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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 1 hour 50 min ago

L’UE veut renforcer les moyens en Libye et augmenter l’aide aux garde-côtes libyens

Wed, 25/01/2017 - 20:45
(B2) La Haute représentante de l'UE, Federica Mogherini, et la Commission européenne ont présenté, mercredi 25 janvier, une série de mesures pour renforcer la lutte contre les migrations en Méditerranée centrale. Ce paquet devrait être présenté aux Chefs d'État et de gouvernement, lors de leur réunion informelle, à 27, à La Valette (Malte), le 3 février […]

L’opération Sophia rame. Pourquoi ?

Wed, 25/01/2017 - 19:30

(B2) Plus de 18 mois après son lancement, on peut commencer à dresser un premier bilan de l’opération EUNAVFOR Med / Sophia en Méditerranée. Il n’est pas formidable. Autant le dire clairement. Les réseaux libyens de traite d’êtres humains ne sont pas éradiqués ni même vraiment perturbés.

Certes plus de 220 opérations de secours en mer ont été menées depuis le début de l’opération, permettant de venir en aide à un peu plus de 32.000 migrants. Mais ce n’était pas l’objectif premier de l’opération, juste une conséquence : le secours en mer est une obligation générale.

Certes la destruction systématique des navires employés par les trafiquants (372 navires depuis le début de l’opération) leur enlève un peu de capacité de trafic. Mais elle est aussitôt remplacée ou les trafiquants diversifient leurs méthodes. Mieux, à la zone traditionnelle, venant de Libye, de la zone Zuweira – Misrata, s’est ajoutée depuis l’automne dernier, une route égyptienne. Les trafiquants égyptiens assurent aujourd’hui environ 10% du trafic arrivant en Italie (environ 10.000 arrivées sur les 140.000 recensées jusqu’à fin octobre).

Certes plus de 100 individus suspectés de trafic ont été remis aux autorités italiennes, qui ont la charge de les juger. Mais, en général, il s’agit surtout d’exécutants ou d’encadrants, voire de simple migrants qui ont été chargés de convoyer leur navire.

L’objectif de la « dégradation des capacités (maritimes) des trafiquants » n’est ainsi atteint qu’« à 30% », selon le dernier rapport qui couvre l’essentiel de la période 2016. Autant dire que l’objectif est loin d’être atteint, et même qu’il y a un demi-échec. « Quand on donne ce chiffre, c’est qu’on n’a pas atteint le tiers de son objectif… c’est faible » confirme un spécialiste des opérations…

Certes l’opération a commencé, depuis septembre 2016, à faire un contrôle de la zone en mer, pour assurer le respect de l’embargo sur les armes. Mais, en plusieurs mois de contrôle, un seul bateau suspect a pu être contrôlé, selon nos sources. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de trafic. Mais il faut assurer la remontée d’informations. Et seulement deux navires pour contrôler la zone, c’est un peu chiche…

Quant à la formation des garde-côtes, elle apparait encore balbutiante. Une première formation d’environ 80 garde-côtes vient d’être réalisée sur un navire néerlandais et un navire italien. La question maintenant est de poursuivre cette formation. Et… il n’y a pas de sous !

En résumé, comme on ne dit dans les couloirs européens, l’opération ‘ne délivre pas’ (n’aboutit pas à des résultats concrets).

Mettre en cause l’opération Sophia (EUNAVFOR Med) ou dire « y a qu’à » est cependant très facile. Mais les marins engagés dans cette opération ne peuvent pas faire vraiment beaucoup plus. Il n’y a pas de gouvernement libyen. La Libye reste, depuis cinq ans un no man’s land ingouvernable. C’est avec l’intervention franco-britannique, un des plus beaux échecs des interventions militaires de l’époque récente (1).

Les navires ne peuvent toujours pas pénétrer dans les eaux territoriales libyennes pour aller faire la police… En partie, parce que les autorités ne le souhaitent pas, et qu’il existe un danger notable. Mais, en partie, aussi parce que la communauté internationale ne le veut pas. Là encore, l’expérience libyenne de 2011 a laissé des traces indélébiles (2).

Quant au financement de la formation, le commandant d’opération est obligé de passer la sébile parmi les États membres. Et peu ont vraiment répondu positivement. Un projet a bien été présenté par la Commission afin de mettre en place un petit fonds d’équipement et de formation (CBSD, ex « Train & Equip »), qui pourrait être utilisé dans cet objectif. Il reste bloqué dans des limbes législatives entre le Conseil (les Etats membres et le Parlement européen).

Au résultat, une révision des objectifs est en cours. Et chacun perçoit, en interne ou dans les milieux militaires, qu’il faut passer à autre chose, renforcer l’opération, aboutir à davantage de résultats, et plus rapidement, car miser sur un relais par le nouvel État libyen apparait très fragile. C’est tout l’objectif de certaines mesures que la Haute représentante et la Commission européenne vont présenter à Malte, lors du sommet informel à 27, début février. C’était tout l’enjeu également de « la ligne de protection » voulue par Malte.

L’opération européenne en mer n’a pas énormément d’effectifs, en personnel comme en bateaux, pour mener tous ces objectifs. Les États membres, pour d’excellentes raisons chacun, rechignent à mettre plus de moyens. Chacun va devoir se bouger un peu les fesses…, mettre la main à la poche et mettre en accord ce qui est dit tout haut (il faut agir) avec les actes (3).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

(1) L’inverse de la pensée de De Gaulle en fait : nous avons gagné une bataille, nous avons perdu la guerre.

