(B2) « BRUXELLES2 » / B2 participera, jeudi (8 octobre), aux « Ateliers de la Citadelle » qui portent un titre plus que d’actualité : « Plus de crise, plus d’Europe de la défense ?« .
Organisés par la mission Lille Eurométropole défense et sécurité (LEDS), la Ville de Lille, en partenariat avec l’Institut Jacques Delors, Toute l’Europe.eu, et France-Culture, dans la citadelle Vauban de Lille, siège du Corps de réaction rapide, cette conférence est un rendez-vous important pour l’Europe de la Défense. Seront présents une pléïade d’experts, d’élus et de militaires. Nicole Gnesotto, présidente du CA de l’IHEDN ; Louis Gautier, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, ainsi que Michel Barnier, introduiront et animeront les débats. Télécharger le Programme
La première table ronde (à laquelle je participerai) est consacrée au « Parler vrai » avec le général de Rousiers, président du Comité militaire de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme, et mon honorable collègue de l’Opinion et du blog Secret Défense, Jean-Do Merchet.
La seconde table ronde est titrée « Agir vite » Veronika Wand-Danielson, aujourd’hui ambassadeur de Suède à Paris mais qui a été longtemps en poste à Bruxelles, Pierre Vimont, ancien secrétaire général du Service diplomatique européen (SEAE), Joachim Bitterlich, ancien conseiller du chancelier H. Kohl, et Nick Withney, chercheur à l’ECFR et ancien de l’agence européenne de Défense.
(NGV)(BRUXELLES2) L’opération Sophia (ex EUNAVFOR Med) entre aujourd’hui (7 octobre) dans une phase plus active, la phase 2a visant à arrêter les trafiquants d’êtres humains et les passeurs en haute mer. B2 a pu s’entretenir, de façon approfondie, avec le contre-amiral Hervé Bléjean, commandant en chef adjoint de l’opération au quartier-général d’opération de Rome (interview intégrale parue sur B2 Pro, lire : EUNAVFOR Med une pièce dans un puzzle plus complet (Bléjean)). Extraits…
La phase 2 (2a) démarre. Quel est votre objectif durant cette phase qui doit être plus opérationnelle ?
Notre objectif est de démanteler les réseaux criminels qui font de l’argent avec le désespoir des gens, et risquent la vie des gens qu’ils font partir en mer dans des conditions dangereuses et scabreuses. Si on appréhende de possibles trafiquants ou passeurs, le but est de les traduire en justice. Et d’avoir ce qu’on appelle le Legal finish. C’est-à-dire d’aboutir, au final, à la condamnation des trafiquants.
Vous pourrez agir malgré les contraintes du droit international ?
Le droit international permet de mener un certain nombre d’actions que ce soit au titre de la convention de Montego Bay ou du protocole de Palerme. On a ainsi parfaitement le droit de monter à bord pour assurer le contrôle des papiers et l’identité des bateaux qui ne battent pas de pavillon. Ce qui est le cas de la grande majorité des bateaux impliqués dans le transport des migrants. Il ne s’agit pas d’un contrôle d’identité des personnes mais des papiers du navire.
Vous parlez de poursuite en justice. Qui va poursuivre ? Va-t-on se retrouver dans la même problématique que pour l’opération Atalanta, avec la difficulté de poursuivre les gens arrêtés ?
L’Italie a accepté de poursuivre tout suspect remis par un navire participant à l’opération, quelle que soit la nationalité du navire. Mais chaque nation participante garde une option. Il appartient à l’Etat de décider s’il souhaite poursuivre ou non la personne arrêtée. Si la réponse est non, l’Italie accepte de poursuivre, pour peu qu’on puisse lui produire une procédure acceptable, par le procureur anti-mafia italien.
Des personnes ont-elles déjà été remises à la justice ?
Oui. Une quinzaine de personnes ont déjà été remises à la justice italienne. Elles étaient liées de près ou de loin, aux réseaux de passeurs.
Démanteler les réseaux ne va pas se faire en quelques mois ?
Non. C’est un travail de fourmi, de longue haleine, qui va prendre du temps. Tout l’objet de l’opération est d’ailleurs d’aller plus loin, de renforcer la coopération avec les organisations de police européenne ou internationale (Eurojust, Interpol…) et de pouvoir agir aussi sur les flux financiers dégagés par ces organisations. Cela nécessite une approche globale complète.
Vous ne pouvez cependant aller dans les eaux territoriales libyennes actuellement ?
Non. Ce sera pour une étape ultérieure. C’est l’objectif ultime de l’opération : aller dans l’espace de souveraineté libyen pour appréhender, au plus près, tous les moyens utiles aux réseaux de trafiquants et passeurs. Mais dans tous les cas il faut une invitation du gouvernement d’unité nationale libyen. Et ce sont des leviers qui ne sont pas entre nos mains. C’est tout l’enjeu du travail mené par Bernadino Leon (NDLR : l’envoyé spécial de l’ONU), dont on appelle le succès.
Donc pas d’intervention en Libye sans l’accord libyen contrairement à ce qui s’était passé en 2011 pour l’opération de l’OTAN ?
Exactement. On ne fera rien dans l’espace de souveraineté libyen sans accord du gouvernement libyen, reconnu par la communauté internationale. Il ne doit y avoir aucun fantasme sur nos intentions. Nous n’avons pas d’agenda caché.
Vous restez très discrets sur le modus operandi des trafiquants, sur ce que vous allez faire dans cette autre phase, pourquoi cette prudence ?
Un de nos objectifs est d’avoir quelques succès opérationnels. L’adversaire est extrêmement connecté, a ses propres capacités d’analyse et de renseignement sur des sources ouvertes. Toute fuite sur la façon dont on veut procéder, qui nous visons, à quel moment on change de dispositif, mettrait à bas notre tactique. Tout le monde mettra la tête sous l’eau, et ce sera dommage. Quand on place une souricière, on ne dit pas quel type d’appât, de piège, ni où et à quel moment on le fait.
(propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) L’arrêt qu’a rendu la Cour de justice européenne ce mardi ( 6 octobre) est un rappel à l’ordre cinglant en matière de libertés publiques pour la Commission européenne comme pour Facebook, et les autres sociétés internationales qui utilisent les données personnelles, sans vergogne. Il enfonce un coin dans la relation UE-USA. Face à un pays pas sûr en matière de protection des données, toute institution nationale est en droit et même en devoir de refuser le transfert des données, quand bien même la Commission européenne en aurait décidé autrement.
Que dit l’arrêt Schrems ?
1° Le système américain de protection de données n’offre pas « un niveau de protection substantiellement équivalent à celui garanti au sein de l’Union ». Le régime américain de la sphère de sécurité rend « possible des ingérences, par les autorités publiques américaines, dans les droits fondamentaux des personnes ». Les autorités des États-Unis peuvent ainsi accéder aux données à caractère personnel transférées à partir des États membres vers ce pays et traiter celles-ci « d’une manière incompatible, notamment, avec les finalités de leur transfert et au-delà de ce qui était strictement nécessaire et proportionné à la protection de la sécurité nationale ».
« Dès lors qu’elle autorise de manière généralisée la conservation de toutes les données à caractère personnel de toutes les personnes dont les données sont transférées depuis l’Union vers les États-Unis sans qu’aucune différenciation, limitation ou exception ne soient opérées en fonction de l’objectif poursuivi et sans que des critères objectifs ne soient prévus en vue de délimiter l’accès des autorités publiques aux données et leur utilisation ultérieure » une réglementation n’est « pas limitée au strict nécessaire ». Elle devient donc illégale. Une réglementation qui permet « aux autorités publiques d’accéder de manière généralisée au contenu de communications électroniques doit être considérée comme portant atteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie privé ».
Enfin, il n’existe « pas, pour les personnes concernées, de voies de droit administratives ou judiciaires permettant, notamment, d’accéder aux données les concernant et, le cas échéant, d’obtenir leur rectification ou leur suppression ». Là aussi, il y a « atteinte » aux droits fondamentaux. Une telle possibilité « étant inhérente à l’existence d’un État de droit » !
2° La Commission européenne a failli à ses devoirs. La Cour ne contente pas d’annuler la décision de la Commission. Les arguments utilisés sont particulièrement sévères pour l’exécutif européen. D’une part, la Commission était tenue de constater que les États-Unis assurent effectivement, en raison de leur législation interne ou de leurs engagements internationaux, un niveau de protection des droits fondamentaux substantiellement équivalent à celui garanti au sein de l’Union en vertu de la directive lue à la lumière de la Charte. Elle ne l’a pas fait. La Commission « n’a pas opéré un tel constat, mais qu’elle s’est bornée à examiner le régime de la sphère de sécurité ». Cependant, elle savait bien qu’il y avait des problèmes avec la protection des données au niveau américain. La plupart des arguments de la Cour sur le déficit de protection aux Etats-Unies sont en effet, tirées de communications de la Commission européenne. Enfin, elle a interdit aux autorités nationales de contrôle de se prononcer en cas de plainte d’un citoyen.
