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Actualité. Réflexions. Reportages
Updated: 7 hours 28 min ago

Bombardements sur Donetsk et les zones résidentielles

Tue, 21/07/2015 - 13:44

(B2) « Pour la première fois depuis plusieurs mois », les observateurs de l’OSCE ont observé, samedi (18 juillet) des bombardements dans le centre-ville de Donetsk et dans les quartiers résidentiels autour de la ville, contrôlée par le gouvernement Avdiivka. La violence a fait plusieurs morts — dont au moins 1 civil, confirmé par les observateurs. D’après les observateurs internationaux, les échanges sont le fait tant des forces du gouvernement ukrainien que des rebelles. Au point d’observation du Centre commun de contrôle et de coordination (CMCD), à la gare centrale de Donetsk ferroviaire (à 8 km au nord-ouest du centre-ville de Donetsk), la mission d’observation a ainsi pu entendre samedi (18 juillet) 112 explosions provenant d’échanges de tirs (sortants et entrants) de mortier (120 mm) et de tirs antiaériens – sortants et entrants – témoignant de la reprise de combats. Le jour suivant, dimanche (19 juillet), l’OSCE a pu observer « 24 explosions » à l’aéroport et autour de l’aéroport – une zone tenue par les rebelles de la république populaire de Donetsk.

La France prête à mettre en place une ‘avant-garde’ pour la Zone euro

Mon, 20/07/2015 - 10:20

(B2) Dans une ‘lettre à Jacques Delors’, publiée par le journal du Dimanche (JDD), ce dimanche (19 juillet), le président français, François Hollande, appelle à approfondir la Zone Euro. « Ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe mais son insuffisance » explique le président français. Il propose une avant-garde, de doter la Zone Euro d’un budget et d’un parlement. Une nécessité, selon lui, pour l’Europe au plan intérieur comme au plan extérieur.

Une avant-garde pour l’Euro

« Partager une monnaie, c’est bien plus que vouloir une convergence. C’est un choix que 19 pays ont fait parce que c’était leur intérêt. Nul gouvernement d’ailleurs depuis quinze ans n’a pris la responsabilité d’en sortir. Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête ».

Accélérer le tempo, approfondir l’Europe

L’élargissement de l’Europe ne pouvait se faire sans avoir « un approfondissement avec des intégrations différenciées », disait Jacques Delors. Cet approfondissement n’a pas vraiment été opéré depuis que l’Europe est passée de 15 à 28.

« Avec Jacques Delors, l’Europe s’est élargie, mais il nous avait mis en garde en proposant un approfondissement avec des intégrations différenciées. Écoutons-le. Les circonstances nous conduisent à accélérer. La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce. »

Un budget et un parlement pour la Zone Euro

« La qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup. L’esprit européen a prévalu. Mais nous ne pouvons en rester là. J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique. »

A l’intérieur, une dynamique de conviction des peuples

Cet approfondissement de la Zone Euro obéit à une nécessité intérieure. L’affaire grecque montre qu’on est au bout d’un dispositif qui a montré ses preuves durant des années (la gouvernance européenne par une élite avancée) mais doit arriver à se transformer aujourd’hui pour convaincre les peuples ».

« L’Union ne peut se réduire à des règles, des mécanismes ou des disciplines. Elle doit convaincre les peuples que, si elle a été capable de préserver la paix, elle est aujourd’hui la meilleure invention pour protéger les valeurs et les principes qui fondent notre culture commune, ce que l’on appelle notre mode de vie et qui est aussi notre modèle social. »

L’Europe attendue au plan extérieur

Cette réponse européenne est nécessaire car l’Europe est attendue à l’extérieur. Et elle doit se transformer en une puissance capable d’agir.

« Face à la globalisation et aux puissances émergentes, comme devant les risques liés aux instabilités à nos frontières, aux coups de force, aux guerres, au terrorisme, aux catastrophes climatiques et à ce qu’ils engendrent avec les déplacements de population (…) L’Europe est attendue pour porter les technologies de demain, promouvoir un modèle industriel, réussir la transition énergétique et écologique, investir dans la connaissance, réduire les disparités territoriales, assurer la solidarité à l’intérieur par des investissements et à l’extérieur par des actions de développement. Bref, être capable d’être une puissance au service de l’équilibre du monde. »

Commentaire : on retrouve ainsi les fondamentaux français d’une Europe « puissance », avec un gouvernement économique de la Zone Euro. Mais à part quelques grandes idées, rien de très précis. Or, un gouvernement de la Zone Euro, avec un budget et un parlement, c’est un système pré-fédéral, qui peut entrer en conflit, avec la volonté de plusieurs pays de garder la haute main sur toutes les affaires importantes. On peut voir ainsi se dessiner — s’il est réalisé — une confrontation à l’échelle européenne, entre certains pays – comme le Royaume-Uni – qui veulent négocier un allègement de leurs obligations et d’autres qui veulent renforcer le coeur de l’Europe. Cette confrontation sera-t-elle le prélude à un grand ‘deal’ européen (un peu moins d’Europe pour les uns, un peu plus pour les autres) ?

Les propositions de Eurodéfense pour un livre blanc de la Défense

Sat, 18/07/2015 - 19:12

(B2) L’association Eurodéfense – France a publié, sous la signature de plusieurs anciens hauts responsables militaires, à la mi-juin, un appel à rédiger un « Livre Blanc de la Défense » en donnant des pistes sur le contenu de ce document comme les perspectives d’exploitation. Cet appel mérite d’être relayé alors que s’engage un débat qui devrait aboutir en juin prochain sur une nouvelle Stratégie européenne de sécurité (juin 2016).

« Les récentes évolutions du contexte de sécurité mondial fragilisent dangereusement le système de défense actuel des pays européens. L’augmentation des conflits et des menaces aux frontières de l’Europe, conjuguée à une baisse régulière et risquée des budgets de défense des pays européens depuis plus de 20 ans et à un désengagement inéluctable des Etats-Unis, en est principalement responsable. Cette situation incertaine incite à une mutualisation des forces et des capacités au sein de l’Union Européenne, mais force est de constater que la volonté politique des Etats a fait défaut jusqu’ici. (…)

La réalisation d’un Livre Blanc européen pour la sécurité et la défense marquerait une prise de conscience des insuffisances et des lacunes du dispositif de défense actuel de l’Europe. A l’abri de la puissance américaine dans l’Otan, les capacités d’action militaires individuelles de la plupart des Etats européens sont devenues marginales. Quant à leurs capacités d’action commune dans l’UE, celles-ci demeurent ridiculement faibles en regard de l’enjeu économique et patrimonial que représente l’Europe, conséquence notoire du déclin relatif de ses nations et de dépenses de défense insuffisantes, engagées de façon non coordonnée. Pourtant les Etats européens doivent faire face à des menaces et des risques largement communs, même si leurs priorités peuvent différer. Le retrait américain les met pourtant dans l’obligation de reprendre la responsabilité de leur défense, ce qu’ils ne peuvent assumer qu’en analysant ensemble leurs besoins et en mutualisant leurs efforts. C’est en jouant de l’addition de leurs capacités et de leurs complémentarités qu’ils pourront atteindre la masse critique nécessaire, devenue un critère central de la puissance dans un monde globalisé.

Un certain nombre d’obstacles doivent cependant être surmontés pour y parvenir. L’absence d’une véritable Politique étrangère commune vient au premier rang mais pourrait être partiellement comblée par un approfondissement des convergences entre Etats, dossier par dossier, dans le cadre d’une nouvelle analyse stratégique au niveau européen (d’ailleurs envisagée par la nouvelle Haute Représentante). Il faudra ensuite vaincre les réticences et les craintes des responsables nationaux, inquiets de devoir modifier leurs priorités pour ne pas étaler leurs divergences, de se trouver contraints par des positions agréées au niveau européen et de devoir justifier des options qui pourraient être vues par leurs concitoyens comme des abandons de souveraineté. L’hétérogénéité des cultures politiques et militaires des Etats européens et de leur conception de la puissance ne doit pas être sous-estimée, mais pourrait toutefois se réduire dans une analyse considérant l’UE comme une entité globale dont chaque Etat serait partie. Une telle analyse réveillerait sans doute le débat sur l’objectif recherché par la construction européenne et ses limites, mais aurait l’intérêt de clarifier la vision de nos concitoyens, notamment face aux fausses alternatives nationalistes. Quant à l’argument d’un affaiblissement de l’Otan résultant du renforcement des capacités européennes, celui-ci paraît totalement spécieux au moment où notre partenaire américain réclame un rééquilibrage du partage du fardeau de la sécurité européenne.

Des opportunités pour agir ?

En contrepoint, le nouveau paysage des menaces et des risques tout autour de l’UE et notamment dans son voisinage, offre des opportunités à saisir en faveur d’une approche européenne de la défense.

La prise en compte de ces risques de façon globale dans leur diversité et en fonction de leur dangerosité à l’échelle européenne permettrait de fixer des priorités, de mieux répartir les efforts entre les Etats, de jouer sur leurs complémentarités et donc d’améliorer le rapport coût/efficacité de la défense européenne. Le problème actuel des flux migratoires incontrôlés en Méditerranée donne une bonne illustration de ce besoin d’apporter des solutions au niveau européen.

Une telle approche favoriserait aussi la définition d’un meilleur partage des rôles entre Européens et Américains dans la défense de l’Europe mais aussi pour la défense de nos valeurs et la protection de nos intérêts communs au niveau mondial.

Elle permettrait d’identifier les capacités stratégiques que les Etats européens ne pourront acquérir individuellement dans l’avenir, mais indispensables à leur indépendance et leur liberté d’action (moyens spatiaux, transport stratégique, systèmes d’armes majeurs du futur…)

Quel contenu ?

Un livre blanc européen devrait exprimer la volonté politique des Etats de l’UE, en accord avec leurs opinions publiques, de penser et d’organiser leur défense au niveau européen, sans que cela débouche obligatoirement sur un système de défense européen totalement intégré, (armée européenne).