(2) Le souvenir cuisant d’une résolution utilisée jusqu’au bout, voire déformée de ces objectifs initiaux pour passer de la protection de la population civile au renversement d’un gouvernement en place, a fait dresser un veto inexpugnable. La Russie, comme la Chine refuseront tout projet de résolution autorisant la pénétration dans les eaux territoriales… ou alors il faut acheter ce veto très très cher.

(3) Certains pays ne participent pas du tout ou très peu à cette opération de manière opérationnelle (Suède et Pologne notamment, Hongrie, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie également). Des pays qui, souvent, expriment haut et fort qu’il faut agir contre la migration. Tous n’ont pas de moyens maritimes (sauf Suède et Pologne) pour prêter main forte. Mais il peut y avoir d’autres moyens pour participer : des avions, des forces spéciales, des locations de moyens (drones, avions, bateaux…) auprès d’autres organismes.

Le gel des avoirs du fabricant de missiles sol-air Buk confirmé. Une implication en Ukraine dit le tribunal

Wed, 25/01/2017 - 15:44
(B2) Les juges de la 9e chambre du Tribunal de l'UE ont confirmé ce mercredi (25 janvier) le gel des avoirs de l’entreprise russe de défense Almaz-Antey. Ils se livrent à une analyse spécifique, empreinte d'une analyse très réaliste, se basant davantage sur la notion de risque de déstabilisation que la réalité de celle-ci. Cette […]

Face au terrorisme, l’échange d’informations est la clé aujourd’hui, un FBI européen est prématuré (Julian King)

Wed, 25/01/2017 - 11:04
(B2) Chargé de l'Union de la sécurité, le commissaire européen de nationalité britannique, Julian King, forme avec Federica Mogherini, d'un côté, et Dimitris Avramopoulos, de l'autre, le triumvirat européen chargé de la politique de sécurité, au plan intérieur comme extérieur. Une politique placée en première ligne aujourd'hui des priorités européennes. B2 a pu le rencontrer […]

Carnet (24.01.2017). Libye (Kobler). COPS (agenda). Belgique (EUTM Mali). Danemark (Syrie). Gambie (Micega). Mattis-Stoltenberg. France (B2M, Cerbère). Chypre (négociations). Syrie (Astana). Gambie (Barrow). Nigéria (enquête). UpM (jeunesse). Minusma ...

Tue, 24/01/2017 - 16:15
(B2) Parus récemment : La mission civile de renforcement des structures aéroportuaires « EUAVSEC Sud-Soudan » (fiche) (quezako) Fillon prône une alliance européenne de défense et un dialogue avec la Russie Hollande, président de l’Europe. Possible ? Faisable ? Souhaité ? (blog) © Confidentiels / PSDC © Libye. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, […]

La mission civile de renforcement des structures aéroportuaires « EUAVSEC Sud-Soudan » (fiche)

Tue, 24/01/2017 - 15:00
(B2) Anticipant l’indépendance du Sud Soudan, l’Union européenne adopte le 20 juin 2011 une approche générale sur l’indépendance du nouvel Etat. La mission décidée en juin 2012 se clôt prématurément en décembre 2013. L'Union européenne envisage « l’utilisation de tous les instruments qui sont à disposition [pour] aider le Sud-Soudan à satisfaire ses besoins en matière […]

Fillon prône une alliance européenne de défense et un dialogue avec la Russie

Mon, 23/01/2017 - 23:45
(B2) Dans un entretien publié par Le Monde et le FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung), François Fillon, le candidat des Républicains (ex UMP), a défendu la création d'une Alliance européenne de défense. Un projet assez proche en soi de l'Union de la défense, prônée par Jean-Claude Juncker et Michel Barnier. Il en a aussi profité pour […]

Hollande, président de l’Europe. Possible ? Faisable ? Souhaité ?

Sun, 22/01/2017 - 15:00

François Hollande au sommet (© NGV / B2)

(B2) Le rêve d’avenir de Hollande a parcouru comme un frisson la presse française. Le Parisien, après une conversation au château, avec un des nombreux conseillers, officiels ou de l’ombre, révèle une intention sur l’après présidentielle « En digne héritier de Delors », François Hollande se verrait bien occuper le poste de président du Conseil européen. Est-ce sérieux ? Est-ce possible ? Est-ce probable ? J’ai regardé, vérifié, calculé. Contrairement à ce qui a été dit partout, ce n’est pas aussi « improbable » qu’indiqué.

Est-ce sérieux ?

Est-ce une simple rumeur d’un conseiller qui pense tout haut… ou un peu plus. Il n’y a sans doute qu’une seule personne qui puisse vraiment répondre à cette question : son auteur. Et encore… Cette information fait partie des innombrables ballons d’essais qu’on lance… dans l’entourage d’un président, pour voir, quitte à dire ensuite que c’est totalement bidon (la faute à la presse :-)) C’est tout l’art d’un dirigeant (et de François Hollande en particulier) d’ailleurs de prêcher le vrai, avec des pistes parfois contradictoires. Et tout l’art de la diplomatie de le démentir fermement car, dans cette affaire, il faut être très prudent. Inutile de sortir du bois trop tôt… Mais inutile de sortir trop tard non plus…

Est-ce possible dans l’agenda européen ?

