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L'Europe politique et de la défense (par Nicolas Gros-Verheyde)
Updated: 7 hours 22 min ago

Les Rafale Marine du Charles-de-Gaulle s’envolent. Les Belges assurent la solidarité

Mon, 23/11/2015 - 21:40

Décollage d’un Rafale du pont du Charles-de-Gaulle (crédit : EMA/Marine – archives B2)

(B2) Les avions Rafale embarqués à bord du Charles de Gaulle ont effectué leur première sortie pour frappe ce lundi (23 novembre). « Le groupe aéronaval (GAN) constitué autour du porte-avions français Charles de Gaulle, déployé en Méditerranée orientale, a conduit ses premières missions au-dessus des zones contrôlées par Daech en Irak », annonce l’état-major des armées aujourd’hui.

Deux frappes sur l’Irak

Vers 8 heures ce matin (heure française), deux patrouilles de Rafale Marine ont été catapultées du GAN. Chacune constituées de deux chasseurs. Destination : l’Irak. A Ramadi, les frappes ont « mis hors de combat un groupe de terroristes » souligne le communiqué de l’état-major des armées. « Une position d’artillerie de Daech qui était en train de tirer sur les troupes irakiennes a été détruite à Mossoul ». Au total, l’opération a duré près de 7 heures. Des missions aériennes, conduites en coordination avec le centre des opérations aériennes de la coalition (CAOC) situé à Al Udeïd au Qatar, et en lien étroit avec d’autres nations. Les quatre chasseurs français ayant, notamment, « été ravitaillés par des avions de la coalition ».

La frégate belge en position défensive…

Pour la frégate belge qui accompagne le porte-avions français, ce passage à une action plus offensive, ne pose pas de problème. Le conseil des ministres (belge) du 30 octobre avait approuvé l’intégration de la frégate Léopold Ier au sein du groupe aéronaval français. Il a confirmé mercredi (18 novembre) la réorientation de la mission. « Nous la considérons comme une réponse à la demande d’aide formulée par le gouvernement français. Nous participerons à la mission défensive du Charles de Gaulle » a justifié le ministre de la Défense, Steven Vandeput face aux parlementaires. « La mission du Léopold Ier sera de détecter et d’identifier des menaces qui s’approchent du porte-avions. Si une menace est avérée, le bâtiment peut faire usage de la force, selon ses règles d’engagement qui sont confidentielles. »

…pour une action offensive

En fait, cette position est strictement exacte d’un point de vue de technique opérationnelle. C’est le Charles-de-Gaulle et la France qui mènent l’action offensive, le navire belge n’étant là que pour assurer sa protection. D’un point de vue de politique interne, on est cependant plus proche d’une manoeuvre de contorsion (que ne renierait aucunement un jésuite) permettant d’échapper à tout reproche d’engagement dans une action armée. Ainsi que le précisent l’état-major français, c’est le Groupe d’action navale qui mène les frappes. Au plan européen, l’honneur belge est en revanche sauf. Car la Belgique devient ainsi le premier pays à s’être engagé aux côtés des Français dans la guerre aérienne menée en Syrie contre Daech et à avoir appliqué et même revendiqué l’application de la clause de solidarité.

Une opération prévue de longue date…

Ce qui n’était pas tout à fait prévu au départ. Le ministre de la Défense le raconte, l’engagement avec le Charles de Gaulle était prévu de longue date. C’est « fin juillet (que) la France a sollicité notre collaboration » raconte-t-il (1).  Ce nouveau positionnement ne présente pas de problème pour Steven Vandeput. Au contraire. « Il s’agissait d’une perspective intéressante pour la marine car nous allions enfin pouvoir mobiliser à nouveau une frégate. La mission initiale concernait l’escorte du Charles de Gaulle qui, à la demande des États-Unis, était censé garantir une présence dans la région du Golfe. Cette mission semblait alors relever davantage d’un entraînement que d’une opération. »

… qui a un peu changé de nature en cours de route

Le gouvernement français « nous a informés (mardi 17 novembre) que « contrairement à ce qui avait été initialement prévu, le porte-avions ne se dirigeait plus vers le golfe Persique. (et qu’il était) possible que des opérations soient effectivement menées en Syrie depuis le Charles de Gaulle. J’ai immédiatement informé le Conseil des ministres de ces modifications et hier soir, le Conseil des ministres restreint a donné son feu vert à la poursuite de l’opération. » De fait, bien avant les attentats, alors que le Leopold Ier devait rejoindre le « Charles », la défense belge avait prévu l’hypothèse d’une attitude plus offensive de la France, précisant qu’on « aviserait à ce moment-là ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) De fait, les contacts étaient déjà entamés depuis plus longtemps auparavant. Nous avions rencontré début juillet un haut responsable de la défense belge qui évoquait déjà cette éventualité.

Pourquoi invoquer l’article 42.7 ? A quoi sert-il ? Quelles conséquences ?

Sun, 22/11/2015 - 11:44

(B2) La clause de défense mutuelle — alias l’article 42.7 pour les intimes — invoquée par Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense mardi dernier — est peu connue. En tout cas moins que son alter ego de l’OTAN (l’article 5) ou même que la clause de solidarité de l’Union européenne (l’article 222 du Traité). Elle présente plusieurs intérêts cependant. Et son déclenchement est plutôt finement joué.

Premièrement, c’est un acte politique. Une obligation de solidarité comme le mentionne le texte (et ainsi que je l’ai expliqué pour Vieuws). Un engagement également. Ce qui diffère des autres évènements (par exemple Charlie Hebdo) qui avaient amené des momentum symboliques : minute de silence, condoléances, promesse de solidarité, conclusions fermes, restée souvent sans suite immédiate.

Deuxièmement, il oblige à une mobilisation des Européens sur les différents théâtres d’opération en cause. Certes si les Français s’attendent à un déploiement dans les trois jours, avec des bombardements sur la Syrie, ils seront déçus (article à suivre). Cela nécessite une réflexion au sein de chaque pays, qui a déjà été entamé, mais durera plusieurs semaines.

Troisièmement, cette mobilisation est essentiellement militaire. Même si le texte ne le mentionne pas (pour des raisons essentiellement politiques de respect des différents modes d’organisation de chaque pays), le terme d’assistance signifie l’engagement de moyens militaires. Et celui-ci pourra (devra) s’opérer à différents niveaux.

Quatrièmement, c’est chacun « en fonction de ses moyens ». Autrement dit, on ne demandera pas à l’Irlande, pays neutre, de venir prêter main forte en bombardant en Syrie. Elle n’a, de toute façon pas d’aviation de chasse. Mais elle pourra venir renforcer les moyens dans le Sahel, ou en Centrafrique, dans des missions de formation par exemple.

Cinquièmement, il permet une concertation souple qui peut monter en puissance au fil des évènements, de manière intergouvernementale au début (rien n’exclut qu’elle une forme plus organisée par la suite, de type mission ou opération PSDC). Le dispositif de l’article 5 de l’Otan était trop lourd à invoquer. Et il aurait eu un (grave) inconvénient : éliminer toute possibilité d’avoir une coalition unique, notamment avec la Russie. Le dispositif de l’article 222 du Traité de l’UE (l’autre clause de solidarité) aujourd’hui en vigueur, a une portée, plus communautaire, et une dimension davantage « protection civile » qu’intervention militaire extérieure qui est davantage l’objectif recherché par Paris. De plus, il a été entouré d’un dispositif, somme toute assez complexe, qui nuirait rapidement à l’objectif avéré.

Sixièmement, et ce n’est pas le moindre des effets, c’est une circonstance « objective », prévue « juridiquement et entérinée politiquement, pour permettre d’accorder à la France une exception au pacte de stabilité. Ce n’était pas le but de cette clause à l’origine. Mais ce pourrait en être un des effets principaux.

Commentaire : avoir choisi d’invoquer cette clause est donc une décision intelligente prise par l’équipe Hollande-Le Drian. Car elle aboutit à un effet multiplicateur, sans nécessairement mettre en place de structures lourdes. Elle n’obère à aucun moment la volonté française d’agir en coalition ad hoc, avec d’autres pays du monde. Elle n’oblige aucun Etat à suivre la France dans sa voie la plus robuste (le bombardement en Syrie). Elle permet en revanche toute une série de nouvelles actions qui permettront de compléter cette action. Des critiques se sont élevées contre le fait de ne pas voir soulever la clause de l’article 222. Cela aurait été intéressant mais plus inadapté en l’espèce si on recherche un engagement opérationnel. L’engagement en opération militaire relève, en effet, aujourd’hui toujours de la souveraineté, de la volonté, et de la seule capacité des Etats membres. Ce qui en revanche, pourrait être utile, c’est de soulever les deux clauses (42.7 et 222). Et rien n’exclut que, à l’avenir, celle-ci soit également soulevée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Explications en anglais pour Vieuws

Lire aussi : L’effet Le Drian

Et Bruxelles devint noire…

Sun, 22/11/2015 - 00:15

(B2) L’hiver est tombé sur Bruxelles au sens propre et au figuré. Face à une menace d’attentat du type de ceux de Paris, les autorités n’ont pas lésiné conseillant la fermeture de tous les grands lieux publics.

