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Updated: 3 days 13 min ago

Décès de Dr Ouattara Korodjouma : Remerciements et faire part

Tue, 09/03/2021 - 07:00

La grande famille Ouattara à Finlande, Bobo Dioulasso, Noumoudara, Peni, Darsalamy, Bérégadougou et Ouagadougou,

Les familles alliées Ouattara, Hien, Kambou, Lankoandé, Millogo et Biyen.
Mr Ouattara Daouda, Gendarme à la retraite,
Dr Ouattara Badiori, Chercheur à l'INERA,
Monsieur Ouattara Bassori,
Madame Ouattara Angèle,
La veuve Ouattara Assetou,
Les enfants : Wisse Stella, Mohamed Fatie Ibrahim, Malick Sidiki, Yasmine Tene Aude Wassila et Elmira Sonia Miriam,

Très touchés par les nombreuses marques de sympathie, de solidarité et de compassion ainsi que la grande mobilisation que vous leur avez témoignée lors du rappel à Dieu le 02 janvier 2021 au CHU de Bogodogo ; de l'inhumation 05 janvier 2021 à Finlande de leur regretté Époux, Père, Grand-Père Beau-frère, oncle, frère, neveux, cousins Dr Ouattara Korodjouma, précédemment Directeur du Centre de Recherches Environnementales, Agricoles et de Formation (CREAF) de Kamboinse.

Ils remercient :

Le Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l'Innovation,
Le Ministre de l'Energie, des Mines et des Carrières
Le délégué Général du Centre National de Recherche Scientifique et Technologique (CNRST)

Le Directeur de l'Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles (INERA)
Les enseignants chercheurs et les chercheurs
Le personnel de l'INERA
Le Père Directeur de l'école de Santé Ste Camille et son personnel
La Directrice de Splendide Hôtel et son personnel
La communauté musulmane de Karpala
Les Voisins et amis du quartier
Que Dieu tout puissant et miséricordieux rende à chacun le centuple de ses bienfaits.
Que Dieu nous protège et qu'il repose en paix.

Union de Prière !

Categories: Afrique

Fadima Kambou, mission RH au service de la paix

Mon, 08/03/2021 - 23:00

Avec Go PAGA, son programme pilote d'empowerment par l'éducation et l'insertion professionnelle des veuves et des orphelins de soldats tombés pour la patrie, Fadima Kambou entend contribuer, à son niveau, à la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso englué dans une épineuse problématique sahélienne. Portrait d'une femme miraculée dont le parcours personnel explique son rapport à l'humain, à la femme et à la vie.

Elle n'aurait pas dû avoir des enfants. Endométriose. Stade 4. Une maladie gynécologique, chronique caractérisée par la présence anormale de tissu utérin en dehors de la cavité utérine, qui signait pour Fadima une stérilité annoncée.

Après 3 tentatives infructueuses de PMA (Procréation Médicalement Assistée), dont la dernière était son ultime chance de devenir mère, tout espoir semblait perdu. Et pourtant.

A la stupéfaction de tout le corps médical, elle et son mari sont aujourd'hui les heureux parents non pas d'un mais de deux merveilleux enfants naturels. De quoi raffermir encore plus sa foi.

Une partie d'intimité que Fadima Kambou a tenu à partager pour encourager les femmes atteintes de cette maladie difficile à déceler qui touche 10% de la gent féminine et qu'on ne crie pas forcément sur tous les toits.

A 39 ans, Fadima est une boule d'énergie. Elle cultive un farouche rapport humain à l'altérité qui imprègne toute sa vie, notamment professionnelle. Pas étonnant donc qu'elle ait embrassé un parcours RH (Ressources Humaines), une vocation qui couvait depuis son adolescence. Mariée, elle est la 4ème d'une fratrie de 6. La première fille.

« J'ai toujours eu cette curiosité RH. Depuis que j'ai 14 ans, j'ai toujours posé plein de questions sur ça. Je demandais tout le temps à ma mère sa fiche de paie, pour voir comment on la payait, comment c'était calculé ».
Une étrange passion pour une adolescente qui sonnera quelques années plus tard comme une évidence.

Elle arrête sa licence de droit pour faire une licence en communication, avant de se spécialiser avec un master 1 et un master 2… en Ressources Humaines à Paris.
« Ça correspondait en tout point à l'idée que je m'en faisais, d'autant que les cours, dispensés en partie par des professionnels RH, étaient très concrets ».
Elle commence à travailler en France. En stage, initialement de 6 mois, où elle imprime déjà sa patte.

« J'ai commencé ma mission en demandant à la DRH de me laisser aller sur le terrain. J'ai donc travaillé avec les ouvriers du groupe, à leur poste respectif, pour mieux comprendre ce qu'ils faisaient, pour mieux comprendre leurs besoins. Ce qui me semblait indispensable pour pouvoir prendre, après, des décisions ou des initiatives RH plus avisées ».

Une passion RH qui ne tarde pas à s'exprimer hors de la sphère professionnelle quand, au sein de son église, elle identifie des jeunes en difficulté, dont certains semblaient voués à l'échec.

Une fatalité à laquelle elle ne saurait se résoudre. Aussi les prend-elle sous son aile pour les accompagner, un à un, afin qu'ils révèlent leur potentiel et se révèlent à eux-mêmes. Avec succès.

Elle va donc construire sa carrière en ayant pour ligne directrice l'humain, au centre de toutes ses décisions et de ses actions.

Après huit (8) an à des postes en RH sur Paris, elle décide en 2018 de quitter son pays d'adoption afin de servir au Burkina toujours dans la même dynamique d'accompagnement.

Elle pilotera notamment le Ouaga Job Challenge avec l'association BurkinAction, projet d'innovation sociale sur l'employabilité des jeunes du pays et de la diaspora, fort d'une trentaine d'entreprises partenaires et avec un taux de réussite de 85%.

Tout ça en parallèle de son poste de Directrice des Ressources Humaines qu'elle occupait au sein d'une Institution de micro finance ouagalaise avec plus de 230 collaborateurs.

Elle y structure, entièrement, un service RH alors embryonnaire. Un poste qu'elle décide de quitter, en novembre 2020, malgré les réussites et les actes concrets qu'elle a su poser pour se consacrer au développement de programmes sur le genre et l'employabilité des jeunes.

Avec toujours la même intention : développer l'Homme, ses compétences et son potentiel, pour développer des écosystèmes sains et performants. Et montrer une autre image d'un continent où elle aimerait voir grandir et s'épanouir ses enfants.

Genèse de Go PAGA

Personne au Burkina Faso ne peut ignorer la délicate situation sécuritaire dans le pays avec les affres du terrorisme qui gangrènent toute la sous-région et dont le premier rempart reste aujourd'hui militaire.

La voisine de Fadima est justement épouse de militaire. Elle le sait. Leurs enfants jouent ensemble. Et quand un jour elle apprend, sur les réseaux sociaux, qu'il y avait eu des attaques dans le Nord et qu'on était sans nouvelle d'une troupe partie au combat, Fadima est inquiète. Elle se doutait que le mari de sa voisine était en opération.

Elle va donc la voir, le soir, pour une salutation de courtoisie, avec l'idée de l'encourager indirectement. Car elles n'échangent jamais sur le métier ou les déplacements de son mari. Et pour la première fois les mots sortent. Sa voisine lui confie toute son inquiétude. Elle n'avait pas de nouvelles depuis deux jours…

Troublée, Fadima rentre chez elle, essayant de se figurer le tourment de cette femme, mère de 3 enfants, et essayant de se figurer le sien si Serge, son mari, un ancien du Prytanie militaire de Kadiogo, eut continué un parcours dans l'armée. Une perspective terrifiante, angoissante, insoutenable.

« Je me suis alors demandé ce que je pouvais faire, à mon niveau, avec mes compétences pour contribuer à quelque chose, pour me sentir utile à mon pays ». Un effort de guerre qui porte aujourd'hui un nom : « Go PAGA ».

VIDEO EXTRAIT DISCOURS LANCEMENT

Go : qui signifie « aller » en anglais et PAGA « femme » en moré (une des langues principales du Burkina). Un programme pilote d'accompagnement professionnel et scolaire individualisé des veuves et des orphelins de militaires tombés au combat.

Un programme pilote de quatre mois, initié sur fonds propres, en partenariat avec l'Armée et plus précisément la Gendarmerie, et soutenu dans sa phase initiale par Jeunesse Sahel, un projet d'intrapreneuriat de l'AFD grand Sahel.
Un premier test avec 7 femmes et 1 adolescente (fille d'un des défunts) qui porte déjà ses fruits et suscite les premiers élans de solidarité citoyenne.

Comme quand Fadima souhaitait contracter des assurances santé pour l'ensemble des femmes du projet pilote et de leurs enfants. Le directeur de Yelen Assurance a refusé qu'elle paie et a tenu à offrir toutes les assurances, pour « contribuer à soutenir le moral de ceux qui se battent pour la liberté et la paix des Burkinabé ».

Et que dire de son équipe de consultants, tous séniors et professionnels dans l'accompagnement, qui ne comptent pas leurs heures dans le projet et sont « plus qu'impliqués dans Go PAGA », se félicite Fadima.

Elle estime que sans eux rien ne serait possible. Eux qui vont sur place, travailler avec les femmes, eux qui participent de cette intelligence collective opérationnelle autour des différents cas. « Le travail avance plus qu'au-delà de mes attentes », révèle Fadima avec
un léger brin d'émotion.

Contribuer à lutter contre le terrorisme

VIDEO ITW

Pour Fadima les enjeux sont de taille. « Go PAGA c'est participer à donner une réponse concrète de la société civile quant au sort de ces familles-là. C'est contribuer à lutter contre le terrorisme. »

« Si on n'en prend pas soin, estime-t-elle, on fertilise une situation déjà critique. Une femme qui est, par exemple, à Djibo, dont son conjoint est décédé. La coutume du lévirat veut qu'elle épouse le frère ou l'oncle de son défunt mari.

Si elle refuse, elle se retrouve abandonnée, chassée. Et ça c'est du pain béni pour ceux qui voudraient l'embrigader. Parce qu'elle est vulnérable, surtout si elle a des enfants.

Une femme est prête à TOUT pour le bien-être de son enfant. Jusqu'aux derniers sacrifices. Parce qu'elle cherche pour lui la stabilité et la sécurité. Quitte à devenir l'épouse d'un terroriste.

Détourner la femme d'un militaire tué au combat pour la rallier à sa cause serait d'ailleurs pour lui une double victoire symbolique.

Quant aux orphelins, la question se pose de manière tout aussi accrue. Si on ne s'en occupe pas ce sont des gens qui pourraient facilement se retourner contre le pays. Par frustration. Frustration de voir leur mère délaissée. Et reconnaissant envers ceux qui se proposent de leur tendre la main en les recrutant dans leurs sombres rangs. »

« Go PAGA ne donne pas de l'argent à ces femmes, mais on leur trouve une solution durable et personnalisée en les accompagnant à se stabiliser au niveau professionnel. En tenant compte de leur niveau scolaire et en partant de qui elles sont, chacune. En travaillant à leur indépendance pour qu'elles puissent prendre soin d'elles, de leurs enfants et même de plusieurs personnes dans la famille ».

Le lancement officiel du programme a été fait le 13 février dernier à Ouagadougou. Sans journaliste, devant une cinquantaine d'invités.

Et certains responsables militaires témoignent que le programme, même expérimental, aurait d'ores et déjà un impact sur le moral des troupes.

Partir en mission « aux finalités incertaines » avec l'idée que leur famille sera à l'abri au cas où ils seraient tués dans l'exercice de leurs fonctions semble être une motivation supplémentaire pour « mieux se donner au combat ».

Et Fadima rêve d'un programme Go PAGA national pour toute l'armée et d'une assurance maladie, à vie, pour les veuves et les orphelins de guerre. Un rêve qui tient plus aujourd'hui d'un objectif concret qu'elle poursuit pas à pas avec toute son équipe pour une mission RH à la hauteur des plus hauts enjeux.

Rendez-vous donc au mois de juin pour la cérémonie de restitution de ce projet pilote.

David Cadasse, Ifrikia Kengue et Anne Marie Sawadogo Zouré (AFD DR Sahel)

Categories: Afrique

Musique : Imilo Lechanceux dédicace "intégration", son quatrième album

Mon, 08/03/2021 - 17:00

L'artiste musicien Imilo Lechanceux a dédicacé le dimanche 28 février 2021 à Ouagadougou son nouvel album. Il est intitulé " intégration ". C'est un opus de 20 titres avec des rythmes variés. La présente œuvre a connu la touche d'arrangeurs chevronnés.