3° C’est la troisième leçon de cet arrêt. La Cour considère que la Commission n’avait pas la compétence de restreindre ainsi les pouvoirs des autorités nationales de contrôle. Aucune disposition de la directive n’empêche les autorités nationales de contrôler les transferts de données personnelles vers des pays tiers ayant fait l’objet d’une décision de la Commission. Ainsi, même en présence d’une décision positive de la Commission, les autorités nationales de contrôle, saisies d’une demande, doivent pouvoir « examiner en toute indépendance si le transfert des données d’une personne vers un pays tiers respecte les exigences posées par la directive ». En d’autres termes, une décision de la Commission « constatant qu’un pays tiers assure un niveau de protection adéquat aux données à caractère personnel transférées ne saurait annihiler ni même réduire les pouvoirs dont disposent les autorités nationales de contrôle en vertu de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et de la directive ».
4° La valeur suprême des droits fondamentaux. Au passage, les juges de la Cour rappellent un principe :« le droit à la protection des données à caractère personnel comme la mission dont sont investies les autorités nationales de contrôle » sont garanties par la Charte des droits fondamentaux.
5° Dernier point, qui est un rappel des prérogatives de la justice européenne. La Cour de justice rappelle qu’elle est « seule compétente pour constater l’invalidité d’un acte de l’Union », tel qu’une décision de la Commission. Par conséquent, lorsqu’une autorité nationale ou bien la personne ayant saisi l’autorité nationale estime qu’une décision de la Commission est invalide, cette autorité ou cette personne « doit pouvoir saisir les juridictions nationales pour que, dans le cas où elles douteraient elles aussi de la validité de la décision de la Commission, elles puissent renvoyer l’affaire devant la Cour de justice ». Et ce sera aux juges européens que reviendra alors « la tâche de décider si une décision de la Commission est valide ou non ».
En l’occurrence, la réponse ne suscite aucune ambiguïté. La Cour déclare « la décision de la Commission du 26 juillet 2000 invalide ». L’autorité irlandaise de contrôle qui avait été saisie d’une plainte (par M. Schrems) doit « avec toute la diligence requise » décider « s’il convient, en vertu de la directive, de suspendre le transfert des données des abonnés européens de Facebook » vers les États-Unis au motif que ce pays n’offre pas un niveau de protection adéquat des données personnelles.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Arrêt C-362/14, Maximillian Schrems / Data Protection Commissioner, du 6 octobre 2015. A télécharger ici
(B2) Autant le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a été prolixe et incisif, tout à l’heure lors de son point de presse, sur l’incursion russe dans l’espace aérien turc — « une violation grave », un fait « inacceptable », etc. — autant il a été beaucoup plus elliptique sur le bombardement d’un hôpital de MSF. « Je suis terriblement attristé par les évènements. Une enquête complète a été mise sur pied » a-t-il lâché. Et c’est tout.
De la même façon, Jens Stoltenberg, n’est pas avare de quelques précisions sur ce qui s’est passé sur la frontière turque. « Cela ne ressemble pas à un accident » explique le secrétaire général de l’OTAN, donnant moult détails. « Il y a eu deux violations au cours du Week-end (NB : par un Sukhoi 30 et un Sukhoi 24). Et cette violation a duré longtemps par rapport aux violations de l’espace aérien dans d’autres points de l’Europe. Les renseignements que nous avons reçus me font (donc) dire que ce n’est pas un accident. »
Sur l’Afghanistan, il reste beaucoup plus prudent, même très prudent. Ici pas de renseignement de première main, le flou règne. On attend. « Il faut une enquête complète pour établir les faits, une investigation approfondie et complète, ensuite on tirera les conclusions » souligne Stoltenberg.
Une erreur de la chaîne de commandement ?
Cependant les informations publiques à disposition font état d’un bombardement, durant plusieurs minutes, à plusieurs reprises, par des avions américains membres de l’Alliance. On parait assez loin d’un simple dégât collatéral : on est soit face à une énorme bévue « technique » de l’armée de l’air américaine qui imposerait des mesures immédiates de correction ; soit en présence d’un objectif sciemment visé (l’hôpital abritant les talibans). Dans tous les cas, il y a une nécessaire remise en ordre dans la chaîne de commandement Otan et US.
Le double standard !
Le double standard règne. Quand un avion allié de l’OTAN mène une frappe qui, normalement, doit être considéré comme un crime de guerre — le bombardement d’un hôpital, normalement neutre, tue soignants et soignés —, on est seulement (un peu) tristes. Mais c’est tout. Quand la Russie déborde, sciemment, de sa ligne et fait une incursion en territoire de l’Alliance mais sans aucun autre effet, collatéral que ce qu’on pourrait appeler un show of force, c’est le branlebas de combat, l’alerte rouge, le déferlement de qualificatifs… En termes d’honnêteté d’information, ce n’est pas très sage. Et cela ne prête guère à l’optimisme quant à l’honnêteté des différentes forces en présence.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(BRUXELLES2)
Koulikoro (Mali). Le bataillon Debo revient se former après 1 an sur le terrain
Pour leur retour à Koulikoro, les instructeurs européens ont préparé un petit exercice de réaction à l’embuscade. (Crédits: EUTM Mali)
Environ 600 hommes du GTIA 5 (Groupement tactique interarmes) sont arrivés à Koulikoro pour leur recyclage programmé dès leur entraînement initial en mai 2014. Cela marque le début du cycle de réentrainement des Forces armées maliennes (FAMA) par la mission européenne de formation (EUTM MALI).
Depuis tout ce temps, ils se sont battus dans le nord du Mali et ont également été impliqués dans l’opération pendant la période de la prise d’otages de Sévaré. Sévaré est également la ville de garnison du GTIA 5 « DEBO ». Les exercices ont pour but de voir comment les soldats maliens en patrouille réagissent face à une attaque ennemie inopinée et comment ils se sortent d’affaire sur le plan tactique. Malgré des températures avoisinant 36°, les ordres sont rapidement exécutés. Et ils reprennent rapidement l’entrainement, en progressant avec précaution tout en observant attentivement le terrain. « La première formation EUTM que les soldats maliens ont reçue et le fait qu’ils ont été déployés en opérations dans le nord ces derniers mois, sont encore très visibles. Il faut seulement rafraîchir les connaissances qu’ils possèdent déjà. C’est un bon signe! Cela montre que le travail d’EUTM Mali a eu un effet positif et le niveau de compétence des soldats maliens continue à s’améliorer » souligne le caporal instructeur Ale, du premier régiment des Gurkhas (1st Royal Gurhka Regiment) qui assure la formation côté européen.
Niamey et Agadez (Niger). Les formations d’EUCAP Sahel Niger battent le plein
EUCAP Sahel Nigel apporte une formation d’intervention pour treize formateurs de l’Ecole nationale de gendarmerie de Niamey. (Crédits: EUCAP SAHEL Niger)
Une formation a été dispensée par les experts d’EUCAP Sahel Niger, début septembre, à 13 formateurs permanents de l’Ecole Nationale de gendarmerie de Niamey sur les « Techniques d’Intervention Professionnelle ». Formation qui permet d’acquérir les savoir faire techniques tout en respectant le cadre légal et l’usage de la force strictement nécessaire. À Agadez, c’est une formation en « Gestion du parc de véhicules » qui a été dispensée par les Européens, les 15 et 16 septembre. Il s’agissait de la troisième session de formation du module en question, à laquelle ont participé 10 mécaniciens de la Gendarmerie et 7 mécaniciens de la garde Nationale venus de toutes les régions. Cette formation est complémentaire des activités précédentes de la mission en faveur des ateliers automobiles des différentes forces qui ont permis de renforcer leurs capacités en matière de maintenance à travers la fourniture d’outillage performant.
Dar al-Salaam (Tanzanie). Formation de marins tanzaniens au système de détresse
(Crédit : EUNAVFOR Atalanta)
L’opération EUNAVFOR Atalanta continue ses actions de formations. Mardi 15 septembre, ce sont les Espagnols du patrouilleur Meteoro, de passage au port de Dar El-Salaam, qui ont formé des cadets-officiers de la marine tanzanienne. Objectif de l’instruction : le système mondial de détresse et sécurité maritime et les mesures d’autocorrection mis en oeuvre par les navires marchands pour se protéger des attaques de pirates. Le commandant ESPS Meteoro, José Almira, « il est important de continuer (…) à former nos partenaires régionaux pour bâtir la confiance et la compréhension mutuelle et améliorer la sécurité maritime dans la région. »
Tiraspol (Transnistrie) EUBAM Moldavie-Ukraine prépare les actions pour 2016-17
Le chef de la mission européenne d’assistance aux frontières (EUBAM Moldova) pour la Moldavie et l’Ukraine, l’ambassadeur Andrew Tesoriere, a visité Tiraspol le 24 septembre pour rencontrer Vitali Ignatiev, ministre des affaires étrangères par intérim de Transnistrie. L’objectif était de présenter le plan d’action de la mission pour 2016 et 2017.
