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Diplomacy & Crisis News

Under Trump, U.S. Allies in Asia May Look to Themselves for Security

Foreign Policy - Fri, 11/11/2016 - 22:30
Q&A with Lindsey Ford, director of Asian security at the Asia Society Policy Institute.

I Spent Election Night Being Comforted by a Chinese Law Professor

Foreign Policy - Fri, 11/11/2016 - 21:20
Results aside, he still felt China had something to learn from American democracy.

Let’s Face It: The U.S. Constitution Needs a Makeover

Foreign Policy - Fri, 11/11/2016 - 21:07
The 2016 election shows that it’s time to start a national conversation about fundamental political reform.

U.S. Scraps Plan to Punish Syria for Using Chemical Weapons

Foreign Policy - Fri, 11/11/2016 - 20:58
With an assist from Moscow, Damascus could dodge sanctions for gassing its own people.

Archaeologists Just Discovered a Bronze-Age City in Northern Iraq

Foreign Policy - Fri, 11/11/2016 - 20:46
The war against ISIS hasn’t stopped archaeologists from digging in the cradle of civilization.

By the Covers: How the Foreign Press Sees the U.S. Vote

Foreign Policy - Fri, 11/11/2016 - 20:26
How newspaper covers around the world are covering President-elect Trump.

L'attentat de sarajevo, une explication commode


Le Monde Diplomatique - Fri, 11/11/2016 - 17:31

Selon une analyse fort répandue, l'assassinat de l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie, le 28 juin 1914, aurait, en déclenchant un « domino d'alliances », provoqué la première guerre mondiale. Cette lecture occulte les causes véritables du conflit, en particulier la logique mortifère des rivalités impériales.


La première guerre, vraiment mondiale ?

La première guerre mondiale a-t-elle vraiment été « provoquée » par l'attentat de Sarajevo qui coûta la vie à l'archiduc héritier, François-Ferdinand d'Autriche-Hongrie, et à son épouse le 28 juin 1914 ? Les combats ont-ils véritablement débuté en Belgique et en Lorraine ? Cette chronologie, centrée sur les événements européens, est la plus répandue, mais elle oublie tout un pan de l'histoire du conflit, amputant l'analyse de ses causes.

Le 5 août 1914, un accrochage éclate à la frontière de l'Ouganda, colonie britannique, et de l'Afrique orientale allemande (Schutzgebiet Deutsch-­Ostafrika). Le 8 août, des navires britanniques bombardent Dar es-Salaam, le centre administratif de cette colonie allemande qui s'étend sur les ter­ritoires actuels du Burundi, du Rwanda et d'une partie de la Tanzanie. Les semaines suivantes, les combats se généralisent pour le contrôle du lac Kivu.

Illustration d'un épisode du début de la guerre de 14-18  Les Autrichiens affrontent les Serbes au pied du pont sur la Save qui unit les deux pays (août 1914).

Pendant ce temps, en Europe, déclarations de guerre et ordres de mobilisation générale se succèdent (en Russie le 30 juillet ; en France et en Allemagne le 1er août). Le 4 août, l'Allemagne envahit la Belgique et le Luxembourg. Quatre jours plus tard, la France lance une percée en Lorraine allemande. Mais les lignes françaises sont vite enfoncées et l'offensive fait long feu. Sur le front de l'Est, l'Allemagne accumule également les succès contre la Russie. En revanche, la Serbie résiste : le 23 août, elle parvient à stopper les troupes austro-hongroises à la bataille du Cer.

Ainsi, en quelques semaines, le « domino infernale » des alliances précipite l'entrée en guerre des belligérants : d'un côté, la France, le Royaume-Uni et la Russie (Triple-Entente) avec leurs alliés serbe et belge, puis japonais, roumain et grec ; de l'autre, la Triple-Alliance (ou « Triplice ») qui réunit initialement l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et le royaume d'Italie. Mais ce dernier se rallie à la neutralité dès septembre 1914, avant de passer dans le camp adverse en avril 1915, tandis que les empires centraux reçoivent en octobre 1914 le soutien de l'Empire ottoman.

Des milliers de combattants africains ou indochinois des troupes coloniales meurent pour le contrôle des Balkans...

