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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 2 hours 57 min ago

L’Afrique déclenche sa force de maintien de la paix au Burundi

Fri, 18/12/2015 - 22:28

(B2) Les derniers évènements au Burundi semblent l’avoir emporté sur les dernières réticences. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) a décidé jeudi (17 décembre), d’autoriser le déploiement d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU).

Un déploiement conditionné

5000 hommes devraient constituer cette force qui aura une durée initiale de six mois renouvelable. Mais ce déploiement est soumis à une condition : l’accord de Bujumbura. Si le gouvernement burundais ne donne pas son accord, dans les 4 jours, l’Union africaine devra alors décider un déploiement de la force africaine en attente, d’Afrique de l’est.

Mandat de prévention des violences et protection de la population

Le mandat de la Maprobu s’étend sur plusieurs actions, notamment « prévenir toute détérioration de la situation sécuritaire » et « contribuer, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à la protection des populations civiles sous menace imminente ». Elle devra « faciliter (un accord sur) le désarmement des milices et groupes illégaux, la protection de personnalités politiques et d’autres acteurs dont la sécurité serait menacée, et la protection du personnel de l’Union africaine, de ses biens et de ses installations ».

(NGV)

Quels pays ont répondu à l’appel de la France ? François confirme les infos B2 !

Fri, 18/12/2015 - 20:52

(B2) François Hollande a, tout à l’heure, lors de la conférence de presse finale dressé à son tour un petit bilan de la mise en application de l’article 42.7. Cela s’est fait en deux temps : d’abord une intervention liminaire, préparée d’avance, plutôt optimiste. Puis un recalage, un peu plus précis quand nous l’avons interrogé en soulignant que nous n’avions pas tout à fait, les mêmes noms que lui dans notre besace…

L’Europe a été au rendez-vous

« Un mois après que le ministre de la Défense ait saisi ses homologues, les pays européens ont répondu. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, la Suède, le Danemark, les Pays Bas, l’Italie. Il y a une très grande solidarité, très grande mobilisation pour nous permettre d’avoir sur le plan militaire la réponse et la riposte qui est nécessaire . Nous unissons nos forces contre Daech. Et nous veillons aussi à ce que les trafics que Daech peut organiser, trafic de pétrole, trafic d’œuvres d’art puissent être annihilés. La France peut faire le constat que la solidarité a été au rendez-vous. »

Merci de faire enquête

L’occasion était trop belle pour ne pas demander quelques précisions au président, car il nous semblait un brin lyrique. Dans notre enquête, en effet, nous n’avons pas noté un tel enthousiasme néerlandais ou italien par exemple. François Hollande, dans une taquine réponse,  a d’abord « remercier « de faire enquête et me fournir (ainsi) des informations qui peuvent être utiles »… Puis il a apporté quelques précisions, utiles, car elles qualifient l’engagement de chaque pays, et rétropédalent un peu dans son exposé de départ.

Décision importante au Royaume-Uni

Le président français a notamment voulu expliquer pourquoi la réponse du Royaume-Uni et de l’Allemagne en particulier étaient fondamentales, au plan politique comme militaire.

Au Royaume-Uni, « c’est important car Cameron avait été empêché d’intervenir quand la France y était prête, par rapport au régime de Bachar qui avait utilisé des armes chimiques. Cette fois-ci, il a pu obtenir le concours de son parlement, de la Chambres des communes pour agir en Syrie contre Daech. »

Et décision majeure en Allemagne

Pour l’Allemagne, aussi, « c’est une décision tout à fait majeure prise par la Chancelière et le Bundestag. C’est la première fois que les Allemands vont pouvoir participer à une opération extérieure, pas seulement en fournissant du matériel mais aussi du personnel (1). Donc c’est un moment très fort de solidarité. »

La Suède : pas si simple vu la tradition

« D’autres pays, comme la Suède, ont annoncé le 16 décembre des moyens en matière de transport aérien. Là aussi, vous connaissez la tradition de la Suède, ce n’était pas si simple. »

D’autres contributions en attente

« En Belgique et au Danemark, des débats sont en cours aussi pour cette contribution. Et je sais que l’Italie, les Pays-Bas ont aussi cette volonté. En Espagne, il y a des élections dimanche. Et ce sera après le scrutin que nous pourrons avoir la confirmation. »

Des contributions modestes mais symboliques de la solidarité

« Nous allons continuer avec tous les pays. Quelquefois ce sont des pays qui donnent des contributions modestes mais qui sont symboliques aussi de leur volonté de participer à la lutte contre le terrorisme, contre Daech et de montrer aussi une solidarité à l’égard de la France. »

Commentaire : Nous n’aurions pas dit mieux. Et comme c’est le Président qui le dit…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le président s’enthousiasme quelque peu. L’Allemagne s’est fortement engagée dans les Balkans, d’abord, dans les années 1990, qui est la première intervention de ce type à l’extérieur, puis en Afghanistan, sous bannière de l’OTAN dans les deux cas. Ce qui est sûr, c’est que c’est la première fois qu’il y a un tel engagement au Moyen-Orient, et surtout aussi rapide…

Bientôt des garde-frontières européens en Grèce ou ailleurs ?

Thu, 17/12/2015 - 23:14

(B2) « Sans contrôle effectif sur nos frontières, Schengen ne survivra pas ». C’est le leitmotiv de Donald Tusk, le président du Conseil européen, comme de la plupart des leaders européens qui se retrouvent aujourd’hui (19 novembre) à Bruxelles pour un nouveau sommet européen consacré à la crise des réfugiés. Ils auront du grain à moudre…

Un paquet de décisions

La Commission européenne, présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a travaillé d’arrache-pied ces dernières semaines pour mettre au point un « paquet » de mesures permettant de « boucher » tous les trous existants, à la fois législatifs et opérationnels. Une révision du Code Schengen a ainsi été présentée, mardi. Elle rendra possibles des contrôles systématiques aux frontières pour les Européens également. Une évolution demandée par Paris et Berlin.

Une proposition audacieuse

La Commission met aussi sur la table une proposition très audacieuse : la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens. Une idée souvent évoquée, jamais concrétisée. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu à Bruxelles un tel projet, concret et ambitieux. Terminée l’habituelle prudence, finis les atermoiements. La proposition de la Commission prévoit de doter l’agence actuelle, Frontex, de pouvoirs plus étendus.

Une vraie capacité d’intervention

Frontex II (*) disposera ainsi d’une vraie capacité d’intervention, à la demande des Etats membres mais aussi de sa propre initiative en cas d’urgence. « Les temps, les esprits ont changé » explique Natasha Bertaud, la porte-parole du commissaire européen aux Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos. « Si on ne prend pas de mesure forte, c’est tout l’espace Schengen qui est menacé ». Aujourd’hui, à chaque crise, « on doit aller faire la quête » complète un expert européen. Ca ne marche pas toujours bien. En octobre, l’agence Frontex avait ainsi lancé un appel pour avoir près de 800 policiers et gardes-frontières déployés en Grèce. Un mois après, elle n’en avait toujours qu’à peine la moitié !

Des moyens doublés

Les gardes-frontières et de gardes-côtes européens new look auront de plus larges compétences : du sauvetage en mer à l’accompagnement des retours d’immigrants expulsés en passant par l’analyse de risques. Ils disposeront d’un budget en hausse, de 340 millions d’euros d’ici 2020. Ils pourront acheter certains équipements (scanners, etc.) ou les louer (avions, bateaux, radars). Le personnel va doubler. Environ 600 embauches sont prévues ! Et une réserve opérationnelle va être créée, d’au moins 1500 experts. Des policiers, des gardes-côtes déjà en poste dans les Etats membres mais prêts à partir dans les 72 heures en cas d’alerte. Un peu comme l’alerte Guépard pour l’armée de terre en France.