Il devrait traiter en particulier de:

  • l’approfondissement de la notion de masse critique pour la puissance d’influence des Etats ;
  • l’expression de la puissance et l’emploi de la force armée par l’UE ;
  • l’expression de la solidarité dans le domaine de la sécurité et de la défense au sein de l’UE dans le but non seulement de protéger les intérêts communs des Etats-membres mais de défendre en commun tous leurs intérêts (communs et nationaux) ;
  • la mise en œuvre du principe de subsidiarité entre l’UE et ses Etats-membres dans la défense, la finalité de l’approche européenne étant d’apporter des solutions communes là où les nations sont individuellement défaillantes et non de se substituer à elles ;
  • la problématique d’une approche concertée de la dissuasion nucléaire et de la défense anti-missiles balistiques dans la défense de l’UE ;
  • les conditions d’une autonomie stratégique de l’UE pour atteindre ses objectifs et les moyens nécessaires pour y parvenir.

Avec des besoins, des ambitions et des capacités réévalués au niveau européen, il devrait montrer comment l’UE se prépare à prendre en compte le désengagement partiel des Etats-Unis et à redéfinir un partenariat transatlantique adapté aux réalités du 21ème siècle.

Les besoins capacitaires devraient être exprimés par finalité : anticipation, prévention, protection, intervention, dissuasion, en référence à l’autonomie stratégique recherchée.

Ouvrage court et pédagogique, il devrait être complété par des stratégies de mise en œuvre détaillées dans les domaines de la sécurité intérieure, de la sécurité extérieure, par régions du monde avec des priorités.

Un tel livre blanc devrait servir d’instrument de cohérence et d’optimisation au niveau européen, en étant un cadre de référence pour les livres blancs nationaux. Il ne devrait pas être un document technique, mais avoir une vocation pédagogique, être de portée générale et accessible au grand public.

Elément constitutif de l’approche globale de sa défense par l’UE, il permettrait la définition de stratégies régionales (par ex. Sahel, Corne de l’Afrique) et thématiques (par ex. stratégie de sécurité maritime, de cyberdéfense, énergétique ou le lien entre la PSDC et la politique de voisinage), l’organisation (commandement et contrôle), la réalisation des budgets nécessaires (par ex. PESC et Athéna), le corpus doctrinal, le plan de développement des capacités (CDP), en lien avec la sauvegarde d’une base industrielle et technologique et les engagements opérationnels envisagés. Le Livre blanc européen pourrait également établir le niveau de relation et de coordination souhaitable avec les grandes organisations telles que l’ONU, l’OSCE, l’OTAN ou l’Union africaine

Dans le climat actuel d’euroscepticisme, l’élaboration d’un Livre Blanc Européen pourrait être un exercice à vocation pédagogique salutaire permettant de faire prendre conscience à nos concitoyens, des défis sécuritaires posés aux pays membres de l’UE mais aussi de proposer des solutions possibles au niveau européen. Son but principal serait de clarifier les conditions permettant de renforcer concrètement la sécurité de tous les Etats et de leurs citoyens en développant leurs solidarités.

Général de corps d’armée (2s) Jean-Paul Perruche ; Ingénieur général de l’armement (2s) Patrick Bellouard ; Pierre Lépinoy ; Général de division (2s) Maurice de Langlois ; Béatrice Guillaumin ; Général de brigade(2s) Patrice Mompeyssin.

Télécharger la proposition détaillée d’Eurodéfense (pdf)

2 Canadairs pour la Grèce

Fri, 17/07/2015 - 22:32

(BRUXELLES2) Deux Canadairs de la Base aérienne de la sécurité civile de Marignane (près de Marseille), ainsi qu’un avion de reconnaissance Beechcraft, décolleront demain vers la Grèce. Ils arrivent en renfort face aux feux de forêt qui ravagent le pays. Athènes a, en effet, décrété la mobilisation de l’ensemble des forces de sécurité civile du pays et appelé à la rescousse ses homologues européens (via la mécanisme européen de protection civile).

« Il s’agit d’un effort important, alors que, sur le territoire français, la saison des feux de forêts mobilise déjà fortement les forces de sécurité civile » a tenu à souligner le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué.

La Grèce fait face depuis ce matin à une multitude d’incendies avivés par les températures élevées et des vents très violents, qui frappent notamment les régions de la Laconie (sud du Péloponnèse), le centre du pays, l’Argolide, et jusqu’à la périphérie d’Athènes, conduisant à l’évacuation de certaines localités.

(NGV)

L’OTAN en exercice aéronaval en Méditerranée à l’automne

Thu, 16/07/2015 - 16:36

(B2) L’OTAN prépare un important exercice maritime au large des côtes italiennes, espagnoles et portugaises à l’automne, du 3 octobre au 6 novembre. Dénommé Trident Juncture 2015, cet exercice « est ">le plus grand exercice mené par l’Alliance depuis 2002 » annonce le QG de Brunssum aux Pays-Bas qui pilote son organisation.  ">Il rassemblera 36.000 militaires et civils de plus de 30 pays alliés, et partenaires, dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. L’Union européenne et l’Union africaine participeront également à l’exercice comme des agences humanitaires ou des ONG, annonce l’Alliance atlantique. Cet exercice sera divisé en deux parties : l ">‘exercice de poste de commandement (CPX) pour la formation du personnel au niveau opérationnel stratégique ">évaluation et de certification (3 au 16 octobre), qui comprendra les participants de la ">Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) ; un e ">xercice en direct (LIVEX) pour les troupes au niveau de l’engagement tactique (21 octobre – 6 ">novembre). <p>">Cet exercice a aussi comme comme objectif de certifier le personnel du siège de la Force interarmées à Brunssum pour diriger la Force de réaction de l’OTAN, si elle est activée, tout au long de 2016. « C’est un élément clé de l’effort global de l’OTAN pour s’adapter aux nouveaux défis de sécurité — a assuré le général Hans Lothar Domröse, le commandant de la Force interarmées à Brunssum — Trident Juncture 2015 a été conçu pour assurer que nos concepts et procédures de travail permettent de faire face à une véritable crise ».

Le navire Werra (Eunavfor Med) à la rescousse de migrants en détresse

Wed, 15/07/2015 - 20:42

Le Werra en mer (crédit : SEAE / Eunavfor Med)

(B2) Le navire de soutien allemand, Werra (A-514) engagé dans l’opération européenne de lutte contre les trafiquants en Méditerranée (EUNAVFOR Med) est intervenu ce mercredi au secours de deux navires en difficulté au nord de la Libye.

233 personnes récupérées

">En début de matinée, le Centre italien de coordination de sauvetage maritime (IMRCC) a sonné l’alerte, demandant aux navires les plus proches d’intervenir sur deux bateaux possibles en détresse dans les eaux internationales, au nord de la côte libyenne.

">Le navire allemand « Werra», qui était sur la zone, « a localisé deux petits canots, chargés de migrants qui naviguent dans des conditions difficiles » précise un communiqué du Service diplomatique européen. «

">233 migrants ont pu être récupérés à bord ». Le navire se dirige vers le port de Catane, défini comme port de débarquement par l’IMRCC.

Cette intervention est la première du genre pour une des unités d’EUNAVFOR Med. Même si leur mission n’est pas dédiée au secours en mer, les navires européen ont l’obligation « conformément à la loi internationale (…) de prêter assistance aux personnes en détresse en mer, sans égard à leur nationalité, le statut et les circonstances » précise le SEAE. Le Werra, comme les autres unités EUNAVFOR MED sont d’ailleurs « prêts et équipés pour effectuer les tâches connexes, secouru les migrants ».

">

(NGV)

Nucléaire iranien : les cinq raisons du succès de la diplomatie européenne

Wed, 15/07/2015 - 09:30

Fed. Mogherini et Laurent Fabius en conciliabules le 10 juillet à Vienne (crédit : SEAE)

(B2) L’accord arraché à Vienne entre la communauté internationale et l’Iran au terme d’une négociation acharnée de 21 mois, le 14 juillet 2015 est un succès pour la diplomatie européenne. Il faut le souligner en ces temps où il est courant de « basher » l’Europe. C’est un succès sur le fond comme sur la forme.

Les lettres de noblesse de la diplomatie européenne

La diplomatie européenne a, le 14 juillet, à Vienne, au Palais Coburg, gagné ses lettres de noblesse. Dans cette négociation – contrairement à ce qui s’était produit pour la Grèce peu de jours avant qui a révélé tous les égoïsmes et les vilenies de chacun – chacun des partenaires est sorti de la négociation en ayant le sentiment d’avoir gagné pour ses propres intérêts et également un peu pour l’humanité. C’est une négociation (heureusement) historique là où l’accord avec la Grèce a été un accord (honteusement) historique.

1. La philosophie européenne : la négociation

L’élément le plus visible est la présence de Federica Mogherini, la Haute représentante de l’UE, annonçant : « il y a un accord ! ». Mais ce n’est pas le plus important. C’est la philosophie européenne de la négociation et de la double approche qui l’a emporté sur une position de l’isolement et de la frappe militaire, qui ont été un moment l’option envisagée, sérieusement, de l’autre côté de l’Atlantique comme dans certains pays du Moyen-Orient (Israël notamment mais pas seulement). L’Europe a toujours milité pour avoir un dialogue avec l’Iran. Ce dialogue a subi des hauts (en 2003-2004 et 2013-2015) et des bas (entre les deux !) et n’a pas toujours été facile. Mais il a réussi à aboutir, avec une lenteur certaine, mais une efficacité sans doute supérieure au cycle intervention-réaction-vide sécuritaire qui a marqué l’intervention internationale dans un pays voisin, l’Irak.

2. La double approche

Un dialogue qui n’était pas empreint de naïveté cependant. L’autre élément clé de la position européenne est en effet la double approche : négociation d’un côté, sanctions de l’autre. L’Union européenne a non seulement transposé les sanctions prises au plan international par le Conseil de sécurité de l’ONU, elle a imposé – de concert avec les Américains – des sanctions autonomes. Sanctions qui se sont renforcées à partir de 2010-2012 et ont produit un effet notable sur l’économie iranienne et le pouvoir iranien. Cette double approche a payé d’une certaine manière.

