sa finalité doit être de faire de l’Europe un multiplicateur de puissance pour les Etats qui acceptent de mieux mutualiser et intégrer leurs forces. Une Union européenne plus forte sera plus capable d’agir de façon autonome ou au côté de ses alliés pour défendre ses valeurs et ses intérêts.
Un Livre blanc pour considérer globalement les investissements de défense
Par ailleurs, il est indispensable que l’analyse des besoins de défense soit faite au niveau européen en considérant l’UE comme un tout dans lequel les intérêts des nations sont servis par une approche européenne globale et solidaire, via l’élaboration d’un véritable Livre Blanc européen. Seule cette approche permettra de sortir de l’impuissance causée par l’hétérogénéité des politiques nationales et de faire de l’UE un véritable multiplicateur de puissance.
Combler les lacunes les plus urgentes
Pour combler les lacunes les plus urgentes, figurent d’abord l’amélioration du partage du renseignement et la création dans les mois qui viennent d’un système central et permanent de planification des opérations civiles et militaires de l’UE, donnant aux Européens des capacités de décision et d’action autonome pour intervenir partout où leurs intérêts de sécurité sont engagés. Ce dispositif gagnera à être progressivement renforcé par des capacités de commandement et de contrôle des opérations. Ce cadre européen de cohérence devrait permettre aux Etats de définir leurs politiques nationales dans un esprit solidaire et complémentaire.
Jouer la préférence européenne
Cela vaut aussi pour le domaine de l’armement où la volonté d’autonomie européenne devrait se concrétiser par une capacité de financement de la Recherche & Développement sur fonds européens complémentaire des financements des Etats. Cette nouvelle disposition, s’appuyant sur une légitime préférence européenne, constituerait le premier jalon vers l’établissement d’une Base Industrielle et Technologique de Défense Européenne autonome et compétitive et créerait sans doute un intérêt supplémentaire côté britannique pour coopérer avec l’UE.
L’Océan atlantique plus large que la Manche
(Pour notre part) nous souhaitons vivement que les liens créés avec l’association EuroDéfense–UK soient maintenus, afin de permettre à nos amis britanniques de continuer à militer pour que leurs concitoyens reprennent mieux conscience de l’unité de destin de l’ensemble des Européens et acceptent peu à peu l’idée que, quoiqu’il arrive, comme le disait avec humour un membre fondateur d’EuroDéfense–UK, « l’Océan atlantique restera toujours plus large que la Manche ».
Patrick Bellouard, président d’EuroDéfense-France
NB : titres, chapô et intertitres sont de la rédaction
(BRUXELLES2) Lord Jonathan Hill, le Britannique de la Commission européenne, vient d’annoncer sa démission. Un contre-coup du référendum négatif comme le commissaire européen chargé des marchés financiers l’explique lui-même (*).
« Comme beaucoup de gens, ici et au Royaume-Uni, je suis évidemment très déçu par le résultat du référendum. J’aurai voulu que cela se termine différemment et j’avais espéré que la Grande-Bretagne voudrait jouer un rôle en plaidant pour une Europe, flexible, compétitive, de libre-échange, et tournée vers l’extérieur. Mais les Britanniques ont pris une décision différente et c’est ainsi que fonctionne la démocratie. »
Une décision prise il y a quelques semaines
« Nous entrons dans une nouvelle phase. Je ne crois pas qu’il soit juste de continuer comme commissaire britannique comme si rien ne s’était passé. J’en ai discuté avec le Président de la Commission il y a quelques semaines, je lui ai donc dit que j’allais démissionner. Dans le même temps, il doit y avoir une transition ordonnée. Aussi je lui ai (proposé) de continuer travailler avec lui dans les semaines à venir. (…)
Un eurosceptique converti
Et le commissaire d’avouer qu’il n’était pas (au départ) un enthousiaste de l’Europe mais qu’il l’est devenu. « Je suis venu à Bruxelles comme quelqu’un qui avait fait campagne contre l’adoption de la Grande-Bretagne de l’euro et qui était sceptique sur l’Europe. Je vais laisser certain que, en dépit de ses frustrations, notre participation était bien pour notre place dans le monde et bien pour notre économie. »
Une nouvelle relation avec l’Europe à définir
Ce qui est fait ne peut être défait et nous devons maintenant passer à faire de notre nouvelle relation avec l’Europe qui fonctionne aussi bien que possible.
