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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 5 hours 43 min ago

Le Plan Juncker pour ressouder l’Europe

Wed, 09/09/2015 - 13:09

Après la crise grecque, c’est une des plus graves crises auquel fait face le président de la Commission européenne. Le discours qu’il prononce aujourd’hui à Strasbourg devrait donner le là de la politique européenne pour les mois à venir

Ce mercredi, devant le Parlement européen réuni en session plénière, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, n’aura pas la tâche facile. L’ancien Premier ministre luxembourgeois va devoir faire le grand écart entre ses convictions humanistes et la réalité politique, entre l’obligation morale, et juridique, d’accueillir des réfugiés venant de pays en guerre, et l’égoïsme rampant d’une Europe plus que jamais divisée en deux, entre l’est et l’ouest de l’Europe, appeler chacun à taire ses querelles et à agir rapidement… « Dans l’Union européenne, face à cette crise de migrations et des réfugiés, nous n’avons pas beaucoup de raisons d’être fier » disait il y a quelques jours Federica Mogherini, la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères. « Il ne faut pas simplement être choqué » par des photos comme celle du petit Aylan sur une plage turque. « Nous devons réagir, de manière cohérente et rationnelle, être responsable, et prendre des décisions ».

Jean-Claude Juncker devrait ainsi d’accueillir, de façon concertée, non pas 40.000 réfugiés comme prévu en juin mais 160.000 réfugiés sur deux ans, en provenance essentiellement de Grèce, d’Italie… et de Hongrie. Selon ce plan, l’Allemagne en prendrait à elle seule, 30.000 personnes, la France 24.000, l’Espagne 15.000, etc. Des quotas qui seraient surtout politiques et sont conformes à la volonté déjà exprimée par de nombreux pays, à commencer par l’Allemagne et la France. En pratique, en effet, la Commission européenne a peu de moyens pour forcer les Etats membres à accueillir un nombre défini de réfugiés, si ce n’est au plan des incitants financiers.

Au-delà des chiffres, Juncker pourrait faire des propositions pour accélérer les procédures d’asile et assurer l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés. La Commission européenne veut ainsi relancer le chantier d’une liste commune de pays d’origine sûrs. Un vieux projet, proposé il y a 15 ans, qui n’a jamais pu voir le jour par une opposition conjuguée des Etats membres et du Parlement européen. Les Etats membres ne sont, en effet, jamais arrivés à se mettre d’accord sur une liste commune de pays. Tandis que le Parlement européen, qui voulait avoir son mot à dire, a fait annuler tout le dispositif législatif permettant son adoption. Du coup, chaque pays a fait comme il l’entendait. La France a ainsi mis à l’index une quinzaine de pays, comme l’Inde ou la Serbie. La générosité de l’accueil ne va cependant pas sans des mesures concrètes pour assurer le retour ceux qui n’ont plus le droit au séjour ou droit d’asile. Les empreintes digitales des migrants, ainsi que les ordonnances d’expulsion, devraient figurer dans un fichier central, consultable par tous les Etats membres afin d’éviter la libre circulation des illégaux. L’Agence européenne Frontex — dont le siège est à Varsovie — verrait ses moyens renforcer pour affréter des charters afin d’assurer le retour des déboutés. Enfin, la Commission européenne devrait demander un soutien financier accru du budget européen pour soutenir cet effort. Il est temps de mettre en place un « régime d’asile commun » à tous les Etats membres pourrait indiquer le chef de l’exécutif européen, autour de deux principes : la solidarité et la responsabilité.

Nicolas Gros-Verheyde

Article rédigé mardi soir et paru dans l’édition de Sud-Ouest du mercredi (avant le discours qu’a tenu le président de la Commission)

Les 5 leurres de l’Europe sur la crise des migrants, devenue crise des réfugiés

Sun, 06/09/2015 - 16:45

Un camp de toiles accueillant les réfugiés syriens en Jordanie (Crédit : HCR)

(B2) La crise actuelle des réfugiés était une crise plus que prévisible, depuis des mois, voire des années durant. Mais « les Européens » (voir encadré) se sont mis des oeillères devant les yeux, s’abritant derrière une série de leurres, pour ne pas devoir se confronter trop tôt à une crise qui leur « pète à la figure » et aboutit aujourd’hui à un réveil d’autant plus douloureux qu’il est tardif.

1° « Ce sont des migrants »

Le problème est que si pour une bonne part certains des migrants économiques, la plupart des autres fuient aussi des pays en guerre, deliquéscents ou autoritaires (Syrie, Yemen, Irak, Erythrée…) ou à l’avenir très incertain (Afghanistan, Libye, Soudan…). La crise actuelle n’est pas une crise de migrants, c’est une crise de demandeurs d’asile, c’est d’ailleurs là un des problèmes auxquels sont confrontés les Européens : on ne peut pas fixer de barrière à l’accueil des réfugiés sauf à renier les valeurs sur lesquelles s’est construite l’Europe comme la plupart des pays européens (préceptes révolutionnaires pour les uns, chrétiens pour les autres, philosophiques pour tous).

2° « Il n’y a qu’à renvoyer les migrants chez eux »

Cette formule simple, voire simpliste, n’était pas utilisée seulement à l’extrême-droite mais est totalement inapplicable. Comment renvoyer des Syriens, Erythréens, Somaliens, Yemenites dont le propre Etat est en débandade… ? Comment renvoyer des migrants qui viennent ou transitent par la Libye, Etat semi-failli et où quasiment aucun pays européen n’a plus d’ambassade ? Ce sont des questions de fond. A cela s’ajoutent des questions juridiques.

3° « Il faut une solution politique en Syrie »

Peu d’énergie a vraiment été mise pour résoudre la crise syrienne. Les uns clamaient que Bachar doit partir, les autres que la violence doit cesser, tous qu’il n’y avait qu’une solution, politique, à la crise, et non militaire. Personne n’a vraiment pris les devants et tiré les conséquences de cette maxime. Une solution « politique » devait impliquer la Russie comme l’Iran, parties prenantes dans le conflit, tout de remettre en cause certains jeux troubles de certains membres de l’OTAN (Turquie) comme de certains « amis » (Arabie Saoudite, Qatar, etc.). Encore aujourd’hui, on peut dire que l’effort est minimal. Même samedi à la réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l’UE, ce sujet était encore un sujet très annexe…

Le flux des réfugiés syriens ne faiblit pas (source : HCR aout 2015)

Les chiffres d’accueil des réfugiés syriens en Europe (source : HCR, avril 2011 à 2015)

4° « Aux pays voisins d’accueillir les Syriens, il faut les aider« .

Cette maxime était encore soutenable quand il ne s’agissait que de quelques centaines de milliers de réfugiés par pays (la première année de la guerre). Aujourd’hui, selon le HCR, la barre du 4 millions de réfugiés syriens « enregistrés » hors de Syrie est franchie. Sur ce nombre, la Turquie en accueille 1,8 million, le Liban 1,1 million et la Jordanie plus de 600.000. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter : on compte plus de 7 millions de personnes déplacées internes en Syrie). Cela devient insoutenable. Et il est logique que la marmite déborde… Les pays du Golfe n’étant pas très enthousiastes à accueillir des Syriens – tout comme les Syriens à aller chez eux – c’est vers l’Europe naturellement qu’ils se tournent. Et on ne peut pas dire que les Européens soient encore à la limite de leurs possibilités d’accueil. Depuis avril 2011, tous pays d’Europe confondus (UE et non UE), 348.540 (138.016 en 2014. La moitié de l’effort d’accueil repose sur 2 pays (Allemagne et Suède), un autre tiers sur 5 pays (Serbie, Hongrie, Autriche, Bulgarie, Pays-Bas), les autres n’accueillent que 20% des réfugiés… Il y a comme un problème !

5° « Ce n’est pas un problème européen, c’est aux Etats concernés d’agir »

Finalement jusqu’à encore quelques jours, chacun se retranchait derrière les pays de « première ligne ». L’Italie, la première, avec Malte, et la Grèce dans une seconde mesure ont appelé depuis des années l’Europe à ouvrir les yeux, à davantage de solidarité. La question a été évoquée officiellement en novembre et décembre 2013 … pour finir par dire qu’il fallait attendre. Les réfugiés et migrants arrivaient à Lampedusa, dans les iles grecques, en Bulgarie et dans les Balkans (*), dans un silence quasi-généralisé… sauf quand un naufrage faisait plus de 500 morts. Il a fallu que la crise déborde ces 2-3 pays, qu’elle atteigne d’autres pays – de seconde ligne – la Hongrie, l’Autriche, la France … – pour que la conscience commence à prendre. Il a fallut que Viktor Orban, érige un fil barbelé le long de la frontière hongroise avec la Serbie (**), symbolique inacceptable pour les Européens, pour que les bonnes consciences se réveillent, tout comme la photo du petit Eylan a symbolisé le martyr de ces réfugiés syriens.

Au final, une logique similaire à la crise financière : une absence de vision politique

Dans le schéma de réaction de crise, l’Europe a eu, la même (absence de) réaction, coupable et couteuse, la même volonté de s’exempter de toute prise de responsabilité que lors du début de la crise financière où on a perdu de précieux mois, voire plusieurs années, avant d’analyser que la crise financière toucherait le continent européen, puis les pays du coeur de l’Europe.