3. Le juste milieu au plan international

L’Europe a assuré son positionnement d’intermédiaire entre les principaux partenaires internationaux – Russes et Chinois d’un côté, Américains de l’autre -, en essayant de trouver le juste milieu entre une certaine proximité (géographique) avec l’Iran et le respect des autres équilibres dans la région (Arabie Saoudite, Israël, Turquie). Le format trouvé E3/UE + 3 (ou P5+1 dans la dénomination anglo-saxonne) est celui qui a permis l’accord. Le rôle de la diplomatie européenne a été de garder la cohésion de cet attelage improbable, au travers des crises. Malgré les tensions sur l’Irak en 2003 ou sur l’Ukraine en 2014, cet attelage ne s’est jamais rompu. Et si des nuances se sont exprimées – nuances notables – elles n’ont jamais été jusqu’à la fissure ou la cassure de ce fond. Ce format – et cette position intermédiaire de l’Europe – mériterait d’être repris et aménagé pour d’autres crises actuelles (Syrie, Yemen). Car c’est un format gagnant.

4. Un alliage communautaire – intergouvernemental résistant

Au passage, on peut souligner aux esthètes de la ‘chose’ européenne que l’équipe de négociation européenne était elle-aussi au ‘juste milieu’. Ni tout à fait intergouvernementale, ni tout à fait communautaire. Là aussi, c’est le bon alliage. Il ne peut pas y avoir de position forte au plan international sans la présence au sein d’une délégation européenne des ‘grands pays’ – car ils ont un siège permanent au Conseil de sécurité … et ont l’arme nucléaire (France, Royaume-Uni) ou car ils occupent une position clé au plan économique sur le sujet (Allemagne dans ce cas, mais ce pourrait être un autre pays dans d’autres hypothèses). Mais il ne peut y avoir de permanence, de force de la négociation, sans une équipe dédiée à cela, neutre des intérêts nationaux en jeu, en la personne du Haut représentant de l’UE et des diplomates européens. C’est cette combinaison qui a été gagnante permettant à certains pays (la France en l’occurence) de pousser le ‘bouchon’ un peu plus loin dans l’exigence vis-à-vis des Iraniens tout en restant dans le cadre commun.

5. Le rôle notable de 3 hauts représentants

Au final, c’est la personne même du Haut représentant de l’UE qui a assuré le lien, le liant, la persistance de l’esprit de dialogue, même aux pires moments entre les Iraniens, et entre les différents membres du E3+3. Chacun avec son caractère, son entregent, ses défauts (et ses qualités) a assuré la persistance durant ces 12 années de négociation avec l’Iran de cette double approche européenne, sans vraiment dévier de la trajectoire. Cela aussi est notable à remarquer : l’Europe n’a pas dévié de sa doctrine. Javier Solana d’abord, toujours disponible par téléphone pour ses interlocuteurs iraniens ; Cathy Ashton ensuite qui avait su gagner la confiance et l’estime de plusieurs des négociateurs autour de la table, notamment le Russe Sergueï Lavrov peu enclin aux élans amicaux, et Federica Mogherini ensuite qui a su conclure la négociation jusqu’à la note finale des signatures sur cet accord commun. Il y a, là eu, un tiercé gagnant que le négociateur iranien, Mohammad Javad Zarif – qui était présent en 2004 lors du premier accord avec les Européens aux côtés de Hassan Rohani, aujourd’hui président de la république iranienne – a tenu à rappeler.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Sur l’accord et les négociations avec l’Iran, lire aussi sur le Club

Prawy Sektor tente le coup de force en Ukraine

Mon, 13/07/2015 - 14:02

(B2) Même si tous les regards en Europe sont tournés vers la Grèce, il faut garder l’esprit alerte sur ce qui se passe dans les environs, notamment en Ukraine où un nouveau front intérieur pourrait s’ouvrir. La tension entre les membres de Prawy Sektor, un groupe paramilitaire d’extrême-droite (voire néo-nazis pour certains), et les forces gouvernementales de Kiev a éclaté.

Une fusillade à Mukachevo

Deux personnes (de Prawy Sektor) auraient été tuées au moins lors d’une fusillade qui a éclaté samedi (11 juillet) dans un café de Mukachevo, ville de Transcarpatie à l’ouest de l’Ukraine, non loin des frontières hongroise et slovaque. Une fusillade les a opposé à la police et aux gardes-corps de Mikhailo Lanyo, député et ancien du parti des régions. Plusieurs blessés ont également été amenés à l’hôpital – civils, policiers – dont au moins un dans un état critique, selon le rapport publié par les observateurs de l’OSCE cette nuit. Les militants de Prawy Sektor se seraient ensuite réfugiés dans la forêt. Les autorités entendent désarmer ces mouvements divers qui pourraient apparaître comme une menace pour la sécurité.

Une remise au pas des mouvements « autonomes » ?

Certains représentants du mouvement paramilitaire, estimant qu’ils sont victimes d’une volonté du gouvernement d’éliminer les bataillons de volontaires, ont indiqué qu’ils allaient retirer leurs combattants – notamment du 5e bataillon – des zones de guerre, selon le KyevPost, qui mentionne également l’implication des paramilitaires dans la contrebande de cigarettes. Ils ont été manifesté, bruyamment, à Kiev, devant le palais présidentiel

(NGV)

Le rapport des observateurs de l’OSCE (12.7)

On 12 July, the SMM dispatched a patrol of the Ivano-Frankivsk-based team to monitor events in the wake of an armed incident that reportedly occurred the previous day in Mukachevo (Zakarpattia region, 605km south-west of Kyiv). According to media reports, at least two people were killed – reportedly members of the Right Sector (Pravyi Sektor) – and several others were wounded in a shootout at a café allegedly owned by a member of parliament (Verkhovna Rada).

On its way to Mukachevo, the SMM observed heightened security measures, including several police checkpoints. At one such checkpoint, north of Mukachevo, about 2km from the alleged incident scene, the SMM saw the Security Service of Ukraine (SBU) arriving, with ten armoured vans and two minibuses. At the time, the scene itself was made inaccessible by law enforcement for security reasons.

The SMM met together with the Mukachevo mayor, deputy mayor, and a police spokesperson. According to the interlocutors, a task force from Kyiv, comprised of the SBU, the National Guard and the Prosecutor General’s Office, was in charge of the on-going post-incident operation. According to them, other Right Sector members involved in the incident had hidden in a forest. At 18:02, near Stryi (120km north-east of Mukachevo), the SMM saw a Ukrainian Armed Forces convoy moving towards Mukachevo, comprised of 11 APCs, two trucks loaded with soldiers and one fuel truck.

The SMM spoke with the Mukachevo hospital director and two of his deputies, who said a man with a gunshot wound in his head, admitted to hospital on 11 July, was still in a critical state. According to them, on the same day five wounded civilians and five police had been admitted to hospital. On 12 July, they added, police had brought to hospital one dead body, and the SBU had brought two seriously wounded persons. They said three civilians and three police admitted the previous day had been discharged today. The SMM will continue to monitor the situation.

Unis pour le meilleur, désunis pour le pire ?

Sun, 12/07/2015 - 16:32

Un superbe instantané au sein de l’Eurogroupe ce 12 juillet (crédit / Conseil de l’UE)

(BRUXELLES2) Les ministres des Finances de la Zone Euro sont en train de faire un (très) mauvais sort à l’Europe politique, au poids de l’Europe dans le monde et à l’idée européenne, tout simplement. Disputes de chiffonniers, rodomontades devant les médias, populisme de bas aloi, démocratie réduite au plus strict minimum… Et l’ego, le psycho, pour ne pas dire l’égoïsme et le ressentiment qui prennent le pas sur la politique et la raison. Tout est là pour montrer au monde ce que l’Europe peut avoir de pire et non ce qu’elle peut avoir de meilleur. Aujourd’hui un ‘vrai’ Européen a mal au coeur devant ce spectacle de bas étage.

Quelle Europe dans le monde demain

Je plains demain les diplomates européens, la Haute représentante de l’UE ou Donald Tusk, le président du Conseil européen, et même chacun des pays européens quand ils iront demain parcourir le monde pour expliquer aux Burundais comment faire une élection, aux Maliens comment construire un Etat, aux Népalais comment rebâtir une économie basée sur le tourisme, en insistant à chaque fois sur la nécessité de bâtir un Etat, de respecter le vote démocratique, de travailler ensemble au plan régional ou de faire la paix… La parole européenne risque d’être plutôt décrédibilisée.

Un processus de décision totalement « adémocratique »

Au plan européen, nous révélons, en effet, totalement incapables de faire ce que nous prônons à l’extérieur. Les discussions au sein de l’Eurogroupe sont atterrantes et aberrantes. Elles sont tout sauf transparentes et démocratiques. Dans quel pays laisserait-on, en effet, un ministre des Finances décider seul, avec quelques conseillers, de l’avenir du pays ? Voire de faire des déclarations intempestives sur les relations politiques avec un autre pays ? Une décision sur la Grèce, et encore plus sur le Grexit, ne peut évidemment pas se prendre sous le seul angle financier. C’est une décision purement politique. Avec ce type de raisonnement, jamais les pays baltes ou la Slovaquie ne seraient rentrés dans l’Union européenne.

Une incapacité de faire ensemble ?

Ces négociations donnent une image pitoyable de l’Europe non seulement pour ses citoyens mais aussi pour le reste du monde. Qu’est-ce que l’Europe aujourd’hui ? Une communauté de valeurs et de principes ? Une union de peuples et d’Etats ? On en semble loin… L’Europe est-elle devenue une boutique avec un étalage mal assorti, où certains participants veulent bien les bénéfices mais pas les pertes ? Sur tous les dossiers récents, la solidarité européenne peine aujourd’hui à s’exprimer. Quand il y a un risque, terroriste, au Mali ? Pas grand monde ne veut vraiment s’exposer. Quand il y a des migrants et réfugiés en nombre qui arrivent sur plusieurs plages en Europe, une large minorité d’Etats refuse d’assumer une part du fardeau ? Avec des arguments qui frisent le nationalisme voire le racisme (et pas uniquement en Hongrie souvent montrée du doigt)… Quand la Grèce est dans l’incapacité de régler ses dettes, on semble vouloir la laisser se débrouiller ? … L’Europe est-elle devenue la somme de ces égoïsmes. A-t-on parcouru tout ce chemin depuis des années, avec des hauts et des bas, pour en arriver là, ?