Menace imminente

L’alerte est survenue dans la nuit de samedi à dimanche. « Menace imminente en Région bruxelloise » annonce l’OCAM, l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace, qui décide d’élever le niveau de la menace au niveau 4, le plus haut niveau existant. Ce dans les 19 communes de la région de Bruxelles.

Le Conseil national de sécurité comprenant les principaux ministres concernés, réuni au petit matin, confirme la gravité de la menace. « La menace est précise. Nous devons prendre des mesures » souligne le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon. Dans la foulée, le ministre-président de la région de Bruxelles-Capitale, Rudy Vervoot, recommande « d’annuler tous les évènements attirant du public, les manifestations culturelles et sportives ».

Libérer les forces de police de la vie ordinaire

Des messages sont diffusés à la population leur demandant « d’éviter les lieux de rassemblement », d’éviter de « répandre les rumeurs » et « faciliter les contrôles de sécurité ». Les autorités craignent la reproduction du scénario du vendredi 13 à Paris. Elles veulent aussi libérer un maximum de forces de police pour les concentrer sur l’action anti-terroriste. « Il faut diminuer toute possibilité d’attaque. Il faut avoir la capacité policière de réagir là où c’est nécessaire » confirme Yvan Mayeur, le bourgmestre de Bruxelles. Celui qui est devenu un des suspects numéro 1 après les attentats, Salah Abdeslam, court toujours en effet. Il a été laissé par un de ses « amis », à Laeken, une des communes de Bruxelles, samedi dernier, « passablement énervé » dit son avocate.

La vie s’arrête

Peu à peu, dans la ville, la vie s’est donc arrêtée, samedi. Cela a commencé par les métros. Puis certains tramways ont stoppé net, au premier arrêt souvent. Et les passagers priés de débarquer, largués en pleine rue et priés de se débrouiller seul, à pied ou… en taxi. Quelques chauffeurs de bus ont même fait joué leur droit de retrait. Tous les évènements, à commencer par le grand concert de Johnny Halliday au Heysel, ont été annulés. Les salles de théâtres ou de concerts, publiques comme privées, ont supprimé leurs représentations. Filigrane qui ne ferme jamais (même pas le dimanche) annonce, la mort dans l’âme qu’il a bouclé sa célèbre libraire. Les piscines, musées, cinémas ont éteint leurs lumières. Une petite affiche, rédigée parfois avec les moyens du bord, annonce la nouvelle. Les grands centres commerciaux ont fermé leurs portes. Dans la Rue neuve, la grande artère piétonne de Bruxelles, à deux pas de la Grand place, les boutiques qui avaient déjà ouvert le matin ont fermé leurs portes une par une, rapidement. Cette artère, habituellement noire de monde a, en quelques heures, ainsi été désertée. Les premiers flocons de neige fondue commençaient à tomber. On pouvait se croire un jour férié.

Dans les commerces, encore ouverts, loin de la bousculade et l’ambiance insouciante d’un week-end ordinaire, l’heure semblait grave. Les gens parlent à voix basse. « Ca donne le cafard » confie une jeune bruxelloise qui termine ses courses. Les restaurants sont quasi-déserts. Seuls quelques petits commerces de quartier semblaient profiter de cette atonie de la ville. « Je n’ai jamais vu autant de monde. C’est comme un jour de Noël » témoigne un des vendeurs.

Les militaires en renfort

Dès 3 heures du matin dans la nuit de vendredi à samedi, selon nos informations, les premiers renforts de militaires se déploient dans les grands axes stratégiques. On en retrouve rue Louise notamment. Ils continuent de se déployer dans la journée du samedi. Les Dingo, ces véhicules blindés, plus habitués aux pistes du Sahel ou de l’Afghanistan se déploient aux abords des lieux les plus stratégiques. On en voit à la gare centrale comme à l’aéroport de Bruxelles National. En fin d’après-midi, d’autres renforts de militaires arrivent, cette fois, dans les quartiers résidentiels. A bord de leurs camions Mercedes Unimog, ils se postent aux croisements de rues, généralement à proximité des commerces. La moindre supérette de quartier, Delhaize, GB – Carrefour, Picard, — se retrouve désormais protégée par 2 ou 3 militaires lourdement armés. On en trouve ainsi à Woluwe Saint Lambert près du parc Georges Henri comme au métro Thieffry.

Une alerte inégalée

Jamais la capitale belge n’a connu une telle alerte. Certes, après Noël 2007, la menace avait été aussi élevée au même niveau, le niveau 4, après l’interpellation de 14 personnes planifiant l’évasion de Nizar Trabelsi emprisonné pour tentative d’attentat contre une base militaire. Mais l’effet n’avait pas été aussi magistral. Et de mémoire de Bruxellois on ne se rappelle pas une telle mise en sommeil aussi brutale.

En revanche, les trains et les aéroports ont continué de fonctionner. L’aéroport national de Zaventem, situé en région flamande, hors de Bruxelles était plein samedi. Et les avions atterrissent et décollent normalement. Logique ?

Des contradictions patentes

Commentaire : Le discours officiel est cependant totalement contradictoire. En deux mots, il s’agit d’être prudent, de ne pas s’affoler et de vivre comme d’habitude. Comment ne pas s’affoler quand tournent en boucle sur les médias (tv particulièrement) des messages plus anxiogènes les uns que les autres et sèment une drôle d’ambiance ; que les autorités ne décrivent pas précisément la menace et que les mesures se mettent en place dans une atmosphère d’improvisation généralisée ? Comment « mener une vie ordinaire » quand tout est fermé, magasins comme cinémas, métros et tramways ?

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) version longue d’un article paru dans Sud-Ouest

Pacte de stabilité ou de sécurité ? Partir en guerre en Syrie ?

Sat, 21/11/2015 - 22:17

(B2) Sur 500 millions d’Européens, l’émission du week-end sur BFM Business consacrée à l’Europe après les attentats de Paris, nous n’avons pas refait le monde mais répondu à une série de questions concrètes — à commencer par le pacte de stabilité vs pacte de sécurité ou les conséquences stratégiques du départ en guerre des Français en Syrie, aiguillonnés par le talentueux Yann-Antony Noguès, qui avait parfois du mal à discipliner, notre belle équipe de chroniqueurs : Jean Quatremer du célébrissime blog « les Coulisses de Bruxelles » et Charles de Marcilly, de l’éminente Fondation Robert Schuman.

A réécouter ici ! ou regarder ci-dessous

Lire aussi :  En 24 heures, une clarification stratégique sur 4 points fondamentaux. La fin d’une inconséquence

 

Le lobby des armes monte au créneau contre le renforcement de la législation

Sat, 21/11/2015 - 09:47

(B2 – exclusif) Les détenteurs d’armes à feux de collection, les chasseurs, les tireurs… ont fait entendre leur voix, dès la présentation, mercredi 18 novembre, par la Commission européenne (1). Discrètement mais de façon très efficace. Aussitôt la mesure connue, de nombreux mails ont inondé les bureaux des eurodéputés, notamment les francophones. Un mail contenant invariablement le même argumentaire. Un envoi qui n’est sans doute pas le plus important, note un observateur averti au sein du Parlement européen, mais qui n’en est pas moins massif.

Quels arguments utilisent-ils ? « Des fonctionnaires de la Commission européenne sont visiblement tentés d’instrumentaliser les dramatiques événements de ces derniers jours et de faire un énième amalgame douteux entre la détention légale d’armes semi-automatiques par des citoyens respectueux des lois et la détention illégale d’armes automatiques par des terroristes. (…) Cette prohibition des armes légales n’a évidemment aucune chance d’avoir le moindre impact sur les risques induits par l’arrivée d’armes illégales au travers des frontières poreuses de l’espace Schengen. Les détenteurs d’armes légales – chasseurs, tireurs, collectionneurs – comptent sur leur représentation au Parlement européen pour ne pas devenir des victimes collatérales du terrorisme et résister à l’influence excessive des personnels non élus de la Commission européenne. »

Un argumentaire contestable. Certes, la réglementation visée laisse tout entier le « marché » des armes de type Kalachnikov, provenant notamment des stocks des Balkans (2). Mais elle répond à certains problèmes constatés par certains responsables de sécurité. La neutralisation de certaines armes peut facilement être supprimée. Et quand on parle d’armes semi-automatiques, on ne vise pas les vieux chassepots ou de fusils à silex antiques mais des armes plus récentes, pistolets, qui peuvent toujours servir, qui ont un chargement automatique même si les balles sont tirées au coup par coup (3). Une arme semi-automatique n’est tout de même pas une boite de cassoulet. Selon les spécialistes, elle est peut d’ailleurs être aussi dangereuse qu’une arme automatique. Le resserrement de la législation européenne semble donc tout à fait justifié, même s’il ne répond pas à toute la problématique plus vaste des trafics d’armes.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Lire : Un cadre plus strict sur la détention d’armes à feu proposé par la Commission

(2) Un problème qui sera traité à un autre niveau, par les Européens. Les ministres de l’Intérieur viennent de le décider vendredi (20 novembre).

