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Updated: 5 hours 5 min ago

Varsovie présente un anti-candidat contre Donald Tusk. Défaite annoncée pour Szydło ?

Wed, 08/03/2017 - 19:25

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L’eurodéputé Saryusz-Wolski envoyé au casse pipe contre son compatriote et membre du même parti, Donald Tusk, n’a aucune chance d’être élu (crédit : Parlement européen)

(B2) L’élection du nouveau président du Conseil européen sera marquée du sceau d’un petit mélodrame, bien oriental, ce jeudi (9 mars). Un évènement sans précédent au niveau européen. Pour une fois, un gouvernement ne va pas soutenir un de ses nationaux qui peut prétendre à un poste de premier plan au niveau européen, présentant même un contre-candidat pour saper cette candidature (1).

Dans les rangs européens, la candidature du Polonais Donald Tusk, pour un second mandat de deux ans et demi (2), semblait ces derniers jours ne plus susciter vraiment de doute. Tout le monde semblait, à peu d’accord, même si tous ne partagent pas vraiment le style et l’impetus du Polonais. Mais voilà qu’est venu se glisser un caillou dans la chaussure du candidat : son propre pays, la Pologne !

Une candidature d’un glorieux inconnu

Pour contrer Donald Tusk (et les autres Européens), le gouvernement de Beata Szydło n’a pas présenté une candidature vraiment susceptible d’entraîner une vague d’enthousiasme derrière elle. Au contraire, elle a bien pris soin de choisir un candidat, qui n’a aucune chance d’être élu. Tout simplement, car il ne remplit pas les critères attendus pour ce poste. Jacek Saryusz-Wolski a d’incontestables qualités, personnelles, humaines et dans l’expertise européenne, même s’il est, un peu, virevoltant politiquement (3). Mais il n’a jamais été ni Premier ministre ni chef d’État (« pas même ministre d’ailleurs » comme l’a susurré un diplomate européen). Ce qui est une des conditions primordiales, même si elle est non écrite, pour occuper ce poste (4).

Le Conseil européen : un club

Le Conseil européen n’est, en effet, pas une institution classique, et encore moins une administration. C’est avant tout un club. Un rassemblement de personnes qui ont, toutes, leur parcours politique, leur expérience, leur tempérament, et leur ego. On ne devient pas Premier ministre, ou Président, par hasard, dans n’importe quel pays. Pour arriver à un tel poste, il faut une ambition, un caractère, une volonté bien trempée. Il importe donc d’une part d’avoir déjà franchi ce test, cette barrière, pour être accepté. Il faut, ensuite, avoir côtoyé chacun d’entre eux, un certain temps, avoir dîné avec les uns ou les autres, passer quelques soirées, à débattre de la pluie et du beau temps, de l’Euro et de la Russie, pour être reconnu, voire connaître de façon un peu plus intime certains membres. Enfin, il importe de bien cerner les règles  de fonctionnement de ce « club », qui n’a pas vraiment de règles affichées, mais toute une série de non-dits. Il s’agit, surtout, de bien cerner les facteurs de tensions ou de rassemblement entre toutes ces personnalités.

Le président du Conseil n’est pas un simple agitateur de clochettes

Le président du Conseil est, en effet, davantage un « chairman » le président d’un board, qu’un président formel qui est là pour agiter la clochette pour ouvrir la séance, lire l’agenda, puis aller faire le kakou devant la presse, à la fin de la réunion, avec un ou deux bons mots. Il doit savoir taper du poing sur la table, quand c’est nécessaire, prendre une initiative quand il sent le moment venu, rester discret à d’autres moments. Il doit surtout agir en coulisses pour recoudre les positions, trouver les points de force d’un consensus possible ou les défauts d’une proposition qui risque de susciter une division notable. C’est du grand art, de la dentelle politique qui nécessite une certaine confiance des 28 Chefs d’Etat et de gouvernement, leur estime et leur respect.