Un couac…

Seul petit couac de ce projet, la Commission a prévu de confier à un comité le soin de décider, tout seul, du déploiement des garde-frontières, même si un pays ne l’a pas expressément demandé. De quoi faire ruer dans les brancards quelques Etats chatouilleux sur leur souveraineté, Polonais ou Hongrois notamment. Les Nordiques — Suède et Finlande — n’apprécient pas non plus le procédé qu’ils jugent peu démocratique. A la Commission, on relative cette difficulté. Ce n’est « qu’une proposition, libre aux Etats membres (ou au Parlement européen) de l’amender » rappelle un diplomate européen.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier publié dans Sud-Ouest ce jeudi matin

Lire aussi : Des gardes-frontières européens, une excellente idée. Mais…

(1) Une terminologie qu’on n’aime pas trop du côté de la Commission où on préfère parler de novation complète

La clause d’assistance mutuelle déclenchée par la France : bilan un mois après (enquête)

Thu, 17/12/2015 - 17:43

Formateurs de peshmergas néerlandais (Crédit : MOD Pays-Bas)

(B2 – exclusif) Il y a un mois, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, arrivait au Conseil des ministres de l’Union européenne avec un message très simple, se résumant à quelques mots : je demande l’invocation de la clause de l’article 42.7. Une clause, parfois dénommée clause de solidarité, plus souvent clause de d’assistance ou de défense mutuelle, dont même les spécialistes européens avaient un peu oublié l’existence (lire : La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?).

B2 a enquêté sur la mise en oeuvre de cette clause. Tous les détails ont été publiés il y a quelques jours dans notre édition professionnelle, article plusieurs fois remis à jour, en dernier lieu aujourd’hui (Lire aussi : La clause d’assistance mutuelle activée. Qui se mobilise ? Comment ? Enquête (maj3)). Au bout d’un mois, on peut tracer un premier bilan et donner quelques explications supplémentaires.

Un bilan pour l’instant mitigé

Tout d’abord, on perçoit une tendance de fond. Le soutien politique est entier parmi les 28. Et la prise de conscience réelle. Mais, au-delà des mots, l’engagement effectif est très diversifié. Ensuite, il est souvent difficile de dégager ce qui correspond réellement à un engagement nouveau — répondant à la clause d’assistance mutuelle —, et ce qui correspond juste à du recyclage d’une décision déjà prise ou la « réorientation » d’une mission déjà engagée ou déjà décidée. Il y a souvent un mélange des deux, dans une confusion savamment entretenue par nombre de gouvernements, pour des raisons à la fois internes et externes. Enfin, il s’agit bien souvent d’un premier jet. Plusieurs pays ont indiqué qu’ils entendaient approfondir le sujet et faire d’autres propositions l’année prochaine. Pour certains pays, redéployer des financements des hommes et des financements (déjà planifiés et entérinés dans les mandats votés par leurs assemblées) n’est pas toujours facile

Engagement majeur de trois alliés

L’engagement effectif a été fait de façon majeure par trois alliés : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni. Chacun pour différentes (bonnes) raisons internes.

A Londres, la demande française a constitué une excellente fenêtre d’opportunité pour David Cameron. Le Premier ministre qui avait essuyé un échec notable à la Chambre des communes en août 2013 revient ainsi dans la ‘course’ et retrouve, surtout, un rôle  dans la coalition internationale dirigée par les Américains. Le Royaume-Uni était, de fait, marginalisé ; la place d’allié « fidèle » étant conquise par la France. Au plan interne, il lui a permis également d’enfoncer un coin dans le camp travailliste.

A Berlin, l’engagement allemand, proposé par la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, a été arbitré au plus haut niveau par Angela Merkel, et rapide. Ce qui est à remarquer particulièrement et marque la détermination allemande de se trouver aux côtés de la France (tout comme de trouver une place d’allié sûr dans la coalition internationale, motivation semblable aux Britanniques sur ce point). Certes il reste en soutien logistique mais ce soutien est très utile et bien ciblé (surveillance aérienne, satellitaire, ravitailleurs en vols, maritime…) sans compter ce qui n’est pas dit (l’engagement des renseignements allemands, du BND, particulièrement actifs dans la zone). Son coût (134 millions d’euros pour un an) témoigne de la valeur de l’engagement. Une décision prise en quelques jours. Ce qui prouve qu’on peut allier réactivité et consultation démocratique quand il y a une volonté politique et un contexte favorable.

L’engagement belge doit aussi être noté. Certes il s’agit en partie d’une réorientation de la mission du Leopold Ier plus qu’un engagement nouveau mais il s’accompagne d’une mise en réserve dès 2016 de nouveaux moyens notables pour un pays de ‘petite’ taille (environ 300 hommes pour une opération au Sahel).

Des contributions modestes maus utiles

Une série d’autres pays ont procédé assez rapidement à des prises de décision, chacun selon ses contraintes internes et possibilités. Les uns ont proposé des heures de vol d’avions de transport stratégique type C17 ou gros porteurs Antonov An124 (Suédois, Luxembourgeois et peut-être Finlandais), d’autres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Roumanie, Slovaquie et peut-être rép. Tchèque) ont annoncé un petit renfort personnel supplémentaire dans les deux missions déployées au Mali — la mission européenne EUTM Mali pour la formation de l’armée malienne et les casques bleus de la MINUSMA. Ces engagements paraissent souvent assez limités. Mais additionnés les uns aux autres, ils forment un tout qui n’est pas négligeable (*).

Ceux qui n’ont rien proposé

Une dizaine de pays n’ont, pour l’instant, rien proposé. Parmi eux, on retrouve un certain nombre de puissances ‘moyennes’ (Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne) qui pourraient effectivement mettre des moyens mais n’ont pas formulé de réponse concrète. Certains ont de ‘bonnes’ raisons. L’Espagne est en période électorale. L’Italie veut garder un focus sur la Méditerranée, la Somalie et la Libye pour l’Italie. Les Pays-Bas, déjà engagés au Mali (dans la MINUSMA) et au Moyen-Orient, examinent de près l’option de s’engager plus avant en étendant leur mission de F-16 au-dessus de l’Irak vers la Syrie (pour La Haye, c’est davantage une question de temps). Pour d’autres comme la Pologne, c’est plus confus, tout comme la Hongrie, qui n’a pas répondu précisément. D’autres pays (Grèce, Portugal) ont de sérieuses difficultés économiques et de vraies difficultés à s’engager.

Commentaire : On retrouve là le gros problème de la défense européenne. D’une part, il n’y a pas de planification globale des engagements extérieurs. Chacun fait comme il veut, selon ses convictions, les opportunités qui se présentent, sans réellement de stratégie. En gros c’est un gigantesque foutoir … et souvent pas mal de gaspillage financier tout comme opérationnel. D’autre part, les pays ayant à la fois des capacités militaires réelles (celles disponibles et non celles figurant sur les livrets d’Etat-major), des possibilités financières et volontaires politiquement, se comptent sur les doigts d’une main (et demi). Les autres sont, un peu comme des passagers clandestins. Ils peuvent fournir quelques personnels (pas plus de 5 en général), pour des opérations supplémentaires, mais déjà engagés dans d’autres opérations de l’OTAN ou de l’ONU (voire pas du tout), ne peuvent pas dégager de moyens supplémentaires. Ils bénéficient de la sécurité globale, sans vraiment s’engager…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Au Burundi, ambiance de terreur. « On frappait à la porte des maisons, on ciblait », Maggy Barankitse

Wed, 16/12/2015 - 17:36

(crédit : RTBF)

(B2) « Le vendredi on frappait à la porte des maisons, on ciblait les maisons, on connaissait les maisons. Et on a ciblé même les maisons des Tutsis. (…) On ne peut pas tuer nos enfants. Ces images c’est un scandale ! (…) C’est très grave. En les tuant ils disaient ‘appelez l’Union européenne’, ‘appelez les Etats-Unis’, ‘appelez Kagamé’. (…) Comment un chef d’Etat peut assassiner au vu et au su de tout le monde. Quelle arrogance ! »

Celle qui parle est Maggy Barankitse, interrogée par nos collègues de la RTBF. Une personnalité charismatique ! La « maman » du Burundi Elle a notamment recueilli des orphelins hutus comme tutsis durant la guerre civile qui a frappé le Burundi en 1993. On la croyait presque intouchable tant elle est réputée au Rwanda. Elle a fui aujourd’hui, réfugiée en Belgique. Et la maison Shalom qu’elle a créée a vu ses activités stoppées.

