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(B2) Durant ces dernières 48 heures, à Washington, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance atlantique se sont rassemblés autour d’un même message : l’OTAN est un merveilleux instrument, l’Alliance atlantique est nécessaire, et grâce à l’impulsion de Donald Trump, nous avons fait un grand bond en avant…
Jens Stoltenberg et Donald Trump dans une poignée de mains virile (crédit : US – Maison Blanche)
Grâce à Donald, quel chemin parcouru !
Ce dernier point n’est pas de la flagornerie pure. Il s’agit de démontrer à l’hôte actuel de la Maison blanche que les efforts des Alliés pour augmenter leurs dépenses de défense et atteindre l’objectif des 2% du PIB tiennent essentiellement à son action, et non à celle de son prédécesseur, Barack Obama. Il faut faire oublier que c’est le Démocrate, ennemi de D. Trump, qui a initié ou soutenu la nouvelle politique adoptée au sommet du Pays de Galles, avec à la clé, un ‘stop’ à la baisse des budgets de défense et un calendrier pour leur remontée.
La trace de Obama, soigneusement effacée
Fidèle à cette tactique, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a soigneusement gommé de son discours (devant le congrès US) toute référence à Barack Obama, et même au sommet du Pays de Galles, pour ne rendre hommage qu’à l’actuel président : « Les alliés de l’OTAN doivent dépenser plus pour la défense. Cela a été un message très clair du président Trump. Et ce message a eu un réel impact » (1).
La crainte d’une porte claquée
Cette attention a un objectif concret : éviter que le doigt agité de Donald, ne dérape en direction de son tweeter pour lâcher une bordée d’injures ou de remarques négatives sur l’un ou l’autre. Chacun garde en souvenir les moments douloureux du dernier sommet de l’Alliance, en juillet à Bruxelles, où l’ancien homme d’affaires, devenu président, avait semé le trouble et la stupeur dans cette assemblée d’ordinaire plus policée (2). A l’époque, la crainte de le voir claquer la porte, voire de dénoncer le Traité de l’Alliance atlantique, était si réelle que, en urgence, les juristes de l’organisation avaient été sommés de farfouiller dans le texte originel du Traité — et les autres dispositions internationales —, pour voir quelles étaient les conditions exactes d’un USexit…
Un cirage des pompes efficace
Cette menace semble éloignée aujourd’hui, grâce à cet effort général de cirage des pompes du président américain. Le secrétaire général « a un bon sens politique. Il rend hommage au travail de Donald Trump » nous confie un diplomate en poste à l’alliance. « C’est efficace. Cet empire des signes a éteint les menaces sur une sortie de l’OTAN ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) On semblerait être au temps de l’Union soviétique des grands jours, quand on effaçait soigneusement toute référence à l’ancien chef…
(2) Lire sur le sommet de Bruxelles :
Cet article Cirage de pompes généralisé à Washington. Donald, le petit père de l’Alliance est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article Alerte ! Les appels à propositions pour le programme de développement industriel de défense publiés est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article Fonds européen de défense : l’Agence reste un lieu irremplaçable d’élaboration des projets (Jorge Domecq) est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) La lutte « contre les réseaux criminels organisés » en Libye s’organise. Un projet pilote a été lancé par la mission européenne d’assistance et de surveillance des frontières (EUBAM Libya), l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures de l’UE (Frontex) et l’Italie.
L’administration libyenne responsable de la sécurité côtière (Libyan general arministration for coastal security GACS) est la principale bénéficiaire de ce projet. L’objectif du trio est de soutenir les efforts des autorités libyennes dans la lutte contre les réseaux de crime organisé. Sont visés : le trafic de migrants, le trafic d’êtres humains et le terrorisme.
21 officiers de la sécurité côtière libyenne formés en février
21 officiers de la police de l’Administration générale libyenne pour la sécurité côtière ont ainsi été formés à Ostia, en Italie. La formation s’est étalée sur trois semaines entre le 7 et le 21 février. Elle a regroupé des cours théoriques, pratiques, et des exercices grandeur nature. Par exemple, les stagiaires ont dû approcher une embarcation sur laquelle se trouvaient des migrants gravement blessés et des enfants, ou bien encore, gérer une scène de crime dans les règles de l’art.