(3) Selon la définition communautaire, de la directive de 1991, c’est une « arme à feu qui, après chaque coup tiré, se recharge automatiquement et qui ne peut, par une seule pression sur la détente, lâcher plus d’un seul coup »

En 24 heures, une clarification stratégique sur 4 points fondamentaux. La fin d’une inconséquence

Wed, 18/11/2015 - 18:40

La Russie devient un allié. Un rapprochement engagé lors des discussions entre Obama et Poutine à Antalya (Crédit : Maison Blanche)

(B2) Jusqu’ici face à la crise en Syrie et dans le reste du monde, les Français et les Européens n’avaient pas de réelle stratégie. Ou plutôt ils en avaient plusieurs, souvent contradictoires. Elles s’annihilaient l’une et l’autre et empêchaient ainsi toute action conséquente (lire : Réfugiés, Russie, Bachar ? L’Europe va, vraiment, devoir choisir !). Après les attentats de Paris, le discours de François Hollande devant le Congrès lundi (16 novembre) et la discussion entre les ministres de la Défense mardi (17 novembre), des clarifications se sont faites, de façon notable, sur quatre points fondamentaux.

Première clarification : en Syrie, l’ennemi est bien Daech (alias l’organisation de l’Etat islamique ISIL ou ISIS selon les dénominations). La question de Bachar devient donc secondaire. François Hollande l’a confirmé dans son discours du congrès (lire : Terrorisme. François Hollande sonne les cloches aux Européens et réclame plus de solidarité). Paris a clarifié ses objectifs qui, du coup, permettent de clarifier la stratégie européenne. La France étant un des derniers pays à proclamer, urbi et orbi, son ambition de voir Bachar quitter le gouvernement.

Seconde clarification : la Russie n’est plus un adversaire. Moscou n’est pas devenu un ami. Mais c’est un allié. La volonté d’une coalition « unique » allant de la Russie aux Etats-Unis, englobant la Turquie et l’Iran, pourrait être discutée par certains alliés. Elle est cependant ipso facto entrée en vigueur. Les Russes frappant symboliquement, à la suite des Français, Raqqa, le fief de Daech en Syrie. Avec l’assentiment de Washington. C’est bien pour cela également que la France a choisi d’invoquer l’article 42.7 du traité européen et non l’article 5 de l’Alliance atlantique, pour permettre d’incorporer un maximum d’alliés dans la bataille. Cette clarification ferme la porte de presque deux années de tension, presque jour pour jour après la signature des accords d’association avec l’Ukraine qui avaient provoqué l’ire de Moscou. Certes la situation reste identique en Crimée et la question ukrainienne n’est toujours pas réglée. L’épreuve de vérité de cette nouvelle doctrine se situera en décembre, au moment de réviser les sanctions économiques et politiques envers la Russie.

Troisième clarification : on devra dépenser davantage sur la sécurité et la défense. Jusqu’à présent, il y avait deux objectifs contradictoires définis au niveau européen et euroatlantique. Il faut dépenser davantage pour la défense disaient les 28 de l’OTAN rassemblés à Newport au Pays de Galles, il y a un an, pour atteindre les 2% du PiB (seuls quelques pays dont la Grèce sont à ce niveau). Il faut économiser à tous les niveaux de l’Etat pour entrer dans les critères du Pacte de stabilité disaient les 28 (de l’UE) et la Commission européenne. Aujourd’hui, ce dilemme est résolu. Et la phrase de François Hollande, le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité devient de fait la règle non écrite. Mais il faudra encore définir la nature de cette exception, sa durée, et son intensité. L’invocation de l’article 42.7 fournit là un motif « objectif », d’ordre juridique à la Commission européenne, lui permettant d’octroyer à la France ce qu’elle pourra refuser à d’autres pays demain. La question qui se pose désormais officiellement est de savoir s’il ne faut pas exonérer plus généralement certaines dépenses de défense du pacte de stabilité. Bien plus complexe.

Quatrième clarification : la solidarité militaire est à double détente. Jusqu’ici, personne ne remettrait en doute la primauté de l’OTAN pour assurer la défense face à un ennemi commun, étatique ou semi-étatique de préférence. L’OTAN avait un concept du « Tous ensemble », dans une version « guerre froide. Tous ensemble contre la Russie. Tous ensemble en Afghanistan… Le semi-échec de l’opération en Afghanistan (1), a remis les pendules à l’heure. Aujourd’hui, la doctrine devient plus réaliste c’est chacun « selon ses moyens » et sa posture de défense (neutre / pas neutre, …). Et l’effort de solidarité est assurée selon une coordination des moyens faite par l’Union européenne, et non dans une mission européenne. L’OTAN est laissée de côté (2), reléguée (pour l’instant) à la fonction de défense territoriale du territoire européen, au sens strict.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Déclenchée par les Etats-Unis sous l’article V, après les attentats de 2001

(2) On peut remarquer que les Américains qui dirigent la coalition internationale en Irak n’ont jamais demandé l’implication de l’OTAN (pour mieux impliquer les pays arabes). Ce qui devrait inquiéter au bd Leopold III, le siège de l’Otan.

Cap au sud-est pour le porte-avions Charles-de-Gaulle

Wed, 18/11/2015 - 16:01

(B2) Le Charles-de-Gaulle, le porte-avions français, a quitté Toulon ce matin et mis le cap à l’est de la Méditerranée. Objectif : prendre part rapidement aux opérations contre Daech.

Tripler la force de frappe sur la Syrie

Avec ses 18 Rafale Marine et 8 Super Etendard (modernisés), le navire dispose d’une force de frappe conséquente qui « va permettre de multiplier par trois le potentiel miliaire des moyens français engagés au Levant contre Daech » précise-t-on à l’état-major des armées. Le Charles-de-Gaulle s’en ira ensuite dans le Golfe arabo persique.

Un groupe de 5 navires au minimum

Le groupe aéronaval qui est constitué autour du Charles-De-Gaulle comprend 5 bâtiments dont un Belge et un Britannique :

  • la frégate de défense aérienne Chevalier Paul (avec 1 hélicoptère Caïman Marine) ;
  • la frégate anti-aérienne britannique HMS Defender (+ Lynx et Merlin) ;
  • la frégate anti sous-marine La Motte Piquet (avec 1 hélicoptère Lynx) jusqu’à mi-janvier 2016 relayée ensuite par la frégate FREMM Aquitaine (avec 1 hélicoptère Caïman Marine) ;
  • la frégate belge Léopold Ier (+ Alouette III) jusqu’au au 4 janvier qui devrait assurer selon nos informations la protection de patrouille du GAN ;
  • le bâtiment de commandement et de ravitaillement BCR Marne (+ Alouette III)

La frégate FREMM Provence (+ 1 Caïman Marine) viendra prendre le relais dans le Golfe persique lors du déploiement de longue durée. Ponctuellement des moyens américains navals et aériens viendront le renforcer. Et la présence d’autres bâtiments d’autres nations alliées – sans préciser la nationalité – est annoncée.

Le groupe aérien embarqué à bord du « Charles » comprend outre les Rafale Marine et Super étendard déjà mentionnés : 2 Hawkeye, 2 Dauphin et 1 Alouette III.

Manoeuvres conjointes et diplomatie navale

Au cours de son déploiement, le groupe aéronaval participera également à des manœuvres conjointes dans un cadre multinational et interalliés, ainsi qu’à des manœuvres bilatérales avec les pays de la région. Dans le golfe Arabo-Persique, le GAN assurera durant plusieurs semaines le commandement de la Task Force 50.

Mission Arromanches 2 pour la TF 473

Petit nom de cette Task Force, commandée par le contre-amiral René-Jean Crignola = la TF 473 ou Mission « Arromanches 2 » pour les plus romantiques. Précision importante : le GAN sera placé d’abord sous le contrôle opérationnel (OpCon) du commandant de la zone maritime en Méditerranée puis, dès son entrée en Océan Indien et jusqu’à sa sortie du golfe Arabo-Persique, sous le commandement de la composante navale de la coalition et, enfin, sur le trajet du retour, jusqu’au franchissement du canal de Suez, sous l’autorité commandant de la zone maritime de l’Océan Indien (Alindien).