Ergneti (Georgie). Réunion pour améliorer le mécanisme de prévention et réponses aux incidents
La réunion d’Ergneti, co-animée par Kęstutis Jankauskas, le chef de la Mission d’observation de l’UE en Géorgie (EUMM Georgia), et l’ambassadeur Angelo Gnaedinger, le Représentant spécial du Directeur du bureau de l’OSCE pour le Caucase du Sud (Crédit : EUMM Georgia)
Les participants à la 58e réunion pour le Mécanisme de prévention et réponses aux incidents (IPRM) à Ergneti, ont constaté que la situation de sécurité reste « stable ».
Les incidents spécifiques le long de la frontière administrative ont été passés en revue. Toutes les parties se sont engagées à augmenter la vigilance et à intensifier l’échange d’informations pertinentes par rapport aux feux de forêt.
Afin de répondre aux préoccupations de la population locale, des informations complémentaires seront fournis sur les exercices militaires.
Méditerranée. Sauvetages en mer : 1.000 migrants supplémentaires sauvés
(Crédits: EUNAVFOR Med)
Tôt dans la matinée du 19 septembre, deux navires de l’opération EUNAVFOR Med (la frégate allemande Schleswig-Holstein et son homologue britannique HMS Enterprise), avec l’aide d’un hélicoptère britannique Merlin, ont mené une opération de sauvetage coordonnée sur 3 navires différents, venant ainsi au secours de 767 personnes. Les navires en détresse étaient en bois ou en caoutchouc. Tous venaient du port de Zuwarah, à seulement 20 minutes Dans la nuit du 26 et 27 septembre, ce sont 251 migrants qui ont été sauvés d’un probable naufrage. Les deux actions ont été menées sous la coordination du centre maritime international de coordination de sauvetage (IMRCC) à Rome. Les migrants ont été transférés aux ports de Palerme, Augusta et Lampedusa tandis que les bateaux en bois vides de ses occupants ont été pris en charge par des unités navales de l’opération italienne « Mare Sicuro » (Lire aussi: Ne dites plus EUNAVFOR Med, dites Sophia ! (maj)
Ukraine. Recommandation des Européens pour la réforme de la législation pénitentiaire
(Crédits: UEAM Ukraine)
La mission européenne de conseil des forces sécurité (EUAM) en Ukraine a présenté, le 23 septembre 2015, ses recommandations sur l’amélioration du projet de loi sur les droits des prisonniers » lors de la réunion régulière du groupe d’experts du Parlement ukrainien. Un accord a été établi pour mettre en œuvre les suggestions de l’UEAM au cours de la seconde lecture du projet de loi.
(Leonor Hubaut)
(B2) Une réunion des ambassadeurs de l’OTAN (NAC) est convoquée spécialement ce lundi après-midi pour discuter de la violation de l’espace aérien turc par des avions russes. C’est ce qu’a annoncé tout à l’heure le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, après une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères tuc, Feridun Sinirlioglu, de passage à Bruxelles.
Ces « violations de l’espace aérien turc par des avions de combat russe (sont) inacceptables » a indiqué Jens Stoltenber. « Les actions de la Russie ne contribuent pas à la sécurité et la stabilité de la région. Je demande à la Russie de respecter pleinement l’espace aérien de l’OTAN et d’éviter l’escalade des tensions avec l’Alliance ». Et d’ajouter : « Je demande instamment à la Russie de prendre les mesures nécessaires pour harmoniser ses efforts avec ceux de la communauté internationale dans la lutte contre ISIL ».
Dimanche, le ministère turc de la Défense avait indiqué dans un communiqué qu’un avion russe (un Sukhoi Su30) avaut été intercepté par deux F-16 des forces armées turques, en patrouille dans la région et reconduit hors de l’espace turc vers la Syrie. « Une erreur de navigation » ont plaidé les Russes aux autorités militaires turques, selon le quotidien turc Hurriyet. L’avion Su-30 qui avait violé l’espace turc de quelques centaines de mètres dans le district sud de Yayladağı, vers midi dimanche, est retourné dans l’espace aérien syrien après un avertissement, précisent ces mêmes sources.
Commentaires : on peut remarquer la promptitude de réaction de l’OTAN. Les violations régulières de l’espace aérien grec par des avions turcs ne suscite pas un tel engouement. Plus récemment, le bombardement sanglant d’un hôpital de MSF en Afghanistan n’a pas vraiment suscité de commentaires aussi fermes. Sur le plan militaire, on peut considérer que ce débordement russe n’est pas une simple « erreur de navigation » mais davantage un avertissement sans frais aux autorités turques pour leur signaler que la frontière syrienne est désormais bien surveillée et … à respecter.
Le centre de traumatologie de Kunduz (Crédit : MSF)
(B2) L’hôpital de Médecins sans frontière à Kunduz, au nord de l’Afghanistan a été « frappé à plusieurs reprises au cours de bombardements soutenue et a été très gravement endommagé » dénonce l’organisation humanitaire. Selon MSF, Trois membres du personnel sont morts et plus de 30 sont portées disparues. Ce centre de traumatologie MSF – qui est la seule installation du genre dans la région – est notamment assuré par MSF Belgique.
« Lorsque l’attaque aérienne a eu lieu ce matin, nous avions 105 patients et accompagnants à l’hôpital et plus de 80 personnel médical, international et national, de MSF. Nous ne disposons pas encore des chiffres définitifs de victimes. Mais notre équipe médicale fournit les premiers soins et nous recensons les personnes décédées » explique Bart Janssens, directeur des opérations à MSF. « Nous sommes profondément choqués par cette attaque, le meurtre de notre personnel et les patients ». Et d’appeler « toutes les parties à respecter la sécurité des installations et du personnel de santé ».
Ce bombardement serait dû à une erreur des frappes américaines. Les forces américaines ont, en effet, mené une attaque aérienne « dans la ville de Kunduz à 02h15 (locale), contre les individus qui menacent la force. Cette frappe peut avoir entraîné des dommages collatéraux à un établissement médical à proximité » reconnait, selon The Guardian, le colonel Brian Tribus, porte-parole des forces US dans la région. « L’incident est sous enquête »
Depuis que les combats ont éclaté lundi dernier, l’hôpital de MSF a traité 394 blessés.
(NGV)
(B2) Plus de 30.000 militaires de 30 nations prendront part à l’exercice « Trident Juncture 2015 » dont l’objectif est de certifier la Force de Haute disponibilité de l’OTAN (VJTF). La première phase, le Command Post Exercice, se déroulera du 3 au 16 octobre. L’exercice réel (Live Exercise) débutera le prochain 21 octobre, sur le camp d’exercice de Zaragoza (Espagne). L’exercice simulera un conflit entre les pays de la Corne de l’Afrique où s’imbriquent des conflits ethniques, des crises de réfugiés, les conflits sur les ressources en eau et l’émergence d’une alerte de Santé type « Ebola ». Malgré des noms de pays fictifs (Kamon, Lakuta et Tytan), les plans utilisés pour l’exercice seront réels, avec une attention spéciale portée à l’Ethiopie et le Soudan du Sud.
(B2) L’Union européenne a adopté ce jeudi (1er octobre) des restrictions en matière de déplacements (interdiction de visas) et un gel des avoirs à l’égard de quatre personnes, dont les actions « compromettent la démocratie ou font obstacle à la recherche d’une solution politique à la crise actuelle au Burundi, notamment par des actes de violence, de répression ou d’incitation à la violence, y compris par des actes constituant des atteintes graves aux droits de l’Homme », vient d’annoncer un communiqué du Conseil. Cette mesure entrera en vigueur demain, vendredi, après publication au Journal officiel.
(NGV)
NB : une nouvelle annoncée en avant-première sur B2 Pro avec tous les détails sur les personnalités visées. Lire aussi : Premières sanctions contre des responsables burundais. Qui pourrait être concerné ?
Frappe aérienne effectuée par l’aviation russe en Syrie le 30 septembre – images : Ministère russe de la Défense
(B2) Il a suffi d’un petit décret et de quelques avions. Les Russes ont joint le geste à la parole. Et, désormais, en Syrie, comme sur l’ensemble du Moyen-Orient, il faudra compter avec eux.
