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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 39 min 53 sec ago

Le Parlement donne le feu vert à la nouvelle directive de lutte contre le terrorisme

Thu, 16/02/2017 - 14:36
(B2) Le Parlement européen a approuvé jeudi (16 février) la révision de la directive relative à la lutte contre le terrorisme à une large majorité (avec 498 votes pour, 114 contre et seulement 29 abstentions). C'est « la première fois qu'un texte sur le terrorisme est adopté en co-décision et non par les ministres seuls » se […]

Le mythe des 2%

Thu, 16/02/2017 - 12:45

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(B2) C’est la dernière antienne à la mode. Il faut que les dépenses de défense (publiques) soient à la hauteur de 2% du produit intérieur brut.

Cet objectif a été fixé au niveau de l’Alliance atlantique, rappelé régulièrement à tous les sommets (Pays de Galles septembre 2014, Varsovie juillet 2016). James Mattis, le nouveau secrétaire d’État à la Défense, l’a encore rappelé lors de sa venue à l’OTAN : le contribuable américain ne doit pas payer pour le contribuable européen… Chaque pays doit faire des progrès « immédiats et réguliers » vers cet objectif.

Une réalité ou une illusion

2% c’est un chiffre mythique… Il est un peu à la défense ce qu’est le « 3% de déficit » du pacte de stabilité à l’économie : une ligne de crête mais aussi une certaine illusion. C’est le gage, selon ses promoteurs, d’une défense efficace. On peut en douter. L’augmentation des dépenses de défense n’est un gage ni de qualité ni d’efficacité ni de disponibilité ni de volonté d’engagement. Les années précédentes de l’histoire européenne l’ont prouvé. Et on peut le constater encore aujourd’hui en se livrant à quelques essais comparatifs.

Efficace à 1% et inefficace à 2% ?

Le taux de dépenses ne signifie pas l’efficience militaire. La Grèce dépense 2,38% de son budget à la défense tandis qu’à l’autre bout de l’échelle, le Luxembourg dépense 0,44% de son PIB pour la défense. On ne peut pas dire que la première soit vraiment engagée sur le plan extérieur… Autre exemple : la Pologne consacre 2% de son budget à la défense tandis que la France engage 1,78% (1). A l’aune de la sécurité européenne, et des menaces internationales, la défense polonaise n’a pas encore vraiment démontré un engagement dynamique à l’inverse de l’armée française. On peut regarder aussi la Bulgarie ou le Portugal — qui consacrent 1,35% de leur PIB à la défense — alors que le Danemark qui y consacre 1,17%. Là encore, l’efficacité militaire est sans doute inversée (chiffres OTAN, prévisions pour 2016).

Un chiffre très partiel

Ce chiffre de 2% est donc loin d’être la panacée. Car il n’est qu’un pourcentage et n’a qu’une valeur très limitée. Il faudrait aussi examiner le ratio investissement/équipements sur le ratio personnel, le ration de dépenses de recherche, l’engagement en opération extérieure ou au niveau solidaire… et la réalité sur le terrain comme la volonté politique. Ce qui est autrement plus difficile à quantifier et oblige à dire certaines vérités. Ce chiffre dépend aussi du volume et de la croissance économique. Ainsi le passage à 2% du PIB de l’Allemagne par exemple signifierait un engagement autrement conséquent et donnerait à Berlin un poids dominant dans l’engagement militaire européen dans l’Alliance, en valeur absolue (lire : Consacrer 2% du Pib à la défense ? Combien va coûter ce nouveau Graal ?).

Les Européens en recherche d’efficacité

Pour être plus efficaces, les États européens ont surtout besoin de mieux se coordonner dans le cadre de leurs investissements de défense. Certaines lacunes persistantes (hélicoptères, renseignements, technique géospatiale) ne sont toujours pas vraiment comblées. Chacun songe déjà à racheter des équipements — somme toute semblables (chars, véhicules blindés, avions de chasse) — qui ont leur utilité sans doute mais qui n’ont plus le monopole de l’action sur le terrain — les robots et drones faisant leur apparition —. Les duplications sont de règle.