Oui. Parfaitement. Le premier mandat de Donald Tusk, le président du Conseil européen, de deux ans et demi se termine le 31 mai 2017. Et il peut être renouvelé pour un nouveau terme de deux ans et demi. Un seul renouvellement est autorisé. Et contrairement à ce qui a été dit, dans la presse, ce n’est pas quand le nouveau président français de la République sera en poste que tout va se décider mais bel et bien maintenant. Il n’est pas habituel au niveau européen d’attendre le dernier moment pour commencer à examiner qui pourrait être candidat. Et la course à la candidature n’est pas encore vraiment commencée (voir plus loin). Concrètement, si Hollande veut y aller, il est plus que temps pour lui de se déclarer. C’est maintenant ou jamais…

Y-a-t-il une procédure inscrite dans le marbre ?

Pas tout à fait. La fonction de président permanent du Conseil européen n’existe que depuis 2009 (et l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne). Il n’y a donc qu’un précédent — celui de Herman Van Rompuy dont le mandat avait été renouvelé. Et seules deux conditions figurent expressément dans le Traité : décision à la majorité qualifiée, ne pas avoir de fonction dirigeante. Aucune autre autre règle n’existe, du moins de façon écrite, selon ce qu’a pu vérifié B2. Le reste est affaire de politesse diplomatique et de rouerie politique. La plupart des règles sont « non écrites », voire improvisées au cas par cas, selon l’ambiance politique du moment.

Qui peut être candidat ?

Dans l’absolu, tout le monde. On peut nommer un responsable politique à la retraite, un ancien ministre, un savant, un chercheur, un chanteur… La seule condition officielle est celle de ne plus exercer de mandat national. Mais il y a une règle non écrite : celle de prendre un ancien Chef d’État ou de Gouvernement. Une règle gouvernée par une certaine logique. Le Conseil européen est un « club ». Son président doit bien connaitre ses membres, ses 28 interlocuteurs. Le rôle du président n’est pas, en effet, de diriger mais de concilier, d’orienter, d’impulser, de pousser au consensus ou de repousser une décision qui peut fracturer une assemblée. Il doit en être à moitié l’arbitre, à moitié un prêtre de confessionnal.

Comment se passe la sélection ?

C’est la présidence tournante (Malte aujourd’hui) qui assure le rôle de dénicher le candidat idoine. Selon nos informations, ce travail vient à peine de commencer. Et encore très discrètement ! En clair, c’est le Premier ministre lui-même, Joseph Muscat (un socialiste), ou un de ses très proches conseillers (son sherpa, voire son représentant permanent à Bruxelles) qui va aller sonder discrètement chacun de ses 27 autres collègues.

Ces conversations sont généralement très ouvertes, et très secrètes. Il s’agit essentiellement de répondre à quelques questions : 1° Avez-vous un candidat (ce candidat peut être de l’État membre concerné mais aussi un autre), 2° Quelle personne verriez-vous à ce poste (ce peut être un ou deux noms) ? 3° Quel candidat, ne voulez-vous pas ? 4° Quel candidat pourrait convenir si le premier choix n’est pas accepté.

Bien souvent, la présidence teste un ou deux noms pour voir l’avis que cela recueille et le niveau de soutien ou d’opposition pour cerner là où se porte le maximum de consensus. Parfois il peut y avoir deux ou trois tours de piste, d’abord pour établir une sorte de « play list« , ensuite pour voir quel nom se dégage.

Qui présente la candidature ?

Le traité est aussi disert sur ce point. Ce peut être l’État membre qui présente de façon plus ou moins officielle un candidat (ou plusieurs au cas où). Mais on peut tout aussi bien dénicher un candidat, de haut niveau, sans que celui-ci ait été formellement présenté par son gouvernement. Et rien n’empêche celui qui espère le poste de faire une campagne, discrète au besoin. Dans tous les cas, chacun reste très secret sur ses intentions. Histoire de ne pas apparaître en situation d’échec en cas de refus… ou de garder toute ses chances au cas où…

Le Parlement doit-il se prononcer ou donner un avis ?

Non. Le Parlement européen n’a aucun rôle dans cette procédure qui ne concerne que le Conseil européen. Contrairement au choix du président de la Commission européenne, il ne doit ni voter sur ce choix, ni même entendre les candidats ou donner un avis. Certes le PPE et l’ALDE dans leur accord de coalition pour la majorité au Parlement ont indiqué vouloir soutenir Donald Tusk. Mais il s’agit plutôt d’une indication que d’une réelle volonté.

Qui décide au final ?

Normalement le principe du Conseil européen est d’aboutir à un consensus. C’est-à-dire d’obtenir un accord unanime, ou presque, ou du moins une absence de désaccord exprimé. D’un point de vue juridique, il suffit d’un vote à la majorité qualifiée pour désigner le président du Conseil européen. Du moins en théorie. En fait, si le veto est cantonné à un ou deux pays, il peut être surmonté. S’il émane d’une grosse minorité, hostile, cela parait plus difficile. La règle mathématique s’effacerait alors devant la règle politique.

Un Français a-t-il déjà concouru au poste ?

Non… de façon officielle. La France, récemment, a cherché à avoir des postes de gestion décisionnelle — commissaire au marché intérieur (Barnier sous Sarkozy) et commissaire à l’Économie (Moscovici sous Hollande) — plutôt que des postes très visibles mais moins prégnants au quotidien. Mais un certain François Fillon n’a pas caché un moment être intéressée par le poste.

Y-a-t-il déjà un candidat ?

Officiellement non. Mais Donald Tusk verrait bien son mandat reconduit pour un second terme. Ce n’est un secret pour personne. Il peut s’appuyer pour cela sur un précédent (et le seul), celui de son prédécesseur, Herman Van Rompuy.

Est-il soutenu par son État membre ?

