L’ITS Espero à sa sortie du port de Tarente (Italie). (Crédit : ministère italien de la Défense)
(B2) La frégate italienne, l’ITS Espero, a rejoint l’opération européenne de lutte contre la piraterie au large des côte somaliennes samedi 25 mars.
Commandé par le commander (capitaine de frégate) Luigi Pirozzi, les Italiens seront présents dans les quatre prochains mois pour patrouiller les eaux du golfe d’Aden et du bassin somalien – où un petit regain de piraterie s’est fait sentir récemment – , protéger les navires du Programme alimentaire mondial, transportant de l’aide humanitaire en Somalie, et soutenir les missions jumelles de l’UE (EUTM et EUCAP) qui travaillent au renforcement des capacités en Somalie.
Les Italiens prêts face à la reprise de la piraterie
Les quatre mois de mission seront intenses. Il y a seulement deux semaines, des pirates somaliens réussissaient une attaque – la première depuis 2012 – montrant que la menace existe encore (lire : Les pirates repartent à l’attaque dans le Golfe d’Aden. L’Aris 13 capturé). Avant de quitter son port d’attache de Tarente, Luigi Pirozzi a indiqué que « l’équipage et moi-même sommes entièrement préparés et prêts pour ce que je sais que ce sera des quatre mois occupés. Il est impératif que les attaques de pirates continuent à être supprimées au large des côtes de la Somalie, de sorte que les navires peuvent rester en sécurité. » Le navire « est parfaitement adapté à l’opération de contre-piraterie » et l’équipage a reçu une « formation opérationnelle intensive contre la piraterie ».
A son bord, outre l’équipage de 200 personnes, plusieurs équipes spécialisées d’abordage : les troupes spéciales de la marine San Marco, les plongeurs du « gruppo Operativo Subacquei » et les effectifs de la composante « air » pour l’hélicoptère AB212.
Deuxième participation à l’opération
Pour l’Espero, il s’agit du deuxième déploiement dans l’opération européenne. Sa première participation remonte à 2011. La frégate avait notamment porté secours au MV Glamour, un navire marchand italien avait été attaqué, début mai, par quatre pirates armés à bord d’un skiff, à environ 700 milles marins de Salalah (Oman). Les pirates n’hésitant pas à tirer au RPG sur le bateau (lire : Dernières nouvelles de la piraterie (15 mai 2011)). Le dernier navire italien participant à l’opération été la frégate « Euro » qui avait mis fin à son engagement le 30 septembre dernier (2016).
(Leonor Hubaut)
Lire aussi :
La Pologne renie sa signature. Elle revient sur sa décision de faire partie de l’Eurocorps – en septembre 2016 le général C. Podlasiński avec le général Ramirez commmandant l’Eurocorps (crédit : Eurocorps)
(B2) Les lecteurs de B2 pro (lire : Carnet 24.03.2017) en avaient eu la primeur. L’information est désormais officielle et a fait le tour des gazettes. Le gouvernement polonais a choisi, délibérément, de se retirer de l’Eurocorps. Officiellement, il s’agit d’avoir plus d’effectifs pour faire front à l’Est (voir encadré). Officieusement, on le sait très bien, la réalité est tout autre… il s’agit d’une décision proprement politique, voire politicienne, qui n’a rien à voir avec les intérêts historiques de la Pologne, mais est un des nombreux avatars de la rancœur entre les deux partis frères de la droite polonaise – la Plate-forme civique (PO) et Droit et Justice (PiS) (1) – et de la volonté du nouveau gouvernement de refuser tout pas supplémentaire d’intégration européenne comme de développer l’Europe de la défense.
Une décision longuement préparée
Le précédent gouvernement (de la plate-forme civique PO, dirigée successivement par Donald Tusk et Ewa Kopacz) avait préparé le passage de la Pologne en tant que nation-cadre du Corps européen. Une décision mûrement réfléchie qui n’était pas que symbolique mais avait un sens politique profond : la Pologne réintégrait le cœur européen. Elle obtenait en effet de participer à toutes les décisions et avait « droit », par rotation, à commander le corps européen.Le 1er septembre 2014, un accord est signé permettant l’accession de la Pologne à ce statut. De nombreux officiers polonais prennent peu à peu le chemin de Strasbourg dans cet objectif. Il y en a 120 encore aujourd’hui. Et ce chiffre devait monter à près de 200. Le passage officiel était normalement prévu pour 2016 au plus tard (avec une prise de commandement prévue en 2019).