Du nouveau dans la production discographique burkinabè. Le dimanche 28 février 2021, c'est ce jour que l'artiste Imilo Lechanceux a choisi pour la sortie officielle de son 4e album. Pour Emile Ilboudo à l'état civil, l'opus comme son nom l'indique est un véritable concentré d'intégration tant au niveau de la rythmique, des collaborations que du genre musical. C'est un album qui s'ouvre à d'autres cultures. L'artiste a collaboré avec des grands noms de la musique burkinabè et africaine comme Floby, Dicko Fils, Fanicko, Soul Bang's, Mawndoé, Chidinma et Kérosène Abarango.

En s'ouvrant aux autres pays, Imilo Lechanceux estime avoir tout démontré au Burkina. C'est donc l'occasion aujourd'hui pour lui d'aller à la conquête d'autres contrées. Avec son intégration musicale, l'artiste entend inciter la jeunesse à travailler, à ne pas s'adonner à la facilité, à respecter les aînés. Les mélomanes auront beaucoup à découvrir dans la nouvelle œuvre. L'opus loue Dieu. Il fait également danser. On y retrouve aussi de la comédie musicale.

La réalisation de l'œuvre n'a pas été facile, dira l'artiste. Même s'il est satisfait, il a révélé avoir subi des pertes financières. Par exemple, un artiste congolais devrait figurer dans le nouvel album. Pour des raisons de calendrier, ce dernier n'a pu participer. Pourtant, des billets d'avion avaient été acquis. Malgré tout, l'artiste ne démord pas. Il compte en faire un single plus tard.

Le public était témoin de la dédicace du nouvel album de Imilo Lechanceux

Plusieurs arrangeurs ont contribué à la réalisation de l'album « intégration ». Il s'agit de Pissi, Champi Kilo, Duden J, Elvis Segon, Akatché, Bebi Philipp… On retrouve des titres comme Zem Zem, Africa Pissanci, Déconfinement, Cherchons l'argent, Jeune branché, Orio…l'opus est déjà disponible sur le marché de disc.

L'artiste a obtenu une large couverture médiatique lors de la cérémonie de dédicace.
Ceci, grâce à la société de droit burkinabè CANAL+. Elle a apporté son soutien à l'artiste en invitant les presses nationales à ladite activités. Cet accompagnement fait partie des multiples soutiens de CANAL+ dans les différentes activités culturelles et artistiques au Burkina Faso.

CANAL+ et Imilo le Chanceux, c'est un partenariat qui dure depuis bientôt cinq ans, notamment les plus récentes collaborations lors du confinement avec TOGATHER AT HOME diffusé sur les chaînes CANAL+ et de la Caravane Tour initié par CANAL+ dans les différentes villes du Burkina Faso. Elle a tenu en réaffirmer son engagement à soutenir l'expression et la promotion des talents burkinabè dont Imilo qui est aujourd'hui incontestablement l'une des plus belles illustrations. A travers ce soutien, CANAL+ veut aller encore plus loin dans la collaboration avec l'artiste et montrer qu'elle sera toujours là avec les artistes, les talents burkinabè.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

Categories: Afrique

Décès de El Hadj COMPAORE Ben Mahamadi : Remerciements et faire part

Mon, 08/03/2021 - 16:00

Sa majesté le Mogho Naba Baongo de Ouagadougou ;
Naba Koanga, chef coutumier de Gaongho ;

Naaba Baongo, chef coutumier de Boéna ;
Naaba Saaga, chef coutumier de Kombissiri ;
Les grandes familles COMPAORE, CONGO, KIEMTORE, ILBOUDO, KONOMBO à Gaongho , Boéna, Ipelcé, Kozoughin, Ouagadougou et à l'étranger ;

Les grandes familles Alliées ZEBANGO, OUARE, NANGA, OUEDRAOGO, DOUAMBA, KABORE, SENI, SINKA, BOUGMA, et BIKIE à Ouagadougou, Bingo, Monoomtenga, Zorgho, Bobo Dioulasso et à l'étranger ;

El Hadj COMPAORE Moussa, COMPAORE Apollinaire, COMPAORE Mahamoudou, COMPAORE Saidou, CONGO Jean Baptiste, le révérend Docteur CONGO Aly à Ouagadougou ;

La veuve Adja COMPAORE née Zébango T. Sanata à Ouagadougou ;
Les enfants COMPAORE Fatou, Alassane, Boubakar, Abdou, Rokia, Samiratou et les petits enfants remercient l'ensemble des familles à Ouagadougou, Kombissiri et Gaongho, l'iman de Kalgondé à Ouagadougou, la Chambre de Commerce et d'Industrie du Burkina Faso (CCI-BF), l'église de la mission apostolique, les voisins, amis et connaissances pour leur soutien multiforme lors du décès le mardi 02 Mars 2021 aux environs de 08H de suite d'une courte maladie, suivi de l'inhumation à Gaongho dans la province du Bazega le même jour de El Hadj COMPAORE Ben Mahamadi, Infirmier à la retraite, précédemment élu consulaire de la chambre de commerce du centre et Nakomsnaba de Gaongho.

Par ailleurs, la famille vous informe que le Doua de septième 7e jour est prévu pour le dimanche 14 Mars 2021 à partir de 08H au domicile du défunt sis à Kalgondin.

Union de prière

Categories: Afrique

Florence Béouindé (BCB) : « Pour parvenir à la vraie égalité hommes-femmes, il faut donner la même chance à tous depuis la base »

Mon, 08/03/2021 - 15:22

Arrivée à la Banque commerciale du Burkina (BCB) en mai 1999 comme cadre senior, Mme Florence Béouindé occupe aujourd'hui le poste de directrice des affaires juridiques. Dans cet entretien qu'elle a bien voulu nous accorder, elle revient sur son parcours et sur sa perception de l'égalité hommes-femmes, notamment dans le secteur de la banque et des finances.

Lefaso.net : Qu'avez-vous éprouvé comme sentiment lorsque vous avez appris votre nomination à la tête du département juridique de la BCB ?

Florence Béouindé : Je vous remercie pour avoir porté votre choix sur ma modeste personne pour parler de ma situation afin, peut-être, d'inspirer les jeunes générations. Je suis entrée en 1999 à la banque comme cadre senior. Donc, occuper le poste de directrice des affaires juridiques, je ne dirai pas que c'était naturel, mais normal. C'est une évolution normale de ma carrière vu le background que j'ai acquis avant mon entrée à la banque.

Aviez-vous des appréhensions ?

On a toujours de l'appréhension face à une toute nouvelle situation, et l'arrivée à un nouveau poste en est une. Mais en ce qui concerne la technicité du poste, j'avais confiance.

Comment êtes-vous parvenue à ce poste ?

J'ai occupé à deux reprises le poste de directrice des affaires juridiques. Je totalise plus d'une dizaine d'années à ce poste. J'ai également été conseiller juridique auprès de la direction générale. J'ai une formation de base en BAC + 5 en droit des affaires. Par la suite, j'ai fait un troisième cycle en Top management. Au niveau de la banque, les premiers responsables ont certainement vu que j'avais les qualités pour occuper le poste, c'est pourquoi, ils m'ont accordé cette responsabilité.

Pour quelles raisons avez-vous choisi de faire carrière dans le secteur bancaire ?

Est-ce qu'on choisit de faire carrière ? On prend ce qui se présente à vous un moment donné et on essaye de donner le meilleur de soi. Ma formation académique permettait une certaine polyvalence et c'est vrai qu'au niveau de la banque, il y a plusieurs métiers et quand j'ai eu l'opportunité, je n'ai pas hésité.

Pouvez-vous citer des personnes ou des moments-clés qui ont été décisifs dans votre carrière ?

Je citerai en premier lieu mes parents (qu'ils reposent en paix) qui ont bien voulu payer mes études, puis ma famille, mais également les belles personnes qui m'entourent. Je citerai également monsieur Mahmud Hammuda, ancien directeur général de la BCB, qui m'a donné l'opportunité de révéler mon potentiel ; parce qu'une chose est d'avoir de la compétence et une autre est de pouvoir montrer ce qu'on peut faire. S'il n'y a pas quelqu'un à un moment donné qui vous donne cette chance, vous avez beau avoir tout le talent du monde, vous n'avancerez pas.

Il se dit que le secteur financier semble être un bon exemple en matière d'égalité professionnel homme-femme. Est-ce votre perception ?

Pas seulement le secteur financier. Je dirai qu'au Burkina, les textes assurent cette égalité homme-femme, c'est-à-dire, à diplôme égal, à formation égale, on a accès à la même chose en principe. Maintenant au niveau du privé où j'ai fait presque toute ma carrière, il y a également des gens que vous rencontrez qui peuvent soit être des facilitateurs, soit être des obstacles.

Justement direz-vous que la BCB respecte l'égalité homme-femme ?

A ce jour l'effectif de la BCB compte 117 femmes et 119 hommes. Je pense qu'en matière de respect de la parité on peut faire difficilement mieux.

Florence Béouindé, directrice des affaires juridiques de la BCB

Que pensez-vous du quota ou de la parité prôné dans l'administration, la politique et d'autres domaines ?

Je trouve que c'est une solution pas tout à fait appropriée à un vrai problème. Mon avis est que la vraie égalité c'est de donner la même chance à tous et ce, depuis la base. Parce que dit ainsi, cela peut-être pris comme un passe-droit pour les femmes, alors que ce n'est pas le cas. On doit mettre l'accent sur l'instruction des femmes, travailler à garantir les chances d'accès et de maintien des filles à l'école. Quant à ce qui est de la carrière, je pense plutôt qu'elle doit être mue par ce qu'on sait faire et ce qu'on peut donner, donc la compétence. Positionner ou responsabiliser une femme pour satisfaire un quota n'apporte pas un plus à la cause des femmes, elle doit l'être parce que c'est la personne qu'il faut. A compétence égale, elle doit avoir la même chance d'accès à un poste. Lire la suite

Categories: Afrique

Banque et finances : Noéllie Cécile Tiendrébéogo, un modèle de persévérance à la tête de UBA Burkina

Mon, 08/03/2021 - 10:47

Portée à la tête de la United Bank for Africa Burkina (UBA Burkina) en 2019, Noéllie Cécile Tiendrebeogo est la première femme directrice générale de banque au Burkina Faso. Son accession à ce poste, elle le doit à son travail acharné depuis 23 ans dans le secteur bancaire. Pour elle, la réussite n'a qu'un secret : aimer ce que l'on fait et travailler dur pour réussir dans ce que l'on entreprend.

Sa carrière, Noéllie Cécile Tiendrebeogo ne la voyait pas se faire dans le secteur de la banque. Economiste gestionnaire de formation diplômée de l'université de Ouagadougou, elle affirme avoir saisi sans hésiter une opportunité qui s'est présentée à elle. C'est ainsi qu'elle se découvre, selon ses propres mots, « des atomes crochus » pour ce secteur qu'est la banque et la finance. Cet amour du secteur va la pousser, à travailler sans relâche pour gravir les échelons. Noellie Cécile Tiendrebeogo va ainsi s'aguerrir en occupant plusieurs postes de responsabilité dans diverses institutions bancaires et en siégeant dans divers conseils d'administration, ce qui lui permet de se forger une solide expérience dans le domaine de la banque et de la finance.

Lorsqu'elle est désignée directrice générale de UBA Burkina, ce sont des sentiments de fierté et de satisfaction qui l'animent, eu égard au fait que cette nomination survient après 21 ans de carrière professionnelle. Sa fierté est d'autant plus grande qu'elle représente l'espoir pour beaucoup de femmes et de jeunes filles qui ont l'intention de faire carrière dans le domaine de la banque. Pour la directrice générale de UBA Burkina, une carrière professionnelle n'est pas faite que de succès, elle est aussi faite d'échecs et de moments de découragement. Mais elle reste convaincue que la persévérance et le travail bien fait finissent toujours par payer.

Une fois aux commandes de la banque, dame Tiendrebeogo a dû relever le défi de l'intégration face à un environnement nouveau, mais aussi celui de devoir faire ses preuves parce qu'elle est une femme. Dans un milieu dominé par la gente masculine, il y a quelquefois encore dans le regard des certains interlocuteurs des questionnements quant à la capacité d'une femme à pouvoir mener à bien de telles charges. Loin de la décourager, cet état de fait la pousse à se surpasser pour montrer à tous que cette position qu'elle occupe aujourd'hui est le fruit de ses compétences et de son travail acharné.

