Vous revenez d’un séjour de plusieurs jours en Iran. À travers vos rencontres et vos conférences, quel climat social et politique avez-vous ressenti ? Les frictions entre les tendances réformatrices et conservatrices au sommet du pouvoir sont-elles aussi vives au sein de la société iranienne ?
J’ai effectivement séjourné en Iran, sur invitation de l’Iran-Eurica (Iranian Institute for European & American Studies), pour donner trois conférences au siège de l’Eurica, à l’Université de Téhéran et au Centre d’études stratégique de la présidence de la République à Téhéran. Les thématiques abordées portaient sur les conflits régionaux, la Syrie notamment, et sur les relations entre la France et l’Iran dans le conflit syrien. Mon dernier voyage en Iran remontant à plus de 10 ans, j’ai été particulièrement frappé par les changements visibles aussi bien à Téhéran que dans les villes que j’ai visitées. La capitale iranienne n’a cessé de grandir : les grattes ciels, les parcs, les jardins et la nouvelle autoroute ont fait de Téhéran une véritable mégapole, un développement d’autant plus impressionnant qu’il s’est produit sous embargo.
Mais ce qui m’a certainement le plus frappé, c’est de trouver une société plus ouverte, libérée même car, selon un haut dirigeant iranien, « la société s’est imposée au pouvoir politique ». Les jeunes, nombreux dans les restaurants et les coffee shops du Nord de la ville, ressemblent aux jeunes des quartiers branchés européens, le voile islamique étant seulement là pour respecter symboliquement l’ordre légal.
Je pense que l’Iran traverse une période de grande importance avec beaucoup d’espoirs et d’inquiétudes mélangés. Les dernières élections législatives et l’élection du Conseil des experts, qui a compétence pour choisir un nouveau Guide en cas de décès ou d’incapacité de l’actuelle autorité suprême, ont redistribué les cartes. Si le réformateur Mohammad Khatami a su promouvoir des notions telles que la démocratie, la société civile et le dialogue entre les civilisations, il n’avait pas l’habilité politique du président Hassan Rohani, un conservateur modéré longtemps proche du Guide, qui a réussi à façonner une grande alliance entre les réformateurs, les centristes et les conservateurs modérés. La défaite cuisante des proches du Guide à Téhéran et l’élimination des figures les plus dures du régime ont affaibli le Guide qui, de plus en plus, sort de son rôle d’arbitre suprême et prend position sur des sujets mineurs.
La rivalité entre les réformateurs et les conservateurs n’a pas pour autant disparu. L’élection du nouveau président du Parlement sera un enjeu important en la matière. M. Aref, chef de file des réformateurs, ancien vice-président de M. Khatami, mais aussi leader de la coalition « Espoir » qui a gagné la totalité des sièges de Téhéran, est bien placé pour être élu au poste de président du Parlement. Cependant, certains de mes interlocuteurs pensent que le président Rohani pourrait pencher en faveur de l’ancien président du Parlement Ali Laridjani, rallié au camp présideniel. La prochaine élection présidentielle ayant lieu dans un an, la cohésion de l’actuelle coalition sera déterminante pour la réélection du président Rohani, populaire à l’heure actuelle.
Alors que la France défend des positions « presque totalement alignées » sur l’Arabie saoudite, pour reprendre les termes du ministre des Affaires étrangères saoudien, les désaccords diplomatiques entre l’Iran et la France, notamment à propos de la Syrie, sont-ils insurmontables ? Y a-t-il des discussions sur un éventuel rapprochement des lignes politiques ?
L’agitation actuelle de l’Arabie saoudite est considérée en Iran comme une tentative de maintenir la région dans l’instabilité afin de modifier la position désormais stratégique des Etats-Unis. Il s’agit en effet de se tourner davantage vers l’Asie et l’Océanie plutôt que de se concentrer sur le Moyen-Orient où plus aucun pays ne peut menacer la sécurité d’Israël et où les besoins en pétrole provenant d’Arabie saoudite ne sont plus aussi importants qu’auparavant. Curieusement, les officiels iraniens, rencontrés à l’occasion de ma visite, cultivent l’espoir que la France joue un rôle de modérateur de la politique de l’Arabie saoudite, longtemps favorable à divers mouvements djihadistes.
