(B2) En pleine guerre agressive de la Russie en Ukraine, peut-on laisser la Russie seule aux manettes du comité du patrimoine mondial ?
C’était la question fondamentale posée à l’organisation. Un pays qui en agresse un autre, met-il à mal son patrimoine culturel (1) ?, se sont demandé les membres de l’UNESCO, en particulier les Européens, qui ont bataillé durant de longues semaines pour obtenir ce report.
Un rendez-vous important
La session annuelle du comité est une réunion fondamentale pour l’organisation. Ce n’est pas juste une réunion parmi d’autres. Elle réunit non seulement les membres étatiques, mais aussi la société civile, les porteurs de projets, des ONG, elle réunit entre 3000 à 6000 personnes. Elle est en fait au patrimoine culturel ce qu’est la COP pour l’environnement et le Climat. Hasard du calendrier, c’est la Russie qui préside cette année le comité du patrimoine mondial (1). Et elle comptait bien faire de la réunion annuelle à Kazan, normalement prévue du 19 au 30 juin, un évènement majeur. Ce d’autant que la fête avait été gâchée, en 2020 et en 2021, à cause de la pandémie de Covid-19.
L’agresseur récompensé
Cette célébration est pour cependant plutôt anachronique. Une organisation, sensée promouvoir la culture et le patrimoine, laisserait ainsi un pays se glorifier de protéger le patrimoine mondial. Alors que non seulement, il mène une guerre contre un autre, mais détruit aussi systématiquement nombre de ses bâtiments culturels, protégé par le bouclier bleu. Ce logo bien connu fait d’un double triangle bleu et blanc (2). L’ambassadrice française à l’UNESCO, Véronique Roger-Lacan, le dit ouvertement : la tenue de cette session en Russie « alors que cette dernière bombarde les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial en Ukraine » est « inconcevable », lance-t-elle lors de la 7e session extraordinaire du conseil exécutif de l’organisation, à la mi-mars.
Une guerre qui fait mal au patrimoine
Plus de 100 monuments et établissements culturels ont, en effet, rapidement été endommagés ou détruits par les frappes russes (aériennes ou artillerie) depuis le 24 février et le début de la guerre. Des églises, des cathédrales, des théâtres… Au dernier bilan établi par l’UNESCO, le 2 mai, 120 sites ont été endommagés ou détruits : 54 établissements religieux, 10 musées (dont le mémorial de Skovorodynivka, à 40 km de Kharkiv dédié au philosophe H. Skovoroda), 24 bâtiments historiques, 13 bâtiments culturels, 15 autres monuments, 7 librairies (la liste ici). Pourtant la direction de l’UNESCO, dirigée par la Française Audrey Azoulay résiste, et tente de faire le dos rond face à la fronde, durant de longues semaines.
La menace d’un boycott
Les Européens soutenus par un certain nombre de pays passent la vitesse supérieure. Une lettre ouverte est envoyée le 8 avril. Initiée par Laura Davies, l’ambassadrice britannique à l’UNESCO, elle est signée par 46 pays (3). Si la réunion est maintenue, les 46 avertissent : ils « n’iront pas à Kazan », à cette réunion présidée par la Russie. Moscou est en train de « détruire la valeur universelle exceptionnelle » en Ukraine. Tenir une réunion atteindrait la « crédibilité » même de l’UNESCO. La menace est sérieuse. Finalement, face à une menace de boycott, un compromis est trouvé. L’ordre vient du Kremlin. Et dans une lettre, signée de l’ambassadeur à l’UNESCO, Alexander Kuznetsov, la Russie annonce, le report de la réunion sine die. Il était temps.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Cher/e/s lecteurs et lectrices fidèles de ce blog. Vous l’aurez constaté, le nombre d’articles s’est raréfié ces derniers temps. Cela ne tient pas seulement au hasard du congé de Pâques. Cette pause est nécessaire pour plusieurs raisons.
L’essentiel de l’actualité est désormais couverte par notre édition Club B2 Pro. Cette édition a pris son essor, d’abord sous forme de test, puis de formule plus élaborée, et a trouvé aujourd’hui son rythme de croisière. Nous publions ainsi toujours 3 à 4 articles par jour en moyenne, 6 jours sur 7, sans compter les centaines de nouvelles recensées dans nos trois carnets de veille hebdomadaire, sur tous les aspects de la géopolitique européenne. Avec seulement une équipe de quatre journalistes permanents, et le renfort d’un ou deux pigistes, la prouesse est prodigieuse au quotidien. Tout cela sans un seul gramme de subvention, de mécénat ou de sponsoring ! Nous ne pouvons démultiplier nos efforts à l’infini. Et il importe de concentrer nos efforts sur ceux qui donnent leurs ressources à B2. NB : fidèle à notre tradition, nous garderons cependant toujours quelques articles en libre accès (ils se trouvent dans la rubrique B).
Si vous ne l’êtes pas encore, vous pouvez vous abonner, c’est ici. Pour les étudiants et universités, une formule master très intéressante a été mise au point qui rend la formule Pro très accessible.
Les missions et opérations de l’Union européenne (de la PSDC), qui ont été au cœur du blog depuis le début, ont perdu de leur importance. Certaines opérations sont terminées ; leur objectif atteint. D’autres se sont transformées pour se pérenniser, mais sont loin de leur objectif de départ, ou connaissent des difficultés lancinantes. Quelques unes maintiennent vaille que vaille le cap. Mais il est un fait, pour atteindre son objectif de stabilisation dans son voisinage et tenir son rôle mondial, l’Union européenne recourt aujourd’hui à une toute autre palette d’instruments (sanctions, fonds de défense, facilité de paix, politique d’armement), très loin de l’esprit de la PSDC de départ.
Enfin, il est temps de revoir en profondeur le concept. Après quatorze ans d’un labeur quasi quotidien, il faut retrouver un nouveau souffle. Le dispositif des blogs a vieilli. Les réseaux sociaux (twitter, linkedin, etc.) ont pris toute leur place. Il importe donc de régénérer le modèle.
Le quotidien de la géopolitique européenne vue par B2 continue, et c’est ici.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Ce blog est en pause de rafraichissement. L’actualité continue sur B2 Pro
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(B2) L’actualité continue sur B2 pro. Pour ceux qui ne sont pas encore abonnés, voici un résumé de nombreuses informations parues ces derniers jours.
Russie : les 27 adoptent un cinquième paquet
[analyse] B2 avait anticipé le cinquième paquet de sanctions contre la Russie. Nous y sommes revenus le soir même de l’adoption des différentes mesures économiques (charbon, transport maritime et routier, banques…). Un paquet qui a demandé de nombreuses discussions : les uns (Baltes et Pologne, etc.) trouvant que l’ensemble était trop faible, les autres (Grèce, Chypre, Malte) estimant qu’il était trop dur notamment pour l’industrie maritime. Résultat : un compromis avec de nombreuses dérogations qui en réalité amoindrissent l’efficacité du paquet. de nouveaux noms sur la liste noire, l’expulsion coordonnée de diplomates russes…
[Avant-Première] Les Européens ont ajouté sur plus de 200 noms supplémentaires. Au-delà des noms, affichés partout, des filles de Poutine, mises sur liste noire, on trouve surtout beaucoup d’entités du complexe industriel militaire et technologique russe.
Lire : Cinquième paquet de sanctions Russie : qui pourrait être sanctionné ? Les premiers noms
La Finlande et la Suède dans l’OTAN
La guerre en Ukraine change la donne sécuritaire en Europe. La Finlande et la Suède, longtemps sur la marche de l’Alliance atlantique, pourraient bientôt franchir le pas. Et l’Alliance, sans le dire ouvertement, s’en réjouit. Cet élargissement serait une avancée majeure de l’OTAN. La plus importante depuis l’élargissement à l’Est.
Lire : La Finlande et la Suède rapidement dans l’OTAN ?
Mais pas sans garanties de sécurité
[Analyse] La question des garanties de sécurité (type article V) est un aspect fondamental de la discussion et posé comme une condition à l’adhésion par les Nordiques.
Lire : Adhésion de la Finlande et Suède à l’OTAN : des garanties de sécurité à trouver
La Suède réarme
En réaction à la guerre Russie-Ukraine, les forces armées suédoises veulent accélérer le renforcement de la défense. Cinq capacités doivent être renforcées en priorité.
Face à la guerre, les forces armées suédoises demandent plus de matériel
Mali. Quid de l’avenir des missions de sécurité et défense de l’UE dans le pays
(Exclusif) Les ambassadeurs du comité politique et de sécurité (COPS) sont réunis, ce mardi (5 avril). Alors que la réunion est toujours en cours, B2 obtient les principaux éléments de la décision mise sur la table. Les formations d’unités les plus robustes, d’unités pour le combat des FAMA, les forces armées maliennes (par la mission militaire EUTM Mali), comme de la Garde nationale (par la mission civile EUCAP Sahel Mali) sont suspendues jusqu’au moins le mois de mai, date de la revue stratégique.
Lire : Les activités de formation au combat d’EUTM Mali vont être suspendues officiellement
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Yemen : une pause de deux mois dans le conflit
Alors que toute l’attention est concentrée sur l’Ukraine, nous voulons garder un œil sur les autres zones de crise. L’annonce d’un cessez-le-feu par l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, le 1er avril, n’est pas un mince exploit. Le respecter ne le sera pas non plus… Nommé à son poste en août 2021, le Suédois avait annoncé que cela faisait « plus de
Lire : [Pendant ce temps] Un cessez-le-feu au Yémen pour deux mois
Egypte : les Moubarak au tribunal
En annulant symboliquement mercredi (6 avril) le gel des avoirs mis en place contre la famille Moubarak (gel des avoirs qui est déjà levé), les juges de la neuvième chambre ont surtout dressé un réquisitoire contre le retard de la justice égyptienne à trancher cette affaire et le laxisme européen qui s’est contenté de reconduire les sanctions sans vérifier si les droits de la défense avaient bien été respectés.