Un royal inconnu

En présentant un eurodéputé royalement « inconnu » selon les termes mêmes des diplomates actuellement à Bruxelles (5), Varsovie a non seulement affiché un singulier mépris pour cette fonction mais, surtout, a ridiculisé la Pologne, en portant sur la scène européenne des querelles de personne, sans doute très intéressantes dans les trois bars autour de Nowogrodzka (le siège du PiS) mais qui n’intéressent vraiment personne au niveau européen (et même en Pologne, je pense). De plus, le gouvernement polonais oublie un, petit, facteur mathématique : un président du Conseil européen, s’il n’est pas désigné au consensus, est élu à la majorité qualifiée. Et, même avec le soutien très éventuel de la Hongrie, la Pologne est loin d’obtenir cette majorité…

Des candidatures valables il y en avait…

C’est dommage. Comme si la Pologne n’avait pas d’autre candidat valable à présenter. Si Varsovie avait présenté la candidature de Lech Wałęsa, par exemple, cela aurait eu de la gueule. C’était un vrai symbole. Et cela aurait jeté le trouble (6). Même la candidature du président du PiS, Jarosław Kaczyński, aurait été judicieuse. Il aurait perdu, mais avec un certain panache, Car, après tout, il symbolise bien le choix entre les deux modèles de politique européenne qu’on peut : celui de l’intégration et de la coopération, celui de la souveraineté des États et de la simple coordination des politiques.

Un résultat… contraire à l’objectif

La candidature présentée par Varsovie aura eu au moins un premier résultat : personne, ou presque, ne trouve aujourd’hui à redire à la candidature de Tusk. En ne soutenant pas son compatriote, le gouvernement polonais lui a rendu un fier service : il a fait taire toute critique éventuelle (il n’y en avait plus beaucoup à vrai dire) et lui a déroulé le tapis rouge pour sa réélection ! Si, malgré tout, Tusk n’est pas réélu, ce qui est sûr, c’est que ce ne sera pas un Polonais qui occupera le siège du Conseil européen. Pour un gouvernement qui affirme vouloir mettre le phare de la Pologne au plus haut, c’est … bête.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le Portugal avait ainsi soutenu le renouvellement de José-Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne. Idem quand Jacques Chirac avait accepté la présence de son ancien rival, Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la Convention.

(2) Le mandat du président du Conseil européen est de deux ans et demi, renouvelable une seule fois. Soit un mandat de 5 ans. Le prédécesseur de Donald Tusk, Herman Van Rompuy, avait été renouvelé à mi-mandat.

(3) Membre officiellement de la plate-forme civique (PO), le parti de Donald Tusk dans l’opposition actuelle au PiS, Saryusz-Wolski a toujours une position atypique, assez proche parfois du PiS… surtout quand un poste se profilait à l’horizon. Son nom avait ainsi été évoqué comme un possible ministre des Affaires étrangères, avant que ne soit annoncé le choix du PiS de se porter sur Witold Waszczykowski.

(4) Lire : Comment est nommé le président du Conseil européen ? Critères officiels et officieux

(5) Dans les couloirs européens, la candidature présentée par Varsovie est commentée, avec toute la cruauté dont les diplomates peuvent être capable. « J’ai entendu la délégation polonaise parler de cette candidature d’un parlementaire polonais — dont je ne voudrais pas prononcer le nom de peur de l’écorcher –. Un quasi inconnu pour la totalité des chefs d’Etats et de gouvernement » ironise sous cap un diplomate expérimenté.

(6) Du moins à l’Ouest. L’aura de l’ancien dirigeant de Solidarność semble un peu effacée en Pologne même et avec Kaczyński, les relations sont à l’état du glaçon…

Les conclusions des Chefs d’État et de gouvernement sur la défense

Wed, 08/03/2017 - 17:30
(B2 - exclusif) La réunion des Chefs d'État et de gouvernement, ce jeudi (9 mars), aura deux objectifs, selon nos informations, en matière de défense et de sécurité : 1) montrer que cette question est importante, qu'elle a le soutien, au plus haut niveau, des 28 États membres, et pousser la Haute représentante et le […]

Un militaire rentré d’EUTM RCA décède… de paludisme

Wed, 08/03/2017 - 16:30

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(B2) La mission européenne de formation des forces armées centrafricaines (EUTM RCA) est en deuil.

Le brigadier-chef Anthony Rémy, du 1er régiment d’artillerie, est décédé, ce mercredi 7 mars, des suites d’une forme grave de paludisme, contracté en Centrafrique lors de sa mission. Les symptômes ne sont apparus qu’après son retour en France, précise le ministère de la défense dans un communiqué. Rentré en France le 11 février dernier, Anthony Remy a servi, pendant trois mois, dans la force protection de la mission EUTM RCA.

