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L'Europe politique et de la défense (par Nicolas Gros-Verheyde)
Updated: 2 hours 57 min ago

Camp de Dadaab. En partance vers le retour en Somalie

Sun, 31/01/2016 - 16:10

© ES / B2

(BRUXELLES2) Fin janvier 2016, 7211 somalis réfugiés au Kenya sont repartis en Somalie dans le cadre de l’accord de rapatriement lancé un an plus tôt

La plupart étaient arrivés au camp de réfugiés de Dadaab en 2011 ou les mois suivants, fuyant le chaos somalien et la famine. Certains sont arrivés et repartent seuls, comme ce jeune homme, 21 ans à peine, qui explique préférer retrouver sa famille, car ici, son projet d’étudier et trouver du travail est impossible, les conditions de vie trop dures. Cinq ans qu’il vivait ici, « pas de quoi être fier » lâche t-il.

Mohamed Ali Mukhtar, 27 ans, l’un de ses 4 enfants sur les genoux, vit ce retour comme une chance de rebâtir une maison. Mariama est une vieille femme, c’est avec sa fille et sa mère qu’elle va retourner au pays. Elle vient de Mogadiscio mais a choisi Kismayo comme destination. Elle a reçu des nouvelles de là bas qui lui font penser « que les choses ont changé », qu’elle pourra y reprendre une vie pastorale et mieux nourrir sa mère âgée. Elles laisseront au camp le souvenir douloureux de la perte d’une autre fille, seize années de vie ici.

Retours volontaires et accompagnés

 

Les regards sont attentifs, l’attente calme sous ce toit de tôle sous lequel la température commence à monter, le vent incessant. Le commissaire européen à l’aide humanitaire, Christos Stylianides, en visite le 20 janvier 2016 au camp de Dadaab, échange quelques mots avec certains, s’inquiétant à chaque fois qu’ils ont bien choisi de partir, que personne ne les a forcé. Le bruit grandissant de moteurs perturbe la légère torpeur. Lorsque les cars vides arrivent, l’effervescence fait place. Les cinq cars colorés sont pris d’assaut par les réfugiés. Leurs bagages sont déjà entassés sur les toits. En quelques minutes à peine, chacun a trouvé sa place. Les enfants jouent aux fenêtres. Pour beaucoup de ces enfants, c’est la première fois qu’ils quitteront le camp, là où certains sont nés.

Dans des zones limitées

Pour cette année, chaque semaine, 600 réfugiés pourraient ainsi retourner en Somalie, soit par autocars, soit en avion, notamment pour Mogadiscio (quand les conditions le permettent). 

Tous bénéficieront d’un kit d’urgence (couvertures, lampe solaire,…), d’un pécule pour payer le transport une fois passée la frontière somalienne et rejoindre leur destination où ils bénéficieront d’un appui logistique et d’un soutien financier les premiers mois. Le HCR coordonne tout cela, avec l’appui d’ONG.

Kismayo, assez proche de la frontière somalienne, est la première destination choisie par les rapatriés. C’est l’une des 9 zones qui leur sont proposées. Dans ces districts, essentiellement situés dans le sud de la Somalie, l’aide humanitaire et l’aide au développement sont accessibles et réunissent donc les conditions d’un soutien à plus long terme pour les aider à se réintégrer dans les zones qu’ils avaient fuies.

Accord tripartite signé en 2013

C’est en novembre 2013, sur proposition du HCR, qu’un accord tripartite a été signé entre les gouvernements Kenyan, Somalien et le HCR pour ce rapatriement de réfugiés Somaliens volontaires. « Je suis arrivé à Nairobi le jour de l’attentat de Westgate (septembre 2013). J’ai rapidement compris que sans cadre juridique contraignant, nous risquions l’expulsion de somaliens par l’Etat Kenyan », explique Raouf Mazou, représentant du HCR au Kenya. Les critiques d’ONG seront virulentes, le climat politique vis à vis des réfugiés est en effet très rude (voir article les réfugiés au Kenya). Au sein même du HCR, l’accord fera débat, considéré par certains comme prématuré, mais il aboutit sur une signature. L’accord engage le gouvernement Kenyan à continuer à assurer l’asile aux réfugiés, et l’Etat somalien à faciliter le retour des réfugiés. Le HCR organise ces retours des volontaires. Au camp de Dadaab, un bureau d’accueil renseigne les réfugiés et accompagne ceux qui décident de franchir le pas.

Fragilisé en 2015

Dès le départ, le HCR n’a pas, comme dans d’autres pays, vraiment fait la promotion de ce programme auprès des réfugiés. Se contentant d’accompagner les personnes intéressées. Cela se justifie par les conditions encore précaires et incertaines de l’évolution de la situation en Somalie. Seules trois zones sont identifiées comme étant propices pour le retour de réfugiés. Les premiers mois, le programme de rapatriement ne brasse donc pas des foules.

L’accord a par ailleurs faillit capoter, lorsque le gouvernement kenyan a lancé sa politique d’enfermement des somaliens, au printemps 2015, suite à l’attentat du campus de Garrissa. Le gouvernement presse pour que le nombre de départs s’accélère. Menace même de fermer le camp (voir article sur les réfugiés au Kenya).

Soutenir le développement en Somalie

Le programme de rapatriement a démarré en décembre 2014. L’objectif, pour les six premiers mois de la phase pilote, était d’accompagner le retour de 10 000 somaliens, vers trois zones, identifiées alors comme accessibles et où les équipes pouvaient donc prendre le relais du HCR. Depuis juin 2015, six nouvelles zones (dont Mogadiscio), soit au total neuf, sont proposées aux réfugiés intéressés par un retour. Cela multiplie les possibilités donc.

En un an, près de 18 000 réfugiés sont venus se renseigner. A peine plus d’un sur trois a été jusqu’au bout. Plus que l’insécurité, c’est l’absence de services de base (sociaux, éducatifs) qui freine ces retours. « Les conditions d’origine sont telles que les gens peuvent difficilement rentrer en Somalie », explique Catherine Hamon Sharpe, du HCR.

Créer et soutenir la Somalie pour créer ces services de base, cela a été l’enjeu d’une conférence des donateurs à Bruxelles, en octobre 2015, où l’Union européenne avait pour sa part annoncé l’octroi d’une aide de 60 millions d’euros pour les réfugiés somaliens en Somalie et au Kenya. 50 millions d’euros devant servir à la « réintégration durable et pérenne, en Somalie, des réfugiés et des personnes déplacées, par exemple en renforçant l’accès aux services de base, en améliorant les moyens de subsistance et en réduisant la vulnérabilité dans les zones de retour et de départ ».

Autant de départs isolés

D’autres réfugiés sont retournés en Somalie par leurs propres moyens. Leur nombre serait équivalent au nombre de réfugiés rapatriés dans le cadre de cet accord. Depuis que ce plan a été lancé, en revanche, certains reviennent, pour pouvoir en bénéficier pour à nouveau repartir. Une situation ubuesque reconnait Raouf Mazou, représentant du HCR au Kenya, mais qu’il comprend. « Il n’y a pas de raison que nous ne les aidions pas », estime-t-il, coupant court au débat sur le risque d’appel d’air.

Globalement, beaucoup de ceux qui sont repartis n’étaient là que depuis 4 ans. Jusqu’à aujourd’hui, aucun de ces rapatriés n’est revenu, assure le HCR. Signe, selon l’organisation, que leurs décisions étaient bien réfléchies.

(Emmanuelle Stroesser)

Plus d’un demi-million de réfugiés au Kenya. De l’hospitalité à l’enfermement

Sun, 31/01/2016 - 07:10

(BRUXELLES2) Le Kenya accueille plus d’un demi million de réfugiés. Exactement 593.881 fin 2015, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Un examen de groupe ou individuel

Au Kenya, les Sud soudanais bénéficient du « prima facie », un droit d’asile de groupe. Dès lors que la personne est enregistrée, elle est considérée comme réfugiée. Cela a été étendu aux Somaliens du centre et du sud. Pour tous les autres, l’octroi du statut de réfugié est étudié de façon individuelle. 

Prochains rendez-vous … en 2018

Environ 20.000 personnes (Ethiopiens, Erythréens, Burundais) sont demandeurs d’asile, en attente d’une décision qui peut être très longue. Aujourd’hui, certains rendez-vous ne seront pas donnés avant 2018 ! L’explication est administrative. Pendant des années, le Haut commissariat aux réfugiés a instruit ces demandes pour le compte de l’état kenyan. Une tâche qu’il a continué d’assumer tout en organisant la transition. Il a formé des agents de l’État afin que ce dernier reprenne cette activité et redevienne maitre des décisions. 

Un processus mixte : gouvernemental / HCR

Depuis juillet 2014, la décision finale d’accorder ou non l’asile revient au commissaire du département des réfugiés. Le processus reste conjoint : un agent du HCR ou du gouvernement reçoit le demandeur d’asile. Puis le cas est révisé par le HCR avant une discussion conjointe HCR/département des affaires des réfugiés, précédent l’accord et la signature du commissaire. Tous les réfugiés reconnus depuis cette date ont donc un document officiel kenyan. Une carte d’identification délivrée par les autorités. Là où cela se complique, c’est que cette carte n’est pas encore connue de tous les agents de l’État, et notamment des policiers, qui ont vite fait de croire parfois qu’il s’agit d’un faux.