Le cours a également « abordé la protection des droits fondamentaux et la question du genre » précise-t-on du côté européen. Le manque de femmes au sein des forces de police libyennes s’est fait ressentir à l’occasion des exercices pratiques.
NB : La mise en place de ce projet pilote fait suite à la décision du Conseil de l’Union européenne, du 17 décembre 2018, qui a prolongé et modifier le mandat d’EUBAM Libya (lire : La mission EUBAM Libya va être prolongée de 18 mois).
(MHA)
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Cet article Des valeurs et des actes au service de l’utopie européenne (Stefan Löfven) est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article A l’agenda du Conseil des Affaires étrangères (8 avril 2019) est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Notre collègue allemand Eric Bonse a fait un éditorial intéressant sur son blog Lost in Europe, comparant la réaction européenne sur le Venezuela et celle sur l’Algérie. C’est en effet troublant et cela mérite réflexion.
Comment l’UE réagit-elle au changement de pouvoir en Algérie ? Rien du tout ou presque. La commissaire chargée des Affaires étrangères, Federica Mogherini, reste silencieuse. Elle préfère largement interférer dans la lutte pour le pouvoir au Venezuela.
L’Europe qui tonne sur la situation au Venezuela…
Dès que le monde a appris que le président intérimaire autoproclamé Juan Guaidó allait perdre son immunité au Venezuela, Federica Mogherini a fait une déclaration indignée. « L’Union européenne condamne fermement la décision illégale prise récemment par le contrôleur général du Venezuela de disqualifier le président de l’Assemblée nationale, Juan Guaidó, pour 15 ans, de ses fonctions publiques. Une telle décision politiquement motivée, sans respect des garanties d’une procédure régulière, démontre une fois de plus le caractère arbitraire des procédures judiciaires dans le pays. Le rétablissement de la démocratie, de l’État de droit et de la séparation des pouvoirs est impératif. »
… se tait sur l’Algérie
Si on le lit ainsi, on se demande pourquoi l’UE n’est pas en mesure d’exiger la même chose de l’Algérie ? « Le rétablissement de la démocratie, de l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs »… cela vaut également à Alger. Après la démission du président actuel Abdelaziz Bouteflika, qui n’était apparemment pas tout à fait volontaire, l’armée menace aujourd’hui de prendre le pouvoir pour de bon. Les gens qui ont renversé Bouteflika, avec des semaines de manifestations pacifiques de masse, se sentent trahis. A la place qu’a-t-on eu ? … surtout le silence.
Un vrai catalyseur
Il est clair cependant qu’en Algérie, l’Union européenne pourrait mettre les pieds dans le plat, d’autant plus que l’Algérie est un pays voisin et pas aussi éloigné que le Venezuela. Il est clair aussi que l’Union européenne pourrait être le catalyseur d’un changement démocratique — contrairement au Venezuela, où elle ne joue qu’un rôle mineur. Pourquoi n’essaie-t-elle pas ?…
La peur, les intérêts ou une tactique
L’Europe a-t-elle peur d’un deuxième printemps arabe ?… Ou est-ce que parce le pays d’Afrique du Nord possède également d’importantes réserves de gaz et est un acheteur « populaire » d’armes fabriquées en Allemagne (et en France) ? Ou est-ce parce qu’en Algérie — exactement ce que l’UE et les États-Unis veulent pour le Venezuela s’est produit — que l’armée abandonne le dirigeant et passe du ‘bon’ côté ? C’est cynique, mais évident…
(Eric Bonse)
Texte issu de deux articles ici et ici (en allemand). Traduction et intertitres sont de la rédation
Cet article Pour l’Europe l’important se passe au Venezuela, pas en l’Algérie. Une erreur ? est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article L’OTAN investit en Pologne… en soutien aux Américains est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article La Lituanie s’engage avec les États-Unis dans un pacte de coopération militaire. Équipements à la clé est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) La frégate canadienne HMCS Toronto (FFH 333) et la frégate espagnole ESPS Santa Maria (F 81) qui participent actuellement au groupement maritime permanent de l’OTAN, numéro 2 (SNMG2), ont visité le port ukrainien d’Odessa, lors d’une « visite de routine », après plusieurs jours d’exercice en mer Noire, annonce dans un communiqué le commandement maritime de l’OTAN (Marcom).