Lire : Affaire Moubarak. Les errements du Conseil pointés du doigt par le tribunal
L’OTAN se met à la techno
(Analyse) Le concentré du meilleur de la technologie, c’est l’objectif de l’incubateur de l’Alliance atlantique, Diana, dont les ministres de la Défense ont signé la Charte ! Il va regrouper une soixantaine de sites. Sur le papier, la communication officielle de l’Alliance est merveilleuse. Dans la réalité c’est un peu différent. La répartition de ces centres montre un tel déséquilibre qu’on peut avoir un doute sur l’utilité de cet incubateur. Les Européens de l’Est fournissent la moitié des centres, les grands pays moteurs de l’UE (Allemagne, Italie, Espagne) font le service minimum. Même le Royaume-Uni et la Norvège ne sont pas très contributeurs. La France est absente. Et les USA réservent leur réponse !
Lire : L’accélérateur d’innovation de l’OTAN se met en place cahin cahan. La charte de DIANA signée
Au Conseil des Affaires étrangères
(Avant-première) Le détail des questions abordées par les ministres des Affaires étrangères : la guerre en Ukraine, le Mali, la Libye, le Yémen, la Cour pénale internationale et les crimes de guerre. Après avoir suivi plusieurs briefings et discuté avec plusieurs diplomates, B2 vous donne les premières clés pour comprendre les enjeux de cette réunion qui se déroule à Luxembourg.
Lire : à l’agenda du Conseil des Affaires étrangères (11 avril 2022)
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Et toujours notre carnet de veille
Le carnet ce sont des informations confidentielles, anticipées, mais les principales déclarations officielles contextualisées, les rapports et résolutions débattues, les décisions publiées au JO
Lire : Carnet (09.04.2022). Guerre en Ukraine. Défense. OTAN. Diplomatie. Crises. Voisinage. Pouvoirs
(Nicolas Gros-Verheyde, avec toute l’équipe de B2, Aurélie Pugnet, Emmanuelle Stroesser, Agnès Faure et Clara Gantelet)
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(B2) La présence ce vendredi de Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen est forte en symboles, en messages politiques délivrés. Mais elle révèle aussi une sacrée personnalité et un certain courage. Peu d’hommes (et de femmes) politiques se sont risqués jusqu’ici à faire le déplacement.
En partance devant le train A la Rada ukrainienne Devant les partis politiques MAvec le président de la Rada R. Stefanchuk Avec le premier ministre D. Shmyhal Avec le président Zelensky A la tribune du Parlement ukrainien (Rada) (photo : PE)
Par le train
La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a pris le train de nuit jeudi (31.03) de Varsovie pour rejoindre la capitale ukrainienne. Elle pu rencontrer les différents leaders de partis, le président du Parlement Ruslan Stefanchuk, le premier ministre Denys Shmyhal, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Une visite chargée en termes émotionnels et de soutien. Avec un message répété à chaque fois : « Courage, force, résolution » accompagné à chaque fois du slogan ukrainien : « Slava Ukraini! » (Gloire à l’Ukraine) et d’un tweet.
Mieux qu’un tweet ou un téléphone, être sur place
C’est la première visite d’une représentante d’une institution européenne. Exceptée la visite du trio polono-tchèque-slovène, peu d’hommes et de femmes politiques européens se sont risqués à perdre autant d’heures pour venir à Kiev, préférant les messages par téléphone et par tweet.
Résister à la terreur et être libres
« Vous montrez au monde qu’aucune quantité de terreur ne peut intimider et que les bombes ne détruiront jamais la fierté et qu’elles ne détruiront jamais la dignité » a déclaré la maltaise dans un discours devant la Rada ukrainienne (le parlement). « Vous êtes les défenseurs de votre pays. Mais vous ne vous battez pas seulement pour protéger vos maisons et votre territoire. Vous vous battez pour ce en quoi nous croyons tous. La liberté. La démocratie. La règle de droit. » Et d’affirmer : « Nous n’oublierons jamais ce qui s’est passé [à] Mariupol. Jamais. »
Les trois promesses de Metsola
Au-delà du message de solidarité, la présidente du Parlement européen s’est engagée sur trois promesses aux Ukrainiens :
La liberté avant tout !
Certain(e)s s’affirment géopolitiques, d’autres en faveur de la paix et du dialogue. Certains passent beaucoup de coups de téléphone, et s’en vantent. Ce qu’a réussi la présidente du Parlement européen, que certains avaient critiqué comme ‘conservatrice’, ne voyant en elle qu’une tenante de l’anti-avortement, devront reprendre leur discours (1). R. Metsola est avant tout une tenante de la liberté. Elle l’avait montré durant son mandat à la commission des Libertés publiques. Elle l’a affirmé, haut et fort, à Kiev : « L’Union européenne est un projet de paix. Mais même au-dessus de cela, c’est un projet sur la liberté. ».
Chapeau bas madame
(Nicolas Gros-Verheyde)
lire notre portrait tout en nuances : Roberta Metsola, le nouveau visage du Parlement européen
Crédit : Photos : Parlement européen – Roberta Metsola / Archives B2
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(B2) En pleine incertitude sur le sort du conflit en Ukraine, nous avons rencontré, au déboté, le chef de la diplomatie européenne, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell. Il était en train de faire une marche, à petite foulée, dans le parc du Cinquantenaire, à deux pas du siège du service diplomatique européen. L’oeil plissé comme à son habitude, il ne mâche pas ses mots.
Alors Josep, cette boussole ?
— Ah ne m’en parlez pas. Ras le bol de la boussole. Terminado. On parle d’autre chose.
Juste un mot quand même ! C’est un peu votre Œuvre… ?
— Vous croyez cela ? Vous êtes bien le seul. On avait préparé un truc en 10 pages, bon 15 pages avec les fioritures, bien torché, bien écrit. Et voilà que chacun a voulu mettre une phrase de plus, enfin une page de plus. Un voulait inscrire en grand le nom de la Russie comme le pire ennemi de tous les temps et désigner Poutine comme criminel de guerre. Si tu mets Poutine, je mets Erdogan et la Turquie a répliqué l’autre. Et la Bosnie-Herzégovine alors a glissé un troisième. Et puis la fonte des glaces, la beauté de Carthage, que sais-je encore… Heureusement qu’on n’a pas les Suisses parmi nous. Sinon il aurait fallu dire un mot du chocolat.
Vous êtes un peu dur non ?
— Entre nous, on pouvait boucler ça vite fait bien fait. Et cela aurait été plié. Je l’avais dit à Jean-Yves [Le Drian, ministre français des Affaires étrangères] quand on s’est vu chez lui, en août. On dégustait des crustacés sur la plage, devant la maison. Je lui ait dit : « écoute Jean-Yves, on a tout là, j’appelle A, B (anonyme) tu appelles C, D, ils nous écrivent ça. Et c’est bouclé ! ». Il m’a répondu : « oui je sais, mais Emmanuel [Macron, le président français] y tient. C’est vital pour lui : l’Europe, la souveraineté, tu sais tout le blabla »…
… Et vous avez accepté ?
— Je ne peux rien refuser à Jean-Yves. Enfin, à la France. Vous savez l’Europe c’est simple. En économie, c’est l’Allemagne qui gouverne. Et elle a délégué quelques sujets à ses voisins : pour la fiscalité c’est le Luxembourg, pour le budget ce sont les Pays-Bas, etc. En diplomatie, c’est le contraire, c’est la France qui dirige. Enfin théoriquement.
… Théoriquement ?
— La réalité, mon petit. La réalité. Regardez autour de vous. La défense européenne aujourd’hui, c’est l’OTAN. La diplomatie, ce sont les États-Unis. L’innovation, c’est la Chine. Et la force, c’est la Russie. Même les Africains aujourd’hui nous mettent dehors.
Vous êtes un peu défaitiste, là. L’Union européenne a une stratégie, adoptée au sommet !
— Adoptée oui, vendredi, en 2 minutes 35 secondes. Même pas le temps de dire ouf ! En fait la Boussole… elle a fait plouf. C’est ça la réalité européenne aussi. La stratégie, c’est bien. Mais bon l’agriculture, l’énergie, l’économie, les sous… c’est mieux. Les Chefs sont des boutiquiers.
Heureusement, lla présidente de la Commission européenne a une vraie ambition géopolitique, non ?
—… Il s’arrête de marcher, écarte sa veste, montre son tee-shirt, blanc avec un petit cœur “I love Ursula !” « C’est Charles (Michel) qui me l’a offert. Il en a commandé une caisse. Et l’offre à tous ses invités. Demandez-lui en un ! » lâche-t-il rigolard.
Redevenons sérieux, vous parliez de la Russie, devons nous la redouter ?
— Poutine est vraiment un bad guy. [Le président américain Joe] Biden a raison, il faut l’éjecter. Lui, et sa clique, Lavrov et les autres. Je les déteste. Ce sont des criminels. Je lui avais dit vertement à Helsinki après la mort de Politovskaia, la journaliste russe [au Conseil européen fin 1999, NDLR]. Lavrov s’est vengé à Moscou en m’infligeant une leçon. Mais je l’attends au tournant. Serguei quand tu viens à Bruxelles… si tu viens un jour, je te réserve une petite surprise….
Vous étiez un peu le seul alors à tancer Poutine ?
— Oui. Tous les autres dans la salle se sont tus. Unanimes pour se taire. Les lâches…
C’était les Quinze à l’époque, le bon temps ? S’il y avait eu les Polonais ou les Baltes cela aurait été autre chose. Ils ne sont pas dociles ceux-là ?
— Ça vous pouvez le dire. Dès qu’ils peuvent ouvrir leur bouche, ils le font, sans détour. Heureusement qu’ils sont là en fait. Cela réveille un peu le débat. Ça me rappelle ma jeunesse…
(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)
Pour lire la « vraie » histoire sur la Boussole, lisez notre enquête…
Cet article La boussole et moi. Entretien exceptionnel avec Josep Borrell est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Ces derniers jours, B2 pro a fait feu de tous bois. Fonds de défense, Boussole stratégique, Guerre en Ukraine, Jurisprudence… Nous avons multiplié les décryptages, confidentiels et articles de veille. Toutes les clés pour comprendre la défense, la diplomatie, les pouvoirs européens. Et cela va continuer !