A la « française »
« Basé sur l’article 102.1 (d) de la Constitution russe, Vladimir Poutine a soumis une proposition au Conseil de la Fédération pour lui demander d’autoriser l’utilisation du contingent des Forces armées russes de l’extérieur du pays, sur la base des principes et normes du droit international généralement reconnus » indique le communiqué de presse du Kremlin, publié mercredi (30 septembre) au matin. Autorisation accordée dans la foulée. La suite n’a pas traîné. Dans un schéma organisationnel assez semblable à celui existant en France, le chef de l’Etat, qui est le commandant suprême des forces armées, ordonnait de commencer « l’opération aérienne pour viser des cibles des terroristes de l’ISIL sur le territoire syrien ».
Huit cibles détruites
Et dans l’après-midi, le ministère russe de la Défense annonçait avoir réalisé plusieurs frappes sur des cibles des « dépôts d’armes et de munitions, de fuels, des centres de communication, du matériel militaire des terroristes de l’ISIS ». Une annonce faite sur twitter, sur facebook, sur youtube, etc. en utilisant donc tous les canaux modernes des médias sociaux, dans un exercice plutôt rare pour l’armée russe de ‘transparence’ (ou propagande) militaire, assez proche en fait de celui que pratique l’armée israélienne ou britannique. On apprendra un peu plus tard que ce raid réalisé par le groupe d’aviation russe basé en Syrie a frappé « 8 cibles de l’ISIS, (…) situées dans une zone montagneuse », qui ont été « complètement détruites ».
La cible contestée
Américains comme Français ont immédiatement émis des doutes sur la cible visée, arguant qu’elle concernait davantage des groupes modérés hostiles à Bachar el Assad que l’organisation de l’Etat islamique (ISIL/ISIS). Difficile de cerner le vrai du faux. Quoi qu’il en soit, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain a indiqué, très vite, mercredi soir, devant le conseil de sécurité de l’ONU puis devant la presse avoir des « préoccupations (quant) à la nature des objectifs, au type de cibles » visées par les Russes. Il y a « besoin de clarté ». L’organisation de l’Etat islamique (ISIL) devrait « de toute évidence être ciblée ». Mais, de façon « tout aussi évidente, ce n’est pas ce qui se passe ».
Une frappe très politique
Dans un jeu où la propagande est intense de part et d’autre, l’essentiel n’est pas vraiment là. Car cette frappe russe a, avant tout, un objectif politique. Elle permet à la Russie de récupérer ses galons de force avec qui il faut compter et discuter en Syrie, non pas juste parce qu’elle a un siège au Conseil de sécurité des Nations-Unies mais parce qu’elle est sur place militairement et que son intervention ne peut se discuter d’un point de vue juridique.
Un certain fondement juridique
D’un point de vue du droit international, la position russe semble, en tout cas, assez fondée… quelle que soit la cible visée. Car les militaires russes interviennent à la demande du gouvernement légal de la Syrie (de Bachar el Assad). Ce n’est peut-être pas très moral mais c’est imparable ! Ce que ne peuvent pas se revendiquer les occidentaux qui agissent en marge de la légalité internationale. Au passage, la Russie s’impose comme un partenaire obligé pour le régime de Damas, tout autant que l’Iran.
Et une certaine continuité dans le soutien à Bachar
Cette intervention a aussi une certaine logique dans la continuité. Soutenant de façon non équivoque le régime de Bachar, Moscou a bloqué notamment toute tentative de résolution du Conseil de sécurité à l’ONU contre ce régime. Le gouvernement russe a, depuis le début de la crise, prédit que les Occidentaux se trompaient en croyant que l’opposition syrienne démocratique l’emporterait. L’ancien ambassadeur à l’OTAN, Dimitri Rogozine, aujourd’hui vice-Premier ministre, avait averti, lors d’un dernier point de presse à Bruxelles (en janvier 2012 !) que les Européens se trompaient. Vous verrez – avait-il dit alors, arguant de la bonne connaissance russe de la région par la Russie. « Ceux que vous soutenez sont des terroristes qui vont se retourner contre vous » avertissait-il, en substance, dans un discours sans nuances, qui détonnait en 2012 et parait presque raisonnable aujourd’hui… Faisant référence à l’intervention en Libye, toute proche, il avertissait également, sans ambages : plus jamais !
L’effet papillon de la frappe
Désormais, effectivement, il va falloir se coordonner étroitement entre militaires, entre Russes et Américains, et le reste de la coalition, pour éviter tout risque de « collision ». Et de façon imparable, et cynique, cette coordination se fera avec le régime de Bachar, les Russes assurant le « point manquant » de la coordination entre la coalition et le régime de Damas.
Une coordination étroite USA-Russie
John Kerry le secrétaire d’Etat US, l’a reconnu hier à New-York, lors d’une conférence de presse commune tenue à New-York avec Serguei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, au sortir de la réunion du Conseil de sécurité. « Nous avons convenu de l’impératif dès que possible – peut-être même dès demain — d’avoir une discussion de déconfliction de militaires à militaires, des réunions, des conférences — tout ce qui peut être fait dès que possible. Car nous sommes d’accord sur l’urgence de cette déconfliction » (*).
Une zone de déconfliction indirecte avec le régime de Bachar
Point confirmé par son homologue russe. « La première instruction pour nous est de faire en sorte que les militaires américains, la coalition menée par les Etats-Unis d’une part et les militaires de la Fédération de Russie qui se livre maintenant à certaines opérations en Syrie, à la demande du Gouvernement syrien, entrent en contact et établissent des canaux de communication pour éviter les incidents involontaires » a précisé Lavrov. « Et nous avons convenu que les militaires devraient entrer en contact les uns avec les autres très bientôt. » Le ministre russe lâchant d’ailleurs que cette décision assurait « le suivi de ce que nos présidents ont convenu lors de leur rencontre ici le 28 septembre » (sous entendu : les Américains étaient parfaitement au courant).
Pas vraiment un ami, mais déjà un partenaire
A quelques heures d’une autre réunion fondamentale, sur l’Ukraine, à Paris, en format Normandie, la discussion va changer de tournure. La Russie n’est toujours pas vraiment un « ami » mais elle est un peu plus un « partenaire ». Il y a un renversement des priorités au sein de l’Union européenne aujourd’hui. Entre le risque russe en Ukraine et le risque de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, les grands pays européens et les Etats-Unis ont choisi : c’est le front sud sur lequel il importe de se concentrer pour l’instant.
Des conséquences au plan européen
Choisir entre s’affronter et coopérer
Au sein de l’Union européenne, il y a là les signes d’une évolution notable. Alors que tous les esprits étaient tournés depuis fin 2013 vers l’Est – en oubliant le Sud – la réalité géopolitique est venue rappeler qu’entre deux risques, il faut choisir le moindre. La doctrine européenne de dire que le front est et le front sud ont la même valeur et doivent susciter le même engagement politique n’est aujourd’hui plus tenable. Tout simplement car les deux risques ne sont pas de la même intensité.
Deux risques à l’Est et au Sud qui ne sont plus de même intensité
A l’Est, il y a une rébellion soutenue par la Russie, et contenue dans une certaine sphère géographique, assez limitée somme toute, qui n’a pas d’intention ni les moyens de déborder de sa zone de combat (sans l’appui de Moscou). Au sud, il y a une rébellion, qui s’étend sur le territoire de deux Etats, dispose d’un trésor de guerre notable et de troupes autrement plus nombreuses et qui a une volonté de contrôler plusieurs territoires voire de frapper le territoire européen. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
… et ne peuvent plus être combattus de la même manière
Ensuite, car les Européens n’ont pas les moyens de tenir deux fronts en même temps. Enfin car on ne peut pas désigner d’un côté la Russie comme un horrible ennemi qu’il faut combattre et, de l’autre, lui faire des courbettes pour obtenir sinon sa coopération, au moins sa bienveillante neutralité, sur la Libye, la Syrie, le Sahel, etc.
Un renversement géopolitique au sein de l’UE
Pour la plupart des pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas vu que la menace syrienne, comme la symbolique politique de la vague des réfugiés, ce renversement a des conséquences géopolitiques beaucoup plus fondamentales sur leur voisinage qu’ils ne pouvaient l’estimer au premier abord. Ils ne participent à aucune enceinte de discussion et de résorption des principaux conflits en cours. Sur l’Ukraine, c’est en format E2+2 (Allemagne, France, Russie et Ukraine). Sur l’Iran, c’est en format E3+3 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie et Etats-Unis). Sur la Syrie, on pourrait adopter un format similaire. Sur le Proche-Orient, c’est le Quartet. etc.