Une question

Reste à savoir quelle attitude adoptera le commandement si des bateaux de réfugiés s’approchent du bord. La loi de la mer impose de venir au secours s’ils sont en détresse. Mais se poseront immanquablement des questions de sécurité, plus importantes qu’auparavant, dans le contexte post-attentats de Paris. Question sans doute théorique vu la distance des côtes auxquelles évoluera le groupe aéronaval. Mais néanmoins pas tout à fait exclue…

(NGV)

La Marseillaise résonne dans l’hémicycle

Tue, 17/11/2015 - 19:30

(B2) Une marseillaise à capella entonnée par le président du Parlement européen, Martin Schulz, dans l’hémicyle du Parlement à Bruxelles, aux cotés du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de la Haute-Représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, et du Secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Harlem Désir. L’instant était d’une rare émotion qui n’était pas feinte…

http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2015/11/LR_I112218INT1W.mp4

« Les attentats de Paris étaient une attaque contre notre liberté, une attaque contre nos valeurs européennes et notre mode de vie, une attaque contre nous tous. Dans la douleur, nous, Européens, sommes aux côtés du peuple français », a souligné Martin Schulz. Le président du Parlement européen a voulu mettre en garde contre un éventuel changement d’approche sur le droit d’asile des Syriens : « Nous ne nous laisserons pas empoisonner par le venin de ces criminels (…) Si nous suspectons tous les réfugiés de Syrie, alors nous confondons victimes et meurtriers, car les réfugiés cherchent précisément chez nous un asile contre la barbarie de ces assassins ».

L’effet Le Drian

Tue, 17/11/2015 - 09:57

En Afghanistan, avec François Hollande, en 2012 (crédit : MOD France)

(B2) Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la défense, avait promis de secouer l’Europe de la défense. Avec la force des évènements survenus à Paris vendredi (13 novembre), il a choisi de mettre sa promesse à exécution. En déclenchant la clause d’assistance mutuelle ou de défense mutuelle, de l’article 42.7, il déclenche un vent de force 7. Une petite révolution, tout de même, à l’échelle européenne.

Une clause délaissée

Jamais personne n’avait pensé un jour que cette clause, reproduite du Traité de l’Union de l’Europe occidentale, et datant de 1948 (tournée plutôt contre l’Allemagne à l’origine puis vers la Russie), trouverait un jour à s’appliquer. Personne n’avait non plus la moindre idée, hier encore, de ce que pouvaient demander les Français ni des modalités de discussion. Il y a, en effet, eu très peu de travaux doctrinaux, internes, depuis son introduction dans le Traité de Lisbonne, ne serait-ce qu’une note interprétative sur la façon dont peut fonctionner cette clause (lire notre explication : La clause d’assistance mutuelle. Origine, déclenchement, effets, limites (fiche-mémo)). Dans un monde de procédures, on sentait donc quelque peu le flottement. Les autorités européennes semblaient également avoir été averties assez tard de la demande française.

Au pied du mur, sur les autres théâtres d’opération

Avec cette demande, Jean-Yves Le Drian veut surtout mettre les Européens au pied du mur, « face à leurs responsabilités » comme l’a expliqué François Hollande dans son discours devant le Congrès à Versailles, lundi après-midi (16 novembre) (Lire : Terrorisme. François Hollande sonne les cloches aux Européens et réclame plus de solidarité). Il souhaite un peu plus que des mots de compassion mais un engagement plus ferme au plan politique comme opérationnel. Il faut davantage d’implication des Européens sur le terrain militaire en Syrie par exemple, mais aussi sur les autres théâtres d’opération où sont engagés les Français : au Sahel (Mali, Niger…), en Méditerranée. La France veut arriver également à un dispositif de solidarité financière plus efficace qu’aujourd’hui. Toutes les tentatives pour réformer le système n’ont pas échoué mais ont fait des avancées minimes.

Des mesures dans la lutte anti-terrorisme

La France veut aussi faire prendre conscience de la nécessité pour les Européens — les Etats membres mais aussi les autres institutions européennes (le Parlement européen) — d’avancer sur certaines mesures législatives ou opérationnelles en matière de lutte anti-terroristes, notamment sur l’échange de renseignements. Accessoirement, l’ouverture de cette clause permet d’avancer vers une reconnaissance d’une exemption pour circonstances exceptionnelles aux règles du Pacte de stabilité.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : une conférence de presse du ministre français et de la Haute représentante de l’UE est prévue dans quelques minutes à Bruxelles (vers 10h). On en saura plus à ce moment là.

Nouveau raid en Syrie

Tue, 17/11/2015 - 09:24

(B2) Les avions français ont mené à nouveau un raid contre Daech (organisation de l’Etat islamique / ISIS) à Raqqah en Syrie, annonce l’état-major des armées. Dix avions de combat étaient de la partie : 6 Mirage 2000 et 4 Rafale. Comme dans la nuit de dimanche à lundi (lire : Deux frappes de représailles sur Raqqah), les équipages ont décollé à partir des bases situées en Jordanie et dans le Golfe arabo-persique (GAP) pour se rejoindre au-dessus de la Syrie. Ils ont frappé « simultanément un centre de commandement qui abrite l’un des quartiers généraux de Daech, et un centre d’entraînement ». Au total 16 bombes ont été larguées.

 

(NGV)

Deux frappes de représailles sur Raqqah

Mon, 16/11/2015 - 17:58

Rafale engagé dans l’opération Chammal (crédit : EMA / DICOD)

(B2)  Les avions français ont effectué dimanche (15 novembre) deux raids sur Raqqah en Syrie, respectivement « à 19h50 et 20h25 » indique l’état-major des armées. Les deux objectifs visés par les frappes — 1 centre de commandement et 1 camp d’entraînement de Daech — ont été détruits. 12 avions dont 10 chasseurs – 6 Rafale, 4 Mirage 2000 (2 M2000D et 2 M2000N) — ont participé à l’opération. Celle-ci a été menée « de façon simultanée, à partir des bases du golfe arabo-persique et de Jordanie ; les équipages se sont rejoints au-dessus de la Syrie pour attaquer les deux objectifs occupés par Daech ».

Situé à 6 km au Sud de Raqqah, le premier objectif a été frappé par une patrouille de 2 Mirage 2000D. Le site était utilisé par Daech comme « poste de commandement, centre de recrutement djihadiste et dépôt d’armes et de munitions ». Une patrouille de 4 Rafale et 2 Mirage 2000D a détruit le deuxième objectif localisé à l’Ouest de Raqqah. « Infrastructure industrielle inachevée, l’objectif abritait un camp d’entraînement terroriste et des cellules de recrutement ».

Planifiée sur des sites préalablement identifiés lors des missions de reconnaissance réalisées par la France, cette opération a été « conduite en coordination avec la Coalition » précise le communiqué. Les deux sites ont fait « l’objet d’une longue observation préalable ». Le raid a pu être conduit grâce aux vols de renseignement réalisés au-dessus des zones contrôlées par Daech en Syrie depuis le 8 septembre. Les Français ont également bénéficié d’une aide précieuse des Américains, comme l’a précisé le président de la République.

Le Charles de Gaulle en Méditerranée

A noter que le porte-avion Charles de Gaulle appareillera jeudi (19 novembre) finalement et non mercredi de Toulon. Et il se rendra tout d’abord « en Méditerranée orientale » et non directement dans le Golfe persique comme annoncé (lire : Le Charles-de-Gaulle en mission anti-Daech avec une escorte belgo-britannique).

 

(NGV)

La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?

Mon, 16/11/2015 - 15:35

(B2) Après les attentats de Paris, qui sont d’une magnitude importante mais pas inédite en Europe (1), plusieurs clauses de solidarité peuvent être activées tant au niveau de l’OTAN que de l’Union européenne. Et la France pourrait solliciter l’une comme l’autre, voire les deux à la fois, selon ce que décidera le gouvernement français. Rien n’interdit, en effet, à Paris de solliciter à la fois les alliés de l’OTAN et ses alliés de l’Union européenne (souvent les mêmes). Les deux clauses sont d’ailleurs complémentaires. L’une est plus politique et militaire ; l’autre est tout autant politique mais comprend une palette de mesures plus large.

La clause de solidarité de l’OTAN : un acte majeur

La plus célèbre des clauses de solidarité est celle incluse dans le Traité pour l’Atlantique nord (OTAN). C’est l’article 5 qui prévoit que si un Allié est victime d’une attaque armée, chacun des autres membres de l’Alliance « considérera cet acte de violence comme une attaque armée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il juge nécessaires pour apporter une assistance à l’Allié attaqué ». Elle n’a été invoquée qu’une fois, par les Etats-Unis, lors des attentats du World trade center et du Pentagone, le 11 septembre 2001. De par la nature politico-militaire de l’OTAN, la réponse naturelle à ce type de consultations est d’ordre plutôt militaire.