Peu d’ambitions sur le futur

Les budgets européens de défense sont toujours frappés par une (très) petite part consacrée à la recherche & développement / technologie (R&D, R&T). Ce qui empêche toute projection vers le futur. En sachant qu’un équipement acheté aujourd’hui est valable pour au minimum 20 ans (voire 30, 40 ou 50 ans), on a ainsi la valeur des échecs possibles. Tandis que l’absence de coordination entre les différents pays, la dispersion des armées, la fragmentation de l’industrie européenne et l’absence de volonté et d’incitants pour la développer (2), demeurent des principes inscrits dans le marbre, donnant ainsi une double faiblesse aux budgets européens : peu importants en volume et peu coordonnés.

Le panier percé des 2%…

Sans résoudre ces points, le respect des 2% apparaît comme remplir un panier percé… ou est juste bon pour permettre aux industriels américains d’écouler leurs surplus sur le Vieux continent et d’amortir ainsi leurs frais.

… au profit de qui ?

L’antienne, répétée à longueur de mois, par les responsables divers de l’Alliance et américains, est, certes, louable — obliger à un effort, nécessaire, supplémentaire pour la défense — mais il recèle aussi un objectif sous-jacent. Dépenser davantage et très vite = acheter ce qui est disponible sur le marché, avec un bon rapport qualité/prix, testé sur le terrain, garanti et… compatible avec les autres = acheter américain. CQFD. America first… Ou comme l’explique l’eurodéputé Arnaud Danjean (3) : « Si ce qu’on nous demande, c’est de signer plus de contrats avec l’industrie américaine, qu’on nous le dise… ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le pourcentage calculé à l’OTAN inclut normalement les pensions (retraites),  sauf dans certaines pays, Bulgarie par exemple. Il peut donc différer de celui mentionné ailleurs. Le poids de ces retraites n’est pas négligeable : en France, il représentait en 2016 (avec les sommes versées aux anciens combattants), environ un quart du budget : 10,33 milliards € sur un budget total du ministère de 42,63 milliards €.

(2) La plupart des États européens n’ont pas instauré une préférence européenne qui reste taboue. A défaut d’une préférence nationale — toujours recherchée dans l’attribution des marchés —, ils préfèrent passer directement à la préférence américaine. La décision française d’achat des Famas est, en soi, un contre-exemple à cette tendance.

(3) dans un entretien à B2 à paraitre prochainement

Le contribuable américain ne peut pas payer pour le contribuable européen (Mattis)

Thu, 16/02/2017 - 09:30
(B2) Pour James Mattis, le nouveau ministre de la Défense, parcourir les couloirs de l'Alliance à Bruxelles était un peu comme un retour dans le passé. De 2007 à 2009, il a été le commandant chargé de la Transformation (SACT) et devait venir souvent au QG de Bruxelles pour les différentes réunions (1). Mais, depuis, […]

Mogherini demande à Washington de ne pas « interférer » dans la politique de l’UE

Wed, 15/02/2017 - 16:30
(B2) La chef de la diplomatie de l’UE a bouclé sa première visite à Washington depuis l’arrivée de l’administration Trump, ce week-end 12 février. Une visite dont l'objectif était de « commencer à ouvrir des canaux de coopération avec la nouvelle administration », face à l'entrée « dans une période de relations plus pragmatiques et transactionnelles avec les États-Unis […]

Carnet (15.02.2017). Renseignement UE. Espace (projet de conclusions). SEAE (déménagement). COPS (agenda). EUPOL Copps (rapport). UE-Afghanistan (accord). Sanctions Ukraine/Tunisie (pays tiers). Timor Leste (MOE). Afghanistan (Regrets). Corée du Nord ...