(NGV)

 Européens et Européens….

J’emploie le terme d’Européens au sens de système politique européen. Il est certain que les responsabilités ne sont pas partagées à parts égales. La Commission européenne, du moins à l’arrivée de JC Juncker, F. Mogherini, de D. Avramopoulos en particulier, a pris assez rapidement la juste mesure du problème, proposé des mesures, même si celles-ci pouvaient sembler timides. Le rôle de Donald Tusk, le président du Conseil européen, est plus difficile à cerner, non qu’il n’ait pas su prendre l’ampleur du problème mais sa crainte d’accentuer une division bien réelle entre Chefs d’Etat et de gouvernement l’a fait hésité à mettre son poids dans la balance, préférant le sujet ukrainien ou russe plus « populaire », électoralement parlant dans son pays d’origine, la Pologne. Il a ainsi préféré jouer le petit notaire de province plutôt que l’avocat de la cause européenne, à l’image de nombre de dirigeants européens. Quant au rôle des Etats membres, peu de dirigeants européens ont vraiment cherché à mettre ce sujet en haut de leurs priorités, à accélérer le processus de décision, la prise de conscience dans l’opinion publique. Seul l’Italien Matteo Renzi, souvent raillé dans les milieux européens, et le Premier ministre maltais ont joué le rôle de sonnette d’alarme, rejoints ensuite par le Hongrois Orban, l’Autrichien Fayman et finalement la chancelière Merkel qui s’est, seule, finalement montré à la hauteur de l’évènement… avec deux ans de retard !

(*) Les routes de méditerranée centrale – via la mer en Italie et Malte – et orientale sont utilisées par différentes nationalités. Mais on estime généralement que la route orientale est utilisée davantage par les Syriens, Irakiens et Afghans tandis que la route centrale est utilisée davantage par les Erythréens, Soudanais et subsahariens, ainsi que les Syriens (en moins grand nombre).

(**) Le Premier ministre hongrois ne fait que traduire en gestes ce que pensent la plupart des dirigeants de l’Est qui sont en train d’ériger une nouvelle division entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, division imperceptible car a priori uniquement politique, mais bien réelle malgré tout. Si cette division persiste, elle pourrait laisser autant de traces, voire plus, que le « schisme irakien » en 2003 avec la plupart des pays de l’Est qui avaient rejoint avec tambours et trompettes le camp interventionniste de G. Bush, T. Blair, M. Aznar et JM Barroso.

Lire aussi :

Et la rubrique Asile Immigration de B2

Remember 1956 Viktor Orban ! Quand les Européens étaient un peu plus solidaires

Fri, 04/09/2015 - 09:31

Un train pour la Suisse

(B2) Octobre 1956, la révolution de Budapest vient d’être écrasée dans le sang, les frontières sont ouvertes, le régime a laissé les frontières ouvertes, préférant voir passer à l’étranger une majorité de sa jeunesse et les fauteurs de trouble. Près de 200.000 Hongrois fuient en Autriche, d’abord, et en Yougoslavie ensuite, puis sont réinstallés dans plusieurs pays. Une certaine solidarité se met en place…

Un flux régulier et rapide

En quelques jours, entre la fin octobre et le 7 novembre, 15.000 Hongrois arrivent en Autriche, dont 10.000 Hongrois pour le seul week-end du 4 au 6 novembre, témoigne le HCR. La semaine suivante, cela s’accélère. A la mi-novembre, 36.000 réfugiés sont arrivés. « L’exode s’amplifie, atteignant 80.000 fin novembre, avec un maximum atteint de 8500 personnes atteint en une seule journée » écrit Louis Henry dans la revue Population (publié par Persée, télécharger ici). Et le flux continue les mois suivants. Nous sommes en plein hiver. Il fait froid. La neige a fait son apparition. L’Autriche ouvre des camps, des écoles. Les particuliers, les églises se mobilisent. En Yougoslavie, les hotels de la côte sont réquisitionnés pour accueillir les réfugiés. Au total, jusqu’à début mars 1957, 173.000 hongrois arrivent en Autriche, et 18.600 arrivent en Yougoslavie. Vienne et Belgrade accueillent mais demandent l’aide et la solidarité des Européens et des Occidentaux.

La réinstallation non sans difficultés

Un plan de réinstallation est mis en place, non sans difficultés… Une note interne à l’OTAN retrace les appels à l’aide de l’Autriche et de la Yougoslavie et leurs difficultés à prendre en charge cette masse de réfugiés sur une durée longue. « Les gouvernements autrichien et yougoslave ne peuvent à eux seuls prendre soin de ces réfugiés, les entretenir et leur fournir les secours immédiats dont ils ont besoin. (…) En dépit d’une aide financière considérable accordée par les gouvernements et de source privée, les gouvernements autrichien et yougoslave ont jusqu’à présent supporté une part excessive de cette charge » poursuit la note du comité politique de l’Alliance (à télécharger ici).

Des Européens un peu plus solidaires

Mais, à l’échelle de l’évènement, et de la situation d’aujourd’hui, on peut remarquer que la mobilisation et la prise en charge est rapide. « C’était le premier mouvement dans lequel les réfugiés étaient reconnus en masse » souligne António Guterres, le Haut commissaire aux réfugiés (HCR), en 2006, lors de la commémoration des 50 ans de cet exode. « Nous avions réinstallé 100 000 personnes dans les dix premières semaines ce qui, je crois, est inimaginable aujourd’hui. » Fin février 117.000 Hongrois sont ainsi repartis d’Autriche vers plusieurs pays, grâce à une politique de « quotas » d’accueil mis en place.

Mais la France et les Etats-Unis… déjà très pingres

L’accueil est très inégal cependant. En chiffres absolus, ce sont les Etats-Unis (28600), le Royaume-Uni (18700), le Canada (13600), l’Allemagne (11600), la Suisse (10300) et la France (8900) qui accueillent le plus grand nombre des réfugiés en chiffres absolus. Mais, en part relative (par rapport à la population), c’est la Suisse (2000 réfugiés par million d’habitants), Israel (910/million habitants), le Canada (850/million) et la Suède (550 par million) qui font le plus d’effort. Plusieurs pays (Australie, Allemagne, Canada, Royaume-Uni, Norvège, Suède et le Venezuela) lèvent rapidement les plafonds indiqués au préalable ou l’augmentent de façon notable. L’Allemagne (déjà !) s’engage à accueillir, à elle seule, 10% des réfugiés. C’est le seul « grand pays » à dépasser la barre de 500 réfugiés par million d’habitants accueillis. Au final, ce sont les Etats-Unis et la France qui sont les plus pingres, qui accueillent le moins de réfugiés…« Résultat conforme à leur attitude restrictive en matière d’accueil des réfugiés » écrit Louis Henry.

Commentaire : le Premier ministre Hongrois, Viktor Orban, et les dirigeants de l’Est de l’Europe, qui se réunissent en sommet ce vendredi, à Prague, devraient se rappeler la solidarité qui a marqué l’accueil de réfugiés, à commencer par l’Autriche et l’Allemagne qui ont assuré. A l’époque, l’Autriche qui se relevait à peine de la Seconde guerre mondiale aurait pu fermer ses frontières. Et l’Europe aurait pu laisser tomber l’Autriche et la Yougoslavie. Cela n’a pas été le cas… Un peu de décence, et tout simplement de mémoire historique, serait bienvenu de la part de ses dirigeants. Mais le manque de solidarité n’est pas l’apanage des pays d’Europe de l’Est. On peut remarquer la position plutôt gênée, et pour tout dire peu généreuse de la France comme du Royaume-Uni. A l’extérieur de l’Europe, les Etats-Unis tout comme la Russie, qui ont une part de responsabilité dans le drame syrien et sont également membres du Conseil de sécurité de l’ONU, devraient faire un effort notable.

Pleurer c’est bien, agir c’est mieux. Mogherini dit halte aux larmes de crocodile…

Thu, 03/09/2015 - 19:14

(crédit : présidence luxembourgeoise)

(B2 à Luxembourg) La Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, a eu des mots assez durs sur le bal des pleurs, un tantinet hypocrites, qui ont marqué la publication de la photo d’un enfant syrien, mort noyé sur les rivages turcs. « Nous sommes tous choqués par ces images. Cela nous rappelle la réalité des évènements dramatiques, même quand nous ne les voyons pas… ».