Le Cerveau : le président Nkurunziza

Maggy Barankitse n’hésite ne mâche pas ses mots. « Le Cerveau c’est Nkurunziza. Le président. C’est lui le commanditaire. La Cour pénale internationale devait réagir aujourd’hui avant qu’il soit trop tard. Il faut qu’on l’arrête. (…) On dit, nous ne savons pas où commencer. Car le pays est souverain. Donc vous acceptez qu’on tue nos enfants, qu’on nous tue qu’on nous exile. Nous venons ici mendier. Alors qu’on pouvait vivre dans la convivialité. »

Le Burundi est tout petit Un génocide politico-ethnique

« C’est un génocide politico-ethnique. Il va choisir tous ceux qui ont refusé un troisième mandat ». Et d’apostropher la communauté internationale en particulier l’Europe pour son inaction. « Est-ce que vous n’êtes pas allés en Syrie ? Est-ce que n’êtes pas allés en Libye ? Pourquoi n’iriez-vous pas au Burundi. Il est tout petit le Burundi. Il n’y a pas de pétrole. Mais il y a vos frères et soeurs, vos enfants. Il y a la plus grande richesse que l’humanité a : c’est la personne humaine. C’est pas le pétrole, c’est pas le diamant. Il y a plus que le diamant, il y a plus que çà, il y a plus que çà… ».

L’Europe détourne les yeux

Ecoutez ici, réécoutez ! Car Maggy n’a pas tort. L’inaction semble la règle. L’Europe – qui a autre chose à faire – détourne les yeux et s’en remet à l’ONU qui s’en remet à l’Union africaine, qui attend qu’on lui donne des moyens ou un feu vert. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE étaient réunis lundi. Ils n’ont même pas réussi à évoquer officiellement cette question à l’agenda, à condamner de façon vive ce qui se passe au Burundi. Ils se sont contentés d’appeler au dialogue politique (lire sur B2 pro : L’Europe encourage le Burundi au dialogue politique. Un peu court ?). Une incroyable lâcheté.

Le Burundi est trop petit

Maggy Barankitse a raison. Le « Burundi est tout petit ». Il ne menace personne. Que ses habitants meurent, ce n’est pas très grave d’une certaine façon. En tout cas beaucoup moins qu’une barcasse qui se noie au large des côtes européennes… Si l’Union européenne, réunie au plus haut niveau, ces jours-ci, ne trouve pas le moyen d’une part d’adresser une condamnation ferme, sans équivoque, d’autre part de réagir autrement qu’avec trois mots, c’est qu’il ne sert à rien de parler de droits de l’Homme, de rôle dans le monde, de stratégie de sécurité, d’avoir des capacités de maintien de la paix pour réagir en cas de crise (voir encadré) … Cela ne sert à rien si on n’est pas un tant soit peu capable d’agir sur le Burundi.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le battlegroup européen : un joujou pour faire beau !

Ce sont actuellement les Français et les Belges qui assurent la permanence de la force européenne de réaction rapide jusqu’à fin décembre. On peut comprendre qu’il y ait des considérations technico-politiques qui empêchent le déploiement de ce battlegroup. Surdose d’engagement pour les Français, contraintes politico-historiques pour les Belges avec souvenir dramatique du Rwanda pour les deux. Mais le battlegroup suivant pourrait se déployer. Il est prêt, du moins théoriquement. C’est le battlegroup de Visegrad, les V4 (Pologne, Hongrie, Rép. Tchèque, Slovaquie). Vous savez ces pays qui parlent haut et fort dès qu’il s’agit de l’Ukraine, des réfugiés, de la Zone Euro, des autres qui ne respectent pas les règles. Puis qui viennent pleurnicher dans le giron de l’OTAN ou de celui de l’Europe pour avoir des chars, des hommes, des batteries anti-aériennes, des avions pour renforcer leurs défenses et jouer ainsi du muscle avec les Russes. Des pays qu’on ne voit plus en général dès qu’il s’agit d’agir ! dès qu’il s’agit d’être solidaire ! Pour eux, le battlegroup est un joujou, destiné à faire beau !

NB : Certains lecteurs pourront être choqués. D’ordinaire, nous ne publions pas des images ‘violentes’. Là on ne peut pas faire autrement…

Le gouvernement polonais met au pas ses ‘Services’

Wed, 16/12/2015 - 07:30

(B2) Une polémique a éclaté en Pologne autour du centre d’excellence de l’OTAN sur le contre-espionnage qui devait être inauguré prochainement. Piotr Bączek le nouveau chef du Service de contre-espionnage militaire, a « annulé la réunion inaugurale des représentants de 9 pays signataires (*) » écrit le quotidien Gazeta Wyborcza.

Le centre d’excellence de l’OTAN ralenti

« L’arrivée des responsables du renseignement polonais en Slovaquie et l’assistance technique du SKW (le service polonais de contre-espionnage) ont été stoppées ». Un ralentissement plutôt qu’un arrêt. Mais même cela est démenti au ministère de la Défense. « Le lancement du projet du Centre sera mis en œuvre conformément au calendrier convenu » a déclaré son porte-parole Bartłomiej Miśkiewicz.

Accusé de communication avec l’ennemi… américain !

Le gouvernement semble avoir lancé une opération de limogeage de certains responsables nommés sous l’ancien gouvernement de la Plate-forme civique. Et plus généralement une sorte de politique de lustration de plusieurs responsables militaires — Le chef de ce centre, Józef Dusza, a fait ainsi l’objet d’une procédure disciplinaire pour « entente avec des services étrangers »… Une disposition utilisée en général en cas de communication interdite. En fait de communication avec d’autres, il s’agit des services.. américains selon Radio Zet !

Une remise au pas ?

Cet épisode ne semble pas être un épiphénomène. Le gouvernement et, en particulier, son ministre de la Défense, Antoni Macierewicz, entendent rouvrir le dossier du crash de Smolensk. Pour le PiS revenu au pouvoir le crash du Tupolev 154 le 10 avril 2010, alors qu’il transportait une délégation officielle conduite par le président Lech Kaczyński vers Katyń, ceci n’est pas due aux multiples causes avancées (brouillard, erreur de pilotage, mauvaise compréhension avec la tour de contrôle, etc.) (2). Mais il pointe la responsabilité russe dans le crash de l’avion présidentiel, dénonçant un complot et une enquête bâclée.

Un screening des militaires

Chacun des responsables du renseignement est aujourd’hui testé pour savoir quelle version il défend. Ce screening a pour but de purger certains éléments jugés trop indépendants vis-à-vis du nouveau pouvoir. Ce dispositif qui touche aussi certains gradés de l’armée ressemble assez à la lustration entreprise après la chute du pouvoir communiste. Et cette politique ne se limite pas au niveau militaire. Elle est à rapprocher de la nomination de plusieurs juges au Tribunal constitutionnel pour éviter de voir ce Tribunal être trop opposé à certains décisions gouvernementales. C’est une véritable reprise en main du pouvoir qu’opère ainsi la Première ministre Beata Szydło.

(NGV)

(1) La Pologne et la Slovaquie sont les initiateurs de ce centre qui rassemble 7 autres pays (rép. Tchèque, Allemagne, Hongrie, Italie, Lituanie, Roumanie, Slovénie et Croatie).

(2) Lire :

 

Des gardes-frontières européens, une excellente idée. Mais…

Tue, 15/12/2015 - 07:05

(B2) Un corps de garde-frontières européens et de garde-côtes, l’idée est ancienne. Mais elle n’a jamais pu être mise en oeuvre, comme nous l’avions écrit récemment. Tout simplement, car une majorité des Etats s’y étaient opposés assez vite. De cette idée est d’ailleurs née un succédané, « l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne », plus connue sous son acronyme Frontex (lire : En direct de la ‘situation room’ de Frontex).