Wed, 15/02/2017 - 15:45
(B2) Parus récemment : La participation du Canada à la PSDC au coeur de l’accord de partenariat stratégique La parole américaine attendue à la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN (15 et 16 février) Un rapport critique sur Sophia L’Union veut soutenir les forces armées et la police libanaises Formation logistique pour les […]

La participation du Canada à la PSDC au coeur de l’accord de partenariat stratégique

Wed, 15/02/2017 - 00:15
(B2) Si l'approbation du CETA est au cœur de toutes les attentions, ce n'est pas le seul document auquel le Parlement européen devrait donner son feu vert cette semaine. Les parlementaires se prononcent également, ce mercredi (15 février) sur l'accord de partenariat stratégique entre l'Union européenne et le Canada qui renforce les relations dans des domaines comme la […]

La parole américaine attendue à la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN (15 et 16 février)

Tue, 14/02/2017 - 19:30
(B2) La réunion des ministres de la défense de l'OTAN, ces mercredi 15 et jeudi 16 (février), devrait être une réunion intense, au point de vue politique, avec la visite du nouveau secrétaire d'État à la Défense (James Mattis). La parole américaine et ses revendications de partage du fardeau sont attendues avec impatience et anxiété. « It is strongly […]

Les navires de Sea Guardian font-ils des ronds dans l’eau ?

Tue, 14/02/2017 - 18:30

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La frégate turque TCG Gaziantep qui assure actuellement le commandement de l’opération Sea Guardian (crédit : OTAN / Marcom)

(B2) Les navires de l’opération Sea Guardian semblent, pour l’instant, condamnés à faire des ronds dans l’eau. Le fameux soutien logistique a certes commencé mais de façon ad hoc, avec des ravitaillements en mer par des navires italiens ou espagnols. Ce qui, en soi, est un apport pour l’opération EUNAVFOR MED mais se produit de façon classique en mer, parfois sans tambours ni trompettes.

Pour l’échange de renseignements et d’informations entre les deux organisations, c’est beaucoup plus compliqué que ce qui avait été dit, ainsi que nous l’a confirmé un diplomate bien informé. « Les deux organisations n’ont pas les mêmes classifications et les mêmes modes. Cela demande du travail. »

Mais le problème ne semble pas être uniquement technique, il est aussi politique. Tout d’abord, il bute sur le même obstacle que durant toutes ces années quand il s’agit de faire dialoguer l’OTAN et l’UE sur le terrain. « La Turquie n’est pas automatiquement d’accord pour transmettre ces données à Chypre » nous confirme une source.

Ensuite, personne ne veut trop s’avancer alors que le renouvellement de la résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations Unies est en cours. Une résolution qui donne mandat, notamment, à l’opération Sophia d’agir en Méditerranée centrale tant sur le trafic d’êtres humains que le contrôle de l’embargo en mer… Inutile d’agiter un chiffon rouge devant les pays qui devraient s’afficher contre un retour de l’OTAN dans la zone.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est d’ailleurs bien gardé de trop élaborer sur ce sujet lors de la rencontre avec la presse ce matin. « Nous sommes présents en Méditerranée avec notre Opération Sea Guardian qui fournit également une aide à l’Opération Sophia » a-t-il déclaré laconiquement.

On est loin ainsi des déclarations tonitruantes de fin octobre qui annonçait le démarrage de cette nouvelle opération de l’OTAN en soutien à l’opération de l’Union européenne… pour début novembre (lire : Exit Active Endeavour. L’OTAN met en place Sea Guardian en Méditerranée. Hiatus en mer Egée). Il est vrai que cette « opération » n’a pas vraiment de moyens permanents, propres, mais des moyens mis à disposition (1) par les États membres de façon temporaire (Lire : Sea Guardian : une opération à envergure limitée).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Trois navires composent l’opération : la frégate turque TCG Gaziantep (F-490) — qui assure le commandement —, la frégate italienne ITS Aviere (F-583) et la frégate hellénique HS Navarinon (F-461). Actuellement en manœuvre en Méditerranée, il s’agit du deuxième « rassemblement » après le premier qui avait eu lieu début novembre.