La frégate Toronto à Odessa (crédit : SNMG2)
Dans le même temps, le bâtiment néerlandais HNLMS Evertsen — qui commande en ce moment le SNMG2 —, accompagné des frégates turque TCG Yildirim, roumaine ROS Regele Ferdinand et bulgare BGS Drazki ont rallié le port géorgien de Poti (Géorgie) pour y faire escale.
NB : Ce type de visite portuaire est régulier. Pour l’OTAN, il s’agit en pleine réunion des ministres des Affaires étrangères à Washington de souligner leur solidarité avec ces deux pays (Géorgie et Ukraine) de l’ex bloc soviétique qui sont intéressés par une adhésion à l’Alliance atlantique et de démontrer leur volonté de rester présent en Mer Noire.
(RM avec NGV)
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(B2) Trois pays tiers participent désormais à la mission européenne chargée de la formation et de l’assistance des forces de sécurité intérieure maliennes (EUCAP Sahel Mali)
(crédits: EUCAP Sahel Mali)
Il n’y en avait qu’un. Ils sont aujourd’hui trois. L’unique expert ressortissant d’un pays non-membre de l’Union européenne était Suisse. A présent, celui-ci peut compter sur ses collègues norvégienne et canadien qui ont élargi les rangs des États non-membres. Arrivée fin janvier, pour la Norvégienne, experte des relations avec la société civile, et début février, pour le Canadien, formateur en gestion des ressources humaines.
(MHA)
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Cet article Carnet (03.04.2019). Confidentiels (FAC, COPS). Opérations (Mopti avion Cesna, MONUSCO prolongatio). Défense (Belgique CAMO, Finlande intrusion, Royaume-Uni force expéditionnaire). Diplomatie (Ukraine présidentielle, UE Chine dialogue, Arabie saoudite exécutions). Sécurité (Garde-frontières accord). Pouvoirs (Brexit – demande de prolongation, vote négatif) est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Le médecin capitaine Marc Laycuras a été tué, ce mardi (2 avril), touché par un engin explosif improvisé, dans la région du Gourma, au Mali
Il était vers 13h (heure de Paris), quand le véhicule de l’avant blindé (VAB) dans lequel il se trouvait, a été frappé par la déflagration d’un engin explosif.
Une équipe médicale « participant à l’opération est immédiatement intervenue » indique l’état-major des armées.
Très rapidement il a été évacué par un hélicoptère Caïman (NH90) vers l’antenne chirurgicale militaire française déployée à Gossi. « Malgré les soins prodigués par les équipes médicales présentes, il est décédé des suites de ses blessures » selon le communiqué du ministère français des Armées. « Un autre militaire a été blessé [ sans] que ses jours soient en danger » .
La force Barkhane a « sécurisé la zone d’action à l’aide d’unités déployées au sol, appuyées par un hélicoptère Tigre, sans déceler d’ennemi » indique l’état-major des armées.
Un capitaine au service des marsouins
Nommé médecin à compter du 1er janvier 2017, Marc Laycuras avait choisi de servir au sein de la 120e antenne médicale du Mans rattachée au 14e centre médical des armées et au profit des marsouins du 2e RIMA, qu’il rejoint le 2 janvier 2018. Le 12 février 2019, il est déployé au Mali comme médecin du poste médical soutenant le 2e RIMA, après avoir été désigné pour soutenir le groupement tactique interarmes (GTD Richelieu) dans le cadre de l’opération Barkhane. Il avait 30 ans.
Une base régionale avancée dans la région du Gourma
Agissant principalement depuis novembre 2017 dans la région du Liptako, la force Barkhane a étendu depuis le début de l’année 2019 son action à la région du Gourma, en y établissant une base opérationnelle avancée et conduisant plusieurs opérations en liaison avec les forces armées maliennes et burkinabè.
(NGV)
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Cet article Programme de développement industriel de la défense : les appels à proposition bientôt publiés. Détails est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Les deux navires viennent de terminer leur engagement dans la force européenne maritime présente en Méditerranée (EUNAVFOR Med) opérationnelle de l’opération
Le navire amiral de l’opération Sophia, le Luigi Rizzo, rentre au port (crédit : EUNAVFOR Med)
Après 92 jours d’opération, la frégate italienne Luigi Rizzo (F-595), qui faisait office de vaisseau amiral, « est revenue à son port d’attache » vient d’annoncer le QG de l’opération Sophia à Rome. Tandis que le navire de patrouille de haute mer (BAM) espagnol Rayo (P-42) mettait fin, dans le même temps, (de façon anticipée), à son implication dans la mission après 15 jours d’opération. Durant cette période, les deux navires « ont permis de ‘héler’ 67 navires de commerce [vérifier l’identité] et de mener une approche amicale [friendly approach] », dans le cadre du contrôle de l’embargo sur les armes et de la lutte contre les trafics de pétrole.