Un nouvel appel à projets du Fonds européen de la défense. Les priorités 2022 détaillées
(Exclusif) Quels seront les thèmes, les lignes de programmes, les priorités qui figureront dans le prochain appel à projets du Fonds européen de la défense. B2 a pu le lire dans sa version provisoire. Avant publication. Détails
(Décryptage) Le revirement révélé par l’état-major russe vendredi (25 mars) et entériné par son ministre de la Défense ce mercredi (30 mars) mérite d’être lu avec attention. Entre les lignes, il révèle la volonté de Moscou d’en finir avec l’opération « spéciale », d’arriver en position de force à la table de négociation, mais pour autant pas de se retirer totalement.
(Confidentiel) L’ancien président ukrainien (avant 2014) Viktor Ianoukovitch et son fils Oleksandr ont obtenu du tribunal de l’UE mercredi (30 mars) l’annulation de la mesure de gel des avoirs de l’Union européenne. Cet arrêt concerne uniquement la période 2020-2021. Mais il a une valeur symbolique. Il met un point final aux sanctions post-Maidan.
Comment s’est concoctée la boussole stratégique ? On vous donne la recette !
(Exclusif) Ils y ont travaillé pendant des mois. Ils ? Ce sont les diplomates des 27, les experts et responsables du service diplomatique européen. Les forçats de la Boussole, en quelque sorte. Des mois d’un travail acharné, parfois peu compris à l’extérieur, que B2 a reconstitué, pas-à-pas.
Russie-Ukraine. Emmanuel Macron a perdu la main. Le quadruple échec français expliqué
(Décryptage) La présidence française de l’Union européenne a tenté à plusieurs reprises de s’immiscer dans le dialogue entre Russes et Ukrainiens pour imposer la désescalade, puis la paix. Initiative louable qui s’est heurtée, pour l’instant, à un mur. Une vraie rhétorique de l’échec.
(Exclusif) La Commission européenne semble dubitative sur la décision d’Airbus de doter le futur drone européen d’un moteur d’inspiration américaine. Sans émettre un avis officiel, un haut fonctionnaire européen l’a expliqué de façon officieuse à B2. Son avis, étayé, constitue comme un rappel au règlement.
Et toujours le suivi de l’actualité européenne
En cas de cyberattaque, peut-on déclencher l’article 5 et une réponse militaire ?
(Actualité) Aujourd’hui, cette question n’est plus théorique. Même si aucun État n’a jamais invoqué l’article 5 en cas de cyber-attaque en pleine tension avec la Russie, l’enjeu est réel. L’explication de texte donnée Outre-Atlantique vaut donc le détour.
(Actualité) Les ministres de l’Intérieur ont décidé lundi (28 mars) lors d’une réunion extraordinaire consacrée à la crise ukrainienne de ne pas recourir à des instruments trop contraignants pour afficher leur solidarité. Pas de relocalisation par quotas. Mais la simple mise en place d’une plateforme d’enregistrement.
Et toujours le Carnet de veille (31.03.2022). Confidentiels. Défense. Industries. OTAN. Diplomatie. Crises. Sécurité. Pouvoirs
Pour vous abonner, c’est ici !
Cet article Défense, diplomatie, pouvoirs. Nos dernières exclus est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’art européen c’est de passer un coup de peinture sur une décision ancienne, et surtout de mettre en avant son rôle européen. Le montrisme est largement pratiqué en Europe. C’est même un sport de compet’. La France fait partie des professionnels. Mais l’Allemagne ne s’en sort pas trop mal non plus.
L’Allemagne vibrionnante
Témoin, la déclaration de la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, à son arrivée au conseil des ministres de l’Union européenne, lundi (23 mars) : « Aujourd’hui, je vais proposer à mes collègues de l’UE que le noyau dur militaire de la Capacité de réaction rapide puisse être fourni par l’Allemagne pendant un an en 2025. C’est notre proposition (…). » Idée reprise par certains médias sans vraiment la commenter, ni la vérifier. Chez B2, cette déclaration nous a un peu fait bondir…
Une promesse qui ne coûte pas chère, puisqu’elle a déjà été faite !
En fait, c’était déjà prévu, et de longue date.
Les battlegroups (groupements tactiques en français) sont une partie notable de la Capacité. Si cette dernière est déployée, il y a de fortes chances que les battlegroups le soient aussi. Et dans un planning établi en décembre 2019 (il y a deux ans et demi !), l’Allemagne avait déjà proposé de placer une partie de ses troupes en astreinte pour toute l’année 2025 (1er et 2e semestre). L’extrait du tableau en témoigne.
La première colonne mentionne le semestre concerné (1 et 2).
La deuxième colonne les États participants : « DE » pour l’Allemagne, en premier dans la liste, ce qui signifie que les Allemands sont les leaders du groupe. Ils formeront un battlegroup avec les Autrichiens (AT) et les Croates (HR). L’astérisque signifie « sous réserve de la confirmation gouvernementale officielle », car en général il faut un aval du gouvernement et du Parlement, logique pour une programmation six ans en avance.
La troisième colonne note la nation-cadre du battlegroup : l’Allemagne. Être nation-cadre signifie non seulement offrir le cœur du dispositif et le commandement, mais être prêt à combler les vides le cas échéant.
Dans la troisième et dernière colonne, il n’y a pas de quartier général désigné. Mais a priori à l’époque on aurait parlé de Postdam en Allemagne.
Une idée commune…
Précisons aussi que cette Capacité de réaction rapide n’est pas l’œuvre de l’Allemagne toute seule, mais bien une décision commune prise par les 27 et inscrite depuis le début dans ce qu’on appelle la Boussole stratégique, une sorte de stratégie pour la sécurité et défense de l’Union européenne (lire : La nouvelle capacité de réaction rapide. Composition, décision, financement…(fiche)) et défendue par le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, et son équipe, contre vents et marées.
… Initiée par le quatuor européen
Pour être exact, et reprendre le sujet à la genèse, cette idée portait au départ le nom de « Force européenne d’entrée en premier ». Elle a été présentée par 14 pays à l’initiative du quatuor (France, Allemagne, Espagne, Italie) et reprise à son compte par le Haut représentant pour être incorporée dans la première version de la Boussole.
Savoir lire entre les lignes
Pour être complet, on dit que cette idée d’ « entrée en premier » était portée surtout par la France et l’Espagne. Très rapidement, elle a été (un peu) édulcorée et surtout renommée au profit d’une « Capacité » de « réaction rapide », englobant les anciens battlegroups. Une dénomination revue qui a permis d’intégrer tous les États membres, et surtout des pays de Visegrad et autres Atlantistes, pas vraiment prêts pour créer une « Force ». Une vision intégrative portée… par l’Allemagne. Christine Lambrecht n’a donc pas tout à fait tort sur ce point. Mais il faut savoir lire entre les lignes.
(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)
Cet article L’Allemagne a proposé de commander la nouvelle capacité de réaction rapide dès 2025 ? Vrai ou faux est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Lors de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN, mercredi (16 mars), le sujet a, à peine été effleuré. Et pour cause. Aucun allié de l’OTAN ne plaide réellement pour l’instauration d’une interdiction de l’espace aérien au-dessus de l’Ukraine. Pour plusieurs raisons d’ordre politique, technique et militaire.
L’imposition d’une No Fly Zone sur l’Ukraine supposerait de pouvoir avoir une base proche ou à défaut de pouvoir décoler d’un porte-avions. Un Rafale sur le pont du Charles-de-Gaulle (Photo : Marine nationale / EMA – Archives B2)Premièrement, une No Fly Zone « suppose un engagement direct, qui n’est pas uniquement défensif, mais très offensif. Il faut être capable d’abattre tout avion russe, non seulement qui se trouverait dans la zone définie, mais aussi car il pourrait atteindre la zone définie. C’est une mesure de belligérance de haute intensité » explique à B2 un diplomate de l’Alliance. Cela transformerait totalement le conflit ukrainien en un champ de bataille entre l’Alliance et la Russie (cf. encadré). Ce que ne veulent à tout prix aucun allié.
Deuxièmement, le nombre d’Alliés en capacité de faire respecter une telle No Fly Zone est finalement « en nombre assez limité ». On peut les compter sur les doigts d’une main : USA, Royaume-Uni, France, voire Turquie.
Troisièmement, à cela il faut ajouter l’étendue de la zone qui serait à couvrir, sans compter la Crimée, zone russe même si elle n’est pas reconnue par la communauté internationale, et les abords de l’Ukraine, au Nord (Biélorussie ou Russie), comme à l’Est (Russie). Bref, il ne faudrait pas une cinquantaine d’avions, comme pour l’opération d’anéantissement de la flotte aérienne libyenne en 2011. Mais bien davantage. Avec un risque conséquent de voir plusieurs avions alliés être abattus.
Enfin, les Russes même s’ils causent de gros dégâts lors des bombardements n’ont pas atteint aujourd’hui la maitrise du ciel. Et la livraison de moyens de défense aérienne aux Ukrainiens, sous forme de missiles Stinger, de batteries anti-missiles S-300 ou autres matériels, comme la fourniture de drones, serait tout aussi efficace. Ils pourraient très vite faire vivre un enfer aux avions russes, de manière quasiment aussi efficace qu’une No Fly Zone.
