(BRUXELLES2) Wikileaks vient de révéler un document « secret », qu’il présente comme le « plan » de la future opération militaire en Méditerranée (EUNAVFOR Med) « contre les bateaux de réfugiés ». Un document qu’a ensuite commenté Steve Peers de l’université d’Essex, avec plus ou moins de bonheur. Un fatras d’idées préconçues, à la limite du mensonge éhonté…
Confondre un plan d’opération et un avis sur un concept
On a connu l’organisation de Julian Assange un peu plus perspicace, plus judicieuse… Les auteurs du leak semblent un peu incultes en matière de planification militaire, voire même incapables de lire ce document, ou alors ils ont voulu faire un « coup » là où il n’y avait pas vraiment lieu d’être.
Premièrement, l’opération montée par les Européens n’est pas destinée à « combattre les bateaux de réfugiés » mais vise à contrer les trafiquants. Dire le contraire, c’est confondre le mouton et le loup. Ou alors ce serait prétendre que tous les réfugiés sont des trafiquants ! Ce n’est pas très sérieux… (piège dans lequel sont tombés mes deux confrères du Parisien).
Deuxièmement, les deux documents « leakés » ne sont pas du tout le « plan d’opération » de l’UE, comme présenté. Mais les « avis » de deux groupes de « travail » des Etats membres — d’une part les experts du groupe politico-militaire (GPM), d’autre part les représentants militaires présents au Comité militaire — sur le projet de concept de gestion de crises qui a été soumis aux ministres des Affaires étrangères et approuvé le 18 mai. Ce ne sera pas faire injure aux auteurs de ces documents de dire qu’ils ne sont « qu’un maillon » dans un dispositif décisionnel, assez long et complexe, qui va d’un premier document plus politique, tissant différentes options, et d’un mandat donné par le Conseil européen, au Plan d’opération proprement dit, et à la décision lancement de l’opération, en passant par une résolution des Nations-Unies qui donne la base juridique internationale à l’intervention. Y voir un plan, c’est être tout simplement ignorant du contenu de ce qu’est un « Plan ».
Troisièmement, ces documents sont destinés à donner au futur commandant d’opération des orientations dans la planification future de l’opération en mettant l’accent sur quelques points importants ou méritent encore des éclaircissements : le renseignement (lire : EUNAVFOR Med : Pourquoi le renseignement est important ? Pourquoi peu de problème de moyens?). La parole y est assez libre, et heureusement, car elle permet justement de poser toutes les questions, y compris celles qui pourraient être taboues, dans une opération qui a une réelle complexité.
Les recommandations faites sont assez logiques et sensées. Il s’agit d’avoir une solide base juridique pour pouvoir appréhender et traduire en justice les trafiquants, de bien définir ce qu’est un migrant, un réfugié et un trafiquant. Il cerne les risques possibles dans certaines zones (proches de la Libye)… et recommande d’avoir une solide force de protection et de robustes règles d’engagement. Ce qui est assez logique également. Enfin, il recommande d’avoir une communication touffue, ce qu’on appelle aussi la diplomatie publique dans un autre jargon. Ce qui relève plutôt du classique dans toute opération militaire. (Lire aussi sur le Club : EUNAVFOR Med, une opération complexe, juridique également)
L’analyse (bancale) d’un professeur de droit …
Y voir derrière tout cela un plan secret de l’UE pour poser le pied en Libye comme le détaille ensuite le professeur de l’université du Sussex, Steve Peers, spécialiste du droit constitutionnel européen, le prélude à une opération terrestre en Libye est donc plutôt osé et est aussi éloigné de l’analyse que le pis d’une vache est éloigné d’un verre de champagne (et encore
« A EU military planning document reiterates that the EU’s new anti-smuggling operation could result in a ground conflict in Libya that leads to the loss of life of soldiers, refugees and smugglers, and destabilise Libya in the process » écrit Steve Peers dans son texte de 3 pages à télécharger sur Statewatch.
Heu… Jusqu’à nouvel ordre, la Libye n’est pas vraiment une terre tranquille, un lieu de rêve pour des vacances en famille sur lequel l’Union européenne viendrait semer le trouble et la tempête… Le Professeur Steve Peers semble avoir se tromper d’objectif sur cette opération qui, même si elle emploie des moyens militaires —, reste une opération de « police en mer » et non pas une « intervention militaire en Libye ».