C’est justement cela son problème. Jusqu’à présent, Varsovie l’avait toujours soutenu même si le gouvernement (du PiS, plutôt conservateur-social, souverainiste) n’était vraiment pas du même bord que Tusk (plutôt libéral chrétien-démocrate, proeuropéen). Le coup est venu de la Première ministre en exercice, Beata Szydło. « L’Union européenne est atteinte par plusieurs crises. Vous avez besoin d’un leader fort qui puisse conduire à la réforme; Je ne pense pas que Donald Tusk ait voulu relever le défi. » Ce qui a fait trembler jusque dans son entourage… Parole ou réalité. On verra. Généralement, à Bruxelles, quand il s’agit de défendre un compatriote, les divergences s’effacent au profit de la solidarité nationale. Mais ce n’est pas une règle intangible. Dans l’absolu rien n’interdit d’ailleurs au Conseil européen de choisir un candidat qui n’est pas présenté par son État national.

Hollande a-t-il ses chances ?

En sa faveur pèse certainement le fait d’être un chef d’État encore en poste, qui n’a pas démérité au plan européen, plutôt consensuel, roué à la négociation et au compromis, socialiste mais pas trop, plus rad-soc en fait que socialiste. Ce qui plait bien au niveau européen. Son entente avec Angela Merkel sans être exceptionnelle est bonne. Ils ont mené tous les deux des négociations globales sur l’Ukraine (format Normandie), sur la Grèce, comme sur d’autres sujets. Enfin, il parait libre de toute attache politique. Ce qui plait aussi bien au niveau européen. Et, face à une situation difficile au plan international, l’Europe pourrait vouloir se doter d’une posture plus forte face aux USA, à la Russie… Un argument qui peut se retourner contre François Hollande. L’Europe n’aime pas les « poids lourds »… à supposer que le président français soit considéré comme cela.

Tusk peut-il être renouvelé ?

Oui. S’il a été très critiqué au début, ses critiques se sont tues un peu. « Il a appris en deux ans » a confié un diplomate européen à B2. Son tropisme polonais, irritant au bout d’un moment par son insistance à vouloir inviter à tout bout de champ, le président ukrainien Porochenko s’est arrondi. Sa faible connaissance des dossiers économiques a été, en partie compensée, par son entremise, aux côtés du couple franco-allemand, dans la crise grecque à l’été 2015, qui a été reconnue comme un succès. Sa façon de gérer le Brexit a aussi été saluée. Ses avis un peu tranchés, faits parfois en solitaire, suscitent encore parfois quelques crises d’urticaire. Mais il faut reconnaitre un élément : les dirigeants sont un tantinet conservateurs. Ils préfèrent (quasi toujours) reconduire une personne qu’ils connaissent déjà plutôt que franchir le pas dans l’inconnu. Cela aurait l’avantage de la continuité. Et il a l’avantage de représenter une partie de l’Europe (l’Est) peu représenté aujourd’hui au niveau des têtes européennes.

Hollande aurait-il une majorité politique au Conseil ?

L’équilibre géopolitique et géographique ne pèse pas en sa saveur. Au Conseil européen, la majorité penche moins à droite qu’auparavant, mais celle-ci conserve une nette majorité de 2/3. Selon un comptage de B2, on retrouve un ratio de 18 (droite) contre 10 (gauche) : sept Chrétiens-démocrates (PPE), sept Libéraux et démocrates (ALDE), deux Conservateurs (ECR) et deux Indépendants (plutôt à droite) contre neuf Sociaux-démocrates et Socialistes (S&D) et un à Gauche (GUE). Six de ces dirigeants fonctionnent en (grande) coalition, donc doivent (un peu) tenir compte de leur partenaire de coalition. Mais l’appartenance à un parti d’un dirigeant a souvent moins d’importance que son positionnement géopolitique (géographique, historique, économique…). Un libéral luxembourgeois sera plus proche d’un socialiste français. Et vice-versa, un social démocrate slovaque peut avoir des sympathies pour Donald Tusk. Et Hollande n’est pas considéré comme un homme « trop tranché » (en tout cas moins que son prédécesseur Nicolas Sarkozy). Il apparait plutôt comme un social-démocrate bon teint.

Qu’est-ce qui bloque vraiment Hollande et pèse en faveur de Tusk ?

Si Hollande est choisi, il n’y aura à la tête de l’Europe que des représentants des pays fondateurs mais surtout du sud ou de l’ouest de l’Europe : Un Luxembourgeois à la Commission (Juncker)*, une Italienne comme Haut représentant (Mogherini)* et un compatriote à la tête du Parlement (Tajani). A ceux-là, on peut ajouter un Danois comme secrétaire général du Conseil (Tranholm-Mikkelsen)*, un Italien (encore) à la tête de la Banque centrale européenne (Draghi) et un Néerlandais à la tête de l’Eurogroupe (Dijsselbloem) et comme premier vice-président de la Commission (Timmermans). Concrètement, il y a donc un clair déséquilibre pour les pays de l’Est. Déséquilibre que comblait jusqu’ici Donald Tusk. Cet argument pourrait être très pesant dans le débat, beaucoup plus que le critère précédent (politique).

NB : seuls ces trois noms avec celui du président du Conseil européen entrent en ligne dans l’équilibre au sein de l’exécutif.

Qui sera le faiseur de roi ?