J’en ai marre…

Mais devant la presse, l’italienne, ancienne ministre des Affaires étrangères, a aussi tenu à ajouter un zeste colère…. « J’en ai un petit peu marre du fait qu’on demande aux hommes/femmes politiques de donner une réaction émotionnelle. Oui. Nous devons réagir. Mais de manière cohérente et rationnelle. Il ne faut pas simplement être choqué, mais ensuite être responsable, et prendre les décisions qui découlent de ce sentiment. (…) Notre travail (à nous Politiques) n’est pas d’exprimer de la tristesse, ou d’exprimer une minute de silence mais de faire des propositions, d’améliorer le contexte pour prendre des décisions, et ensuite de veiller à ce que ces décisions soient traduites dans les faits. Et ce rapidement ! »

L’Europe ne peut pas être fière d’elle-même

« Dans l’Union européenne, face à cette crise de migrations et des réfugiés, nous n’avons pas beaucoup de raisons d’être fier » a-t-elle remarqué, notant une exception : l’opération lancée contre les trafiquants et migrants, EUNAVFOR Med. « Il est important de souligner que l’UE a pu travaillé ici de façon rapidement, de façon efficace, avec un soutien des Etats membres ». C’est la preuve selon elle que « lorsque nous agissons de la sorte, de façon rapide et décidée, nous voyons les résultats ».

Nous n’avons plus le luxe d’attendre

« Cette crise sans précédent, nous ne pourrons pas y faire face par le biais d’une approche isolée des Etats membres, par une politique intérieure ou extérieure uniquement, il faut que l’Europe agisse vite dans la solidarité et la responsabilité. Chacun commence à comprendre qu’on ne peut plus s’offrir le luxe de pouvoir de reporter les décisions à plus tard. »

Commentaire : que dire de plus … De façon très modérée, sans nommer l’un ou l’autre, la Haute représentante de l’UE a su – à mon sens – trouver les mots justes pour souligner et fustiger l’attitude un tantinet égoïste, voire autiste de plusieurs dirigeants européens qui, depuis des mois, ont feint d’ignorer cette crise qui arrivait, renvoyant aux pays de « première ligne » (Italie, Grèce, Malte et Bulgarie au départ), toute responsabilité d’agir…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un militaire néerlandais en service déserte et passe à Daech

Thu, 03/09/2015 - 12:42

(B2 à Luxembourg) L’information a été révélée par notre confrère néerlandais de Algemeen Dagblad. Un soldat néerlandais en service actif a fait défection pour aller en Syrie combattre aux côtés de l’organisation de l’État islamique (ISIL/ISIS). Agé de 26 ans, ce militaire au rang de sergent était en service dans l’armée de l’air.

La ministre néerlandaise de la Défense, Jeanine Hennis-Plasschaert l’a confirmé en marge de la réunion informelle des ministres de la Défense de l’UE à Luxembourg. Le ministère a lancé une enquête interne pour déterminer à quel type d’informations, le militaire avait eu accès. Celui-ci a bien entendu été suspendu de ses fonctions avec effet immédiat. Et une enquête judiciaire a été déclenchée.

NB : Même si son grade n’est pas élevé, cette « désertion » est plutôt inquiétante, alors que des avions néerlandais sont engagés pour combattre Daech en Irak. « C’est assez ironique que quelqu’un va combattre pour le mal alors que ses collègues risquent leur vie pour la liberté » a déclaré J. Hennis. L’armée néerlandaise a cependant refusé d’indiquer dans quelle unité servait ce sergent. 

C’est la première fois qu’un soldat néerlandais en active déserte. Dans le passé, plusieurs ex-militaires ont rejoint la Syrie ou l’Irak aux côtés de groupes islamiques ou anti-régime. La semaine dernière, un ancien soldat de l’armée néerlandaise Salih Yilmaz a ainsi été mis sur la liste anti-terroristes. Sur place, il avait formé des djihadistes. Des ex-militaires en France, comme le révélait en janvier dernier RFI, ou en Belgique ont également rejoint les rangs des combattants islamistes en Irak ou en Syrie.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le Charles de Gaulle de retour dans le Golfe à l’automne ?

Thu, 03/09/2015 - 11:00

(B2 à Luxembourg) Le porte-avions français Charles de Gaulle pourrait repartir dans une nouvelle tournée entre la Méditerranée et le Golfe persique. L’Etat-major des armées ne l’affirme pas officiellement (ni ne l’infirme). Mais le projet est effectivement sur la table. Le navire étendard de la marine française pourrait effectuer une première mission en Méditerranée (sous pavillon européen ? dans le cadre de l’opération EUNAVFOR Med) puis passerait dans le Golfe persiqudedans le cadre du soutien aux opérations en cours contre Daech en Irak. Il pourrait être escorté, comme c’est devenu l’habitude, par des navires européens (ou d’autres pays) notamment par un navire belge, la frégate Leopold. Le Charles de Gaulle avait déjà effectué cette année, entre février et avril, une mission dans le Golfe persique.

(NGV)

2 humanitaires du CICR tués au Yemen. Une situation qui se détériore chaque jour (Stylianides)

Wed, 02/09/2015 - 18:14

(B2) Deux collaborateurs yéménites du CICR (le Comité international de la Croix-Rouge) ont été tués par balle au Yémen annonce l’organisation internationale.

Un tireur solitaire ?

« Ils voyageaient en convoi avec d’autres collègues entre Saada et Sanaa lorsqu’ils ont été la cible d’une attaque tôt ce matin » indique l’organisation internationale dans un communiqué. « Un tireur agissant seul aurait ouvert le feu sur le convoi. Un des collaborateurs de l’institution est décédé sur place, le deuxième dans un hôpital où il avait été emmené. Ils étaient tous deux de nationalité yéménite et travaillaient l’un comme chargé de liaison et l’autre comme chauffeur. »

Pas le premier incident

L’auteur de cette attaque est inconnu. Mais ce n’est pas la première fois depuis quelques mois que le CICR est visé. Plusieurs incidents de sécurité ont, en effet, touché le CICR dernièrement. Lundi (24 août), le bureau de l’organisation à Aden a ainsi été attaqué par des « hommes armés non identifiés » qui ont « fait irruption dans le bâtiment » tenant le personnel sous la menace de leurs armes. « Des véhicules, de l’argent liquide et du matériel » ont ensuite été dérobés.

Condamnation de l ‘Union européenne

Le commissaire européen chargé de l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, a condamné « fermement » cette attaque comme les précédentes. « Ces attaques sont un affront au droit international humanitaire (DIH). Ils menacent non seulement la sécurité des travailleurs humanitaires mais entravent sérieusement l’acheminement de l’aide bien nécessaire pour les personnes ayant besoin d’assistance. Au cours des dernières semaines, la situation humanitaire déjà désastreuse au Yémen a continué à se détériorer de manière tragique » a-t-il ajouté, lançant un appel à chacun. « Je demande donc à toutes les parties de respecter pleinement le droit international humanitaire afin que les organisations humanitaires puissent fournir une assistance aux populations civiles piégées dans cette situation de conflit.

La suite des opérations humanitaires en question

L’acte visait délibérément l’organisation « Cet acte semble avoir été commis délibérément contre nos collaborateurs », a confirmé ainsi Antoine Grand, le chef de la délégation du CICR au Yémen. Il n’a pas précisé sur la suite de ses opérations sur place, réservant toute décision pour plus tard. « À ce stade, il est prématuré de prévoir l’impact que cet événement dramatique aura sur nos opérations au Yémen. Pour l’heure, nous souhaitons nous retrouver au sein de l’équipe et nous soutenir les uns les autres face à cet acte incompréhensible », a-t-il ajouté.

(NGV)

Incident entre contrebandiers et gardes-côtes grecs et lettons. Un adolescent irakien tué par balles

Sun, 30/08/2015 - 22:32

(B2) Le corps d’un garçon de 17 ans, de nationalité irakienne, a été trouvé après une fusillade à bord d’un yacht transportant environ 70 migrants, près de l’île grecque de Symi samedi (29 août) a confirmé dimanche l’agence Frontex, l’agence européenne chargée de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures de l’UE.

Le navire de trafiquants refuse de s’arrêter

Le patrouilleur letton, déployé dans le cadre de l’opération maritime « Poséidon » avait « détecté le yacht tôt samedi après-midi dans la baie Marathounta de l’île de Symi » précise le texte du communiqué (*). Le yacht a alors « changé de cap et a commencé à se diriger vers la Turquie, ignorant tous les signaux pour arrêter ». Lorsque le navire letton s’est rapproché, le navire des contrebandiers a encore « essayé de forcer le passage ».

Intervention des gardes-côtes grecs

Avec l’aide des gardes-côtes grecs arrivés sur place, le yacht a enfin été arrêté. « Des officiers grecs sont montés à bord du navire pendant que le navire de patrouille letton restait à distance ». A bord, le capitaine du bateau a alors attaqué les officiers grecs, blessant l’un d’eux. Des échanges de coups de feu ont eu lieu. Un des contrebandiers a également été blessé. Ce n’est que plus tard, quand la situation s’est calmée, que « le corps du jeune irakien a été découvert à bord (**). Il a été immédiatement transporté à l’hôpital sur l’île de Rhodes pour une autopsie ».

Depuis le début de l’année, plus de 179 000 migrants et réfugiés sont arrivés dans les îles de la mer Égée venant de Turquie, précise l’agence Frontex.

(NGV)

(*) texte en anglais, traduction assurée par nos soins

(**) La première version donnée par la presse parlait d’un jeune de 15 ans dont les circonstances de mort variait : mort par asphyxie ou par balles.