Redressez-vous ?

Non ! L’Europe n’a pas été conçue comme une SARL – une société à responsabilité limitée. C’est une Union personnelle, entre des peuples et des Etats. Et ces peuples et ces Etats ont des visions et des niveaux de développement différents. Le rôle des responsables politiques n’est pas de flatter les idées les plus viles qui sommeillent en chacun de nous, mais de remuer le meilleur, de titiller l’excellence… Les gouvernement baltes, slovaques ou finlandais qui font actuellement de la surenchère à qui sera le plus cinglant envers les Grecs, feraient bien de faire attention. A force de refuser la solidarité, ils risquent de se retrouver un jour sous le marteau de l’enclume. Dans 5 ou 10 ans, qui sait … (*) Et, ce jour-là certains souvenirs remonteront à la surface. La solidarité ne fonctionne pas à sens unique… Et il n’est jamais bon d’humilier un Etat ou un peuple…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Sans attendre jusqu’à là, le renouvellement des sanctions sur la Russie en janvier prochain comme la discussion des fonds structurels lors de la mid-term review qui commencera prochainement pourrait donner lieu à de sérieux retours de manivelles

Le Godetia rentre à Zeebruges. Mission « Triton » terminée…

Sat, 11/07/2015 - 19:16

Le Godetia en mer Méditerranée (crédit : armée belge)

(B2) Le Godetia, navire de soutien logistique belge, qui participait à l’opération de sauvetage en mer Méditerranée, rentre à son port d’attache, Zeebruges, ce dimanche (12 juillet). Depuis fin mai, il participait aux renforts pour l’opération Triton. Il a ainsi recueilli à bord un total de 1 617 réfugiés, remis par la suite aux autorités italiennes. Après la pause d’été, le Godetia devrait participer à la NRF martiime (NATO Response Force), « comme navire de soutien logistique pour l’escadre permanente de lutte contre les mines de l’OTAN, composée de six chasseurs de mines », précise l’état-major belge.

La Commission ne veut pas du Grexit, ce serait un échec collectif majeur (Pierre Moscovici)

Fri, 10/07/2015 - 18:14

Pierre Moscovici avec JC Juncker (crédit : CE)

(B2) A quelques heures d’une réunion décisive des ministres des finances et des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Zone Euro, Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé de l’Economie et des Affaires financières, a bien voulu répondre à nos questions. Au-delà d’un réel engagement européen, et d’une volonté d’aboutir à un accord avec les Grecs et l’ensemble de la Zone Euro, on sent aussi comment la confiance a pu être ébranlée par la négociation des derniers mois…

Jusqu’où l’Europe doit-elle aller pour maintenir la Grèce dans la zone euro ?

La situation est partagée. Il existe indéniablement chez beaucoup de chefs d’Etats et de gouvernement, chez la plupart des ministres des Finances, qui ont été confrontés à la situation avec plus d’une dizaine d’Eurogroupes depuis l’élection de Alexis Tsipras, une lassitude, parfois une irritation, en tous les cas, un manque de confiance qui doit, maintenant, être comblé. Il est certain qu’il faut tenir compte de cette donnée qui n’est pas que psychologique. De l’autre côté, il y a un sentiment de responsabilité partagée, un attachement à la zone Euro. Et la Zone Euro, c’est 19 membres, pas 18. Tout le monde est conscient de cette responsabilité. Pour arriver à réconcilier ces deux dimensions, il n’y a qu’une voie, c’est de dépasser les irritations, de surmonter, la lassitude, de transformer la responsabilité en volonté.

On sent beaucoup de pathos dans ce dossier, c’est la Grèce historique, la Grèce de Platon tout de même qui est là face à nous ?

C’est vrai. La Grèce n’est pas insignifiante dans l’histoire européenne. Elle ne l’est pas dans la démocratie, dans la philosophie, dans la poésie, la littérature, elle ne l’est pas à travers son histoire dramatique. C’est un des cœurs de la civilisation européenne. C’est sûr qu’il y a une dimension affective, sentimentale, culturelle, majeure, qui explique que tout le monde y passe autant de temps. Mais, au final, ce n’est pas quand même pas la psychologie qui l’emporte, c’est l’action et ce sont les actes. Il ne s’agit pas de savoir si on fait un accord avec Platon ou Homère, mais de savoir si la Grèce aujourd’hui est capable de réformer son économie pour se mettre à niveau de ce qu’implique l’appartenance à la Zone Euro.

Vous pensez justement que la Grèce est capable de faire encore un plan de réformes ?

Oui. Je pense qu’ils sont capables de le faire. J’ai senti cette semaine pour la première fois, se nouer un débat, au niveau nécessaire. Ils ont cette capacité, il faut qu’ils en aient aussi la volonté, la responsabilité. Mais ce qui compte, ce n’est pas le ton, ce sont les actes. Ce n’est pas le style, ce sont les positions. Il arrive un moment où on doit passer à l’acte, où on doit délivrer, comme disent les anglo-saxons. Ce moment est arrivé. C’est l’heure de vérité…

On est au moment critique alors ?

C’est vrai. Nous sommes dans la dernière ligne droite. C’est la négociation de la dernière chance. Ce week-end est un week-end décisif, je ne dirai pas historique car ce n’est pas la fin de l’histoire. Dans l’hypothèse positive, on n’en aura pas, en effet, terminé avec ce dossier. Et on commencera à négocier un programme d’assistance.

Sur quelle base va-t-on négocier ?

La première demande du programme d’assistance financière est arrivée hier matin (mercredi) avec des promesses de réforme qui ont été plutôt bien accueillies, notamment sur la partie fiscale, la TVA, et les retraites. Mais nous attendons maintenant comme base d’un accord possible, des propositions concrètes, complètes, tangibles, précises de Alexis Tsipras. C’est surtout cette base là que se nouera, ou non, cette négociation de la dernière chance, d’ici dimanche

Comment pouvez-vous en 24 heures analyser que le plan est crédible ?

Nous avons déjà toutes les données et connaissons tous les paramètres. Les cinq derniers mois n’ont pas été inutiles. Nous allons regarder si le programme qui nous est fourni est, d’abord, sérieux sur le plan économique ; ensuite, financièrement soutenable, en prenant en compte les données économiques et financières du pays qui ne se sont pas améliorées ces derniers temps.

Pourquoi ne pas reprendre le plan proposé auparavant ?

On ne peut pas faire un copier-coller. La situation d’incertitude a eu un impact massif sur l’économie grecque qui est maintenant en récession. Les données financières se sont détériorées. La fermeture des banques n’a pas aidé. Les données financières se sont détériorées. Nous devons évaluer le sérieux économique, la soutenabilité financière, la cohérence d’ensemble.

La restructuration de la dette n’est-elle pas une clé de la négociation ? Je crois que vous n’aimez pas ce mot de « restructuration », parlons de soutenabilité de la dette alors ?

Cette question devra être traitée le moment venu. Mais en son temps. Aujourd’hui, le processus est clair. Il y a sur la table, une demande de programme d’assistance financière. Et il y a des remboursements qui doivent être faits, à hauteur de 4,22 milliards pour le 20 juillet. Ce qui doit être décidé ce week-end, c’est si premièrement, des ressources financières sont dégagées pour permettre à la Grèce de procéder à ce remboursement alors que Grèce n’a pas ses ressources Deuxièmement, si les négociations s’engagent pour un nouveau programme, Et pour çà il faut une autorisation de certains parlements, à commencer par le parlement allemand, le Bundestag. Dans ce contexte, on pourra alors parler de la dette dans un cadre qu’il convient de définir. Enfin, la condition de tout, ce qui déclenche le financement et les négociations : ce sont les réformes.

L’Etat grec est-il à la hauteur ?

Le vrai problème, dans cette affaire depuis l’origine, c’est que la Grèce n’a ni une économie ni un Etat qui soit à la hauteur qui implique l’appartenance à la Zone Euro. Si nous demandons des réformes, ce n’est pas pour infliger plus d’austérité au peuple grec. Il n’y en aura pas. C’est pour que ce pays fasse enfin des réformes pour lui permettre d’avoir une économie moderne, de se mettre à niveau de ses partenaires, de retrouver le chemin de la croissance, de l’emploi et de la justice sociale.

Qu’est-ce qui convaincra tout le monde ?

La qualité des réformes et la capacité du gouvernement grec à les mettre en œuvre. Il est important d’avoir une liste d’actions prioritaires, avec des réformes qui soient votées dans les prochaines semaines voire les prochains jours. C’est un critère. La réforme fiscale et de la réforme des retraites notamment. Il faut enclencher un cycle de réformes.

Mais le peuple grec souffre de ces réformes sans cesse ?

Je suis conscient des sacrifices que cela demande au peuple grec. C’est pour lui que nous agissons. Tout le monde sait la souffrance qu’il a endurer : la perte de 25% de PIB, les 50% de jeunes au chômage, les 30% de Grecs sous le seuil de pauvreté. C’est la raison pour lequel il est nécessaire aussi d’envisager un plan d’aide humanitaire. La Commission européenne y est bien sûr prête.

On pourrait se dire après tout, allez les Grecs hors de la Zone Euro, non ?

Non. Le Grexit serait un échec collectif. Nous ne devons pas nous y résigner. Nous devons faire notre devoir, agir en responsabilité, faire preuve de solidarité à l’égard de la Grèce mais, en même temps, faire preuve d’exigence, non pas une exigence idéologique mais une exigence pour le bien de la Grèce et des Grecs.

Le Grexit n’est donc pas une solution ?

Ce n’est pas une solution que souhaite la Commission européenne. La Commission ne veut pas du Grexit. Depuis des mois, depuis des années, la Commission est mobilisée pour l’intégrité, l’irréversibilité de la Zone euro. Et la Zone Euro, c’est à 19 ! Le Grexit serait un échec collectif, majeur. Nous ne devons pas nous y résigner.