Même si elle reconnait les efforts consentis par les gouvernants pour la promotion de la femme et des progrès notables par rapport aux années antérieures, il n'en demeure pas moins, selon la directrice générale de UBA Burkina, que les stéréotypes perdurent « Du fait que vous êtes une femme, l'on pensera d'emblée que vous serez moins disponible, que vous aurez moins de temps dédié à vos tâches professionnelles parce que vous avez beaucoup plus de contraintes familiales qu'un homme et que pour toutes ces raisons, vous serez moins efficiente à un poste de responsabilité », déplore Noéllie Cécile Tiendrebeogo.

C'est pourquoi, elle soutient que les femmes doivent se battre pour prouver qu'elles peuvent faire autant, sinon mieux, que les hommes lorsqu'elles sont placées à des postes de responsabilité. Pour cela, elles doivent accepter de s'exposer à travers la qualité de leur travail pour être remarquées et promues, car rester dans sa zone de confort et se dire que l'on est compétente ne leur fera pas gravir les échelons. La première femme directrice générale de banque au Burkina Faso, n'est pas de ceux qui font de la promotion de femme juste pour en faire, mais de ceux qui donnent de l'opportunité aux femmes qui ont de la compétence et qui acceptent de se faire remarquer par un travail de qualité.

Noéllie Cécile Tiendrebeogo, première femme directrice générale de banque au Burkina Faso

Face à la prédominance de la gente masculine sur les effectifs et le traitement salarial dans le domaine du travail, la première Burkinabè à diriger UBA Burkina dit être dans une attitude optimiste lorsqu'elle compare ce qui se faisait il y a quelques années comparé à ce qui se fait de nos jours et cela, grâce à la lutte de certaines femmes pour qu'à compétence égale les femmes bénéficient de la même rémunération que les hommes. Elle dit être persuadée que si la génération présente continue le combat, les choses ne pourront que s'améliorer. Lire la suite

Categories: Afrique

Habibata Adigoun/Somtoré : « Prôner le respect des droits des femmes ne veut pas dire leur donner plus de pouvoir afin qu'elles puissent brimer les hommes »

Mon, 08/03/2021 - 10:37

Lutter pour la protection des droits des femmes et des filles, c'est la mission du projet « Voix et leadership des femmes » depuis maintenant quelques années au Burkina Faso. Une mission qu'il accomplit à travers plusieurs activités menées sur le terrain : sensibilisation, information, assistance technique et financière des organisations de la société civile, etc. Dans le cadre de la célébration du mois de la femme, nous sommes allés à la rencontre de sa coordonnatrice nationale, Habibata Adigoun/Somtoré, qui revient sur tout ce qui est fait sur le terrain, les acquis, difficultés et des projets en cours.

Lefaso.net : Présentez-nous votre projet « Voix et leadership des femmes » ?

Habibata Adigoun/Somtoré (HAS) : Le projet Voix et leadership des femmes, appelé VLF, est un projet mis en œuvre dans environ 30 pays dans le monde et soutenu par Affaires mondiales Canada. Il est présent au Burkina Faso depuis mars 2019 et travaille pour la connaissance et la protection des droits des femmes et des filles.

Le projet travaille également pour mettre les organisations de défense des droits des femmes en réseautage afin de faire un plus grand lobbying qui puisse travailler pour l'élaboration des lois et textes et améliorer les prestations et services qui sont donnés au niveau communautaire concernant les droits des femmes. Le projet travaille également pour pallier les questions d'accès au financement des organisations de défense des droits des femmes et surtout pour les appuis techniques afin de les rendre plus dynamiques pour qu'elles puissent offrir des services de qualité au niveau communautaire.

Quelles sont les activités que vous menez sur le terrain et quels sont les objectifs visés ?

En termes d'activités, à ce jour nous avons pu lancer deux fonds sur les trois prévus par le projet. Il s'agit d'un fonds réactif pour répondre à la pandémie du Covid-19 afin d'apporter notre appui pour la réduction des violences faites aux femmes et aux filles pendant cette période. Car les statistiques ont montré qu'avec les différentes mesures prises, notamment le confinement, la fermeture des écoles et des marchés, il y a eu une recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles.

Nous avons donc, à travers un appel à projets, demandé aux organisations de la société civile de présenter des projets pouvant contribuer à une meilleure connaissance des droits des femmes et à une réduction des violences faites aux femmes et aux filles, tout en apportant une assistance juridique aux femmes et aux filles déjà victimes.

Nous avons aussi lancé un deuxième fonds appelé « Fonds pluriannuel » pour accompagner techniquement et financièrement les organisations retenues. Il y a eu 10 organisations bénéficiaires du fonds réactif et 15 pour le fonds pluriannuel. Tout cela a profité à plus de 67.000 femmes. Les activités ont été menées à travers des émissions radiophoniques, des spots publicitaires, des conférences en ligne, etc. Pour le fonds pluriannuel, nous comptons toucher encore plus de personnes.

Pour revenir aux objectifs, il faut dire que le projet vise l'amélioration de la jouissance globale des droits humains. Parce que, quand on parle des droits des femmes et des filles, cela entre dans le cadre global des droits humains. Nous travaillons donc à l'égalité de genre au niveau du Burkina avec en ligne de mire la réduction de l'inégalité de genre, de sexe. De façon spécifique, nous voulons travailler à l'émergence d'un leadership féminin et renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles des organisations de défense des droits des femmes pour les rendre plus fortes, plus organisées et plus dynamiques.

Habibata Adigoun/Somtoré, coordonnatrice du projet « Voix et leadership des femmes » souhaite que chacun et chacune fasse de la protection des droits des femmes et des filles, un devoir citoyen

Quelles sont les difficultés rencontrées en la matière ?

Parmi les difficultés que nous rencontrons, il y a la pression sociale, notamment dans le domaine des violences faites aux femmes. Lorsque nous approchons ces victimes filles ou femmes au niveau communautaire, nous nous rendons compte que la difficulté majeure pour elles, c'est d'aller porter plainte, parce que les bourreaux sont dans la famille. La peur de briser les liens sociaux fait que beaucoup de femmes ou de filles préfèrent souffrir dans le silence. Donc la difficulté majeure, c'est de briser ce silence.

Il y a aussi le fait que celles qui ont le courage d'aller au-delà de cette pression sociale pour dénoncer et porter plainte se heurtent à une lourdeur administrative au niveau de la justice. Ce qui fait que certaines préfèrent abandonner. Surtout que poursuivre son dossier en justice requiert des moyens financiers et du temps. Il y a encore un travail qui doit être fait sur le plan législatif mais également sur le plan des pesanteurs socio-culturelles afin de permettre à ces femmes d'avoir l'accompagnement nécessaire lorsqu'elles sont victimes.

En termes d'acquis, qu'est-ce qui peut être noté sur le terrain ?

En termes d'acquis, VLF a déjà réunis beaucoup d'organisations de défense des droits des femmes dans un cadre d'échange pour créer un réseautage entre elles. L'une de nos missions principales, c'est de permettre aux organisations de défense des femmes d'être en contact et de mutualiser leurs efforts pour avoir plus de résultats sur le terrain. Nous avons pu aussi réunir les grandes organisations des droits des femmes et les plus petites. Ce qui va permettre aux organisations dites grandes de pouvoir soutenir les plus petites. Il y aura un partage d'expériences et un bilan sur tout ce qui concerne la protection des droits des femmes au Burkina Faso.

Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?

A moyen terme, nous voulons accompagner nos partenaires à réaliser leurs buts, parce qu'elles ont élaboré des projets qui vont permettre aux femmes, aux filles et à la communauté de connaitre les droits des femmes dans les détails. Ces projets vont aussi permettre de mettre en place des mesures pour renforcer le mécanisme de protection des droits des femmes et des filles au Burkina afin d'avoir des résultats probants. L'avantage de VLF, c'est qu'il est présent dans plusieurs pays. A long terme, nous allons créer un système de réseautage au-delà du Burkina Faso pour un échange d'expériences qui nous permettra de voir ce qui est fait dans d'autres pays et ce qui permet à d'autres pays d'avoir plus de résultats. Nous pourrons alors nous inspirer d'eux pour agir à notre niveau.

L'égalité entre hommes et femmes est-elle importante pour vous ?

Je pense que l'égalité des genres devrait être la chose la mieux recherchée non seulement par les communautés mais aussi par les politiques. Vivre dans un monde où chacun voit ses droits respectés permet à tous de contribuer au développement du pays. Au cas où une partie voit ses droits brimés, elle restera dans le silence, mais pas pour longtemps. Pour moi donc, nous avons tout intérêt à faire en sorte que chaque citoyenne et citoyen voit ses droits être respectés. Cela permettra d'avoir une société équilibrée.

Habibata Adigoun/Somtoré prône le respect des droits de tous, hommes ou femmes

Quel est le message que vous souhaitez porter à travers vos actions ?

Comme message, j'aimerais dire que peut-être qu'il y a une catégorie de la société qui pense que, lorsque nous parlons des droits des femmes et des filles, nous avons l'intention de renverser la situation. Pour eux, il s'agit de donner plus de pouvoir aux femmes afin qu'elles puissent brimer les hommes. Je veux leur dire qu'il n'en est rien. La promotion et la protection des droits des femmes et des filles ne signifient pas que nous prônons un monde où on renverse la situation pour que ce soient les hommes maintenant qui vont voir leurs droits bafoués et les femmes être au-dessus. Lire la suite

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Dr Jocelyne Vokouma : « Au Burkina, les femmes s'illustrent le plus dans les domaines des sciences sociales et humaines et des sciences médicales »

Mon, 08/03/2021 - 10:36

Anthropologue et chercheure à l'Institut des Sciences des Sociétés, Jocelyne Vokouma a également occupé des postes à responsabilités dans l'administration burkinabè : secrétaire générale du ministère en charge de la Promotion de la femme, Gouverneur de régions... Dans cet entretien qu'elle accorde à Lefaso.net à l'occasion du 8 mars 2021, elle fait le point de la contribution de la femme burkinabè dans le domaine des sciences.

Lefaso.net : Dans quelles branches des sciences retrouve-t-on le plus de femmes au Burkina Faso ?

Dr Jocelyne Vokouma : Selon la nomenclature consignée dans un rapport de l'UNESCO sur la science, au Burkina Faso (données de 2010), les femmes sont plus nombreuses dans les sciences sociales et humaines où elles constituent une proportion de 35,9%, tandis que de façon décroissante, elles représentent respectivement 27,7% en sciences médicales, 17,4% en agronomie, 11,6% en ingénierie et technologies et 10,1% en sciences naturelles.

Quelles sont les domaines dans lesquels elles s'illustrent le plus dans notre pays ?

En me référant aux données quantitatives de l'UNESCO citées plus haut, elles s'illustrent le plus dans les domaines des sciences sociales et humaines (plus de 35%) et des sciences médicales (plus de 25%).

Soixante ans après les indépendances, peut-on dire que les sciences restent encore le bastion des hommes ?

Non ! En réalité, les sciences n'ont jamais été le bastion des hommes. Car il a fallu démonter progressivement les pseudo-barrières établies sciemment, afin de les éloigner des femmes pour que la société sous la dynamique d'une révolution des mentalités comprenne que les filles comme les garçons disposent d'aptitudes pour exceller en science. Il suffit tout simplement de leur donner les mêmes opportunités et les mettre dans les mêmes conditions de sécurité psychologique et physique pour étudier.

En effet, si pendant que l'esprit du garçon est stable pour apprendre, la fille entretient dans le sien une peur constante qu'elle peut être conduite au couteau ou à la lame de l'excision à tout moment, elle peut être mise devant le fait accompli d'un mariage sans son consentement, etc., vous comprenez que le foyer de l'intelligence humaine n'est pas secoué, ni déstabilisé de la même manière selon qu'il s'agit d'une fille ou d'un garçon dans nos sociétés. C'est vers ces directions, qu'il faut regarder l'essentiel de ce qui limite fondamentalement le potentiel des filles et des femmes dans notre pays. Autrement, tout est possible pour les deux sexes dans le domaine des sciences. Le tout est une question de volonté et d'opportunité.

Si la situation est déséquilibrée entre hommes et femmes, qu'est-ce qui d'après vous peut l'expliquer ?