En septembre 2016, d’ailleurs l’Eurocorps avait annoncé officiellement la nouvelle, photo du commandant des forces terrestres polonaises, le général Cezary Podlasiński, à l’appui. Et une photo du commandement tel qu’il devait être avait même été prise.
Une décision « Exit » très personnelle
Mais le nouveau gouvernement PiS a choisi de tourner casaque. D’abord, il a joué la montre, repoussant l’adhésion à l’Eurocorps, de 2016 à 2017. En interne, comme du côté diplomatique (français, allemand, belge…), il devenait très perceptible que Varsovie n’avait plus « vraiment envie de monter à bord » comme le raconte à B2 un diplomate. Dans un papier que nous préparions sur l’Eurocorps, un officier avait obligeamment indiqué à B2 que notre propos sur l’accession de la Pologne (tiré cependant des documents officiels) était « inexact », ou plutôt « un peu optimiste », nous conseillant si on voulait être exact d’être le plus « évasif possible sur une date d’accession ». Mais tout le monde faisait comme si tout restait possible. Aucune notification officielle n’avait eu lieu.
La Pologne rétrograde en seconde voire en troisième vitesse
C’est le ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz, qui a fait connaître sa décision – qui ne semble pas avoir été très collégiale apparemment. Cette décision a été prise sans vraiment de consultation de ses homologues des Affaires étrangères. Et le gouvernement s’est bien gardé d’en informer son opinion publique. Quand la nouvelle de B2 a été reprise côté polonais, par la radio RMF (ou ici), le gouvernement a d’abord nié l’information, estimant qu’il s’agissait d’une « fake news » avant de reconnaître les faits, à mi-mots. La Pologne pourrait néanmoins rester nation associée (voir encadré), c’est-à-dire sans aucun pouvoir sur les décisions de l’Eurocorps.
Pour l’Eurocorps une perte politique plus que militaire
Pour le corps européen, cette défection est une perte au plan politique. La Pologne aurait été un des premiers pays de l’Est à rejoindre le cœur européen formé par le couple franco-allemand, l’Espagne, la Belgique et le Luxembourg. Mais, au plan militaire, ce n’est pas dramatique. Ce n’est pas quelques officiers de plus ou de moins qui feront la valeur, ou non, de ce corps européen. Et, de fait, compter dans ses rangs qui n’a pas envie que l’Eurocorps soit engagé sur les opérations européennes aurait été plutôt négatif pour tous ceux qui veulent que celui-ci soit impliqué de façon plus importante dans les opérations européennes (ou de l’OTAN).
Un pays qui ne compte plus vraiment militairement
Cela fait plusieurs années que la Pologne a cessé de compter en Europe comme un pays qui s’engage en matière militaire. C’est en soi paradoxal : alors que le budget pour l’armée augmente (la Pologne a atteint un budget de 2% du PiB), ses troupes se cantonnent aujourd’hui à faire « joujou » dans les casernes ou dans les bois pour s’entraîner au cas où les Russes passeraient la frontière… dans le plus pur remake du désert des Tartares. Le temps de l’engagement important en Irak en 2003 ou en Afghanistan voire du Tchad en 2008 est révolu. Aujourd’hui, l’armée polonaise n’est quasiment engagée dans aucune des missions ou opérations militaires européennes : ni en Méditerranée ni dans l’Océan indien, encore moins sur le continent africain, à l’inverse de ses voisins de l’Est, qui ont toujours tenu, à participer au moins à une ou deux opérations/missions, certains de façon notable (2). Un non-engagement qui a une raison davantage politique que militaire.