Pourtant, vous travaillez bien sur un scénario de sortie ?

Nous ne sommes pas en train de travailler de manière équivalente sur les différents scénarios. En même temps, la responsabilité de la Commission est de se préparer à toutes les situations. Si d’autres éventualités que celle que nous souhaitons – un bon accord – surviennent, on saura faire face.

Y-aurait un risque de contagion ?

La Zone euro est solide, elle a tous les pare-feux nécessaires pour se prémunir d’un choc. Nous sommes prêts à toutes les éventualités. Mais, encore une fois, ce n’est pas là dessus que nous travaillons. Ce n’est pas ce que nous souhaitons.

Au-delà des conséquences économiques pour la Grèce, le Grexit serait un aveu d’échec politique pour l’Europe également ?

C’est le projet politique de l’Euro qui serait entamé. L’Euro est une monnaie unique. Cela suppose l’intégrité — tout le monde y est — et l’irréversibilité — tout le monde y reste —. Un Euro dont on pourrait partir deviendrait une simple zone de taux de change fixe. Et l’histoire monétaire a prouvé que les zones de taux de change fixe ne survivent pas dans la durée. Etant attaché à l’idée de l’Euro, je suis attaché à l’irréversibilité de l’Euro. Cela ne veut pas dire qu’il faut le souhaiter à tout prix. On en connait le prix, les conditions. Les conditions, ce sont que les réformes proposées par le gouvernement Tsipras soient crédibles et les engagements à mettre en œuvre soient solides.

… Et un sacré encouragement à tous ceux qui veulent la fin de l’Euro, et aux extrêmes ?

Je crois que spontanément, intuitivement, les Européens sont attachés à l’Euro. Car ils savent que c’est un élément de stabilité, de force, d’ancrage tout à fait essentiel. On ne doit pas jouer avec çà. Les populistes jouent avec ce sentiment. Nous ne devons pas leur céder. C’est vrai que çà fait aussi des paramètres dont on doit tenir compte, dans tous les pays européens. Il ne faut jamais céder au populisme, jamais.

Nicolas Gros-Verheyde

version longue de l’interview de P. Moscovici publiée ce matin dans Ouest-France et Sud-Ouest

Le Grexit sera-t-il la dernière pièce du jeu grec?

Thu, 09/07/2015 - 23:15

(B2) Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, ne jouerait-il pas finalement le Grexit, acculant les Européens à se résoudre à cette solution ultime. « C’est une question sur laquelle on s’interroge tous » nous a confirmé un haut diplomate européen reflétant ainsi le sentiment général. « De plus en plus de pays se demandent ouvertement quel est le plus grand risque : celui de voir la Grèce quitter la Zone Euro ou qu’elle y reste. Pour les Allemands, par exemple, le maintien de la Grèce dans la Zone Euro devient une faiblesse. »

Demain, c’est toujours demain !

Intervenant devant le Parlement européen à Strasbourg, mercredi, le Premier ministre Alexis Tsipras n’a rien fait pour démentir vraiment ces craintes. Certes il a bien promis de proposer de présenter « demain (ce jeudi), des propositions concrètes pour un accord juste, des propositions de réforme fiables ». Et il affirme ne pas vouloir la rupture. « Le choix du peuple grec n’est pas la rupture avec l’Europe. Mais le retour aux principes fondateurs : démocratie, égalité, dialogue ». Mais ce n’est pas la première fois que le gouvernement grec fait cette promesse. Et la lassitude gagne même ceux les plus enclins à comprendre. « Vous parlez de réformes mais on ne voit jamais de propositions concrètes de réformes » a souligné Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et chef du groupe libéral et démocrate au Parlement européen, particulièrement énervé durant la séance de ce mercredi. « Pour le gouvernement grec, c’est chaque fois ‘demain’», avait déjà indiqué la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaitė, qui ne croit plus à la bonne foi d’Athènes. L’option du Grexit imposé deviendrait pour Alexis Tsipras, l’équivalent moderne de la lutte des classes, non une finalité, mais un moyen, pour pousser les Européens à une révolution interne.

Un scénario préparé par les institutions au cas où…

Les institutions européennes qui s’étaient d’ailleurs jusqu’à présent refusées d’envisager une sortie de la Zone Euro l’évoquent désormais ouvertement… et s’y préparent activement. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a reconnu « préparer un plan en cas de Grexit ». « Il appartient aux autorités grecques de rester dans la zone euro » a précisé le vice-président de la Commission, chargé de l’Euro, Valdis Dombrovskis. La Commission ne souhaite « exclure aucun scénario. C’est un signe de sens de responsabilité que de se préparer au pire. Nous espérons œuvrer pour le mieux. Mais nous nous préparons au pire » a justifié, mercredi, face à la presse, Mina Andreeva, la porte-parole adjointe de la Commission européenne.

Le gong sonne trois coups

« Le temps est complètement passé » indiquait mardi le Premier ministre néerlandais Mark Rutte « Soit un petit miracle se réalise et les Grecs présenteront des propositions sérieuses et crédibles, soit les Grecs ne le font pas, avec toutes les conséquences que cela comporte pour l’économie grecque ». La Grèce a déjà soumis une demande d’aide. Mais hier soir, elle n’avait pas encore présenté ce qu’attendent tous les créanciers et les Etats membres : un programme de réformes. Athènes a jusqu’à minuit ce jeudi pour le présenter. Ce plan d’austérité devra ensuite être « jaugé » par les « institutions » représentant les créanciers (Commission européenne, Banque centrale européenne, FMI) avant d’être soumis à l’Eurogroupe samedi et au Sommet des 28 dimanche. Plus que trois jours avant le gong final !

Un avis des services juridiques

Selon les informations que j’ai recueillies, les services juridiques de la Commission comme du Conseil de l’UE ont été consultés sur les procédures à suivre. Un préalable nécessaire dans cette affaire. Les traités en vigueur ne prévoient, en effet, aucune porte de sortie pour la Zone Euro. La seule possibilité prévue est celle de sortie de l’Union européenne. Mais l’un n’est pas lié à l’autre automatiquement. Selon le résultat de cette consultation, une des possibilités utilisables, en l’absence d’autre disposition, est d’utiliser l’article ‘fourre-tout’ (article 352 *) du Traité, qui permet toute autre action que n’aurait pas prévu le Traité. Mais cela nécessite …. l’unanimité de tous les Etats membres pour ce type de décision.

Une décision de Grexit ne pourrait donc être approuvée sans l’aval — ou au moins l’abstention constructive —  de la Grèce comme des Etats non membres de la Zone Euro, ainsi que du Parlement européen ! Si un seul pays met son veto à cette décision, le Grexit ne serait donc pas possible. Et l’Europe se retrouverait dans une situation impossible, voire encore plus confuse. Une question ultra sensible. C’est la raison, entre autres, de la convocation par Donald Tusk d’un sommet à 28, dimanche, pour que tous les Etats membres soient associés à l’irrévocable…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier publié dans une première version dans Sud-Ouest jeudi matin et rallongé et détaillé notamment sur les aspects juridiques

Article 352 = Si une action de l’Union paraît nécessaire, dans le cadre des politiques définies par les traités, pour atteindre l’un des objectifs visés par les traités, sans que ceux-ci n’aient prévu les pouvoirs d’action requis à cet effet, le Conseil, statuant à l’unanimité sur proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen, adopte les dispositions appropriées. Lorsque les dispositions en question sont adoptées par le Conseil conformément à une procédure législative spéciale, il statue également à l’unanimité, sur proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen.

Pour écouter le débat sur la Grèce au Parlement européen (Tsipras, Tusk)

Wed, 08/07/2015 - 10:09

(B2) Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, était devant le Parlement européen ce mercredi (8 juillet), pour informer sur la situation grecque, ainsi que le président du Conseil européen, Donald Tusk et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker qui ‘débrifaient’ les députés européens sur

Pour réécouter les interventions principales :

Regardez le fil video (streaming) en direct du Parlement européen :

Le ZM403, le troisième A400M britannique à la maison

Wed, 08/07/2015 - 10:04

crédit : Pilote A400M Uk

(B2) De son petit nom, il s’appelle ZM403…. C’est le troisième A400M, le nouvel avion de transport militaire d’Airbus, à arborer la cocarde de la Royal Air Force (RAF). Et il a rejoint « la maison », se posant dans la nuit de dimanche à lundi (6 juillet), sur la base de Brize Norton, dans l’Oxfordshire après un vol de 2 h 1/2 en provenance de l’Espagne, où l’appareil européen est assemblé.

Avant la pause des vols en mai / juin, du à l’accident de Séville (lire : Crash d’un A400M à Séville), les deux premiers Atlas A400M britanniques ont déjà réalisé plus de 405 heures de vol » précise la RAF. Et le premier avion – le « Ville de Bristol» – a effectué « sa première mission opérationnelle à Chypre en mars ».

 

L’aéronef participera « d’abord à des opérations de basse intensité » mais « une fois toutes les exigences du Royaume-Uni acquises, il pourra assurer le parachutage et le ravitaillement en haute altitude, du largage de haute précision et disposera de capacités avancées d’auto-défense ».

NB : Le Royaume-Uni a passé commande de 22 appareils A400M pour un coût global de participation au programme de 2,75 milliards de Livres.

(NGV)

Un bateau piégé au large de la Libye. Interpol lance une note d’alerte

Tue, 07/07/2015 - 23:50

(B2) Interpol a émis, selon le site Migrant Report, un avertissement aux pays opérant dans la Méditerranée d’être sur le qui-vive sur une tentative des militants de l’organisation de l’Etat islamique (ISIL) en Libye d’effectuer une sorte d’opération en mer au cours des prochains jours.

C’est une crainte réelle des différents services qui travaillent sur la Méditerranée aujourd’hui, surtout depuis que l’Etat islamique a pris certaines villes du rivage comme Syrte, selon les informations recueillies par B2. Il serait relativement facile d’équiper un navire lesté d’explosifs et de le diriger soit vers un navire marchand (tanker, méthanier, etc.) qui croise au large, soit vers un navire militaire. L’exemple du destroyer américain USS Cole, atteint par une embarcation piégée le 12 octobre 2000 dans le port d’Aden, est dans tous les esprits.