Si le nom était long, il disait bien aussi ce que Frontex était : juste un organe de gestion opérationnelle. Ce qui, en soi, était ambitieux. Aujourd’hui cette agence ne dispose pas de tous les moyens nécessaires. Quand existe un besoin, constaté par tous, comme aux frontières de la Grèce, elle doit lancer un appel à du personnel et du financement. Et ces appels ne trouvent pas toujours vraiment réponse. Les Etats rechignent à envoyer du personnel et du matériel, parfois tout simplement car ils ont autre chose à faire (Lire : Au coeur de Frontex).

Parfois ce sont les mêmes d’ailleurs qui se plaignent de voir les frontières mal défendues ou de voir des migrants arriver par centaines. Témoin : le dernier appel à contribution pour quelque 700 personnels qui n’a été rempli que péniblement à moitié. Il était temps de passer à autre chose.

Une décision courageuse

La volonté de la Commission dirigée par Jean-Claude Juncker de proposer, d’emblée, la création d’un corps européen de garde-frontières, sans passer par une étape intermédiaire, est à saluer. C’est une nécessité aujourd’hui si on veut garder une certaine sérénité sur le continent  européen. Même si cette mesure peut paraître brutale, on a trop souvent parlé, dans le passé, de première étape sans passer à la seconde, pour ne pas avoir envie aujourd’hui d’être plus décisif. De fait, la plupart des Etats préfèrent un corps européen, même si ce n’est pas leur premier choix, à des frontières poreuses, mal gardées, où l’Etat concerné n’a que peu de moyens à opposer…

Les modalités de décision à revoir

On peut, en revanche, avoir un peu plus de doute sur les dispositions figurant dans le projet de règlement proposé aujourd’hui permettant de passer outre la volonté d’un Etat pour imposer la présence de gardes-frontières. Cette disposition peut paraître justifiée au regard de certaines périodes de latence, quand l’Etat où se déroule une crise met du temps à réagir. C’était le cas pour la Grèce récemment (lire : La Grèce appelle l’Europe au secours. Il était temps !). Mais il faut se méfier des mesures trop conjoncturelles. Cette mesure risque de heurter inutilement de nombreux pays à la souveraineté sensible, notamment à l’Est de l’Europe. Il ne faut pas les blâmer rapidement. Ils ont leurs raisons, voire raison tout court !

Discutable juridiquement…

D’un point de vue juridique, il parait difficile que la Commission impose une mesure de force, qui oblige un Etat à accepter des forces d’un autre pays, qui vont intervenir à sa place, assurant des fonctions régaliennes, comme intervenir en uniforme, armés, arrêter des personnes. En droit international, cela supposerait d’avoir une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies avec le recours au Chapitre VII.

… comme historiquement

En termes historiques, c’est oublier le rôle joué par les gardes-frontières dans le système communiste de l’URSS et encore aujourd’hui en Russie. Les « verts » étaient une composante intégrale du dispositif soviétique de renseignements (KGB puis FSB), destiné à assurer l’ordre, aux côtés des « bleus » — la police politique. De plus, la notion d’assistance forcée peut résonner de façon étrange en référence à l’histoire. L’URSS n’a pas hésité à utiliser cette notion pour imposer à ses voisins de venir lui prêter « main forte ».

ou politiquement

L’époque a certes totalement changé. Et l’esprit de la Commission est tout autre. Il s’agit en renforçant les frontières externes de préserver la libre circulation à l’intérieur des frontières européennes, de sauver Schengen. Mais l’histoire est encore vive. il faut faire attention aux symboles… Et imposer à un Etat contre son gré certaines mesures pourrait se révéler dangereux à terme.

Une disposition qui pourrait valser

Du côté de la Commission, on semble d’ailleurs conscient — pour ce que j’ai compris — d’être allé « un peu loin » et prêt à abandonner cette disposition. Il s’agit plutôt d’un élément comme de quelques autres, destinés à servir de contrepartie dans la négociation qui va s’engager maintenant au sein du corpus législatif européen (Conseil des Etats membres de l’UE et Parlement européen). Espérons que cette « provocation » ne servira de prétexte à quelques uns pour refuser tout le projet.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire notre dossier : N°30. Garder les frontières de l’Europe. Vers un corps européen de garde-côtes et garde-frontières

Daech pénètre en Libye vers les puits de pétrole (Le Drian)

Mon, 14/12/2015 - 23:55

(crédit : RTL – archives JYLD en janvier 2015)

(B2) L’organisation de l’Etat islamique (Daech) a pris pied sur la côte libyenne, autour de Syrte, l’ancien bastion de Kadhafi. Mais elle commence à progresser « vers l’intérieur » de la Libye avec pour objectif l’accès à des puits de pétrole, a mis en évidence lundi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian sur la chaîne française RTL : « La situation est préoccupante en Libye. Je l’ai dit depuis des mois. »

De Syrte vers l’intérieur du pays

Les miliciens de Daech « sont à Syrte. Ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côte. Mais ils commencent à pénétrer vers l’intérieur et à avoir tentation d’accès à des puits de pétrole et à des réserves de pétrole. Il faut absolument que cesse des conflits intralibyens, sinon le vainqueur militaire sera Daech.

Une lente prise de conscience chez les Libyens

« Heureusement, cette prise de conscience commence à se faire à la fois du côté de Tripoli et du côté de Tobrouk. Et on peut penser que les discussions qui sont en cours à la fois sous l’autorité de Martin Kobler, l’envoyé spécial des Nations unies, et dans les réunions de Rome, qui se sont déroulées ce week-end, vont aboutir à une solution politique » a-t-il ajouté.

Pas de frappes aériennes, une solution politique

Des frappes aériennes ne sont pas une option pour Jean-Yves Le Drian. « Il n’y a pas d’autre solution (que) politique. Il faut aboutir à une solution politique entre les différents clans, les différentes fractions qui aujourd’hui s’opposent en Libye » (…) Ils ont eux-mêmes les moyens militaires entre eux pour enrayer la progression de Daech donc il faut qu’ils s’unissent politiquement ».

Commentaire : Entamer des frappes parait plutôt délicat au plan politique comme militaire. La légitimité internationale de ces frappes serait étroite – sans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. La résolution votée le 20 novembre vise davantage Daech en Irak et en Syrie. Militairement, outre d’avoir les moyens nécessaires, l’effet pourrait être plus négatif que positif, en déplaçant des populations, donc les éléments de Daech, en suscitant d’autres vocations, et en provoquant chez les milices libyennes, au final, une réaction davantage de solidarité que de d’hostilité.

(NGV)

Ecoutez le fichier audio (source RTL) – Libye (à partir de la 7e minute, après la réaction aux élections régionales)

http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2015/12/LeDrianElectionsLibye-Rtl20151214-8h35.mp3

La démocratie fonctionne encore (Asselborn)

Mon, 14/12/2015 - 23:55

(crédit : CUE)

(B2) En marge de la réunion des ministres de l’Union européenne, ce lundi, Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, a voulu tirer la leçon du second tour des élections régionales.

« On peut dire bravo à la France », a-t-il tenu à souligner. « On ne peut pas oublier le premier tour. Bien sûr. Mais cela aurait pu être pire. On a fait barrage à ceux qui sont vraiment des anti-européens, des gens qui n’ont pas compris le message que nous a donné le XXe siècle de mieux faire au XXIe siècle. Cela montre que la démocratie fonctionne encore ».

(NGV

Le cap des 9000 franchi. B2 publie, se développe et se renforce…

Sun, 13/12/2015 - 21:55

Pose d’un caracal sur la FOB Tagab (crédit : DICOD /EMA)

(B2) Le cap des 9000 articles sur B2 a été franchi aujourd’hui. Le rythme d’articles ne faiblit pas. Au contraire…

Notre édition professionnelle B2 Pro compte désormais plus de 2500 articles. En trois ans à peine. Preuve du dynamisme de cette édition, ceci confirme notre intuition du départ. Il existe une demande d’approfondissement  sur les questions stratégiques européennes. Notre cercle d’abonnés s’étend. Notre plus fidèle garantie d’indépendance et de qualité. Souscrire est aussi pour nous le plus sûr moyen de continuer notre travail d’information. Rejoignez-nous ! (*)

La boite à outils de B2 se complète

De nouveaux outils d’information ont été développés. La magie d’internet mais aussi une pratique forcenée du webjournalisme ! Certains lecteurs nous avaient soufflé des idées. Nous avons cherché à innover sur ce blog comme dans l’édition Pro. Pour précéder l’actualité mais aussi prendre le recul nécessaire. Profitez-en !