Un rapport critique sur Sophia

Tue, 14/02/2017 - 08:50
(B2) Les députés français Alain Marleix et Jean-Denis Cadiot viennent de publier un rapport plutôt critique sur l'opération Sophia. Ils estiment — dans la foulée de plusieurs responsables (militaires et politiques français surtout) — que « Sophia « n’a manifestement pas rempli la mission 'militaro-policière' pour laquelle elle a été mise en place ». En […]

L’Union veut soutenir les forces armées et la police libanaises

Mon, 13/02/2017 - 19:51
(B2) L'Union européenne a lancé, via sa délégation au Liban, un appel d'offres pour soutenir les forces armées libanaises ainsi que la Direction générale de la sécurité générale (DGSG), par la fourniture d'équipements. Cet appel, financé par l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP), s'inscrit dans le « soutien en faveur de la sécurité […]

Formation logistique pour les services de santé des FAMA

Mon, 13/02/2017 - 15:30

(Crédit: EUTM Mali)

(B2) La mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) ne veut pas se limiter à la formation de premiers soins au combat mise en place pour les forces armées maliennes (FAMA) en novembre 2016 au camp de Koulikoro. Les Européens ont lancé une formation complémentaire au profit de la Direction centrale du service de santé des Armées (DCSSA). La première du genre s’est centrée sur l’aspect logistique. Pendant deux semaines, EUTM Mali a formé une dizaine de stagiaire en comptabilité et gestion de stock, au camp Kati, à proximité de Bamako. « Ce cours devrait permettre à la DCSSA d’optimaliser la gestion du matériel médical et d’améliorer l’appui médical aux troupes déployées en opération », explique-t-on depuis la mission. La cérémonie de fin de formation, lundi 6 février, a été l’occasion d’inaugurer la rénovation des entrepôts de matériel médical et de médicaments financée par EUTM Mali.

(Leonor Hubaut)

Entrepôt médical de la base militaire de Kati (Crédit: EUTM Mali)

 

Un demandeur d’asile venant d’une zone de guerre (Syrie) a droit à un visa humanitaire

Sun, 12/02/2017 - 16:21
(B2) Les États de l'UE sont tenus de « délivrer un visa humanitaire » à des demandeurs d'asile « lorsqu’il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu’un refus exposera des personnes en quête de protection internationale à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants », a indiqué l'avocat général de la […]

L’opération militaire de stabilisation à Bangui « EUFOR RCA » (avril 2014 – juin 2015)

Sun, 12/02/2017 - 12:39
(B2) La République centrafricaine connaît en 2013 un nouveau conflit interne. Une coalition de groupes armés, la Seleka, à majorité musulmane, s’empare de Bangui et renverse le président François Bozizé en mars 2013. Leur dirigeant Michel Djotodia se proclame président de la République. Des milices d'auto-défense à majorité chrétienne, les anti-balaka, se forment et s’arment à […]

Carnet (11.02.2017). EUTM RCA (Eurocorps). Cops (agenda). MPCC (débat). Exercices UE-OTAN. Mali (salles de formations). RSUE (suite). Daesh (capacités). Minustah (mandat). France (révision du Charles de Gaulle / véhicules des forces spéciales). EDA ...