(Nicolas Gros-Verheyde)
De la difficulté d'établir une No Fly Zone. Pour faire respecter une zone d'exclusion aérienne, cela suppose non seulement de contrôler le ciel de la zone, mais aussi au préalable de détruire systématiquement au sol toute capacité de réaction possible : avions, défense anti-aérienne. Et aussi de veiller à ce qu'autour de cette zone, il n'y ait pas de capacité possible de réaction. Avec la Russie et la Biélorussie aux alentours, tout comme la Crimée ou le Donbass et les zones déjà conquises par les Russes (Kherson par exemple), cela apparait très difficile. En fait pour pouvoir être efficace, à moindre coût, la No Fly Zone doit être déclenchée par anticipation avant le début des opérations. C'est donc dès janvier, voire l'année dernière que les avions de l'OTAN auraient dû se déployer au-dessus de l'Ukraine, afin d'assurer la maitrise du ciel. Quitte à se heurter alors à l'aviation ou la défense anti-aérienne russe (basée dans le Donbass ou en Crimée).Cet article La No Fly Zone, c’est Non disent les Alliés. Trop dangereux, trop compliqué est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) C’est un constat du Pentagone. L’espace aérien au-dessus de l’Ukraine reste contesté. Et malgré une infériorité numérique, les Ukrainiens sont habiles dans l’utilisation des défenses Sol-Air comme des outils Air-Sol.
Pilote ukrainien en défense de Kiev (Photo : état-major ukranien)Une situation en constante évolution
C’est un espace « dynamique » relate cet officier supérieur de l’état-major US dans un briefing lundi (14 mars). Il y a « des moments et des endroits au long d’une journée où l’un ou l’autre côté pourra être dominant. Mais cela change littéralement d’heure en heure. »
Une supériorité en nombre
Malgré « tout leur inventaire et toutes les munitions dont ils disposent », les Russes et leurs avions, n’ont toujours « pas atteint la supériorité aérienne sur le ciel ukrainien ». Oui « Ils effectuent plus de sorties. Ils ont plus d’avions. Ils volent beaucoup plus de fois par jour que les Ukrainiens ». Mais c’est toujours « un espace aérien contesté ».
Des Ukrainiens plutôt habiles
Les « Ukrainiens » (1) utilisent « très habilement » les systèmes de défense aérienne (sol-air) « à leur disposition, qu’il s’agisse de missiles sol-air ou de MANPADS » (2). Et ils ont empêché les Russes « d’atteindre la supériorité aérienne sur tout le pays ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Les Russes n’ont pas acquis la maitrise du ciel en Ukraine est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Presque toutes les avancées de la Russie restent au point mort. C’est le dernier constat du Pentagone, lors d’un briefing par visioconférence, auquel B2 a pu accéder. Il donne le détail, zone par zone.
La situation est datée du 14 mars.
Le siège de Kiev continue, sans avancée notable
Au Nord-Ouest de Kiev, dans l’axe descendant vers l’aéroport, Hostomel, il n’y a eu « aucun changement appréciable dans la progression [des troupes russes] au cours du week-end ». Elles sont toujours juste « autour de l’aéroport, à environ 15 kilomètres du centre-ville ». Les combattants « essaient d’affluer en force derrière des éléments avancés, de façon continue, mais pas à un rythme [très] soutenu ». Le nombre reste « difficile à quantifier ». Sur l’avancée du convoi, basé au large de Kiev, « il est au point mort avec aucun progrès significatif ».
A Tchernihiv, au Nord-Nord-Est de Kiev, là aussi l’offensive russe est « au point mort », sans vraiment de progression, de part et d’autre. Certes « les Ukrainiens ont essayé au cours du week-end d’ouvrir certaines lignes de communication vers le Sud et le Sud-Est, [avec] un certain succès ». Mais Tchernihiv reste « isolée ». Il y a cependant « une très forte résistance ukrainienne » qui empêche les troupes russes de « progresser au-delà ».
A 20 km de Kiev à l’Est, la forte résistance des Ukrainiens bloque toute avancée
Sur la ligne Est, les Ukrainiens gardent le contrôle. les Russes sont encore à environ « 20 à 30 kilomètres à l’est » de Kiev. « Aucun changement depuis quelques jours ». Les Russes font « face à une forte résistance de la part des Ukrainiens, qui contrôlent toujours la ville de Brovary ». Ville où on a pu voir à la fin de la semaine dernière plusieurs « convois de chars frappés » (par des drones). Sur la ligne Sud de Kiev, idem. « Pas de progrès depuis la semaine dernière », où certains éléments russes avaient même du refluer vers Soumy.
Kharkiv, des bombardements mais une résistance farouche des Ukrainiens
A Kharkiv, c’est la même chose. Les forces ukrainiennes continuent à défendre la ville et opposent aux forces russes « une résistance assez farouche ». Les combats à Kharkiv restent assez importants. Et la ville a connu une « augmentation des frappes, provoquant des incendies ». Les forces russes semblent n’avoir « fait aucun progrès apparent sur le terrain ». Elles sont toujours « à la périphérie » de la ville.
Une avance russe vers Izyum pour bloquer l’Est
Au cours du week-end, à l’Est/Sud-Est de la ville, une colonne russe d’environ 50 à 60 véhicules est descendue vers Izyum (sur la route de Sloviansk). On « dirait qu’ils ont séparé certaines forces pour amorcer un mouvement tournant vers Kharkiv » estime-t-on côté américain. Ils essaient « de bloquer la région du Donbass et empêcher l’afflux vers l’ouest de forces armées ukrainiennes qui se trouveraient dans la partie orientale du pays pour les empêcher de venir en aide à d’autres défenseurs ukrainiens près de Kiev ». Le bombardement de Dnipro dans le centre du pays participe aussi de cette tactique.
Au Sud, Marioupol isolée
La ville de Marioupol, sur la côte de la mer d’Azov, reste « isolée ». Les forces russes sont au nord et à l’est de la ville. Il y a de gros bombardements. Les Ukrainiens continuent de « défendre » la ville. On commence à « voir une sorte d’avancée du Nord vers le Sud » permettant ainsi de faire la jonction entre les forces russes du Nord et du Sud.
Mykolaïv défendue
À Mykolaïv, au Sud-Ouest, dernière grosse ville avant Odessa, les Ukrainiens continuent de défendre la ville. Les forces russes semblent toujours être à l’extérieur de la ville, « à 10 ou 15 kilomètres au Nord-Est ». Il n’y a « aucun mouvement réel » depuis vendredi.
À Odessa, pas d’assaut imminent attendu
Dans la grosse ville portuaire, d’Odessa, non loin de là, « rien d’important à signaler. Pas d’assaut amphibie imminent [attendu]. Aucune activité maritime. ». L’interrogation demeure sur les intentions russes : « On ne sait pas une fois que les Russes auront pris Mykolaïv, quelles seront leurs intentions. » Deux options sont possibles : « un virage vers l’Ouest pour aller à Odessa par la terre, ou remonter vers le Nord et bloquer le Sud de Kiev. » Ce pourrait être « l’un ou l’autre plan ou peut-être les deux ».
À l’Ouest, des frappes de missiles de croisière sur Yaroviv
Les frappes sur le centre d’entraînement militaire ukrainien de Yaroviv près de Lviv sont dues à des missiles de croisière lancés depuis l’air « par des avions bombardiers à longue portée ». En tout, « quelques douzaines de missiles ont endommagé au moins sept structures ». Une frappe effectuée « depuis l’espace aérien russe, et non depuis l’intérieur de l’espace aérien ukrainien » ou biélorusse ou de mer Noire. Les Américains ne veulent donner aucun bilan, sur le nombre de tués et de blessés.
Pas d’utilité de la No Fly Zone
Un « exemple » selon l’officier américain de l’inutilité d’une « zone d’exclusion aérienne à l’intérieur de l’Ukraine ». Une No-Fly Zone « n’aurait pas eu effet sur cette série particulière de frappes ».
Les bombardements civils
Au final, la tactique russe reste la même pour l’instant : « encercler et isoler » les grands « centres de population » tels Kharkiv au Nord-Est, Marioupol, au Sud, et la capitale Kiev en partie. Sans succès militaire sur le terrain apparent. Mais les bombardements des villes « augmentent. Il n’y a pas de doute là-dessus » insiste l’officier supérieur américain, qui s’exprime en OFF, sous le sceau de l’anonymat. NB : une fonction qui a pour but en bonne partie de terroriser et faire fuir la population civile, de la même façon qu’a pu faire Bachar al-Assad en Syrie.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les Russes ont encore des capacités. Selon les renseignements US, les Russes ne sont pas à court de stock. Même s'ils ont utilisé « près de 900 missiles depuis le début de l'offensive » (à comparer aux 710 depuis le début de la semaine dernière), les Russes ont encore beaucoup de capacités ». « Nous évaluons leur puissance de combat disponible à un peu moins de 90 % et nous ne les avons pas vu essayer de reconstituer les stocks ». Des drones turcs bien utiles aux Ukrainiens. Les drones TB2 fournis par la Turquie ont un « effet formidable » selon les Américains. Les Ukrainiens les utilisent « assez habilement » témoigne un officier supérieur. Et cette capacité pourrait être complétée prochainement par les Alliés de l'OTAN. « Nous discutons avec des alliés et des partenaires dans la région [NDLR : Azerbaidjan et Israël] et à l'extérieur de la région des capacités dont nous pensons que les Ukrainiens ont le plus besoin pour se défendre. » Les drones « sont certainement » une capacité très utile.Cet article L’offensive russe patine en Ukraine, selon les renseignements américains est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Les 27 réunis à Versailles ont convenu de demander à la Commission européenne une étude sur les lacunes industrielles en matière de défense. Un résultat assez faible qui est à côté de la plaque de la réalité stratégique actuelle.
La phrase attribuée à Marie-Antoinette aux premiers remous de la révolution de 1789, “s’ils n’ont pas de pain, alors donnez leur de la brioche”, pourrait bien s’appliquer à la défense européenne (Photo : Chateau de Versailles)Identifier les lacunes en matière d’investissement
Une étude demandée à la Commission
Les 27 ont en effet demandé à la Commission une étude sur les lacunes en matière d’investissement. Étude qui devra être remise d’ici la mi-mai. Juste à temps pour la prochaine réunion des ministres de la Défense le 17 mai. « Il faut éviter la fragmentation » des investissements, et donc « renforcer la coordination » a insisté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ce vendredi (11 mars) lors de la conférence de presse finale qui vient de se terminer.