Une décision qui va à l’inverse de l’histoire… européenne et de la Pologne
Au plan politique, pour la Pologne, cette nouvelle est plutôt contradictoire. Après s’être battue officiellement à Rome contre une Europe à plusieurs vitesses (3), Varsovie décide de quitter le premier cercle, pour rétrograder en seconde voire en troisième vitesse. C’est un signe de plus que la Pologne ne veut ni d’une intégration européenne ni d’une Europe de la Défense. Mais ce n’est pas vraiment en ligne avec la tradition issue du syndicat Solidarność, portée par toute l’intelligentsia… et la paysannerie polonaises, d’une intégration la plus proche possible du cœur européen, pour être présent politiquement, pour peser sur les décisions, pour montrer que la Pologne est un pays qui compte. C’est une erreur stratégique…
(Nicolas Gros-Verheyde)
La réaction pour le moins contradictoire du gouvernement polonais
Le ministère polonais de la Défense a tenu à réagir mardi dans un communiqué publié – uniquement en polonais, l’anglais n’étant réservé que pour les nouvelles « positives ». Un communiqué (traduit par nos soins) on ne peut plus contradictoire. D’un côté, le ministère conteste s’être retiré de l’Eurocorps. De l’autre côté, il confirme avoir délibérément « abandonné le rôle de nation cadre dans le commandement de l’Eurocorps » et « diminuer son engagement dans un délai de 3-4 ans ». Cette décision étant « due » selon lui à trois causes. La première est opérationnelle. Elle découle de « la nécessité de réduire la participation » en vue d’une « augmentation de la charge sur les forces armées découlant de la mise en œuvre des résolutions du sommet de l’OTAN à Newport et à Varsovie, y compris le renforcement du flanc Est de l’OTAN dans le cadre de la défense collective ». La seconde raison est plus politique, Varsovie critique « le changement de la nature de l’activité de l’Eurocorps, qui risque d’affaiblir le rôle de l’Eurocorps dans la mise en œuvre des tâches au sein de l’OTAN, en particulier la défense collective » (NB : On a ici la traduction officielle de l’intention politique et non militaire de ce retrait). Enfin, Varsovie se plaint d’être maltraité de devoir « engager des ressources trop importantes [proportionnellement] par rapport aux autres nations cadre, comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises » (NB : une rengaine assez courante sur le ton de la victimation). De fait ce qui semble surtout gêner le ministère polonais dans le mot « Eurocorps », c’est le mot « Euro ». Il considère, en effet, que selon « ses projets et ses attentes, l’Eurocorps devrait conserver la capacité à accomplir des tâches découlant de la participation à la structure des forces de l’OTAN en tant qu’organe de haut niveau de préparation », comme la VJTF.
(1) On peut aussi y voir une décision dans la suite logique de l’affaire du Caracal avec Airbus : il s’agit de « casser les pieds » aux alliés, notamment la France, l’Allemagne et l’Espagne le plus engagés dans l’Europe de la défense. Une décision qui ressemble à s’y méprendre aux décisions prises par le Portugal de Barroso ou l’Italie de Berlusconi qui n’avaient de cesse dans les années 2000 de mettre des bâtons dans les roues des pays les plus aptes à défendre une certaine autonomie de la défense européenne. Le tout sous influence de certains responsables américains (pas de tous) estimant que l’OTAN devait avoir la primeur sur tout engagement de défense. On retrouve ce tropisme et cette influence dans le gouvernement polonais actuel qui n’avait de cesse (avant l’arrivée d’Obama) de défendre la mise en place d’un bouclier anti-missiles, américain, même si ce dispositif n’était pas partagé par tous les Européens.
(2) Les pays baltes (Lettonie, Estonie) ont ainsi tenu à participer de façon parfois notable aux missions en Centrafrique. Ils ont aussi fourni régulièrement (avec la Lituanie) des équipes de protection embarquée (VPD) pour les navires contre la piraterie (EUNAVFOR Atalanta). Les Tchèques sont présents au Mali depuis le début assurant la force protection de EUTM Mali, avec courage (lire Le QG d’EUTM Mali attaqué à Bamako. Une cible nouvelle au Sahel : l’Europe), les Slovaques envoient un petit contingent à bord du navire allemand participant à l’opération Sophia (lire : Des Slovaques en Méditerranée), les Hongrois assurent (avec les Autrichiens) le noyau dur de l’opération EUFOR en Bosnie-Herzégovine. Hors de l’UE, les Géorgiens, les Ukrainiens, les Serbes sont présents régulièrement dans les opérations militaires de l’UE : Centrafrique pour les premiers, anti-piraterie pour les seconds, missions de formation pour les troisièmes.