C’est la 57e personne à être décédée dans une mission ou opération européenne (lire : *In Memoriam. Diplomates et militaires morts en mission CE / UE). Il s’agit du cinquième militaire français mort en Centrafrique, et le deuxième engagé dans une des missions européennes dans le pays. En novembre 2014, le caporal Moana avait été rapatrié de Bangui vers Paris alors qu’il participait à la mission EUFOR RCA (lire: Un militaire français d’EUFOR RCA décède de maladie).

Un engagé volontaire, artilleur de formation

Né le 8 août 1987 à Belfort, Anthony Rémy est entré dans l’armée en 2010, comme volontaire de l’armée de Terre. Le 11 juillet 2012, il embarque pour sa première mission de courte durée pour rejoindre la Nouvelle-Calédonie. A son retour en France, il est désigné pour occuper le poste de conducteur d’artillerie. Le 1er juillet 2013, il passe au 1er régiment d’artillerie, et est nommé brigadier le 1er août 2014. Le 3 novembre 2016, il est déployé en RCA (Centrafrique) au poste de chef d’équipe. Il est promu brigadier-chef le 1er décembre 2016. Au cours de son engagement, il réalise trois missions de type « Vigipirate ». Depuis janvier 2015, il a pris part également à sept missions Sentinelle ». Le brigadier-chef Anthony REMY était titulaire de la médaille de la protection militaire du territoire avec agrafe « Sentinelle », de la médaille échelon argent de la défense nationale agrafe artillerie et mission d’opérations extérieures et de la médaille d’outre-mer avec agrafe « République centrafricaine ».

Arrêtons de tout confondre, police, renseignement et justice (Arnaud Danjean)

Wed, 08/03/2017 - 14:06
(B2) Membre de la commission des Affaires étrangères au Parlement européen, le député Arnaud Danjean (Les républicains) est réputé pour son expertise et sa connaissance des questions sécuritaires. Outre les questions de défense (lire : Il faut que l’Europe continue à penser « défense » – Attention au Mali, danger), B2 a donc voulu l'interroger sur la lutte […]

Ils ont dit… au Conseil des Affaires étrangères du 6 mars

Wed, 08/03/2017 - 10:05
(B2) Les résultats sur la politique de sécurité et de défense commune atteints au Conseil des ministres en format jumbo (Affaires étrangères et Défense) ont été salués par nombre de ministres présents (*). Mais ministres ont aussi tenu à commenter la situation dans les Balkans – surtout les pays de l'Est qui regrettent une attitude […]

Le sommet de Versailles donne le cap vers une Europe à plusieurs vitesses

Tue, 07/03/2017 - 18:40
(B2) Dans les lambris dorés du château de Versailles, lundi (6 mars), les dirigeants français, allemand, espagnol et italien ont plaidé, d'une seule voix, pour une Europe à plusieurs vitesses, censée redéfinir le projet européen pour le tirer vers l'avant, après le choc du Brexit et face aux menaces internes créées par le populisme et la […]

Carnet (07.03.2017). EUAM Ukraine (recrutement). Sécurité privée (règlementation). Pentagone italien (Pinotti). Syrie (conférence). Mali (attaque). Corée du Nord (missiles). Jordanie (exécutions). Azerbaïdjan (liberté expression). UE-Kirghizistan ...

Tue, 07/03/2017 - 17:35
(B2) Parus récemment : L’Europe peut se relancer par la défense (Fr. Hollande) Une société iranienne déboutée au tribunal L’asile humanitaire n’est pas un droit européen RD Congo. L’UE maintient la pression et menace de nouvelles sanctions Le jumbo veut avancer sur la défense et la sécurité, le Royaume-Uni déjà out Les 28 inquiets de […]

L’Europe peut se relancer par la défense (Fr. Hollande)

Tue, 07/03/2017 - 15:44
(B2) Le président français François Hollande en est persuadé, « l’Europe peut se relancer par la défense » a-t-il confié dans une interview à plusieurs quotidiens européens (1). Cette priorité est nécessaire « à la fois pour assurer sa propre sécurité, mais aussi pour agir dans le monde, pour chercher des solutions aux conflits qui […]