Une révolution institutionnelle
Cette demande est en termes institutionnels une petite révolution : demander à la Commission européenne de faire ce travail, c’est franchir une étape supplémentaire, après la création du Fonds européen de défense (Lire : Un changement de paradigme), vers la communautarisation de l’Europe de la défense. C’est lui donner une base de compétence supplémentaire. Et connaissant la mécanique de la Commission européenne, assez bureaucratique (ce qui est un avantage en la matière), il y a fort à parier qu’elle saura développer cette compétence.
Une double erreur
Mais au niveau de la défense européenne on peut se poser la question de son intérêt. Honnêtement, zéro. Certes il est toujours intéressant d’avoir une analyse des priorités à dégager en termes d’investissement. Mais ce n’est pas l’urgence du moment.
Un travail inutile car déjà fait
Premièrement, les lacunes sont bien connues, depuis des années déjà. Elles concernent notamment ce qu’on appelle l’ISR (Intelligence, Surveillance, and Reconnaissance), certains éléments du transport tactique ou stratégique (1) — par exemple les hélicoptères notamment et le transport lourd qui dépend des avions russo-ukrainiens Antonov — les drones de toute sortes (tactique, longue durée, combat, surveillance, etc.), et le soutien médical, etc. Tout a déjà été écrit.
Des personnels beaucoup plus qualifiés
Deuxièmement, si on avait besoin d’une mise à jour, il n’y a point besoin d’attendre trois mois pour cela. En 24 ou 48 heures (une semaine maximum!), les experts de l’état-major de l’UE et de l’agence européenne de défense (EDA), renforcés par quelques experts nationaux, sont capables de produire un document intéressant, à jour, synthétique et opérationnel (2). D’autant plus à jour que ces experts font une comparaison quotidienne entre les possibilités de fourniture des armées européennes et des Alliés et des besoins de guerre listés sur place par les Ukrainiens. On se trouve ainsi dans les petites guerres picrocholines des institutions européennes qui adorent refaire le travail des autres.
Une erreur stratégique
La dernière erreur est plus profonde, stratégique et relève d’une myopie constante. Elle consiste à ne voir l’Europe de la défense que sous le prisme des capacités industrielles ou technologiques ou des processus politiques. Une erreur qui existe depuis des années déjà. Or, aujourd’hui, ce n’est pas de de capacités dont a besoin l’Union européenne pour se défendre. Ce dont elle manque c’est d’une capacité d’action, de dispositifs de coordination des moyens et d’une volonté d’agir. Bref des moyens de « dissuader » un adversaire de venir se battre ou déclencher une action du type de celle que Poutine a déclenché le 24 février sur l’Ukraine.
Aujourd’hui il s’agit de se doter des moyens nécessaires pour parer à une éventuelle offensive russe sur l’Europe. Il s’agit de passer la vitesse supérieure donc. D’avoir un set de mesures à mettre en place dans les trois ou six mois à venir. Et non pas d’avoir une étude technocratique, intéressante, sans doute sur les “gaps” industriels à l’horizon 2030 ou 2040 !
(Nicolas Gros-Verheyde, à Versailles)
Article à suivre : ce qui manque à la défense européenne
Cet article Vous voulez une défense européenne. Vous aurez une belle étude est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2 – exclusif) Cela fait longtemps que l’Union européenne n’avait pas déployé une équipe de policiers et d’experts dans un pays en guerre. Et pourtant c’est ce qui devrait être décidé rapidement. Une manière pour les Européens de démontrer très concrètement leur soutien aux Ukrainiens.
Les policiers ukrainiens quand c’était encore le temps de paix (Photo EUAM Ukraine – Archives B2)Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne avait décidé de rapatrier ses équipes de la mission de conseil de l’UE (EUAM) déployées à Marioupol, Kharkiv ou Kiev (au titre de la politique de sécurité et de défense commune) vers la Moldavie ou la Pologne. Une mesure de sécurité prise devant l’accélération de l’offensive militaire russe (mais préparée par avance, depuis janvier selon nos informations).
Une décision prise en urgence
Décision a été prise, sur proposition du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell (sur proposition de son état-major des missions civiles), d’utiliser ces experts qui connaissent bien l’Ukraine, ont noué depuis des années (la mission a été déployée en 2014) d’excellents liens avec les autorités ukrainiennes — des autorités policières locales (dans les oblasts) chargées de la police de la route ou de la police judiciaire aux forces spéciales ou du renseignement (le fameux SBU) (1).
Une cinquantaine d’experts dans 11 points frontières côté ukrainien
Une cinquantaine d’experts européens pourrait être ainsi déployés, côté ukrainien (2), pour conseiller et aider les forces de sécurité ukrainienne. Cela répond à une demande du gouvernement de Kiev d’avoir une aide européenne à leurs frontières pour 1. assurer la gestion la plus efficace possible des flux de réfugiés qui vont vers l’Ouest. 2. permettre le transport de l’aide humanitaire depuis l’Union jusqu’en Ukraine.
Basés la nuit dans l’Union européenne, le jour en Ukraine
Concrètement, d’après les informations exclusives recueillies par B2, les experts européens d’EUAM Ukraine seront basés la nuit du côté européen (pour des raisons de sécurité) et viendront la journée prêter main forte à leurs collègues ukrainiens, en Ukraine, aux frontières de la Pologne et de la Roumanie, les deux principaux points de passage des réfugiés vers l’Ouest (3). Onze points frontières sont concernés.
Des collègues de Frontex ou nationaux de l’autre côté
Précision importante : ce sont des civils (des spécialistes de la police judiciaire, de la protection des témoins ministères de l’intérieur européens, des policiers, des ). Ils ne sont normalement pas armés.
Ils feront ainsi la liaison avec leurs collègues européens de l’autre côté de la frontière (garde-frontières nationaux ou renforts venus de Frontex qui vont également être mobilisés).
Détails ici
Tous les détails de la décision prise par les Européens sont ici : EUAM Ukraine se redéploie aux frontières avec l’Union européenne. Objectif : faciliter le transit des réfugiés (adhérents et abonnés de B2)
(Nicolas Gros-Verheyde à Versailles & Aurélie Pugnet à la frontière moldave-ukrainienne)
Cet article Une cinquantaine de policiers et experts européens déployés en Ukraine, à la frontière Ouest est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
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(B2) Le ton de Vladimir Poutine était assurément grave jeudi (3 mars) devant le conseil national de sécurité. Le simple hommage rendu comme le long énumératif des compensations versées aux familles des militaires morts et blessés vaut tout autant qu’un sondage sur l’état d’esprit en Russie.
Un momentum peu anodin
Il est rare qu’en temps de guerre, les Russes reconnaissent les pertes de gradés et surtout annoncent aussi rapidement le versement d’indemnités exceptionnelles aux victimes, que le président se lève, demandant solennellement à tous les membres de son Conseil de sécurité, d’observer une minute de silence en mémoire des soldats tombés au front, et que soient soigneusement listées les indemnités versées aux familles des morts et blessés. C’est pourtant ce qui s’est passé lors d’une séance du Conseil de sécurité nationale, retransmise sur le canal officiel du Kremlin.
Soutenir les familles des morts
Bien sûr, le message du président reste patriotique : « Nous avons perdu des hommes. […] Ils combattaient pour la Russie, pour la dénazifacation pour qu’aucune anti-Russie puisse nous menacer ». Mais il ajoute aussi une phrase, moins martiale, plus sociale : « Nous ferons tout pour les familles, les enfants de nos militaires qui ont combattu pour notre peuple ». Un geste qui n’est pas anodin.
La machine à cash russe
Vladimir Poutine ne s’arrête pas là. Il égrène, une à une, les mesures prises. Tous les membres des familles des militaires décédés en Ukraine vont bénéficier de la couverture d’assurance légale, à savoir une allocation unique de 7,4 millions de roubles et une compensation monétaire mensuelle. Mais « chacun des membres des familles » des soldats tombés recevra en plus « une compensation financière supplémentaire de 5 millions de roubles ». NB : soit environ 100 fois le salaire mensuel moyen d’un soldat. Ce n’est pas négligeable.
Un indemnité pour les militaires blessés
Pour les militaires blessés au combat (commotion cérébrale, traumatisme, mutilation), outre l’allocation unique légale de 2,9 millions de roubles et (en cas d’invalidité), ils auront droit à une indemnité mensuelle et en plus « une somme de 3 millions de roubles ». Le décret sur « les garanties sociales supplémentaires » n’a pas vraiment attendu. Signé par Vladimir Poutine dès samedi (5 mars), cette mesure est entrée en vigueur le jour même. NB : un signe de l’urgence de la décision.
… Et pour les autres forces de l’ordre (intérieur)
Cette mesure concerne également le personnel « des autres forces de l’ordre » participant aux opérations. C’est-à-dire notamment celles du ministère de l’intérieur, comme la garde nationale de la fédération de Russie — une unité spéciale dépendant directement du président russe — et d’autres forces. NB : une précision intéressante.
La marmite russe bout
La situation est si impérieuse qu’elle requiert ce momentum télévisé du président, avec une gravité et une longueur qui en disent beaucoup sur l’intensité des combats. Sans être un spécialiste des choses russes, on peut dire que la marmite bout au sein de l’appareil de sécurité russe.
Officiellement 2000 soldats hors de combat
Au 2 mars, au bout de six jours de combat, le ministère russe de la Défense reconnaissait déjà près de 500 morts et 1600 blessés (498 morts et 1597 blessés très exactement). Soit un ratio de 1 à 3 pour les blessés. Et tout de même plus de 2100 soldats neutralisés en à peine six jours de combat. Soit un rythme d’environ 90 morts et 270 blessés / jour. Ce qui témoigne de l’intensité des combats. Précisons que ce décompte ne semble prendre en compte que les militaires. Quid des autres forces, celles du ministère de l’Intérieur notamment, voire de forces privées (type Wagner) ?