Ce que disent les experts européens, en effet, c’est qu’il faut calibrer de façon précise l’activité militaire, notamment dans les eaux intérieures libyens pour éviter de déstabiliser un processus politique en cours en causant un dommage collatéral, ne pas remettre en cause les activités économiques légitimes (NB : on pense notamment aux activités de pêche) ou créer la perception d’avoir choisi un parti. (NB Ce qui est un réel risque. S’attaquer à certains trafiquants, détruire leurs moyens (navires), peut être pris par certaines milices qui protègent ces moyens, en bénéficient, voire organise le trafic d’une manière ou d’une autre est un risque effectivement). Cette remarque est plutôt sensée…
« The IMD should also emphasise the need to calibrate military activity with great care, particularly within Libyan internal waters or ashore, in order to avoid destabilising the political process by causing collateral damage, disrupting legitimate economic activity or creating a perception of having chosen sides
Non content de son fait, Steve Peers continue son « analyse » (! si on peut appeler cela une analyse). il s’interroge sur le fait que tout n’est pas encore précis dans ce « plan », que des « orientations militaires et politiques doivent être encore données », « les règles d’engagement n’existent pas encore »…
The document explicitly acknowledges that the operation has no clear end point: « the political End State is not clearly defined » This should disturb anyone who has studied previous military operations that have gone wrong or spun out of control due to lack of clarity on what the final objectives are. Indeed, the document makes clear that most of the details of the ongoing operation have yet to be worked out
Là on n’est plus dans l’erreur d’analyse, on est dans l’ignorance crasse. Le processus de décision européen est, en effet, assez rôdé et même assez procédurier. Pour aller vite, le Concept de gestion de crises (CMC) – qui a fait l’objet des deux avis (révélés par Wikileaks) est destiné à fixer les divers enjeux d’une crise, les principaux moyens d’y répondre, et les principales questions qu’il importe de résoudre. Il précède une décision des ministres d’établir une mission. Tous deux ont été approuvés par les ministres le 18 mai. Viendront ensuite des instructions militaires, des orientations, un concept d’opération, un plan d’opération, des règles d’engagement…Il est évident qu’à ce stade un certain nombre de questions restent encore à régler. Les autorités européennes ne s’en cachent. Le général de Rousiers, président du comité militaire de l’UE, disait très officiellement, le 19 mai (à l’issue de la réunion avec les Chefs d’Etat-major militaires de l’UE, que « c’est une opération complexe dans un environnement complexe »
Regretter que ces règles n’aient pas été définies, c’est comme s’inquiéter de ne pas voir la circulaire d’application publiée alors que le premier paragraphe de la loi n’est pas encore voté. Se proclamer « professeur de droit » pour sortir une telle conclusion est digne du concours Lépine de la plus mauvaise copie. Je ne sais pas où enseigne Steve Peers, mais dans n’importe quelle université européenne, digne de ce nom, une telle ânerie vaudrait à son auteur un beau zéro pointé et un retour aux fondamentaux…
Commentaire : tirer une ou deux phrases pour gloser sans tenir compte du contexte dans lequel ces phrases sont posées et surinterpréter certains mots pour en tirer non ce qui est mais ce qu’on pense, n’est pas vraiment digne ni d’une analyse académique, ni d’un commentaire journalistique. On peut se demander franchement quel est le but recherché par ces auteurs, en mal de sensationnalisme. Veulent-ils que le trafic d’êtres humains continue, que les naufrages perdurent, que l’Europe reste inactive face d’une part à ces drames, d’autre part à cette menace ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi sur le B2/Club :
The video in this post was probably taken somewhere over Afghanistan.
It shows U.S. Air Force KC-10 “buddy” refueling against a full moon.
The IR-vision scene, with the moon appearing closer due to the magnifying effect of the zoom, was filmed with a Damocles multi-function targeting pod, by a French aircraft, possibly a Dassault Rafale, a Mirage 2000 or a French Navy Super Etendard that are equipped with the pod used for laser designation and day/night smart weapons guidance.
H/T Gizmodo
Related articles
La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza a exhorté mardi la communauté internat
Au moins 23 personnes ont été tuées samedi dans le centre du Nigeria, a annoncé mardi la police qui suspecte des nomades peuls, en conflit de longue date avec des communautés ag
By s.l
Kedden került sor a Dragan Đurić (34) elleni per főtárgyalására a szabadkai Felső Bíróságon. Đurićot Tijana Jurić (15) meggyilkolásával és megerőszakolásának kísérletével vádolják. A vádlott ügyvédjének kérésére másfél óra után Gordana Kojić bírónő berekesztette a tárgyalást, s elrendelte, hogy május 28-ig még egy szakértői vizsgálatot végezzenek el, melyben felmérik Đurić A cikk folytatása …
Read more here: Magyar Szó – Szabadka
Comment le parti Podemos a-t-il réussi à s’imposer dans le paysage politique espagnol en un an ? Quelle a été la stratégie du parti pour conquérir des électeurs ?
Tout d’abord, il faut préciser que l’Espagne n’est pas la Grèce. Podemos n’a pas gagné de majorité en Espagne, et le parti ne figure d’ailleurs pas dans les statistiques des résultats électoraux publiés par le ministère de l’Intérieur espagnol, puisque les deux candidates, l’une arrivée en tête à Barcelone et l’autre en deuxième position à Madrid, sont des candidates qui représentent des mouvements alternatifs. En effet, dans la plupart des villes espagnoles, Podemos n’a pas été en mesure de présenter des candidats aux élections municipales, mais il a en revanche appuyé des formules issues de la société civile. Ces dernières peuvent d’ailleurs être assez différentes dans leur composition à Barcelone et à Madrid. D’une manière générale, pour les élections régionales Podemos arrive en troisième position. Le Parti Populaire (PP), actuellement au gouvernement national, arrive en premier et les socialistes (PSOE) arrivent en deuxième position. Le résultat de Podemos aux élections régionales est donc le seul qu’on puisse réellement prendre en considération car le parti s’est présenté sous son étiquette. Ce résultat montre effectivement que Podemos est en cours de consolidation, alors que le parti a à peine un an et demi d’existence.