Campement policy

Depuis 2013, le gouvernement kenyan a durci sa politique. Le contrecoup de la dégradation des conditions de sécurité depuis que les forces kenyanes interviennent en Somalie. Et des premiers attentats revendiqués par le groupe terroriste Al Shabbab sur le territoire kényan, comme l’attentat du centre commercial de Nairobi (68 morts) en septembre 2013. La politique officielle est depuis lors celle du « campement policy » pour les réfugiés. Autrement dit, les réfugiés doivent vivre en camp, et nulle par ailleurs. Résider hors d’un camp est un délit.

En mars 2014, cette politique est réaffirmée avec la désignation, au journal officiel, des deux camps de Dadaab et Kakuma comme lieux de résidences obligatoires. L’enregistrement des demandeurs d’asile est désormais interdit dans les villes. 

Le « coup de balai pour rétablir l’ordre »

En avril 2014, les Somaliens sont les premiers visés par des opérations de sécurité visant à juguler criminalité et terrorisme. Plus crûment, le ministre de l’Intérieur parle d’un « bon coup de balai pour rétablir l’ordre ». Les interpellations se comptent par milliers, ciblant le quartier rebaptisé petit Mogadiscio de Nairobi. Les personnes sont regroupées dans un stade le temps de vérifier leurs papiers. Tout réfugié est renvoyé dans un camp (dont beaucoup reviendront plus tard). Le HCR n’obtient pas d’accéder au stade, malgré les demandes répétées.

Vives critiques des ONG

Cette politique radicale de chasse aux réfugiés provoque de vives critiques d’ONG mais aussi d’autorités judiciaires, dénonçant les atteintes aux droits fondamentaux, à la libre circulation et les exactions des forces de police. L’opinion publique, au départ très favorable, a commencé à douter et contester ces pratiques à mesure que les réseaux sociaux ont joué un travail d’information. L’opération est suspendue en juillet 2014.

Le HCR estime entre 6000 et 8000 le nombre de réfugiés « relocalisés de force » vers les camps de Kakuma ou Dadaab. Sans ménagement ni considération des liens familiaux pouvant expliquer la présence sur Nairobi, ni prendre garde de ne pas séparer des familles… Les ONG et le HCR ont du ainsi prendre en charge près de 300 enfants séparés de leur mère à Nairobi, précise Catherine Hamon Sharpe, adjointe au représentant du HCR au Kenya, en charge de la protection des personnes.

Aucun des Somaliens arrêté n’a été traduit en justice pour opération de terrorisme. Environ 350 somaliens seront expulsés en avion direction Mogadiscio. Des Congolais auraient également été expulsés mais sans que cette information n’ait pu être vérifiée, ni qu’aucun chiffre officiel n’ait été donné.

Le camp de Dadaab en sursis diplomatique

Le ton se durcit de nouveau au printemps 2015, suite à l’attaque du campus de l’Université de Garissa (148 morts). C’est le comté… du camp de Dadaab. Les rapprochements sont vite faits entre terroristes, Somaliens et réfugiés. Le vice président du Kenya somme le HCR de fermer le camp de Dadaab, accusé de servir d’abris aux terroristes. Les enquêtes criminelles démentent les soupçons. Mais le doute reste profond dans l’opinion publique.

Un soutien renforcé humanitaire et de sécurité

Les réactions internationales temporiseront la sommation qui n’a jamais été officiellement formulée. Certains analysent cette menace comme un moyen de rappeler la communauté internationale à ses engagements. Cela se traduira notamment par un soutien renforcé des Américains en matière de politique de renseignement, la relance du programme de rapatriement des réfugiés ou encore l’implication de la communauté internationale en Somalie pour renforcer la sécurité et le développement du pays en services de base. 

Des camps qui restent surpeuplés malgré tout

Le camp de Kakuma conçu pour 125.000 réfugiés en héberge 183.000. Près de 47.000 réfugiés du sud soudan ont rejoint le camp depuis que le conflit au Sud Soudan a repris en 2013. Beaucoup d’enfants seuls.

Les autorités locales (depuis deux ans, des compétences ont été décentralisées aux comtés) ont donné leur aval pour la mise à disposition de terrains par des communautés locales. Un nouveau camp pourrait être conçu sur un modèle plus ouvert sur l’extérieur, permettant des échanges entre les réfugiés et les communautés locales, souvent tout aussi pauvres si ce n’est plus. Le HCR compte sur le résultat d’une étude aux mains de la Banque mondiale pour démontrer l’impact économique que peut avoir un camp de réfugiés intégré à son environnement.

(Emmanuelle Stroesser)

La très grande majorité vivent dans les camps gérés par le HCR.

  • 184 550 dans celui de Kakuma, au nord, près de la frontière soudanaise ; 
  • 347 980 à l’est, dans celui de Dadaab. La proximité de la frontière somalienne (deux heures de route), fait que la population du camp de Dadaab est à plus de 90% somalienne. Les somaliens ne sont qu’un tiers des réfugiés du camp de Kakuma, aux côtés de sud soudanais et soudanais, éthiopiens, RDCongo, etc.
  • Plus de 60 000 (61 351) vivent selon le HCR dans la capitale, Nairobi.

 

Au camp de Dadaab (Kenya), près de 350.000 réfugiés sous perfusion humanitaire

Sat, 30/01/2016 - 16:00

(BRUXELLES2) Paradis pour touristes occidentaux et asiatiques venant fouler les plages de sable blanc de Lamu, toucher la neige du Mont Kenya ou s’aventurer dans les réserves et parcs animaliers, le Kenya est aussi, pour près d’un demi million de personnes, un pays refuge de la Corne de l’Afrique. C’est ici que le commissaire européen à l’action humanitaire, Christos Stylianides, s’est rendu, il y a quelques jours. B2 y était…

Dans le comté de Garissa, à l’est du Kenya, en zone aride où la terre rouge vole au moindre pas, s’étale le plus grand camp de réfugiés du monde, Dadaab. Fin janvier, il accueillait près de 350.000 réfugiés. Le flux d’entrées s’est calmé en 2015 tandis que depuis un an un programme accompagne les retours vers la Somalie (lire article à paraitre).

Un complexe de 5 camps

Plutôt que de camp, il faut parler de complexe. Dadaab est composé de 5 camps. Ifo, le plus ancien, a été ouvert en 1991 par le Haut commissariat aux réfugiés, à la demande du gouvernement Kenyan pour répondre à la fuite de milliers de somaliens traversant la frontière à deux heures de route de là. C’était le début de la guerre civile somalienne. Ont suivi Dagahaley et Hagadera en 1992, puis Ifo 2 et Kambioos, plus récemment, en 2011, pour décongestionner les camps plus anciens face au nouvel afflux de réfugiés somaliens. Plus de neuf réfugiés sur dix sont Somaliens.

Zoom sur le plus grand de ces camps : Hagadera

Le camp de Hagadera est le plus grand. 8,7 km2. 106.765 personnes y vivent, parfois depuis des générations. C’est là que le commissaire européen à l’action humanitaire et la gestion de crise s’est rendu le 20 janvier. Des écoles aux help desk (lieux d’information), en passant par la distribution alimentaire, le centre pédiatrique, la maternité, l’hôpital, le centre de traitement du choléra, un forage alimenté par des panneaux solaires, le commissaire a pu se rendre compte du « bon usage » des fonds européens. Si les infrastructures feraient pâlir d’envie des réfugiés vivant dans des conditions bien plus misérables dans les pays voisins, Dadaab reste un camp où les gens sont totalement dépendant de l’aide humanitaire de la communauté internationale. La faute à une situation qui en Somalie ne s’est pas améliorée, aux catastrophes climatiques qui ont ajouté de la misère aux violences dans la Corne de l’Afrique.

Dépendance humanitaire

Les humanitaires n’ont pas relâché leurs interventions, le commissaire a d’ailleurs confirmé que l’Union européenne continuerait d’apporter son soutien financier. Près de 17 organisations interviennent à Hagadera. L’aide alimentaire est principalement assurée par le Programme alimentaire mondial. Le International Rescue committee (IRC) assure des soins de santé, l’accès à l’eau potable. Le Haut commissariat aux réfugiés coordonne l’intervention de ces acteurs. Sans eux, « tout s’arrête ». Les réfugiés n’ont pas vraiment le droit de travailler. Ni d’autres ressources que celles que leurs familles peuvent leur envoyer.

Une durée qui met à épreuve les donateurs

La longévité de ce camp met à l’épreuve les donateurs. Les organisations des Nations Unies et les ONG doivent faire face à une réduction de leurs crédits. La répercussion est directe sur l’aide apportée aux réfugiés et les conditions de vie qui restent en dehors des standards humanitaires. Le programme alimentaire mondial a dû réduire ses portions alimentaires d’un tiers l’an dernier. Elles ont été rétablies depuis suite à un nouvel appel aux donateurs, mais avec prudence. Seuls les petits ménages ont récupéré 100% des rations. Les autres ménages (moyens et grands) doivent se contenter de rations réduites à 85 ou 70%. Les latrines ne sont pas en nombre suffisant ni les points d’eau (chaque point est partagé par 123 personnes quand le standard est de 80 personnes). Les 4 cliniques et un hôpital soignent en moyenne 454 personnes par jour selon le HCR. Le dispositif de santé est lui aussi en dessous des standards.

L’éducation : prioritaire

S’agissant de l’éducation, une priorité du commissaire européen Christos Stylianides (lire article à paraitre), Hagadera compte 7 écoles primaires, deux secondaires, un centre d’alphabétisation pour adultes, un centre de formation professionnelle et un centre de formation aux technologies de l’information et de la communication (TIC), une appellation pompeuse pour une salle de classe dotée d’ordinateurs, mais où internet n’arrive pas encore. Quand les standards sont de 40 écoliers par classe, ici, la jauge grimpe entre 100 et 120. De même, à peine un tiers des enfants sont scolarisés, le taux dégringole à 15% pour les secondaires. Comme le commissaire l’a relevé, le nombre de filles scolarisées est bien inférieur à celui des garçons. En témoignant ces trois rangées de garçon, contre une rangée de filles, réunis sous un chapiteau étouffant pour accueillir le commissaire. Certains arrivent malgré tout à poursuivre leurs études, rejoindre l’université. A peine quelques uns.