Une estimation à 15.000 soldats
Sans aller jusqu’au chiffre annoncé par les Ukrainiens de 12.000 soldats russes tués (1), sans doute exagéré, on peut raisonnablement considérer le chiffre russe comme sous-estimé (comme tout chiffre de propagande en temps de guerre). On peut donc au minimum, de façon raisonnable, le multiplier par 2. En tenant compte des “autres forces” en action (coefficient de 1,5) et du prorata de nombre de jours (coefficient de 2,33), on arriverait (au bas mot) à un bilan de 3 à 4000 morts pour 14 jours de combat et plus de 10.000 blessés pour les différentes forces russes engagées. Soit un ratio de 250 morts / jour (2). Sans compter les militaires faits prisonniers par les Ukrainiens (3). C’est énorme ! Cela signifie qu’en à peine deux semaines de combat, les forces russes auraient perdu 10% de leur effectif préparé !
Plusieurs généraux tués
Dans ces pertes de nombreux officiers supérieurs. Le major-général Vitaly Gerasimov, diplômé de l’école de tank de Kazan, et chef d’état-major de la 41e armée, est ainsi décédé à Karkhiv le 7 mars, selon le SBU ukrainien. Le major-général Vitaly Gerasimov avait participé à l’opération militaire en Syrie comme à l’annexion de la Crimée. Le numéro 2 de la 41e armée, le major-général Andrei Skhovetsky, un ancien de l’intervention en Syrie, est également décédé, lui près de Mariupol, selon la presse russe. Et il faut ajouter la mort de Vladimir Zhoga, commandant du bataillon Sparta de la république séparatiste de Donetsk (alias Vokha, selon l’agence Tass), le 5 mars à Volnovakha. Un décès officiellement reconnu par le Kremlin qui lui a même attribué le titre d’Héros de la Fédération de Russie.
Une éviction de Poutine : pas impossible
Cette situation sera-t-elle tenable en interne ? Au niveau de la population, cela provoque un émoi, une colère, des manifestations peut-être. Mais en nombre finalement limité. Le pouvoir russe en a vu d’autres. Sera-ce suffisant pour changer le comportement du pouvoir ? Pas sûr. En revanche, du côté de l’appareil de sécurité, cela pourrait ne pas être la même musique.
Une situation rapidement intenable
Si la police et les forces de l’intérieur semblent bien tenues par le président Poutine, un ancien des ‘Services’, en revanche, il pourrait ne pas en être de même au sein de l’armée. Les forces de sécurité russes sont fidèles tant qu’on les mène à la victoire ou que le sacrifice est nécessaire pour sauver la patrie. Elles encaissent tous les coups et se tiennent alors solidement aux côtés du pouvoir. Mais ce n’est plus le cas quand ces deux conditions ne sont plus réunies.
L’armée ne veut pas d’une défaite
Si la guerre se termine par une défaite, ou même une semi-victoire en Ukraine, ce serait un signe profond de l’affaiblissement de la puissance militaire russe au plan externe comme interne. Tout ce qui a été gagné sur les terrains politico-militaires depuis quelques années, en Syrie notamment, pourrait ainsi être effacé. En quelques jours. Leur rôle à l’intérieur de la sphère du pouvoir russe pourrait aussi être affaibli. Au final, ce ne sera pas la défaite de Poutine, mais la faute des généraux qui n’auront pas su planifier et exécuter « l’opération spéciale ». C’est dès lors leur pouvoir même qui serait menacé. Dangereux.
Une Ukraine impossible à maitriser
Ensuite, même si les batailles de Kiev, d’Odessa et de Mariupol pourraient être gagnées, tenir l’Ukraine (le pays qui a vu naitre les Cosaques) durant des mois sera une gageure. Même avec le remplacement par un pouvoir fantoche, les quelques jours passés au combat ont soudé la nation ukrainienne comme jamais auparavant aucun évènement (4). Chacun le sait en Russie, du moins dans les “services” et dans l’armée. Chacun a en mémoire l’interminable enlisement en Afghanistan, une intervention commencée en 1979 et terminée par une retraite (en bon ordre) en 1989, un des éléments qui a précipité l’effondrement de l’URSS. L’intervention russe en Ukraine pourrait ainsi se révéler le tombeau du régime, plus sûrement et plus rapidement que ne l’a été l’Afghanistan pour l’URSS. Très dangereux.
Le trône de Poutine dans la balance ?
À la différence des oligarques, proches du pouvoir mais à sa merci, les militaires ou les policiers ont des moyens de défendre leur système. L’éviction de Poutine du pouvoir, selon une méthode dont la Russie (et avant elle l’URSS) a le secret, pourrait être une issue de la guerre… Si la guerre trainait trop. Le circuit interne le tolèrera-t-il ? Pas sûr ! Le trône du si solide Vladimir Poutine pourrait finir par vaciller. Après tout il est proche de 70 ans (soit 7 ans de plus que la durée de vie moyenne pour un homme russe).
Les jours de l’opération spéciale comptés
Poutine doit savoir que les jours de son “opération spéciale” sont comptés. D’où la multiplication des discussions avec les Ukrainiens et la multiplication des coups de fils pour trouver le bon interlocuteur avec qui ‘toper’ un arrêt des combats. Cela peut le rendre encore plus dangereux ou imprévisible. Ou au contraire plus souple. On n’est pas à l’abri d’un revirement dont le Kremlin a le secret.
L’intérêt de conclure l’intervention est réciproque
Conclusion : les Russes tout autant que les Ukrainiens vont avoir intérêt à avoir un accord de paix et de cessez-le-feu. Reste à savoir qui pourra tenir le plus longtemps. C’est tout l’enjeu de la bataille dans les jours qui viennent. C’est tout l’enjeu également des négociations en cours — que ce soit à Homiel en Biélorussie entre Ukrainiens et Russes ou à Antalya prochainement avec l’intercession turque dans quelques jours.
Le moment crunch se rapproche
Il faudra que les Européens soient prêts à ce moment, qu’ils trouvent rapidement une équipe de négociation solide et crédible, et ne fassent pas confiance aux Chinois (5). S’ils sont aux abonnés absents de la diplomatie comme ils l’ont été déjà en Syrie, au Haut Karabagh ou au Mali, ce sera un formidable aveu d’impuissance. On aurait alors un recul très net de l’Europe dans le monde et, à rebours de ce qui sera proclamé au sommet de Versailles les 10 et 11 mars, un abandon de son « indépendance » géopolitique.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Aux yeux des journalistes européens, la France, c’est la France, ce mélange de grandeur, de grandiloquence, un zeste d’arrogance aussi, mais d’élégance et d’efficacité. Une République dans toute sa Majesté. Bref un pays à part dans le schéma européen. Mais attention à ne pas décevoir.
La centralité du pouvoir
La verticale du pouvoir en France surprend toujours le journaliste européen. Il n’y a pas un seul pays qui puisse prétendre à une telle organisation en Europe (à l’exception… de la Russie) où un ordre donné du haut est rapidement exécuté dans tous les pans du territoire, de façon assez similaire, et efficace. Là où, dans la plupart des autres pays, il faut souvent passer par des négociations dans de multiples cénacles (gouvernement, parlement, régions…), où le compromis est si inné qu’il en est parfois inexplicable, où il y a une certaine autonomie des pouvoirs. En France il n’y a pas de discussion trop ésotérique. La centralité est de rigueur.
Pour le meilleur… et le pire
Tout détail nécessite un aval du pouvoir. Le parti majoritaire, le gouvernement, le parlement sont aux ordres. L’armée et la diplomatie sont directement impliquées au plus haut du pouvoir. Avec une chaîne de commandement directe et infaillible, elles peuvent très rapidement mettre en œuvre toute décision. Les contre-pouvoirs souffrent d’une faiblesse congénitale et sont incapables d’exercer leur rôle. Résultat : une efficacité à toute épreuve quand le pouvoir sait ce qu’il veut,… mais passablement erratique dès que le pouvoir hésite ou est tellement engorgé par toutes les demandes que la machine s’enraye. Le meilleur… ou le pire.
Le contrôle de la presse, une tentation forte du pouvoir
Et en matière de relation avec la presse, l’Élysée est en train de se tailler la réputation du pire dans les cénacles européens.
Des mœurs d’un autre âge
Les coutumes habituelles — qui se fondent sur un principe fondamental, celui de la liberté de la presse — sont mises au rebut. Ce qu’on appelle le follow-up (ou question de suivi) c’est-à-dire la possibilité pour un journaliste de reprendre sa question ou de la reposer d’une autre manière, après avoir obtenu une première réponse — un droit quasi-absolu au niveau européen comme anglo-saxon —, est considéré par le service de presse de l’Élysée comme un geste « peu aimable ». Là où un porte-parole européen ira s’excuser auprès du journaliste s’il a oublié (par inadvertance ou manque de temps) de lui redonner la parole pour son follow-up, le porte-parole français l’assume sans vergogne. Pas de follow-up.
La préférence aux questionneurs nationaux
Idem pour les questions. Dans une conférence de presse, c’est souvent (il faut le reconnaitre) un joyeux désordre. Chacun lève la main. Et le porte-parole choisit qui il veut. Mais, en général, il essaiera de varier les différentes nationalités. C’est tout l’art du porte-parole alors de panacher entre les grands et petits pays, ceux du sud et de l’est ou du nord et de l’ouest, en n’oubliant pas les non européens (Arabes, Russes ou Ukrainiens, Chinois ou Japonais, Africains, etc.). Chacun a sa chance. À l’Élysée, cet impératif de la variété existe peu. On prendra d’abord les “connus” : BFM, TF1-LCI, AFP, etc. Et après, un ou deux pour voir.
Choisir le journaliste c’est choisir la question
Exemple. Lors de la conférence de presse du président Macron face à la presse européenne, au début de la présidence, en janvier, les questions avaient été soigneusement distribuées à l’avance, à un public très choisi de journalistes sensés représenter un panel de questions intéressantes pour le président. Si soigneusement distribuées que le porte-parole chargé de désigner le journaliste qui allait poser la question savait son nom, son prénom, son média (voire la question qu’il allait poser) (1). Si soigneusement limitées en nombre — deux Français, deux Européens (Italien et Allemand) — que c’était ridicule au sens de la diversité européenne et de la liberté de la presse. L’Europe ne peut se résumer aujourd’hui à l’Italie et à l’Allemagne. On n’est plus dans les années 1950, au temps de l’Europe des Six et de la CECA, la communauté européenne du charbon et de l’acier.