Ce jeu d'alliances correspond à de puissantes logiques d'intérêts. Les rivalités coloniales représentent l'un des principaux motifs de tension entre d'un côté la France et le Royaume-Uni (tous deux à la tête d'un vaste empire) et de l'autre l'Allemagne, qui s'estime lésée dans ce partage impérialiste du monde. Déjà implanté en Afrique orientale, au Cameroun et en Tanzanie, Berlin lorgne sur l'Afrique du Nord et le centre du continent.

Le sort de l'Empire ottoman, présenté depuis plusieurs décennies comme « l'homme malade de l'Europe », constitue l'autre grande inconnue. A la suite des guerres balkaniques (1912-1913), les possessions ottomanes en Europe sont partagées entre la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro, la Roumanie et la Serbie.

Mais l'avenir des immenses territoires contrôlés par l'empire en Anatolie et au Proche-Orient attise toutes les convoitises. Au-delà de sa dimension symbolique, le coup de feu de Sarajevo rappelle que l'Autriche-Hongrie, la Russie mais aussi la France et l'Italie cherchent à renforcer leurs sphères d'influence respectives dans les Balkans.

Pourtant ces rivalités entre Etats n'expliquent pas tout, car le déclenchement de la guerre répond aussi à des logiques sociales internes à chaque nation. Aux yeux des classes dirigeantes notamment – aristocratiques et terriennes dans les empires centraux, bourgeoises et industrielles, commerciales ou financières en France et au Royaume-Uni –, l'idéologie impérialiste et le nationalisme sont des ciments permettant de ressouder une unité sociale fissurée par les progrès de la démocratie et du socialisme.

Cimetières en macédoine

Les manuels scolaires ont renoncé, tant en France qu'en Allemagne, au ton vengeur et belliqueux des années 1920, attribuant à « l'autre camp » toutes les responsabilités du déclenchement de la guerre. Mais ils continuent à observer cette guerre « mondiale » avec des lunettes d'Europe de l'Ouest. Dans les immenses cimetières français du front d'Orient, à Bitola (Macédoine) ou Salonique (Grèce), près de la moitié des tombes sont pourtant celles de combattants africains ou indochinois des troupes coloniales, tombés pour le contrôle des Balkans…

Manuels scolaires

Qui est responsable de la guerre ? Dans les années 1920, la France et l'Allemagne se rejettent la faute, et chacune impose sa position officielle dans les manuels scolaires.

• Vu de France (1922). Tandis que les puissances de la Triple-Entente ne visaient qu'à maintenir la paix et l'équilibre européens, l'Allemagne sous Guillaume II poursuivait une politique d'hégémonie qui menait à la guerre (…). Grisée par ses succès militaires et économiques, l'Allemagne avait en effet, plus qu'aucun autre peuple, une mentalité impérialiste et belliqueuse. Cette mentalité allemande, faite de convoitises, d'orgueil, d'un immense appétit de domination joint au culte de la force brutale, telle est, en dernière analyse, la cause principale de la guerre.

• Vu d'Allemagne (1929). Les hommes d'Etat ennemis maniaient le jeu diplomatique de manière habile, de sorte à induire l'Allemagne dans l'erreur consistant à déclarer la première, du fait de sa situation de contrainte, la guerre à la France et à la Russie. Ainsi, les obligations d'alliance réciproques devinrent formellement valables du côté de l'Entente. Et les peuples des Etats ennemis eurent l'impression que l'Allemagne avait été l'agresseur, alors qu'elle fut en réalité l'agressée.

La Grande Guerre et le monde de demain

Politique étrangère (IFRI) - Fri, 11/11/2016 - 09:00

À l’occasion de la date-anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, n’hésitez pas à relire le numéro spécial de Politique étrangère publié en 2014 pour le centenaire de la Grande Guerre : « 1914-2014. La Grande Guerre et le monde de demain » (Politique étrangère, n°1/2014).

« Nous avons vécu avec elle 100 ans durant. Qu’en faire maintenant ? La Première Guerre mondiale a créé son siècle, et elle nous parle toujours : de ce que nous sommes, de ce que nous serons.