Un hors jeu politique et militaire des pays de l’Est
En bloquant tout partage de la solidarité dans l’accueil des réfugiés, de façon souvent agressive et avec des arguments souvent « borderline », ils se sont mis hors jeu politiquement mais surtout moralement. En ne participant que du bout des doigts aux opérations au Sahel comme en Irak, ils sont hors jeu militairement. Ils auront donc beaucoup de mal — sauf nouvelle (grande) offensive russe à l’Est — à réimposer la priorité « Front Est » à l’agenda. Ce qu’ils avaient réussi à faire depuis plusieurs mois. La frappe russe sur la Syrie, comme ses conséquences, entre Washington et Moscou tout d’abord, au plan international ensuite, a réduit à néant leur importance.
Kaczyński, combien de divisions ?
Il faudra examiner dans les premiers mois si ce fait est simplement conjoncturel ou structurel. Mais il parait certain que leur rente de situation, acquise depuis 2004 et 2007 et les deux élargissements successifs vers l’Est de l’Europe, est en passe de se terminer. Se poser la question : l’Est « combien de divisions ? », c’est déjà quasiment y répondre. Les pays de l’Est reviennent, en fait, à leur étiage normal, ni plus ni moins : celui de petits pays, ne disposant pas vraiment d’une surface diplomatique et militaire, pour peser durablement, sans un soutien (soit de l’Union européenne, soit des Etats-Unis), qui ne pèse qu’à peine 20% du système décisionnel européen (2). Et même si le PiS (Droit & Justice), de Kaczyński, qui entend gouverner la Pologne demain s’il gagne les élections (3) soutient le contraire, et entend restaurer comme il le dit « le phare » de la Pologne, celui-ci risque de ne pas éclairer bien loin…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Transcript du département d’Etat US traduit par nos soins
(2) Selon le système de double majorité, ce poids devrait diminuer de façon lente mais constante dans les dix prochaines années, vu la stagnation voire la diminution constante de la population de ces pays, alors que la population des autres pays européens (ouest, nord et sud) est en croissance plus dynamique (interne ou/et du fait de l’immigration).
(3) Les élections législatives sont prévues le 25 octobre. Le PiS a déjà gagné avec Andrzej Duda les élections présidentielles
(B2) L’apparition de Daech érigée en menace ultime a transformé la donne dans le Moyen-Orient. Malgré les apparences, Russes et Américains semblent aujourd’hui « alliés », chacun avec des fonctions différentes. Aux Russes, le soin de consolider le régime pour éviter sa chute brutale et l’installation d’un No man’s Land propice à tous les radicaux extrêmes, mieux organisés sur le plan militaire. Aux Américains, et leurs alliés, le soin d’effectuer des frappes aériennes sur des objectifs de l’organisation de l’Etat islamique. Aux Iraniens (et aux Kurdes au Kurdistan irakien), le soin de combattre au sol en Syrie et en Irak.
Patiemment Moscou a attendu son heure. Et cette semaine à l’assemblée générale de l’ONU, Vladimir Poutine en personne devrait donner le «la». La Russie tient les fils d’un possible plan permettant de stabiliser la Syrie. Et elle entend en jouer. Ce qui est l’objectif primaire des différents pays, notamment européens. Bachar a, cyniquement, utilisé sa population, en la privant des moyens de vie essentiels (visant boulangeries, marchés, hopitaux…), en les poussant à l’exil. Une politique de la terre brûlée qui paie…
Les soudaines et bruyantes révélations puisées à de « bonnes sources » d’augmentation des livraisons d’armes de la Russie vers la Syrie sont arrivés, à point nommé, pour remettre sur le devant de la scène l’assistance militaire russe. Mais elles n’ont pas empêché les rapprochements initiés par les différentes diplomaties. De fait, ces livraisons « n’ont pas cessé durant tout le conflit » a confié à B2 une autre « bonne » source. « Nous sommes davantage dans le classique d’un contrat d’assistance militaire, visant à renouveler et recompléter un dispositif militaire ».
Le régime syrien, depuis le début de la guerre, a subi d’importantes pertes au niveau matériel (véhicules, hélicoptères…). Sa flotte d’hélicoptères, notamment, sur-utilisés nécessite d’être renforcée. Et, dans l’esprit d’une possible solution politique en Syrie, il n’est pas question que le régime de Damas, s’effrondre trop rapidement pour laisser la place aux mouvements les plus extrêmes.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Fed. Mogherini et l’amiral commandant l’opération, Enrico Credendino
(BRUXELLES2 à Rome) L’opération européenne de lutte contre les trafiquants d’êtres humains en Méditerranée centrale (EUNAVFOR Med) va changer de nom ou plutôt adopter un surnom à l’image de sa grande soeur EUNAVFOR Atalanta.
La Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, l’a annoncé à Rome aujourd’hui lors de son passage au quartier général de l’opération (que j’ai pu visité à l’occasion). EUNAVFOR Med va désormais porter le nom de Sophia (ou Sofia en italien), une petite fille somalienne, née en pleine mer, fin août, sur la frégate allemande Schleswig-Holstein qui l’avait prise en charge après son sauvetage par le navire britannique HMS Enterprise (lire : Sophia née en Méditerranée. Vaste journée de sauvetage pour les navires européens). Un beau relais en mer qui valait bien un surnom…. Ce nom permettra « de faire passer le message au monde que l’opération a pour objectif de sauver et de protéger des vies » a expliqué Federica Mogherini.
Une phase plus active
La phase 2 qui va démarrer le « 7 octobre » sera plus active a promis également la Haute représentante. « On passe d’une phase de renseignement à une pase opérationnelle. » L’objectif va être « cette fois de stopper les trafiquants ». Durant ces dernières semaines, à une vingtaine de reprises (21 exactement selon nos informations), les navires européens ont eu l’opportunité de croiser des trafiquants qu’ils auraient pu arrêter. « 17 en provenance de Libye, 3 d’Egypte » a-t-elle précisé.
Les trafiquants en escorte : traqués
« Le système utilisé par les trafiquants est d’escorter les bateaux ». « Je les avertis : cela va être plus difficile pour eux, et cela rendre plus difficile leur business » a-t-elle ajouté au grand dam des officiers du QG de l’opération qui auraient bien aimé gardé ce détail opérationnel un peu plus discret pour pouvoir frapper un grand coup dès le début de la phase 2. De 4 navires actuellement, l’opération va ainsi passer à 7 navires environ, dont une frégate française de type Lafayette (le Courbet ou le Surcouf). Soit un doublement de sa possibilité d’action.
Contrer le cynisme des contrebandiers d’hommes
Les trafiquants d’êtres humains et les passeurs sont « extrêmement cyniques et flexibles, changeant la route en fonction des opportunités » a conclu la Haute représentante qui a entendu avertir les trafiquants « Nous voulons rendre leur business moins facile, qu’il soit plus difficile pour faire de l’argent, les dissuader réellement »…
Commentaire : deux points importants
D’une part, si une grosse majorité des trafiquants viennent de quelques ports libyens bien repérés, ils bénéficient aussi d’une assise dans les pays voisins, l’Egypte notamment. C’est prouvé maintenant. Et la phase de renseignement de deux mois durant cet été a permis de confirmer ce fait. Ensuite, en matière d’organisation du trafic, on est passé d’un mode artisanal à un mode industriel, extrêmement profitable et lucratif. A suivre sur le Club, une interview exclusive avec le contre-amiral Bléjean, le numéro 2 de l’opération.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) A l’heure du sommet européen, 4 F-16 de la composante Air ont semé un semblant de panique (raisonnable tout de même) au sommet européen.Survolant à assez basse altitude le bâtiment du Justus Lipsius, 4 F-16 ont annoncé la couleur. Ils volaient cependant suffisamment haut et sans excès de vitesse pour ne pas faire trembler les vitres. Puis ont suivi les avions Marchetti SF.260… L’objectif pour la composante Air de l’armée belge était de commémorer la bataille d’Angleterre qui a eu lieu 75 ans plus tôt le 23 septembre 1940. Dans les coulisses du sommet, c’était une autre bataille qui se déroulait, sans doute un peu moins féroce mais tout aussi difficile, sur l’accueil des réfugiés comme le contrôle des frontières. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a dénoncé « l’impérialisme moral » de certains Européens. Tandis que son homologue slovaque, Robert Fico, parlait d’un « diktat ». Ce qui a suscité en réplique des commentaires peu amènes du président français notamment. « Ceux qui ne partagent pas les valeurs de l’Europe doivent se poser la question de leur présence au sein de l’UE » a lâché, un peu excédé, François Hollande !