Il y a toujours dans le Conseil une ou plusieurs personnalités plus marquantes ou dont l’avis est le plus écouté. En l’espèce, c’est Angela Merkel, la Chancelière allemande, de par le poids de son pays, sa réussite économique ou politique… et son ancienneté. C’est une des plus anciennes dirigeantes présentes au Conseil européen, avec le Premier ministre Hongrois (Viktor Orban) et son alter ego slovaque (Robert Fico). Angela y siège depuis plus de 11 ans bientôt, Viktor totalise 10 ans en deux périodes, et Robert presque 9 ans en deux périodes. L’autre personnalité qui pourrait être écoutée par sa sagesse et sa capacité est le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. C’est celui qui bat tout le monde par son expérience, à plate couture. Il totalise plus de 21 années au Conseil européen (quasi 19 années comme Premier ministre et bientôt 2 ans et demi comme président de la Commission européenne). Bref celui qui aura l’oreille de Merkel et de Juncker a, sinon, la partie gagnée, du moins largement franchi un cap.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire notre fiche : Comment est nommé le président du Conseil européen ? Critères officiels et officieux

Carnet (20.01.2017). Sanctions Ukraine (motifs). Israel/Palestine (veto suite). EUCAP Sahel Niger (jobs). Tunisie (coopération). Gambie. RCA (enquête). Burundi (tensions). Zambie (65 millions). Lac Tchad (aide d’urgence). Réfugiés (froid). Terrorisme ...

Fri, 20/01/2017 - 18:00
(B2) Parus récemment : La frégate Canarias rejoint l’opération Sophia (blog) Qui sera membre des commissions AFET, SEDE et LIBE ? Les commissions qui comptent au Parlement européen : présidences et coordinateurs Changement de numéro 2 à EUNAVFOR Med Le contrôle de l’argent liquide aux frontières s’applique aux passagers en transit (avocat général) Rapide, efficace, […]

La frégate Canarias rejoint l’opération Sophia

Thu, 19/01/2017 - 23:31

La frégate Canarias au large de Rota après son départ (Crédit: Armada espagole)

(B2) La frégate « Canarias » de la Armada espagnole a quitté la base navale de Rota , mercredi 18 janvier, pour se joindre à l’opération EUNAVFOR Med / Sophia de lutte contre les trafics d’êtres humains et d’armes en Méditerranée au large de la Libye. Sa mission durera six mois. 

En 2015, cette frégate de type F-80 était la première frégate espagnole à prendre part à la mission européenne (lire: Quels sont les moyens de l’opération Sophia (EUNAVFOR Med) dans sa phase 2 ?). Les Espagnols avaient alors sauvé 1122 personnes et aider à l’arrestation de plusieurs trafiquants (lire : Sauver les migrants mais aussi recueillir les preuves)

La frégate Canarias est une frégate de classe ‘Santa María’, avec un équipage de 220 personnes. Elle dispose d’un hélicoptère de bord, un AB-212. D’une longueur de 138 mètres et pesant plus de 4000 tonnes, elle est équipée de « capteurs et d’armes qui lui permettront d’assurer ses principales fonctions » de surveillance mais aussi d’escorte, explique le ministère espagnol de la Défense.

(Leonor Hubaut)

Lire aussi :

Qui sera membre des commissions AFET, SEDE et LIBE ?

Thu, 19/01/2017 - 19:15
(B2) Le Parlement européen a décidé, jeudi 19 janvier, la composition des commissions parlementaires pour la seconde moitié de la législature, soit pour les deux ans et demi à venir. B2 a passé ces listes au peigne fin. Détails... La commission des Affaires étrangères (AFET) du Parlement européen gagne quelques effectifs. Elle compte désormais deux membres […]

Les commissions qui comptent au Parlement européen : présidences et coordinateurs

Thu, 19/01/2017 - 17:45
(B2) Pour les commissions en charge des questions de sécurité, sauf surprise de dernière minute, un certain statu quo pourrait être maintenu. Tout sera officiel la semaine prochaine. Le vote pour les présidences et vice-présidences des commissions parlementaires aura lieu les 24 et 25 janvier prochains. Voici d'ores-et-déjà les noms connus ... A la présidence des commissions Seul changement […]

Changement de numéro 2 à EUNAVFOR Med

Thu, 19/01/2017 - 15:30
(B2) Le bâton de commandant adjoint de l'opération européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med alias Sophia) vient de changer de main... sans changer de nationalité. Le contre-amiral français Luc-Marie Lefebvre succède en effet à son compatriote, le contre-amiral René-Jean Crignola. Luc-Marie Lefebvre a commandé plusieurs navires dont la Tapageuse (1994-1995), la frégate furtive de type La […]

Le contrôle de l’argent liquide aux frontières s’applique aux passagers en transit (avocat général)

Thu, 19/01/2017 - 06:29
(B2)  Selon l’avocat général de la Cour de justice de l'UE, Paolo Mengozzi, l’obligation pour toute personne physique entrant ou sortant de l’Union européenne avec au moins 10.000 euros en argent liquide de déclarer la somme transportée aux autorités compétentes de l’État membre quand elle entre ou sort de l’Union (1) s’applique également aux passagers en […]

Rapide, efficace, bien coordonnée… Un satisfecit pour la protection civile européenne. Rare !

Thu, 19/01/2017 - 06:00

Un avion cargo en partance d’Espagne chargé de matériel médicaux pour faire face à la crise d’Ebola en Guinée Conakry – octobre 2014 (© ECHO/UNICEF / Archives B2)

(B2) Dans un rapport publié ce mercredi (18 janvier), la Cour des comptes européenne donne un satisfecit, quasi total, au mécanisme européen de Protection civile.