Vulnérabilité accrue aux épidémies

La progression de l’épidémie de Choléra qui a atteint Dadaab le 18 novembre 2015 témoigne de la grande précarité des conditions de vie. Le comté de Garissa où est établi le camp est le 22è comté Kenyan à avoir été touché par l’épidémie qui s’est déclarée dans le pays en décembre 2014. L’impact a été ici fulgurant. Entre novembre 2015 et janvier 2016, près de 1500 personnes ont été contaminées, 11 décédées, une majorité d’enfants. Lors de la précédente épidémie de Choléra au camp, en 2011, 1245 personnes avaient été touchées en cinq mois, le temps que l’épidémie soit stoppée.

L’insécurité latente

L’insécurité est une autre plaie de Dadaab. Plusieurs humanitaires l’ont payé de leur vie. La visite du commissaire se faisait d’ailleurs sous bonne garde. Notamment celle des policiers en charge de la sécurité du camp (75 officiers répartis dans trois postes). L’immensité du site est en cause. Dans certains endroits, personne ne se rend depuis bien longtemps. Les services sont regroupés dans des blocs, souvent protégés de portail, de barbelés. A l’extérieur, là où les ilots d’habitation s’éparpillent sur des km2, « on ne sait pas ce qu’il s’y passe ».

Banditisme et prostitution

Au-delà du terrorisme (voir article sur les réfugiés au Kenya), c’est surtout de banditisme et de criminalité ordinaire dont souffre le camp. La prostitution en échange de nourriture est une réalité. Sur une affiche, un slogan explique d’ailleurs aux jeunes femmes que leurs corps n’est pas une monnaie d’échange. « Mais quand il faut nourrir la famille, certaines n’ont pas d’autre choix », réagit une humanitaire.

Le besoin d’un nouveau modèle

Quand les premiers camps ont été créés pour porter assistance à la population réfugiée, l’approche était que : « cela ne durerait pas ». Cela dure pourtant depuis 25 ans. Tous les mécanismes mis en place l’ont été sur le principe d’un départ « demain ». Comme le résume Raouf Mazou, représentant du HCR au Kenya, l’action humanitaire « n’y est plus soutenable ». Jean-Marc Jouineau, du bureau de l’office européen d’aide humanitaire (ECHO) de Nairobi, renchérit : « être ici depuis 25 ans est une anomalie, pour autant il n’est pas question de partir, mais de trouver autre chose ».

Une interrogation

La durée de ce camp oblige les humanitaires à au moins s’interroger sur leur intervention, et à imaginer de nouvelles réponses. L’urgence est aussi financière. C’est notamment ce qui a conduit le Programme alimentaire mondial à introduire des bons d’achat virtuel  sous forme de monnaie électronique. L’enjeu est à la fois de diversifier l’alimentation des réfugiés, réduire le marché noir des rations distribuées, et de soutenir l’économie locale.

Développer l’économie informelle

« Il y a une économie informelle ici, rendons la formelle. Favorisons le développement. Cela ne veut pas dire que l’on maintiendra davantage les gens ici, au moins on perdra moins d’énergie, on laissera moins les gens s’enfermer dans la dépendance, et les inégalités se creuser avec les populations locales » conclut Raouf Mazou. Un projet est à l’étude par le HCR, il pourrait voir le jour dans l’autre camp de réfugiés de Kakuma, au nord du pays, dans la région du Turkana. Un projet suivi de près par l’Office européen d’aide humanitaire.

(Emmanuelle Stroesser)

Lire la suite du reportage, à paraitre dans les jours à venir :

  • Camp de Dadaab. En partance vers le retour en Somalie
  • Plus d’un demi-million de réfugiés au Kenya. De l’hospitalité à l’enfermement
  • Les besoins augmentent. Il faut réfléchir à d’autres financements, privés (Christos Stylianides)

Aucun pays n’est et ne sera exclu de Schengen

Fri, 29/01/2016 - 14:00

(B2) L’affolement est à son comble aujourd’hui face aux frontières qui se ferment en cascade. Et les mots fusent : l’exclusion de la Grèce de Schengen es proche, la fin de Schengen programmée, la catastrophe voire la fin de l’Europe en arrière-plan, etc. Dans ces paroles, il faut distinguer ce qui ressort d’un élément médiatique, de pression psychologique politique, destinée à faire prendre conscience aux Européens qu’il faut agir, vite et de façon décisive, et les réels problèmes.

De la même façon que pour la Zone Euro et la Grèce, on agite le pire pour obtenir le meilleur. Mais l’inquiétude est aussi bien réelle. Le sujet est sensible. Et l’Europe semble de moins en moins résiliente face aux crises qui se succèdent. Celle-ci étant la plus grave de toutes car elle touche aux valeurs même européennes. « Nous sommes au bord du gouffre » est la phrase souvent entendue, dans des milieux européens.

Pour revenir sur terre, j’ai cherché en savoir plus sur la réalité de ce qui est reproché à la Grèce aujourd’hui et ce que prépare la Commission européenne pour préserver Schengen. Entretien avec Natasha Bertaud, la porte-parole du commissaire européen chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos, réalisé pour Sud Ouest *.  

La Commission a préparé un rapport sur la Grèce, très sévère. Que reprochez-vous ?

Ce rapport, c’est le résultat d’inspections à la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie et sur les îles de Chios et Samos, faites par des experts des Etats membres. Ils ont constaté les efforts des autorités grecques. Mais il y a encore des problèmes, importants. Les migrants en situation irrégulière ne sont pas identifiés et enregistrés efficacement. Leurs empreintes digitales ne sont pas systématiquement saisies. Et on ne vérifie pas systématiquement leur présence dans les bases de données de sécurité. Ce sont des manquements graves auxquels la Grèce doit remédier.

La Grèce sera-t-elle exclue de Schengen?

Non. Aucun pays-membre ne sera exclu de Schengen. Et nous n’allons pas non plus suspendre Schengen. Il serait même irresponsable de prétendre que ce soit possible. Le régime de Schengen ne prévoit pas cette option. Ce que nous voulons éviter par dessus tout, c’est nous retrouver dans la situation où chaque pays réintroduirait des mesures au niveau national en dehors du cadre européen. On n’en est pas là … En publiant ce rapport, nous préservons au contraire Schengen.

L’Allemagne et d’autres pays ont réintroduit des contrôles aux frontières intérieures. C’est la fin de Schengen ?

Au contraire. C’est parfaitement en ligne avec le code Schengen. Mais ces contrôles sont temporaires. Ils ne peuvent pas être prolongés plus de 8 mois, soit jusqu’au 13 mai pour l’Allemagne. Après, on dispose encore d’une procédure dite « de dernier recours », l’article 26 du code Schengen, qui permet de prolonger les contrôles, jusqu’à 2 ans supplémentaires. Ce qui donne du temps pour corriger les insuffisances. Une nouvelle inspection part bientôt en Grèce pour vérifier cela.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi notre fiche-mémo complète sur La procédure de l’article 26 du Code Schengen,

(*) Papier paru dans Sud Ouest ce matin

Six cas d’abus sexuels en Centrafrique. EUFOR RCA et Sangaris mis en cause par l’ONU

Fri, 29/01/2016 - 12:25

Le camp de M’Poko près de l’aéroport, octobre 2014 (© NGV / B2)

(B2) L’affaire des violences sexuelles en Centrafrique vient de trouver un nouvel épisode. Le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme vient, en effet, de publier son rapport d’enquête sur les évènements qui se sont déroulés en 2014. Elles mettent en cause les militaires des forces internationales (européenne et française) déployées en Centrafrique : les Géorgiens de l’opération de stabilisation EUFOR RCA, ainsi qu’une autre nationalité non confirmée (1), et les militaires français de Sangaris. Toutes deux localisées sur le site de l’aéroport de Bangui, à deux pas du camp de réfugiés de M’Poko.

Des affaires déjà connues

Il ne s’agit pas en soi de nouvelles affaires (comme le dit le bureau du commissaire) mais de la confirmation – par le biais de témoignages des victimes – de faits déjà connus. Notre article publié en avril dernier qui révélait la mise en cause aussi de membres d’EUFOR RCA en témoigne (lire : Soupçons d’abus sexuels en Centrafrique : des Géorgiens de la mission EUFOR RCA mis en cause ?).

Des faits sur des mineurs parfois très jeunes

Mais ces faits sont graves d’après les témoignages recueillis. On parle de viols de pratiques sexuelles avec des jeunes filles et des jeunes garçons, mineurs, parfois très jeunes (de 7 ans à 14 ans) (2). Ces six allégations « ont eu lieu dans les environs ou à l’intérieur du camp de déplacés internes de M’Poko, situé près de l’aéroport dans la capitale, Bangui » confirme lONU. Précisons qu’il s’agit, pour l’instant, de présomptions, reposant uniquement sur des témoignages d’enfants ou d’adolescents, mais qui semblent suffisamment précises pour être prises au sérieux.