Commentaire : même si, au niveau européen, on veut se rassurer en se disant que ce retrait maritime n’est que temporaire (six mois), on est bien dans la fin d’une phase, d’assez mauvais augure pour la suite.
(NGV)
Lire :
Cet article L’adieu aux navires en Méditerranée pour l’opération Sophia est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Selon un sondage réalisé par Odxoxa pour le think-tank IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et le quotidien Le Parisien, une majorité de Français sont en faveur de l’armée européenne
Une armée européenne sans penser que c’est faisable
Les Français sont favorables (75 %) à la mise en place d’une politique de sécurité et de défense commune (1), et ils approuvent également une armée commune aux États membres de l’UE (62 %). Mais ils doutent très fortement qu’une telle armée puisse voir le jour à l’avenir : 60 % pensent que cela n’arrivera pas dans les 10 ou 15 ans à venir !
Soutien plus fort dans les partis de ‘gouvernement’
Le soutien à la PSDC est très majoritaire parmi les sympathisants de LREM (92%) et du PS (86%) comme de LR (81%). Les extrêmes y sont légèrement moins sensibles : 68% pour La France Insoumise et Rassemblement National. Le soutien à l’armée européenne est plus majoritaire chez les sympathisants PS (78%) suivis des Républicains (75%) et ‘En Marche’ (73%). Sans être enthousiastes, les ‘Insoumis’ n’y sont pas vraiment opposés (60% Pour). Le Rassemblement National y est plus opposé (48%).
Augmenter le budget militaire
En attendant cette armée commune, les Français (57 %) pensent qu’il faudrait augmenter les dépenses militaires de la France. Mais si cette opinion est majoritaire, elle est tout de même très « clivée ». Plus on est à droite, plus on est favorable à cette augmentation des dépenses militaires : on passe ainsi d’un soutien aux 2/3 (66 %) chez les sympathisants du Rassemblement national à 46% chez ceux de la ‘France insoumise’.
Principale menace : la Russie
Du côté des menaces, la Russie, arrive largement en tête des pays faisant le plus peur aux Français : 35 % de nos concitoyens perçoivent ce pays comme la plus grande menace pour la sécurité de l’Europe, juste devant la Syrie (29%) ou la Corée du Nord (28%) ! De là à y voir un « consensus pour stationner les armées sur la frontière Est » comme le dit le directeur d’Odoxha, il y a un pas que nous ne pourrons pas franchir. Ce n’était pas vraiment la question posée. Et c’est plutôt audacieux, voire faux, comme interprétation. L’Iran (12%), la Libye (6%) ou le Mali (2%) sont perçus comme plus faibles en termes de menaces.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Une politique théoriquement en place depuis le Traité de Lisbonne
Cet article Les Français disent Oui à l’idée d’une armée européenne, mais doutent qu’elle aboutisse est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article Géorgie : Depuis 2008, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée (David Zalkaliani) est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Un A400M de la Royal Air force a acheminé jusqu’au Mozambique environ 20 tonnes d’aide humanitaire pour les personnes touchées par le cyclone Idai
(crédit : Royal Air Force)
Au moins 17.400 maisons ont été complètement détruites par le cyclone et les inondations qui ont frappé le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi. Selon l’ONU, 350.000 personnes sont menacées par la montée des eaux dans les zones urbaines et rurales. De nombreux villages et points de repère ont été submergés par les eaux de crue, bloquant toutes les missions de sauvetage terrestres et rendant la livraison de l’aide par voie aérienne encore plus nécessaire, indiquent les Britanniques.