• Le Quezako, c’est une véritable mine d’or pour tous ceux et celles qui souhaitent comprendre le fonctionnement de la ‘machine’ européenne. Il compte désormais près de 75 fiches-mémo et notre ambition est de doubler ce chiffre d’ici la fin de l’année prochaine, pour avoir ainsi une encyclopédie complète sur l’Europe politique (affaires étrangères, défense, sécurité, zones de crise). Le Quezako peut être souscrit avec un abonnement spécifique.

• Les Dossiers d’actualité. Ils reprennent les principaux articles publiés, tant sur l’édition Pro que sur le blog, sur une thématique précise. Ce qui permet, en un seul coup d’oeil, d’avoir une vue d’ensemble de l’actualité complexe de l’UE.  Le dernier numéro paru : N°30. Garder les frontières de l’Europe. Vers un corps européen de garde-côtes et garde-frontières. A paraitre prochainement : « lutte contre le terrorisme » et « combattants étrangers ».

• Le Fact checking. Cette nouvelle rubrique a fait son apparition sur le blog. Objectif : préciser, enrichir, analyser voire démonter certaines informations circulant sur internet qui peuvent se révéler parfois un peu, beaucoup, largement fausses ou, au contraire, très exactes.

• Le Fil info. Il permet en temps réel d’avoir un aperçu de ce qui est publié ailleurs. Vous pouvez ainsi lire toute l’actualité des agences  et les billets de nos confrères auteurs des principaux blogs de défense (français comme européens). Dans l’édition pro, vous pouvez aller plus loin et avoir accès aux dernières nouvelles sorties dans les 28 Etats membres OTAN/UE (Premiers ministres, ministères de Défense ou des Affaires étrangères) ou par les structures à l’extérieur (délégations de l’UE, missions PSDC, etc.).

Vous pouvez continuer à nous suivre sur ce Blog, sur l’édition Pro, sur Twitter et maintenant aussi sur Facebook. N’hésitez pas à nous envoyer des commentaires. Nous les lisons tous (même si nous les publions pas). Ils nous aident à améliorer notre outil, à connaitre vos sentiments, à découvrir de nouvelles zones d’écriture. L’occasion d’échange et de partage, au besoin.

Pour accomplir tout cela, un homme seul ne suffisait pas. L’équipe de B2 – Bruxelles2 s’est renforcée. Et devrait l’être encore en 2016. Mais l’esprit reste le même : aller de l’avant. B2 est désormais présent dans les deux capitales européennes : Bruxelles et Strasbourg. Pour nous entourer, un comité de « sages » se constitue afin de prolonger notre travail sur le plan des idées. Nous travaillons aussi à rendre notre site plus performant. Grandir suppose d’avoir des serveurs plus réactifs et autonomes. Notre structure est en expansion douce, sans tapages (ce n’est pas notre genre) mais solidement.

Last but not least. Vous pouvez soutenir facilement notre travail d’intérêt général. Effectuez un don en utilisant la plateforme j’aime l’info (mise en place par le syndicat des médias en ligne dont fait partie B2). Ce don est déductible, en France, en partie des revenus (2/3 de la somme versée pour les particuliers) ou des bénéfices (60% pour les entreprises).

Nicolas Gros-Verheyde
rédacteur en chef de B2
et bloggeur sur « Bruxelles2 »

Crédit photo / Pose d’un caracal sur la FOB Tagab

Le Luxembourg double son effectif au Mali. Que les moqueurs rongent leur frein…

Fri, 11/12/2015 - 21:55

A la Finul au Liban, octobre 2014 (Archives B2 / crédit : MOD Luxembourgeois)

(B2) Le Luxembourg a annoncé le doublement de son effectif au Mali, en soutien aux Français, soit 1 militaire. C’est peu. Et cela peut susciter des moqueries en tout sens (1). Ce n’est pas avec un militaire de plus qu’on va régler la question du Mali. C’est sûr. Et même si l’expertise de l’officier en question est sérieuse, elle reste symbolique et illustre plutôt la volonté politique luxembourgeoise de venir assurer la solidarité avec la France.

Un avion de surveillance en permanence dans les opérations maritimes

B2 pourrait se joindre à ce coeur de corbeaux. Mais quand on est un peu sérieux et qu’on regarde, force est de regarder l’ensemble du panel. D’abord le Luxembourg ne fait pas que çà, pour le Mali, il va assurer aussi un soutien financier pour l’armée malienne (2 millions d’euros). Et, surtout, le Grand Duché, à la mesure de ses moyens, « colmate » souvent quelques brèches particulières qui subsistent dans les opérations ou moyens communs de défense. Il a ainsi assuré l’envoi d’un avion de surveillance privé (2), quasiment de façon permanente dans l’opération anti-piraterie dans l’Océan indien (EUNAVFOR Atalanta). Une opération réitérée pour l’opération de lutte contre les trafiquants en Méditerranée EUNAVFOR Med.

Débloquer des capacités

Le Luxembourg s’est fait la spécialité de ‘déminer’ des points de blocage en apportant la contribution qu’il faut au bon moment. Pour la mission de conseil de l’Union européenne auprès de l’armée centrafricaine (EUMAM RCA), alors que le chef de mission s’arrachait un peu les cheveux devant les difficultés juridico-administratives posées sur son chemin pour équiper en matériel de formation le camp des FACA, là encore le Grand Duché a mis la main à la poche (fournissant 90% de la somme demandée, la France fournissant le reste). Sans se poser trop d’état d’âme comme certains pays ou la Commission européenne qui a joué aux vierges effarouchées.

Idem pour l’agence européenne de Défense. Londres met son veto, chaque année, à toute augmentation du budget, même simplement équivalente à l’inflation. Le Luxembourg a ouvert la voie en novembre dernier en versant 300.000 euros (soit 1% du budget de l’agence).

Rappelons enfin qu’en matière de capacités, le Luxembourg a décidé d’acheter un A400M qui sera cocalisé avec les 7 autres A400M belge dans le futur. Ce n’est pas vraiment pour servir à ses opérations nationales ou extérieures. Les capacités de transport de cet avion, les Luxembourgeois comptent bien le mettre à disposition des différentes opérations de l’OTAN ou de l’Union européenne et des autres Etats membres.

Un bémol : le budget de défense

Si tous les Etats faisaient pareil et avec le même engagement volontaire, il n’y aurait plus vraiment de problème de solidarité au niveau européen. Le reproche véritable qui pourrait être fait au pays est la faiblesse de son budget militaire (0,5% du PiB pour une armée d’un peu moins de 1000 hommes et femmes), le plus bas taux de l’OTAN. Le pays a largement les moyens de faire plus (car il est un des plus riches par tête d’habitant en Europe). Mais cela va s’améliorer, m’a indiqué un responsable luxembourgeois. Cela fait d’ailleurs partie du programme de coalition de redonner un peu du souffle au budget de défense.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Tremblez écrit l’Obs,et la twittosphère s’en donnée à coeur joie (lire sur les frontaliers quelques exemples). Il est vrai que c’était trop beau…

(2) Deux avions en fait, l’un servant de relais ; sous forme d’un contrat public-privé contracté par le ministère de la Défense avec la société CAE Aviation.

Lire aussi :

 

Les marins du Szafir libérés. Une rançon versée

Thu, 10/12/2015 - 23:40

(B2) Les cinq marins polonais du Szafir, enlevés le 27 novembre, ont été libérés a annoncé la Première ministre polonaise, Beata Szydlo, lors d’une conférence de presse tenue à Varsovie mardi (8 décembre), remerciant les autorités nigérianes, le personnel consulaire polonais et le propriétaire. Le capitaine, les 3 officiers et un marin ont été rapatriés immédiatement. Les marins ont été rapatriés dès le lendemain. Ils ont atterri à Hambourg mercredi d’où ils sont partis pour Szczecin, le port de la Baltique d’où ils sont originaires.