(B2) La mission européenne « Etat de droit » (EULEX Kosovo) a envoyé de l’aide humanitaire pour les réfugiés et les migrants qui se trouvent actuellement en Serbie. Un convoi de cinq camions est ainsi arrivé à Belgrade lundi (21 septembre) et à Sid, près de la frontière avec la Croatie, mardi (22 septembre). La mission EULEX au Kosovo a fait don d’articles ménagers tels que les équipements de cuisine et appareils électroménagers, des fours à micro-ondes, des machines à eau chaude, des lits, des matelas, des armoires, ainsi que des générateurs, des appareils de chauffage, et un conteneur entièrement équipé avec des cabines de douche, des salles de lavage, et une toilette. Un autre transfert a lieu ce mercredi (23 septembre) vers Kanjiza.
(BRUXELLES2) Certains principes résonnent régulièrement dans les couloirs européens : « l’approche globale », assurer la sécurité dans les pays d’origine des migrations », « former et équiper les armées africaines » (Train & Equip), « faciliter l’appropriation par les forces locales », etc. Dans la réalité, cependant, cela reste de bons mots. L’application des procédures de la façon la plus étroite possible reste de rigueur. . « Ce n’est pas chez moi ».
Une formation non opérationnelle
Le général Laugel, qui commande l’opération EUMAM Rca (Centrafrique), a pu le constater récemment, d’après les informations que B2 a recueillies auprès d’autres sources. La « partie Conseil » de cette mission en bonne voie. Et ses responsables prévoyaient de monter une petite « formation non opérationnelle » pour certains membres des FACA, les forces armées centrafricaines. C’est-à-dire une formation non liée au combat mais davantage à la structure de l’armée, au droit internationale humanitaire… Car — comme nous l’avions déjà raconté — les FACA manquent de tout équipement de formation, voire d’équipements tout courts. Il n’y a pas de chaises, de tables, de tableau. Et, pour bien faire, il faudrait une petite cantine pour nourrir les futurs stagiaires.
La pratique de la défausse
Un projet a donc été mis au point. Budget : 250.000 euros (deux cent cinquante mille ! pas 250 millions…). Résultat : rien pour l’instant ! Tous les dispositifs européens consultés se défaussent… sur le voisin. A chaque fois pour d’excellentes raisons procédurales ou de principe. Lors d’une discussion au sein du mécanisme Athena — le dispositif qui finance les missions de la PSDC – la discussion a ainsi tourné court. Plusieurs Etats membres estimant — à juste titre d’ailleurs — que ce n’était pas le rôle de ce dispositif destiné à financer uniquement certaines dépenses communes d’une opération militaire. A l’instrument de stabilité de l’UE (*), qui est normalement le dispositif financier prévu pour ce type d’action, le résultat est identique : pas de financement possible. L’argumentation différente. Les gestionnaires de l’Instrument arguent de l’article 41.2 du Traité qui interdit de financer des actions militaires.
Commentaire : Cette vision peut être discutée, même juridiquement à l’heure du Traité de Lisbonne (voir encadré), et est surtout très contestable au plan politique. Le principe développé par certains responsables européens est de ne pas financer d’action militaire. La peur d’être impliqué dans des actions de type coup d’Etat (comme au Burkina-Faso) ou de dérapages sur le plan des droits de l’Homme est présente. Sous des dehors de générosité, cette politique est d’une rare hypocrisie. Le budget européen pourrait financer des forces de police, de sécurité, de gardes-frontières, des actions anti-terroristes, le renforcement des frontières… mais pas l’armée. C’est oublier que l’armée est (souvent) garante d’une certaine stabilité de l’Etat dans les pays d’Afrique. Et que la police peut tout autant, sinon plus, que l’armée, à l’origine de cas de violences (cf. Burundi). C’est oublier que l’UE paie l’engagement des militaires des armées africaines ou somalienne dans des combats en Somalie au titre de l’Union africaine (et de l’ONU) mais ne peut pas payer du matériel nécessaire à la formation d’une autre armée. C’est plutôt contradictoire.
Il serait temps d’enlever des oeillères absurdes et de mettre au point une politique lisible et claire. Si on veut une certaine stabilité, éviter des Etats faillis, cela passe par une police et une armée démocratiques qui doivent recevoir un soutien, y compris financier. Il serait temps également de mettre fin à la politique de « silos » — dénoncée d’ailleurs par plusieurs hauts responsables européens (de la Commission comme du Parlement européen) — et de mettre les actes en phase avec les grandes orientations politiques définis par les « 28 ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
L’interdiction du financement communautaire
L’article 41.2 du traité prévoit que « Les dépenses opérationnelles entraînées par la mise en œuvre du présent chapitre sont également à la charge du budget de l’Union, à l’exception des dépenses afférentes à des opérations ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense et des cas où le Conseil en décide autrement à l’unanimité. » Comme son nom l’indique, cette interdiction de financement communautaire ne concerne d’une part que les « opérations militaires ou de défense » et d’autre part que le chapitre 2 du titre V du Traité sur l’Union européenne, concernant la « Politique étrangère et de sécurité commune ». Ce n’est plus une exclusion générale du fait de la fusion opérée par le Traité de Lisbonne entre les différents piliers. Elle ne s’applique donc pas, par exemple, aux articles 209 et 212 sur lequel se base l’instrument de stabilité.
(1) Cet outil, dépendant de la Commission européenne est géré par le service des instruments extérieurs (FPI) et mis à disposition du Service européen d’action extérieure. Il est normalement placé sous l’autorité de Federica Mogherini mais dans sa casquette de vice-président de la Commission européenne plutôt que de Haut représentant.
(B2) La Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, a condamné sans ambages, dans un communiqué publié ce matin, le coup de force qui se déroule en ce moment au Burkina Faso. « La séquestration du Président de la transition ainsi que d’autres ministres, mettent en péril la Transition et la voie vers les élections du 11 octobre prochain » indique-t-elle. « Toute tentative d’évincer les autorités de la Transition par la force ou action contre la paix et la sécurité du pays ont été condamnées par l´ensemble de la Communauté Internationale ». Et l’UE « appelle à la libération immédiate des personnes retenues et au respect de la Transition et de l’intérêt général ».
Libération et respect du calendrier électoral
Un message développé dans nombre de capitales européennes comme aux Nations-Unies. Sur initiative de la France, le Conseil de sécurité de l’ONU a, dans une déclaration à la presse adoptée à l’unanimité hier, condamné la détention du président de transition, du Premier ministre et de membres du gouvernement et réclamé qu’ils soient « libérés sains et saufs et immédiatement ». Il a demandé que tous les protagonistes « respectent le calendrier de la transition, en particulier la tenue d’élections libres, équitables et crédibles, prévues pour le 11 octobre ».
Pas d’intervention française sauf pour évacuation
L’armée française qui dispose d’un contingent d’environ 200 hommes sur place — surtout des forces spéciales —, dans le cadre de l’opération anti-terroriste Barkhane, ne compte pas intervenir dans ce conflit a indiqué François Hollande ce matin. Sauf si une opération d’évacuation d’urgence des citoyens français, européens ou étrangers, s’avérait nécessaire. En attendant, des mesures de précaution ont été indiquées aux différents ressortissants dans la capitale burkinabaise, Ouagadougou.
(B2) La volonté du gouvernement britannique d’avoir le débat le plus limité sur la Strategic Defence Review a fait long feu. Le gouvernement qui vient de lancer une consultation sur la révision de sa politique de défense avait voulu limiter la glose reçue et imposé une limite de 1500 caractères pour chaque réponse. Un peu court ! Un procédé qui a ulcéré les députés britanniques de la commission Défense qui ont écrit une bafouille au gouvernement pour ôter cette limite à leur libre expression. Ils viennent d’obtenir raison. Le gouvernement a donc levé toute limite de longueur aux réponses à sa consultation.