NB : Même si l’effet en termes militaires pourrait ne pas être très important, l’effet économique ou politique pourrait être redoutable. L’attaque sur un navire marchand aurait pour effet immédiat de limiter le passage des navires et d’augmenter de façon drastique le coût des assurances.

(NGV)

Angela et François recollent les morceaux. Reste à convaincre les autres

Tue, 07/07/2015 - 01:22

(crédit : Elysée)

(B2) A l’Elysée, ce soir, Angela Merkel et François Hollande se sont retrouvés pour une soirée de travail. Au menu : réunion + diner. Objectif : afficher un message à peu près commun en public. Et affiner en privé les différentes positions pour éviter la répétition des réunions précédentes où le clan des « durs » l’a emporté face. Car l’essentiel pour le couple franco-allemand est là : réduire ses différences, pour réduire le champ des extrêmes en Europe.

Les discours des deux leaders sont très proches avec quelques nuances cependant si on les lit de près.

1. « Nous prenons acte du résultat et nous respectons le vote des Grecs, parce que l’Europe, c’est la démocratie. « (Fr. Hollande) « Nous respectons cette décision. Le référendum, c’est le vote d’un pays démocratique et souverain et nous devons maintenant vivre avec cette décision. » (A. Merkel)

1bis. « Nous avons aussi entendu le message de tous les partis démocratiques grecs qui se sont réunis aujourd’hui et qui ont réaffirmé ensemble, leur volonté que leur pays reste dans la zone euro. « (Fr. Hollande)

2. « La porte est ouverte aux discussions » (Fr. Hollande / A. Merkel)

3. « En même temps, les conditions préalables pour rentrer dans de nouvelles négociations sur un programme concret du mécanisme européen de stabilité, ne sont pas encore réunies. » (A. Merkel)

4. « Il revient maintenant au gouvernement d’Alexis TSIPRAS de faire des propositions sérieuses, crédibles pour que cette volonté de rester dans la zone euro puisse se traduire avec un programme qui donne de la durée. » (Fr. Hollande). « Des propositions tout à fait précises du Premier ministre grec, un programme qui permettra également à la Grèce de retrouver la prospérité. » (A. Merkel)

5. « Il n’y a plus beaucoup de temps et il y a urgence ; urgence pour la Grèce, urgence pour l’Europe » (Fr. Hollande). « Il est urgent d’avoir ce type de proposition pour que nous puissions trouver une sortie de la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui. » (A. Merkel).

6. Le rôle du Sommet est primordial. « Il reviendra aux chefs d’Etat et de gouvernement de définir une position à partir des propositions qui seront faites par la Grèce. C’est une question aussi de visibilité, de crédibilité et je dirais même de dignité.» (Fr. Hollande) « Nous allons voir également quelle sera la réaction des 18 autres pays, ça aussi, c’est la démocratie, nous avons une souveraineté partagée, nous sommes 18 à avoir la même monnaie, donc tout le monde doit être responsable et faire preuve de solidarité. » (A. Merkel)

7. « L’Europe est face à cette responsabilité. L’Europe n’est pas simplement une construction économique, monétaire, financière. L’Europe, c’est un ensemble fondé sur des valeurs, des principes, sur une conception ; une conception du monde, pas simplement de notre continent, une conception fondée sur la liberté, sur l’ouverture, aussi sur le respect. (Fr. Hollande)

8. « Dans cette Europe, il y a place pour la solidarité ; la solidarité est partout en Europe et elle doit l’être encore davantage ; mais il y a aussi la responsabilité. C’est cet équilibre entre responsabilité et solidarité qui doit être notre ligne de conduite pour les jours qui viennent. (Fr. Hollande) La solidarité, nous avons déjà fait preuve de beaucoup de solidarité avec la Grèce et la dernière proposition qui a été faite était très généreuse ; et d’autre part, l’Europe ne peut qu’être cohérente et rester unie aujourd’hui dans une époque où les défis en matière de terrorisme ou encore de réfugiés, est d’autant plus importante, il faut que chaque pays assume également sa propre responsabilité.(A. Merkel)

Commentaire : Le sort de la Grèce dans la zone euro mentionné à plusieurs reprises par le président Hollande n’est pas expressément mentionné par Angela Merkel. Au contraire, celle-ci a commis une phrase étrange : « nous sommes 18 à avoir la même monnaie » (un lapsus ou est-ce une erreur du transcript transmis par l’Elysée),

(NGV)

La Grèce, c’est (bien) compliqué (Dombrovskis)

Mon, 06/07/2015 - 23:33

Valdis Dombrovskis aujourd’hui face à la presse (crédit : EBS / B2)

(BRUXELLES2) Pour les institutions européennes, le sort de la Grèce après le référendum « c’est compliqué »… Valdis Dombrovskis, le vice-président chargé de l’Euro et du Dialogue social, l’a répété sur tous les tons, à chacune des questions, que les journalistes lui ont posé lors de la conférence de presse quotidienne qui se tient au Berlaymont. Maintenant c’est place à la négociation en quelque sorte. « Tout le monde doit se retrouver autour d’une table. (…) Si tout le monde travaille bien, il est possible de trouver une solution même dans ce contexte… complexe ! »

C’est compliqué !

L’ancien Premier ministre letton — qui avait démissionné au lendemain de la catastrophe du supermarché de Riga (54 morts) (lire : La catastrophe de Riga. Inaperçue) —, avait été envoyé au charbon par Jean-Claude Juncker pour déminer le terrain face à la presse. ">Son discours froid, méthodique, sans aucune chaleur humaine pour le sort des citoyens grecs, ne pouvait en aucune manière faire de l’ombre au plan politique à celui qu’aurait pu faire le président de la Commission. Il s’en est tiré très bien ne lâchant rien d’autre que « c’est compliqué ». Un peu comme ces profils ‘facebook’ où les intervenants pour marquer qu’ils ne sont plus tout à fait mariés, mais ne veulent pas s’afficher encore célibataires, voir pluricélibataires affichent que, bon, c’est compliqué. En fait, Valdis sous des dehors très froids, doit avoir beaucoup d’humour et a voulu envoyé un message subliminal aux journalistes. On est au bord de la séparation…

">Le Non complique tout

">« La Commission européenne prend note du résultat du référendum d’hier en Grèce. ">Nous respectons le choix démocratique du peuple grec » a-t-il précisé. Cela a été la seule concession au vote démocratique. Car V. Dombrovskis a immédiatement essayé de contester la validité du référendum « La question posée au référendum n’était pas correcte. Car elle reposait sur un projet qui n’était pas approuvé par l’Eurogroupe. Et ce n’était pas la dernière mouture. Le seul fondement du référendum était politique. » Et d’ajouter que le vote ‘Non’ ne faisait « qu’affaiblir la position gouvernement hellénique ». Car ">« ">le «non»  élargit malheureusement l’écart entre la Grèce et d’autres pays de la zone euro.

">Beaucoup de temps perdu, la faute à Tsipras…

">« Beaucoup trop de temps et trop d’occasions ont été perdues » "> a précisé ensuite Valdis Dombrovskis, un peu amer. « L’Europe a toujours été au côté du peuple grec pendant la crise. ">Les contribuables européens ont offert une aide financière sans précédent. Depuis 2010, 184 millions d’euros ont été décaissés de la facilité de prêt à la Grèce et du Fonds européen de stabilité financière » a-t-il précisé.

">Mais « ">Les réformes ont souvent été retardées ou mis en œuvre que partiellement, amenant une récession prolongée et des réformes plus difficiles à mettre en œuvre plus tard. ">Il y a seulement huit mois, la Grèce avait finalement tourné la page, l‘économie était en pleine croissance, l’investissement commençait à reprendre, et des emplois étaient de nouveau en création. ">Le pays était proche d’un retour sur les marchés et de mettre fin à son programme de sauvetage à la fin de l’année dernière. ">Malheureusement, le gouvernement grec actuel n’a pas été en mesure d’utiliser l’extension (de programme) pour produire une stratégie crédible, pour sortir de cette crise, retrouver la stabilité financière et le retour à la croissance économique. »

La place de la Grèce dans l’Europe… mais dans la Zone d’euro

La Commission est prêt à utiliser tous les moyens dans le cadre de notre mandat » a-t-il ajouté. « Une chose est claire. La place de la Grèce est dans l’Europe. » En revanche, il a refusé de répondre de façon précise si la Grèce avait toujours un avenir dans la Zone Euro. « Le résultat du référendum a évidemment compliqué les choses » a-t-il affirmé B2 lui a posé la question. « Il faut à partir de là choisir la voie à suivre, pour développer un plan clair, retrouver la stabilité financière, revenir à la croissance économique, et aussi répondre à la préoccupation sociale. »

">Pas de nouveau programme sans mandat de l’Eurogroupe

">C’est l’autre leitmotiv de l ">‘exécutif européen. "> « La Commission est prête à continuer à travailler avec la Grèce. ">Mais pour être clair, la Commission ne peut pas négocier un nouveau programme sans mandat de l’Eurogroupe. » etc. ">Et « le résultat d’hier marque un rejet de réformes proposé, dans une large mesure, par les autorités grecques elles-mêmes, et liés à un programme de soutien maintenant expiré pour la Grèce. »

La restructuration de la dette : c’est compliqué !

Quant à la restructuration de la dette… « c’est compliqué. l’Eurogroupe a annoncé en 2012 un débat sur ce sujet une fois le programme FSEF parachevé. Malheureusement, le programme du FSEF n’a pas été parachevé, il reste en suspens, pas terminé. Dès lors cette offre n’est plus d’actualité, comme la totalité du programme. Il faut reprendre les discussions. ». Lors des discussions récentes, « on avait vu que les pays de la Zone Euro étaient prêts à se pencher sur l’endettement de la Grèce, et le coût du service de la dette. (Mais) c’est à l’Eurogroupe de décider du mandat de la Commission européenne et de décider si la question oui ou non de la dette doit être traitée. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Europolitique : la fin d’une époque ?