(3) En fait, quand Beata Szydło a menacé de mettre son veto à la déclaration, les jeux étaient déjà faits, la Pologne avait obtenu tout ce qu’elle pouvait avoir dans cette déclaration, et le sherpa de la Première ministre polonaise avait approuvé le texte de la déclaration sans y trouver à redire, dès le lundi. Le reste n’a été qu’une gesticulation politique destinée à montrer aux yeux de l’opinion publique polonaise combien la diplomatie polonaise est influente, et combien sa Première ministre pèse sur la scène européenne. Lire : L’Europe veut assurer la défense et la protection de la population (déclaration de Rome)
(B2) Un dhow Asayr 2 a été capturé par les pirates au large de la côte nord-est de la Somalie, jeudi (23 mars), selon les informations du QG anti-piraterie de l’UE à Northwood (EUNAVFOR Atalanta). Le navire comptait une vingtaine de personnes d’équipage, et un garde somalien. Ils ont été pris en otage. Treize d’entre eux ont été libérés par les pirates, selon les sources maritimes, dans le Puntland. Les pirates n’ont gardé que sept personnes à bord avant de reprendre la mer.
Relâche quelques jours après
Finalement, le dhow a été relâché dimanche (26 mars) après que les pirates aient volé un skiff, de la nourriture et du diesel. C’est la seconde attaque en quelques semaines, après la capture du pétrolier Aris 13 libéré au bout de quatre jours (lire : Le navire Aris 13 libéré). Et cela s’apparente davantage à de la rapine qu’à un acte réel de piraterie. Mais la vigilance reste de mise. Car d’ordinaire, les dhows étaient très prisés des pirates somaliens non comme une monnaie d’échange pour obtenir une rançon mais comme moyen d’action pouvant être utilisé comme bateau-mère.
Le QG de l’opération à Northwood appelle ainsi tous les navires, conformément à bonnes pratiques « BMP4 », de rester « vigilants » dans l’océan Indien et de « rester dans le couloir de transit internationalement recommandé pendant qu’ils traversent le golfe d’Aden ».
(NGV)
Lire aussi : Ne pas baisser la garde maintenant !
Les premiers tanks britanniques (re)débarquent sur le continent (Crédit : MOD UK)
(B2) Français et Britanniques commencent à se déployer en Estonie dans le cadre du redéploiement de l’OTAN destiné à rassurer les pays baltes. Les premiers véhicules britanniques ont ainsi débarqué en Estonie après avoir fait une halte à Emden, en Allemagne, pour embarquer des véhicules de combat d’infanterie Warrior, des chars Challenger 2 et des canons d’artillerie automoteurs AS90, ainsi que des véhicules de génie Terrier, Titan et Trojan. Les véhicules ont pris la route vers Tapa, la destination finale du battlegroup. Un premier détachement de 120 personnes, du 5e Rifles sous le commandement du lieutenant-colonel Mark Wilson, sont arrivés à la fin de la semaine dernière.
Les Français ont eux choisi la voie ferrée pour rejoindre l’Estonie. L’acheminement des matériels militaires « se poursuit » a précisé l’état-major des armées lors de son dernier point de presse. Le premier train emportant les véhicules blindés légers (VBCI) arrive en fin de semaine à Tallin. Après les VBCI, ce sont les chars Leclerc qui sont aujourd’hui en phase de chargement en métropole. Le transfert durera jusqu’à la fin mars, avec un dernier complément par voie aérienne. Un échelon précurseur de 50 militaires du 2e RIMA (le 2e régiment d’infanterie de marine) est déjà arrivé sur place, lundi (20 mars), par avion (avec les bons vieux Transall toujours de service), chargé de préparer l’accueil du matériel en transit. Début avril, ils vont « recevoir le renfort des 250 militaires qui vont compléter ce déploiement ».