L’Ecole royale militaire (belge) pourrait être le coeur de l’université européenne de défense prônée par Jean Marsia, qui vient de défendre une thèse à l’ULB (crédit : ERM)
(BRUXELLES2) Comment approfondir l’Europe politique ? Avec qui faire l’Europe de la Défense ? Comment créer un esprit de corps européen ? C’est en quelque sorte à ces questions fondamentales que s’est attaqué Jean Marsia. Cet ancien colonel de l’armée belge, et ancien conseiller d’Elio di Rupo (quand il était Premier ministre), a trouvé une réponse : la création d’une université européenne de la Défense. Un projet ambitieux qu’il a décrit dans une thèse qui vient d’être soutenue à Bruxelles (1). En voici quelques éléments principaux
Une Europe politique toujours bloquée
Pour l’auteur, l’Europe de la défense est inséparable de l’Europe politique. Or celle-ci est aujourd’hui bloquée. « L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009, n’a pas effacé l’échec, en 2005, du traité constitutionnel. En mars 2012, j’ai eu l’opportunité de faire remarquer à Herman Van Rompuy que le Conseil européen n’avait plus discuté de la défense depuis 2005. » Un nouveau processus s’est mis en place. Il a conduit les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne à fixer, en décembre 2013, un plan d’action et un nouveau rendez-vous en juin 2015. « Mais en juin dernier, le Conseil européen a reporté l’examen des questions de défense au second semestre 2016. L’Europe politique et l’Europe de la défense à 28 sont toujours bloquées. »
Une sécurité acquise à bon compte
L’Europe, dans sa globalité dispose de moyens importants. « Les 28 États membres de l’Union européenne comptent aujourd’hui un million et demi de militaires ». Mais la réalité est légèrement différente. « Seuls 80.000 soldats, environ 5%, sont utilisables en opérations extérieures. Faute de réelles capacités militaires, ces États membres ne peuvent assurer notre sécurité. Ils font, pour la plupart, appel à l’OTAN, c’est-à-dire aux USA. Cela a permis aux États membres de réduire drastiquement leur effort de défense, mais celui-ci est encore de 200 milliards d’€ par an, qui sont largement gaspillés : en dépensant plus de la moitié du budget de défense des USA, les Européens n’obtiennent qu’un dixième de leurs capacités militaires. »
Reprendre le processus d’intégration vers des Etats-Unis d’Europe
« Charles de Gaulle avait raison en 1953 de s’opposer à la Communauté européenne de défense, et d’exiger une Europe politique, capable de définir une politique européenne de sécurité, comme préalable à une armée européenne » écrit Jean Marsia. « Former des militaires, et spécialement des officiers, n’a de sens que s’ils sont au service d’une entité politique, pour mettre en œuvre sa politique de sécurité et de défense. Le développement de l’EDU doit donc suivre, et non précéder, la création des États-Unis d’Europe. Ceux-ci relanceraient l’Europe politique et l’Europe de la défense, créeraient l’armée européenne et fonderaient l’Université européenne de la Défense (EDU). »
Un noyau pour une Europe politique sans la France et le Royaume-Uni
« il faut reprendre notre processus d’intégration politique et militaire avec un noyau restreint d’États membres, qui constitueraient les États-Unis d’Europe » estime l’auteur. Des pays qui ne placent pas leur souveraineté au-dessus de tout et n’ont pas un statut privilégié « Dès la chute du mur de Berlin, l’Allemagne réclame un approfondissement de l’Europe politique, ce que refusent la France et le Royaume-Uni, eu égard à leur qualité de membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU. Ce statut privilégié leur ferme la porte des États-Unis d’Europe. »
Avec quels Etats membres créer ce noyau ?
L’auteur passe ensuite en revue les pays qui pourraient faire partie de ce noyau dur et ceux qui ne le pourraient pas. « Six États, membres de la zone euro ne le sont pas de l’OTAN. Leur neutralité les écarte également. Enfin, une défense commune intéresse d’abord les États aux moyens modestes, en termes de budget de défense et de base industrielle et technologique de défense. Sur base de ces critères, dix États sont potentiellement membres des États-Unis d’Europe. Ce sont : la Belgique, l’Estonie, la Grèce, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovaquie et la Slovénie. » Le BENELUX et les États baltes devraient être ainsi « les moteurs de cette initiative ». « Un premier noyau pourrait à terme absorber l’Espagne, puis l’Italie, puis l’Allemagne. Pour rejoindre les États-Unis d’Europe, certains États membres de l’Union européenne pourraient adopter l’euro ou rejoindre l’OTAN. Les États-Unis d’Europe finiraient par reprendre le siège français au Conseil de sécurité. Cela permettrait à la France de les rejoindre. »
Une université européenne de la défense pour former et intégrer les forces armées
Pour constituer « un pilier européen crédible de l’OTAN, les États-Unis d’Europe auront besoin de capacités militaires, mais aussi d’une base industrielle, technologique et scientifique de haut niveau ». Dans ce cadre, la création d’une université européenne de la Défense (EDU), chargée de former (ou compléter la formation) des officiers, serait un élément clé du processus d’intégration. Cette université partirait de l’existant avec des fonctions diversifiées, permettant de pallier un déficit de financement. « Pour dispenser cette formation, les États-Unis d’Europe grouperaient au sein de l’EDU leurs universités de défense, pour remplir de façon coordonnée leurs trois missions : donner une formation universitaire au commandement ; faire de la recherche et effectuer des prestations pour tiers. »
La rationalisation du dispositif existant
Dans ces périodes de difficulté budgétaire, l’auteur préconise aussi une rationalisation des dispositifs existants. « Pour réduire les dépenses qui ne créent pas de capacités opérationnelles, les autres institutions militaires d’enseignement supérieur seraient rationalisées : les États membres de l’Union européenne disposent aujourd’hui d’environ 60 écoles militaires et de 40 collèges de défense. Les institutions qui ne sont pas habilitées au doctorat voire au master seraient supprimées ou associées à l’EDU en tant que collèges. »
…et un véritable campus à l’européenne
L’EDU devant à terme pouvoir orienter, coordonner, gérer de multiples implantations, dispersées aux quatre coins de l’Europe, un modèle a été sélectionné après analyse comparative : The University of California, qui compte 10 campus de haut niveau, dont Berkeley, Los Angeles, San Diego. »
Une fraternité d’armes à créer
« L’EDU susciterait, chez les officiers des forces armées des États-Unis d’Europe, la fraternité d’armes qui leur permettra de s’y intégrer, sans se couper de leurs racines. Le personnel, détaché par les États membres à l’OTAN, à l’Eurocorps ou à l’état-major de l’Union européenne, est loyal à l’institution qu’il sert. Mais c’est son corps d’origine qui décide de ses futures promotions et affectations. Les forces armées des États-Unis d’Europe devraient donc être un corps européen d’officiers, de sous-officiers et de volontaires. Cela exige une formation commune qui développe l’aptitude au commandement, essentielle pour un officier. »
Viser l’excellence…
« Pour dispenser cette formation d’officiers, tout au long de la vie, l’EDU devrait disposer d’un concept de formation qui tende à former l’esprit, le corps et le caractère des élèves et des stagiaires, pour que les officiers européens soient aptes à maintenir ou à rétablir la paix, tout en préservant autant que possible la vie de leurs soldats. Ce concept devrait envisager le long terme : il ne s’agirait pas uniquement de former des sous-lieutenants, mais bien de futurs colonels et généraux. Produire des officiers de qualité implique de viser l’excellence scientifique. Pour l’atteindre, l’EDU serait un espace de liberté, de débat intellectuel, de recherche et d’innovation, capable de promouvoir la tolérance, l’équité et la démocratie. »
… et développer une culture européenne de défense
« L’EDU devrait être impartiale, ouverte sur monde civil et l’étranger, tout en développant une culture, une citoyenneté et un patriotisme européens. (…) L’EDU devrait contribuer au développement de la culture européenne de sécurité et de défense, ainsi que d’une doctrine militaire et d’un style de commandement, adaptés aux valeurs européennes et aux défis du XXIe siècle. Ils seraient donc spécifiques aux États-Unis d’Europe. »
(1) Thèse intitulée « De l’École royale militaire de Belgique à une université européenne de défense. La clef d’une défense européenne ! » et soutenue, brillamment, à l’ULB (l’Université libre de Bruxelles), le 7 septembre.
L’équipage espagnol sur la base de Sigonella en Sicile (crédit : MOD espagnol)
(B2) Un avion P3 Orion de l’armée de l’air espagnole s’est posé à Sigonella, en Sicile dimanche (13 septembre). Cet avion de patrouille maritime va participer à l’opération européenne de lutte contre les trafiquants en Méditerranée (EUNAVFOR Med), à compter de la mi-septembre. Objectif : surveiller la zone, recueillir du renseignement.. Le détachement espagnol comprend 45 militaires. A noter que l’état-major espagnol compte également envoyer une frégate qui devrait arriver pour la seconde phase de l’opération. Lire aussi : Les Européens passent la deuxième en Méditerranée
(NGV)
Deux Mirage 2000 sur la base aérienne avancée en Jordanie, dans le cadre de l’opération Chammal (Crédit : EMA / DICOD)
(B2) La décision de François Hollande de commencer une intervention aérienne en Syrie a une logique, politique militaire. Mais elle pose aussi un certain nombre d’interrogations qui ne trouvent pas encore de réponses. Ce qui est inquiétant.
Un engagement nécessaire pour JY Le Drian
« Cette évolution de notre posture tire les leçons d’un an de campagne de la coalition internationale au Levant » a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian devant l’université d’été de la Défense lundi (15 septembre) à Strasbourg. « Pour la France, c’est un engagement nécessaire, car la donne a changé et nous ne pouvons plus nous permettre de laisser la Syrie, principal repaire de Daech, demeurer un angle mort de notre action au Levant. » L’objectif est d’apporter une « contribution concrète à la stabilité de la région ». « Notre stabilité est menacée, y compris par des crises qui sont faussement lointaines, car leurs conséquences ne connaissent pas de frontières »
Pourquoi maintenant ?