Ce sont les discriminations sociales. Et il faut que les gardiens des traditions – hommes comme femmes – fassent de plus en plus d'efforts en arrêtant de perpétuer les germes de ces discriminations qui empoisonnent de plus en plus l'épanouissement quotidien des femmes et des filles dans un monde en mouvements irréversibles, pendant qu'on leur demande de continuer à vivre comme leur arrière-grand-mères, grand-mères et mères, etc. La preuve est que de nos jours, si par la force d'un combat bien réussi, l'accès à l'éducation des filles a fini par être admis, leur maintien à l'école est encore l'objet d'un difficile plaidoyer qui n'a pas encore produit des résultats définitifs. Donc, beaucoup d'efforts restent encore à faire pour convaincre que c'est en laissant la fille finir son cursus qu'elle a des chances de s'en sortir dans la vie. La tâche ne sera pas facile, mais nous ne perdons pas du tout espoir.

Est-ce qu'on peut dire que la situation s'est améliorée ces derniers temps au Burkina Faso ?

Oui ! Sans hésitation aucune, on peut très bien l'affirmer. Car, en dépit de tout ce qui ne leur facilite pas la tâche au quotidien, nous sommes rassurée des effets d'une prise de conscience relative à la nécessité d'envoyer les filles et les garçons à l'école au même titre. Les orientations scolaires et universitaires ne souffrent pratiquement plus de formes patentes de discriminations. Et cela est une très bonne chose. Le professeur d'une discipline scientifique au niveau scolaire qui donne ses cours suivant une approche sexiste court un gros risque de nos jours. Ici, je fais allusion aux enseignants de certaines matières scientifiques qui préféraient interroger par exemple plus les garçons que les filles en classe.

Autrefois, il arrivait que certains ne supportent pas que les filles dominent les garçons dans leur matière et développent des stratégies personnelles pour influencer cette tendance. Nous avons entendu des témoignages de filles sur de telles pratiques dans le passé. Ce sont des comportements vraiment dépassés aujourd'hui qui appellent à la sagesse des uns et des autres. C'est ce que j'appelle un contexte favorable à l'épanouissement scientifique des filles en milieu scolaire. Et c'est tout le sens de notre espoir d'un lendemain encore meilleur.

Quelle potion pour faire évoluer les choses ?

En terme de parallélisme de forme dans la famille, la mère est le premier modèle de la fille tout comme le père représente un modèle de référence pour le garçon. Même analphabète, lettrée ou illettrée, la mère reste le modèle de sa fille. D'où la nécessité pour toute maman de ne pas perdre cette réalité de vue. Une mère qui travaille très bien dans la vie d'une manière générale va forcément influencer positivement ses enfants, mais les filles de façon très particulière. Ainsi, c'est à travers les encouragements, les motivations de toutes sortes qu'on donnera le minimum nécessaire à la fille pour d'abord vivre sans complexe devant un garçon. Ce qui va lui permettre de nourrir positivement son quotidien de la possibilité de pouvoir faire ce qu'elle envisage de bien avec un impact positif sur la société.

L'esprit de bâtisseur se construit progressivement ainsi. C'est en rassurant l'enfant dans la nécessité d'une confiance en lui, qu'il développera en lui l'audace de faire de grandes choses dans la vie. En tant que parents, nous devons bannir de notre jargon quotidien tout ce qui est en lien avec des propos discriminatoires. De notre positivité, dépendra la capacité de la fille à transcender les discours qui nivèlent ses potentialités au quotidien. En matière scientifique, les filles et les femmes ont besoin d'une force intérieure pour foncer et s'en sortir. Car, sans résister à la société et à ses entraves, elles ne pourront pas choisir des filières scientifiques à fortiori y rester.

Il y en a qui disent qu'il y a moins de femmes dans les sciences parce qu'elles sont moins intéressées … Que leur répondez – vous ?

Cela n'est pas du tout vrai. Il faut arrêter de les traumatiser dès le jeune âge par l'excision, le viol, le rapt, le mariage forcé, le sororat, etc., pour voir si elles ne vont pas exceller là où tout le monde les crois toujours incapables ou médiocres, hélas ! C'est en créant les conditions du succès, qu'une vie peut se transformer à tout moment par pur vouloir. Dans l'accès volontaire et non canalisé des filles aux filières scientifiques, leur élan est plus freiné par la peur de tout ce qu'elles doivent affronter comme entraves au quotidien que le potentiel de leurs capacités. Lire la suite

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Hadja Sylvie Sali Soré/Compaoré : La finance islamique du groupe Coris est l'un des modèles en matière d'inclusion financière des femmes

Mon, 08/03/2021 - 10:36

Pour répondre à la problématique de l'inclusion financière des femmes au Burkina Faso, le groupe Coris Bank International a mis en place une filiale, « Finance islamique » qui offre plusieurs modalités à cet effet. Dans le cadre de la célébration de la 164e journée internationale des droits de la femme dont le thème porte cette année sur l'inclusion financière des femmes, Lefaso.net est allé à la rencontre de la directrice générale directrice de la finance islamique au sein du groupe Coris Bank, Hadja Sylvie Sali Soré/Compaoré, afin de comprendre cet instrument qui prend en compte l'inclusion financière des femmes, les difficultés, les acquis engrangés sur le terrain, etc.

Lefaso.net : Présentez-vous à nos internautes ?

Hadja Soré Sylvie Sally Compaoré (HSSC) : « Je suis Hadja Soré Sylvie Sally /Compaoré. Je suis la Directrice de la finance islamique au sein du Groupe Coris avec pour mission la mise en place et la supervision des activités de la finance islamique dans toutes les filiales du Groupe (Bénin-Burkina-Côte d'Ivoire-Mali-Sénégal-Togo et très bientôt le Niger et la Guinée).

Lefaso.net : Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots en quoi consiste la finance Islamique ?

HSSC : « La finance islamique est un système financier qui fonctionne conformément aux principes et règles de la loi et de la jurisprudence islamique. C'est un système basé sur cinq principes fondamentaux à savoir trois interdictions et deux obligations. Les trois interdictions sont notamment l'interdiction de la pratique de l'intérêt dans toutes les transactions, l'interdiction de la spéculation et de l'incertitude à outrance et enfin l'interdiction du financement de certains secteurs jugés illicites à savoir l'industrie porcine, l'alcool, les armements, etc. Quant aux obligations, c'est l'obligation d'adosser à un actif tangible tout financement consenti et enfin celle du partage des pertes et des profits ».

Lefaso.net : Quelle est la spécificité de ce type de financement par rapport aux autres que vous avez dans votre Banque ?

HSSC : « La spécificité du système financier islamique réside premièrement en ces principes que nous venons de citer plus haut. Et ces principes font d'elle une finance éthique, responsable et très sociale. En plus de ces aspects, il y a également l'obligation de la finance islamique de s'adosser à un actif tangible tout financement qui est consenti établissant ainsi un lien réel entre la finance islamique et l'économie réelle. »

Lefaso.net : Vous êtes titulaire d'un master en commerce international de l'IAE de Lyon 2 et d'un master en Finance Islamique du London School of Modern Studies. Qu'est-ce qui vous a poussé vers des études en finances islamiques ?

HSSC : « Je rends tout d'abord, grâce à Dieu qui m'a permis d'avoir ces diplômes. Il faut dire que c'est avant tout pour des raisons personnelles que je me suis intéressée à la finance islamique.. En outre, sentant de plus en plus l'intérêt du Groupe Coris à cette alternative, j'ai voulu prendre les devants afin de pouvoir saisir l'opportunité quand elle se présenterait. Effectivement, quand le moment est venu, je me suis vue confiée le projet et je remercie les premiers responsables du Groupe de m'avoir donnée cette opportunité »

Lefaso.net : Y a-t-il spécifiquement des actions en faveur des femmes dans la finance islamique ?

HSSC : « la finance islamique à travers les instruments qu'elle offre s'adapte au contexte des femmes et à leur inclusion financière. Nous avons des instruments financiers comme la « moudaraba », la « moucharaka » et beaucoup d'autres produits.. Le produit Mourabaha Financement est une opération de financement par laquelle la Banque procède, sur demande du client, à l'acquisition au comptant d'un bien et sa revente à l'acheteur final (le client) avec paiement différé du prix de vente qui est composé du coût d'achat plus une marge bénéficiaire revenant à la Banque permettant d'éviter le détournement d'objet.

Et on peut financer les stocks des femmes en finançant directement leurs besoins en fonds de déroulement au lieu qu'elles prennent l'argent en espèce qui pourrait être déployé pour autre chose qui n'est pas exactement le but principal, compte tenu des imprévus auxquels elle font au quotidien, pour lequel il a été contracté. En plus de ce produit, il y a le produit « Salam » adapté au monde agricole, parce que les femmes sont actives dans ce secteur aussi. C'est un produit qui permet d'acheter en avance les produits pour permettre à ces femmes de pouvoir disposer suffisamment de fonds afin de faire face aux dépenses et charges dans le cadre de la production notamment les intrants, les équipements, etc. Ce produit est par exemple très adapté au Burkina quand on sait que beaucoup de femmes sont dans le milieu rural.

Lefaso.net : A quels types de femmes la finance islamique s'adresse t-elle ?

HSSC : « A priori, toutes les modalités du financement islamique sont adaptées aux femmes. Comme on le dit, en finance islamique, il n'y a pas ce qu'on ne peut pas faire. A chaque besoin individuel, une offre adaptée, une structuration qui lui est propre d'où le caractère innovant des produits financiers islamiques. A travers les différentes modalités proposées, elles peuvent intéresser les femmes du plus bas niveau au plus haut. C'est ouvert à tous et sans considération aucune. C'est-à-dire, de par sa dénomination, « finance islamique » d'autres personnes peuvent se sentir exclues mais la finance islamique s'adresse à tous et toutes, sans exception aucune. Pas de coloration aucune, ni de considération religieuse, ni ethnique. Car elle s'adresse à tous ceux qui recherchent une certaine qualité dans leurs relations bancaires et bien sûr également à ceux qui, pour des raisons de convictions religieuses ont besoin d'un mode de financement qui puisse y répondre être en droite ligne avec ces convictions-là ».

Lefaso.net : Que fait concrètement votre institution pour accroitre l'inclusion financière de la femme ?

HSSC : « L'objectif même de l'avènement de la finance islamique au sein du groupe Coris, vient de cette problématique, celle de l'inclusion financière. C'est de son ambition d'offrir à sa clientèle des services toujours innovants et particulièrement soucieux de la problématique de l'inclusion financière, que le Groupe Coris, dès 2012, a manifesté un intérêt manifeste pour cette finance qui, à travers ses instruments, constitue un puissant levier de lutte contre la pauvreté. Donc à travers l'inclusion financière, il y'a non seulement le fait qu'elle contribue à l'amélioration du taux de bancarisation et surtout elle contribue au développement économique et social des Etats dans lesquels ils sont avec les instruments proposés qui sont une alternative à la finance conventionnelle ».

Lefaso.net Quelles sont les difficultés rencontrées en matière de finance islamique ?

HSSC : « Il faut dire qu'il y a des difficultés mais elles ne sont pas forcément spécifiques aux femmes. Aujourd'hui, les difficultés au niveau des financements islamiques qu'on rencontre, c'est que très souvent les femmes ont une idée déjà arrêtée du système financier et elles se disent que les banques ne sont faites pour elles. Toutefois, nous tenons à les rassurer et les invitons à s'approcher de nos services car il y a des mécanismes qui ont été mis en place et qui leur sont spécialement dédiés. Et au quotidien, nous les accompagnons à travers la formation, le coaching, les sensibilisations. En effet cet accompagnement au quotidien permet les permet d'avoir plus de confiance en elle.

Nous ne saurons terminés sans féliciter nos braves mamans et, nos sœurs qui œuvrent au quotidien à côté de braves hommes pour le bien-être de nos familles et de la nation entière.
Aussi, nous les disons qu'elles sont toutes capables quel qu'en soit son statut. ».