Lire aussi : Sophia née en Méditerranée. Vaste journée de sauvetage pour les navires européens

Dernières nouvelles des missions de maintien de la paix l’UE (PSDC) – été 2015

Sun, 30/08/2015 - 11:37

(B2)

Méditerranée. Nouvelle mission aérienne de renseignement

Un avion de surveillance maritime Falcon 50 de la Marine nationale française a effectué à la mi août (les 12, 13 et 15 août 2015) une mission de renseignement sur les activités de trafic dans cette zone pour le compte de l’opération maritime de l’UE (EUNAVFOR Med). C’est la seconde mission de ce type effectuée par la marine française.

Drežnica (Bosnie-Herzegovine). Education au risque de mines pour des enfants 

Pour qu’ils sachent réagir face à une mine, les enfants sont confrontés à plusieurs modèles.  (Crédits: EUFOR Althea)

Des enfants venant d’écoles multi-ethniques de Zenica, Tuzla, Mostar et Sarajevo ont participé à un camp de sensibilisation sur les risque des mines, organisé par l’opération militaire de l’UE en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea), du 29 juin au 3 juillet. Les enfants ont eu l’occasion de voir l’étendue du territoire qui est encore contaminée par les mines, et le danger que représentent tant ces mines que les munitions non explosées. L’escalade a été l’activité sportive protagoniste du camp. Celui-ci a été organisé par l’équipe autrichienne de CIMIC. « Nous avons pensé que l’escalade serait un parfait moyen pour inciter les enfants de différentes ethnies à travailler ensemble. Certains enfants doivent encore apprendre qu’il y a une menace, et la façon de traiter avec elle  » a déclaré le premier lieutenant Andreas Grassberger.

Lviv (Ukraine). Extension du projet de reforme de police 

Après l’expérience, réussie, sur un secteur de la police régionale de Lviv, la mission consultative de l’Union européenne (EUAM Ukraine) a décidé d’étendre l’expérience à quatre nouveaux districts. Suivant l’exemple de la station de police de Sambir, les nouvelles équipes d’intervention agiront désormais dans les districts de Staryy Sambir, Turka, Zhovkva et Mostyska. Dans cette zone vivent 200.000 citoyens. Depuis juin, le poste de police de Sambir a significativement amélioré le temps de réaction de ces unités d’intervention, réduit à quelques minutes. Les citoyens ont doublé les appels à l’Unité d’intervention d’urgence, « preuve du renouveau de confiance en la Police » souligne-t-on à EUAM Ukraine. Voir la video explicative ici.

Somalie. Sauvetage d’un navire échoué sur une plage somalienne 

Le navire de pêche FV Al Amal échoué sur une plage somalienne vu de l’avion de surveillance espagnol P3 Orion (Crédit: EU NAVFOR Somalia)

Les avions de patrouille maritime de l’Opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) ont permis aux forces somaliennes de mener avec succès, vendredi 7 août, une opération de sauvetage de l’équipage d’un navire de pêche yéménite. Des problèmes de moteur avait obligé le FV Al Amal à lancer un appel de détresse, après avoir échoué sur une plage de Somalie.
Le commandant du navire espagnol ESPS Galicia, en patrouille dans la zone, le contre-amiral Alfonso Fernández Gómez de Córdoba, a aussitôt mis à disposition un avion de surveillance pour contrôler la plage où le navire marchand a échoué, et transmettre des informations aux autorités locales.

Mogadiscio (Somalie). Formation de terrain pour la Garde Côtière somalienne 

Techniques d’intervention, détention et utilisation de la force non létale, prévention des conflits (et de manutention, de négociation, de médiation), techniques médico-légales, technique de navigation radar, lecture de carte… voici certains des sujets étudiés par les 29 gardes côtes somaliens qui ont participé à une formation de douze semaines organisé par EUCAP Nestor, pour les familiariser avec leur rôle de police civile. Basé sur les normes internationales de police, un accent particulier a été mis sur les questions liées à la police maritime.  À cette fin, divers scénarios ont été présentés par les experts pendant le cours, à travers des séances pratiques s’appuyant sur des informations réelles du terrain. Avant de recueillir leurs certificats de participation, les stagiaires ont pris part, le 6 août, à un exercice au cours duquel ils ont dû démontrer leurs capacités à utiliser et ajuster un radar maritime (compétences de navigation), recueillir et conserver les preuves et traces d’une scène de crime, à menotter des suspects dans diverses situations et réaliser une fouille corporelle avec et sans détecteur de métal.

Koulikoro (Mali). Exercice de simulation d’explosion d’un IED et évacuation des blessés 

L’exercice a impliqué l’évacuation d’un blessé par hélicoptère. (Crédits: EUTM Mali)

Koulikoro a été le théâtre d’un nouveau exercice de simulation. Une attaque avec un explosif improvisé (IED) faisant plusieurs blessés graves en plein camp d’entrainement a déclenchée toutes les procédures d’évacuation médicale, notamment le déploiement sur zone de l’équipe médicale d’urgence. Le transport des blessés s’est fait par ambulance et par air, vers le « Rôle 2 » (hôpital de campagne), situé dans la ville de Koulikoro. La deuxième partie de l’exercice, qui devait se dérouler de nuit a été annulée en raison des mauvaises conditions météorologiques. Ce type d’exercice est désormais effectué à chaque nouvelle rotation des membres de la Force de Protection, de sorte que chaque membre puisse être familiarisé avec ces procédures médicales.

Dosso (Niger). Formation de gestion de crise et planification d’urgence

Groupe de participants du Gouvernorat de Dosso avec le chef des opérations, les experts d’EUCAP et les officiers supérieurs nigériens. (Crédits: EUCAP Sahel Niger)

Du 27 au 31 juillet 2015, une nouvelle formation en gestion de crise et planification d’urgence a été dispensée au quartier général d’EUCAP Sahel Niger pour 21 cadres du Gouvernorat de Dosso. Les cours ont été élaborés afin de rendre les PC mixtes régionaux pleinement opérationnels, en améliorant leurs capacités de coordination et de planification en matière de gestion de crises. Le commandant adjoint de la Gendarmerie du Niger, le Colonel Salifou WAKASSO et du responsable de la formation des Forces armées nigeriennes, le Colonel-major Oumaraou Namata se sont déplacés pour remettre les diplômes aux stagiaires.

EUCAP Sahel Mali atteint sa vitesse de croisière : plus de 360 maliens formés

Un agent de police féminin en formation de droits de l’Homme et Genre (Crédits: EUCAP Sahel Mali)

La mission de renforcement des capacités des forces de sécurité intérieure maliennes, EUCAP Sahel Mali, a atteint sa vitesse de croisière avec la réalisation d’un grand nombre de formations et d’activités de conseil pour de la Police, la Gendarmerie et la Garde Nationale. 360 cadres et nouveaux formateurs ont déjà reçu des formations (de 2 à 4 semaines) dans les domaines du management, de la déontologie et de l’éthique, des droits de l’homme et du genre, ainsi que dans les domaines du commandement opérationnel et des compétences professionnelles (sécurité publique générale, police judiciaire et contre-terrorisme, maintien de l’ordre, renseignement, gestion des ressources humaines, contrôle des frontières) selon leur unité d’appartenance. « Six mois après son lancement officiel, la Mission, est arrivé à sa pleine capacité opérationnelle avec environ 70 experts internationaux sur place, dont une grande partie est issue des services de police et de gendarmerie européens. », a souligné le Chef des opérations, John Veneau, le 1er août.

Bangui (République Centrafricaine). Visite au camp de formation Kde assai 

Le général de Rousiers a également rencontré la présidente de la RCA Catherine Samba-Panza, le Premier ministre Mahamad Kamoun, la ministre de la Défense, le chef de mission de l’Union africaine  et le Secrétaire général de la Minusca. (Crédits: EUMAM RCA)

Le général Patrick de Rousiers, président du Comité militaire de l’Union européenne, s’est rendu le 17 juillet à Bangui visiter la mission européenne de formation de l’armée centrafricaine (EUMAM RCA). Il a visité le camp de formation de Kassai pour obtenir une impression de première main de son état. Une fois reconstruit, le camp Kassai devrait devenir l’une des plus importantes installations de formation des Forces armées centrafricaines (FACA). Le général de Rousiers a souligné l’importance de la contribution d’EUMAM à l’approche globale de l’Union européenne en RCA: « Je félicite chacun d’entre vous sur ce que vous avez accompli ici jusqu’à présent. Il n’est pas facile, mais c’est un travail important. En conseillant sur les procédures de base dans le flux de travail du ministère de la Défense et l’état-major des FACA, vous avez contribué à leur fondation stable. Pourtant, il reste beaucoup à faire dans la préparation d’une réforme du secteur de la sécurité. »

(nouvelles rassemblées par Leonor Hubaut)

Lire aussi sur les missions de la PSDC:

 

 

Un soldat de Barkahne décède d’un tir ami

Sat, 29/08/2015 - 22:54

(B2) Un soldat du 21e RIMA (régiment d’infanterie de marine) de Frejus, le 1re classe Baptiste Truffaux, est décédé jeudi (27 août) dans le cadre de l’opération Barkhane au Mali annonce l’Etat-Major des armées dans un communiqué laconique. Il « participait à la protection de son unité » quant il a été atteint par « un tir accidentel déclenché par un soldat français ».