Sat, 11/02/2017 - 11:00
(B2) Parus récemment : Le nouveau chef de la diplomatie allemande : un adepte du franc-parler Deux bombardiers russes interceptés par la chasse française (blog) Les nouveaux ministres des Affaires étrangères et de la défense bulgare et roumain Le Parlement européen prône un changement de braquet pour l’Europe de la Défense La loi de régularisation […]

Le nouveau chef de la diplomatie allemande : un adepte du franc-parler

Sat, 11/02/2017 - 09:04
(B2) Versatile, imprévisible, adepte du franc-parler, le leader du parti social-démocrate (SPD), Sigmar Gabriel, est, depuis le 27 janvier 2017, le ministre allemand des Affaires étrangères, en gardant le poste de vice-chancelier. Ancien syndicaliste, il est connu pour ses critiques de la politique des États-Unis de George W. Bush et de Barack Obama. Il a notamment […]

Deux bombardiers russes interceptés par la chasse française

Fri, 10/02/2017 - 21:52

(B2) « Deux bombardiers stratégiques russes Tu 160 Blackjack ont survolé les eaux internationales et se sont approchés d’une centaine de kilomètres des côtes françaises, sans pénétrer l’espace aérien », a révélé l’armée de l’air. Cela s’est passé jeudi (9 février). Ils ont suivis « par les chasseurs de l’armée de l’air tout au long de l’approche des côtes ».

Awacs, Mirage et Rafale

Dès 7h30, un Awacs E 3F avait été déployé « pour suivre la progression des chasseurs russes ». Vers 12h30, à l’approche des bombardiers russes près des côtes françaises, deux Mirage 2000-5 de la permanence opérationnelle (PO) de Lorient ont décollé. Ils ont « interceptés et escortés » les bombardiers russes, relayés par un avion Rafale de la permanence opérationnelle de Saint Dizier, pour une interception à 13h. Un avion ravitailleur C-135 avait été réquisitionné. Les chasseurs français ont ensuite passé le relais aux chasseurs espagnols F 18 avant que les bombardiers russes n’entament leur trajet retour.

Coté français, l’opération d’interception a été coordonné par le Centre national des opérations aériennes de Lyon Mont Verdun (CNOA), en étroite collaboration avec les deux centres d’opération de l’OTAN du nord (Uedem) et du sud (Torrejón).

(NGV)

Les nouveaux ministres des Affaires étrangères et de la défense bulgare et roumain

Fri, 10/02/2017 - 18:05
(B2) Depuis notre dernier état des lieux des chefs de la diplomatie européenne (Les ministres des Affaires étrangères de l’UE) et de la défense (Les ministres de la défense de l’UE), plusieurs nouveaux ministres ont pris les commandes : en Roumanie, en Bulgarie et en Allemagne. Ils ont déjà fait leur apparition au dernier conseil des ministres. Les […]

Le Parlement européen prône un changement de braquet pour l’Europe de la Défense

Fri, 10/02/2017 - 15:20
(B2) Le projet de rapport, rédigé par Esteban González Pons et Michael Gahler (PPE), qui devrait être adopté à la prochaine plénière, incite à de véritables changements, prônant de doter la PSDC de véritables moyens, financiers et politiques. Pour les eurodéputés, il faut être plus audacieux : financer l'Agence européenne de défense et la coopération […]

Gulbuddin Hekmatyar blanchi. Les sanctions européennes levées

Fri, 10/02/2017 - 14:00
(B2) Suivant la décision du Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies (3 février), l'Union européenne a décidé de lever les sanctions (gel des avoirs et interdiction de visas) frappant le chef de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar et leader du groupe islamiste Hezb-e-Islami. Une décision entérinée dans un règlement adopté mercredi (8 […]