Le personnel géorgien (EUFOR Rca) clairement mis en cause

Selon le communiqué publié par les Nations-Unies : « Quatre de ces filles ont indiqué que leurs agresseurs appartenaient à des contingents opérant au sein de la force de l’Union européenne (EUFOR/RCA). Deux des filles interviewées ont déclaré avoir été violées par des soldats de l’EUFOR et les deux autres filles ont dit avoir été payées pour avoir eu des rapports sexuels avec d’autres soldats de l’EUFOR. Bien que la nationalité de certains des soldats ne soit pas clairement établie, trois de ces filles ont déclaré qu’elles pensaient que leurs agresseurs faisaient partie du contingent géorgien de l’EUFOR. Ces quatre filles étaient âgées de 14 à 16 ans au moment des faits présumés. » … ainsi que le personnel français de Sangaris
« Le personnel onusien des droits de l’homme a aussi interviewé une fille et un garçon respectivement âgés de 7 et 9 ans lorsqu’ils auraient été abusés en 2014 par des membres des troupes françaises Sangaris. La fille a dit avoir pratiqué des actes sexuels par voie orale sur des soldats français en échange d’une bouteille d’eau et d’un sachet de biscuits. Elle a déclaré, tout comme son frère de neuf ans, que d’autres enfants avaient été abusés de la même manière lors d’incidents répétés impliquant plusieurs soldats français. »

Des accusations extrêmement graves

Pour le commissaire des Nations-Unies aux droits de l’Homme, « Ces accusations sont extrêmement graves et il est crucial que ces cas fassent l’objet d’une enquête approfondie et urgente » Des enquêtes ont déjà été diligentées côté français, coté géorgien et côté européen. « Je suis encouragé par les réponses initiales reçues des pays concernés et de l’Union européenne; elles montrent qu’ils prennent ces terribles allégations très au sérieux. »

Ne pas laisser ces crimes impunis

Mais il a joute aussi que « bien trop de ces crimes restent impunis, leurs auteurs bénéficiant d’une impunité totale. Cela favorise tout simplement la commission d’autres violations. » et de rappeler « Alors que de plus en plus de cas émergent, impliquant de plus en plus de contingents nationaux, il apparaît clairement que toutes les forces militaires étrangères, qu’elles soient onusiennes ou pas, doivent mener des actions beaucoup plus robustes et efficaces pour empêcher d’autres abus et cas d’exploitation, et cela pas seulement en RCA. » « Les Etats ont l’obligation d’enquêter, de poursuivre les auteurs et de s’assurer que les victimes reçoivent les réparations auxquelles elles ont droit. »

Politique de tolérance zéro du coté UE…

Du coté européen, on a réagi très vite. « L’Union européenne prendre ces allégations très au sérieux » a indiqué le porte-parole de la Haute représentante de l’UE. Nous suivons une « politique de tolérance zéro » sur ce qu’on appelle « une mauvaise conduite sexuelle ou une activité criminelle ». Le service diplomatique européen examine également « toute information relative à l’EUFOR RCA qui pourrait se révéler pertinente » en liaison avec les Etats membres car ce sont eux qui sont responsables au premier chef.

La responsabilité des Etats au final

Comme le rappelle l’UE, « la responsabilité de toute enquête, action disciplinaire ou pénale reste dans les mains des États » contribuant à la mission. L’Union européenne – comme tout Etat qui participe à une mission ou opération militaire dans un pays tiers – prend bien soin de signer avec les autorités du pays concerné un accord, qui le statut de convention internationale, permettant d’exempter de toute responsabilité pénale sur le territoire où les faits sont commis les agents et militaires engagés sur le terrain. Cela ne signifie pas une exonération totale. Les actes peuvent être poursuivis dans l’Etat d’origine (lire notre analyse sur l’accord conclu en RCA : L’accord sur le statut de la force EUFOR avec la RCA. Détails).

Salir le drapeau, c’est trahir

Du côté français, on n’a pas encore officiellement réagi à cette nouvelle mise en accusation. Mais on se rappelle les propos très durs tenus par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian à l’encontre de ce type de faits. « Si les faits sont avérés, je ne mesurerai pas ma colère, parce que lorsque le soldat français est en mission, il est la France. Si d’aventure un seul d’entre eux a commis de tels actes, qu’il se dénonce immédiatement — avait-il affirmé dans une interview donnée au Journal du dimanche, début mai 2015. « Si quelqu’un a sali le drapeau, parce que c’est de cela qu’il s’agit, il faut qu’il le dise dès à présent, car cela revient à trahir ses camarades, l’image de la France et la mission des armées. »

La justice, saisie, doit suivre son cours

Le ministre de la Défense assurait d’ailleurs « immédiatement transmis le rapport à la justice » dès qu’il avait eu connaissance des faits, fin juillet 2014, soit très tôt avant que les faits prennent l’ampleur médiatique que l’on connait. Une enquête compliquée par l’éloignement des faits dans le temps et dans le lieu, le départ des soldats impliqués du théâtre, et l’absence d’éléments formels permettant d’identifier de façon précise certains auteurs… Mais, d’après les sources de B2, on estime que l’institution militaire a fait son travail, c’est à la justice de faire le sien désormais.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Selon nos données, il pourrait s’agit soit tout simplement de Français placés sous commandement EUFOR RCA, soit d’Estoniens qui sont parmi les premiers à être arrivés sur place.

(2) On ne peut pas parler de prostitution même s’il apparait y avoir eu des rapports consentis en échange d’argent ou de biens, l’âge des victimes présumées ne permettant pas de faire prévaloir un quelconque accord de leur part.

Que l’Europe retrouve le sens de l’hospitalité. Une demande irlandaise

Wed, 27/01/2016 - 21:49

La réception des ambassadeurs à Dublin (crédit : présidence Irlandaise)

(B2) Dans son discours aux ambassadeurs, le président de la République irlandaise, Michael D. Higgins, a averti aujourd’hui (27 janvier) les Européens du risque que présentait pour l’Europe la crise des réfugiés. Un risque qui n’est pas uniquement celui de Schengen ou du principe de libre circulation, avertit-il. Mais tout simplement nos valeurs (*).

« The risk is not just that this refugee crisis has the potential to undermine Schengen and the principle of free circulation within the European Union. It also has the potential to undermine the values at the basis of that humanistic spirit to which Europeans recommitted themselves after the devastation of WWII. The issue of migration touches upon some of the most divisive and sensitive aspects of European identity: our relationship to the outside world, to the South, and to the Muslim world »

Avec « humilité », le président irlandaise se permet d’insister demandant à tous « nos ambassadeurs européens ici de faire tout ce qui est en leur pouvoir de faire que cette crise devienne une opportunité de raviver un ethos européen de dignité humaine, liberté et solidarité, une opportunité peut-être de forger une cohérente politique commune sur l’asile. Je leur demande de donner un sens à ce qui est un concept partagé dans toutes les croyances et les cultures: l’hospitalité. »

« Again I would, with humility, urge all of our European Ambassadors here to do everything that is in their power to ensure that this crisis becomes an opportunity to rekindle a European ethos of human dignity, freedom and solidarity; an opportunity – perhaps – to forge a coherent common policy on asylum. I urge them to give meaning to the most shared concept across all belief systems and cultures – ‘hospitality’; ‘care for the stranger not yet a friend. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

traduit par nos soins

(*) NB : Il ne s’agit pas que d’un discours. L’Irlande a montré un certain sens de la solidarité. le gouvernement irlandais (qui ne fait pas partie de l’espace Schengen) a offert de participer volontairement au processus de relocalisation et a aussi envoyé plusieurs navires en Méditerranée, durant six mois, permettant le sauvetage de 8.500 personnes ces derniers mois (selon Dublin), soit quasiment autant que la seule marine allemande….

Le coup de gueule salutaire de Big LouLou sur la loi danoise

Tue, 26/01/2016 - 21:10

(B2) Au Parlement européen, en commission Libe (Libertés publiques), il y avait de l’ambiance aujourd’hui. Louis Michel a pointé, avec émotion, la loi danoise qui permet la saisie des biens des réfugiés. Certains observateurs n’ont retenu que l’image d’un Louis Michel, un peu en colère. Je dirais plutôt que c’est un bon coup de gueule, salutaire, qui sort un peu du ronron, où on défend des valeurs fondamentales sur le même ton qu’un amendement technique dans une directive portuaire… Heureusement que les vieux briscards le réveillent de temps en temps.

Une contravention flagrante aux valeurs européennes

L’ancien ministre des Affaires étrangères a dénoncé un « simulacre de débat » particulièrement grave car il met en cause les valeurs européennes. C’est « l’exemple le plus scandaleux, de déshonneur pour le Parlement européen. Vous avez en une heure et vingt donné la parole en quelques secondes à quelques intervenants. Il n’y a pas eu d’échanges de vues, il n’y a pas eu de débat, il n’y a pas eu même de dialogue. (…) Je suis absolument scandalisé. J’ai entendu les réponses des ministres (danois). Ces réponses ne nous satisfont absolument pas. Ces réponses sont en contravention flagrante avec les traités et avec les valeurs européennes… »

Comment définir une valeur sentimentale

« Je peux comprendre beaucoup de choses » dénonce Louis Michel mettant en évidence, les incohérences de la loi danoise qui permet la saisie de biens sauf ceux qui ont une « valeur sentimentale ». « On n’a pas répondu à une question. Quelle est la valeur sentimentale d’un bien ? Personne n’a répondu à cela. Ce sont les policiers qui vont évaluer comme çà ce que ça représente. Je suis scandalisé. Je suis honteux en tant que parlementaire européen d’avoir assisté à un simulacre de débat ».

Sortez ou je fais un malheur !