Mon, 06/07/2015 - 11:34

(B2) La nouvelle est arrivée en fin de semaine dernière. En pleine crise grecque, un des vétérans de l’actualité européenne, Europolitics (anciennement Europolitique ou Europe information Services), a mis la clé sous la porte. Les journalistes ont été avertis qu’ils pouvaient prendre leurs affaires. Le journal s’arrête. L’investisseur ne veut plus remettre la main à la poche. L’effet de « souffle » Politico est passé par là. Mais pas seulement sans doute.  Les « salaires » (*) ne sont pas payés pour juin. Un petit air de licenciement à l’américaine…

Europolitique a une histoire très particulière dans le panorama européen. Il été créé en 1972 par des journalistes de l’agence de presse agricole Agra, qui voulaient se démarquer de la seule publication existante à l’époque, l’Agence Europe, en ayant un traitement plus professionnel, plus indépendant aussi des institutions européennes. Il passera ensuite dans plusieurs actionnaires – essentiellement français – notamment le groupe Expansion, puis le groupe Siac (éditeur de publications agricoles, un retour au bercail en quelque sorte) et ensuite dans un autre actionnaire, de nationalité autrichienne, qui a fini par jeter l’éponge définitivement apparemment.

J’ai une tendresse particulière pour Europolitique non seulement car j’y compte beaucoup d’amis. Mais aussi parce que c’est une excellente école de journalisme. Nombre de personnes (portes-paroles, journalistes…) qui se trouvent à Bruxelles sont passés un jour ou l’autre sur les chaises d’Europolitique/Europolitics. Malgré les difficultés au quotidien, c’était aussi un des seuls médias où il y avait une certaine propension laissée aux journalistes pour travailler à leur guise. La pression était énorme certes. C’était la pression de l’actualité. Mais on pouvait quasiment écrire autant que l’on voulait. Un luxe aujourd’hui où la place est comptée dans les journaux.

Enfin, c’est un journal où, même si l’essentiel se déroulait en anglais, le « coeur » et le vivier restait francophone. Les nombreuses nationalités s’y croisaient – de l’ouest et de l’est, du sud ou du nord – voire s’y entrechoquaient. Et les points de vue – de droite ou de gauche – pouvaient trouver à s’y exprimer. Il n’y avait pas de pensée unique. Parfois les discussions pouvaient être intenses, non pas par un désaccord profond, mais par des divergences de vues, d’analyse, de positionnement géographique tout simplement. Les portes claquaient, même, de temps à autre… En bref, c’était une petite Europe, cette rédaction…

(NGV)

(*) Pour être exact, il ne s’agit pas de salaires. Tous les journalistes d’Europolitique sont employés comme « indépendants ».

Le Non Grec : Bruxelles n’a pas réussi à conquérir les coeurs et les esprits

Mon, 06/07/2015 - 00:23

(BRUXELLES2) Une fois de plus, le coeur européen a été battu largement lors d’une consultation par référendum. Une fois de plus, les sondages qui prédisaient un Oui-Non ont été totalement démentis. Une fois de plus, les Européens ont été abasourdis par le résultat, hésitant entre l’admonestation et le ton froid sans penser à chercher où était l’erreur. Est-ce pour autant l’idée européenne qui est vaincue ? Ou la façon de la défendre ? Je pencherai pour la seconde option.

Des informations distillées qui n’ont cessées d’être démenties par les faits

A écouter le martèlement qu’ont produit les différentes structures européennes, on avait comme un malaise à être Européen la semaine dernière. Les arguments utilisés étaient partiaux, qu’il s’agisse de l’analyse juridique et économique, et de l’appréciation politique. Que n’a-t-on en effet entendu dans les couloirs européens. Tout d’abord, le parlement grec n’allait pas voter pour l’organisation du référendum (c’était samedi 27 juin). Le parlement a voté à une large majorité. Deuxième ‘ligne de défense’ : ce référendum est illégal et il va être annulé par la justice. Cela n’a pas été le cas. Le Conseil d’Etat a validé l’organisation. Pour l’instant, personne ne conteste le résultat. La participation a été importante (62,5% selon les résultats définitifs) sans être pour autant massive mais suffisante pour donner un résultat incontestable. Troisièmement, l’organisation du référendum va entraîner immédiatement la coupure de toutes les lignes budgétaires de la Banque centrale européenne. Et, le chaos sera immédiat. Rien de tout cela n’est arrivé. Le Financial Times a même été jusqu’à prédire un prélèvement sur les comptes en banques… Enfin, on a laissé entendre que le Oui était tout proche de l’emporter. On en était presque à discuter de la constitution d’un gouvernement technique etc. Tout cela est tombé comme un château de cartes dès les premiers résultats partiels qui donnaient plus de 60% de Non. Un chiffre qui s’est confirmé et même amplifié au fil de la soirée avec 61,31% selon le résultat définitif. L’écart de voix entre le Non et le Oui : plus d’un million de voix étant assez notable.

S’inspirer de la théorie de la contre-insurrection

Il y a comme une ‘erreur système’ au dispositif européen qui martèle si fort des arguments tout aussi populistes et fallacieux que ceux qu’il prétend combattre. La volonté d’intégrer les peuples à la « chose » européenne paraissait bien lointaine. Les institutions européennes n’ont pas réussi à « Convaincre les coeurs et les esprits » comme en 2005 en France et aux Pays-Bas. Les dirigeants européens feraient bien de relire le général Petraus, qui a le plus récemment théorisé cette conception de la contre insurrection : « Gagner les cœurs signifie persuader la population que leur meilleur intérêt est servi par les succès des contre-insurgés. Gagner les esprits signifie convaincre la population que la force peut les protéger et que la résistance est inutile ». Comme dans les référendum en France et aux Pays-Bas en 2005, ce ‘Non’ n’est pas un refus à l’Europe ou à leur gouvernement, malgré ce que proclament certains commentateurs ou mouvements extrêmes. C’est un ‘Non’ à une certaine idée de l’Europe, lointaine, arrogante qui dit ‘moi je sais’, ‘il n’y a qu’un seul choix’, celui que je vous propos. Et vous êtes ‘un ignare, un incapable’.

A cent lieues des idées qui font la base de l’Europe

Dire que ce vote entraîne un « Grexit » automatiquement, voire la sortie de l’Europe, est un parfait exemple de cette attitude. Certes en terminant le dernier plan mis sur la table, fin juin, ce qui n’était qu’auparavant qu’une supputation devient une option de crise. Il n’est aujourd’hui tabou. Mais l’agiter comme une menace, la peur, a eu l’effet contraire de l’effet recherché. Chez certains responsables européens, notamment dans plusieurs Etats membres, était bien perceptible la volonté d’humilier la Grèce et les Grecs… Dans une sorte de chantage : c’est çà où le chaos. Si présente chez certains qu’elle ne pouvait que provoquer un vrai malaise chez ceux qui croient vraiment à l’idée européenne. Méconnaître, sous-estimer un adversaire est partir au combat avec un sacré désavantage. L’humilier au surplus, c’est la défaite assurée. « Ne poussez pas à bout un ennemi aux abois. » dit Sun Tzu.

Dans cette campagne, on était très loin des idées européennes à la fois de la solidarité, de l’intégration et de la négociation… en bref de la communauté et de l’union. L’objectif de l’Europe ce n’est en effet pas d’unir ce qui est semblable, c’est d’unir dans une communauté de destins des peuples et des Etats dissemblables, de les solidariser dans une union qui les rapproche et non pas les éloigne. Le raté de cette campagne éclair, c’est cela…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Dans la crise grecque, un manque de courage et de vision politique (Philippe Lamberts)

Sun, 05/07/2015 - 13:35

(BRUXELLES2) B2 a interrogé Philippe Lamberts, le coprésident du groupe des Verts au Parlement européen sur la crise grecque. Mathématicien, passé par le privé (chez IBM) avant de se lancer en politique, Philippe Lamberts incarne sans doute – avec quelques autres – ce qu’il peut y avoir de meilleur dans les eurodéputés. De solides convictions mais aussi un travail de fond. Un sens de l’à-propos mais aussi une réflexion sur le long terme. Le Vert s’est taillé une réputation en suivant les différentes réformes des marchés financiers mis en place au niveau européen. Et son point de vue aide à y voir plus clair…

Comment a-t-on pu échouer à trouver une solution avant le 30 juin ?

Du côté grec, beaucoup de choses pouvaient être acceptées à condition qu’il y a un engagement ferme sur la restructuration de la dette. Ce auquel on se refusait du côté européen. Ce qui est absurde car chacun sait que, de gré ou de force, il faudra restructurer la dette. C’est une position totalement idéologique. Le FMI voulait bien restructurer la dette mais avec des conditions au coût trop important. Le FMI et les Européens ont, en fait, combiné leurs inflexibilités et ont raté la négociation. On peut dire beaucoup de choses sur l’amateurisme et la volte face des Grecs. Mais que ne peut-on pas dire sur l’absence du sens de responsabilités des leaders politiques européens ?

Le référendum grec n’était pas vraiment opportune cependant ?

La convocation du référendum intervient à un moment bizarre. Si la question était la restructuration de la dette, il fallait le faire le plus tôt. Mais le faire à cheval au moment juste où le programme se termine, c’est créer des crispations inutiles. Ce n’est pas très responsable. Mais les irresponsables politiques sont des deux côtés. Dans une négociation, c’est celui qui le plus de pouvoir qui doit avancer, avoir justement ce sens de responsabilités. Et celui-ci n’était pas présent. Pour certains, il y a eu une idéologie écrasée du réel et, pour d’autres, un amour propre blessé par les Grecs. La cause européenne ne doit pas servir à faire mordre la poussière à un gouvernement qui n’est pas de votre bord. Et il faut savoir surmonter les mauvaises relations personnelles. Il ne s’agit pas seulement de discipline budgétaire et de finances, c’est un choix politique.

Les dirigeants européens n’ont pas été à la hauteur ?

J’attends de voir un leader européen assurer aujourd’hui ses responsabilités. J’attendais Juncker. Et, clairement, il a pris parti sans prendre la hauteur nécessaire. Les Juncker, Merkel et autres ont une responsabilité écrasante dans ce qui est un échec européenne.