Les Iraniens pensent que la France a plus de points communs avec l’Iran qu’avec l’Arabie saoudite en Syrie. Désormais, l’Iran et la France ont un ennemi commun : le terrorisme alimenté par l’Etat islamique et Al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) et, au-delà, le djihadisme soutenu par différents milieux en Arabie saoudite. Si les Iraniens ne sont pas prêts à lâcher Bachar al-Assad – et se félicitent de ne pas l’avoir fait, sans quoi la Syrie et la Libye seraient aujourd’hui gouvernées par Daesh m’a affirmé un haut responsable iranien -, ils ne rejettent pas une élection libre sous la surveillance de l’ONU dans les zones tenues aussi bien par le régime que par l’opposition et dans les camps de réfugiés des pays voisins. C’est une position importante et je ne vois pas comment ceux qui sont pour une solution politique la refuseraient. Mais les Iraniens n’accepteraient pas que Bachar al-Assad soit exclu d’avance de se représenter, comme d’autres, à cette élection libre.
Quels sont les freins qui empêchent encore le décollage économique de l’Iran ? Comment les autorités iraniennes comptent-elles faire coïncider développement militaire, sanctions américaines et développement économique ?
Les Iraniens, l’homme de la rue aussi bien que les responsables politiques, ne sont pas satisfaits des lenteurs de la mise en œuvre du Barjam (l’accord global sur le programme nucléaire iranien). Les conservateurs, le Guide en tête, critiquent notamment « la duplicité » de l’administration américaine et la frilosité des milieux économiques européens. La réunion entre John Kerry et les dirigeants des principales banques européennes pour les assurer que leurs activités en Iran ne seraient plus sanctionnées par Washington, a été considérée par les Iranien comme un manque d’indépendance des milieux économiques européens vis-à-vis des Etats-Unis. Ils ne comprennent pas cette apparente frilosité car l’accord sur le nucléaire a été l’objet d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui, en même temps, a rendu caduque les anciennes résolutions qui instauraient des sanctions à l’encontre de l’Iran.
Au contraire, le camp présidentiel défend les acquis du Barjam et souligne le chemin parcouru. Plusieurs milliards d’avoirs iraniens ont déjà été débloqués et les sociétés étrangères rivalisent pour avoir une part de l’immense marché iranien. Des dirigeants européens et surtout asiatiques se succèdent en Iran et désormais, il n’est pas aisé de trouver une chambre d’hôtel à Téhéran. Des groupes de touristes européens, français en particulier, sont visibles aussi bien à Téhéran que dans les villes touristiques iraniennes d’une richesse inestimable.
Si les conservateurs américains ont trouvé un autre cheval de bataille contre l’Iran, à savoir son programme de développement de missiles balistiques, ce dernier n’est pas contraire à l’accord sur le nucléaire selon John Kerry lui-même. Il est donc hors de question que l’Iran cède sur ce point. Finalement, mis à part les Etats-Unis qui n’ont pas encore levé leurs sanctions unilatérales, rien n’empêche l’Iran de diversifier leurs achats d’armements pour ne plus dépendre de la Russie sur ce point.
On Thursday, May 19th, IPI together with the Centre for Conflict Resolution of Cape Town, South Africa, cohosted the launch of a new book entitled Thabo Mbeki: The Rise and Fall of Africa’s Philosopher-King edited by Adekeye Adebajo.
Thabo Mbeki is considered by many as the most important African political figure of his generation and has been a dominant figure in South African politics for 14 years. A pan-African philosopher-king who spent two decades in exile, Mr. Mbeki, as president of Africa’s most industrialized state, set out a sweeping vision of an African Renaissance. As a liberation leader in exile, he was instrumental in his party’s anti-apartheid struggle. During the South African transition, he helped build one of the world’s most respected constitutional democracies. As president, despite some successes, he was unable to overcome South Africa’s inherited socioeconomic challenges, and his disastrous AIDS policies will remain a major blot on his legacy. He will, however, be remembered more as a foreign policy president for his efforts in peacemaking in Africa and in building continental institutions such as the African Union (AU) and the New Partnership for Africa’s Development (NEPAD). This book seeks to rescue him from South African parochialism and restore him to the pan-African pantheon.
Speaker:
Dr. Adekeye Adebajo, Executive Director, Centre for Conflict Resolution, Cape Town
Discussant:
Ambassador Princeton N. Lyman, Senior Adviser, United States Institute of Peace (USIP)
Moderator:
Ambassador John Hirsch, Senior Adviser, International Peace Institute
On Thursday, May 19th, IPI hosted a Humanitarian Affairs Series event featuring Ms. Clementine Awu Nkweta-Salami, UN High Commissioner for Refugees’ (UNHCR) Representative in Ethiopia, who focused primarily on the refugee crisis faced by the county within the context of contemporary forced displacement trends in the Horn of Africa.