Interview réalisée par Yvette Zongo

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Votre journal « Courrier confidentiel » N° 228 est disponible

Mon, 08/03/2021 - 10:36

« Courrier confidentiel » N° 228 est disponible, en version papier, chez les revendeurs de journaux et sur www.courrierconfidentiel.net (pour les abonnés en ligne)

A lire dans cette édition :

GESTION DU CARBURANT AU MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE : Plus de 185 millions de francs CFA dépensés sans base légale (Rapport d'audit)

ASSASSINAT DE THOMAS SANKARA, Acte 7 : « Si vous apercevez votre chef de corps, abattez-le ! » (Voir les détails, pages 2, 3 et 4)

MARCHES PUBLICS : Ces entreprises ont produit de faux documents administratifs (Voir la liste)

SOCIETE BURKINABE DE TELEDIFFUSION : Fraude et conflit d'intérêt dans un marché de 23 millions FCFA

PROCES EN DIFFAMATION : « Chaque matin, en se rasant, le MPP rêve de voir Yacouba Ladji Bama en prison » (Me Batibié Benao, avocat de la défense)

JUSTICE : L'homme politique Ousséni Nacanabo dans un autre dossier de fraude d'or

Six élèves d'une école de formation en santé écroués pour escroquerie aggravée

Et d'autres articles

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POINTS DE VENTE DU JOURNAL (Version papier)

OUAGADOUGOU

1) ZONE DE OUAGA 2000 ET ENVIRONS
Station Total Ouaga 2000
Station Shell : Select Shop (A 150m de l'ancien siège de IAM-Patte d'Oie)
Station Total Présidence (à côté du monument des Martyrs)
Station Total Ambassade (non loin de l'Ambassade des Etats-Unis)
Station Total (sur la route de Ghana, après l'échangeur de la Patte d'Oie)
Station Total Circulaire 2 (près de la SONABEL ZAD et de l'échangeur)
Alimentation La Bergère (sur la voie -goudronnée- de Karpala, côté gauche).

2) ZONE DE PATTE D'OIE
Station Shell Inter (en face du CCVA)
Alimentation Le Privilège (à100m du rond-point des Droits humains)

3) ZONE DU CENTRE-VILLE
Station Total Kwamé N'Krumah
Station Shell (près du rond-point des Nations unies)
Librairie DIACFA
Alimentation Naré (à côté de la Brigade nationale de sapeurs-pompiers)
Station Shell SOBCA (près de la Maison du peuple)
Station Total (Camp fonctionnaire, près de l'église Cathédrale).

4) ZONE DES 1200 LOGEMENTS
Kiosque DISPRESS (à 50m de l'hôpital Saint-Camille)
Alimentation la Surface
Alimentation Le Privilège (sur la voie de Kalgondin)
Au siège du Journal Courrier confidentiel (à 200m de la clinique Sandof).

5) ZONE DE ZOGONA
Alimentation La Shopette (non loin du marché de Zogona)

6) ZONE DE DASSASGHO
Alimentation Le Levant (A 150m du Musée national)
Alimentation SONACOF (en face de Femina FM)
Station Total Zone du Bois (à 200m de la MACO)
Station Total Benogo

7) ZONE DE SOMGANDE
Station Total Somgandé (près de la boulangerie Wend-Konta)

8) ZONE DE PASPANGA
Alimentation EZAMA (près de la pharmacie des écoles)
Alimentation Le Bon Choix (à 150m de la pharmacie des écoles)

9) ZONE DE TAMPOUY
Mini alimentation (près de l'église de Kolognaba
Station Total Kolognaba
Station Shell Kilwin

10) ZONE DE GOUNGHIN
Station Total pont Kadiogo (en face de l'entrée du Centre de presse Norbert Zongo)
Alimentation Rayon d'or (en face de Marina Market)
Station Total Gounghin (non loin de Marina Market)

11) ZONE DE PISSY
Alimentation La Ménagère (près de la station Shell)
Alimentation Watinoma (à 200m du REN-LAC)

12) ZONE DE BOULMIOUGOU
Station Total de Boulmiougou
Station Shell de Boulmiougou

13) ZONE DE CISSIN
Station PETROFA Cissin
INOP (non loin de la station PETROFA Cissin)

14) Et chez les revendeurs aux abords des "feux tricolores"

BOBO –DIOULASSO
'Maison des journaux' (en face de RAN hôtel, non loin de la gare Sitarail) ;
Station Total Faidherbe à Sikasso-sira ;
Kiosque Diarra (près de la direction régionale de la CNSS) ;
Maison de distribution DISPRESS (non loin du siège de L'Observateur) ;
Chez Ouédraogo Françoise (en face du siège de ECOBANK) ;
Kiosque L'Indépendant (en face du siège de la SONAPOST, centre-ville) ;
Chez monsieur Tiendrebéogo Dominique (en face de la gare centrale de Rahimo) ;
Station Total route de Banfora ;
Station Shell (route de Banfora avant le rond-point Blaise-Kadhafi) ;
Station Prime Oil shop (en face du camp des sapeurs-pompiers) ;
Boutique La Référence de la station Access (non loin du rond-point du cinquantenaire) ;
Station Access (en face du lycée Promotion) ;
Alimentation Wend-konta (à côté de la pharmacie Hèrèso) ;
Alimentation Nana & frères 1 (non loin de la station Shell de Bindougousso) ;
Alimentation Nana & frère 2 (en face de la station SKI) ;
Station Oil Lybia (au secteur 24) ;
Kiosque de vente de journaux (non loin du siège de l'ONI).

BOROMO
A la gare de Boromo

BANFORA
Face à la pharmacie Nadon, près du grand marché

DANO : Monsieur Kaboré (vendeur ambulant) : 71 22 18 77

DEDOUGOU
Librairie du Burkina, non loin de Saint Gabriel
Au rond-point Nazi Boni

DIEBOUGOU
Non loin du rond-point de la Direction de la caisse populaire

DORI
Séno Alimentation, non loin du rond-point Arba Diallo

FADA
En face de la porte centrale du grand marché

GAOUA
Face au collège privé Thuongba et l'école primaire Sacré-Cœur

GARANGO
A 200m de la station Total

HOUNDE
Secrétariat Saint-David sur la RN1

KAYA
Alimentation Koom

KONGOUSSI : Monsieur Ouédraogo (vendeur ambulant) : 70 18 55 89

KOUDOUGOU
Alimentation Sougr-Nooma : non loin de la Place de la Nation
Librairie d'Afrique, sur la Nationale N°14, en face de la Caisse populaire

MANGA
Cave Yerbanga, non loin de Coris Bank

OUAHIGOUYA
Derrière le palais de Justice

PO
Librairie Gomgnimbou, non loin de la LONAB

TENKODOGO
En face de la Gendarmerie

Nous actualisons les autres points de vente. Ils seront publiés bientôt
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Clarisse Nadembèga : « Nous demandons aux femmes de se battre pour leur indépendance économique »

Mon, 08/03/2021 - 10:31

Le Burkina Faso, à l'instar des autres pays du monde, célèbre la journée mondiale de la femme chaque 8 mars. A l'occasion de cette journée, Les Editions LeFaso ont rencontré Mme Clarisse Nadembèga, inspectrice de l'enseignement secondaire, option droit, et présidente de l'Association des femmes juristes du Burkina Faso. Cette association milite pour le respect des droits de la femme et de la jeune fille depuis plus de 25 ans. Sans détours, Mme Nadembèga a donné les motivations qui ont abouti à la création de l'association ainsi que les difficultés qu'elle rencontre. Elle a aussi livré un message à l'endroit de toutes les femmes du Burkina Faso, après avoir donné son appréciation sur la situation de la femme de façon globale au "pays des Hommes intègres".

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer ce qui a conduit à la création de l'Association des femmes juristes du Burkina et à quels besoins répond-t-elle ?

Nadembèga Clarisse : Je suis Mme Nadembèga née Zoungrana Clarisse, inspectrice de l'enseignement secondaire, option droit, présidente de l'Association des femmes juristes du Burkina (AFJB). Ce qui a conduit à la création de l'AFJB, c'est qu'un groupe de femmes juristes en son temps, a fait le constat que les droits des femmes et des filles n'étaient pas effectifs au Burkina et qu'il y avait aussi des discriminations fondées sur le sexe. N'ayant pas de cadre pour les accompagner, elles ont décidé de créer une association dénommée Association des femmes juristes du Burkina Faso pour pouvoir non seulement les informer sur leurs droits mais aussi œuvrer à leur défense. C'est ce qui a motivé la création de cette association en 1993.

Peut-t-on affirmer que l'association est socialement utile, plusieurs années après sa création ?

L'association est socialement très utile parce que nous avons constaté qu'à travers nos cliniques juridiques de Bobo et de Ouagadougou, beaucoup de femmes viennent vers nous en quête d'informations. Elles viennent également pour des conseils juridiques. Nous accompagnons certaines sur le plan juridique afin qu'elles puissent entrer dans leurs droits. En disant cela, nous ne parlons forcement de divorce, mais de cas de femmes qui sont brimées par rapport à leurs droits dans la famille : droits sur les enfants, garde des enfants nés hors mariage... Il y a aussi le cas de femmes qui ont perdu leurs maris. Les femmes ne maitrisent pas forcement le cadre législatif par rapport à la succession. Il y a aussi le fait que la procédure coutumière persiste.

De quels moyens d'action disposez-vous pour lutter contre les violences faites aux femmes ?

Pour atteindre son objectif qui est de lutter contre les discriminations à l'égard des femmes et arriver à l'effectivité des droits des femmes au Burkina, l'AFJB dispose de plusieurs moyens d'action. Il y a d'abord les sensibilisations à l'endroit des femmes elles-mêmes et des populations. Ensuite, à l'endroit des leaders religieux et coutumiers. Nous avons aussi des formations que nous initions à l'endroit des acteurs judiciaires, extra judiciaires et des personnes que nous identifions dans différentes localités que nous appelons des « agents de changement ». A ces derniers, nous donnons des formations sur les droits des femmes.

Vous rencontrez certainement des difficultés. Est-ce que vous pouvez les évoquer ?

Nous avons vraiment des difficultés. Elles sont essentiellement financières. Vous savez que l'accompagnement juridique des femmes est très onéreux. Dans l'année, nous budgétisons à peu près 1,5 millions de francs CFA pour soutenir les avocates qui reçoivent les cas de l'association, si bien qu'il y a en qui se retrouvent avec plus de quarante dossiers sous le bras. Il y a aussi le fait que nous sommes présents seulement à Ouagadougou et Bobo Dioulasso alors que le besoin est partout.

Mme Nadembèga née Zoungrana Clarisse, présidente de l'Association des femmes juristes du Burkina (AFJB)

Si nous avions la possibilité d'être partout, cela allait beaucoup aider les femmes. En attendant, nous effectuons des sorties ponctuelles pour mener nos activités. Malgré les sensibilisations, les violences faites aux femmes ont la peau dure. Les pesanteurs socio-culturelles persistent mais cela ne nous décourage pas parce que l'AFJB survit depuis près de 25 ans. Nous avons remarqué qu'il y a une nette amélioration. Les femmes sont plus aptes à dénoncer les violences.

Comment accompagnez-vous les femmes burkinabè dans leur quête d'épanouissement économique ?

En réalité, l'objectif de l'AFJB, n'est pas de garantir l'épanouissement économique des femmes. Nous œuvrons plutôt dans la promotion et la défense de leurs droits. Mais nous savons que les problèmes économiques sont quelques fois à la base de violences. La dépendance économique des femmes vis-à-vis des hommes, est une cause des violences. Ce que nous faisons, c'est de les former pour qu'elles puissent se prendre en charge.

Lorsque nous faisons nos sorties, effectivement, la plupart des femmes évoquent des soucis financiers. Nous avons donc intégré dans nos actions des accompagnements sociaux. Pour le moment, il s'agit de réunir des habits, du savon, un peu d'argent et surtout des vivres pour faire des dons à ces femmes. C'est infime, mais c'est déjà quelque chose. Nous travaillons aussi avec des structures qui accompagnent les femmes dans les activités génératrices de revenues.

Considérez-vous votre démarche comme « féministe » ?

Oui. Mais cela se justifie car lorsque que nous parlons des droits des femmes, ce n'est pas de nouveaux droits que nous réclamons. Le constat est que les femmes arrivent difficilement à jouir des droits qui leurs sont reconnus. C'est pourquoi nous travaillons à ce que les femmes elles-mêmes connaissent leurs droits, que les populations connaissent les droits des femmes afin que le respect soit effectif. Il faut que les femmes aussi puissent exercer leurs droits en tant qu'êtres humains.

Mme Nadembèga née Zoungrana Clarisse, présidente de l'Association des femmes juristes du Burkina (AFJB)

Pourquoi, d'après vous, de nombreuses personnes sont allergiques au mot « féminisme » ?

Les gens sont allergiques parce qu'ils pensent que quand on parle de droit de la femme, on veut d'autres droits en plus de ce qui est déjà en place. Ils le sont aussi parce que les pesanteurs socio-culturelles sont pour quelque chose dans cette situation. Quand par exemple quelqu'un a été éduqué dans un environnement où on pense que seul le garçon a des droits, il est difficile de lui faire comprendre par la suite que sa femme a les mêmes droits que lui.

Comment jugez-vous de façon globale, la situation de la femme au Burkina ?