La crise des réfugiés sans sommet

Fri, 28/08/2015 - 19:23

La frontière entre la Lituanie (membre de l’espace Schengen) et le Belarus. Un grillage bien positionné le long de la frontière…

(BRUXELLES2) La gravité de la crise des réfugiés et des migrants qui arrivent en Europe n’est ni une surprise ni un fait sans précédent.

Le conflit syrien en premier lieu qui a vu plusieurs millions de ses habitants fuir dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie en première ligne) ne pouvait rester confiner à ces pays proches de l’Europe. De même que les nombreux conflits à la périphérie européenne — Libye — ou au—delà — Yemen, Soudan, Mali — sont venus accentuer une situation économique précaire. On parle de crise des migrants là où il y avant tout une crise des réfugiés. Et c’est bien cela le problème… Car il n’est pas possible de renvoyer la plupart des « migrants » qui arrive sur le sol européen vers leur pays d’origine, ou leur pays de transit. Mais jamais depuis au moins deux ans, la question du conflit syrien, comme l’arbitraire erythréen, la situation désespérante au Soudan n’ont été abordées au plus haut niveau européen (des chefs d’Etat et de gouvernement notamment).

Cette crise n’est pas un fait sans précédent non plus. Il y a 20 ans, lors de la crise des Balkans, plusieurs centaines de milliers d’ex-Yougoslaves avaient trouvé refuge en Europe : en Allemagne, en Autriche et en Hongrie en premier lieu (en Suisse et dans les pays nordiques ensuite).

Ce qui est assez extraordinaire est la très faible réponse européenne jusqu’ici. Chaque Etat — membre de l’UE ou candidat à l’adhésion — a jusqu’ici réagi dans son coin, avec une concertation minimale. Les uns (Bulgarie, Hongrie…) élèvent des murs, des fils barbelés (*), envoient l’armée à la rescousse pour freiner autant que possible le flux. D’autres se chargent de refiler la « patate chaude » aux voisins (Grèce, Macédoine/Fyrom, Serbie, Roumanie…). Quelques uns, plus rares, devancent l’appel des réfugiés (l’Allemagne ou l’Autriche notamment). Dans cette cacaphonie européenne, la France crie fort mais se garde bien de tomber dans un excès de générosité comme ses voisins germaniques…

La faiblesse de la réponse collective européenne sonne, de façon encore plus dramatique, dans cette fin de torpeur estivale dans le vide. Quelques responsables européens étaient bien au sommet sur les Balkans qui vient de se tenir à Vienne. Mais il s’agissait d’expression publique plutôt que de prise de décisions collectives. Au niveau de l’UE, le planning des réunions semble inchangé. Après une rencontre avec le président ukrainien Porochenko, le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk  n’a ainsi prévu à son programme qu’une visite en Slovénie et Croatie (décidément assez ethno-centré). Seule la Commission européenne a pris son bâton de pèlerin. « Cette crise n’est pas une crise autrichienne, italienne, française, allemande, grecque ou hongroise. C’est une crise européenne et cela requiert une réponse collective européenne » ont souligné dans un communiqué les commissaires Dimitris Avramopoulos (Migrations) et Frans Timmermans (Droits fondamentaux), qui seront à Calais lundi (en même temps que le Premier ministre français Manuel Valls) et en Autriche le 7 septembre.

« This is not an Italian, French, German or a Greek or a Hungarian crisis. This is a European crisis and it requires a collective European response. The Commission put that European response on the table – from increasing our presence at sea, to cooperating with countries of origin and transit, to clamping down on smuggling networks, making returns more effective and implementing the recently adopted common EU asylum rules whilst showing solidarity with frontline countries – we have to address the issue from all angles. We already announced that further proposals will come soon. »

Il y a quelques principes simples à remettre sur le devant de la scène a tenu à rappeler à Vienne, lors du sommet sur les Balkans, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini : « Nous avons un devoir moral et juridique de protéger (les) réfugiés. (…) Ces personnes viennent en Europe pour (chercher) la protection. Ils ont besoin de l’Europe pour les protéger et nous devons être à la hauteur de nos standards en matière de droits de l’Homme et de respect des obligations internationales … »

« We have, especially coming to the refugee crisis, a moral and legal duty to protect them. This is an international duty that we, as Europeans, value as the priority number one.  These people come to Europe, and come to Europe for protection. They need Europe to protect them and we need to live up to our standards of human rights and respect of international obligations to protect them. »

Pour l’instant, rien n’a été bousculé au programme européen. L’idée d’un sommet européen d’urgence a bien fait son apparition à Paris comme à Berlin. Mais on se garde bien de hâter cette réunion à Bruxelles car on craint de convoquer une réunion pour rien. Une réunion au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement n’aurait un sens que si les ministres de l’Intérieur parviennent à se mettre d’accord sur une stratégie à suivre, a ainsi reconnu aujourd’hui Angela Merkel lors d’une conférence de presse à Berlin. Un sentiment partagé au plan européen où on redoute par dessus-tout de voir, au lieu de décisions concertées, les Européens affirmer leurs divisions, se déchirer, voire pire, ne rien décider et, au final, un aveu d’impuissance s’installer. Comme le résume assez bien la chef de la diplomatie européenne, F. Mogherini. « Nous avons besoin d’une approche européenne, et tout le monde le dit. Le problème est que tout le monde comprend l’Europe d’une manière différente ».

La prochaine réunion programmée pour discuter de ces sujets reste donc toujours prévue les 8 et 9 octobre pour les ministres de l’Intérieur et les 15 et 16 octobre pour les Chefs d’Etat et de Gouvernement. D’ici là… prière aux réfugiés de passer leur chemin ou de trépasser !

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Tous les regards sont actuellement braqués sur les « barbelés » installés par la Hongrie. Mais le renforcement des frontières avec l’établissement d’une frontière stricte n’est absolument pas une nouveauté. C’est même une recommandation faite par les structures européennes aux pays membres de Schengen pour s’assurer d’une « non-perméabilité » de la frontière. Et sans l’assurance que la frontière est bien hermétique et contrôlable, il n’y a pas de possibilité d’intégrer la Zone Schengen aujourd’hui. Cette politique bénéficie d’ailleurs d’un soutien financier européen, par exemple, récemment en Bulgarie pour l’édification d’un mur face à la Turquie.

Sophia née en Méditerranée. Vaste journée de sauvetage pour les navires européens

Wed, 26/08/2015 - 08:13

Transfert de réfugiés du HMS Enterprise vers le Schleswig-Holstein. Sur le bateau (à droite en violet, A. Rahma qui donnera naissance à Sophia) – Crédit : Bundeswehr

(B2) Le week-end des 22-23 août a donné lieu à une nouvelle vaste opération de sauvetage en Méditerranée qui a mobilisé de nombreux navires européens au large des côtes de la Libye. Plus de 20 navires avaient lancé dans la journée samedi des appels de détresse. Près de 4.400 personnes ont été sauvées au total en une seule journée. Avec une bonne nouvelle : la naissance d’un enfant à bord.

Une des plus grosses journées de sauvetage

22 opérations de sauvetage exactement ont eu lieu selon la Guardia di Costiera (italienne), auxquels ont pris part les navires Fiorillo, Diciotti 4 vedettes de patrouille et un avion ATR42 Manta des gardes-côtes, des unités de la Marine et de la Guardia di Finanza. Les navires norvégien Siem pilot et irlandais Le Niamh — qui participent à l’opération Triton coordonnée par l’agence Frontex —, le navire britannique HMS Entreprise et le navire allemand Schleswig-Holstein (F-216)— qui participent à l’opération militaire anti-trafiquants, EUNAVFOR Med — sont également intervenus.

Le navire hydrographique de la Royal Navy, HMS Entreprise, qui « était un des plus proches de la zone » selon la Royal Navy, a ainsi identifié quatre petits navires et pris en charge 453 personnes, dont 83 femmes et 24 enfants. Ils ont ensuite été transférés dimanche sur la frégate allemande Schleswig Holstein – qui participe à l’opération européenne EUNAVFOR Med – puis emmenés au port italien de Tarente mardi dans la journée.

« Jamais autant de personnes à bord »

Le navire norvégien Siem Pilot, a pris en charge de son côté 963 personnes, dont 71 enfants, récupérés dans deux bateaux en bois et un canot pneumatique. Il les a transportés à Cagliari, sur l’île de la Sardaigne. « Nous avons jamais eu autant de personnes à bord avant. Nous avons eu de nombreux défis, samedi car il y avait beaucoup de bateaux en détresse dans le même temps. Nous sommes tellement heureux que nous avons eu aucune victime », a signalé le commandant du Siem pilot, Lise Dunham.