Des pratiques courantes dans des pays plus autoritaires
On aurait pu croire qu’il s’agissait d’un errement passager. Que nenni. Lors du voyage de presse de la présidence, organisé début janvier, quel n’a pas été l’étonnement des journalistes de voir s’approcher quand ils voulaient poser une question, un responsable du service communication pour savoir quelle question ils allaient poser ! Idem lors du gymnich, un porte-parole du Quai s’approchait pour demander quel était le sujet de la question. Une pratique qui choque la plupart des journalistes européens, français, belges, mais aussi (et surtout) les plus habitués à ce type d’entrisme du pouvoir (ceux des pays de l’Est notamment). Une pratique très soviétique en fait.
La liberté de la presse remise en cause
De plus, les questions étaient soigneusement limitées à quelques unes. En janvier, lors de la présentation à la presse, les ministres français se sont laissés aller à un long soliloque, ne laissant ensuite qu’une portion congrue aux questions. Un procédé bien connu et répertorié dans les cours de communication : pour ne pas laisser trop de questions, il faut occuper le terrain. Ce qui, là aussi, est un problème, un vrai problème d’égalité. D’ordinaire, le but de ces exercices, où il y a une bonne trentaine de nationalités représentées (UE et non UE), est de donner la parole à un maximum de personnes. Ce, afin de donner à chaque sensibilité le soin de pointer une question. C’est d’ailleurs une règle non écrite quand un pays a la présidence de l’Union européenne de se plier à cet exercice (parfois fastidieux, il faut le reconnaitre).
La diversité battue en brèche
C’est cette diversité de questions, venant de tous horizons, qui fait l’intérêt et le charme d’une conférence européenne. On découvre tout à coup un problème sous-estimé ou tout simplement inconnu. L’Élysée n’en a cure apparemment. L’objectif n’est pas de faciliter le travail de la presse, c’est de contrôler, tout organiser, tout régenter. Avec cinq ou six questions, il estime même être fort généreux par rapport à l’habitude (2). Plusieurs collègues européens me l’ont rappelé : même le Hongrois Viktor Orban (lors de la présidence de 2011) ou le Slovène Janez Jansa (lors de la présidence 2021) — qui prennent parfois leurs aises avec la presse nationale et l’état de droit — n’osent pas adopter ce type de comportement.
L’égalité bafouée
Autre exemple qui peut paraitre un détail administratif mais n’en est pas un : les accréditations pour les réunions — tels le gymnich (informelle des ministres des Affaires étrangères) ou le sommet de Versailles (10 et 11 mars). Celles-ci sont ouvertes de façon très tardive et, surtout, le journaliste ne saura pas jusqu’au dernier moment (la veille) si son accréditation est acceptée. Pour le sommet de jeudi et vendredi prochain, il faudra attendre mercredi ! Ce qui laisse une bonne part à l’arbitraire et empêche le journaliste européen venu de Bruxelles ou du fin fond de l’Europe de s’organiser. Contrairement à celui qui habite Paris et peut venir. On est là au summum de l’inorganisation discriminatoire (2). Le but inavoué est en fait de favoriser au maximum les journalistes parisiens et “élyséens” aux dépens des journalistes européens, réputés plus frondeurs et, en fait, dont l’Élysée a peur, car il ne les contrôle pas.
Ne pas respecter les règles = crime de lèse-majesté
Pour l’Élysée, en fait, la presse se doit d’être disciplinée, organisée et structurée. Et surtout de ne pas avoir un seul poil qui dépasse du caillou. J’en étais le témoin, amusé. Au déplacement du président Macron à Budapest, alors que les questions avaient été soigneusement réparties : deux maximum, et les journalistes habilités à poser la question désignés (3). Fidèle à nos pratiques européennes et aux règles de la liberté de la presse qui veut que chaque journaliste a le droit de tenter sa chance et poser une question, J’ai osé lever le doigt pour poser une troisième question. Non prévue au programme : un sacrilège. La question était pourtant évidente et naturelle (sur l’autonomie stratégique européenne). Question à laquelle Emmanuel Macron s’est plié sans aucune difficulté, a répondu de façon courte et intéressante. Il était prêt d’ailleurs à poursuivre cette discussion. Mais les “sbires” de l’Élysée ont coupé court. Pas question de rompre le scénario écrit à l’avance. La réponse du président n’a d’ailleurs pas été reprise dans le compte-rendu officiel. Un crime de lèse-majesté.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Des avions Rafale français du groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle devraient effectuer des vols au-dessus des Balkans, notamment la Bosnie-Herzégovine à compter de ce lundi (7 mars) apprend-on de source européenne. Une mission préventive contre toute velléité de déstabilisation.
Catapultage d’un rafale marine depuis le pont d’envol du porte-avions Charles-de-Gaulle, depuis la mer Méditerranée le 10 février 2022. (Photo : SIRPA Marine)Un show of force pour rassurer et dissuader
Ces vols sont qualifiés « d’entraînement à réaction rapide » mais ils ont un objectif très politique. Montrer à la population, et en particulier aux Serbes de Bosnie tentés par la fièvre séparatiste, que les Français sont bel et bien décidés à intervenir en cas de problème. Ce qu’on appelle un ‘show of force‘. NB : Cet exercice n’était normalement pas prévu au programme (du moins dans le dossier distribué à la presse).
Un risque de déstabilisation
Le risque de déstabilisation n’est, en effet, pas négligeable sur la Bosnie-Herzégovine, selon une évaluation donnée récemment par le commandant d’opération d’EUFOR Althea, le général Brice Houdet. Au point que les Européens ont décidé fin février de déclencher en urgence la réserve. Ce qui permettra de doubler les effectifs sur place de l’opération militaire de stabilisation de l’UE en place depuis 2004 (Lire : La réserve d’EUFOR Althea appelée en renfort en Bosnie-Herzégovine. La crainte de la contagion russe (Borrell).
500 militaires de plus sur place
Quatre compagnies terrestres, venant d’Autriche, Bulgarie Roumanie, Slovaquie, soit environ 500 hommes ont commencé à se déployer venant compléter les effectifs déjà sur place formés essentiellement de Turcs et Hongrois. Selon nos informations les Slovaques doivent envoyer une compagnie de 121 hommes du 52e bataillon aéroporté de Trebišov, qui fait partie des forces d’opérations spéciales, est en cours de déploiement. Au moment où l’équilibre sécuritaire en Europe est ébranlé, l’Union veut « démontrer ainsi son engagement et sa détermination continus à soutenir un environnement sûr et sécurisé en Bosnie-Herzégovine et dans les Balkans ».
Un déploiement préventif
Il s’agit au passage de montrer aussi aux Russes que les Européens ne sont pas dupes. Au moment où l’équilibre sécuritaire en Europe est ébranlé, l’Union européenne veut « démontrer ainsi son engagement et sa détermination continus à soutenir un environnement sûr et sécurisé en Bosnie-Herzégovine et dans les Balkans ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Dans une opinion publiée sur son blog, le Haut représentant de l’Union revient sur le conflit actuel en Ukraine. Avec un agresseur clairement désigné : la Russie. Qui ne respecte pas les règles internationales. Et ment aussi sur ses motifs de guerre. Nous jugeons intéressant de le porte à la connaissance de nos lecteurs. Carte blanche
Une invasion justifiée par des mensonges
« En cette heure sombre, où nous assistons à l’invasion non provoquée et injustifiée de l’Ukraine par la Russie ainsi qu’à des campagnes massives de désinformation et de manipulation de l’information, il est essentiel de séparer les mensonges – inventés pour justifier ce qui ne peut l’être – des faits.
La réalité : une agression russe sur un voisin pacifique
« Ce qui est un fait c’est que la Russie, une grande puissance nucléaire, a attaqué et envahi un pays voisin pacifique et démocratique, qui ne l’a ni menacé, ni provoqué. En outre, le président Poutine menace de représailles tout autre État qui viendrait au secours du peuple ukrainien. Un tel usage de la force et de la coercition n’a pas sa place au 21e siècle.
Une grave violation de tous les principes
« Ce que fait Vladimir Poutine n’est pas seulement une grave violation du droit international, c’est une violation des principes fondamentaux de la coexistence humaine. Avec son choix de ramener la guerre en Europe, nous assistons au retour de la “loi de la jungle” où la force fait loi. Sa cible n’est pas seulement l’Ukraine, mais la sécurité de l’Europe et l’ensemble de l’ordre international fondé sur des règles, basé sur le système des Nations unies et le droit international.
La population civile prise pour cible
« Son agression prend des vies innocentes et foule aux pieds le désir des gens de vivre en paix. Des cibles civiles sont frappées, violant clairement le droit humanitaire international, forçant les gens à fuir. Nous voyons une catastrophe humanitaire se développer. Pendant des mois, nous avons déployé des efforts sans précédent pour parvenir à une solution diplomatique. Mais Poutine a menti à tous ceux qui l’ont rencontré, en prétendant être intéressé par une solution pacifique. Au lieu de cela, il a opté pour une invasion à grande échelle, une guerre totale.
Un arrêt des opérations est nécessaire
« La Russie doit cesser immédiatement ses opérations militaires et se retirer sans condition de tout le territoire de l’Ukraine. Il en va de même pour le Belarus, qui doit immédiatement cesser de participer à cette agression et respecter ses obligations internationales. L’Union européenne est unie pour offrir un soutien déterminé à l’Ukraine et à son peuple. C’est une question de vie ou de mort. Je prépare un paquet d’urgence pour soutenir les forces armées ukrainiennes dans leur combat.
La réponse européenne
Sanctionner et isoler la Russie
« En réponse, la communauté internationale va maintenant opter pour un isolement complet de la Russie, afin de tenir Poutine pour responsable de cette agression. Nous sanctionnons ceux qui financent la guerre, en paralysant le système bancaire russe et son accès aux marchés internationaux.