Fondatrice d’un siècle : l’affaire est claire. Le débat sur les causes de la guerre reste ouvert aux polémiques et les publications récentes n’échappent pas au choc des arguments : facteurs politiques internes, dialectiques des alliances et des appareils militaires, affrontements de géopolitiques organicistes voyant la vie des États comme expansion de puissance continue, etc. Mais l’analyse de la mécanique du passage de la paix au conflit armé est vite dépassé. Le premier conflit industriel et total du champ international a modelé notre vision de la guerre, de la mobilisation intégrale des sociétés, de la dynamique technique au service de la guerre. Il a crée un « système de guerre » nouveau, des formes opérationnelles et tactiques, des appareils armés qui fonctionnent jusqu’à nos jours. Il a ouvert une réflexion de long terme sur les rapports entre le politique et le militaire, non seulement en termes d’autorité, mais dans la définition même de la stratégie : est-elle manière de gagner la guerre ou de gérer un affrontement global – politique – qui la dépasse de beaucoup ?  […] »

Lisez la suite de l’éditorial de ce numéro spécial en cliquant ici, et découvrez également en libre accès les articles de Jean-Pierre Chevènement, « La place de l’Europe dans le monde : d’hier à demain », et de Dorothée Schmid, « Turquie : le syndrome de Sèvres, ou la guerre qui n’en finit pas ».

Syrian refugee children in Jordan show strength despite conflict – UNICEF Goodwill Ambassador Liam Neeson

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 23:55
Film star Liam Neeson has said that he was impressed by the strength and spark of the Syrian children after visiting the Za’atari refugee camp in Jordan as part of his advocacy work as the United Nations Children’s Fund (UNICEF) Goodwill Ambassador.

New Lebanese government brings ‘mood of optimism’ needed to address ongoing challenges – UN envoy

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 23:36
Despite continuing challenges, a mood of optimism has taken hold in Lebanon following the recent election of President Michel Aoun and additional political breakthroughs are expected.

Senior UN police officers brief Security Council on their work and challenges they face

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 23:11
Briefing the Security Council today, police chiefs from United Nations missions highlighted the work of their respective units and informed the Council members of the challenges their officers face the ground.

Syria: UN envoy urges action to avert mass hunger in eastern Aleppo ahead of ‘killer’ winter

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 22:49
The United Nations humanitarian envoy for Syria today urged actions to stave off the threat of mass hunger in eastern Aleppo before the arrival of winter that he fears could be “a real killer” for a quarter of a million people trapped there.

Civilian death toll in Iraq nearly doubles from September to October – UN

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 22:33
The number of civilians killed in Iraq last month has nearly doubled since September according to recently released figures by the United Nations Assistance Mission for Iraq (UNAMI).

All countries should see air pollution in Delhi as ‘wake-up call’ – UNICEF

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 22:09
Amid reports that air pollution in India’s capital, Delhi, has hit record highs over the past week, the United Nations Children’s Fund (UNICEF) has called on all countries to pay attention this emblematic case and take decisive actions to tackle the issue.

FEATURE: UN Police heavyweights steer strategies for safer world

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 20:45
Crisp uniforms and the jingle-jangle of brass filled the corridors. With them, came an extra sense of security that permeated United Nations Headquarters in New York this week. For the eleventh year running, erect posture and striding confidence was the daily modus operandi, as the Heads of United Nations Police Components amassed for UN Police (UNPOL) Week 2016, which runs from 7-11 November.

La deuxième génération des « mingong »

Le Monde Diplomatique - Thu, 10/11/2016 - 20:28

Leurs parents se sont tués à la tâche pour faire marcher « l'atelier du monde ». Comme eux, ils ont quitté la campagne par millions, partant à l'assaut des mégapoles chinoises dans l'espoir d'une vie meilleure. Mais leurs rêves se heurtent aux difficultés de la vie en ville, où ils ne disposent pas des mêmes droits que ceux qui y sont nés. Rencontre avec des « mingong », dans les quartiers ouvriers de Canton.