La présidente des débats, la Hongroise Kinga Gál (member de la Fidesz, le parti de gouvernement de Viktor Orban *) protestant un peu, il s’emporte alors et répète. Non « Il n’y a pas eu de débat ». Kinga Gal bien de répliquer. Il enchaîne : « Cela vous embarrasse. Vous n’aimez pas qu’on parle de la Hongrie. Vous n’aimez pas qu’on parle de la Pologne. Vous ne voulez pas discuter de la Hongrie. Et aujourd’hui vous n’aimez pas que l’on parle du Danemark. Ça vous met mal à l’aise. Et ça, c’est scandaleux ».  « Je ne peux pas l’admettre. Je ne peux l’admettre Ce que vous avez organisé n’est pas un débat démocratique » lance-t-il, répétant trois fois « ce n’est pas un débat démocratique ». « Vous avez fini… » lance Kinga Gál. « Non je n’ai pas fini » réplique-t-il. « Alors sortez » lui lance la présidente, qui lui coupe le micro et en appelle à Me Wikstrom, la coordinatrice des Libéraux pour le faire taire. Pas vraiment très réussi a priori…

Kinga Gal qui présidait la séance a eu bien du mal à faire taire Louis Michel (crédit : Europarl TV)

NB : la demande de Me Gál à Louis Michel de sortir de la salle est assez étonnante (pour être gentil). Si le ton de Louis Michel est incisif, voire virulent, il n’est pas insultant. Il s’agit de libre expression politique. Et qu’un président de séance demande à un député de sortir de la salle est tout à fait inapproprié et pas vraiment le moyen de faire taire un Louis Michel qui en a vu d’autres. De plus, sur le fond Louis Michel a totalement raison. J’ajouterai même qu’il est assez étonnant de voir ouvrir une procédure de dialogue sur l' »Etat de droit » pour la Pologne et pas pour le Danemark. Allez Big Loulou !

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Kinga Gál est représentante de la minorité hongroise de Roumanie. Elle est née elle-même à ce qui est appelé aujourd’hui Cluj-Napoca (Kolozsvár)

Crise des réfugiés. Arrêtez de taper sur la Grèce, aidez-nous !

Tue, 26/01/2016 - 19:50

Ioannis Mouzalas et Nikos Toskas, ministres grecs délégués l’un à la Migration, l’autre à la protection civile, à Amsterdam (© NGV / B2)

(B2) C’est une violente charge à laquelle s’est livrée à Amsterdam, le Ministre grec délégué à la politique migratoire, Ioannis Mouzalas, et son collègue chargé de la protection civile Nikos Toskas (un ancien général à la retraite). « Beaucoup de mensonges sont dits » dénonce Ioannis Mouzalas, mettant en cause de façon quasi-directe plusieurs Etats membres qui « blâment la Grèce ». Chacun en prend cependant pour son grade : les autres Etats membres notamment qui accusent la Grèce de ne rien faire mais ne sont pas vraiment solidaires, voire mettent des bâtons dans les roues de la relocalisation, l’agence Frontex qui ne joue pas son rôle… Mais « pas les institutions européennes. Elles font leur travail ».

Un retard… mea culpa

C’est vrai que la Grèce est « en retard » sur certaines questions. « Nous sommes en retard sur les hotspots ». Ils auraient dû être en place en février. Ce « ne sera pas le cas. Nous avons du retard pour construire les bâtiments de réception, de la police. C’est vrai ». Mais « il n’y a pas de problème d’identification – contrairement à ce qu’on dit —. La prise des empreintes digitales et l’inscription dans la base Eurodac fonctionnent dans les autres places en Grèce. »

Pour prendre les empreintes digitales, encore faut-il avoir des machines

« C’est vrai que l’on a eu des problèmes au début avec la prise des empreintes ». Mais c’est simple, cela est dû au manque de moyens plaide le ministre. « Dans les 7 premiers mois, nous n’avions que 12 machines seulement pour prendre les empreintes digitales alors que nous avions un flot continu de 6-1200 migrants par jour dans de petites iles. On a réussi à atteindre ensuite un chiffre de 50% de prises d’empreintes digitales. Avec les 68 machines acquises derniers mois, on atteint les 80%-90%. La semaine dernière, nous avons reçu de l’argent et pu acheter une centaine de machines, le problème est en passe d’être résolu. » C’est vraiment trop facile de blâmer la Grèce de ne pas prendre les empreintes digitales et de ne pas voir pourquoi nous ne les avons pas pris.

La relocalisation a du retard… Les Etats inventent d’autres critères

« Il y a du retard sur les camps de relocalisation. Nous assumons ce retard. Nous avons créé 20.000 places dans des appartements loués et 5000 dans d’autres structures (sur les 45.000 prévues) » Mais on ne peut rendre les Grecs responsables de l’échec de la relocalisation. « La relocalisation ne fonctionne pas parce que nous n’avons pas les 45.000 places. Mais parce que l’on a placé d’autres critères, accuse-t-il. Et d’énoncer les critères posés par certains pays : « certains ne veulent pas des Noirs, d’autres pas des familles nombreuses, d’autres veulent que tous soient safe ». Et « seuls 15 des 28 pays ont donné des places pour la relocalisation ».

La solidarité en mer : limitée !

Il est « faux de dire que la Grèce ne veut pas d’aide de Frontex. Au contraire. Nous avons demandé 1500 personnes, on a obtenu 800 personnes. » Certains Etats préfèrent envoyer leurs effectifs en ex république yougoslave de Macédoine (Fyrom). « Ils préfèrent aider un Etat non membre qu’un Etat membre » regrette-t-il. Athènes a également demandé des garde-côtes et des navires. « On a demandé 28 navires, ils en ont envoyé 6 ». « Si cela fonctionnait, on n’aurait pas eu ces noyades comme celle de la semaine dernière où 48 personnes sont mortes. » NB : vendredi dernier 22 janvier, suite à plusieurs naufrages en mer Egée.

Peu d’aide en matière de protection civile

« Nous avons fait des demandes au niveau européen en matière de protection civile » soulignent les ministres grecs. « Nous avons demandé 26 ambulance, on nous en a envoyé 0 ; 47 véhicules, on nous en a envoyé 0 ; 900 containers, on nous en a envoyé 0 ; nous avons demandé 4000 lits, on nous en a envoyé 500 lits ! Alors, avant de jouer au « blame game », vérifiez … »

Le système de réadmission ne marche pas : le Pakistan en accusation

Et les débatteurs mettent un doigt sur un problème majeur : les retours ne fonctionnent pas. « Le Pakistan, le Maroc n’accepte pas les réadmissions. Nous avons envoyé un avion au Pakistan et ils nous l’ont renvoyé. Même chose pour (un avion de) Frontex. Est-ce la responsabilité de la Grèce ? — s’interroge-t-il — ou la responsabilité de l’Europe qui n’exerce pas de pressions sur le Pakistan d’œuvrer sur la réadmission ? »

La Turquie n’en fait pas assez non plus

Avec la Turquie, il y a « de très petits progrès. On a obtenu 130 réadmissions récemment. Durant ce temps, 60.000 nouvelles personnes sont arrivées en Grèce. Vous croyez que c’est fair play. » Il faut « aider la Turquie à stopper le flot » ajoute-t-il. Mais il faut que celle-ci joue le jeu.

Que voulez-vous que l’on fasse : couler les bateaux ?

« Nous essayons de sécuriser nos frontières » argumente le ministre. Mais il faut bien comprendre notre situation. La côte turque n’est pas à des centaines de miles. « Nous sommes à peine à quelques miles (nautiques) » intervient Toskas. Et la Grèce se doit de respecter les normes : « Il  y a la loi internationale, la loi en mer, convention réfugiés, la loi européenne, la loi grecque » qui oblige à porter secours aux réfugiés en mer. Et d’ajouter « Si un Etat a des propositions à nous faire, qu’il l’exprime clairement. Car je ne peux pas m’imaginer qu’ils nous demandent de couler les navires ou de les repousser. »

L’Europe doit faire davantage

Et le ministre de conclure en dénonçant un certain irréalisme de la position européenne. A force de fermer les portes de voies légales, les migrants et réfugiés passeront pas d’autres voies illégales. Quant à la possible exclusion de la Grèce de Schengen, il dénonce toute tentative pour ce faire. « Plus que jamais nous sommes en Europe et les actes unilatéraux font moins d’Europe. Nous n’avons aucune possibilité et aucune capacité de prendre tous ces réfugiés en Grèce. Pensez-vous que c’est un problème uniquement grec ou un problème européen ? » Et d’appeler l’Europe à se ressaisir faire plus « pour la relocalisation » des réfugiés arrivés en Italie et Grèce, « pour la réinstallation » de ceux arrivés en « Turquie, Jordanie, Liban ».

(Nicolas Gros-Verheyde, à Amsterdam)

Le flux de migrants et réfugiés continue, malgré l’hiver

Mon, 25/01/2016 - 09:23

(B2) Malgré l’hiver, « des milliers de migrants ont continué à arriver en Grèce et en Italie » souligne l’agence Frontex dans son dernier rapport. Le nombre total de détections dans les deux pays a atteint 1,04 million en 2015. Soit près de cinq fois le chiffre de l’année précédente. En 2015, il y a eu 1,83 million de passages frontaliers illégaux détectés (*) aux frontières extérieures de l’UE par rapport au chiffre de 283.500 de 2014.