Finalement, le fait intéressant de ces élections municipales est que les électeurs espagnols ont voté pour qu’existent, à côté des grands partis, des forces nouvelles qui permettent de faire passer le message d’un mécontentement face à la situation économique et surtout sociale du pays. Ils ont par exemple privilégié à Barcelone l’élection d’une jeune femme, Ada Colau, qui s’est fait connaitre en présidant une association de défense de personnes expulsées de leur logement. A l’origine sans parti, sa notoriété vient de son action militante lors de la crise immobilière espagnole de 2008. C’est autour de ces questions qu’elle a bâti sa liste électorale, à laquelle s’est effectivement associé Podemos. Mais ce dernier n’est qu’un élément parmi d’autres. Il est pour l’instant difficile de spéculer sur l’avenir et de savoir ce qu’il se passera en fin d’année aux élections générales.
Podemos est un parti caractérisé d’anti-libéral, issu du mouvement des « Indignés » de 2011 en réaction à la crise économique mondiale de 2008. Selon vous, ce parti politique va-t-il s’inscrire durablement dans la politique espagnole ?
Les Indignés ont été à l’origine un mouvement spontané assez composite. Ce mouvement a donné jour à Podemos, mais également à Cuidadanos (« citoyens ») qui est un parti de centre libéral, ainsi qu’à un grand nombre de mouvements associatifs comme celui par exemple d’Ada Colau. Le message qui a été transmis par les électeurs espagnols est celui d’avoir donné un espace qui n’existait pas précédemment, à de nouvelles figures politiques, et peut-être à de nouveaux partis comme Podemos et Ciudadanos. Ce message a été envoyé à la fois au Parti Populaire (PP), qui a perdu 2 400 000 voix par rapport aux élections de 2011, et au Parti socialiste espagnol (PSOE) qui a perdu plus de 670 000 voix. Cela étant, il ne faut pas enterrer ces deux grands partis trop vite dans la mesure où ils ont malgré tout rassemblé 52% des suffrages exprimés. Le principal enseignement et le paradoxe de cette élection est d’avoir fragmenté la représentation politique, fait totalement nouveau en Espagne. Ce qui contraint les uns et les autres à mettre de l’eau dans leur vin et à dialoguer.
En effet, jusqu’à ces dernières élections, le bipartisme était la règle avec une victoire aux élections soit du PP, soit du PSOE. On se trouve désormais face à une situation où les uns et les autres vont être obligés de négocier pour constituer des majorités de gouvernement, ce qui ne sera pas chose aisée. Durant cette campagne électorale, par exemple, les socialistes, qui sont les mieux placés pour bénéficier du changement voulu par les électeurs et qui sont en position de pouvoir diriger six régions sur treize, ont accusé Podemos d’être un parti de populistes. A l’inverse, Podemos, qui est en situation de pouvoir avec les bons résultats à Barcelone et à Madrid des listes qu’il soutenait, a qualifié les socialistes de parti de « la caste ». Pourtant, après s’être envoyé des noms d’oiseaux pendant la campagne électorale, « la caste » et les « populistes » vont être obligés de s’asseoir autour d’une même table pour essayer de trouver des terrains d’entente.
Dans quelle situation économique l’Espagne est-elle aujourd’hui ? Le pays est-il sorti de la crise ?
Tout dépend de ce que l’on entend par sortie de crise. Il est vrai que les indicateurs macroéconomiques sont redevenus positifs ; le marché du logement et des travaux publics a par exemple repris. Mais le changement en ce qui concerne le quotidien d’un espagnol moyen se fait attendre, et peut-être encore pour longtemps, dans la mesure où le taux de chômage reste bloqué à 24% et que la compétitivité nouvelle qui a permis à l’Espagne de retrouver un équilibre, s’est faite sur le dos du social. Aujourd’hui, l’Espagne vend effectivement davantage à l’étranger. Cela est dû, comme dans les autres pays européens, à la dévaluation de l’euro par rapport au dollar, à la baisse des prix du pétrole, mais aussi à la pression exercée sur les salaires et sur la couverture sociale par les différents gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2008, point de départ de la crise. Par conséquent, le sens du vote des Espagnols est que malgré une situation économique en voie d’amélioration, leur quotidien reste difficile. Ils connaissent toujours les mêmes difficultés, surtout en ce qui concerne les jeunes diplômés.
The Council on 26 May 2015 participated in a meeting with the European Parliament and the Commission to discuss the issue of the outstanding bills in the EU budget.
The Council on 26 May 2015 participated in a meeting with the European Parliament and the Commission to discuss the issue of the outstanding bills in the EU budget.