Sophia née à bord de la frégate allemande (crédit : Bundeswehr)

Sophia, 3 kg, 49 cm… le premier bébé de la Bundeswehr

Parmi les personnes secourues, une femme enceinte A. Rahma  a donné naissance, dans les premières heures du 24 août, à une petite « Sophia » sur la frégate allemande Schleswig-Holstein en Méditerranée. L’accouchement s’est déroulé « rapidement et en douceur » précise l’équipe médicale du bord, le chirurgien Marius S. et l’Obermaat (quartier-maitre) Charlie M.. La petite fille « qui pèse 3 kg et mesure 49 cm est en bonne santé »

La fin d’un calvaire de 5 mois pour la mère

La maman, âgée de 33 ans et originaire de Mogadiscio, qui voyageait seule, se porte bien « mais est affaiblie par un voyage de cinq mois ». L’enfant et la mère ont été confiées ensuite à un hôpital italien. C’est « la première naissance à bord d’un des navires de la Bundeswehr » précise, non sans fierté, la marine allemande qui a diffusé les images du bébé (regardez la video ou ci-dessous).  C’est la première fois, à notre connaissance, également qu’un tel évènement a lieu à bord d’un navire participant à une opération européenne.

Près de 100.000 personnes secourues en sept mois

Dans les premiers sept mois de l’année, environ 95 000 migrants et réfugiés ont été secourus en Méditerranée centrale, selon l’agence Frontex. De son côté la marine allemande précise que ses navires sont venus à la rescousse, depuis le 7 mai de cette année (et le début de l’engagement de la Bundeswehr), de 7263 personnes, dont 1265 femmes et 476 enfants.

L’important : « aller à la source des problèmes »

Pour Penny Mordaunt, ministre britannique des Forces armées, il est « cependant clair que la meilleure et la seule façon de lutter contre la crise des migrants en Europe est d’aller après la source du problème. La communauté internationale doit faire tout son possible pour poursuivre les gangs de criminels et les passeurs qui font le commerce si négligemment avec la vie des autres ». Et d’ajouter l’importance du rôle de l’HMS Enterprise dans la reconnaissance et l’imagerie électronique « afin que nous puissions mieux comprendre ce qui est nécessaire à cette mission en constante évolution ».

(NGV)

Sécuriser les gares, un peu un casse-tête

Mon, 24/08/2015 - 19:10

Sécuriser les gares comme les trains à grande vitesse apparait un vrai casse-tête. La Belgique demande une réunion des pays européens les plus concernés

Réuni samedi matin, en format « conseil national de sécurité », le gouvernement belge, présidé par le Premier ministre, Charles Michel, a décidé «  l’intensification des patrouilles mixtes franco – belges dans les Thalys, le renforcement des patrouilles dans les gares internationales et les contrôles renforcés des bagages. » Ces mesures apparaissent limitées. Mais faire plus parait difficile…

Une gare très difficile à sécuriser

La gare de Bruxelles Midi, où a embarqué le suspect avant de commettre son forfait, paraît difficile à sécuriser. Celui qui fréquente régulièrement cette gare s’en aperçoit vite. Outre l’entrée principale, elle comporte deux entrées secondaires, donnant sur deux quartiers différents. En outre, ce n’est pas une gare terminus mais un point de passage, avec des quais ouvrants de chaque côté. Plusieurs centaines de milliers de navetteurs y passent chaque jour.

Des mesures difficiles à mettre en oeuvre en pratique

Il n’est pas rare ainsi que les quais 3 à 6, dédiés au Thalys et au TGV, reçoivent aussi des trains nationaux (intercity) belges. « Les 22 voies de la gare sont toutes bien occupées » m’a confirmé Pierre Lejeune, secrétaire national de la CGSP Cheminots. « Mettre en place un quai entièrement sécurisé pour les Thalys ou les TGV comme on le fait pour les Eurostar apparaît très difficile. Cela nécessiterait des investissements très importants, du personnel, etc. Et je ne vois pas comment le gouvernement va trouver les moyens en pleine restriction budgétaire. » Un avis partagé également au niveau de la Commission européenne (voir ci-dessous).

 

Des contrôles de ticket

Des contrôleurs des Thalys sont bien présents sur chaque quai avant le départ. Mais ils n’ont pas été formés et ne peuvent pas empêcher un voyageur en possession d’un billet d’embarquer. Quant au renfort de militaires en patrouille dans les gares, son rôle dans la sécurité apparait plus « psychologique » que réel pour les syndicats. En tout cas, il n’a pas empêché le suspect, Ayoub El Khazani, de monter dans le Thalys 9364 de 17h13 vendredi.

Un contrôle « Douanes » dirigé essentiellement vers le trafic de drogues

Dans les trains à grande vitesse, la sécurité reste également délicate. Des équipes des Douanes françaises, avec chiens, sillonnent bien en France régulièrement les TGV en provenance de Bruxelles ou les Thalys en provenance d’Amsterdam. Mais leur objectif reste les passeurs de cannabis ou d’autres produits stupéfiants.

Une concertation européenne nécessaire

En matière de sécurisation du trafic ferroviaire transfrontalier, il reste donc encore beaucoup à faire. Le Premier ministre belge a d’ailleurs demandé l’organisation, en urgence, d’une réunion des ministres des Transports et de l’Intérieur des 4 pays européens les plus concernés par la circulation du Thalys (France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas) pour « renforcer les mesures de prévention contre le terrorisme notamment des contrôles d’identités et des bagages ». Réunion qui pourrait être organisée rapidement… La réunion ordinaire d’octobre des ministres du Transport au plan européen aura aussi comme sujet principal la sécurité dans les transports. Les experts des Etats membres, du groupe de travail « Land Security transport » (Landsec) devraient préparer la réunion.

L’exemple de l’aviation pas reproduisible

Un spécialiste des questions de transport souligne ainsi que mettre en place des portiques de sécurité pour scanner les bagages, avec des contrôles renforcés sur le mode avion ou type Eurostar apparait « difficile à mettre en pratique ». Le nombre de passagers qui transitent par les gares, le nombre de trains, la conception elle-même des gares (qui ne sont pas fermées comme des aéroports mais ouvertes sur la ville)… sont autant de différences avec l’avion. Ajouté à cela, la situation différente au point de vue législatif. Dans l’aviation existe toute une série de réglementations internationales, notamment autour des règlements IATA. « Nous n’avons pas le même degré de réglementation internationale dans le chemin de fer qui reste encore de façon importante du domaine des Etats membres et une question de souveraineté ».

Le cas Eurostar : une exception

Le cas Eurostar — avec des quais sécurisés, des trains placés sous bonne garde, et un accès réglementé avec des sas spéciaux — est assez unique et justifié car il s’agit d’aller non seulement vers un pays hors Schengen mais aussi de franchir le tunnel sous la Manche. Il est « difficilement transposable ». Et cela représente un certain coût pour les trains qui passent dans le tunnel (cf. le cas de l’ICE allemand qui va bientôt passer par le tunnel). De la même façon, coté européen, « on ne veut pas se diriger vers une solution à la chinoise ou la russe. La solution chinoise n’est pas totalement reproduisible » affirme notre interlocuteur.

Un risque de déplacement de la menace

Ce n’est pas un problème de législation. « Légalement, c’est envisageable mais en pratique cela semble impossible ». Car rendre étanche l’accès aux quais, aux trains apparait « disproportionné » par rapport à la menace. Et un rien inutile. « A supposer qu’on sécurise certains trains à grande vitesse, d’autres trains qui circulent quasiment aussi vite resteront non protégés. Les terroristes vont se tourner vers les trains normaux ou le métro. On va juste déplacer le problème. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

* Article publié dans Sud-Ouest, le 23 août, dans une première version, complétée notamment avec les déclarations de la Commission européenne

Série d’été – les mails d’Hillary. Libye 2011. Le rôle notable de l’Egypte

Wed, 19/08/2015 - 16:44

(BRUXELLES2) L’Egypte s’est engagée concrètement en Libye, en 2011, beaucoup plus que la version officielle le laisse penser, à lire les différents échanges de mail qu’a reçu Hillary Clinton quand elle était en poste au secrétariat d’Etat US.

L’engagement des forces spéciales égyptiennes (avec les Français et Britanniques)

Une source « extrêmement sensible » détaille ainsi dans un mail de mars 2011 « que les rebelles reçoivent une assistance directe et la formation d’un petit nombre d’unités de forces spéciales égyptiennes, alors que les troupes françaises et britanniques d’opérations spéciales travaillent à partir de bases en Egypte, le long de la frontière libyenne. Ces troupes sont chargés de contrôler le transfert d’armes et de fournitures pour les rebelles. »

Les succès de rebelles début 2011, un succès égyptien aussi ?

« Depuis les premiers jours de la crise libyenne, les Egyptiens soutiennent en coulisses les forces de la rébellion » indique ainsi une source diplomatique. « Les troupes des forces spéciales égyptiennes servent aux côtés des rebelles dans l’Est de la Libye ». « Un haut gradé égyptien affirme en privé que ses troupes sont responsables de nombreux succès militaires des rebelles » confirme-t-on à Hillary Clinton.

Une volonté de discrétion

Mais la discrétion est de mise car Le Caire ne veut pas apparaitre trop lié aux forces occidentales. La diplomatie égyptienne entend souligner « la nécessité de défendre les Libyens contre le régime de Kadhafi. Mais en même temps à se distancer d’une intervention dirigée par les anciennes puissances coloniales européennes ».