Un père, venu récupérer sa fille à la sortie de l'école Loup Espargilière

Les traits tirés par une semaine harassante passée à confectionner des chaussures, le regard dans le vague, Zhang, 27 ans, raconte : « Cela fait un an que je suis à Baiyun. Ma femme et mon fils sont toujours dans la province du Guangxi. J'étais fermier, je suis venu ici pour l'argent. » Comme près de 280 millions de Chinois (1), il a quitté son village natal pour rejoindre les rangs des mingong (ou migrants, littéralement « paysans-ouvriers »), ces ruraux chinois venus chercher une vie meilleure dans les mégapoles du pays. Un exode entamé en 1979, lors de l'ouverture de la Chine à l'économie mondialisée sous l'impulsion de Deng Xiaoping. Bâtisseurs, ouvriers, balayeurs : ils sont depuis quarante ans les petites mains de la croissance chinoise.

À Baiyun, district ouvrier du nord de Canton où l'on trouve des immeubles-dortoirs, de petites usines de textile et des échoppes qui vendent de tout, les générations de mingong se succèdent. Attablé à la terrasse d'une épicerie de quartier, à l'ombre d'immeubles vétustes, Zhang fait le calcul. Il travaille douze heures par jour, six jours sur sept, dans un atelier de confection où la chaleur est insupportable durant les longues journées d'été. Malgré ses soixante-douze heures de labeur hebdomadaire, soit vingt-huit de plus que la durée légale — fixée à quarante-quatre heures et dépassée par 85 % des travailleurs migrants (2) —, il répète une idée communément admise en Chine : « Ma génération est plus flemmarde que la précédente. Eux travaillaient bien plus dur, ils étaient capables de produire beaucoup plus que nous dans le même temps. » Souvent enfants uniques, élevés par leurs grands-parents, les jeunes mingong ont la réputation d'être plus capricieux et moins travailleurs que leurs parents, qui ont connu les heures les plus dures du communisme chinois.

Recréer une cellule familiale

À deux pas de là, sur une placette où des enfants s'ébattent après l'école, Dai, la trentaine, s'inquiète. Cette jeune mère au visage émacié, ouvrière dans une usine de chaussures, aimerait travailler plus : « Lorsque je suis arrivée ici, en 2006, je faisais des journées de douze heures. Mais maintenant, les commandes diminuent et je ne travaille plus que huit heures par jour. » En 2015, la croissance chinoise s'est établie à 6,9 %, son plus bas niveau depuis vingt-cinq ans (3). Les manufactures du Guangdong (la province de Canton), qui constituent l'« atelier du monde », en paient le prix fort. Avec leurs emplois précaires dans ces industries, les mingong de Baiyun figurent parmi les premières victimes du ralentissement économique. Une perte que ne compense pas la hausse officielle des salaires (10,7 % par an en moyenne entre 2008 et 2014 (4)).

« Les conditions de travail sont très difficiles, alors autant mourir ! », ironise Li, 30 ans, dont dix passés dans les usines textiles de Canton. Il redoute l'« effet domino » que crée la baisse des commandes chez ces travailleurs payés au rendement. Il constate que « beaucoup de petites usines ferment et ne paient pas leurs ouvriers ». Zhang en a été témoin : « Un jour, dans l'usine à côté de la mienne, le patron n'a pas versé les salaires, car il n'avait pas été payé par ses clients. Il a vendu les produits et il est parti avec la caisse. » Le gouvernement local a alors saisi le bâtiment, assure-t-il, pour le revendre afin d'honorer les dettes de l'entreprise et payer les salariés.

Depuis quelques années, la tension monte dans les usines du Guangdong (5). Au cœur des revendications : le respect des lois en vigueur. De très nombreux patrons refusent par exemple de payer leur part obligatoire de l'« assurance sociale » pour les travailleurs. Grèves et occupations d'usine sont les principaux moyens de pression des ouvriers. Le China Labour Bulletin (CLB), une organisation non gouvernementale de défense des travailleurs basée à Hongkong, a recensé 2 774 grèves en 2015, soit deux fois plus qu'en 2014. Selon ses décomptes, dans le seul Guangdong, il y en aurait eu 281 entre août 2015 et janvier 2016. L'écrasante majorité des ouvriers de ces usines sont des migrants.