« La réaction d’urgence de l’UE aux catastrophes naturelles et aux épidémies majeures est généralement bien coordonnée » indiquent-ils, « déclenchée rapidement » et « efficace ». Elle présente une « réelle valeur ajoutée ».

C’est suffisamment rare pour être signalé … et souligné ! D’ordinaire, les rapports de cette instance sont plutôt critiques, voire très critiques.

Bosnie, Ebola, Népal… une bonne coordination des efforts

Examinant de près trois interventions — les inondations en Bosnie-Herzégovine (2014), l’épidémie du virus Ebola en Afrique de l’Ouest (2014 à 2016) et le tremblement de terre au Népal (2015) — les auditeurs concluent que la gestion assurée par la Commission via son centre de coordination de la réaction d’urgence « a été globalement efficace ». Le mécanisme de protection civile de l’Union a, « de manière générale, été activé rapidement ». Et les équipes de protection civile de l’UE ont « contribué à coordonner les équipes des États participants sur le terrain » jugent-ils. La bonne coordination, précoce, entre les « humanitaires » et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) et ses délégations dans le monde, est également soulignée.

Une vraie valeur ajoutée

La coordination entre les services de la Commission, ainsi qu’avec d’autres organes de l’UE ou extérieurs à l’UE, a été « ouverte ». La Commission a bien « respecté le rôle de chef de file des Nations unies et pris des mesures pour assurer une transition sans heurts vers la phase de rétablissement post-catastrophe ». Pour Hans Gustaf  Wessberg, le principal auteur du rapport, ce satisfecit — peu banal dans les documents de la Cour des comptes —, permet de dresser un constat plus politique. « Le rôle de coordination joué par la Commission et son centre de crise opérant 24 heures sur 24 sont de bons exemples de la valeur ajoutée apportée par la coopération européenne. »

Quelques points à améliorer

Le rapport relève cependant cinq points qui mériteraient d’être améliorés :

  1. • Voir comment gagner davantage de temps durant les premières phases des catastrophes, ainsi qu’au cours de la sélection et du déploiement des équipes de protection civile de l’UE.
  2. • Renforcer la plateforme de communication et d’information sur les catastrophes afin d’obtenir une meilleure vue d’ensemble de l’aide fournie et demandée.
  3. • Renforcer la coordination sur le terrain en améliorant les rapports, (…) en associant davantage les délégations de l’UE.
  4. • Améliorer les rapports et renforcer l’obligation de rendre compte en automatisant l’établissement des statistiques et des indicateurs.
  5. • Développer des relations avec le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies pour voir comment déployer des experts médicaux en dehors de l’UE en cas d’urgence sur la santé publique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger le rapport français / anglais

Lire notre fiche sur le mécanisme européen de protection civile

Processus de Minsk : un rappel au cessez-le-feu aux deux protagonistes

Wed, 18/01/2017 - 22:30
(B2) Dans deux entretiens téléphoniques qu'ils ont eu avec le président ukrainien, Petro Porochenko, d'une part, et son homologue russe, Vladimir Poutine, d'autre part, lundi 16 et mercredi 18 janvier, François Hollande et Angela Merkel ont tenu à rappeler aux deux acteurs du conflit ukrainien « la nécessité que le cessez-le-feu (acté le 24 décembre) soit […]

Carnet (18.01.2017). Steinmeier (adieux). COPS (agenda). EUTM RCA (USA). Iraq (mission). Moyen-Orient (conclusions). Corée du nord (navires). Burundi (AMISOM). Soudan du Sud (Force régionale). Economie circulaire (projet). Airbus (Atlas Elektronik)....

Wed, 18/01/2017 - 20:30
(B2) Parus récemment : Deux Italiens pour un perchoir… Et un seul vainqueur (blog) La durée d’une procédure devant la Cour engage la responsabilité de l’Union. Une première Les USA veulent revoir l’accord avec l’Iran ? Attention danger, avertit l’UE Un partisan de la défense européenne à la tête du Parlement européen ? V2 Le Royaume-Uni […]

Deux Italiens pour un perchoir… Et un seul vainqueur

Wed, 18/01/2017 - 13:16

Entre un Guy Verhofstadt, amoureux de la Toscane, et du bon vin italien, et un Antonio Tajani, nouveau maitre des lieux, tout aussi roué et passé maître dans les intrigues romaines, le début d’une alliance… ou d’une allégeance  (Crédit : PE)

(BRUXELLES2 à Strasbourg) Cette journée du lundi (16 janvier) a été haletante pour ceux qui l’ont suivie de bout en bout. Et il a bien fallu les quatre tours prévus pour départager les deux candidats principaux : l’Italien des Chrétiens-Démocrates, Antonio Tajani, et l’Italien Gianni Pittella pour les sociaux et démocrates (S&D). Un dramaturge de série télévisée n’aurait pas fait mieux. On y trouvait tous les ingrédients nécessaires à une bonne novelas  : alliances, trahison, règlements de compte internes, promesse de vengeance, recomposition et… une (presque) happy end.

Une course très ouverte

Les sociaux-démocrates ayant rompu l’accord de grande coalition (1) qui avait marqué la première partie de ce mandat (comme d’autres mandatures), la course était plus ouverte que d’habitude. Cinq autres candidats étaient en lice, n’ayant quasiment aucune chance d’être élus, et destinés surtout à faire l’appoint à l’un ou l’autre des candidats principaux : le Belge Guy Verhofstadt pour les Libéraux et Démocrates (ALDE), sa compatriote nationaliste flamande N-VA Helga Stevens pour les conservateurs (ECR), la Britannique Jean Lambert pour les Verts, l’Italienne Eleonora Forenza pour la gauche (GUE/NLG), le Roumain Laurentiu Rebega pour l’extrême droite (ENL). Le dernier groupe présent au Parlement (EFDD), formé des europhobes britanniques de UKIP et des Italiens du Mouvement 5 étoiles, n’avaient pas de candidat.