2017. L’Europe acculée entre la renaissance d’un monde bipolaire et sa crise de valeurs ?

Fri, 10/02/2017 - 11:00

(B2) L’Europe devrait vivre, en 2017, une année du choix. Seule face à elle-même. L’année dernière nous écrivions 2016, un monde entre deux phases. Et l’Europe : repliée sur elle même ? Force est de reconnaître qu’aux frontières, les menaces n’ont pas vraiment diminué. Mais d’une certaine façon, le tableau des menaces externes n’est pas plus noir qu’il y a an. On pourrait même dire qu’il est plutôt « contenu ». D’autres menaces, beaucoup plus existentielles d’une certaine façon, ont surgi en 2016 et pourraient s’agrandir en 2017. D’une part, l’Europe apparait acculée face à la volonté des « deux grands » — Russie et États-Unis — de reconquérir leur place de premier plan à ses dépens, sans que les autres acteurs de la scène mondiale (Chine, Inde, …) n’aient renoncé à se faire sa place au soleil. L’effet ciseau menace entre ceux au-dessus qui veulent briser tout élan européen et ceux qui poussent. D’autre part, la principale menace qui apparait aujourd’hui est sur le plan des valeurs et de la solidité intérieure. La crise politique — prédite par certains experts — qui a suivi la crise financière s’accompagne d’une crise philosophique.

Un niveau de menace externe important

Aux frontières de l’Europe, le conflit syrien continue de produire combats, victimes et déplacements en masse de la population civile. L’intervention russe — militaire et politique — a rebattu les cartes et pourrait, paradoxalement, faciliter l’issue du conflit. La Libye continue d’être un « trou noir », avec un gouvernement qui ne maîtrise quelques rues de Tripoli. 2017 pourrait être l’année de la mise en place de ce gouvernement, à condition que Tripoli et Benghazi, al-Sarraj et Haftar trouvent un moyen de s’entendre. Le conflit à l’Est de l’Ukraine, qui pouvait paraître gelé, connait des retours de flamme réguliers, comme s’il fallait entretenir un foyer d’instabilité nécessaire.

Un peu plus loin, le conflit civil en Irak est loin d’être réglé. Mais le pouvoir de Bagdad et ses différents « alliés » (Kurdes et Iraniens d’un côté, Américains et coalition occidentale de l’autre) semblent reprendre le dessus. Si 2017 pourrait voir la phase de reconquête de territoires tenus par l’organisation de l’État islamique, la paix reste loin d’être gagnée cependant. Et l’organisation terroriste peut toujours trouver à se ressourcer.

Le processus de paix au Moyen-Orient parait mort. Cette fois, ce sont les États-Unis qui veulent rebattre les cartes, en encourageant la colonisation et une remise en cause du statu quo. Cela pourrait entraîner une résurgence des tensions qui restaient, pour l’instant, confinées localement. Mais cela pourrait aussi aboutir à dégeler une situation de toute façon intenable. Une levée de couvercles qui n’est pas sans danger. Quant à l’Afghanistan, il continue d’être une terre instable, mais c’est loin… (sauf les conséquences indirectes avec un afflux de réfugiés).

Dans cet océan de nouvelles un peu noires, le Liban, l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie résistent, malgré tout, malgré les tensions importantes à leurs frontières, malgré les tensions internes. Un petit miracle, en soi, qui doit être salué. Et si les pays du Sahel — Niger, Mali — restent fragiles, les principales menaces auxquelles ils faisaient face (grâce notamment à l’engagement français avec Barkhane).

Deux (grands) ennemis de l’Europe aujourd’hui …

A ces menaces externes qui ne sont — somme toutes — pas pires que l’année dernière s’en ajoutent désormais deux plus importantes. Les deux « puissances » les plus proches de l’Europe, l’une géographiquement, l’autre politiquement, souhaitent sinon la destruction de la construction européenne du moins sa neutralisation, son effacement stratégique. C’est en soi un phénomène nouveau, une remise en cause des préceptes qui avaient cours il y a quelques années encore (doctrine Medvedev, d’un côté, doctrine Bush-Obama de l’autre).