Porte-parole du CLB, M. Geoffrey Crothall dénonce l'inefficacité de la Fédération des syndicats de toute la Chine (All-China Federation of Trade Unions, ACFTU), la principale organisation du pays, qui représente près de 300 millions de salariés (6). Directement liée au gouvernement, l'ACFTU « ne fait rien pour aider les travailleurs lorsqu'une usine ferme, affirme-t-il. Si les ouvriers font grève, son rôle sera de les remettre à l'ouvrage. » « C'est très difficile d'être contre le gouvernement », renchérit Li. Il y a quelques années, il travaillait dans les grosses usines du district de Panyu, dans le sud de Canton. Bien plus nombreux, les ouvriers pouvaient se faire entendre des pouvoirs publics. « Mais quand nous ne sommes que vingt par entreprise, nous ne recevons aucun soutien. »

En 2010, la jeunesse des usines s'est soulevée, « même si les médias occidentaux ont exagéré le phénomène », commente la chercheuse Luo Siqi. Parti de l'usine Honda de Foshan, à quelques kilomètres de Canton, le mouvement de grève a rassemblé soixante mille ouvriers et stagiaires de l'industrie automobile autour du slogan : « Nous voulons 800 yuans de plus ! », alors qu'ils gagnaient en moyenne 1 500 yuans (200 euros) par mois, selon la chercheuse (7). Les protestataires avaient fini par obtenir gain de cause, mais l'insatisfaction des mingong perdure. « L'ancienne génération ne se plaignait pas, confirme Zhang. La nouvelle, mieux formée, a plus de moyens de lutter. Elle est également plus courageuse. Si les jeunes savent qu'ils sont dans leur bon droit, ils osent s'opposer à leurs patrons. » M. Crothall se montre moins enthousiaste : « Il y a quatre ou cinq ans, nous avons atteint un effet de seuil. Aujourd'hui, les patrons réalisent que la situation économique est très différente de l'époque où le pays connaissait une croissance à deux chiffres. »

Son smartphone en main, Zhang raconte qu'il passe ses soirées sur les réseaux sociaux et dans le groupe de conversation qui rassemble sa famille et ses proches. Il dort et mange à l'usine. De son salaire, il ne dépense presque rien. « Ma femme et mon fils vont bientôt me rendre visite pour quelques mois. En attendant, je dois mettre assez d'argent de côté pour louer un appartement plus grand. » Malgré les difficultés, les jeunes parents sont de plus en plus nombreux à vouloir recréer la cellule familiale en ville.

Alors que son garçon de 10 ans se renverse une briquette de lait de soja entre les orteils, Dai se rappelle pourquoi elle a décidé de le faire venir à Canton. « Mes parents s'en occupaient mal. Ils lui donnaient à manger et faisaient ses lessives, mais ce n'était pas assez. L'an dernier, dans notre village, j'ai surpris mon fils en train d'essayer la cigarette. J'étais folle de rage. Même si je savais que ça me coûterait très cher, il fallait que je le reprenne en main ! », s'amuse-t-elle. Constat similaire pour M. Dan Yuong, ouvrier lustreur originaire du Guangxi voisin : « Avant de venir ici, mon fils de 8 ans ne savait ni lire ni compter jusqu'à cent. Je l'avais confié à mes parents, mais ils étaient trop âgés pour bien s'occuper de lui. » Arrivé il y a trois mois, le garçon n'est toujours pas scolarisé. En journée, M. Dan le confie à la garderie. Chaque soir, après le travail, il est obligé de lui apprendre à lire et à écrire sur la table basse de son studio. Il espère pouvoir bientôt l'inscrire à l'école à Canton.

Des jeunes jouent au basket dans une école du quartier de Baiyun Loup Espargilière

Dans les grandes villes, la situation progresse, mais la scolarisation des enfants de mingong relève encore du parcours du combattant. L'obstacle vient du hukou. Ce passeport intérieur, mis en place sous Mao en 1958 pour contrôler les mouvements de population, instaure une différence de statut entre les natifs des villes et ceux des campagnes. Il restreint l'accès aux services publics pour ces derniers et rend difficile l'accès à l'école pour leurs enfants. Des tentatives d'assouplissement ont eu lieu ces dernières années, comme dans le district de Baiyun, à Canton, en 2012 : une certaine ancienneté de résidence, des contributions financières au système éducatif, du bénévolat ou un don de sang permettent d'accumuler des points qui favoriseront l'accès aux écoles publiques. Des conditions impossibles à remplir pour une grande partie des mingong, contraints de se tourner vers les établissements privés.