Une société iranienne déboutée au tribunal

Tue, 07/03/2017 - 14:54
(B2) Le tribunal de l'Union européenne a rejeté, ce mardi (7 mars), la demande de la société iranienne Neka Novin de voir ses avoirs dégelés pour la période 2014-2016. Cette société était soupçonnée de « participer à l’achat d’équipements et de matériels spécialisés qui ont une application directe dans le programme nucléaire iranien », selon […]

L’asile humanitaire n’est pas un droit européen

Tue, 07/03/2017 - 13:54
(B2) La Cour de justice européenne a souligné, dans un arrêt très intéressant, rendu le 7 mars, à propos d'une demande de Syriens en Belgique, que le États membres ne sont « pas tenus, en vertu du droit de l’Union, d’accorder un visa humanitaire aux personnes qui souhaitent se rendre sur leur territoire dans l’intention […]

RD Congo. L’UE maintient la pression et menace de nouvelles sanctions

Mon, 06/03/2017 - 18:40
(B2) En République démocratique du Congo, la mise en œuvre de l'accord politique de décembre 2016 n'avance pas (lire : Un accord de sortie de crise en RD Congo avec une transition d’un an). Et les Européens s'inquiètent de ce blocage, ainsi que de la reprise de violences. « Il est important de maintenir la pression diplomatique » souligne […]

Le jumbo veut avancer sur la défense et la sécurité, le Royaume-Uni déjà out

Mon, 06/03/2017 - 17:45
(B2) Dans leurs conclusions concernant les progrès de la mise en œuvre de la stratégie globale de l'UE dans le domaine de la sécurité et de la défense, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des 28 ont déjà approuvé une première décision : la mise en place de la MPCC (conduite des missions […]

Les 28 inquiets de la situation dans les Balkans

Mon, 06/03/2017 - 17:00
(B2) Rien ne va plus dans les Balkans, où les tensions politiques nationales et régionales s’exacerbent dangereusement, ravivant le spectre de la guerre. La chef de la diplomatie de l’Union européenne, revient d'une tournée régionale dans la plupart des pays de la région (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Monténégro, Serbie et Macédoine) pour rassurer les pays avec un […]

La feuille de route de défense et sécurité en 2017. Le point

Mon, 06/03/2017 - 01:10
(B2) Pour bien saisir les enjeux des différentes discussions dans les enceintes européennes, voici le mandat qu'ont reçu les instances (Haute représentante de l'Union et Commission européenne) pour l'année 2017, lors du Conseil européen de fin 2016 (1). La Haute représentante de l'Union doit faire « au cours des prochains mois », des propositions sur […]

Une sérieuse divergence sur la coopération structurée permanente

Sun, 05/03/2017 - 21:30
(B2) Le dernier papier remis par le SEAE aux États membres n'a pas réussi à susciter l'unanimité autour de la table. Selon nos éléments, si on faisait un tour de table, il n'y aurait même pas la majorité qualifiée nécessaire pour pouvoir déclencher cette Coopération structurée permanente (PESCO). Car les divergences sont profondes entre les […]

Un mini QG pour les missions de l’UE. Pour quoi faire ?

Sun, 05/03/2017 - 19:45

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Bangui, Mogadiscio, Bamako Les missions « non exécutives » de l’UE sont aujourd’hui dans des zones plus à risque que les opérations « exécutives (Sarajevo, Océan indien, Méditerranée) – ici l’arrivée des soldats géorgiens à EUTM Rca pour assurer la protection de la mission. (crédit : EUTM RCA)

(B2 – exclusif) Les Européens devraient avaliser, ce lundi (6 mars), la création d’un mini-QG permanent. En jargon européen, on la dénomme « MPCC » comme « Military Planning and Conduct Capability ». Cette structure sera chargée de préparer (« planifier ») et commander (« conduire ») les missions militaires non exécutives de l’Union européenne, « au niveau stratégique ». C’est-à-dire au niveau politique.

Combien de missions sont concernées ?