Des intérêts multiples et ambigüs

Les intérêts de l’Egypte sont en effet multiples : 1° géopolitique — La défection du leader libyen M. Kadhafi et « la division politique de la Libye donneraient à l’Égypte l’opportunité de combler le vide à l’Est » et lui conféreraient le statut de puissance régionale — ; 2° sécuritaire — éviter un afflux massif de réfugiés et contenir la menace djihadiste qui apparait à mesure que le conflit se poursuit — ; 3° économique — « Environ 1,5 millions d’Egyptiens vivent et travaillent en Libye et effectuent des versements vers l’Egypte à hauteur de 254 millions $ ».

(JB avec NGV)

Les Belges fins prêts pour la relève au Mali

Tue, 18/08/2015 - 09:38

(B2) Le Bataillon de Chasseurs à Cheval assurera dès septembre et pour 4 mois, la « force protection » de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali). Ce bataillon ISTAR (Intelligence, Surveillance, Target acquisition and Reconnaissance), a terminé fin juillet son entraînement à Bourg-Léopold en simulant des situations semblables à celles qu’il pourrait rencontrer lors de la protection du camp d’instruction de Koulikoro ou des escortes en direction ou depuis la capitale malienne de Bamako, comme l’a expliqué le lieutenant-colonel Francis Pierard, commandant du bataillon ISTAR : « barrage routier lors d’une patrouille, civils maliens tentant d’assiéger le camp ou mystérieux véhicule suivant un convoi du bataillon ».

NB : la situation s’est tendue dans la capitale malienne, qui avait été épargnée jusqu’ici par la guerre, après différents attentats à Bamako cette année, qui ont fait plusieurs victimes dont un agent de l’UE.

Série d’été – les mails d’Hillary. Libye 2011, un nouveau terrain de jeu pour les terroristes d’AQMI

Fri, 14/08/2015 - 13:45

crédit : SEAE / Délégatino en Libye

(BRUXELLES2) Le printemps arabe libyen qui débute en février 2011 est une opportunité sans précédent pour les organisations terroristes actives dans le voisinage comme Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) qui peuvent ainsi trouver un nouveau « terrain de jeu ». Le risque de l’infiltration des groupes rebelles par les terroristes d’AQMI, le renforcement de l’armement est connu dès le tout début du conflit civil libyen… Ce que révèlent, ou plutôt confirment, ces échanges de mails entre Hillary Clinton et un de ses informateurs (Sid alias Sidney Blumenthal, ancien conseiller de Bill Clinton quand il était à la Maison Blanche et qui continue de travailler à titre officieux pour Hillary, comme le confirme The Guardian).

AQMI s’infiltre dans les rangs des opposants

À peine un mois après le début du conflit, mars 2011, le Président français Nicolas Sarkozy reçoit de nombreux rapports faisant état du fait que des groupes terroristes « à l’instar du « groupe de combattants libyens » et d’ « Al Qaida au Maghreb Islamique » sont en train d’infiltrer le commandement militaire du Conseil National de Transition ».  C’est dans ce contexte, il est donc indispensable que « la diplomatie et les services de renseignements français basés en Egypte, aient des contact réguliers avec des figures de la rébellion» comme c’est le cas avec l’ancien chef du protocole de Kadhafi, considéré comme l’un des cerveaux de la rébellion, Nousri Mesmari ou encore « le Général Abdelfateh Younis, leader des forces armées rebelles ». Ces infiltrations représentent un risque majeur. Une menace qui semble prendre de l’ampleur à mesure que le conflit dure.

Le risque AQMI lorsque Kadhafi tombera

Les sources européennes sur place, observent une multiplication des points d’ancrage de terroristes possibles. Et elles mettent en garde sur les conséquences possibles pour une Libye débarrassée de son dirigeant. Lorsque « le régime de Kadhafi tombera, la France et les autres pays européens auront intérêt à agir rapidement pour s’assurer que le nouveau gouvernement n’autorise ni AQMI ni d’autres petites entités locales et semi autonomes à s’installer dans le sud-est du pays, régions de production pétrolière et gazière ». 

La tactique du « profil bas » de l’organisation

En effet, selon un haut fonctionnaire européen, « AQMI observe les développements en cours dans le pays » avec une grande vigilance. Et ce, dès le début de la crise libyenne, en mars 2011. Au début du conflit, les groupes terroristes semblent, certes, patienter, tapis dans l’ombre. Le 8 avril 2011, des sources en lien direct avec le Conseil National de Transition (CNT) indiquent que « l’activité islamiste en Libye a fait profil bas ». Mais AQMI semble tisser patiemment son réseaux. Des sources européennes mettent en garde le bureau d’Hilary Clinton. Selon toutes vraisemblances « l’organisation a établit des contacts avec différents groupes tribaux dans le Sud Est du pays ». La stratégie est simple. Il faut que la rébellion se poursuive pour affaiblir Kadhafi et ainsi s’infiltrer sur le territoire de la Libye. Il faut donc éviter de « donner du crédit aux arguments du Colonel Kadhafi, qui revendique que les rebelles sont des terroristes » et agir dans l’ombre. Mais à mesure que « le CNT prend forme, AQMI élève la voix et influence les événements directement depuis les rangs du CNT ». 

AQMI a une stratégie d’influence « prête à l’emploi » dans les tiroirs

Reçu le vendredi 8 avril 2011 à 17h27, le mail d’Hilary Clinton révèle qu’AQMI échafaude sa stratégie de pénétration en Libye. « Ali Salabi, Salem Al Shiki et Mohamed Al Guirtili, figures islamiques dirigeantes, basées à Londres et proches des frères musulmans auraient conçu un «pacte national», une sorte de feuille de route, organisant le mouvement islamique pour le moment de la transition libyenne post-Kadhadi ». Rappelons, qu’avant la révolution, « l’ancien ministre de la Justice et actuel Président du CNT, Mustapha Abdel Jalil, appelait à la relaxe des islamistes réformés ».

Des Sam 7 destinés aux rebelles aux mains d’Al Qaida

Le chaos libyen est aussi une source d’opportunité en termes de ravitaillement d’armement et de munitions modernes. L’organisation terroriste s’est procurée des armes « sur le marché noir dans l’Ouest du Niger et du Nord du Mali ».

Selon les services de renseignements Français (DGSE) et britanniques (MI-6) « AQMI serait (ainsi) parvenu à acquérir des systèmes anti-aériens portables de type 10 SAM 7- Grail/Streela ». Des armes « destinées à la vente pour les forces rebelles libyennes mais les forces d’AQMI auraient secrètement rencontré les revendeurs d’armes et considérablement renforcé leurs équipements ».

Les forces de la rébellion craignent également qu’AQMI obtienne « des missiles filoguidés anti-chars de type SPIGOTT et un nombre indéterminé de mines anti-chars russes, fabriqués en plastique et indétectables donc avec du matériel anti-mines ». L’arsenal que s’est procuré AQMI fait craindre le pire notamment « pour le Sud du Maroc, l’Algérie, le Nord du Mali, l’Ouest du Niger et l’Est de la Mauritanie » écrit-il.  

L’alliance objective du régime et des groupes terroristes ?

Après la mort d’Oussama Ben Laden (abattu par les forces spéciales américaines le 2 mai 2011 au Pakistan), des sources au CNT craignent un retournement de situation. Les groupes d’AQMI pourraient ainsi « utiliser des armes qu’ils ont obtenues, qui étaient initialement destinées aux rebelles en Libye, à des mesures de rétorsion contre les États-Unis et leurs alliés de cette attaque au Pakistan ». Ainsi « les autorités du CNT s’inquiètent que la mort de Ben Laden arrive à un moment où des informations indiquent que les leaders d’AQMI prévoient des attaques dans le Nord de l’Afrique et en Europe». « Les leaders du CNT sont aussi préoccupés qu’avec la mort de Saif al-Arab (…) le gouvernement de Tripoli pourrait entreprendre des représailles contre les États-Unis et leurs alliés occidentaux à travers des groupes terroristes, en particulier le Hezbollah ». Pour ces sources sur le terrain, ce contexte est explosif. « Alors que les morts de Ben Laden et Saif al Arab sont sans rapport, deux groupes distincts et dangereux vont désormais chercher une vengeance contre les États-Unis et ses alliés ». De plus, ces envies de vengeances pourraient se propager dans les rangs des rebelles libyens « où les leaders d’Al Qaida ont été très populaires » .

(Johanna Bouquet avec NGV)

Sources: Les mails d’Hilary Clinton à télécharger:

Série d’été – les mails d’Hillary

Un navire colombien engagé dans la lutte anti-pirates

Thu, 13/08/2015 - 09:59

(crédit : Eunavfor)

(B2) La marine colombienne est désormais à pied d’oeuvre dans l’Océan indien engagée dans l’opération européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta. Le navire de guerre de la marine colombienne ‘7 de Agosto‘ (47) est ainsi arrivé le 8 août dernier dans le port de Djibouti.

Une première pour la marine colombienne

C’est une première pour la marine colombienne, ainsi que nous l’avions annoncé (Lire : La marine colombienne en renfort dans l’Océan indien ?). Et c’est même la première fois qu’un navire d’Amérique latine est engagé aux côtés des Européens dans une mission de la PeSDC (*). Cette participation colombienne tient beaucoup cependant à l’Espagne qui a « parrainé » cette participation en vertu d’un accord de collaboration entre les deux marines.