(NGV)
Cet article Un A400M de la Royal Air Force convoie de l’aide humanitaire au Mozambique est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2 à Tbilissi) B2 a accompagné une patrouille de la mission d’observation de l’Union européenne en Géorgie (EUMM), près de la ligne de démarcation avec l’Ossétie du Sud. Non armés, ces observateurs, dont beaucoup sont d’anciens ou d’actuels policiers, s’appliquent à réduire le niveau de tensions
Deux observateurs de EUMM Georgia regardent un camp de gardes-frontières russes (©B2/Romain Mielcarek)
EUMM Georgia est composée de 200 observateurs, issus de 27 des 28 pays membres (la Slovaquie n’a pas de personnel au moment de notre visite, mais en déploie habituellement). Présents depuis octobre 2008, suite aux combats qui ont opposé l’armée géorgienne aux rebelles sud-ossètes et abkhazes, appuyés par l’armée russe, ils sont le dernier canal de dialogue entre les parties au conflit. Ils patrouillent dans toute Géorgie, privilégiant largement les lignes de démarcation avec les 20% du territoire occupés par les forces russes et leurs alliés.
Une situation qui reste tendue
Des frontières qui se durcissent…
Les Géorgiens et de nombreux médias parlent souvent de « frontières » qui progressent. Les Sud-Ossètes et les Abkhazes, appuyés par les Russes, feraient avancer progressivement la ligne en ajoutant ici du barbelé autour d’un champ, là une barrière à l’entrée d’un village coupé en deux. Pour le porte-parole de l’EUMM qui nous accueille à Akhmazi, « ce n’est pas une question de frontières qui avancent mais de frontières qui se durcissent » : les infrastructures évoluent avec la multiplication de nouvelles caméras, de miradors, d’obstacles physiques, perçus par les Géorgiens comme autant de menaces et de provocations.
… Et s’imposent de facto
Sur le poste frontière que nous avons pu observer, la circulation est relativement fluide. 400 personnes le traversent chaque jour. Des gardes sud-ossètes contrôlent les véhicules : laissez-passer des passagers, contenu du coffre, absence d’armes ou d’équipements dangereux. En second rideau, des garde-frontières russes sont présents. Lorsque des étrangers se présentent sans les documents nécessaires, ils sont simplement expulsés. Mais les Géorgiens, eux, sont arrêtés et jugés. « Une pratique inhabituelle pour quelqu’un qui a travaillé à un poste frontière dans un autre pays », souligne un membre de l’EUMM.
Le vocable reste un sujet compliqué. Si les Sud-Ossètes et les Abkhazes parlent de « frontière », les Européens préfèrent le terme « ligne de démarcation administrative » (administrative boundary line). Les Géorgiens parlent eux très clairement de « territoires occupés ».
Des interdits maintenus
Déployée suite aux combats de 2008, l’EUMM entre dans le cadre de l’accord en six points négocié à l’époque par l’Union européenne avec les belligérants. Deux de ces points ne sont pourtant toujours pas respectés, un peu plus de dix ans après : les observateurs européens n’ont pas accès aux territoires occupés et les Russes ne se sont pas retirés. Si Moscou reste discret sur les effectifs présents en Ossétie du Sud et en Abkhazie, la Military Balance estime à environ 7000 le nombre de leurs militaires, faisant de la Géorgie le deuxième théâtre d’opérations de la Russie en effectifs après l’Ukraine (28.000 hommes) et devant la Syrie (5000 hommes).
Lire : Dépenses de défense. Entre Etats-Unis et Russie, l’Europe en quête des bons équilibres stratégiques
La population prise en otage
Pour les Géorgiens, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre de la ligne de démarcation, cette situation crée une forte précarité. Les permis de circulation ne sont valides que trois ans et rien ne garanti qu’ils seront reconduits à terme. Plus ennuyeux, les autorités de facto peuvent à tout moment suspendre la relative liberté de passage. C’est ce qui s’est passé le 11 janvier quand les Sud-Ossètes et les Abkhazes ont décidé de fermer les frontières pour éviter l’arrivée de la grippe H1N1, qui a tué 15 personnes en Géorgie. Ceux qui étaient du mauvais côté, notamment des étudiants venus visiter leurs familles pour célébrer le nouvel an, sont restés coincés deux mois sans recours. Environ 140 personnes avaient tout de même été exceptionnellement autorisées à sortir, pour des raisons sanitaires majeures. De quoi maintenir, selon un membre de EUMM Georgia, une « pression psychologique ».