Un mariage dès l’aube

9h du matin… le Parlement est en pleine ébullition. Une nouvelle parcourt les travées. Le candidat des Libéraux, l’ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, se retire. Il a signé, dans la nuit, un accord avec les « Bleus » du PPE. En échange de son soutien, il obtient quelques sucres, trois vice-présidences et la présidence de la Conférence des présidents, et un accord de programme, notamment la promesse de voir convoquer une Convention. « Le seul avantage de cet accord c’est que nous finirons tous tôt ce soir » ironise l’Allemande Ska Keller, co-présidente du groupe des Verts. Les résultats du premier tour ne sont pas encore tombés. Mais personne ne se hasarde à faire un pronostic aussi tranché.

La confiance

11h : On attend toujours les résultats. Les députés du groupe du Parti populaire européen arrivent dans l’hémicycle. Confiants. Tel César, Antonio Tajani se promène joyeusement parmi ses collègues. Il salue de la main, distribue des accolades à profusion, multiplie les selfies… Un petit spectacle très romain. Le président du groupe, Manfred Weber, se montre même généreux. « Nous essayons au Parlement européen d’organiser une majorité constructive pro-européenne car il ne s’agit pas ici de confrontations personnelles mais de trouver des solutions. Cet accord n’exclut personne. Nous invitons tout le monde à nous rejoindre », poursuit l’Allemand de la CDU. Un appel du pied aux Sociaux-démocrates. Les résultats du premier tour sont encourageants. Tajani recueille plus de voix, avec 274 voix. Presque 100 voix d’écarts le séparent de son concurrent, Gianni Pittella. Il ne lui manque plus que quelques 80 voix pour franchir le sas de la majorité absolue (2).

  • Résultats du premier tour : 718 votes dont 36 nuls. Majorité absolue : 342. Tajani – PPE (274), Pittella – S&D (183), Stevens – ECR (77 voix), Lamberts – Verts (56 voix), Forenza – GUE (50 voix), Rebega – ENL (43 voix).

Le doute

14h. C’est le second tour. Le candidat du Parti populaire européen (PPE), Antonio Tajani, arrive en tête. Mais il n’arrive pas à décoller. Avec 287 voix, l’Italien n’est pas parvenu à rassembler suffisamment de votes pour l’emporter. Le candidat des sociaux et démocrates (S&D), Gianni Pittella, a pour sa part obtenu 200 votes, soit 17 de plus qu’au premier tour (2). Est-ce l’indice d’une remontée ? Chez les Socialistes, en tout on y croit. « C’est un bon signe. Tout est encore possible. »

  • Résultats du second tour : 725 votes dont 34 nuls. Majorité absolue : 346. Tajani – PPE (287, +13), Pittella – S&D (200, +17), Stevens – ECR (66, -11), Lambert – Verts (51, -5), Forenza – GUE (42, -8), Rebega – ENL (45, +2)

Une tête en balance

Le troisième tour n’est prévu que pour 17h30. Les groupes politiques multiplient alors réunions et conciliabules. Dans les couloirs, les rumeurs vont et viennent. Chacun va à la pêche aux voix. Pivot de la négociation, le groupe Conservateurs des ECR marchande son soutien. Pittella se dit prêt à tout accepter pour obtenir les voix nécessaires. Il offre notamment de virer Guy Verhofstadt, dont l’ambition fédéraliste en fait un proscrit à Londres, de son poste de négociateur du Parlement pour le Brexit. La rage est bien présente chez les « roses ». Ils ne digèrent pas le dédain avec lequel Verhofstadt a traité leur offre d’alliance. Une offre qui n’aurait « jamais été soumise à son groupe ». Chez ALDE, on rétorque que les « socialistes ont offert des postes. Mais pas de contenu ».

Les enchères

Tentés par un rapprochement avec les chrétiens-démocrates du PPE, les Conservateurs saisissent leur chance. Un luxe ironique pour les Torys britanniques dont c’est normalement la dernière élection dans cet hémicycle qu’ils quitteront à l’horizon 2019. Ils font monter les enchères. Sous pression de son groupe, la Belge Helga Stevens, maintient cependant sa candidature.

17h. Les députés repartent au vote pour un troisième tour. Puis l’hémicycle se vide. Le temps du dépouillement, la course aux négociations reprend. Vers 17h30, le groupe ECR publie un communiqué. Il met en cause l’accord ALDE-PPE dont de nombreux aspects « représentent les politiques qui ont échoué dans le passé ». Le tory britannique Syed Kamall, le patron de ECR, demande à Antonio Tajani de « s’éloigner de cette déclaration ». Tajani ne tergiverse pas longtemps.

 A peine trente minutes plus tard, il répond : OK, et balance par dessus bord tout accord. Il s’engage, « en tant que Président du Parlement européen, à être neutre, au service de tous les Européens, et je me concentre sur ce qui compte vraiment: la sécurité, la migration et l’emploi ». Dans son propre camp, la nouvelle fait le buzz. « Il est beaucoup trop tard. » Cela aurait dû être fait avant le troisième vote, estiment certains. D’autant que la décision n’a pas été prise en groupe mais par l’équipe de Tajani.