Affaiblir les capacités militaires russes
« L’UE et ses partenaires ont déjà imposé des sanctions massives à la Russie, qui visent ses dirigeants et ses élites ainsi que des secteurs stratégiques de l’économie dirigée par le Kremlin. L’objectif n’est pas de nuire au peuple russe, mais d’affaiblir la capacité du Kremlin à financer cette guerre injuste.
En partenariat avec d’autres pays du bloc
« Pour ce faire, nous agissons en étroite collaboration avec nos partenaires et alliés – les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du Sud et l’Australie. De nombreux pays font bloc dans le monde entier pour protéger l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. Nous sommes ensemble du bon côté de l’histoire face à l’épouvantable agression de la Russie contre un pays libre et souverain.
Une campagne de désinformation massive
« Pour justifier ses crimes, le Kremlin et ses partisans se sont engagés dans une campagne de désinformation massive, qui a commencé déjà il y a plusieurs semaines. Les médias d’État russes et leur écosystème ont colporté massivement des contre-vérités sur les réseaux sociaux dans le but de tromper et de manipuler les opinions publiques. « Les propagandistes du Kremlin qualifient leur agression d’opération spéciale, mais cet euphémisme cynique ne peut cacher le fait que nous assistons à une véritable invasion de l’Ukraine, dans le but d’écraser sa liberté, son gouvernement légitime et ses structures démocratiques.
Des mensonges proférés par Moscou
« Qualifier le gouvernement de Kiev de “néo-nazi” et de “russophobe” n’a aucun sens : toutes les manifestations de nazisme sont interdites en Ukraine. Dans l’Ukraine moderne, les candidats d’extrême droite sont un phénomène marginal bénéficiant d’un soutien minimal, qui ne leur permet même pas de passer la barre permettant d’entrer au parlement. Le gouvernement ukrainien n’a pas isolé le Donbas et il n’a pas interdit l’utilisation de la langue et de la culture russes.
« Donetsk et Louhansk ne sont pas des républiques, ce sont des régions ukrainiennes contrôlées par des groupements séparatistes armés et soutenus par la Russie.
Une opposition russe courageuse
« Nous le savons – et de nombreux Russes le savent. Des manifestations courageuses ont eu lieu dans les villes de Russie depuis le début de l’invasion, exigeant la fin de l’agression contre une nation voisine pacifique. Nous entendons leurs voix et saluons le courage dont ils font preuve en s’exprimant. Nous voyons également de nombreuses personnalités publiques russes protester contre cette invasion insensée.
Une réaction de la communauté internationale est nécessaire
« Je continue à travailler avec nos partenaires du monde entier pour assurer une réaction conjointe de toute la communauté internationale contre le comportement du Kremlin. Le 25 février, seule la Russie a opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’agression contre l’Ukraine, la Chine, l’Inde et les Émirats arabes unis s’étant abstenus. Partout dans le monde, les pays condamnent l’action de la Russie, et à l’Assemblée générale, l’ensemble de la communauté internationale doit unir ses forces et contribuer à mettre fin à l’agression militaire de la Russie en adoptant la résolution correspondante des Nations unies.
Il faut lutter pour la paix
« Nous ne connaissons que trop bien les conséquences de la guerre. Nous avons connu les souffrances de civils innocents lors des deux guerres mondiales et des guerres ultérieures, en Europe et au-delà. Nous savons pourquoi il est si important de lutter pour la paix. En fait, le principe fondateur du projet de l’Union européenne est de renforcer la coopération en vue de la paix, de la coexistence et de la prospérité, et nous l’avons fait au cours des dernières décennies en agissant comme une force de consolidation de la paix et non comme un acteur agressif. Nous sommes les principaux soutiens des personnes souffrant de conflits dans le monde entier, nous travaillons pour construire et aider, et non pour détruire.
Un monde qui ne sera plus le même demain
« Avec cette guerre contre l’Ukraine, le monde ne sera plus jamais le même. C’est maintenant, plus que jamais, le moment pour les sociétés et les alliances de se rassembler pour bâtir notre avenir sur la confiance, la justice et la liberté. C’est le moment de se lever et de s’exprimer.
« La force ne fait pas le droit. Cela n’a jamais été le cas. Et cela ne le sera jamais. »
(Josep BORRELL)
haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et de sécurité commune
Texte publié à l’origine dans l’Economiste (Maroc)
Ce texte n’appartient qu’à son auteur sous son entière responsabilité. Intertitres de la rédaction
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(B2) C’est une vidéo étonnante dont nous avons tiré des captures d’image. On y voit le président biélorusse Alexandre Lukachenko devant son conseil faire un cours sur l’intervention russe et biélorusse en Ukraine.
La carte d’intervention russo-biélorusse avec le président Lukashenko en maitre d’école (Photo : TV Biélorussie – capture d’écran B2)Le président biélorusse A. Lukachenko est soit un imbécile profond, soit un as du double jeu. Il vient de se livrer, dans un show dont il a le secret devant une séance de son conseil de sécurité nationale retransmise sur la télévision nationale, à une explication des cartes de l’offensive. Se donnant un rôle de planificateur en chef des opérations russes dont il n’est qu’un exécutant. Une démonstration forte intéressante en présence de son ministre de la Défense Andrei Ravkov, qui apparait blême au fil de la démonstration.
Une offensive à partir de cinq points
Sur cette carte, on voit clairement l’offensive russe se dérouler à partir de cinq points : la Russie, mais aussi la Biélorussie au Nord ; de la mer Noire et de la Crimée (annexée par la Russie depuis 2014) au Sud ; du Donbass à l’Est.
L’Ukraine divisée en quatre zones
Sur cette carte, on voit aussi l’Ukraine est divisée en quatre zones. L’Ouest, avec ses huit oblasts (provinces) de Lviv à Khmelnytsky, est préservé.
Couper l’Ukraine de son accès à la mer
Dans le Sud, on voit clairement les objectifs : maitriser la mer Noire, à partir de troupes venues de la mer pour faire jonction avec les troupes présentes en Transnistrie, et couper la partie ukrainienne du delta du Danube. Objectif de cette offensive, avec d’autres troupes venues de Crimée : prendre Odessa en tenaille et conquérir la province de Kherson. Mais il ne semble pas question de monter vers l’Ouest (vers la province de Vinnytsya) ou le Nord (province de Kirovohrad).
Conquérir le Donbass
A l’Est, en revanche, c’est clair : on voit une double offensive à partir du Donbass et de la Crimée pour conquérir non seulement la totalité de la province de (la république séparatiste) de Donetsk (vers Mariupol) mais aussi la province de Zaporizhzhya, notamment les villes de Melitopol et surtout le port de Berdyansk, mais aussi la province de Kharkiv. On voit clairement la volonté russe de saisir l’Ukraine “utile” (l’Est de l’Ukraine est riche en ressources minérales : charbon, manganèse, etc.), et de couper l’Ukraine de son accès à la mer.
La capitale et le pouvoir visés
Mais c’est au Centre de l’Ukraine, autour de Kiev à Soumy que se déroule l’offensive la plus majeure se déroule. On n’est plus ici dans un objectif logique visant à préserver la population russophone (argument fallacieux utilisé parfois par les Russes) ou à conforter l’indépendance des deux républiques séparatistes de Louhansk et Donetsk (objectif de l’intervention annoncé clairement par Vladimir Poutine lors de la déclaration de reconnaissance de ces “républiques”). On est ici dans une tentative de déstabilisation du pouvoir ukrainien, de volonté de renverser le gouvernement démocratique élu de V. Zelensky.
La volonté de revanche sur 2014 et 2011
Une sorte de revanche de 2014 qui avait vu le leader pro-russe de l’Ukraine, Ianoukovitch, fuir la capitale aux premières échauffourées un peu sérieuses. Une sorte de réplique également de l’offensive de l’OTAN sur la Libye qui avait vu l’opération militaire quitter peu à peu son objectif de départ (l’interposition dans une volonté de répression de Kadhafi) validé par l’ONU, pour entreprendre (sous l’impulsion des Français et Britanniques) une opération de renversement du pouvoir à Tripoli, qui a finalement abouti à la “neutralisation” du leader Mouammar Kadhafi.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : contrairement à ce qui a été dit, il n’y a sur cette carte d’offensive vers la Moldavie. Il y a une jonction entre les troupes de Transnistrie et celles qui débarquent en Ukraine.
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(B2) Ce mercredi (2 mars) est un jour triste pour les forces aériennes roumaines et notamment celle de la 57e base aérienne de Mihail Kogălniceanu. Une base où sont stationnés des soldats américains et doivent arriver des soldats français. Coup sur coup deux appareils se sont écrasés
Tout d’abord, un avion MiG 21 LanceR de la 86e base aérienne (de Borcea dans le département de Călărași), qui effectuait une mission de patrouille aérienne au-dessus de Dobrogea, a perdu sa connexion radio avec la tour de contrôle, et a disparu du radar, vers 20h, dans une zone entre les localités de Cogealac et Gura Dobrogei. L’avion venait de décoller dix minutes auparavant de la base aérienne Mihail Kogălniceanu. Des opérations de recherche et de sauvetage ont été lancées immédiatement, indique le ministre de la défense Vasile Dincu sur son compte facebook.
L’hélicoptère de secours se crashe à son tour
Un hélicoptère IAR-330 Puma a donc décollé en urgence vers la zone d’impact possible. Mais, à son tour, cet hélicoptère s’est écrasé au sol dans la région de Gura Dobrogei, dans le département de Constanta. Il a perdu sa connexion radio avec la base vers 20h44. Les sept militaires à bord sont décédés. Outre les cinq membres d’équipage , deux sauveteurs en mer avaient également embarqué. Le plus jeune avait 27 ans. Le pilote de l’hélicoptère, le capitaine de corvette Bogdan Florin, était un pilote aguerri. A 41, en poste depuis 2003, il totalisait plus de 1500 heures selon la presse roumaine.
(NGV)
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