Présence russe explicite
Depuis la route qui va d’un côté à l’autre de la ligne de démarcation, les camps des gardes-frontières russes (1), sont parfaitement visibles. Dans chacun des deux territoires, 19 de ces camps, parfaitement identiques, sont répartis le long des frontières. A l’intérieur, les Russes vivent avec femmes et enfants. Autant d’indicateurs qui laissent penser, comme le souligne un membre d’EUMM, « qu’ils veulent montrer qu’ils sont là pour longtemps ». Les bases militaires russes, les vraies, sont plus à l’intérieur des terres, à une bonne vingtaine de kilomètres de la frontière.
EUMM Georgia en première ligne
Les Européens au contact
Dès 2008, l’Union européenne a négocié dans le cadre des Arrangements techniques (Technical Arrangements) avec les autorités géorgiennes que ces dernières ne déploient pas une police trop lourdement équipée, voir l’armée, à proximité de ces zones. EUMM se charge de surveiller et d’informer les acteurs sur ce qu’elle observe. Un moyen de réduire les tensions. Si les Russes ont été appelés à suivre une logique comparable, ils ne l’ont pour l’instant pas fait. De la même manière, l’Otan ne laisse pas son personnel approcher de ces zones, pour éviter toute accusation d’espionnage ou de provocation. Les Géorgiens ont tout de même déployé une police spéciale chargée de surveiller les flux en direction et en provenance d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie. Celle-ci ne dépend pas des gardes-frontières… Puisqu’aucune frontière n’est reconnue.
Les missions de EUMM
Le mandat de EUMM Georgia lui fixe quatre missions : suivre la situation et la stabiliser ; encourager le processus de normalisation ; multiplier les contacts et les projets pour réduire les tensions ; éclairer la décision politique de l’Union européenne. Si depuis 2008 la situation est relativement calme, difficile pourtant de parler de progrès. Aucune piste de solution ne se dessine.
Le nombre d’appels de la hotline de EUMM, depuis 2011, ne cesse de croître. Les motifs : détentions, criminalité, explosions, coups de feu, urgences sanitaires…
Hotline
En février 2009, les parties au conflit ainsi que l’UE, l’OSCE et l’ONU ont adopté un Mécanisme de prévention et réponse aux incidents (IPRM). Celui-ci doit permettre un dialogue entre les belligérants mais fonctionne par intermittence. La hotline mise en place par EUMM Georgia dans ce cadre semble être l’outil le plus concret et le plus efficace. Seul canal de dialogue opérationnel, il permet aux observateurs européens d’avoir des contacts directs avec des interlocuteurs identifiés des deux bords. En cas d’incidents, les uns et les autres peuvent s’en servir comme d’un relais d’information : si les Géorgiens ne peuvent appeler directement les forces de sécurité sud-ossètes, ils peuvent demander à EUMM de le faire pour obtenir des informations sur un événement spécifique. De quoi éviter les malentendus lorsque les Sud-Ossètes s’entrainent au tir, par exemple.
Une mission difficile à comprendre
Frustrations géorgiennes
De nombreux Géorgiens ont parfois l’impression que les équipes de EUMM ne font rien. Patrouillant avec leurs gilets bleus, sans armement et ne pouvant intervenir par la force, leur mission peut paraître futile. Ils peinent parfois à comprendre, par exemple, que des membres de EUMM les orientent vers des sources de financement pour des projets humanitaires. Pourquoi les Européens ne le font-ils pas eux-mêmes ? Parce que cela ne fait pas partie de leur mandat. Le porte-parole de l’opération admet cette difficulté et multiplie les efforts de pédagogie et d’information, afin de mieux expliquer le rôle de EUMM, notamment en ce qui concerne l’intermédiation entre les différentes parties au conflit.
Un déficit de médiatisation
Faute d’actualité (et d’explosion de violence ?), EUMM peine à médiatiser ses activités et ses petits succès du quotidien. La situation en Géorgie reste pourtant particulièrement importante pour l’Europe, sur fond de tensions avec la Russie et de projet d’intégration de Tbilissi dans l’UE et dans l’Otan. Pour inciter les journalistes locaux à prendre de la hauteur sur les événements, EUMM organise par ailleurs un prix en faveur du journalisme de paix (peace journalism), qui récompense des reportages engagés et éthiques, échappant au manichéisme et la facilité.
(Romain Mielcarek)
(1) Ce service fait partie du service de sécurité russe plus connu sous le nom de FSB.
Lire aussi :
Cet article Patrouille avec EUMM à la « frontière » entre la Géorgie et l’Ossétie du Sud est apparu en premier sur Bruxelles2.