Des négociations entamées rapidement

Le ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, s’est félicité de cette « fin heureuse au bout de deux semaines ». Une « priorité » pour la diplomatie polonaise qui avait mis en place à Varsovie une cellule de crise interministérielle et dépêché sur place à Abuja des renforts consulaires. Ce qui, effectivement, est rapide mais assez courant dans la piraterie nigériane où l’objectif n’est pas de garder les otages mais d’obtenir rapidement un ‘dédommagement’

Une rançon versée sans doute

« Des discussions ont été entreprises par les autorités locales avec les ravisseurs. Le contact a été rapidement établi. » Sans préciser expressément qu’une rançon avait été versée, Waszczykowski a ajouté cependant. « Les négociations avec les ravisseurs (ont été) fastidieuses et difficiles ». Un peu plus tard, le ministre a reconnu, à mi-mots, interrogé par nos confrères de Radio 1, que la libération ne tenait pas qu’à l’art de la négociation. « La vie des Polonais, la vie des marins est sans prix. Tenons-nous en à cette explication » a-t-il précisé .

Enquête ouverte

Une enquête a été ouverte par le procureur de Szczecin. Dans les récentes années, cependant, la justice polonaise n’a jamais, à notre connaissance, eu à juger de pirates ni la Pologne n’a demandé leur extradition. Plusieurs Polonais figuraient cependant parmi les marins attaqués ou pris en otages par les pirates somaliens naviguant sur des navires de différentes nationalités (Sirius star, Bow Asir, St James Park, MV Beluga Nomination…) selon la base « Piraterie » de B2.

(NGV)

Lire aussi : 5 marins polonais otages des pirates. La piraterie nigériane toujours active (maj3).

Où sont engagés les Européens sur les « fronts » extérieurs ?

Thu, 10/12/2015 - 21:55

réunion quotidienne dans le QG flottant du Cavour de l’opération EUNAVFOR MED en Méditerranée

(B2 – exclusif) Suite au déclenchement de l’article 42.7 par la France, B2 a voulu faire le point sur les opérations extérieurs des Etats membres de l’Union européenne. Une enquête qui inclut la participation aux missions et opérations européennes, civiles ou militaires, comme aux opérations de l’OTAN, de l’ONU ou celles menées en « national ».

En voici les enseignements principaux

Contrairement à ce qui est souvent dit, nombre de pays européens sont assez engagés sur des terrains de crise dans des missions et opérations de stabilisation. Mais il faut aussi souligner que, bien souvent, ils préfèrent des terrains assez apaisés. C’est ce que montre notre enquête.

L’opération de l’OTAN au Kosovo (KFOR) mobilise ainsi encore plusieurs milliers d’hommes au total, de plusieurs Etats membres alors que de l’avis de tous, la situation ne nécessite pas un tel déploiement de forces militaires. L’engagement y est d’ailleurs assez « placide » aujourd’hui, pour ne pas dire « pépère ». C’est d’ailleurs l’intérêt pour plusieurs pays : ce n’est pas très loin, pas très cher. Et il y a un bon terrain d’exercice.

Plutôt l’OTAN ou l’UE que l’ONU

De façon générale, on peut remarquer que les Européens préfèrent s’engager dans des opérations multinationales de « leurs » organisations (Union européenne et OTAN) plutôt qu’au sein de l’ONU. L’envoi de Casques bleus n’a plus trop la cote, sauf dans la FINUL au Liban (une opération d’initiative européenne à l’origine) ou pour quelques pays (Irlande, Italie, Suède).

Certains pays adoptent une stratégie d’être présents un peu dans toutes les opérations : un peu d’OTAN, un peu d’UE, un peu d’ONU. D’autres adoptent une stratégie de concentration sur quelques opérations, pour avoir un effet de poids, ou sur un ou deux théâtres d’opération, apportant aussi un soutien « en national » à des opérations multilatérales. Les traditions historiques, les parti-pris politiques, le positionnement stratégique pèse souvent dans ces participations. Mais il faut se méfier aussi de certains préjugés… Certains pays surprennent par des engagements notables dans des missions où on ne les attendrait pas. Plusieurs pays mènent aussi des missions/opérations en national (Belgique, Espagne, France, Pays-Bas).

Bien souvent les pays maintiennent un effectif d’un ou deux nationaux dans un certain nombre de missions. L’utilité de cet engagement est limité. Il permet surtout à l’Etat concerné de planter un drapeau sur une carte et d’être informé de la situation sur le terrain (le militaire devient alors tout autant un officier de liaison chargé de faire remonter de l’information à sa capitale qu’une expertise au service du chef de mission).

Les pays d’Europe centrale et orientale peinent à s’engager hors de leur zone d’action proche (Balkans et Caucase) et de l’Afghanistan. Exception faite de la Lituanie ou de l’Estonie ainsi que de la république Tchèque. Est-ce la menace (ressentie ou réelle) de la Russie par rapport aux pays de l’ex-URSS ? Est-ce le contrecoup de l’engagement, ressenti parfois comme un échec, en Irak en 2003 ? Ou un repli sur soi plus notable ? Les raisons sont sans doute multiples.

Les pays qui ont été frappés de plein fouet par la crise économique (Bulgarie, Grèce, Portugal…) ont, en revanche, nettement diminué leur engagement extérieur. L’Espagne semble échapper à cette règle. Mais l’engagement extérieur reste moindre que dans le passé. L’Irlande également, mais on note dans les chiffres fournis par Dublin, le « trou d’air » de 2011, qui était justement en plein coeur de la crise financière dans l’île. On voit là une assez étroite corrélation entre la situation économique et budgétaire et l’engagement extérieur.

Plusieurs pays ont également engagé l’armée dans des opérations intérieures, de façon importante, soit pour sécuriser leur territoire national sur un temps relativement imprécis (Belgique, France, Hongrie, Italie), soit pour mener dans un court terme une assistance face à l’arrivée massive de réfugiés (Allemagne, Autriche, Slovénie).

Enfin, on peut remarquer, en particulier, le relatif faible engagement de certains pays en particulier (Pologne, Suède, Roumanie), au regard de leur poids démographique voire de leur bonne santé économique, pour les deux premiers.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Tous les détails sur B2 pro : Opérations extérieures. Où sont engagés les soldats européens ? Détails pays par pays. Notre enquête

Lire aussi : La clause de défense mutuelle activée. Les alliés se mobilisent. Une première historique

La leçon de kick boxing politique de Renzi

Mon, 07/12/2015 - 23:59

Matteo Renzi, recevant le président afghan, Ashraf Ghani,

(B2) L’entretien qu’a donné Matteo Renzi au quotidien Corriere della Sera ce dimanche ressemble à une vraie leçon de kick boxing.  Il l’a poursuivi cet après-midi par un message diffusé sur les élections Un festival…

Un coup à ceux qui  taxent de mollasonne la position italienne…

« La position de l’Italie est claire et robuste. Nous devons anéantir les terroristes, pas plaire aux commentateurs. Et la chose que nous ne devons pas est une multiplication des réactions ponctuelles sans regard stratégique. Nous pouvons tout nous permettre, sauf une Libye bis ».

Un coup dans les tatanes de Berlusconi et Sarkozy

Interrogé sur l’éventuel de leadership « Si les moyens de leadership consistent à jouer à courir après le bombardement des autres, je dis: non merci. Nous avons déjà donné. L’Italie a utilisé cette stratégie en Libye en 2011: pour se rallier au final à contrecœur à la position de Sarkozy. Quatre années de guerre civile en Libye ont montré que ce n’était pas un choix heureux. Et aujourd’hui, nous avons besoin d’une stratégie différente. »

L’armée italienne peu engagée ?