Un succédané existe, une procédure de consultation, ou d’alerte, prévue à l’article 4 qui prévoit de consultations entre alliés « chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». Clause invoquée à plusieurs reprises par les Turcs notamment.

Lire notre fiche mémo : La clause de l’article 5 (solidarité), la clause d’alerte (article 4)

La clause de solidarité à l’européenne : jamais utilisée en tant que telle

Depuis les attentats en Espagne de 2004, et le Traité de Lisbonne, l’Union européenne dispose d’une procédure d’alerte et de solidarité, formalisée, et déclenchable en cas de problème majeur (attaque terroriste, catastrophe importante naturelle ou humaine) prévue à l’article 222. Elle est déclenchée par un État membre quand celui-ci « estime, après avoir exploité les possibilités offertes par les moyens et les instruments existants, tant au niveau national qu’à celui de l’Union, que la situation manifestement dépasse les capacités de réaction dont il dispose ». Il y a là une notion d’incapacité partielle de réponse, qui n’est pas présente dans la clause de solidarité de l’OTAN. Une décision est venue préciser, en 2014, les modalités d’usage de cet article.

L’Union européenne mobilise alors « tous les instruments pertinents (qui) peuvent le mieux contribuer à la réaction face à la crise », que ces instruments soient « sectoriels, opérationnels, stratégiques ou financiers » voire « militaires ». L’intérêt de cet instrument est qu’il est tout autant technique que politique et, surtout, qu’il offre une palette d’outils de réponse possibles, de façon très souple. Outre les mesures conjoncturelles, on peut ainsi considérer qu’il y a nécessité de prendre une décision obligatoire, d’engager des financements, de mettre à disposition des moyens d’autres pays (policiers, experts de renseignement…). On peut même estimer qu’il est nécessaire de reporter certains engagements financiers de la France (par exemple en matière de déficit).

Cependant le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas n’a pas voulu se placer dans cette hypothèse. « Nous sommes dans la période de deuil et de recueillement, ce n’est pas le moment » a-t-il déclaré ce midi, en réponse à la question d’un collègue. « Toute une série de conditions sont associées » à la mise en oeuvre de la clause. Il n’a cependant pas voulu totalement exclure cette hypothèse parmi toutes les autres mesures.  « Le collège (des commissaires européens) en discutera mercredi (tout comme) les ministres vendredi » a-t-il ajouté

Lire notre fiche-mémo (B2 Pro) : La clause de solidarité – article 222

La clause d’assistance mutuelle

L’Union européenne dispose aussi d’une autre clause, dite de défense ou d’assistance mutuelle – semblable à celle de l’OTAN et découlant directement de l’article V du traité de l’Union pour l’Europe Occidentale signé en 1948 —. Si un État membre est objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui « doivent » aide et assistance « par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies », prévoit ainsi l’article 42.7 du Traité.

Lire notre fiche-mémo : Les clauses de solidarité et défense mutuelle dans le Traité

Un signal politique très important

Au-delà du symbole, le déclenchement d’une de ces clauses obligerait les Européens et les alliés euro-atlantiques à s’engager plus avant, que ce soit par des mesures politiques, financières, de sécurité, voire militaires. L’usage de l’article 5 de l’OTAN serait un signal politique de gravité notable, en rapport avec les déclarations (guerrières) du président François Hollande quelques heures après l’attentat. Elle obligerait à une solidarité extrême, militaire, les autres Etats membres. L’usage de l’article 222 de l’Union européenne comme de l’article 42.7 serait une première en soi. Elle serait conforme au tropisme européen de François Hollande et obligerait les partenaires européens et les institutions européennes à être à la fois plus solidaires et plus réactifs, pas seulement dans les mots… mais aussi dans les actes.

(Maj – 17h) Le président de la République française, François Hollande, vient d’annoncer à Versailles avoir demandé à son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, d’évoquer demain, mardi, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, la mise en oeuvre de la clause de défense mutuelle, prévue à l’article 42.7 du Traité de l’UE.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Les attentats survenus à Madrid dans plusieurs gares au même moment le 11 mars 2004 ont fait près de 200 morts et 1400 blessés

Attentats de Paris. Une nuit en Europe et ailleurs aux couleurs françaises

Sun, 15/11/2015 - 10:51

Le mur des lamentations à Jérusalem (crédit : Israel)

(B2) Dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde, de nombreux monuments officiels ou symboliques se sont illuminés aux couleurs tricolores cette nuit de samedi à dimanche, en hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015, au Bataclan, au Stade de France, sur les terrasses et les rues du 10e et 11e arrondissement. Un hommage visuel qui a sans doute autant de poids que les mots.

Attentats de Paris. Plusieurs victimes européennes

Sat, 14/11/2015 - 13:36

(B2) Les attentats de Paris vendredi 13 novembre au soir sont sans doute un des plus lourds au niveau européen. Il pourrait approcher les 150 morts au final. Le dernier bilan dressé par les autorités françaises,  transmis par l’AFP, samedi en début d’après midi, fait état de 128 morts, 300 blessés dont 80 en « urgence absolue ». On décompte plusieurs victimes européennes, essentiellement au Bataclan lors du concert des Eagles of Death Metal (1),

Deux Belges ont été tués a confirmé, samedi, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.

Trois Néerlandais sont blessés, dont deux gravement, et un plus légèrement, deux hommes et une femme, a confirmé son homologue néerlandais Bert Koenders.

Une étudiante suédoise de 23 ans aurait été blessée (sans gravité apparemment) selon la presse suédoise.

Trois Autrichiens étaient au Bataclan, deux sont sains et sauf, mais on est sans nouvelles du troisième, assure le ministère des Affaires étrangères.

Les ambassades et consulats étrangers à Paris sont mobilisés également pour identifier si certains ressortissants figurent parmi les victimes (tués ou blessés). Un numéro d’urgence a été mis en place par le Quai d’Orsay à destination de l’étranger. + 33 (0) 1 45 50 34 60 .

(NGV)

Sentinelle, une opération inutile face au terrorisme ‘pur’ ?

Sat, 14/11/2015 - 11:45

déploiement de militaires aux Antilles en janvier (crédit : EMA / DICOD)

(B2) L’ampleur des attentats simultanés qui ont eu lieu ce vendredi (13 novembre), au Bataclan, au Stade de France… doit interpeller sur le dispositif de sécurité. Il signe un certain échec du plan Vigipirate et de l’opération Sentinelle.

Un terrorisme au sens pur

Le stade de France à Saint-Denis, le 10e et le 11e arrondissement sont des quartiers éminemment populaires. Le déploiement en nombre de personnel militaire protégeant certains bâtiments sensibles, de façon permanente, est plutôt avec le terrorisme. Du moins le terrorisme, au sens « pur » du terme, celui qui est destiné à semer la terreur parmi la population et vise toute une série d’objectifs « non stratégique » mais la population.

Un dispositif couteux

L’opération Sentinelle est un dispositif couteux — en hommes — et impossible à tenir à la fois dans la durée et dans l’étendue.  7.000 militaires sont mobilisés en permanence (10.000 au plus haut de la crise après les attentats de janvier à Charlie hebdo, Montrouge et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes). Il est aussi en grande partie inutile face à ce type de terrorisme. Peut-on protéger toutes les salles de spectacle, les stades, les restaurants, tous les lieux publics ? Dans ce cas, le terrorisme s’en prendra aux épiceries, aux supermarchés, au bus et au métro. Protégera-t-on le centre de Paris ? Les terroristes viseront des cibles en banlieue ou en province. L’usage de militaires de façon permanente pose aussi des problèmes d’ordre juridique mais aussi opérationnels.

qui a ses limites

Toutes les questions doivent maintenant être posées, sans tabou. Les effectifs militaires ne sont pas extensibles à l’infini. En comptant les opérations extérieures, le maintien de la présence dans les bases permanentes extérieures et outre-mer + l’opération intérieure, il y a plus de 20.000 hommes mobilisés en permanence. Est-ce judicieux d’employer des militaires en métropole en nombre à des missions de police ? Ne seront-ils pas plus efficaces aux missions pour lesquelles ils ont été formées, à l’extérieur du territoire ? N’est-il pas plus utile d’employer des policiers et de gendarmes dont c’est la fonction et qui ont la capacité d’intervenir ? Ce qui pose la question de l’augmentation des effectifs, donc du budget supplémentaire (donc une augmentation du déficit).

et créé une illusion de sécurité

Ce dispositif est trompeur. Il crée également une fausse sécurité dans tous les autres lieux. Il ne s’agit pas de créer la panique, mais de sensibiliser la population, d’avoir une certaine méfiance par rapport à des actes suspects et de prendre les bonnes dispositions en cas d’attaque. Dans une population, qui pour sa grande majorité, n’a jamais connu la guerre, voire les précédentes vagues d’attentats (type OAS ou FLN durant la guerre d’Algérie), il importe aussi de développer un esprit de résilience. Même les vagues les plus récentes — celles du GIA ou iraniennes de 1986 ou 1995 — qui visaient (elles aussi) des cibles populaires — peuvent paraitre lointaines.