Toujours pas de fumée blanche

19h. Le dépouillement du troisième vote prend fin. Le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. Tajani rate la marche. Encore une fois. Quelques votes des Conservateurs se reportent bien sur lui. Mais très peu et pas assez pour faire la différence. Il plafonne. Il manque encore 55 voix pour atteindre la majorité absolue. L’ennui gagne. Chacun sent que la soirée libre promise est entamée. Et qu’il faut un dernier et ultime tour pour départager les deux Italiens.

  • Troisième tour : 719 votes dont 29 nuls. Majorité absolue : 346. Tajani – PPE (291, +4), Pittella – S&D (199, – 1), Stevens – ECR (58, -8), Lambert – Verts (53, +2), Forenza – GUE (45, +3), Rebega – ENL (44, -1).

Le moment de vérité

19h10. Les négociations repartent de plus belle. Rendez-vous est donné à 20h pour procéder au quatrième tour, où seuls sont en lice les deux candidats ayant le plus de voix : Antonio Tajani (PPE) et Gianni Pittella (S&D). Une bataille italo-italienne, entre le Romain et le Lauriati. « C’est l’heure de la vérité » lâche un député. C’est historique. Cela n’était arrivé qu’une fois dans l’histoire du Parlement européen, en 1982. Au PPE, les têtes sont clairement sombres. Peu s’aventurent dans ce terrain, dangereux, qu’est une salle de presse, où la question coupe-gorge peut survenir sans crier gare. Quelques confrères, dont cela semble être une première fois au Parlement, demandent une biographie de Pittella déjà prête. Au cas où…

Le dénouement

Le silence se fait… Il est 19h35. Soudain la nouvelle tombe. « It’s done… » Les conservateurs de ECR viennent d’annoncer, via twitter, leur ralliement. Ils soutiendront Antonio Tajani « après une série d’engagements politiques », autrement dit de concessions, de l’Italien.

… et le soulagement

20h. L’hémicycle se remplit pour la dernière fois de la journée. Antonio Tajani peut savourer, pleinement, cette fois, sa satisfaction. Son sens tactique a payé. Les scènes de la matinée redeviennent d’actualité… embrassades, accolades et sourires d’oreille à oreille. Gianni Pittella, lui, a du mal à faire face. A 20h50, les résultats filtrent à la presse. Dix minutes plus tard, le résultat officiel tombe. L’Italien de Forza Italia, proche de Berlusconi, Antonio Tajani, est élu à la présidence du Parlement européen, nettement. Il devance son concurrent de près de 70 voix. Mais il rate, à 3 voix près, le podium de la majorité absolue. 80 députés se sont abstenus. Un chiffre facilement attribuable à l’extrême droite, qui compte 40 députés dans le groupe Europe des nations et des libertés (ENF) de Marine Le Pen et 42 dans le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFD) du Britannique Nigel Farage. Son adversaire a presque réussi à faire le plein des voix à gauche mais guère au-delà. « Aujourd’hui commence une nouvelle ère » clame Tajani devant la presse. Il est 21h30… la journée se termine.

  • Quatrième tour : 713 votes dont 6 nuls. Majorité relative (majorité absolue : 354). Tajani – PPE (351, +60), Pittella – S&D (282, +83), et 80 abstentions.

Un résultat assez logique quand on voit le profil de l’assemblée européenne où la droite est majoritaire (mais divisée) et somme toute assez attendu. Mais il fallait un certain nombre de tours et une certaine dramaturgie pour que cette réalité prenne forme (3). Ce résultat a le mérite d’une certaine clarté : il rejette les sociaux-démocrates dans l’opposition avec un bloc plus clair majoritaire qui n’est plus la grande coalition (chère aux Allemands). Mais une alliance orange-bleue, libérale / chrétienne-démocrate (plus classique dans les pays nordiques ou du sud).

La bataille n’est pas tout à fait terminée… Après l’élection aux vice-présidences, plutôt formelle, ce mardi, la « vraie » bataille va reprendre, plus sourde pour les présidences des commissions parlementaires et notamment de la future commission spéciale sur le terrorisme ( Vers une commission spéciale sur le « terrorisme » au Parlement européen ?). Entre chrétiens-démocrates et libéraux, d’un côté, socialistes, gauches et verts de l’autre, les couteaux rentreront-ils dans les fourreaux ou ressortiront-ils à l’occasion d’un nouveau coup fourré ? La suite au prochain numéro…

(Leonor Hubaut)

(1) Au terme d’un accord passé entre les deux plus gros partis du Parlement (PPE et S&D), la présidence de cinq ans avait été divisée en deux : d’abord les Sociaux-Démocrates pour les premiers deux ans et demi (avec Martin Schulz) et ensuite les Chrétiens-Démocrates (PPE) pour les deux ans et demi suivants. Mais les Socialistes ont rompu cet accord estimant que les trois postes de direction de la sphère européenne (Commission européenne, Conseil européen, Parlement européen) seraient détenus par un tenant du PPE, ce qui ne reflétait pas l’équilibre politique général ni l’esprit de la grande coalition.

(2) Pour être élu, un candidat doit remporter la majorité absolue des suffrages exprimés, soit 50% plus une voix (art. 16 du règlement). Les bulletins blancs ou nuls ne sont pas comptabilisés pour le calcul de cette majorité requise. Mais les abstentions le sont.

(3) B2 n’avait pas d’ailleurs pas attendu le résultat final de la bataille pour publier le portrait du président du parlement, dès 17h. Lire : Un partisan de la défense européenne à la tête du Parlement européen

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