De façon globale, la situation de la femme a évolué positivement. Sur le plan législatif, le Burkina a ratifié beaucoup de textes relatifs aux droits des femmes, au niveau national et international. Il y a même des lois qui ont été adoptées en faveur des femmes. Ces efforts de la part des gouvernants sont vraiment à saluer. Lire la suite

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Décès de Khaman Ibrahima Sory SIDIBE : Remerciements et faire-part

Mon, 08/03/2021 - 10:30

La grande famille Sidibé à Bobo Dioulasso, Wassoulou, Bamako et Abidjan, Espagne, France
La grande famille Sangaré à Bobo Dioulasso et Ouagadougou
Les grandes familles Diawara, Diakité, Sy, Haïdara, Beouindé , Kudawoo, Ouattara, Diop, Fofana, Diallo, Traoré, Sanou, Bassin, Cissé et alliées, les amis et connaissances

Mmes Oumou Sidibé et soeurs à Lafiabougou
M. Mamourou Sidibé en Espagne
M. Fodé Sidibé et famille à Sikasso Cira
M. Sidi Mohamed Sidibé en France
La veuve Mme Sidibé / Diakité Aminata et enfants, Tahi, Leina, Sérigne, Handal, Doudou et Daktar

Remercient tous ceux qui les ont assistés lors de la maladie et du décès de leur regretté fils, frère, père, époux, beau-frère, oncle et grand-père M. Khaman Ibrahima Sory SIDIBE le 2 février 2021 à Ouagadougou

ls remercient particulièrement :
Le Président du Faso, Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE et son épouse
M. Ousmane NACRO, Ministre de l'Eau et de l'Assainissement
Sa majesté le Larlé Naba Tigré
M. Lassiné DIAWARA et son épouse
M. Seydou DIAKITE et son épouse
M. Armand BEOUINDE Maire central de Ouagadougou et son épouse
M. Oumarou IDANI, Ex Ministre des Mines
M. Blaise SANOU, DG de Air Burkina
M. Zakaria SANFO, DG Exploration IamGold
El Hadj Mahamadi KOUANDA
M. Fousseni DIARRA
El Hadj Siaka SANOU, Grand Imam de la mosquée de Dioulassoba
El Hadj Mohamed Sabty SANOGO, Grand Imam de la mosquée de Kombougou
El Hadj Malamine DJÉNÈPO, Grand Imam de la mosquée de Diarradougou.
El Hadj Amidou OUEDRAOGO, Grand Imam de la mosquée de Lafiabougou
El Hadj Issa FOFANA
EL Hadj Moussa FOFANA
Les délégations venues des différentes régions du Burkina et d'ailleurs, du Mali, de la Côte d'Ivoire…
La chefferie Bobo Madarin
La chefferie Dioula de kombougo
Le Président du Conseil Régional des Hauts Bassins
Le Maire de la Commune de Bobo Dioulasso

Tous les Imams et leurs suites, les voisins, les sapeurs-pompiers de Lafiabougou, les membres de la l'association FASO GNETAGA, et tous ceux dont les noms n'ont pu être cités.

Qu'Allah récompense chacun pour ses bienfaits.
Ils vous informent que la cérémonie du 40ème jour aura lieu le 14 Mars 2021 à Lafiabougou à partir de 8h30.

"Inna lillahi wa Inna lillahi radjioune"

Categories: Afrique

Association alliance féminine : Faire de l'indépendance financière de la femme une réalité

Mon, 08/03/2021 - 10:30

Accompagner les femmes peu ou pas scolarisées à accéder à un emploi décent et sécurisé. C'est la noble mission de l'Association alliance féminine (AFEM). Mise sur pied dans les années 2000, l'AFEM œuvre au quotidien à faire de l'indépendance financière de l'autre moitié du ciel une réalité, à travers des activités génératrices de revenus. L'association vient d'ajouter une autre corde à son arc : la formation des jeunes filles et femmes dans divers métiers ainsi que la promotion des droits humains, notamment la défense des droits des femmes. Membre fondatrice de l'AFEM, Gisèle Dabré née Tiendrébéogo, est à la tête de l'association depuis quelques années. Avec elle, nous en apprenons davantage sur la vie de l'association, ses principaux défis quotidiens ainsi que les perspectives envisagées. Dame Dabré a aussi partagé avec nous sa vision sur des questions touchant à la promotion de la femme telle le quota genre ainsi que la célébration de la journée internationale des droits des femmes.

L'Association alliance féminine est née de la volonté d'améliorer les conditions de vie des femmes. En effet, ayant fait le triste constat des difficiles conditions socio-économiques des femmes peu ou pas scolarisées, les membres fondateurs de l'AFEM ont voulu apporter leur contribution pour changer les choses, en mettant sur pied une organisation qui, par la création d'activités génératrices de revenus, va contribuer au mieux-être des femmes. C'est ainsi qu'avec les différents membres, des produits cosmétiques et de nettoyage sont fabriqués et commercialisés dans une boutique appartenant à l'association. Les membres qui mènent des AGR, sont aussi appuyés dans la promotion de leurs activités.

Pour la présidente de l'AFEM, Gisèle Dabré, ne pas être diplômée ne devrait pas constituer un obstacle au droit à un emploi décent et sécurisé. Car s'il est important de défendre les droits des femmes à travers des plaidoyers et des activités de communication, il est indéniable qu'une indépendance financière leur permettrait de mieux jouir de leurs droits. C'est pourquoi, l'association, dans sa nouvelle stratégie, s'est engagée dans la formation des jeunes filles et femmes dans divers métiers qu'elles exercent déjà, mais qui nécessitent d'être professionnalisés. Il s'agit du nettoyage, de la restauration, du repassage, de la fabrication de savon liquide ainsi que du ménage dans les familles et lieux de service.

Membre fondatrice de l'AFEM, Gisèle Dabré née Tiendrébéogo

La présidente de l'association est convaincue que si ces métiers sont effectués avec professionnalisme, les femmes pourront tirer leur épingle du jeu et bénéficier de revenus décents. C'est pourquoi, avec ses collaborateurs, elle ne ménage aucun effort pour acquérir à sa cause des partenaires qui voudraient bien l'accompagner, afin qu'une formation de qualité soit offerte à environ 150 femmes et jeunes de la province du Kadiogo et des villages environnants. Lire la suite

Categories: Afrique

Célébration du 8-Mars : « Il faut que les femmes poursuivent le combat mais sans une opposition aux hommes », Julienne Dembélé de l'association Femme et vie

Mon, 08/03/2021 - 10:20

Le lundi 8 mars 2021, le Burkina Faso, à l'instar des autres pays du monde entier, célèbre la Journée internationale de la femme. Une occasion donnée pour réfléchir sur leurs conditions de vie. Dans le cadre de cette commémoration, nous avons rencontré Julienne Dembélé/Sanou, coordonnatrice des projets et programmes à l'association Femme et vie. Elle illustre bien la combinaison de la femme qui s'épanouit dans le travail et les loisirs, tout en prenant le temps de prendre soin également de sa vie de femme au foyer. Dans cette interview qu'elle nous a accordée, Mme Dembélé dévoile son combat au quotidien pour l'épanouissement de la femme burkinabè.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mme Dembélé : Je suis Mme Dembélé née Sanou Julienne. Je suis la coordonnatrice des projets et programmes à l'association Femme et vie.

Qu'est-ce qui a milité à la création de votre association et à quels besoins répond-elle ?

L'association Femme et vie est une organisation de femmes qui a vu le jour le 9 mars 2005. L'association est basée à Bobo-Dioulasso et est reconnue sur le plan national. Nous avons des représentations à Dédougou, Banfora, Diébougou et à Houndé. Nous travaillons aujourd'hui avec environ 150 femmes qui œuvrent chaque jour au sein de l'association pour l'épanouissement de la femme.

Ce qui nous a poussées à créer cette association, c'est la souffrance des femmes, leur vulnérabilité, leur insuffisance dans l'organisation. C'est-à-dire qu'elles hésitent souvent à se mettre en association ou encore en réseau. Et les besoins pour lesquels l'association a été créée, c'est la capacitation des femmes, de sortes à les rendre plus résilientes face à la pauvreté et les violences basées sur le genre. En association, on est plus forts qu'individuellement.

Quels sont vos principaux combats pour l'épanouissement de la femme burkinabè ?

Le principal combat que nous menons au quotidien pour l'épanouissement de la femme burkinabè est celui de l'équité genre. Il y a encore trop de violences basées sur le genre. Prenons quelques exemples, dans le domaine de l'éducation, du primaire au secondaire, plus on monte, plus le taux de maintien des filles dans le système est très faible par rapport à celui des garçons. Les actions de l'Etat en faveur de la scolarisation des jeunes filles sont à saluer même si elles n'ont pas résolu tout le problème. Elles ont certes contribué à élever le taux de scolarisation des filles, mais leur maintien dans le système n'est pas assuré.

Or, le premier facteur d'épanouissement de la femme est l'éducation. Une femme éduquée est beaucoup plus résiliente face aux violences comme l'excision, le mariage forcé ou précoce. Dans le domaine de la santé, un simple exemple, c'est le nombre de femme qui meurent encore en couche au Burkina Faso. Cela n'est pas normal. Le programme des gratuités de soins mis en place par l'Etat pour les femmes enceintes et les enfants de zéro à cinq ans est une bonne chose. Maintenant, il faut travailler à corriger les dysfonctionnements de ce programme.

Dans le domaine de l'autonomisation de la femme, le principe d'infériorité de la femme par rapport à l'homme reste encore trop présent dans la conscience populaire. Il y a donc un travail de déconstruction à faire à ce niveau. Car il sous-tend beaucoup de violences comme la non-implication de la femme dans les décisions du ménage sur des questions concernant elles-mêmes. L'homme prend seul les décisions au risque de se tromper. Il faut la complémentarité de la femme et de l'homme. Comme le disait Héraclide, c'est dans l'union des contraires que réside l'harmonie du monde. Pour accroitre le niveau d'implication des femmes dans les décisions au sein de leur famille, il faut nécessairement accroitre leur niveau d'instruction, leur pouvoir économique.

En résumé, les principaux défis à relever pour l'épanouissement de la jeune fille, de la femme burkinabè, sont celui de l'éducation, de l'accès à des soins de qualité à tout moment, de l'autonomisation qui passe par la jouissance du droit aux facteurs de production, dont la propriété foncière.

Est-ce que les femmes ont conscience de ces potentialités pour leur épanouissement ?

Oui, elles en sont conscientes. Et pour en être plus conscientes, il faut qu'elles bénéficient de l'éducation car c'est un grand facteur de développement. Cela leur permettra de mieux comprendre la situation dans laquelle elles se trouvent.

Quels sont vos moyens d'actions ?

Notre principal moyen d'action est l'éducation aux droits humains des acteurs. Les femmes elles-mêmes pour accroitre leur capacité de résilience, et les hommes qui sont les auteurs des violences basées sur le genre afin qu'ils comprennent que certaines pratiques sont néfastes, et aussi les leaders coutumiers et religieux qui sont les dépositaires de la tradition. Nous pensons donc à leur renforcement de capacité, la formation, la sensibilisation pour amener le changement de cette situation. Ces actions sont menées à travers la mise en œuvre de différents projets avec l'accompagnement de nos partenaires qui sont entre autres, le ministère en charge de la femme à travers leurs services déconcentrés, les ONG nationales et internationales intéressées par ce que nous faisons. Nous les remercions au passage.

Je pense à ces sœurs, à ces mamans qui (...) tant qu'elles ne vont pas chercher ce fagot de bois pour aller vendre, ne saurait comment se débrouiller pour survenir au besoin de la famille

Quelles difficultés votre association rencontre-t-elle sur le terrain ?

Les difficultés ne manquent pas. Nous avons la réticence de certains hommes en raison de la persistance des préjugés sur la femme. On a également l'indisponibilité des ressources et toutes les associations ont ce problème. Nous avons beaucoup de projets dont le financement n'est pas toujours assuré. Or la cotisation des membres ne représente pas grande chose. Vue la pauvreté qui sévit dans nos contrées et dire à une femme de cotiser n'est pas chose aisée.

Est-ce qu'il y a des actions qui sont menées en faveur des hommes afin de les amener à un changement de comportement ?

C'est à travers l'éducation aux droits humains. Par exemple, nous avons le projet avec le Fonds commun genre pendant quatre ans. A travers ce projet nous avons réalisé des formations, des séances de sensibilisation à travers des théâtres fora où nous sommes allées vers ces hommes pour les sensibiliser afin de les amener petit-à-petit à changer. Le changement de mentalité n'est pas une chose facile. C'est une lutte de longue haleine. Ce qui est sûr, on continue le combat.