Reprocher à l’Italie de ne pas être présente lui parait difficile. « L’Italie est présente partout : nous dirigeons la mission au Liban, nous sommes en Afghanistan, au Kosovo, en Somalie, en Irak. Le conseiller militaire de Ban Ki-moon est italien, c’est le général Serra. »

Une petite tape à revers pour Angela

« Les Allemands ont décidé d’augmenter leur contingent après (l’attentat de) Paris. Mais il n’arrivent pas encore à notre niveau d’engagement. Et ce qu’ils ont décidé en décembre 2015, nous avons fait depuis septembre 2014. »

Une chiquenaude en passant à François Hollande

« J’ai un grand respect, de l’estime et de l’amitié personnelle pour François Hollande. C’est un homme très intelligent et sa réaction (NB : la déclaration de guerre contre Daech) est légitime et compréhensible. Mais il dirige une France blessée, qui a besoin de donner des réponses, à commencer sur le plan interne. » Une phrase qui peut se lire à double sens, après les avancées du Front national aux élections régionales.

Des écoles et des théâtres pas seulement des bombes…

« Nous voulons élargir la réflexion. Il est nécessaire de combattre Daech : discutons sur la manière de le faire. Et n’oublions pas que les attentats ont été élaborés dans les banlieues des villes d’Europe. Il faut une réponse aussi en Italie. Voilà pourquoi il faut des écoles et des théâtres, pas seulement des bombes. C’est la raison pour laquelle chaque euro dépensé pour la défense se traduira par un euro pour la culture ».

Et, pour finir, un uppercut à l’Europe

Le dernier coup, le président du Conseil italien l’a porté aujourd’hui. Un message diffusé notamment sur son compte facebook et intitulé « L’Europe doit changer ».

« Le moment est venu pour les institutions européennes de faire face à la réalité — écrit-il (en français également). On ne peut pas survivre seulement grâce aux moyens tactiques. Sans une vision stratégique, surtout en thème d’économie et de croissance, les forces populistes vont gagner; tôt ou tard elles gagneront aussi dans les élections politiques nationales. (…) Si l’Europe ne change pas son parcours tout de suite, les institutions européennes risquent devenir (en le sachant ou pas) les meilleurs alliés de Marine Le Pen et de ceux qui essayent de l’émuler. »

(NGV)

Dernières nouvelles des missions de maintien de la paix l’UE (PSDC) – novembre 2015

Sun, 06/12/2015 - 09:58

(B2)

Niamey (Niger). Formation des formateurs pour la Police nationale

(Crédits: EUCAP Sahel Niger)

26 commissaires et officiers de police viennent d’être formés, dans la première quinzaine de novembre, par la mission EUCAP Sahel Niger, pour devenir à leur tour formateurs. Une dizaine d’officiers seront affectés à la formation initiale des jeunes recrues. Les autres stagiaires, affectés dans la police technique et scientifique (DPTS) et l’équipe des transmissions et de l’informatique (DTI), dispenseront la formation des membres de la police déjà en poste.

Derventa (Nord de la Bosnie Herzegovine). Le pont est construit

La construction du pont de 35 mètres a requis 105 heures de travail (Crédits: EUFOR Althea)

Coup double pour les forces armées de Bosnie-Herzégovine (AFBiH), formées par les Européens de l’opération EUFOR Althea à construire un pont. L’exercice pratique de la formation des ingénieurs des AFBiH s’est terminé en pase réele. Puisque les responsables de la municipalité de Derventa ont pris possession d’un pont construit. Lancé en juillet 2015, avec une première reconnaissance du terrain, le projet a également impliqué les entrepreneurs civils locaux pour monter les piliers de support du pont. Le pont permettra aux 4000 habitants de la région de raccourcir de nombreux trajets.

EUBAM Rafah fête ces 10 ans et veut relancer ses opérations… éventuellement

EUBAM Rafah a fêté ses dix ans le 25 novembre dernier. Etablie en 2005 comme une mission de gestion civile de crise, la mission avait pour objectif de surveiller, vérifier et évaluer la gestion du point de passade de Rafah par l’Autorité palestinienne. Très vite suspendue après la prise de contrôle du Hamas, EUBAM Rafah s’est réorientée vers « l’amélioration de la capacité opérationnelle de l’Autorité palestinienne ». Et un possible « re-déploiement sur le point de passage de Rafah » reste évoquée selon le communiqué officiel.

(Leonor Hubaut)

Lire aussi :

 

 

 

 

Et toute la rubrique Missions PeSDC

Situation stable »entre Ossétie et Géorgie

Sun, 06/12/2015 - 08:44

(Crédits: EUAM Ukraine)

(B2) La situation de la sécurité le long de la ligne administrative (entre Ossétie du Sud et Géorgie) est « stable » selon les participants à la 60e réunion du Mécanisme de prévention et réponse aux incidents (IRPM), qui a eu lieu à Ergneti, le 26 novembre. Toutefois, des « préoccupations » demeurent sur la liberté de mouvement des communautés locales, en particulier lors des fêtes religieuses, et une augmentation du nombre de détentions.

(LB)

NB : La réunion était co-présidée par Kęstutis Jankauskas, le chef de la Mission de surveillance de l’UE en Géorgie (EUMM), et Angelo Gnaedinger, le Représentant spécial de l’OSCE pour le Caucase du Sud.

Les Afghans inquiets de la fermeture d’EUPOL Afghanistan

Sat, 05/12/2015 - 20:09

(B2) Le chef par intérim du centre de formation afghans (General Training command), le général Sarder Muhammad Khodamani, reste « préoccupé » face à la réduction des effectifs européens et la fermeture éventuelle des activités d’EUPOL, la mission européenne de police, en Afghanistan. Il l’a exprimé lors d’une réunion avec ses homologues européens en novembre. « L’Union européenne maintiendra son soutien à la police afghane » lui a assuré Tarmo Miilits, le chef par intérim d’EUPOL. Des réunions conjointes avec les bailleurs de fonds internationaux disposés et capables de poursuivre le soutien d’EUPOL à la formation de la police devraient d’ailleurs être organisées régulièrement à partir de décembre 2015.

Les experts européens ont prêté main forte après l’attaque du Blu Radisson à Bamako

Sat, 05/12/2015 - 18:29

(crédit : Eurogendfor)

(BRUXELLES2) Une douzaine d’enquêteurs (gendarmes, policiers…) de la mission européenne de soutien aux forces de sécurité maliennes (EUCAP Sahel Mali) et de la composante « UNPOL » de la Minusma – ont prêté main forte à leurs collègues maliens de la Police Nationale (Brigade d’investigation judiciaire et Police technique et scientifique) après l’attentat terroriste à l’Hôtel Blu Radisson de Bamako, vendredi (20 novembre), apprend-on. Ils ont apporté un soutien technique, notamment, essentiel pour l’enquête. Celle-ci étant conduite par les juges et policiers maliens.

Ce sont eux notamment qui ont assuré le prélèvement des empreintes des deux suspects tués lors leur attaque, permettant leur identification. L’équipe malienne ne semblait pas disposer du matériel de police scientifique nécessaire. Les gendarmes ont également disséqué les armes utilisées pour tracer leur provenance et leur fabrication. Des éléments indispensables de l’enquête.

« C’est l’occasion de soutenir nos camarades maliens dans la mise en pratique de notre action de formation, dans les domaines de la Police judiciaire et du contre-terrorisme que nous leur enseignons », affirme le colonel John Veneau, chef des opérations de la mission. Depuis janvier 2015, la mission EUCAP Sahel Mali forme les forces maliennes sur la police judiciaire, la direction d’enquête, la police scientifique et technique, et les techniques de renseignement.

Les experts d’EUCAP avaient déjà soutenu les forces de sécurité intérieure du Mali après l’attaque contre La Terrasse, en mars 2015 (lire : Attentat à Bamako, plusieurs victimes européennes dont un agent de l’UE)

NB : Cet attentat comme le précédent de Bamako devrait remettre un focus plus déterminé de la mission EUCAP Sahel Mali sur le vecteur anti-terrorisme.

 

(Leonor Hubaut & Nicolas Gros-Verheyde)

La Grèce appelle l’Europe au secours

Fri, 04/12/2015 - 17:30

Déploiement d’officiers de Frontex en 2012 à la frontière grèco-turque (crédit : Frontex / Archives B2)

(B2) Il aura fallu un peu de temps et quelques articles de presse, toute comme la menace d’une sortie de Schengen (agité en sous-main par la Commission européenne par le biais de quelques fuites savamment organisées dans plusieurs quotidiens nationaux). Finalement Athènes a décidé de demander l’aide de l’Europe.