Problème : ceux-ci sont débordés face à l'explosion de la demande. « La capacité d'accueil n'est pas à la hauteur », reconnaît M. Ling Yuming, directeur de l'école de Huijiang à Canton, dont les 2 600 places sont occupées à 98 % par des enfants de migrants. « Dans le privé, la qualité de l'enseignement ne vaut pas celle des écoles publiques, déplore quant à elle une institutrice de l'établissement. Ici, la majorité des enseignants sortent d'écoles techniques. Dans le public, en ville, ils ont un niveau universitaire. »

Depuis 1985, l'école est obligatoire et gratuite pendant neuf ans pour tous les enfants chinois scolarisés dans la zone de leur hukou. Pour ceux qui vivent en ville, cette gratuité n'est pas garantie de fait. Dans le privé, les frais de scolarité oscillent entre 3 000 et 4 000 yuans (400 et 540 euros) par semestre. L'équivalent d'un mois de salaire moyen pour les migrants (3 072 yuans, soit 420 euros (8)). Seulement une partie est parfois prise en charge par l'État : « Chaque semestre, les élèves reçoivent entre 675 yuans [92 euros] et 1 200 yuans [164 euros] d'aide gouvernementale », indique M. Ling. L'établissement perçoit aussi chaque année 1 million de yuans (137 000 euros) pour améliorer ses moyens d'enseignement. Des mesures insuffisantes, selon le directeur : « Le système de points [introduit lors de l'assouplissement des règles du hukou] est une bonne chose, mais le gouvernement doit davantage aider les mingong. Ils apportent énormément à la Chine, mais ils ne peuvent pas mener une vie décente. C'est injuste. »

La tête pleine de projets

« Ce n'est ni juste ni injuste, ce n'est pas la question », considère Zhang. Lui-même ne veut pas du hukou de Canton, ni que son fils vienne y faire ses études. Il a accepté la vie urbaine avec résignation, mais il compte les jours. Il attend d'avoir mis suffisamment d'argent de côté pour payer la dot dont son fils devra s'acquitter quand il sera en âge de se marier. « Quand mon fils sera plus grand, je travaillerai plus dur », promet-il. Puis il rentrera dans le Guangxi. Pour l'heure, il tue le temps en lisant des romans de kung-fu sur son smartphone.

« Couci-couça » : voilà comment Dai résume ce qu'elle pense de sa vie cantonaise. « Je n'ai pas à me plaindre. Je ne compte pas changer de travail tout de suite. Avec le déclin de l'économie, j'aimerais ouvrir mon propre commerce, vendre de la nourriture, par exemple, mais je ne sais pas comment faire », répond-elle avec légèreté.

Depuis son studio de vingt mètres carrés, si proche de l'immeuble d'en face qu'il peut le toucher par la fenêtre, M. Wu Erwei attend patiemment son heure. En dix ans à Canton, il a multiplié les contrats dans l'industrie textile, et sa vie gravite autour de celle de l'usine. Il habite seul et ne se sent pas intégré à la ville. Il lâche, désabusé : « Les mœurs locales sont trop différentes des miennes. » Lorsqu'il rentre chez lui, il se connecte à Internet. Il y a découvert que les filles russes sont « très belles », « plus ouvertes » et « moins matérialistes » que les Chinoises, énumère-t-il en comptant sur ses doigts. Il espère en rencontrer une. Un jour, s'il en a les moyens, il rentrera au Hunan fonder son usine. Pour réaliser son rêve, il ne compte pas sur le Parti : « Le “ rêve chinois” [slogan politique de l'actuel président Xi Jinping] n'a pas beaucoup de sens. Surtout pour les gens ordinaires comme moi. »