NB : c’est le commissaire en charge de l’Euro, le Lituanien Valdis Dombrovskis, qui va reprendre en charge le dossier des services financiers qu’avait en charge Jonathan Hill, en attendant qu’un nouveau commissaire soit désigné par le gouvernement britannique. Mais celui-ci devra repasser devant le parlement européen pour être auditionné. Il n’est pas acquis que la nomination soit automatique. Car parmi les critères d’éligibilité d’un futur commissaire figure non seulement la « compétence générale » mais aussi « l’engagement européen ».
Commentaire : un geste élégant et responsable
C’est la première conséquence au plan européen du Brexit, mais peut-être pas la dernière. En tout cas, on peut saluer le geste élégant de Lord Hill. Jusqu’à présent, au niveau européen, quels que soient les évènements politiques, peu de dirigeants européens ont su et voulu assumer les conséquences de leurs décisions politiques ou de leurs actes.
Une conséquence à tirer des dernières réformes entreprises
Si les dirigeants politiques européens (président du Conseil européen et président de la Commission européenne) vont jusqu’au bout de la réforme introduite par le Traité de Lisbonne, et des élections de 2014 avec les têtes de liste, et de leur engagement profond dans la campagne contre le Brexit, c’est la conséquence qu’ils devraient tirer. Il est difficile de prétendre, d’un côté, avoir une légitimité populaire et démocratique (ce qui est la réalité via les instances élues – Parlement européen et Conseil de l’UE) et, de l’autre, ne pas en tirer les conséquences en cas de revers politique grave.
La campagne sur le Brexit n’est pas qu’un revers britannique
Là, il s’agit d’un revers politique grave pour l’Europe, et pas uniquement pour le Royaume-uni. On ne peut accuser les Britanniques seuls. Certes c’est David Cameron, tout seul, qui a déclenché ce référendum, sans aucune obligation. Mais le résultat est clair. Avec une aussi forte participation dans les urnes, c’est une défaite aussi pour l’Europe qui n’a pas su démontrer son intérêt pour un peuple et un Etat important. Tout autre comportement ne pourrait qu’entraîner un désenchantement supplémentaire et une perte de popularité de l’esprit européen.
Un dirigeant européen doit être responsable devant ses électeurs
Cette « irresponsabilité » au plan politique des dirigeants européens ne peut plus durer. Comme au niveau national, quand un dirigeant s’engage et défend une politique précise, qu’il estime vitale et intrinsèquement liée à son profil politique, et qu’il est défait, directement ou indirectement, par le suffrage populaire, il devrait en tirer une conséquence : remettre son mandat à disposition (du Conseil et du Parlement européen qui l’a consacré) quitte à être reconfirmé ensuite si celui-ci estime que cette « démission politique » n’a pas lieu d’être. Si on veut refonder l’Europe, il faut en refonder aussi son fonctionnement politique.
(*) Texte original en anglais ici, ou ci-dessous – traduction par les soins de B2
Like many people here and in the UK, I am obviously very disappointed about the result of the referendum. I wanted it to end differently and had hoped that Britain would want to play a role in arguing for an outward-looking, flexible, competitive, free trade Europe. But the British people took a different decision, and that is the way that democracy works.
As we move to a new phase, I don’t believe it is right that I should carry on as the British Commissioner as though nothing had happened. In line with what I discussed with the President of the Commission some weeks ago, I have therefore told him that I shall stand down. At the same time, there needs to be an orderly handover, so I have said that I will work with him to make sure that happens in the weeks ahead.
I am very grateful to Jean-Claude Juncker for giving me the chance to work on financial services and for the opportunity to help support jobs and growth in Europe. I was also glad to have worked with other Commissioners in trying to take forward our programme of reform, and to have had the chance to work with excellent officials at DG FISMA and in my own team.
I came to Brussels as someone who had campaigned against Britain joining the euro and who was sceptical about Europe. I will leave it
certain that, despite its frustrations, our membership was good for our place in the world and good for our economy. But what is done cannot be undone and now we have to get on with making our new relationship with Europe work as well as possible.