L’Union européenne a trois missions « non exécutives », toutes en Afrique et qui concernent la formation des militaires locaux : en Somalie (EUTM Somalia), au Mali (EUTM Mali), en Centrafrique (EUTM RCA). Chacun de ces missions regroupent 200 personnes. Au total, ce seront environ 600 personnes qui seront rattachées à ce nouveau commandant d’opération.

Pourquoi faut-il un commandant d’opération à Bruxelles ?

Jusqu’à aujourd’hui, les missions (non exécutives) que déploie l’Union européenne sur le terrain, ont un chef de mission, qui assure le commandement au jour le jour, mais de commandant d’opération, en tant que tel, qui prévoit à plus long terme, assure la liaison avec les autorités politiques, etc. C’est le même chef de mission qui quitte le terrain et va rendre compte aux autorités politiques. Ce qui est assez aberrant.

Pourquoi est-ce aberrant ?

B2 a demandé leur avis à plusieurs personnes, des commandants de mission, des diplomates, des responsables dans les différents états-majors. Tous ont confirmé. Le système actuel ne marche pas… « Les structures européennes sont très spécifiques — explique un militaire européen –. Il faut les connaître de façon concrète, les pratiquer tous les jours. Entre la Commission européenne, le Parlement, le COPS, les procédures budgétaires, d’appels d’offres, les différentes diplomaties nationales… cela nécessite un apprentissage qui ne peut être fait en quelques mois. […] Demander à un militaire national d’appréhender ces structures, d’être en même temps à Mogadiscio ou Bamako et à Bruxelles, de commander la force sur le terrain et de connaître tous les recoins de Bruxelles, c’est impossible. »

C’est même totalement aberrant jure un autre. « Cela n’existe nul part. Dans tous nos dispositifs militaires, on a un niveau tactique (le terrain, la force, la mission) et un niveau stratégique (la réflexion, le politique, l’opération) » (2) explique un haut gradé. « Dans l’Union européenne, il n’y a personne entre le niveau tactique et les ministres ou les ambassadeurs. […] C’est comme si vous aviez un général commandant de l’ISAF en Afghanistan, qui appellerait le Conseil des ministres à chaque problème, même mineur. »

Un diplomate confirme. « Les commandants de mission n’ont jusqu’ici pas d’interlocuteur militaire à qui s’adresser à Bruxelles. Ils pouvaient s’adresser au Comité politique et de sécurité en tant que référent politique. Mais ce n’est pas vraiment le rôle des ambassadeurs du COPS de pouvoir répondre à toutes les questions, au quotidien, que se posent un commandant militaire. Il faut un militaire pour cela. »

Lire : La conduite des opérations : une pièce manquante du dispositif de l’UE… entre autres

Ce sont des missions non exécutives… où est le danger alors ?

De façon assez paradoxale, les missions non exécutives de l’UE sont aujourd’hui plus exposées que les opérations militaires. Les premières se déroulent en effet dans des terrains qui sont plutôt cotées dans le haut du risque que dans le bas : Mogadiscio pour EUTM Somalia, Bamako au Mali, Bangui en RCA… A côté les opérations militaires à Sarajevo, ou dans l’Océan indien, et même en Méditerranée, face à la Libye, relèvent de la promenade de santé, ou du moins présentent un risque moindre (3).

Y-a-t-il déjà eu des problèmes graves ?

Cela a failli. Il y a un an, lors de l’attaque terroriste contre la mission EUTM, au printemps 2016. Le commandant de la mission EUTM Mali était alors à Bruxelles en train de rencontrer des parlementaires et des ambassadeurs au moment de l’attaque…

 

Y-a-t-il duplication avec l’OTAN ?

PAS DU TOUT. Tous ceux qui prétendent cela sont soit des personnes qui refusent que l’UE ait les moyens de ses ambitions, soit des… ignares. 1° L’OTAN n’est pas la même organisation que l’UE ; elle n’a pas la même structure politique, la même chaîne de commandement, ni les mêmes membres (4). 2° Cela supposerait d’avoir l’accord de tous les membres de l’OTAN (ce qui est loin d’être gagné, cf. notamment le problème turco-chypriote). 3° La présence de l’OTAN dans certains pays n’est pas vraiment souhaitée ni par les pays locaux ni même par les Alliés (pour EUTM Somalia, les États-Unis par exemple ont travaillé de façon très efficace avec les Européens). 4° Même au point de vue technique, pour commander ce type de mission, il n’y a pas besoin d’un dispositif comme le SHAPE (le QG permanent de l’OTAN situé à Mons). Il serait inadapté, surdimensionné et trop lourd pour commander à trois missions qui regroupent 600 personnes en tout. 5° Les militaires de l’OTAN ne connaissent pas vraiment les raffinements de l’Union européenne, ses structures, etc. En conclusion, faire avec l’OTAN, cela serait plus difficile, en partie inutile et beaucoup plus cher.