De l'espoir, Tang, elle, en a à revendre. À 18 ans, elle a été successivement manucure, caissière et coiffeuse. En ce moment, elle passe entre treize et quatorze heures, chaque jour de la semaine, à servir les clients d'un restaurant de grillades pour un salaire de 3 000 yuans (400 euros) par mois. « Je ne travaille pas pour l'argent, mais pour l'expérience », assure-t-elle, un large sourire aux lèvres. Ses parents ont quitté le Fujian pour ouvrir une supérette à Canton. Ils lui ont donné naissance ici, avant de la renvoyer faire une partie de sa scolarité dans leur province natale. Revenue il y a dix ans afin de poursuivre ses études, elle appartient à cette dernière génération pour qui la vie en ville s'est imposée comme une évidence. Avec son pantalon noir évasé et ses accessoires assortis à son tee-shirt blanc imprimé, elle est la Cantonaise type. Comme Zhang, Dai et les autres, elle a la tête pleine de projets. Elle voudrait ouvrir un jour une échoppe de thé glacé. « Absolument certaine » qu'elle aura une vie plus facile que ses parents, elle lance avec enthousiasme : « C'est une nouvelle ère ! »

Concours étudiants 2016

L'association des Amis du Monde diplomatique (9), qui regroupe les lecteurs du mensuel, a organisé cette année son cinquième concours destiné aux étudiants, doté de 1 000 euros (10). Le jury, présidé par Denise Decornoy (directrice de collection littéraire) et composé de Mireille Azzoug (maîtresse de conférences hors classe, ancienne directrice de l'Institut d'études européennes de l'université Paris-VIII), Philippe Leymarie (ancien journaliste à Radio France Internationale, animateur du blog Défense en ligne) et Mathieu O'Neil (chercheur, collaborateur du Monde diplomatique), a étudié les 41 reportages et enquêtes reçus. Les cinq meilleurs articles ont été soumis à la direction et à la rédaction en chef du Monde diplomatique. Les lauréats voient leur texte publié ici.

(1) Statistiques 2015 fournies par le China Labour Bulletin, Hongkong, www.clb.org.hk

(2) Bureau national des statistiques de la République populaire de Chine, Pékin, www.stats.gov.cn

(3) « La croissance chinoise au plus bas depuis un quart de siècle », Le Monde, 20 janvier 2016.

(4) « Wages, productivity and labour share in China » (PDF), bureau régional pour l'Asie et le Pacifique de l'Organisation mondiale du travail, Bangkok, avril 2016.

(5) Lire Martine Bulard, « Le Parti communiste aux prises avec le mécontentement social », Le Monde diplomatique, septembre 2012.

(6) Lire Han Dongfang, « En Chine, colère cherche syndicats », Le Monde diplomatique, septembre 2014.

(7) Lire Isabelle Thireau, « Les cahiers de doléances du peuple chinois », Le Monde diplomatique, septembre 2010.

(8) Bureau national des statistiques, www.stats. gov.cn

(9) www.amis.monde-diplomatique.fr

(10) Pour tout renseignement sur le concours 2017 : amis@monde-diplomatique.fr

Les deux photographies n'ont pas été publiées dans la version papier.

Despite progress, hundreds of children still die of measles every day – UN-backed report

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 20:24
A United Nations-backed report issued today has revealed that despite a 79 per cent worldwide decrease in measles deaths between 2000 and 2015, nearly 400 children still die from the disease every day.

MARRAKECH: Cities are striving to play key role in implementing Paris climate accord

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 20:00
The United Nations Climate Change Conference in Marrakech (COP 22), put its spotlight today on cities, towns and regions around the world that are striving to play a key role in implementing the Paris Agreement, which entered into force on 4 November, including by reducing their carbon emissions.

Conservationists and palm oil industry should collaborate to protect great apes, fragile ecosystems – UN

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 18:45
The United Nations Environment Programme (UNEP) is advocating a collaboration between the international conservation community and palm oil developers in order to create sustainable strategies that will save fragile ecosystems and the species that inhabit them, particularly apes.

Sugar, dairy and staple grains push food price index up by 0.7 per cent in October – UN

UN News Centre - Thu, 10/11/2016 - 18:22
Rise in the price indices of staple grains, sugar and dairy have pushed global food price index up by 0.7 per cent in October 2016 to 172.6 points (9.1 per cent from a year earlier), the United Nations food and agricultural agency said today.

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