La route de Méditerranée orientale (Grèce)

En décembre, 108 000 migrants ont ainsi été détectés (*) en Grèce, contre 155 000 le mois précédent. Une légère baisse mais qui représente encore 40 fois le chiffre de décembre 2014. Cela porte le nombre total d’arrivées de migrants en Grèce en 2015 à 880 000.  Les îles de Lesbos, Chios et de Samos accueillent le plus grand nombre de personnes. Les Syriens sont la nationalité la plus importante. NB : on note que Chypre n’est pas touché par cette vague. Les migrants nous contournent car « nous ne faisons pas partie de Schengen » note un Chypriote.

La route de Méditerranée centrale (Italie, Malte) en diminution

Dans le même temps, le nombre de migrants utilisant la voie centrale vers l’Italie en Décembre augmenté de 50% : près de 9 700 ont franchi la mer. En cause : de bonnes conditions météorologiques, malgré le début de l’hiver, et les flux continus de migrants vers la Libye. Pour l’année, le bilan se monte à 157 000 (soit une baisse de de 8% par rapport à 2014). Si on regarde les nationalités, le mois dernier, ce sont les Nigérians qui ont représenté la plus grande part des migrants arrivant en Italie.

Les raisons de cette baisse sont dues à deux facteurs essentiels : les Syriens passent davantage par la route de la Méditerranée orientale (Grèce) et les passeurs font face à « une pénurie de bateaux disponibles ». NB : D’où l’importance de la destruction systématique des bateaux pneumatiques ou en bois, utilisés par les migrants, engagée par les forces européennes en mer sous la bannière d’EUNAVFOR Med.

Balkans occidentaux 

La route des Balkans de l’Ouest continue d’être « directement affectée par le nombre sans précédent de migrants qui entrent d’abord en Grèce pour continuer plus tard leur voyage à travers sa frontière nord » note Frontex. Le nombre de passages illégaux (**) de la frontière en décembre à 2015 est tombé à 97.000 contre 156.000 le mois précédent. Ce qui représente un chiffre encore 16 fois plus élevé qu’en décembre 2014. De nouvelles politiques plus restrictives ont été mises en œuvre, notamment en Macédoine (Fyrom) pour limiter les entrées de la Grèce à trois nationalités : Syriens, Afghans et Irakiens.

(NGV)

(*) On parle de détection aux frontières. Le chiffre réel peut être inférieur. Car nombre de personnes peuvent être « détectées » plusieurs fois. La plupart des migrants « détectés » aux frontières dans les Balkans occidentaux ont déjà été détectés en Grèce. A l’inverse, certaines personnes peuvent ne pas être « détectées ».

(**) Il s’agit bien de passages « illégaux » au sens juridique du terme. Cela ne fait pas des « migrants » des « illégaux », certains pouvant être des demandeurs d’asile.

Le Cavour reprend le commandement de EUNAVFOR Med. Rotations espagnole et allemande

Sun, 24/01/2016 - 15:10

(crédit : EUNAVFOR Med)

(B2) Le porte-aéronef italien Cavour a repris le commandement cette semaine de l’opération européenne de lutte contre les trafiquants en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Op. Sophia) remplaçant son alter ego Garibaldi. L’état-major de force de 50 militaires de 22 Etats membres ont embarqué à bord. 

La frégate espagnole ESPS Numancia (F-83) remplace son alter ego l’ESPS Canarias (F-86), tous deux de la classe Santa Maria, après presque 4 mois d’engagement en mer tandis que la corvette allemande FGS Ludwigshafen am Rhein (F-264) et le navire auxiliaire FGS Frankfurt am Main ont relayé, respectivement, le chasseur de mines FGS Weilheim, présent depuis 2 mois sur zone, et le navire de soutien FGS Berlin, engagé dans l’opéraiton depuis plus de 100 jours.

Durant ces deux mois d’engagement, les deux hélicoptères de bord EH 101 du Garibaldi ont effectué 27 missions de surveillance et de patrouille, volant plus de 58 heures pour « recueillir des éléments d’information sur les activités suspectes en mer » souligne-t-on au QG de l’opération européenne.

(NGV)

Le ‘Berlin’ vient au secours de 245 réfugiés

Sat, 23/01/2016 - 14:23

(BRUXELLES2) Le navire de soutien allemand « Berlin » a secouru, vendredi (22 janvier), 245 personnes — y compris 17 femmes dont trois enceintes et un enfant. A 7h48, il avait été informé par le MRCC italien qu’un navire était en détresse à environ 87 km au nord-ouest de la côte libyenne. Durant le sauvetage, un autre bateau en détresse a été découvert à environ six km et ses passagers secourus. Après le sauvetage, les canots ont été coulés, considérés comme un obstacle à la navigation. Les migrants et réfugiés ont été débarqués à Lampedusa. Depuis le 7 mai dernier et l’engagement de la marine allemande en Méditerranée, 10.773 personnes ont été ainsi récupérées et sauvées.

Les défenseurs des droits humains emprisonnés en Egypte doivent être libérés pour EuroMed Droits

Thu, 21/01/2016 - 20:56

Ahmed Said

(B2) La campagne Human Rights Behind Bars in Egypt que vient de lancer l’ONG EuroMedRights avec le Cairo Institute pour libérer les activistes des droits humains en Egypte vient rappeler fort à propos que l’Egypte ne respecte pas toujours vraiment les droits de l’Homme. Un point sur lequel l’Union européenne garde un silence prudent, préférant une bonne stabilisation à une liberté parfaite.

Les activistes des droits humains égyptiens sont « constamment ciblés, menacés, poursuivis et condamnés à l’emprisonnement » souligne l’ONG. Ces jeunes de la Révolution sont toujours détenus en prison depuis des mois voire des années ». Elle lance une pétition qui exhorte le Conseil des Ministres des Affaires Etrangères de l’Union Européenne à faire pression sur le Président égyptien pour une relaxe immédiate des activistes des droits humains.

L’ONG cite 4 cas emblématiques de toute une génération de personnes arrêtées.

Mahmoud Hussein : arrêté à 18 ans pour avoir porté un t-shirt contre la torture, « en pré-détention depuis plus de 700 jours sans aucune preuve tangible le liant à des actions violentes ou terroristes ».

Aya Hegazy a fondé l’organisation Belady pour aider les enfants dans la rue. Arrêtée « et condamnée pour organisation d’un groupe à des fins de trafic humain et détention d’enfants pour les exploiter sexuellement ».

Alaa Abdel Fattah : arrêté sous Moubarak, mais « également par tous les régimes qui ont gouverné l’Egypte depuis la révolution en 2011 ». Il « purge actuellement une peine de 5 ans après un procès jugé inéquitable par les observateurs internationaux ».

Ahmed Said : un activiste, chirurgien et poète qui a été arrêté durant une manifestation pacifique. Le 13 décembre 2015, lui et 4 autres ont été condamnés à deux ans de prison ferme pour avoir protesté sans permis.

Si l’Autriche ferme ses frontières, la cata !

Wed, 20/01/2016 - 23:15

(BRUXELLES2) Lundi dernier, le conseil des Affaires étrangères traine sur la fin, nous sommes quelques journalistes autour de Jean (Asselborn), le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. Un des plus fins observateurs de la scène européenne. Et un des vétérans aussi des combats européens. Ca fait assez longtemps qu’il pratique l’Europe sous toutes les coutures. Il en connait nombre de ressorts, de avatars, de trahisons… ou de succès également. Après coup, il raconte à B2 et aux journalistes présents ce qu’il retient de cette présidence européenne que le Luxembourg a assumé (pas trop mal il faut le reconnaitre vu les circonstances).

Une seule chose à retenir de la présidence ?

« La réunion où on a décidé relocalisation à la majorité qualifiée. Heureusement la Pologne n’avait pas le gouvernement actuel. On tremblait, ce n’était pas évident. Si la Pologne avait hésité, cela aurait eu un effet domino. »

Ce qui vous a marqué ?

« Durant cette période, j’ai vu aussi énormément de misères, de souffrances en Grèce, à Lesbos, en Italie à Lampedusa. Je vois toujours une quarantaine de Soudanais ou d’Erythréens, qui s’étaient brûlés les doigts pour éviter qu’on leur prenne leurs empreintes digitales. Et ces fils de fers, où derrière il y avait les hommes, les enfants, les familles. C’étaient des images impressionnantes.  »

Comment vous voyez la crise actuelle des migrations et des réfugiés ?

« Si cette pression n’est pas maitrisée, ce sera la catastrophe. Les Autrichiens nous disent : on va fermer. S’ils ferment, c’est grave, en amont » (NB : coté allemand ou hongrois) comme en aval (Croatie, Slovénie, Balkans).

Pas rassurant. C’est la zone Schengen qui peut exploser …

(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)

MSF dénonce l’attitude inhumaine de l’Union européenne

Wed, 20/01/2016 - 07:14

(B2) « Nous nous souviendrons de cette année comme celle où l’Union européenne a échoué de façon catastrophique dans ses responsabilités de répondre aux besoins urgents d’assistance et de protection de milliers de personnes vulnérables ». Le rapport que vient de publier Médecins Sans Frontières (MSF) est un véritable cri d’alerte.

Migrer vers l’Europe : un parcours du combattant

Pour l’organisation humanitaire — qui a affrété depuis mai un navire en Méditerranée, le Bourbon Argos —, l’Union européenne et ses États membres ont provoqué plus de dangers pour les migrants avec la mise en place de politiques anti-immigration depuis ses 15 dernières années et particulièrement en 2015. Des faits d’ « intimidations policières et militaires, des procédures d’enregistrements complexes et changeant constamment » ont fait de la route des migrants un véritable « parcours du combattant ».