L’engagement de l’Espagne

L’Armada espagnole entend faire de cette participation à l’opération européenne « un succès et servir d’expérience et de modèle pour l’intégration future d’autres marines », précise un communiqué du ministère de la Défense à Madrid. Avant d’être engagé, le ‘7 do agosto‘ a ainsi passé une « visite d’inspection » au Centre pour l’évaluation de la baie de Cadix (EVADIZ) du 14 et 17 juillet dernier. Inspection qui a permis d’évaluer l’interopérabilité et les capacités du navire (et de son équipage) « à mener des opérations de sécurité maritime intégrés dans une force multinationale », à l’aide d’exercices au port et en mer.

Une équipe de liaison à bord

Placé sous le commandement du Captain Darwin Alberto Alonso Torres, l’équipage ‘7 de Agosto‘ se compose de 65 personnes. Une équipe de liaison espagnole (composée d’un officier, un sous-officier et un première classe), restera à bord du navire jusqu’à l’achèvement du déploiement dans l’océan Indien, pour permettre la coordination, jour par jour avec le navire amiral de l’opération, le Galicia (L-51). Ce navire de patrouille en haute mer, de type OPV-80, a été fabriqué par les chantiers navals allemands Fassmer qui équipe également les marines argentine et chilienne (télécharger sa fiche technique). Long de 80,6 mètres et large de 13 mètres, il dispose deux canons (20mm et 40mm), 3 bateaux hors-bords et un hangar permettant d’abriter un hélicoptère Augusta Bell 412.

(NGV)

(*) Ce n’est cependant pas la première participation d’un pays d’Amérique latine à une mission PeSDC. Quelques officiers chiliens ont ainsi servi dans l’opération de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea). Mais cette participation était assez symbolique.

Des véhicules de l’OSCE incendiés à Donetsk

Mon, 10/08/2015 - 22:17

(B2) Dimanche (9 août), quatre véhicules blindés de la mission d’observation de l’OSCE en Ukraine garés à l’extérieur du logement des observateurs à Donetsk ont pris feu. Les observateurs s’en sont rendus compte vers 2h25 du matin. Plusieurs explosions sont survenues : en fait, l’explosion des pneus des véhicules blindés selon l’OSCE. Au final, trois véhicules de l’organisation ont été complètement détruits, un véhicule lourdement endommagé et trois autres véhicules partiellement endommagés. Aucun observateur n’a été blessé. Incident ‘criminel’ selon l’OSCE.

Série d’été – Libye 2011, Quand Français et Britanniques réfléchissaient à la scission du pays

Mon, 03/08/2015 - 09:11

(BRUXELLES2) Les mails de l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton – publiés par le Département d’Etat US – sont une vraie mine d’or pour celui qui enquête sur la géopolitique moderne. C’est la série d’été de B2…

Sur la période de la crise en Libye en 2011, ces échanges électroniques révèlent (ou confirment plutôt) que la division de la Libye en deux entités distinctes non seulement était envisagée mais potentiellement souhaitée par certains acteurs clés du conflit, notamment français et britanniques, voire égyptiens.

Diviser pour mieux régner ?

Nous sommes le 8 avril 2011 — l’opération des alliés, surtout Français et Britanniques est entamée depuis à peine un mois et semble s’enliser (lire :  Un mois après le début de la campagne libyenne, quel bilan ? Pourquoi çà traine ?). Un haut fonctionnaire du Conseil National de Transition (CNT) de Libye avertit la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton « Français, Anglais et d’autres pays européens seraient pleinement satisfaits avec une situation d’impasse qui laisserait la Libye divisée en deux entités rivales ». La méfiance semble de mise dans les rangs du CNT. Un haut fonctionnaire militaire informe ainsi les services américains de ses doutes, « ni les Français, ni les Britanniques ne fournissent suffisamment d’aides pour contrer les forces de Kadhafi ». Suspicieux, les leaders de l’opposition envisagent même à cette époque « d’engager des firmes privées pour fournir entrainement au combat et pour organiser leurs forces ».

La frustration de Nicolas Sarkozy

Dès le début de l’intervention armée (opération Harmattan pour les Français, Ellamy pour les Britanniques), une source européenne informe les Américains que « le commandement militaire français anticipe l’effondrement total de la structure militaire libyenne pour la semaine suivante ». Mais à partir de mars 2011, il devient très difficile d’obtenir des informations provenant du terrain. Ce qui d’après les informations américaines a eu le don d’agacer l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, de plus en plus « frustré » par cette situation. Une source bien informée souligne que le président français « exerce une pression afin que France émerge de cette crise comme le principal allié extérieur quel que soit le gouvernement qui prendra le pouvoir » en Libye (NB: le 18 mars, Sarkozy est un des premiers a reconnaitre publiquement le CNT comme l’autorité légitime).

Le flegme britannique

Plus pragmatiques, les Britanniques eux ne fondent pas leurs objectifs sur un prétendu prestige qui découlerait de la « protection des populations civiles ». Celle-ci n’est qu’un moyen pour la défense des intérêts du Royaume en Libye.

Informée par des hauts fonctionnaires militaires du Conseil National de Transition de Libye, Hilary Clinton apprend dès mars 2011 l’état des tractations des services de renseignements franco-britannique. Sur le terrain, « en dépit de l’intervention de l’OTAN contre les forces de Kadhafi, le gouvernement britannique utilise ses services de renseignement dans le but de dicter le comportement à la fois du CNT et Kadhafi » affirment des hauts gradés du CNT. 

Les tractations britanniques auprès de Saif Al-Islam Kadhafi mettent en évidence la planification des relations futures si ce dernier succède à son père à l’issue du conflit qui embrase le pays en 2011. Ces mêmes sources informent les Américains que « les services diplomatiques et de renseignement maintiennent des contacts avec les membres du gouvernement de Kadhafi ». La fuite au Royaume-Uni du ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa n’est pas un hasard…

(Johanna Bouquet)

La fin du contrat des Mistral : la France perd-elle vraiment au change ?

Sat, 01/08/2015 - 15:59

(BRUXELLES2) L’annulation du contrat de livraison aux Russes des deux navires porte-hélicoptères de type BPC Mistral — le Vladivostok et le Sébatospol — peut apparaitre très défavorable aux Français. 1,2 milliard d’euros d’indemnités, deux navires sur les bras à revendre… l’addition peut paraitre lourde, à première vue. Il faut cependant se garder d’une analyse à courte vue….

Premièrement, l’industrie française a pu gagner d’autres contrats, notamment avec la Pologne, grâce à cette annulation. Il n’est pas évident que le gouvernement polonais aurait pu signé un contrat avec un industriel européen (mais à forte tonalité française) pour les hélicoptères qui vendait de l’autre côté des armes aux Russes. Autrement plus rentable à terme que le contrat russe. (lire sur le club : La Pologne répartit ses premiers contrats entre Européens et Américains).

Deuxièmement, on l’oublie assez souvent, ce contrat a permis de donner aux chantiers de St-Nazaire un sacré souffle. A la fin des années 2000, début 2010, les ex-chantiers de l’Atlantique n’étaient pas au mieux. La construction de navires civils (grands paquebots) faisait alors défaut. Les effectifs avaient fondu d’année en année, n’employant plus qu’un peu plus de 2000 personnes début 2010, avec un nouveau plan social de 200 personnes à l’oeuvre. La commande anticipée en 2009 d’un troisième BPC, le Dixmude, avait donné un premier souffle d’air aux chantiers que la fabrication des deux BPC Russes avait complété, lui permettant ainsi de traverser une passe difficile. Le marché des BPC russes représentait – expliquait alors l’Elysée — « 5 millions d’heures de travail et 1.000 emplois maintenus pour quatre ans » pour les chantiers STX et l’industriel français DCNS (1). D’une certaine façon, l’annulation de la commande des navires ressemble d’un point de vue économique à une aide publique d’Etat, même si elle n’en revêt pas le format. Aide qui n’a pas besoin de passer sous les fourches caudines de la Commission européenne.

Troisièmement, en rompant ce contrat, Paris met une croix définitive sur la seconde partie du contrat. Celle-ci consistait à transférer une partie du savoir-faire aux chantiers maritimes russes de St Petersburg pour leur permettre de fabriquer deux répliques des navires type Mistral. En signant ce contrat, en 2011, contesté aussi par certains milieux militaro-industriels, Moscou espérait gagner en technologie et rattraper une partie du retard qu’ont acquis les chantiers navals russes. Les Russes avaient renoncé en 2012 à cette option autrement plus risquée à la fois pour l’industrie française maritime et pour l’équilibre géopolitique que la livraison des deux navires Vladivostok et Sebastopol.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer la possibilité, éventuelle, de revente du navire qui pourrait réduire d’autant la facture.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Jamais avare d’emphase, Nicolas Sarzkoy, arrondissait aux chiffres supérieurs : 6 millions d’heures et 1200 emplois selon le président de la République.

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