Une Russie moins partenaire, voire hostile

Les relations avec la Russie n’étaient pas excellentes ces deux dernières années (depuis l’intervention en Crimée et en Ukraine). Là elles semblent franchir un cap idéologique. Moscou considérait jusqu’ici l’Union européenne comme un moindre mal, voire une aubaine, qu’elle opposait à l’OTAN et aux États-Unis. Pour la Russie de Poutine, l’Union européenne, son tropisme démocratique, son fonctionnement assez anarchique en soi, plus confédéral qu’unitaire, très ‘soft‘ et pas du tout ‘hard’ est, en fait, devenue « la » menace. L’OTAN reste officiellement l’adversaire. Mais l’Alliance est le « bon vieil ennemi », celui dont on a besoin pour ragaillardir les masses, assez inoffensif au final. Le tropisme européen est beaucoup plus menaçant, car plus insidieux, plus efficace au final sur le fonctionnement russe traditionnel. Au sud, la Russie tisse donc sa toile de façon inégalée, afin de contourner ce qu’elle ressent comme un encerclement. Même si le fil est fragile, quel pays peut se targuer aujourd’hui d’entretenir des bonnes relations avec le Liban et Israël, l’Iran et la Turquie, la Syrie et l’Égypte, sans oublier la Libye ? Même en Europe, de la Finlande au Portugal en passant par la Bulgarie, la Hongrie ou la Grèce, Moscou compte des soutiens. Un certain retournement de situation.

Une Amérique moins solidaire voire négative

De l’autre côté de l’Atlantique, la communauté de valeurs que partageaient Américains et Européens semble se briser avec la mise en place de l’administration Trump. Rarement un pouvoir américain n’a eu comme affichage politique de détruire l’Union européenne. La concurrence se faisait toujours sentir sur certains dossiers (OMC, OGM, défense…). Mais elle n’était pas généralisée à l’essence même de la construction européenne. Les États-Unis ont toujours voulu avoir l’Europe à leurs côtés, pas devant, mais en seconde position. Ce que semble détester Trump paraît semblable à ce que déteste Poutine. Cette Union qui affirme le potentiel de pouvoir être concurrente au Primus inter Pares américain doit être détruite, selon lui. Certes son administration est en train de se mettre en place. Et les premières déclarations vont peut-être policées. Mais on peut douter que ce fond hostile ne ressurgisse régulièement.

Une Turquie en voie de durcissement

A cela, il faut ajouter un pouvoir turc, victime d’un coup d’état qui s’éloigne du continent européen et s’achemine davantage vers la démocrature (mélangeant pouvoir inquisitorial, violations des droits de l’Homme, avec un dispositif démocratique). La Turquie qui a toujours été un allié stable de l’Alliance atlantique, même s’il était souvent dur en négociation, est devenu aujourd’hui un allié « peu fiable ». Ce qui devient un risque pour le voisin européen et pourrait amener à reconsidérer certains éléments de la sécurité européenne.

L’Europe qui s’est construite à côté de la Russie et avec les États-Unis doit maintenant se consolider contre la Russie et sans, voire contre, les États-Unis, en devant gérer un grand État instable quasiment en son sein (1). Cela fait beaucoup ! Mais c’est gérable si l’Europe était unie et en état de marche… Cela ne semble pas être le cas.

Et une absence de conviction européenne

La conviction dans la nécessité européenne s’est ébranlée parmi les peuples pour de multiples raisons : politique, économique, philosophique, sociologique. Elle a été sapée à la fois par des coups de butoirs internes, des politiques erratiques, un manque de soutien dans la classe politique mais aussi les erreurs notables de la direction européenne qui a toujours considéré que l’autre était en faut. A ce mouvement de sape, il faut ajouter la naissance de mouvements franchement nationalistes, voire néonazis, autrement plus graves que quelques trublions dits populistes (2).

Trois crises internes notables

La crise des migrants et des réfugiés — entraînée en partie par le conflit syrien et le trou noir libyen — n’est pas jugulée, tout comme la menace d’attentats terroristes qui est toujours au plus haut niveau. Ce n’est pas l’effet direct de ces deux crises qui apparaît aujourd’hui le plus inquiétant. Mais leurs répercussions dans la société européenne. La crise financière et économique, n’est toujours pas résorbée (malgré les discours volontairement optimistes). Il a entraîné le déclassement notable de la classe moyenne (qui a souvent été au cœur du projet européen) et un désenchantement général. L’impréparation européenne à cette crise d’existence, comme son refus de reconnaître certaines erreurs de politique, ont entraîné un effet de loupe grossissante focalisant la rancœur, devenue rancune, sur la construction européenne.