Développer une résilience

Avoir les bons réflexes en cas d’attaque, apprendre à maitriser son sang-froid ne sont pas innés. Il y a des règles, des conseils à donner à la population. Eviter de montrer du doigt contre certaines religions ou nationales, de développer du racisme ou de la haine raciale est aussi impératif. Ce serait pire que tout et nourrirait les attentats de demain.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire : Armée déployée en France. Une « opération intérieure » de protection

Après les attentats sanglants de Paris, choc et solidarité en Europe et ailleurs (Maj5)

Sat, 14/11/2015 - 10:05

(B2) Très vite, dans la soirée de vendredi et la nuit, venues de toutes les capitales européennes et des alliés de l’OTAN, les réactions ont fusé. Le mot qui revient le plus souvent est le « choc » après les attentats sanglants qui ont frappé Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre en soirée. Le bilan est, en effet, un des plus lourds au niveau européen (lire : Plusieurs victimes européennes ?).

Chaque dirigeant exprime sa consternation, son émotion, sa sympathie, ses condoléances. Mais très vite le message politique reprend le dessus. C’est la « démocratie qui est attaquée » revient souvent de même que le message de « solidarité » avec la France et toutes les victimes. Tous les Européens ont été invités à se joindre à une minute de silence en mémoire des victimes à midi le lundi 16 novembre.

Des réunions d’urgence

Plusieurs gouvernements ont décidé une réunion d’urgence samedi matin : Belgique (Kern), Allemagne (conseil des ministres), Finlande (conférence téléphonique puis réunion ministérielle), Italie (unité de crise), Royaume-Uni (Cobra), Slovaquie (conseil de sécurité)…

Debout dans la solidarité (Donald Tusk, Conseil européen)

Donald Tusk, le président du Conseil européen prend aussitôt sa plume et envoie dans la nuit une lettre à François Hollande vigoureuse. « Aujourd’hui, la France est sur la ligne de front de la lutte contre le terrorisme. Mais elle est pas seule. Ce combat est le combat de tous les Européens, et tous les autres peuples du monde libre, aussi. La France est une grande, forte et résiliente nation. Ce qui lui permettra de surmonter cette tragédie. » Et il ajoute un message de solidarité. « Debout dans la solidarité, l’Union européenne aidera. Nous nous assurerons que le tragique acte honteux de terrorisme contre Paris échoue dans son objectif : diviser, pour effrayer, et saper la liberté, l’égalité et la fraternité, les valeurs qui font de la France une grande nation (…) ». Il conclut en « exigeant » que la réunion des chefs de file mondiaux au G20 de Antalya « réponde à la menace du terrorisme extrémiste. Nous ferons en sorte que tout ce qui peut être fait au niveau européen pour faire de la France sécuritaire qui se fait. Et nous veillerons à ce que la stratégie anti-terroriste de l’Europe soit apte à faire face aux défis des mois à l’avance. » Télécharger la Lettre (1) et la déclaration

Le bien plus fort que le mal (UE)

« Le bien est plus fort que le mal » déclarent les 28 Chefs d’Etat et de gouvernement dans une déclaration publiée samedi après-midi (télécharger ici). « Tout ce qui peut être fait au niveau européen pour assurer la sécurité de la France sera fait. Nous ferons ce qui est nécessaire pour vaincre l’extrémisme, le terrorisme et la haine. »

Une réunion de Vienne sur la Syrie qui change de sens (Federica Mogherini, HR)

« C’est un autre jour triste. La réunion que nous avons ici aujourd’hui à Vienne devrait prendre une autre sorte de sens » exprime la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini à l’ouverture de la réunion, samedi. « Les pays autour de la table aujourd’hui ont presque tous connu la même douleur, la même douleur, le même choc au cours des dernières semaines. Paris, hier, le Liban, la veille, la Russie et l’Egypte il y a deux semaines, la Turquie il y a quelques semaines. Cela nous indique très clairement que nous sommes ensemble (…) Européens, Arabes, Est et Ouest, toute la communauté internationale, sommes affectées par le terrorisme et ceux qui se battent pour nous diviser et semer la panique. » Et d’ajouter : « La meilleure réponse à cette question est en réalité à venir ensemble, surmonter nos différences, et d’essayer ensemble pour ouvrir la voie vers la paix en Syrie »

Des actes abjects  (UE / Commission européenne)

Réunies en pleine discussion budgétaire (budget européen de 2016), les trois institutions européennes (Parlement, Conseil européen, Commission européenne) « condamnent ces actes abjects qui les choquent profondément » dans un communiqué publié à 1 heure du matin.Je suis « atterré et révolté de voir que la France est en ce moment même frappée par le terrorisme le plus odieux » s’exprime Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne

Nous sommes du côté de la France (Merkel/Steinmeier, Allemagne)

« Je suis profondément choqué par les nouvelles et les images qui nous parviennent de Paris » exprime la Chancelière Angela  Merkel dès vendredi soir. Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, se dit également « consterné et choqué par les événements (…) Nous sommes du côté de la France ! ». Une réunion ministérielle d’urgence a été convoquée à Berlin ce samedi matin. Et la chancelière promet de « tout faire » pour aider la France dans le « combat contre ces terroristes ».

Notre plus vieil allié, un partenaire essentiel (Obama / Kerry, USA)

Barack Obama, le président américain et John Kerry, le secrétaire d’Etat US, adressent un message de solidarité faisant partager « l’indignation et la tristesse sur les attaques terroristes ». (…) Ce sont des actes ignobles, haineux, mauvais. Ceux d’entre nous qui le peuvent devront faire tout en notre pouvoir pour combattre ce qui peut être considéré comme une violation de notre humanité commune. (…) La France est notre plus vieil allié, un ami et un partenaire essentiel. Nous sommes avec le peuple français ce soir, que nos peuples ont toujours été ensemble dans nos heures les plus sombres. Ces attaques terroristes ne feront que renforcer notre volonté commune. »

Nous sommes tous ensemble (David Cameron, Royaume-Uni)

Sur Twitter, le premier ministre britannique David Cameron adresse quelques mots au « peuple français ». En quelques mots, tout est résumé mieux que tous les autres messages. La puissance du verbe britannique, exprimé pour moitié en français. « Nous sommes solidaires avec vous. Nous sommes tous ensemble. We are with you. United. »

My message to the French people: Nous sommes solidaires avec vous. Nous sommes tous ensemble. We are with you. United.

— David Cameron (@David_Cameron) 14 Novembre 2015

Unis contre le terrorisme (Werner Faymann, Autriche)

Même tonalité du message à Vienne, où le chancelier Werner Faymann exprime sa « solidarité » soulignant que « la communauté internationale doit maintenant se tenir ensemble, unie contre le terrorisme ».


L’OTAN hisse le drapeau français sur son site

Le terrorisme ne vaincra jamais la démocratie (Jens Stoltenberg, OTAN)

« Je suis profondément choqué par les attentats terroristes épouvantables perpétrés en plusieurs endroits de Paris cette nuit. Mes pensées vont vers les familles des victimes, vers toutes les personnes touchées par ces attaques, et vers le peuple français. Nous sommes forts et unis dans la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme ne vaincra jamais la démocratie. » déclare à son tour, le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg.

Choc et chagrin (Stefan Löfven, Suède)

Le Premier ministre suédois Stefan Löfven exprime son « choc et le chagrin que nous recevons des rapports de Paris et de suivre l’évolution minute par minute. Je pense et je crois fermement avec les victimes, leurs proches et le peuple français. Nous sommes unis avec la France en cette heure sombre. »

Une attaque contre la démocratie elle-même (Grèce)

« Le peuple grec dans son ensemble est choqué par ces lâches attentats terroristes. Ces attaques sont des attaques non seulement contre la France, mais aussi contre l’ensemble du monde civilisé et la démocratie elle-même ».

L’importance du cadeau des pères fondateurs de l’Union (Matteo Renzi, Italie)

« Ce matin, j’ai redécouvert comme tous les Italiens l’importance du cadeau offert par les pères fondateurs de l’UE. Ils ont fait la guerre et ils nous ont offert la paix. Comme tous les Italiens je sais que les terroristes ne vaincront pas » a voulu souligner Matteo Renzi. Et d’annoncer une « intensification de tous les contrôles de sécurité sur le territoire national ».