Lire aussi : Touche pas à mon Shape ! Le faux argument de la duplication

Cela fait longtemps qu’on parle de cette capacité ?

Ooh OUI ! La première fois où a évoquée une capacité autonome pour l’Union européenne, c’était en décembre 1998, à Saint Malo, Français (J. Chirac et L. Jospin) et Britanniques (T. Blair) tombaient d’accord, dans une déclaration commune sur une nécessité : l’Union européenne doit avoir « une capacité autonome d’action », appuyée sur « des forces militaires crédibles », « avec les moyens de les utiliser » et en étant « prête à le faire afin de répondre aux crises internationales ».

« Il est important d’avoir les capacités ainsi que le leadership politique en Europe pour pouvoir assumer ses responsabilités, surtout dans des circonstances où pour telle ou telle raison les États-Unis ne veulent pas s’engager » (Tony Blair, 4 décembre 1998)

Pourquoi cela n’a jamais été mis en place ?

Tout simplement parce que toute décision en matière extérieure (et de défense) dans l’Union européenne se prend à l’unanimité. Plusieurs tentatives ont été faites : de la plus célèbre (et la plus maladroite peut-être), en pleine intervention américano-britannique en Irak (le fameux sommet des Pralines en 2003), à la plus récente et la plus discrète (en 2011-2012, qui n’a pu aboutir que sur une demi-mesure, peu efficace, le centre d’opérations). A chaque tentative de concrétiser cet appel pour mettre en place, de façon concrète et pratique, il y a toujours eu un vigoureux « No » britannique. Parfois, celui-ci n’était pas exprimé publiquement … car un autre pays prenait le relais (la Lituanie, par exemple, a joué un temps ce rôle de sous-marin britannique).

Qu’est-ce qui a abouti à un accord ?

Sans nul doute, le référendum britannique sur le Brexit a joué de façon notable dans l’effacement du veto britannique. La situation internationale également, la multiplication des menaces, le coup d’état en Turquie qui rend cet allié plus faible, obligent les Européens à être plus autonomes. Mais ce sont aussi des raisons internes qui ont joué (cf. ci-dessus).

Cette décision a-t-elle l’aval de tous, y compris au plus haut niveau ?

Oui… si vous avez bien lu les conclusions de la réunion des ministres de la Défense de l’UE de novembre dernier, et encore plus celle du sommet européen du 15 décembre dernier, c’était inscrit noir sur blanc. Les Chefs d’État et de gouvernement avaient ainsi recommandé « l’établissement d’une capacité opérationnelle permanente de planification et de conduite au niveau stratégique ».

Et un QG pour les opérations militaires ?

Ce n’est pas pour demain… mais pour après-demain. L’idée d’un QG permanent pour les opérations militaires — défendue par la France et plusieurs autres pays (Espagne, Italie, etc.) – n’est pas abandonnée. Elle est reportée à plus tard. Un bilan de la mise en place de la MPCC est ainsi prévu « au plus tard à la fin 2018 ». L’objectif serait alors de pouvoir passer à l’étape ultérieure, le commandement des opérations … plus de vingt après la réunion de Saint-Malo, en décembre 1998.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Concrètement, qui commandera les missions ?

C’est le directeur de l’état-major de l’UE — le général Esa Pulkkinen —  qui est promu le directeur de la MPCC et exercera à ce titre les fonctions de commandant des missions, au niveau stratégique.

Pourquoi un directeur pas un commandant des opérations ?

C’est une (petite) concession aux Britanniques. Lors de la discussion, le Royaume-Uni s’est opposé à ce que le futur chef de la nouvelle structure reçoive le nom « commandant d’opération » préférant le terme de « directeur de la MPCC ». A l’arrivée, cela ne change … rien.