On parle parfois d’arrière-pensée électorale pour cette décision prise au plus haut niveau de l’Etat. Cet argument, souvent utilisé au plan politique, parait contestable. On ne peut pas soupçonner le gouvernement français d’opérer un revirement dans son attitude de fermeté ou belliciste selon les avis. Paris est intervenu au Mali pour empêcher la victoire des rebelles du nord, dont plusieurs groupes radicaux. En Syrie, après s’être prononcée très clairement sur la chute du régime de Bachar El Assad, Paris a milité pour une intervention militaire en 2013. Intervention refusée alors par les Etats-Unis (et le Royaume-Uni après le « niet » de la Chambre des communes).
Ce qui motive davantage le gouvernement semble être l’inquiétude entre les actions menées sur le territoire national et la situation en Syrie. Le discours du ministre en témoigne. Et des experts le confirment. « De l’attentat contre Charlie Hebdo début janvier à l’attaque dans le Thalys fin août, le chemin des terroristes est passé systématiquement par la Syrie » me confiait un expert du sujet. « Il y a un continuum entre notre action nationale et l’action en Syrie. On ne peut pas désactiver des cellules en France si on ne va pas là où ils sont entrainés » confirmait un spécialiste du renseignement à l’université d’été de la Défense.
Il y a aussi certainement pour le gouvernement la volonté de se trouver aux côtés de Washington alors que les Britanniques ont révélé avoir déjà effectué des frappes en Syrie. Paris ne veut pas se retrouver à la traîne… Une volonté qu’on peut qualifier de suivisme. Mais elle répond aussi à des intérêts très concrets : le partage de renseignements qui est nécessaire pour la lutte contre le terrorisme en France. Les Américains qui commandent les opérations sur l’Irak et la Syrie ne partagent leurs informations au-delà du club traditionnel (1) qu’avec ceux qui participent à l’opération. « Quand on participe, les Américains sont très transparents. Quand on ne participe pas, on n’a pas accès aux informations ».
Quelques questions sans réponse
Dans quel cadre international ?
C’est une question très délicate. Il n’y a pas vraiment de cadre international à l’intervention en Syrie. Aucune résolution de l’ONU n’autorise une intervention avec la force (sous le chapitre VII). La Russie (et la Chine), membres permanents du Conseil de sécurité, s’y sont opposés. Et jusqu’à nouvel ordre, contrairement à l’Irak, le gouvernement « légal » n’a pas demandé l’intervention internationale. Et il n’y a pas de gouvernement légitime reconnu par la communauté internationale qui ait demandé l’intervention contre Daech.
Le régime de Bachar est-il conforté ?
Tant qu’il n’y aura pas de zone d’interdiction aérienne (« No fly zone »), le régime disposera d’un atout maitre dans sa politique de terreur qu’il mène vis-à-vis de sa propre population et des autres mouvements rebelles, à l’aide d’hélicoptères larguant des barils d’explosifs. Une campagne ne ciblant que Daech va entraîner pour le régime de Damas un avantage compétitif sur le terrain, mais surtout un avantage dans la propagande. Il pourra en tirer un soutien implicite à son profit.
Et après ?
C’est la vraie question de cet engagement. A supposer qu’il y ait une efficacité des frappes aériennes, la ‘victoire’ sur l’organisation de l’Etat islamique (ISIL) apparait hypothétique. Et la stabilité de la Syrie ne se résume pas à la victoire sur Daech/Isil. Cela suppose une négociation en impliquant tous les pays concernés, notamment l’Iran et la Russie mais aussi l’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie. Et la préservation dans une certaine mesure du régime de Bachar el Assad (sans Bachar El Assad au besoin. Ce qui, aussi, est très hypothétique).
Comment vaincre Daech ?
C’est une vraie interrogation. La crainte de Daech / Etat islamique est bien réelle. Sa pression est constante sur le régime syrien, comme sur le régime irakien, et les Etats environnants (Liban et Jordanie surtout, Turquie dans une moindre mesure). Sans action décisive aujourd’hui, son pouvoir risque d’augmenter. Mais l’action militaire semble insuffisante. Le risque de pertes collatérales même limité au maximum produirait un effet contre-productif rapidement. Quant à la solution « politique » tant souhaitée, elle n’apparait pas vraiment facile.
L’action politique est-elle possible ? La « solution politique » que tout le monde prône en Syrie est aujourd’hui un leurre. Sans parler des difficultés de trouver une solution, la liste même des pays à impliquer de façon active dans la négociation de paix suscite des discussions. Une solution politique impliquerait de mettre à contribution des pays — comme la Russie, l’Iran — ainsi que le régime de Bachar. Ce que veulent éviter certains pays pour différentes raisons. Certains pays européens considèrent la Russie comme un ennemi après son intervention en Ukraine ; certains pays alliés de la région voient en l’Iran un rival, agitateur de troubles dans leur pays. Quant au régime de Bachar, il suscite des allergies (justifiables) pour les Français notamment. JY Le Drian à Strasbourg résumait ce hiatus à Strasbourg. « La stabilité ne reviendra que sur la base d’une solution politique, qui tienne compte des causes profondes de la crise, et notamment pour la Syrie de la responsabilité de Bachar el-Assad dans le chaos de son pays » . Mais « inversement, une solution exclusivement politique, qui méconnaîtrait les impératifs de sécurité, se mettrait elle-même dans une impasse que nous devons également éviter ».
L’action militaire est-elle suffisante ? Mais le vecteur militaire contre Daech/Etat islamique n’est qu’un des aspects de la lutte contre ce mouvement. Sans une action sur ses finances propres (la revente de pétrole notamment en Turquie), sur ses soutiens (financiers, militaires, …) dans les pays du Golfe, sans l’établissement d’un Etat irakien, solide et pluraliste, l’offensive militaire apparait une goutte d’eau qui pourrait même provoquer une contre-réaction. A cela s’ajoute le jeu ambigü des Etats de la région. L’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et l’Iran se livrent en Syrie et en Irak à un jeu d’influence sournois. Leur engagement contre l’organisation de l’Etat islamique et les autres mouvances extrêmes n’est pas toujours très déterminé et pourrait saper les quelques victoires militaires obtenues. Le gouvernement turc est ainsi plus intéressé, et engagé, à combattre les Kurdes du PKK que Daech.
Le risque de pertes collatérales contre-productives ? Les frappes aériennes permettent de faciliter une action au sol, en détruisant certaines installations fixes, certains mouvements de troupes ou véhicules. Les dispositifs actuels (bombes guidées laser notamment) autorisent des tirs d’une certaine précision. Et le repérage, le renseignement préalable sont aujourd’hui une condition sine qua non à une frappe aérienne. Les forces armées ont pris l’habitude de surveiller une potentielle cible des jours auparavant d’intervenir. Mais la tactique de l’organisation de l’Etat islamique est aussi perverse. « Ils n’hésiteront pas à mettre une école, ou un hôpital sur un lieu qu’ils savent sensibles » afin de mêler victimes civiles et militaires, expliquait un militaire. Même limitées au maximum, une perte collatérale n’est donc pas totalement exclue et serait immédiatement exploitée par les groupes terroristes. Un risque dont on est bien conscient au plus haut sommet de l’armée. « La propagande de Daech est puissante, réactive et de très grande qualité. Il faut en avoir conscience » rappelait à l’université d’été de la Défense, mardi à Strasbourg, le chef d’Etat-major de l’armée française, le général Pierre de Villiers.
Aller à terre ? Les frappes aériennes ne permettront pas de victoire militaire sans intervention terrestre. Or, pour l’instant, il n’est aucunement question d’une intervention terrestre, qui serait mettre le pied dans un bourbier inqualifiable. Et dans la région, les pays alliés capables d’aller au sol sont en nombre limité — mis à part l’Iran et le Hezbollah (à supposer qu’on les considère comme des « alliés »…). Quant aux groupes rebelles, ils paraissent encore trop atomisés. Leurs actions ne semblent pas vraiment coordonnées. Ils évoluent. Et la coalition vis-à-vis de certains de ces groupes (comme Al Nosra) est très fluctuante.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : Un article rédigé dans un premier temps pour répondre aux questions de mes confrères de Matin Première sur la RTBF, complété et enrichi ces derniers jours, notamment après l’université d’été de la défense.
(1) Le Club des Cinq yeux (Five Eyes) créé au moment de la Seconde guerre mondiale regroupe les pays alliés anglophones : Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Nouvelle Zélande, Australie