Ne pas tomber dans le piège de la peur (Charles Michel, Belgique)

« Je lance un appel à ne pas tomber dans le piège de la peur. Tous les démocrates doivent se tenir debout face au terrorisme » estime le Premier ministre belge, Charles Michel, à l’issue d’un conseil restreint et de demander à « (ses) concitoyens d’éviter d’aller à Paris si ce n’est pas indispensable. Les contrôles seront renforcés dans les événements publics ».

La peur et l’intolérance ne doivent pas dominer (Juha Sipilä, Finlande)

Même tonalité en Finlande. « C’est un coup dur pour les sociétés démocratiques et ouvertes. La peur et l’intolérance ne doivent pas se répandre après les attentats, même si ceux-ci offrent également un espace » souligne le Premier ministre finlandais Juha Sipilä. Tandis que son ministre des Affaires étrangères, Carl Haglund « condamne les attentats de Paris où la démocratie et la transparence ont été attaquées ».

Tuomitsen Pariisin hirvittävät tapahtumat, joissa demokratiaa ja avoimuutta vastaan on hyökätty. Surunvalitteluni kaikkien uhrien omaisille. — Carl Haglund (@Calle_Haglund) November 14, 2015

Un jour sombre en Europe (Lars Løkke Rasmussen, Danemark)

« L’ampleur des attentats à Paris est incompréhensible et me remplit d’une profonde tristesse » assure le Premier ministre danois, Lars Løkke Rasmussen qui parle d’un « jour sombre aujourd’hui en Europe ». « Je condamne dans les termes les plus vigoureux les auteurs des hommes qui sont derrière ces attaques terroristes sur la société française. (Nous) surveillons de près la situation à Paris. » La pleine coopération de l’Espagne dans la lutte anti-terroriste (Mariano Rajoy, Espagne) Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, envoie un télégramme à François Hollande et Manuel Valls, exprimant « la solidarité de l’Espagne et du peuple espagnol avec le peuple français. (…) Ils peuvent compter, bien sûr, sur la pleine coopération de mon gouvernement, des forces espagnoles et de sécurité dans la lutte implacable contre la barbarie terroriste. »

« Ante las horribles noticias sobre los salvajes atentados de este viernes en París quiero hacerle llegar inmediatamente mi más enérgica condena de los mismos, la solidaridad de España y de los españoles con el pueblo francés, nuestro más sentido pésame a las familias de los asesinados y nuestros mejores deseos de restablecimiento para los heridos. Pueden contar, por supuesto, con toda la colaboración de mi Gobierno y de las fuerzas y cuerpos de seguridad españoles en la lucha sin cuartel contra la barbarie terrorista. »

Tristesse, chagrin et colère (Andrzej Duda, Pologne)

Le ministre (sortant) de la Défense, Tomasz Siemoniak (Plate-forme civique), et la Première ministre (sortante), Ewa Kopasz, ont déposé ce samedi matin, une gerbe et allumé une bougie symboliquement devant l’ambassade de France à Varsovie, où plusieurs personnes s’étaient spontanément rassemblées.

Le président polonais Andrzej Duda (PiS) exprime « Tristesse, chagrin et colère » adressant par twitter ses « condoléances au peuple français, en particulier les familles qui ont perdu leurs chers. Nous sommes avec vous à l’esprit, le regret, la prière. »

Smutek, żal i gniew. Wyrazy współczucia Francuzów, zwłaszcza Rodzin które straciły najbliższych. Jesteśmy z Wami myślą, żalem i modlitwą. — Andrzej Duda (@AndrzejDuda) 13 Novembre 2015

 Avec l’ensemble de la communauté internationale, nous sommes profondément choqués par (cette) série d’attaques terroristes. Nous condamnons fermement cet acte de barbarie sur une échelle sans précédent. » souligne le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, Marcin Wojciechowski. « Nos pensées sont dans ces moments difficiles avec les gens qui ont souffert dans les attentats et avec les habitants de Paris et dans toute la France. » Et Varsovie d’appeler « les Polonais vivant à Paris et dans toute la France à des précautions spéciales et le strict respect des recommandations des autorités locales dans le cadre de l’introduction de l’état d’urgence. »

Contre la terreur ! (EUTM Mali)

Dans les missions européennes de la PSDC déployées à l’étranger, c’est aussi la consternation. « Contre la Terreur! » s’exclame  la mission européenne de formation de l’armée malienne à Bamako (EUTM Mali). « Les membres de la mission EUTM Mali sont solidaires avec la France et ses citoyens! »

Contre la Terreur! Les membres de la Mission EUTM MALI sont solidaires avec la France et ses citoyens! Against… https://t.co/YiuAQyrqwY — eutmmali (@eutmmali1) November 14, 2015

Non aux réfugiés ! (R. Zymanski, Pologne)

Mais très rapidement, les déclarations mêlant immigration et terrorisme reprennent le dessus. « Le nouveau son de cloche du gouvernement polonais PiS issu des urnes des dernières élections reprend le dessus « Compte tenu des événements tragiques à Paris, nous ne voyons pas les possibilités politiques de l’exécution (des décisions prises au plan européen de relocalisation des réfugiés) » affirme le nouveau ministre des affaires européennes, Richard Zsymanski (PiS / conservateur) comme le relate le quotidien Gazeta. « La Pologne doit conserver le plein contrôle de ses frontières, de l’asile et de l’immigration ». Un message également entendu à Bratislava, où le Premier ministre, Robert Fico (SMER / social-démocrate) fait le lien entre les réfugiés syriens et le terrorisme.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour samedi (14 novembre) 10h, 11h, 12h, 13h, 17h

(1) en anglais uniquement, traduit par nos soins

A La Valette, Macki Sall dit ses quatre vérités aux Européens

Thu, 12/11/2015 - 17:28

Le président sénégalais, Macki Sall répond à la question de la presse (crédit : Conseil de l’UE)

(B2) Au sortir du sommet tenu à La Valette entre Africains et Européens, Macki Sall, le Président sénégalais qui coprésidait la réunion n’a pas mâché ses mots, face à la presse, mettant en cause un système économique injuste mais aussi la dramaturgie européenne en matière de migrations.

La clé d’une Afrique autonome

« Sans l’évasion fiscale et le transfert frauduleux de ressources, qui est évalué à 60 milliards par an » l’Afrique s’en sortirait seule estime-t-il. « Le seul rapatriement de 17% de cette somme permettrait à l’Afrique de se passer de l’aide au développement et de rembourser la dette. »

L’injuste rémunération des ressources naturelles

« Tant que l’Afrique ne verra pas la juste rémunération de ses ressources naturelles, elle sera plus ou moins dépendante. Il est temps que soit restaurée une juste rémunération des ressources naturelles mais aussi (d’assurer) une transformation de ces produits sur le continent. (Ce) qui donnera davantage de valeur ajoutée que l’exportation de matières premières et donnera de l’emploi » a abjuré celui qui préside également aux destinées de la CEDEAO (la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).

L’évasion fiscale et la mal gouvernance

« Il faut aussi lutter contre l’évasion fiscale. Il est de notoriété publique que les multinationales qui œuvrent en Afrique trouvent toujours un moyen d’échapper à la fiscalité. Il y a ainsi beaucoup de ressources perdues. » Enfin, a-t-il ajouté, tournant là le regard vers ses homologues africains, il y a une autre cause à la pauvreté en Afrique : « la mal gouvernance et la corruption ».

Dédramatiser la question des migrants, organiser la mobilité

Le dirigeant africain estime qu’il faut dédramatiser la crise des migrations et des réfugiés. « Partout où il y a la guerre, les gens fuient. Et là où il y a des différences de développement, les gens vont migrer. » Et de prendre « l’exemple parfait » : les Etats-Unis. « Il y a un siècle ou deux siècles, c’est l’Europe qui immigrait en masse vers les Etats-Unis. Car c’était un nouvel eldorado. C’est un phénomène naturel qu’il faut dédramatiser. Seulement il faut organiser la mobilité, et combattre les trafics qui utilisent et exploitent la pauvreté et la détresse des populations africaines. »

Commentaire : c’est sans doute un des propos les plus intéressants entendus à ce sommet de Malte. Prenant un peu de hauteur, le Président sénégalais, a pointé, avec des propos clairs, compréhensibles, directs, l’enjeu des discussions entre l’Europe et l’Afrique. A côté, les dirigeants européens paraissaient étriqués, engoncés dans un repli sur soi, n’ayant à l’aune de leurs lunettes de vision que leur ‘petit’ problème du moment : Comment faire face au flux des réfugiés ? Comment se débarrasser des migrants ? Comment renforcer l’efficacité du contrôle des frontières extérieures ? Il va être difficile demain aux Européens de venir donner des conseils aux Africains pour la gestion des frontières ou l’accueil des réfugiés. A se demander si une mission « de conseil » et « d’assistance », type PSDC à l’envers, des Africains en Europe, ne serait pas inutile…

(Nicolas Gros-Verheyde, à La Valette)

134 réfugiés récupérées par le HMS Richmond. Un changement de langage de la Navy ?