Une conformité anti-européenne

De tout temps, un courant eurosceptique ou souverainiste a eu cours. Ce n’est vraiment pas une difficulté. Mais aujourd’hui, non seulement, il a dépassé le stade de la minorité mais il a aussi gagné toutes les couches de la société (des intellectuels aux ouvriers, des riches aux pauvres) et tous les bords politiques. Aux extrêmes mais aussi dans les partis traditionnels et, même au centre, l’Europe est passée du rang de nécessité à celui d’accusée. Il est devenu aujourd’hui de bon ton d’attaquer la construction européenne et totalement irréaliste de la défendre. Les arguments les plus intelligents sont parfois les plus dangereux. La conformité a changé de camp.

Une série de coups de clairons non écoutés

Cet ébranlement tient à plusieurs causes et ne remonte pas à quelques mois. Depuis une dizaine d’années, les coups de clairon, les alertes se sont multipliées. Toutes les consultations populaires sur une question européenne, depuis dix ans (France et Pays-Bas 2005, Irlande 2007, Pays-Bas et Royaume-Uni 2016) ont abouti à un « Non », plus ou moins vibrant (3). A chaque fois, l’Europe a botté en touche, estimant que la vindicte populaire n’était pas tournée contre elle mais contre les dirigeants nationaux, expliquant pourquoi tout cela n’a pas d’importance. Une argumentation qui passait sous silence un fait grave : les Européens ne comprennent plus l’Europe, ne savent plus où elle va, ce qu’elle veut.  Lire aussi :  La méthode du vélo est morte. Le cycliste est tombé !

Réagir ou se suicider

Le temps du ‘ouvrons toutes les frontières et vous vivrez mieux’, ‘avec le TTIP, chaque famille gagnera plusieurs centaines d’euros en plus’ versions modernes d’un ‘fermez les yeux, je gère’, ne marche plus, n’impriment plus dans les consciences. L’Europe n’a plus d’autre choix aujourd’hui que de réagir — et vite — ou de se résoudre à un certain effacement « stratégique ». Le sursaut nationaliste qui s’observe dans de nombreux pays pourrait permettre de gagner quelques années sur cet effacement… Mais ce ne sera qu’une illusion funeste.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Les liens économiques et sociaux avec la Turquie sont si nombreux que le pays ne peut être considéré comme tout à fait étranger même s’il n’est pas membre de l’UE. A cela s’ajouter l’accord UE-Turquie sur les réfugiés syriens et autres arrivés en Turquie. Un accord qui permet d’empêcher une nouvelle vague d’immigration mais ‘tient à la gorge’ les Européens.

(2) Cette terminologie paraît plus précise que celle de « populisme », employée aujourd’hui pour qualifier n’importe quel mouvement, n’importe quelle politique. C’est le nationalisme qui est dangereux en soi pour l’Europe pas le populisme qui a existé de tous temps (y compris dans les rangs européens).

(3) On peut critiquer l’emploi du référendum dans ce type de question. En revanche, mettre en valeur le critère de l’abstention pour dénier à ce scrutin une certaine valeur me semble une erreur. Ces référendums ont souvent été marquées par un vote satisfaisant (plus de 50% de votants – sauf le vote aux Pays-Bas sur l’accord d’association en Ukraine). Et le fait même que certains électeurs ne se déplacent pas, n’est pas automatiquement en faveur de la légitimité européenne. Il peut, aussi, être interprété par un désintérêt. Ce qui est presque pire qu’un vote Non. Dans les deux cas, il faut mieux être interpellé par ces résultats que passer son temps à en minorer l’importance ou en dénier l’intelligence.

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