Quand tout cela sera activé ?

Réponse officielle : « au printemps ». Nous avons demandé quand était le printemps ? « du 21 mars au 21 juin ». Selon nos principaux sondages, cette MPCC pourrait être déclarée opérationnelle d’ici la fin avril (pour la réunion informelle des ministres de la Défense), ce qui fait très court, ou en mai (au plus tard début juin).

Pourquoi pas tout de suite ?

PARCE QUE… Le feu vert des ministres n’est que politique. Il faut encore effectuer tout un travail de mise en forme : transcrire de façon précise toute la nouvelle chaîne de commandement, revoir notamment la décision fixant les tâches de l’état-major, qui n’a jamais été revue depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne (1) ; revoir aussi les trois décisions qui fondent les missions de formation de l’UE ainsi que tous les documents internes (concepts militaires, concepts de gestion de crise) qui mentionnent cette chaîne de commandement. Ce travail a déjà commencé – selon nos indications –.

Combien cette MPCC va coûter ?

PAS GRAND CHOSE. La MPCC est créée au sein de l’état-major de l’UE, déjà existant, situé à quelques encablures du rond-point Schuman. Pas besoin de locaux, ni même de moyens techniques supplémentaires. Le commandant d’opération lui-même n’est pas nouveau, il s’agit de l’actuel directeur de l’état-major qui aura un « double chapeau ».

Combien de personnes comptera cette MPCC ?

PAS BEAUCOUP. En tout cette MPCC comptera une vingtaine de personnes. La plupart sont des déploiements de poste. La plupart viennent de personnes déjà présentes dans l’état-major de l’UE et dans l’ancien centre d’opérations (OpCen). 5 ou 6 pourraient venir des états-majors des États membres en renfort.

A quoi servira cette MPCC ?

Elle assurera d’abord la liaison entre les autorités politiques et le terrain, et vice-versa, des plus importantes aux plus mineures. Il s’agit notamment de répondre aux changements de situation sur le terrain, en matière sécuritaire, de trouver des renforts ou des ressources supplémentaires, d’assumer le renouvellement des forces sur le terrain (génération de force complémentaire), de répondre aux questions des parlementaires ou des ambassadeurs des États membres, voire de remplir les obligations en matière d’appels d’offres ou comptables. Etc.

Ces questions ne sont-elles déjà pas résolues dans les plans d’opération et autres documents internes de planification ?

Un certain nombre de questions sont prévues par avance, et figurent tant dans le plan d’opération que dans les règles d’engagement. Mais si une unité formant des militaires étrangers détecte en son sein des éléments douteux, proches de mouvements terroristes, ou qu’il y a un problème d’indiscipline parmi eux ou dans les effectifs européens, que faut-il en faire ? Question très simple à résoudre quand le militaire est peu gradé, quand il s’agit d’un officier supérieur, surtout s’il est proche du niveau politique local (ou qu’il est soutenu par son État membre), cela devient une question très politique… Idem quand il s’agit de pourvoir à des besoins qu’on n’a pas détecté (de formation, de logistique, de sécurité).

(NGV)

(1) Une mission non exécutive est une mission que mène l’UE sans exercer dans le pays concerné les fonctions régaliennes (maintien de l’ordre, contrôle des voies publiques, interception des fauteurs de trouble, protection des populations, tirs de neutralisation des « adversaires », etc.) qui, dans l’ordre international actuel, ne peuvent être autorisés que par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies (sous chapitre VII).

(2) Le premier est dénommé QG de force, le second QG d’opération. Ce qui induit à confusion…

(3) Le déploiement de navires en lui-même comporte une dose d’auto-protection que n’a pas un déploiement terrestre. Quant à Sarajevo… sans commentaire.

(4) Contrairement à tout ce qui est dit souvent, la différence est notable. Ce n’est pas tant le nombre de pays (qui ne font pas partie de l’une ou l’autre organisation), c’est leur importance. Ne sont notamment pas membres de l’UE : les États-Unis, le Canada, la Turquie et la Norvège, etc. (c’est-à-dire en termes d’importance militaire, une nette majorité).

Détails :  La MPCC pour conduire des missions militaires. Composition, Fonction, Commandement…

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