Les recommandations de MSF

MSF exhorte ainsi l’Union européenne à mettre en place un système de secours en mer « au plus près des points de départs des bateaux », à fournir aux migrants les moyens pour les demandeurs d’asile de déposer une demande « y compris aux frontières extérieures comme à Evros, entre la Turquie et la Grèce » et à « investir dans un système de relocalisation intra-européen et la création de passages sûrs ». Elle appelle enfin l’UE à « mettre un terme aux actes de violences des autorités et des groupes criminels ».

(JB)

NB : en 2015, plus d’un million de personnes ont fui vers l’Europe.

Télécharger le rapport « Obstacle Course to Europe » ou à lire sur le site de MSF

La Pologne toujours en solidarité minimale ?

Tue, 19/01/2016 - 09:00

(crédit : MOD Pologne)

(B2 – exclusif) La réponse polonaise à la demande française de solidarité, faite le 17 novembre dernier après les attentats de Paris, au titre de l’article 42.7 du Traité, se fait attendre… Selon les premières informations qui nous sont parvenues (voir notre Carnet 05.01.2016), Varsovie n’envisageait – au départ – qu’un soutien logistique assez léger, sous forme de fourniture de munitions par exemple, pour venir concrétiser le soutien à la France. Ce qui semble assez peu, finalement et même très peu (à peine plus que la Croatie !) (1). Après discussion, le soutien logistique pourrait s’avérer, un peu, plus ciblé et conséquent avec du transport aérien, renseignement… (Carnet (11.01.2016). Mais cela reste à confirmer.

Solidarités contre solidarité

La position du nouveau gouvernement polonais dirigée par le PiS (Droit et Justice) s’appuie sur un élément politique de négociation. D’abord, ses alliés de l’OTAN s’engagent de façon plus ferme, en déployant troupes et matériels, sur le territoire polonais et ceux des autres pays situés à la frontière de la Russie ou de l’Ukraine. Et, ensuite, les Polonais s’engageront dans les opérations extérieures des Alliés. Un point ‘dur’ de négociation dont B2 a eu confirmation coté français.

Le gouvernement polonais vient de faire la même démarche avec les Britanniques, promettant un soutien à David Cameron dans sa négociation avec les Européens pour éviter un Brexit, en échange d’un soutien au sommet de Varsovie aux revendications de permanence de l’OTAN vers l’Est.

Un manque de solidarité ? Pas du tout argumente-t-on côté polonais. La Pologne s’est engagée sans rechigner, depuis plus de 10 ans — en Irak, en Afghanistan, au Tchad — sans en avoir de retours notables, indique-t-on en substance à Varsovie du côté gouvernemental.

Une négociation au forceps qui se heurte à un principe de réalité

La ‘demande’ au forceps de Varsovie aura-t-elle pleinement satisfaction ? Cela suffira-t-il pour que Paris tombe la veste immédiatement et se mette à genoux devant la Vierge de Częstochowa ? Pas sûr…

Tout d’abord, la stratégie militaire actuelle des alliés n’est plus de baser des troupes fixes à un endroit, mais au contraire d’avoir des forces « rapides » — « agiles » dit-on à l’Alliance — dotées de fortes capacités et interopérables. « La ligne Maginot n’a pas vraiment été très efficace si je me souviens » ironise un officier. « On n’est pas non plus dans les années 1950 où on calculait sa force en nombre de chars positionnés de part et d’autre du mur » complète un autre.

Ensuite, ce type de ‘demande’ au forceps (‘je réponds à ta demande si tu réponds à la mienne’) ne marche que quand un pays est en position de force, avec une activité généreuse en opération extérieure par exemple (2) ou des capacités précieuses et rares, recherchées par ses partenaires.

La Pologne compte-elle aujourd’hui ?

La Pologne disposait de ce facteur ‘levier’ en 2003 lors de son engagement en Irak. Un moment clé où elle était en plus le ‘chef de file’ des nouveaux Etats membres qui adhéraient à l’Union européenne. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La Pologne n’est qu’un pays parmi les autres, de taille plutôt moyenne, avec une population qui décroit (3).

Cela fait assez longtemps que ses Mi24 n’ont pas été à l’attaque et que la flotte polonaise n’a pas affronté la haute mer. Pour différentes raisons, justifiables d’ailleurs (4), la Pologne est devenue aujourd’hui un des pays européens qui est le moins engagé à l’extérieur. Ce désengagement stratégique sera visible, ce mercredi à Paris lors de la réunion des ministres de la Défense — qui comptent — dans la lutte anti-Daesh. Sept ministres seront présents (le Britannique, l’Allemand, l’Italien, le Néerlandais…) aux côtés du secrétaire à la défense US… Mais pas de Polonais. Un signe !

De plus, la Pologne n’est pas en situation de faiblesse stratégique — comme les pays baltes (qui n’ont pas d’aviation de chasse). Ce qui justifierait une « aide supplémentaire ». Elle ne bénéficie plus aussi de la sympathie particulière dont elle bénéficiait au lendemain de 1989-1991. L’auréole de Solidarnosc et de la ‘résistance’ aux Soviétiques s’est singulièrement écornée. Les actuels dirigeants du PiS doivent en avoir bien conscience. Les réformes entamées par le gouvernement PiS (tribunal constitutionnel, screening des hauts responsables gouvernementaux, médias, etc.) en sont un signe. Mais, ce n’est pas le plus fondamental, pour les autres capitales, malgré les apparences.

Le nouveau gouvernement irrite ses alliés européens sur quelques dossiers européens. Le plus important est la question de la crise des migrants et des réfugiés. Varsovie rechigne à la solidarité européenne tant dans l’accueil des migrants/réfugiés que dans la lutte contre les trafiquants (aucun moyen polonais en Méditerranée par exemple !).

La demande polonaise de solidarité devra donc être sérieusement revue à la baisse. Sinon le sommet de l’OTAN à Varsovie, en juillet prochain, au lieu d’être une réunion d’unité sera une occasion de déchirement. Ce qui aurait, au final, l’effet le plus désastreux et l’inverse de l’effet recherché par les pays de l’Est. La Russie n’aurait alors qu’à se réjouir du manque de sérieux de l’Alliance. Varsovie devra donc se contenter d’une demi-mesure, habilement déguisée sous quelques mots nouveaux, pour lui permettre de sauver la face au plan national (il est rare que les alliés cherchent à mettre en difficulté un des leurs). Le président Duda en visite à l’OTAN a d’ailleurs déjà amorcé ce léger pas de deux en arrière…

Quelques atouts encore

La Pologne garde cependant quelques atouts dans sa manche. Son armée a quelques vertus : avoir quelques capacités de transport stratégique (via les C-17 de la base de Papa en Hongrie ou les avions russo-ukrainiens du contrat Salis de l’OTAN) ou tactique, des hélicoptères de transport, quelques forces bien aguerries essentiellement au plan terrestre, etc.

Le gouvernement polonais pourrait donc jouer un jeu plus fin, au plan européen, en fournissant une assistance décisive, visible, massive, sur certains terrains extérieurs. Par exemple, 400-500 hommes, forces spéciales comprises et hélicoptères, pour le Mali ou la Centrafrique. Ce que l’armée polonaise sait faire, et qu’elle pourrait faire !

Au passage, Varsovie aurait marqué un ‘vrai’ point, indiquant qu’il est un allié « qui compte ». Elle aurait ainsi obligé, en retour, la France et d’autres alliés à jouer la solidarité avec elle. Malgré une évidente sympathie et histoire commune avec l’Angleterre, son avenir est sur le continent et non pas à sa marge…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) On peut remarquer que quand on l’avait interrogé sur la solidarité européenne, François Hollande s’était bien gardé de citer la Pologne parmi les pays solidaires ou potentiellement solidaires. Lire : Quels pays ont répondu à l’appel de la France ? François confirme les infos B2 !

(2) Le Burundi très présent dans l’AMISOM en Somalie dispose, par exemple, de ce levier.

(3) Trois raisons peuvent être évoquées dans ce sens : 1° l’engagement en Irak en 2003, hasardeux, couteux, qui n’a rien produit de tangible pour les Polonais ; 2° la menace de la Russie qui nécessite une présence renforcée sur le territoire ; 3° la réforme en cours des armées. Mais d’un autre côté, le pays a une certaine bonne santé économique et un budget de défense bien établi (autour de 2%). Ce que n’ont pas nombre de pays européens.

(4) L’écart entre la Pologne et l’Espagne, deux pays de taille comparable au moment de la négociation des traités européens s’est singulièrement creusé. Selon Eurostat, il est de 7,5 millions habitants environ, là où il n’était que de 1,5 millions d’habitants en 2001. Un détail qui n’est pas mineur à terme sur le nombre de députés européens notamment.

Lire aussi : La clause d’assistance mutuelle déclenchée par la France : bilan un mois après (enquête)

Le Burkina Faso à son tour frappé par le terrorisme. Plusieurs victimes européennes

Sat, 16/01/2016 - 23:55

(crédit : DICOD / EMA)

(B2) L’attaque perpétrée à Ouagadougou (Burkina-Faso) contre plusieurs bars ou restaurants, fréquentés par les expatriés, et l’Hotel Splendid, vendredi soir (15 janvier) a fait au moins 29 morts.

Parmi les victimes (18 nationalités au moins) :

  • deux Français (selon le Quai d’Orsay,
  • deux Suisses (l’ancien patron de la Poste Jean-Noël Rey et un ancien député du Valais Georgie Lamon, selon la RTS),
  • un Néerlandais (un homme de 67 ans, bénévole international, selon le ministère néerlandais des Affaires étrangères)
  • un Américain (un missionnaire Mike Riddering, qui travaillait à l’orphelinat Les Ailes de Refuge),
  • six Canadiens (du Québec).