Le battlegroup franco-britannique va compléter les forces de défense estoniennes. Un vaste éventail d’exercices et d’opérations sont ainsi prévus avec la 1ère brigade d’infanterie estonienne, précise-t-on à Londres. « C’est le début d’un des plus grands déploiements en Europe de l’Est depuis la guerre froide – a souligné le secrétaire à la Défense britannique, Michael Fallon. « A la fin du mois prochain, nous aurons 800 soldats britanniques armés avec des chars prêts à rassurer nos alliés et à souligner notre engagement à la sécurité de l’Europe. »
(NGV)
Les rues de Sanaa sont particulièrement marquées par les bombardements (Crédit : CICR)
(B2) La guerre au Yémen, opposant des rebelles yéménites chiites et une coalition de pays arabes menée par l’Arabie Saoudite et soutenue par les États-Unis, entre dimanche prochain (26 mars) dans sa troisième année. Un conflit très peu médiatisé. Selon l’ONU, la famine menace et plus de 17 millions de personnes ont besoin d’une assistance alimentaire, soit 60% de la population. Six organisations non gouvernementales (Action contre la Faim, CARE, Handicap International, Médecins du Monde, Première Urgence Internationale, Solidarités International), actuellement opérationnelles au Yémen, demandent à la communauté internationale de se mobiliser et de faire pression sur ceux qui ont le pouvoir de faire changer les choses… car la situation risque d’empirer.
Massacre à ciel ouvert
Les six ONG s’alarment de l’utilisation massive et répétée des armes explosives dans des zones densément peuplées au Yémen. Contraire au droit international humanitaire, l’usage des armes explosives en zones peuplées s’est accru dans les conflits contemporains au mépris des principes fondamentaux de la guerre. « Les bombardements qui pleuvent chaque jour au Yémen témoignent d’un mépris absolu pour la vie des civils ! Ce massacre à ciel ouvert est insupportable et indigne de notre époque » s’indigne Jean-Pierre Delomier, responsable de l’action d’urgence de Handicap International.
Système sanitaire au bord de l’effondrement
A cela s’ajoute la destruction de « plus de la moitié des installations sanitaires » (hôpitaux ou centres de santé) du pays. « Le système de santé au Yémen, particulièrement affecté par le conflit, menace de s’effondrer » avertissent les représentants des organisations. Les établissements sont également pénalisés par le blocus imposé et la crise financière frappant le pays : l’approvisionnement en médicaments et matériels médicaux reste très difficile et le personnel de santé n’est plus payé depuis de nombreux mois. Le choléra a fait son retour. « Depuis octobre dernier plus de 20 000 cas suspectés et près de 100 décès » alarme le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du Monde.
L’accès humanitaire limité de toutes parts
« L’accès aux populations vulnérables reste très limité et constitue l’un des enjeux majeurs pour les acteurs humanitaires. « Le problème est très politique », précise André Krummacher, directeur des programmes d’Acted. « Des deux côtés, les belligérants refusent parfois les distributions d’aide. » S’y ajoute la destruction partielle ou totale de nombreuses infrastructures (routes, ponts, aéroports, ports) et de bâtiments publics restreint. « Pour les travailleurs humanitaires, les difficultés d’accès aux populations tendent à s’accentuer. »
Un problème politique…
Il s’agit d’une guerre très complexe, vu le nombre et le profil de ses protagonistes. Les rebelles venus du nord du pays, les Houthis, alliés à des partisans de l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, combattent le camp de l’actuel président Rabbo Mansour Hadi. Celui-ci est soutenu par une coalition militaire arabe dirigée par l’Arabie saoudite, qui a déclenché, en mars 2015, une offensive pour empêcher les rebelles de prendre le contrôle de tout le territoire. Résultat : le pays est morcelé, l’économie en ruines, et al-Qaïda et le groupe Etat islamique tentent de profiter de ce chaos.
… empiré par le blocus aux importations
Avant la guerre, le Yémen achetait 90% de sa nourriture à l’étranger. La résolution 2216 des Nations Unies d’avril 2015, qui a notamment instauré un embargo sur les armes à destination des Houthis et de leurs alliés, « s’est transformée de facto en un blocus aérien et maritime empêchant la quasi-totalité des importations de produits de première nécessité, dont la nourriture » selon les ONG. Une résolution que l’UE a transcrit dans son droit (lire :Sanctions supplémentaires au Yemen)
(LH)
(1) Les six ONG sont :
Lire :
(B2) Après l’attentat ayant frappé Westminster ce mercredi (22 mars) qui a fait au moins 4 morts et 40 blessés (1), la sortie d’une réunion du comité spécial du gouvernement en format « Cobra », la Première ministre britannique Theresa May a tenu : « L’emplacement de cette attaque n’était pas un hasard ».