Une solution était possible ?

On était à deux doigts. Si Jean-Claude Juncker avait dit je m’engage à étudier la restructuration de la dette. C’était la gâchette qui pouvait déclencher le reste. Il n’a pas osé faire sauter ce tabou. Mais Juncker n’a pas osé … C’est une erreur politique grave. (…) Il faut voir que derrière Juncker, il y a des relais de l’ordolibéralisme à l’Allemande, incarné par Martin Selmayr et Frans Timmermans. On n’est pas vraiment bien servi

Juncker n’est pas seul, les leaders européens semblent aussi aux abonnés absents ?

On manque de stratèges politiques. La Chancelière allemande Angela Merkel est une tacticienne pas une stratège. Elle l’a montré sur le nucléaire, en changeant d’avis après Fukushima. Ce n’est pas une visionnaire, non plus. Elle ne sait pas prendre d’altitude. Elle ne se comporte pas comme un homme d’Etat. Quant à François Hollande, c’est la mouche du coche. Et ce n’est pas la première fois. Le seul sujet où il a été le coche, c’est le Mali. Wolfgang Schäuble et les autres se drapent dans la vertu, dans le sens des responsabilités. Mais ils sont écrasés par des courtes vues à ‘trois balles’. Sur la crise européenne dans l’ensemble, on assiste à une défaillance de courage.

Un manque de courage ?

Oui. Il y un manque total de courage politique. Et la Grèce n’est pas le seul exemple. On l’a vu au dernier Conseil européen sur la question de l’accueil des réfugiés. Pour accueillir 60.000 réfugiés sur deux ans, l’Europe hésite aujourd’hui alors qu’au moment de la guerre en ex-Yougoslavie, l’Allemagne ou l’Autriche accueillaient à eux seuls plusieurs centaines de milliers de réfugiés. Où est l’Europe aujourd’hui ? Il y a une crise très profonde de l’idée européenne. J’attends que Merkel se réveille. Il faut siffler la fin de la récréation.

Pourquoi s’attaquer à la restructuration de la dette semble si difficile ?

C’est une question à la fois d’orgueil et d’obsession politique. Car s’attaquer à la dette, c’est quelque part reconnaitre que le Policy mix imposée depuis cinq ans à la Grèce n’a pas marché.

La restructuration de la dette ne suffit pas. Il faut des réformes importantes en Grèce, à commencer par l’Etat grec ?

C’est évident. Tout le monde le sait. Il faut construire un Etat grec. Il faut sortir du clientélisme, remettre sur pied une administration fiscale. Cela ne peut être fait en un ou deux ans. C’est le travail de toute une génération. Regardez combien de temps, il a fallu à l’Allemagne de l’Ouest pour remettre à niveau l’Allemagne de l’Est. Et c’était l’Allemagne…

Syriza a cependant gaspillé ses chances ?

Au lieu de travailler directement après leur élection, ils ont continué la campagne électorale durant plusieurs mois. Ils ont gaspillé du capital politique inutilement. C’est vrai. Quand l’équipe de négociation a été restructurée, en avril – début mai, le travail a réellement commencé. Mais il y a une vraie volonté chez Syriza de tourner la page de clientélisme. C’est la première fois qu’un parti politique depuis le début la crise a cette volonté. Il faut saisir cette chance.

Il n’y a plus de gras pour la Grèce dit-on souvent. Y-a-t-il des coupes encore possibles sans dommage ?

Il faut toucher aux dépenses de défense. L’armée grecque aligne plus d’unités et d’avions que l’armée allemande et a des dépenses de défense disproportionnées. Personne n’a jamais trouvé à redire à cela. Il faut encourager ce gouvernement qui a envie de faire quelque chose à aller dans ce sens.

Chacun semble se résoudre aujourd’hui à un Grexit, une sortie de la Grèce de la Zone euro. Est-ce une bonne chose ?

Ce serait un échec catastrophique pour l’Union européenne. Un Grexit, au niveau comptable, c’est d’abord un défaut de paiement. Et donc le passage de la dette comme une charge pour nos Etats membres. Cela veut dire que la France se retrouve avec environ 40 milliards de dette en plus, l’Allemagne 56 milliards d’euros, la Belgique 7 milliards, etc. Cela ne fait pas passer tout le monde au rouge, car c’est s’étale sur plusieurs années. Mais cela ne facilite pas la tenue des objectifs du pacte de stabilité. Pour moi cependant, la principale conséquence négative n’est pas là.

Vous estimez que les conséquences sont davantage politiques que financières ?

Oui. Le Grexit, c’est surtout ancrer dans la réalité que la construction européenne n’est pas une construction à sens unique, qu’on peut aller en arrière. C’est un signal de défiance qui est envoyé aux marchés financiers, d’une part. Les instruments de la Banque centrale européenne sont plus solides aujourd’hui certes. Mais on ouvre un champ des possibles qu’on aurait mieux fait de ne pas ouvrir. C’est aussi et surtout un signal de défiance envoyé aux citoyens européens. On trace un boulevard à tous ceux qui veulent sortir de la Zone Euro et de l’Europe, les Le Pen et Melenchon qui ne rêvent que de cela. C’est un encouragement au départ de l’Europe. On a tous les paramètres de la crise politique.

Si je reviens sur les conséquences financières, peut-on prévoir les conséquences d’un éventuel Grexit. Peut-on le calculer, le prévoir ?

S’ils sortent, personne ne sait vraiment ce qui va se passer. Le mécanisme financier n’est pas une mécanique déterministe. Ce sont des êtres humains, qui réagissent de façon pas toujours rationnelle. On l’a vu avec Lehman Brothers. Ici ce n’est pas pareil car nous sommes en présence d’Etats. Mais on peut avoir des attaques sur des Etats. Et ce que je crains ce sont les réactions en chaîne. Car l’économie est fragile. Pour répondre à la crise, on a inondé le pays de liquidités. On n’a pas réinvesti dans le réel. Regardez aujourd’hui le prix des actions. On est revenu aux prix de 2007, à des niveaux exubérants, avec des cours largement surévalués par rapport au bénéfices réels. Il peut y avoir une correction à un moment. Nous avons aussi des éléments de fragilité dans le système. Il existe des bulles dans certains secteurs, immobiliers par exemple, financiers aussi. Les prêts étudiants représentent une masse de 1500 milliards $ aux Etats-Unis. On ne sait pas s’ils seront tous remboursables. Une partie de ces prêts peut avoir été titrisée et se retrouve aujourd’hui dans d’autres mains que les créanciers initiaux. Si la Grèce ne rembourse, pourquoi pas l’Irlande ou le Portugal ou même l’Italie. Dès le moment où il y a le doute s’instille, il va y avoir un surenchérissement de la dette qui peut provoquer le défaut. C’est un cycle de la prédiction autoréalisante.

Pourquoi faire une exception sur la Grèce et pas pour les autres ?

Il faut arrêter de faire de l’idéologie et retourner au réel. Il faut voir l’effet systémique d’une faillite grecque au plan économique, au plan politique. Et on touche là au cœur de l’idée européenne d’une prospérité partagée. Quand on voit l’intégration du Portugal, de l’Espagne… il y a eu cette progression partagée. Il n’y a pas d’intégration européenne sans transferts financiers. C’est comme cela que cela marche. C’est comme cela que l’Allemagne de l’Ouest a procédé avec l’Allemagne de l’Est avec transferts colossaux. Sans solidarité financière, c’est fini de l’UE.

Mais cela coûte cher la solidarité avec la Grèce ?

Avoir une solidarité financière permet d’augmenter la croissance sur le continent. Si l’Allemagne croit qu’elle pourra assurer sa croissance uniquement par les exportations hors d’Europe, elle se trompe. L’essentiel de ses exportations est à l’intérieur du marché européen. Etrangler la Grèce, c’est étranger sa croissance de demain. Si les Européens croient qu’ils auront toujours un poids dans le monde, ils se trompent. L’Europe qui pèse environ 1/6e aujourd’hui n’en pèsera plus qu’1/20e d’ici quelques dizaines d’années. Croire que chaque pays gardera une souveraineté est illusoire. Ce n’est qu’ensemble qu’on arrivera à garder et regagner de la souveraineté, un pouvoir d’agir. C’est là où devrait être le message que devraient tenir Merkel, Hollande et les autres… Je suis un souverainiste européen. Et je pense que nous devons nous doter d’outils pour cela.

Comment l’Europe peut regagner de la souveraineté, être efficace. Que reste-t-il à faire ?

Beaucoup ! Premièrement, je rêve d’un système où chaque citoyen serait doté d’un budget ‘éducation’ au départ, qu’il pourrait dépenser où il veut, avec des équivalences réelles de diplômes. Prenez la Belgique. Nous avons de bonnes écoles. On peut devenir exportateur de compétences que les autres n’ont pas. Mais il faut une compensation. Ensuite, il faut une réforme fiscale, une équivalence fiscale. Tout le monde peut y gagner. Cela suppose une volonté politique. On ne peut pas continuer à vivre avec des inégalités. Enfin, le marché intérieur. On vit sur une fiction d’un marché intégré, ce n’est pas vrai. Demandez aux PME quelles difficultés elles rencontrent. Avant de penser à faire un TTIP (traité transatlantique), il faut penser au marché intérieur, mettre en place un vrai système de reconnaissance des qualifications, d’accès à la profession, supprimer les possibilités de dumping social. Le dispositif de détachement des travailleurs ne marche pas bien. Il faut un embryon de sécurité sociale européenne. Le chantier est immense. Quatrième terrain d’action : la transition énergétique. Celle-ci ne peut pas marcher à l’échelle d’un pays. Il faut le faire au niveau européen. Le projet d’Union de l’énergie est loin de cela. Imaginez ce que signifierait une Europe souveraine énergétiquement, en termes politiques et économiques. Ce serait un formidable moteur de croissance économique. Mais un signal politique également. La marque d’une certaine autonomie et de sécurité. Ce qui est recherché par les investisseurs.

(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)

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