Qu'est-ce que vous pensez de la célébration du 8-Mars, la Journée internationale de la femme ?

La célébration du 8-Mars est une très bonne chose. Puisque à cette occasion, le monde entier marque une halte dans les activités quotidiennes pour réfléchir à la condition de la femme. Quel est le chemin parcouru, où en sommes-nous, et quelles sont les perspectives. L'aspect festif ne doit pas prendre le pas sur le caractère de la réflexion sur la condition de la femme. Les célébrations doivent être inclusives de toutes les couches sociales. Donc je pense à ces sœurs, à ces mamans qui, du matin au soir, sont en train d'œuvrer pour chercher la pitance quotidienne. Lire la suite

Categories: Afrique

Conflit foncier interreligieux à Bobo-Dioulasso : Quand l'oral et l'écrit se disputent la paternité d'un terrain

Mon, 08/03/2021 - 10:19

A travers une conférence de presse organisée le vendredi 5 mars 2021, des musulmans ont exprimé leur mécontentement quant à l'attribution de ladite parcelle à l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso. Si la communauté musulmane a souhaité que cette parcelle lui soit restituée pour la construction d'une mosquée, celle catholique prône surtout le dialogue pour préserver le vivre-ensemble et la cohésion sociale au Burkina Faso.

Un conflit foncier oppose la communauté musulmane à celle catholique au quartier Belleville, dans l'arrondissement 7 de la commune de Bobo-Dioulasso. Le problème est lié à une réserve administrative formant la parcelle 00 lot 08 section AK, d'une superficie de 21 110 m2 environ.

En effet, des musulmans du quartier Belleville (secteur 29) dans l'arrondissement 7 de la commune de Bobo-Dioulasso ne sont pas contents. Ils estiment qu'on leur a fait la force en retirant leur parcelle pour ensuite l'attribuer à la communauté catholique. Ils l'ont fait savoir le vendredi 5 mars 2021 au cours d'un point de presse.

Selon le porte-parole des conférenciers, Ousmane Zonou, cette réserve devrait être attribuée à la communauté musulmane pour la construction d'une mosquée depuis les années 2008. Et à leur grande surprise, ils constatent qu'elle est attribuée à la communauté catholique qui avait déjà commencé des travaux sur le site. « C'est depuis 2003 que nous avons occupé le site. A l'époque, nous avions approché les différents maires. De Karim Barro, puis Moussa Hema et Herman Sirima, nous avons souhaité qu'ils nous attribuent cette réserve pour la construction de notre mosquée car nous n'avions pas une place pour prier à l'époque. On n'a jamais eu de suite à notre demande », a-t-il expliqué.

Le porte-parole des conférenciers, Ousmane Zonou

A l'en croire, ils avaient même commencé la construction de leur mosquée sur la réserve depuis 2008 et ce, avec l'accord du maire Karim Barro. Mais les travaux n'iront pas loin sur le chantier car vite interrompus par ce même maire Karim Barro à l'époque. Ce dernier leur avait demandé de suspendre les travaux en attendant de réunir les papiers nécessaires pour l'attribution de la parcelle. « On est restés à attendre jusqu'à aujourd'hui. Lorsqu'on avait approché Moussa Hema, lui s'est déporté sur les lieux pour constater de visu les travaux qu'on avait déjà commencés. Ce dernier avait promis de nous faire un retour jusqu'à ce qu'il parte de la mairie. Lorsque Herman Sirima est arrivé à la tête de l'arrondissement, nous avons envoyé une délégation pour le voir. Ça a été toujours les mêmes promesses, "qu'ils vont voir" », a déploré le porte-parole des conférenciers.

Vue de la réserve administrative formant la parcelle 00 lot 08 section AK, d'une superficie de 21 110 m2 environ

Il a affirmé avoir été reçu par le secrétaire général de l'arrondissement qui avait voulu savoir pourquoi il y avait une mosquée inachevée sur le site. « Nous lui avons expliqué toute l'histoire, et les maires nous avait promis de déclasser la réserve et de nous l'attribuer. A cette rencontre ils ne nous ont pas dit que la réserve était déjà attribuée à quelqu'un. C'est après que les chrétiens nous ont approché pour nous dire que la réserve leur est attribuée et qu'il fallait quitter sur les lieux. Nous leur avons dit non, parce que quitter sur les lieux ce n'est pas facile. Nous sommes les premiers occupants de cette réserve administrative », a rappelé Ousmane Zonou.

C'est ainsi que la communauté catholique a saisi la mairie de l'arrondissement 7 pour lui faire part de la situation. Le mercredi 3 mars 2021, les protagonistes ont été convoqués par l'autorité administrative afin de trouver un terrain d'entente. A l'issue de la rencontre et après avoir écouté les deux camps, l'autorité leur avait suggéré le dialogue afin de trouver un terrain d'entente. Par ailleurs, elle avait promis de se concerter avec tous les conseillers de l'arrondissement pour voir ce qu'il a lieu de faire. Et c'est dans cette attente que le camp de la communauté musulmane a décidé de se faire entendre par l'opinion publique. Selon eux (les musulmans), ils ne souhaitent pas que cette histoire entrave la bonne cohabitation des deux communautés dans le quartier.

La mosquée dont les travaux ont été interrompus

Cependant, ils ont souhaité rentrer en possession de « leur terrain ». Ainsi, pour le porte-parole, de 2003 à 2020, ce n'est pas deux jours. N'ayant pas de documents nécessaires qui prouvent que la parcelle est la leur, Ousmane Zonou a estimé que « la mosquée sur les lieux représente plus qu'un papier. La mosquée c'est pour Dieu alors que le papier c'est l'homme qui fait. Donc la mosquée est plus valable que la signature d'un papier », a-t-il dit.

L'autorité administrative s'explique

Après avoir écouté la version des faits de la communauté musulmane, Lefaso.net a voulu en savoir davantage auprès des responsables de l'arrondissement 7 de Bobo-Dioulasso, qui n'ont pas hésité à livrer leur version. Ainsi, selon les explications de l'autorité administrative, notamment le premier adjoint au maire de l'arrondissement 7, Charles Sanou, la démarche de la communauté musulmane pour l'acquisition de la réserve a été faite de manière verbale. Il n'y a pas eu d'écrit pour demander la réserve alors que l'archidiocèse avait introduit une demande depuis Ouagadougou pour avoir une autorisation de déclassement de la réserve administrative, au niveau du ministère en charge de l'Economie et des Finances.

Les autorités de l'arrondissement 7 donnent leur version des faits

« La demande de changement de destination de la réserve n'a pas été introduite au sein de l'arrondissement. Généralement la demande est déposée au niveau du ministère des Finances et c'est ce qui a été fait. Ensuite, cette demande est renvoyée au niveau de la collectivité territorialement compétente pour donner juste un avis. Lorsque nous avons reçu la demande qui datait du 20 juillet 2018, le Conseil a été saisi et la délibération a été adoptée. Et il fallait qu'on vérifie au niveau domanial pour voir est-ce qu'il n'y a pas une autre demande sur la même réserve. La vérification a été faite et nous avons constaté à l'époque qu'il n'y avait pas une autre demande. C'est ce qui a permis d'introduire ce projet de délibération qui a été adopté à l'époque par 23 voix pour et une abstention », a expliqué le secrétaire général dudit l'arrondissement, Etienne Bako.

C'est à l'arrondissement 7 que nous avons appris que la communauté musulmane a demandé à l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso de lui céder une partie de la réserve, pour poursuivre les travaux de construction de la mosquée. Chose qui ne relève pas de ses compétences. « Dans la recherche de solutions pour le bon-vivre des populations, comme c'est une affaire de religion, nous avons souhaité rencontrer les deux parties. Au cours de la rencontre, le problème a été posé et la communauté musulmane n'a pas voulu écouter ; parce qu'elle trouve qu'on lui a fait la force car elle a été la première à occuper les lieux. L'archidiocèse de Bobo-Dioulasso nous a fait savoir qu'avant de commercer les travaux, il a d'abord échangé avec les musulmans pour le bon-vivre. Ces derniers (les musulmans) avaient compris et ont voulu qu'on coupe une partie de la réserve pour eux. La communauté catholique leur avaient dit qu'elle n'était pas habilitée en la matière. Et que si cela devrait se faire, ils doivent repartir à la base », a relaté Charles Sanou, premier adjoint au maire de l'arrondissement 7.

Le premier adjoint au maire de l'arrondissement 7, Charles Sanou

L'autorité pour qui le papier prime, a néanmoins invité les protagonistes au dialogue, à plus de compréhension et à prôner surtout la cohésion sociale. « Nous leur avons dit que c'est entre eux qu'ils peuvent trouver la solution à ce problème. C'est vrai que nous avons pris une délibération, mais en entourant ça de précautions. On n'a pas fait la force à quelqu'un. Ce sont les textes qu'on a suivis. Aujourd'hui, la communauté musulmane n'a rien pour prouver que la réserve leur appartient alors que l'archidiocèse a un document en bonne et due forme », a-t-il laissé entendre.

Toutefois, il a insisté sur le fait que ce n'est pas l'arrondissement qui a été saisi directement pas la communauté catholique. « C'est depuis Ouaga que la demande a été formulée et le ministère nous a envoyé juste un arrêté pour que le Conseil puisse donner son avis. L'avis a été donné en considérant qu'il n'y avait pas une autre demande pendante devant le Conseil sur la même réserve », a insisté Charles Sanou.

Le dialogue comme moyen de promouvoir la cohésion sociale

A en croire l'autorité administrative, la demande de la réserve a été faite par la communauté catholique, en vue de construire des infrastructures d'œuvres sociales. A cet effet, nous avons cherché à rencontrer la communauté catholique qui n'a pas voulu parler par presse interposée. Selon le père Oscar Sondo que nous avons joint au téléphone, « c'est comme si nous parlons dans le dos de quelqu'un. Si nos frères musulmans étaient en face, on allait parler de manière claire », a-t-il dit.

Il a tenu à préciser que la réserve a été acquise selon la procédure légale. Il invite cependant la communauté musulmane à plus de dialogue car il estime que ce problème n'en est rien. « Je ne veux pas parler dans le dos de la communauté musulmane car je ne veux pas envenimer quelque chose qui n'en est rien en réalité.

Pourtant il y a eu des pourparlers avec la communauté musulmane. Cette sortie est un rebondissement de dernière minute que nous ne comprenons pas. Si nous devons parler à la presse également c'est comme si nous donnons du poids à ce problème qui n'en est rien. C'est comme s'il y avait un problème entre les deux communautés. On ne se sent pas en conflit avec nos frères musulmans », a expliqué le père Oscar Sondo.

Il a invité la communauté musulmane à reprendre le dialogue. « Nous sommes ouverts au dialogue. C'est lorsque le dialogue est rompu qu'on passe par presse interposée et cela n'est pas intéressant. Donc on n'est pas en opposition avec cette communauté. Si nous pouvons nous rencontrer pour parler, nous allons le faire », a-t-il conclu.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Femme dans la recherche : Le règne de la discrimination et de l'autocensure

Mon, 08/03/2021 - 10:17

La science n'a pas de sexe et même si elle devait en avoir, ce serait le sexe féminin. Incontestablement, les femmes sont aussi capables que les hommes d'exceller dans ce domaine et pourtant elles sont sous-représentées. La science est un univers masculinisé ne laissant qu'une portion congrue à la gente féminine : la proportion de femmes scientifiques est de seulement 29,3% dans le Monde et légèrement plus élevé en Afrique subsaharienne 31,8%.

Entre discriminations et autocensures, il y a trop peu de femmes dans le monde de la recherche et par ricochet aux postes clés. Les carrières des femmes doivent elles se résumer derrière leurs « casseroles » ? Face à cette évidence, les centres de recherche, les gouvernants doivent mettre en place des formations sur les stéréotypes de genre.

Les stéréotypes doivent-ils être plus forts que la raison ? Les scientifiques, que l'on imaginait au-dessus des préjugés, ne font malheureusement pas exception à la pensée dominatrice qui veut que science soit égale à homme : 80% des scientifiques, quasi indifféremment de leur sexe partage sciemment ou inconsciemment cette assertion.

A leur décharge, cela commence dès l'enfance, par des représentations qui impactent négativement les performances des filles en mathématiques et leur orientation vers les sciences exactes. Celles qui échappent à ce premier tamis, sont rattrapées lors des recrutements par un tamis plus fin et plus subtile aux mailles tressés par tous ces fils de préjugés conscients et inconscients enfouis ou apparents dans l'imaginaire collectif, devenus normes.