Le mécanisme de protection civile déclenché

La Grèce a activé aujourd’hui le mécanisme de protection civile de l’UE demandant un soutien matériel pour faire face à l’afflux des réfugiés et des demandeurs d’asile dans le pays. La grèce a besoin en toute urgence de tentes, de générateurs, de lits, d’équipements sanitaires et des trousses de premiers soins d’urgence. Cette aide est coordonnée par le Centre des interventions d’urgence de la Commission (CESU), en étroite liaison avec les autorités grecques et les autres Etats.

Un nouvelle opération à la frontière de la Macédoine

Athènes a également approuvé aujourd’hui le plan opérationnel (OpPlan) d’une nouvelle opération de l’Agence frontex, qui sera déployée à la frontière entre la Grèce et l’ancienne République yougoslave de Macédoine, où l’agence aidera avec l’enregistrement des migrants. Le déploiement d’agents supplémentaires débutera la semaine prochaine.

Un renfort de gardes-frontières en mer Egée

Enfin, la Grèce a déposé aujourd’hui une demande formelle de déploiement d’une équipe d’intervention rapide aux frontières (RABIT) pour fournir un renfort immédiat de garde-frontières dans les îles de la mer Égée. Frontex va maintenant traiter la demande comme une question de priorité.

Plus de 50.000 personnes passent en Grèce

Plus de 50.000 personnes ont cherché refuge en Grèce depuis le 1er novembre (en provenance essentiellement de la Turquie). Soit un rythme moyen de 1600 personnes par jour. Ce rythme – selon nos informations – a décru de façon notable depuis le sommet tenu avec la Turquie et l’octroi d’une facilité de 3 milliards d’euros. Ankara semble ainsi avoir décidé de contrôler un peu plus sa frontière et de mettre fin au laissez-aller des derniers mois. Une pratique assez régulière de la Turquie, semble-t-il si on en croit les diplomates européens.

L’article 222 du Traité déclenchable

On peut se demander vraiment dans les conditions auxquelles fait face la Grèce s’il n’y avait pas matière à déclencher la clause de solidarité de l’article 222 du Traité (1). Selon le texte, un État membre — affecté par une catastrophe, d’origine humaine, peut invoquer cette clause « s’il estime, après avoir exploité les possibilités offertes par les moyens et les instruments existants, tant au niveau national qu’à celui de l’Union, que la situation dépasse manifestement les capacités de réaction dont il dispose ». On se trouve manifestement dans cette hypothèse. La seule question est de savoir si la Grèce a « exploité » tous les instruments existants au niveau de l’Union européenne. Force est de reconnaître que non. La demande de déclenchement du mécanisme de protection civile, faite seulement aujourd’hui par Athènes, le prouve…

(NGV)

(1) Une clause envisagée par Paris après les attentats du 13 novembre, la France ayant finalement tranché pour une approche plus intergouvernementale et militaire avec l’article 42.7 (lire :  La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?)

 

La frégate Augsburg va rejoindre le Charles-de-Gaulle. Les Allemands assurent le soutien

Fri, 04/12/2015 - 14:05

(B2) La frégate allemande Augsburg (F-213) va intégrer le groupe d’action navale créé autour du porte-avions Charles-de-Gaulle chargé des frappes en Syrie. La marine allemande vient de le confirmer. Le Bundestag — la chambre des députés allemands — a autorisé aujourd’hui (4 décembre) l’engagement de la Bundeswehr pour soutenir les actions de la France contre l’organisation de l’Etat islamique (Daech) en Syrie ou en Irak.

Une démarche de solidarité

Très clairement, les Allemands affichent, en effet, que cet engagement vient en soutien de la France « dans le cadre du devoir d’assistance entre les Etats membres de l’Union européenne en vertu de l’article 42.7 du traité UE » et de la résolution 2249 des Nations-Unies du 20 novembre qui enjoint à toutes les nations, « de prendre les mesures nécessaires » pour lutter contre Daech en Syrie et en Irak. Au niveau national, c’est l’article 24 (2) de la Loi fondamentale qui prévoit les règles d’un système de sécurité collective mutuelle qui est applicable.

Reconnaissance, ravitaillement, marine et satellites

L’engagement allemand comprend l’utilisation d’avions Tornado (sans effectuer de bombardements), mais équipés de systèmes de repérage RecceLite, de ravitailleurs en vol type Airbus A330 MRTT, pour ravitailler en pétrole les raids assurés par les Français (ou les autres avions de la coalition notamment Britanniques), ainsi qu’une frégate et un ravitailleur. En tout 1200 hommes : 150 pour le ravitaillement en vol, 400 à 500 pour la reconnaissance et la surveillance, 300 pour la protection en mer et 50 personnel supplémentaire de soutien.

Une démarche préparée étroitement entre les deux marines

« Peu de temps après les attentats de Paris je suis allé voir mon collègue français, l’amiral Bernard Rogel. Je suis certain que notre contribution est considérée en haute estime en France » raconte le vice-amiral Andreas Krause, l’Inspecteur en chef de la marine. Ce qui confirme officiellement les remarques d’un haut responsable allemand de la défense qui, en off, nous indiquait, dès le 17 novembre, que des discussions seraient entamées de façon intensive entre les différents niveaux franco-allemands, diplomatiques et militaires dans les jours prochains pour une décision dans les 15 jours. Les Allemands ont tenu parole ! (lire : La clause de défense mutuelle activée. Les alliés se mobilisent. Une première historique).

Un engagement délibéré

Les Allemands ne cachent pas l’objectif de cette opération « Il est extrêmement important que la Marine combatte du côté des Occidentaux contre la violence barbare des  groupes terroristes islamistes » assure ainsi le vice-amiral Krause. « Les attaques en Tunisie, Turquie, le Liban, contre la Russie et surtout à Paris ont montré que le Groupe terroriste de l’Etat islamique va bien au-delà de la zone actuellement contrôlée par lui dans les régions en Syrie et en Irak mais constitue aussi une menace mondiale pour la paix et la sécurité publique » indique le communiqué de la marine allemande. 

Auprès du Charles de Gaulle de la Méditerranée à la mer d’Arabie

La frégate Augsburg (F-213) se trouve aujourd’hui en Méditerranée centrale, engagée dans l’opération européenne contre les trafiquants en Méditerranée EUNAVFOR Med / Sophia mais va être remplacée, dans cette fonction, par  le chasseur de mines Weilheim qui a déjà intégré la force européenne il y a quelques jours. Le mandat donné à ce navire ne sera pas limité à la zone actuelle du porte-avions français. Il aura pour zone d’action « principalement la zone maritime de la Méditerranée orientale, du golfe Persique, de la mer Rouge et des mers environnantes ». Elle va donc rejoindre très rapidement, le Charles de Gaulle, dans « les tous prochains jours », dit-on à la marine allemande. Puis elle passera, par le canal de Suez, en mer d’Arabie, où « les avions français continueront leur engagement ».

Un navire ravitailleur

La marine allemande a l’habitude de l’accompagnement des portes-avions et est plutôt bien préparée à cette tâche. A plusieurs reprises, ses frégates ont assuré la protection des porte-avions américains, notamment dans le Golfe. Un navire de soutien et ravitaillement de la classe Bremen devrait également se joindre au Groupe d’action navale. Deux autres navires européens sont déjà engagés aux côtés du Charles-de-Gaulle, la frégate anti-aérienne britannique HMS Defendeur (D-36) et la frégate belge Leopold Ier.

Les satellites à la rescousse

L’Allemagne met également à disposition de la France son système de satellites SAR-Lupe. Il est complémentaire au système (français) de satellites Hélios, qui fournit des images (photographiques) optiques. SAR-Lupe permet, en effet, d’avoir « des images radar en trois dimensions de l’espace, totalement indépendantes de la lumière du jour et la météo ». Les deux systèmes « se complètent mutuellement pour former une image complète de la situation » affirme-t-on à Bonn, où se trouve la station de contrôle des cinq satellites SAR-Lupe déployés.

(NGV)

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