Un symbole de la liberté
« Les terroristes ont choisi de frapper au cœur de notre capitale, où des personnes de toutes nationalités, religions et cultures se réunissent pour célébrer les valeurs de liberté, de démocratie et de liberté d’expression. Ces rues de Westminster – abritant le Parlement le plus ancien du monde – sont empreintes d’un esprit de liberté qui fait écho dans certains des coins les plus reculés du globe. Et les valeurs que notre Parlement représente – la démocratie, la liberté, les droits de l’homme, la primauté du droit – commandent l’admiration et le respect des peuples libres partout. C’est pourquoi il s’agit d’une cible pour ceux qui rejettent ces valeurs. »
Pas de lockdown à Londres
La Première ministre a tenu à rassurer immédiatement : « toute tentative de vaincre ces valeurs par la violence et la terreur est vouée à l’échec. Demain matin, le Parlement se réunira normalement. Nous nous réunirons normalement. Les Londoniens – et d’autres venus du monde entier qui sont venus ici pour visiter cette grande ville – se lèveront et se dirigeront comme d’habitude. Ils embarqueront dans leurs trains, ils quitteront leurs hôtels, ils marcheront dans ces rues, ils vivront leur vie. » (2)
Ne pas céder à la terreur, ne pas céder à la haine
Et de conclure : « Il ne faut jamais céder à la terreur, ne jamais laisser les voix de haine et de mal nous séparer. » Précision utile : « Le niveau de menace du Royaume-Uni est [à un niveau] sévère depuis un certain temps et cela ne changera pas ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Parmi les morts, on dénombre 1 policier (Keith Palmer, 48 ans, ancien militaire du Royal Artillery), 3 civils (un Britannique, un Américain et une Britannique d’origine espagnole) et l’agresseur (un homme âgé de 52 ans). Parmi les blessés, on compte non seulement des Britanniques mais aussi trois Français de Concarneau– dont deux gravement –, deux Roumains, deux Grecs une Allemande, un Polonais, un Irlandais, un Italien et quatre Sud-Coréens. Des touristes et étudiants essentiellement.
(2) Une vision totalement différente de celle qui avait présidé en Belgique, en novembre 2015 et en mars 2016, et qui parait plus saine : faire repartir la vie normale aussi vite que possible.
Le récit officiel tel que fait par la Première ministre
Un seul assaillant a conduit son véhicule sur le trottoir du pont de Westminster, tuant deux personnes et blessant plusieurs autres, dont trois policiers. Cet agresseur, qui était armé d’un couteau, a ensuite couru vers le Parlement où il a été confronté par les policiers qui gardent. Un officier a été tué. Le terroriste a été abattu.
Le colonel Felix Diallo, commandant de la région, passe en revue les 131 soldats maliens formés pendant la cérémonie de clôture, le 11 mars. (Crédit: EUTM Mali)
(B2) Pour la première fois depuis son lancement, une équipe conjointe de conseil et d’entraînement (CMATT) d’EUTM Mali a organisé une session à Gao. La mission européenne poursuit ainsi son processus de décentralisation avec ses équipes mobiles de formation. Après Segou et Kati, en juin 2016, la ville de Gao était l’objectif suivant. Son organisation a été retardée par la difficile situation sécuritaire de la région, jusqu’à présent. La cérémonie de remise des diplômes s’est tenue le 11 mars.
Renforcer la région militaire
Le but du CMATT de Gao était d’améliorer les capacités militaires de la 1ère région militaire. Pendant trois semaines, des officiers français et espagnols ont fourni conseil et assistance à l’état-major de la première Région Militaire.
Formation médicale et IED
Une partie importante de ses activités portait sur les aspects médicaux. D’une part au travers des formations aux premiers soins au combat dispensées au profit des 131 militaires maliens qui ont participé, mais également grâce à la présence d’un conseiller de l’EUTM qui a apporté son aide dans la gestion de l’hôpital de campagne de Gao. L’autre volet important portait sur la lutte contre les mines et les engins explosifs improvisés (IED) avec des cours donnés par des spécialistes britanniques, irlandais et belges.
(Leonor Hubaut)
Lire :