La place minimaliste de la femme dans la recherche est une plaie de plus de notre société. En étouffant, en sacrifiant toutes ces potentialités au nom d'un machisme triomphant, on singularise le regard en y perdant une certaine sensibilité, une douceur et une perspicacité propre aux femmes ; somme toute dommageables à la société et à son évolution.

Notre société étant le reflet de notre humanité ; pour la construction de sociétés plus justes, prospèrent, agréables à vivre, en somme plus humain au sens divin du terme, il est impérieux que les opportunités dans tous les domaines en général et dans la science en particulier échappent au filtre du genre : la compétence et le mérite doivent constituer les seuls critères qui vaillent.

Il faut lutter contre tous les stéréotypes liés au genre en amont en insistant sur la sensibilisation et par des politiques éducatives plus ambitieuses et réalistes et en aval en améliorant le fonctionnement des instances de recrutement, de promotion et de valorisation par la correction des tords séculaires dont les femmes en sont et restent longtemps les victimes oubliés et négligées.

Dr Bougouma Edith Christiane
PharmD, PhD en Santé Publique/Microbiologie
Email:bougouma.cedith@gmail.com

Categories: Afrique

Tania Tindano ou le miracle de l'éducation inclusive

Mon, 08/03/2021 - 10:16

Etudiante en journalisme à Ouagadougou, Tania Tindano n'a jamais accepté que son handicap visuel puisse être un frein à son épanouissement personnel. Pour elle au contraire, cette infirmité est une raison suffisante pour se battre afin de prouver que l'absence de la vue ne doit pas constituer une barrière à l'épanouissement d'une personne. Cette pensionnaire de l'Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication (ISTIC) est un témoignage des bienfaits de l'éducation inclusive. Portrait.

Native du village de Boungou-Natimsa, dans la commune de Mané, province de la Gnagna, Tania Tindano, « Tani » pour les intimes, n'a jusque-là pas eu l'occasion de voir comment brille le soleil. Elle est née avec une déficience au niveau des yeux, ce qui ne lui permet pas de voir. Mais cela n'a jamais constitué un obstacle à sa réussite scolaire. Certes, tout n'a pas toujours été rose pour elle, mais elle est déterminée à prouver à son entourage que les handicapés visuels pouvaient aussi réaliser le même parcours scolaire que les autres. « Je refuse d'accepter mon état comme un problème. Il est vrai qu'on voit une barrière physique, mais ce n'est pas un problème pour moi en tant que tel, car j'arrive à étudier comme les autres », confie-t-elle.

Il lui a fallu faire face à d'énormes difficultés pour être ce qu'elle est aujourd'hui : une étudiante en journalisme de niveau 2 à l'ISTIC. Tout le long de son parcours scolaire, elle a dû affronter le scepticisme de ses proches, répondre aux multiples interrogations de ses condisciples sur ses outils d'apprentissage et même essuyer le refus de certains enseignants qui ne voulaient pas d'elle dans leurs effectifs.

Malgré tout, notre « héroïne » a su prouver que, même s'il lui manquait la vue, elle était assez intelligente pour fréquenter les mêmes classes que les autres. « J'ai toujours eu de bons résultats scolaires. Ce qui m'a toujours stimulé et surtout encouragé mes professeurs dont certains hésitaient au début à m'accompagner. Je pense que cela ouvre également la voie pour d'autres handicapés, qui pourront être acceptés avec moins de réticences », dit-elle.

Détermination

Quatrième enfant d'une famille polygame qui compte 9 enfants, Tani est la seule qui a eu la chance d'aller à l'école. Orpheline de père, elle a été élevée par sa grand-mère maternelle. Grâce au petit frère de sa maman, elle intègre le centre pour handicapés de Madiaga, dans la province de la Tapoa. La collaboration entre ce centre et le centre médical de Piéla lui a permis d'aller à l'école en 2006. Dans cette école, elle a toujours tenu le premier rang, ce qui a incité ses enseignants à la présenter à l'examen du CEP pendant qu'elle faisait le CE2, avec les autres élèves qui avaient fait les six années d'études requises.

C'est au collège privé Evangélique Hamtandil, situé à quelques mètres du centre, qu'elle ira fréquenter ensuite le premier cycle du secondaire. Ce sera aussi le début de ses difficultés avec certains enseignants qui estimaient qu'il était plus judicieux de créer des écoles spécifiques pour les malvoyants, au lieu de les accueillir dans les mêmes classes que les autres.

Mais très vite, dès la classe de 6e, Tani démontre qu'elle mérite d'être présente dans ce collège, au même titre que ses camarades "normaux". Sur un effectif de 92 élèves, elle se hisse au premier rang avec 18,86 de moyenne sur 20. Elle sera ensuite accueillie au lycée public de Madiaga situé à trois kilomètres de son ancien centre, pour le second cycle. C'est là-bas qu'elle décroche le baccalauréat en 2019. Là aussi, Tani a dû faire face à la réticence de certains examinateurs, surpris de la voir passer l'examen avec les autres élèves.

Le bac en poche, elle fait ses valises pour Ouagadougou. Mais une fois dans la capitale, quelle ne fut pas sa surprise quand elle se rend compte que, même dans une grande ville, plusieurs personnes -dont des acteurs de l'éducation- ignoraient ce qu'était l'écriture braille.

On lui demandait sans cesse où est-ce qu'elle avait étudié pour arriver jusqu'en terminale. « Je me disais que c'était seulement en province que les gens ne connaissent pas le braille, et qu'à Ouagadougou les gens devaient quand même savoir, puisque cette écriture a commencé dans la capitale avant d'être enseignée dans les provinces », se remémore-t-elle, tout en concluant qu'au Burkina, nombreux sont ceux qui ignorent que les handicapés visuels peuvent étudier comme les autres.

Arouna Nacro, délégué de promotion Journalisme 2 à l'ISTIC

Le handicap visuel n'est pas une fatalité

C'est d'ailleurs ce qui a dirigé son choix vers des études de journalisme. En plus d'avoir beaucoup appris à travers les émissions radiophoniques et au regard des difficultés rencontrées durant ses études primaires et secondaires, Tani veut sensibiliser le grand public et prouver, à travers sa présence dans un média, qu'il est possible d'apprendre et de servir son pays tout en étant un handicapé visuel. Et elle est prête à encourager ceux qui hésitent toujours à accompagner les enfants souffrant d'un handicap.

Et elle est bien partie pour tenir ce pari. Ponctuelle et studieuse, Tania Tindano est parvenue à bien s'intégrer au niveau de l'Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication où elle est arrivée le 26 novembre 2020. Et ce n'est pas le délégué de sa promotion, Arouna Nacro, qui dira le contraire. A l'en croire, Tani entretient de parfaites relations avec les autres membres de la classe ainsi que les professeurs. Jusque-là, aucun enseignant ne se plaint d'elle. Au contraire, tous apprécient ses performances. « A travers ses notes, tout le monde est unanime que c'est quelqu'un qui peut réussir dans le domaine du journalisme », assure Arouna Nacro.

Du côté de l'administration, aucun souci à se faire. L'intégration de Tani malgré son handicap parmi les effectifs n'est pas un regret, mais plutôt une satisfaction. C'est ce que confie le secrétaire général de l'ISTIC, Arsène Evariste Kaboré. Il explique que, pour son inscription, Tani a été accompagnée par le centre de Madiaga. Après des échanges avec les responsables de l'institut, aucune objection n'a été enregistrée pour son intégration.

L'institut a plutôt pris des dispositions avec des structures partenaires du centre de Madiaga, comme l'Association burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants (ABPAM), pour pouvoir l'accueillir et lui permettre d'apprendre. « Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous sommes très satisfaits de l'intégration de Tani au sein de l'ISTIC. Je peux même ajouter que ses performances sont très encourageantes », souligne M. Kaboré.

Evariste Arsène Kaboré, secrétaire général de l'ISTIC

Intelligence exceptionnelle

En ce qui concerne les cours, elle écoute et elle écrit en braille. Quand vient la période des évaluations, l'ISTIC transmet les sujets à l'avance à l'ABPAM pour qu'elle les traduise en braille. Et au moment de la composition on les lui remet et elle compose en temps réel avec ses camarades. [ Cliquez ici pour lire l'intégralité sur yenenga.net ]

Judith SANOU

Lefaso.net

Categories: Afrique

Burkina Faso : La gendarmerie apprend aux femmes journalistes à se défendre

Mon, 08/03/2021 - 10:12

Elles sont au total une vingtaine de femmes journalistes à avoir bénéficié d'une formation sur la self-défense (autodéfense). Ce, grâce à l'Association des journalistes du Burkina (AJB) et la gendarmerie nationale. La session s'est déroulée, les 5 et 6 mars 2021 simultanément à Ouagadougou et à Laongo. Cette activité s'inscrit dans le cadre de la commémoration du 8-Mars (2021), Journée internationale de la femme.

Face aux préoccupations posées par les femmes journalistes, l'Association des journalistes du Burkina (AJB) a exprimé le souhait auprès de la gendarmerie nationale de former ce groupe cible sur la self-défense. Une doléance à laquelle celle-ci a répondu favorablement. La satisfaction se lisait sur les visages des participantes à la fin de l'exercice ce samedi 6 mars 2021.

Pendant 48 heures, les femmes journalistes ont été initiées à la self-défense (autodéfense). Apprendre à se défendre avec des techniques simples, efficaces, inclut la gestion du stress et de la respiration. La self-défense est un sport qui a plusieurs formes, mais l'objectif est le même : apprendre à se défendre face à un acte criminel ou de violence volontaire.

Phase pratique de la formation

Au cours de la séance animée par l'adjudant-chef Adrian Zoungrana, les adjudants Marina Kambou et Ablassé Dera, des cas concrets ont été étudiés de même que les différentes manières de réagir et de sortir d'un danger. Toutes enthousiastes, les bénéficiaires de la formation ont appris les différentes techniques dans la bonne humeur.

Garder son sang-froid face au danger

En matière de self-défense, la panique n'a pas sa place. Lorsqu'elle survient, l'individu perd 70% de ses capacités. C'est ce qui ressort du constat fait par l'adjudant-chef Adrian Zoungrana dans sa communication. La self-défense oblige donc à être plus sûr de soi et de garder son sang-froid afin de réagir de façon appropriée. En termes de stratégie pour se débarrasser d'un agresseur, les points vitaux sont essentiels, a-t-il fait remarquer. Ces points se résument essentiellement aux oreilles, aux yeux, au nez, à la tempe, au menton. L'on note également le plexus solaire, le pied, les genoux, et les parties génitales.

Les journalistes en partance au champ de tir de Laongo

Sur le terrain, les participantes se sont entrainées aux tirs de démonstration, cette fois-ci à Laongo, sous la supervision d'une équipe accueillante et très sympathique. Une première pour certaines journalistes. La partie théorique de la séance de tir a consisté à l'apprentissage à la prise de visée, au positionnement sur le pas de tir pour se sentir plus à l'aise avec l'arme à main et face à la cible. Quant à la partie pratique, c'était un vrai plaisir et des sensations fortes que de tenir une arme à feu et de tirer sur une cible.

De quoi donner des motifs de joie à Guézouma Sanogo qui, en sa qualité de président de l'AJB, a salué le geste de la gendarmerie nationale à sa juste valeur. Il a exprimé ses remerciements à la hiérarchie de cette institution, en particulier le chef d'Etat-major de la gendarmerie nationale, le colonel Omer Marie Bruno Tapsoba, et le chargé de communication et des relations de la gendarmerie nationale, le commandant Guy Hervé Yé. « Dès que nous avons envoyé la correspondance, nous avons eu une réaction favorable à notre requête », a dit M. Sanogo.

Le président de l'AJB a exprimé sa reconnaissance à la gendarmerie nationale

L'objectif de cette formation, selon lui, était de permettre aux femmes journalistes de connaitre davantage la gendarmerie nationale et de sortir avec quelques rudiments qui pourront leur redonner confiance en elles-mêmes. Chantal Kaboré, journaliste à la RTB radio a abondé dans le même sens. « Parfois, on finit nos reportages à 23 heures avec tous les risques qu'on connait. Au niveau de la phase pratique de la formation, nous avons eu des moniteurs qui nous ont appris certaines techniques de défense, l'attitude à avoir en cas d'attaque et comment répondre. Donc, franchement c'est une formation que j'ai beaucoup appréciée », a-t-elle déclaré.

Aïssata Laure G. Sidibé et Judith Sanou
Lefaso.net

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