Une trentaine de personnes ont également été blessées, dont une Franco-Marocaine (la photographe Leila Alaoui).

Les forces de sécurité du Burkina, épaulées par des militaires français et des américains, ont permis de libérer environ 150 otages. La police technique et scientifique et la sous direction anti-terroriste de la police nationale ont envoyé des éléments sur place pour participer à l’enquête, tout comme la Gendarmerie nationale qui a envoyé six experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Un attentat revendiqué par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Trois des attaquants sont morts sur place.

(NGV)

Le dispositif de solidarité entre Etats membres « réfugiés » marche-t-il ?

Thu, 14/01/2016 - 09:39

Si le sauvetage des migrants ou réfugiés en Méditerranée fonctionne bien, une fois à terre, les problèmes commencent (crédit : MOD Espagne)

(B2) Le bilan des actions entreprises par les Etats membres au titre du plan « réfugiés » adopté l’année dernière n’est pas glorieux si on en croit le dernier bilan dressé par la Commission européenne, ce mercredi (13 janvier).

1. La relocalisation (*) : 272 personnes, seulement, qui se trouvaient en Italie et en Grèce ont été accueillies dans les autres Etats membres sur le chiffre de 160.000 défini en septembre par les 28.

2. La réinstallation (*) : À la fin de l’année dernière, la Commission a reçu la confirmation que seulement 779 avaient été effectivement réinstallées sur les 5331 personnes que les Etats membres s’étaient engagés à prendre en charge en 2015. Les Etats se sont engagés à réinstaller un total de 22.504 demandeurs d’asile  d’ici la fin de 2017.

3. Les hotspots (centres d’accueil et de tri) : sur les 5 hotspots identifiés en Grèce, 1 seulement « est pleinement opérationnel (Lesbos). Sur les 6 hotspots prévus en Italie, 2 sont opérationnels à ce jour (Lampedusa et Trapani).

4. Les « retours » (= expulsions) : L‘Europe a « besoin d’augmenter le taux de retour des personnes qui ne possèdent pas le droit de rester en Europe, vers leurs pays d’origine, en mettant en œuvre le plan d’action de retour et en avançant sur les accords de réadmission et de négociations » souligne la Commission européenne.

Commentaire : c’est un cercle vicieux ! Les hotspots doivent être pleinement opérationnels pour mener à bien la relocalisation. Les deux Etats concernés attendent que le dispositif de relocalisation fonctionne craignant la mise en place de hotspots, aimantant les migrants et demandeurs d’asile, et se retrouvant ensuite dans une situation impossible à gérer. Tout le monde estime qu’il faut augmenter le rythme des retours. Mais les pays d’origine ou de transit ne sont pas pressés de reprendre leurs nationaux (à supposer qu’on puisse identifier le pays d’origine…).

(NGV)

(*) La relocalisation concerne la prise en charge au sein de l’Union européenne de demandeurs d’asile ou personnes ayant besoin d’une protection internationale arrivés dans un des pays membres de la « ligne de front », nommément désignés : l’Italie et la Grèce. La Hongrie a refusé de bénéficier de ce dispositif. La Suède souhaite en bénéficier. La réinstallation concerne le même type de personnes qui se trouvent, hors de l’Union européenne, dans les camps de réfugiés gérés par le UNHCR ou les autorités locales, en Jordanie, Liban, Turquie. Ce double effort vise essentiellement à prendre en charge les Syriens, victimes du conflit, mais aussi certaines autres nationalités victimes des conflits. Il ne s’agit pas de prendre en charge (normalement) les migrants économiques.

Lire notre dossier N°29. La crise des migrants devenue crise des réfugiés, puis crise tout court

Lire aussi :

Federica Mogherini trop absente des réunions de la Commission ? Heureusement !

Wed, 13/01/2016 - 19:10

Entre Mogherini et Hahn, une certaine complicité (crédit : CUE)

(B2) C’est le constat de nos confrères du média en ligne Politico, qui ont réalisé un travail de bénédictins. A l’aide des listes de présence (officielles), ils ont vérifié la présence de chacun, réunion par réunion. Verdict : la vice-présidente de la Commission, Federica Mogherini, sort en bas de ce classement (68% de présence), juste derrière le commissaire chargé du Voisinage Johannes Hahn (72% de présence). A l’inverse, le président Jean-Claude Juncker n’a que deux absences au compteur, juste derrière… la meilleure élève : la Belge Marianne Thyssen (Affaires sociales), qui ne s’est absentée qu’une seule fois. De quoi démentir quelques mauvaises langues qui soulignent les absences du Luxembourgeois.

Une absence très justifiée

Le résultat sur les deux commissaires aux relations extérieures n’est pas très étonnant. Etre en déplacement à l’étranger, c’est leur obligation ! Federica Mogherini a, de plus, le rôle de Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et de la Politique de sécurité et de présider les réunions du Conseil des Affaires étrangères, comme d’être présente aux réunions du Conseil européen. Un « job impossible ». Les voir absents des réunions de la Commission de temps à autre (1 sur 3) est plutôt un signe rassurant. Une présence studieuse, tout le temps à Bruxelles, serait inquiétante, alors que le voisinage flambe et qu’il y a une série de questions internationales à régler (Iran, Libye, Russie, etc.).

Un engagement réel à la limite de la condition physique

Pour B2, qui suit de près l’activité diplomatique européenne, on ne peut pas dire que l’ancienne ministre italienne des Affaires étrangères lésine sur la tâche. Federica Mogherini a ainsi présidé toutes les réunions des ministres des Affaires étrangères, comme de la Défense, sans aucune exception, selon notre constat. Ce qui est un grand changement par rapport à son prédécesseur, Catherine Ashton. Elle a assuré, sans rechigner, la plupart des réunions internationales à New-York, à Vienne, sur la Syrie, sur la Libye, sur l’Iran, etc. Au plan personnel — c’est un point qui est souvent passé sous silence — c’est une des rares commissaires à avoir déménagé sa famille sur Bruxelles (c’était cet été). On ne peut pas demander vraiment plus. Avant Noël, la fatigue se lisait clairement sur le visage de la Haute représentante.

On ne peut pas exiger de l’Europe d’être présente dans le monde, et d’être présente en même temps à tous les rendez-vous à Bruxelles. Faire le procès des absences de la Haute représentante des réunions de la Commission est donc un mauvais procès.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : Le seul problème est pour leurs pays respectifs qui comptent sur « leur » commissaire pour défendre leurs intérêts à Bruxelles. Mais connaissant les chefs de cabinet des deux commissaires respectifs, on peut se dire que la maison est bien gardée…

Les Allemands durement frappés dans l’attentat de Istanbul

Wed, 13/01/2016 - 01:49

(B2) L’Allemagne paie un prix lourd dans l’attentat qui a eu lieu ce mardi (12 janvier), matin (10h20), à Istanbul quartier historique de Sultanahmet, entre la mosquée bleue et la basilique Sainte Sophie. Un quartier éminemment touristique particulièrement fréquentés par les étrangers. Huit Allemands ont été tués a confirmé le ministère des Affaires étrangères. Et, neuf autres Allemands figurent parmi les 15 blessés « dont certains grièvement » a-t-il précisé.

Un des attentats les plus graves visant les Allemands

« Depuis de nombreuses années, le terrorisme n’avait pas aussi durement frappé les Allemands comme aujourd’hui à Istanbul » a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dans un communiqué publié sur son site internet. Le gouvernement fédéral était réuni ce mardi soir. Sujet était l’état d’avancement de l’enquête et de l’assistance aux personnes touchées.

Ne pas céder

« Le cancer du terrorisme ne ménage personne, il nous menace tous aussi, en Turquie, en Europe et ailleurs », a souligné Frank-Walter Steinmeier. « Nous devons et nous ne serons pas intimidés par les assassiner et de la violence. Au contraire. En collaboration avec nos partenaires dans le monde, nous allons continuer à faire face à la terreur à tous les niveaux » a-t-il tenu à ajouter, demandant cependant « une clarification rapide sur les auteurs et les commanditaires » de cet attentat.

L’enjeu : frapper le tourisme

Cet attentat s’inscrit dans une série assez longue en Tunisie (Sousse, Bardo), en Egypte, et en Turquie visant délibérément les lieux touristiques fréquentés essentiellement par les visiteurs étrangers et européens. L’enjeu est double : frapper les pays européens et surtout frapper l’économie des pays concernés en incitant à l’avenir les touristes à ne plus fréquenter ces lieux.

(NGV)

130 migrants sauvés en Méditerranée par la marine espagnole et slovène

Tue, 12/01/2016 - 22:21

(B2) Une nouvelle opération de sauvetage a été menée, mardi (12 janvier), par les navires européens de EUNAVFOR Med permettant de récupérer 130 migrants dérivant en pleine mer. Un avion P3 Orion espagnol a repéré, mardi matin (12 janvier),  deux embarcations de migrants en caoutchouc en détresse, dans les eaux internationales, au nord de la côte libyenne.  Le navire de patrouille slovène Triglav 11 et la frégate espagnole Canarias ont été immédiatement envoyés sur place. 130 personnes ont pu ainsi être secourues puis transférées à bord de la frégate espagnole, tandis qu’un autre groupe de migrants était secouru par un navire de la Garde côtière italienne opérant dans la région. Le SPS Canarias et le navire de la Garde côtière italienne ont fait route ensuite vers l’île de Lampedusa pour débarquer les migrants.

NB : Depuis le lancement de l’opération EUNAVFOR Med, le 22 juin 2015, les navires européens ont permis le sauvetage de près de 8500 personnes, assure-t-on au QG de l’opération.

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