Wed, 11/11/2015 - 19:06

(crédit : MOD UK)

(B2) La journée de jeudi dernier (5 novembre) a été rude pour les marins européens engagés dans l’opération EUNAVFOR MED / Sophia. Les avions de patrouille espagnol et luxembourgeois avaient signalé une douzaine de navires, dont un bateau de pêche et deux skiffs.

Outre les 258 personnes sauvées par la frégate belge (lire : 4 suspects arrêtés en Méditerranée par le Leopold Ier), 76 personnes ont pu être récupérées par le patrouilleur slovène Triglav et 134 hommes et femmes qui tentaient la traversée sur un dinghy surchargé ont été pris en charge par la frégate britannique HMS Richmond.

Une fois à bord du navire, « les migrants ont été enregistrés, ont reçu de l’eau et de la nourriture. Certains d’entre eux ont vu les médecins de bord » signale la Royal Navy, avant d’être transférés à bord d’un navire des gardes-côtes italiens Diciotti afin d’être débarqués en Sicile.

(NGV)

Commentaire : Pas de Brexit pour la Navy ?

On peut remarquer que à l’inverse de l’opération EUNAVFOR Atalanta, pourtant commandée par les Britanniques, où l’Etat-Major britannique tentait de masquer le caractère européen de l’opération — préférant souvent parler d’une opération multinationale ou d’une mission en liaison avec l’OTAN – il n’en est pas de même de l’opération Sophia. Communiqué après communiqué, la Royal Navy est fière d’annoncer la couleur : elle participe à une opération de l’Union européenne.

Dans sa dernière publication (lire ici), elle donne même la parole à une de ses jeunes recrues, Jade Convery, qui exprime son enthousiasme du haut de ses 23 ans : “I’ve really enjoyed working with the European Union Naval Force – working with other navies has been a huge learning experience, and we already feel part of one team. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le Leopold Ier s’entraîne au tir à la Souda

Wed, 11/11/2015 - 11:59

(B2 au large de la Crète) La frégate belge Leopold Ier (F-930) a parfait aujourd’hui son entraînement avant d’intégrer le Charles-de-Gaulle en Méditerranée. Des exercices de tir ont été effectués ce mercredi (11 novembre), jour de célébration de la fin de la Première guerre mondiale, sur le pas de tir spécialisé de l’OTAN de la Souda en Crète.

Un exercice de qualification pour l’OTAN

La frégate a fait tonner la poudre à plusieurs reprises. Son « Otobreda » 76 mm antiaérien et antisurface a résonné d’un son lourd tandis que ses mitrailleuses MAG (7.62 mm) et Browning .50 (12,7 mm) répondaient avec un son plus sec et saccadé. Puis le lance-missiles Sea Sparrow (anti-aérien) et son système de protection rapprochée Goalkeeper ont donné de la voix. La cible : un drone envoyé pour simuler une attaque aérienne sur le navire. C’était d’ailleurs l’objectif principal de l’exercice. Le lancement d’un missile Seaspearow est « une étape importante de qualification de la frégate afin de la certifier aux normes OTAN » précise la défense belge. « Le lancement s’est fait avec une fusée télémétrique qui a comme objectif d’enregistrer un nombre de données de vol et opérationnelles ». Les AGM-84 Harpoon (anti-surface, destinés à détruire de gros navires à longue distance 120 km) et les torpilles Mark 46 (contre les sous-marins) sont restés au repos… pour cette fois. Tout cela sous les yeux du ministre de la Défense, Steven Vandeput, qui s’est spécialement déplacé pour l’occasion, ainsi que du Premier ministre, Charles Michel, qui a fait escale sur l’île de Crète, avant de se rendre à Malte pour deux sommets consécutifs (Europe-Afrique et Union européenne) sur les migrations. Autre ambiance…

Quelques jours sous pavillon européen

Le Léopold Ier, de son côté, reprend la mer. Direction : la Sicile. La frégate est, en effet, officiellement encore sous pavillon européen pour quelques jours. Elle va retrouver le Cavour, le navire amiral de EUNAVFOR MED / Sophia. Le temps de faire un dernier briefing, de rendre les différents matériels (communication, radio…) utilisés et de dire au-revoir au commandant de mission, le contre-amiral Enrico Credendino. Et ensuite, direction Toulon, pour s’intégrer au Groupe aéronaval français, et cap sur le Golfe Persique, via le Canal de Suez.
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(Nicolas Gros-Verheyde)

Le Charles-de-Gaulle en mission anti-Daech avec une escorte belgo-britannique

Wed, 11/11/2015 - 09:36

(B2 en mer !) Le porte-avions français Charles-de-Gaulle devrait appareiller de Toulon le 18 novembre prochain, selon nos informations. Il sera accompagné de plusieurs navires constituant le groupe aéronaval (GAN) dont la frégate anti-sous marine La Motte-Picquet (D-645), d’un navire ravitailleur, d’un sous-marin d’attaque ainsi que deux navires européens : un Belge — le Leopold Ier (F-930), jusqu’ici engagée dans l’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia — et un Britannique — le HMS St Albans (F-83), une frégate britannique de type 23 —.

Sus à Daech et affiliés

Direction : le Golfe persique avec une mission principale confiée au porte-avions, la lutte « contre Daech et ses groupes affiliés » comme l’a fixé le président (français) de la République, François Hollande, à l’issue d’un Conseil restreint de défense, le 5 novembre dernier. L’objectif est de de renforcer la capacité de frappe en Irak comme en Syrie. Coté belge, c’est désormais officiel. Le Premier ministre Charles Michel vient de le confirmer à l’occasion d’un déplacement en Crète sur la frégate Leopold Ier. Un conseil restreint (kern) tenu le 30 octobre a « décidé l’envoi de la frégate belge (…) dans le cadre de la coalition internationale ». « Et le parlement va être informé et tiendra un débat, en présence du ministre de la Défense, comme le veut la règle. »

Une demande américaine

Ce déploiement répond à une « demande américaine » a souligné Charles Michel. Le groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Theodore Roosevelt a dû rentrer au pays en octobre pour problème de maintenance. Et le suivant constitué autour du USS Truman ne devrait arriver que durant l’hiver 2016 (lire détails sur US naval institute news). C’est ce « gap » que devrait combler le groupe aéronaval franco-belgo-britannique.

Contrôle opérationnel français

Concrètement la frégate belge passera sous contrôle opérationnel (OpCon) des Français le 18 novembre (au départ de Toulon). Ce sera Paris – en liaison avec la coalition dirigée par le général américain, John Allen — qui fixera la mission précise du Charles-de-Gaulle. La frégate belge ne sera pas engagée directement dans toutes les opérations menées par le Charles-de-Gaulle. Mais elle sera tenue « informée ». « Notre mission est défensive » a tenu à rassurer Charles Michel : « assurer l’escorte et d’accompagnement » du porte-avions français.

Des évolutions possibles

« Si la mission devra évoluer en fonction de la situation, nous devront être immédiatement avertis ». Une évolution qui n’est « pas exclue. On ne peut pas prédire ce qui se passera dans les semaines à venir. (Et) si nécessaire, on prendra alors des mesures supplémentaires. Il faudra ainsi une nouvelle décision du gouvernement, en kern ou en conseil des ministres, et une nouvelle information du parlement. » La frégate belge devrait rester six semaines dans le Groupe aéronaval, jusqu’au 2 janvier.

Une mise en condition assez rapide

La préparation du Groupe aéronaval va être assez rapide : quelques jours seulement (entre le 15 et le 18 novembre). Le temps de faire les ultimes briefings et les dernières règles d’engagement. Mais chacun des navires engagés se prépare activement durant ces derniers jours. Le Charles de Gaulle est ainsi parti de Toulon le 3 novembre pour une période de deux semaines consacrée à l’école de l’aviation embarquée. Période en mer qui va « permettre aux nouveaux pilotes de l’aviation embarquée de la Marine nationale de se qualifier à apponter sur le porte-avions nucléaire français » précise-t-on à l’état-major français. La frégate belge de son côté effectue une série d’exercices et d’entraînements sur la zone de tirs de l’OTAN à la Souda, en Crète ce matin (Lire : Le Leopold Ier s’entraîne au tir).

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

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