Ethiopia currently hosts the largest number of refugees on the African continent, including refugees from Somalia, South Sudan, and Eritrea. The large-scale influx of refugees adds to an already multifaceted humanitarian crisis affecting host communities in Ethiopia. Moreover, it presents a number of challenges pertaining to mixed migration flows.
The event aims to raise awareness of the multiple and heightened challenges faced by UNHCR and its partners in supporting the host country in delivering lifesaving assistance to refugees and building their resilience.
Speaker:
Ms. Clementine Awu Nkweta-Salami, UNHCR’s Representative in Ethiopia
Moderator:
Dr. Els Debuf, Senior Adviser for Humanitarian Affairs at IPI
The past year has seen significant progress in Mali, with the signing of a peace agreement in June 2015 and the ensuing decrease in violence between the signatory parties. These achievements have allowed the UN to shift from prioritizing cease-fire monitoring to focusing its efforts on the implementation of the peace agreement. In the wake of this shift in context, the mandate of the UN’s Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA) is expected to be renewed in June 2016.
In light of the challenges faced by MINUSMA and the expected renewal of its mandate, the International Peace Institute (IPI), the Stimson Center, and Security Council Report co-organized a workshop on April 21, 2016, to give member states and UN actors the opportunity to develop a shared understanding of the situation faced by the UN in Mali. This workshop was the first in a series analyzing how UN policies and the June 2015 recommendations of the High-Level Independent Panel on Peace Operations (HIPPO) can be applied to country-specific contexts.
Participants agreed that MINUSMA must first and foremost continue to assist with the implementation of the peace agreement, while also ensuring that the population enjoys peace dividends. It was suggested that the mission’s political strategy focus on pursuing a more inclusive approach, building trust between the parties to the conflict, addressing spoilers and asymmetric threats, balancing between a political and a military approach, developing partnerships, enhancing capabilities, and identifying a completion strategy.
In addition, participants emphasized the importance of prioritization and sequencing to ensure that mandates are realistic and achievable. In the face of existing limitations, it was suggested that MINUSMA could achieve progress in linking the peace agreement’s security and political dimensions, supporting stabilization in the north, prioritizing DDR as part of a long-term strategy, clarifying the protection of civilians mandate, and coming to a joint understanding of what the return of state authority means.
Le dix-septième Forum international sur le continent africain (Fica) de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et ...
The resolution of the Syrian conflict and the European Union ...
Diffuser des connaissances, former à l’esprit de défense, sensibiliser aux questions internationales est le cœur de métier de l'IHEDN.
Ces sujets touchent tous les citoyens, acteurs du secteur public comme du secteur privé, appartenant à la sphère militaire comme à la sphère civile. L’Institut, à travers ses différentes actions de formation, est donc au cœur de la construction de la résilience et fonde son projet pédagogique sur une approche globale de ces problématiques et l’instauration d’un débat fécond et ouvert.
Les entreprises qui partagent nos valeurs et nos objectifs peuvent nous rejoindre et devenir nos partenaires, que ce soit par le parrainage d’événements ou d’activités ponctuelles, ou encore par un engagement plus substantiel dans la durée.
Pour ce faire, elles peuvent soutenir l’Institut par le mécénat, au travers du Fonds de dotation de l’IHEDN.
Créé en 2010, le Fonds de dotation de l’IHEDN a pour objectif de porter pour l’Institut le développement de nouveaux axes d’action :
On Tuesday, May 17th, IPI together with the World Peace Foundation cohosted a policy forum event to discuss how lessons from the past can help us better engage current threats of mass atrocities.
The policies that have developed since the 1990s within the “international community” to respond to threats of mass atrocities—defined as widespread and systematic violence against civilians—were primarily crafted in response to the question: What can we do to help prevent, mediate, or halt mass violence? This panel begins from a different perspective, asking instead: How have past episodes of mass violence actually ended? Posing this question in the context of past cases, panelists discussed patterns of who has had the authority and capacity to have an impact on ending mass violence and under what conditions. Bringing the discussion into the present, the panel further addressed how lessons from the past can help us better engage threats of mass atrocities today.
Speakers:
Dr. Alex de Waal, Executive Director, World Peace Foundation and Tufts University
Dr. Bridget Conley-Zilkic, Research Director, World Peace Foundation, and Assistant Professor, Tufts University
Professor Noel Twagiramunga, Visiting Assistant Professor, University of Massachusetts—Lowell
Mr. Ben Majekodunmi, Senior Officer, United Nations Executive Office of the Secretary-General
Moderator:
Dr. Adam Lupel, Vice President, International Peace Institute