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Diplomacy & Defense Think Tank News

Griechenland: Parlamentswahlen und unsichere Perspektiven

Konrad Adenauer Stiftung - Thu, 17/09/2015 - 00:00
Die Griechen gehen am Sonntag mit gemischten Gefühlen zur Wahl: erneut dominieren Unentschlossenheit und parteipolitische Enttäuschung bei der Wahlentscheidung.

Möglicher Putsch : Comeback der Militärs in Burkina Faso?

Konrad Adenauer Stiftung - Thu, 17/09/2015 - 00:00
Wenige Wochen vor der Wahl löst die Präsidentengarde die Übergangsregierung auf. Vor dem Präsidentschaftspalast versammelten sich Hunderte Demonstranten.

Agil, vielfältig, innovativ

Konrad Adenauer Stiftung - Thu, 17/09/2015 - 00:00
Demographischer Wandel, Digitalisierung und gesellschaftliche Differenzierung: Parteien brauchen veränderte Angebote für eine veränderte Gesellschaft. Wie sehen zeitgemäße Parteien im 21. Jahrhundert aus? Wie kann Parteiarbeit für engagierte Bürgerinnen und Bürger interessanter gestaltet werden?

How Interreligious Dialogue Can Strengthen Resilience and Contribute to Sustainable Peace

European Peace Institute / News - Wed, 16/09/2015 - 22:30

To mark the 2015 International Day of Peace and the seventieth anniversary of the UN, the International Peace Institute (IPI), in partnership with the King Abdullah Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue (KAICIID), will launch the KAICIID Peace Mapping Programme and its interactive website on September 21st.

Click here for the live webcast beginning at 1:15pm EST>>

The Peace Mapping Programme provides innovative tools to better understand organizations engaged internationally in interreligious dialogue. The Programme aims to show how interreligious dialogue contributes to conflict transformation worldwide, whether in preventive peacemaking or postconflict work.

Its research-based website shows numerous organizations using or promoting interreligious dialogue around the world, many of which can be important partners in implementing the Sustainable Development Goals.  At the lunchtime event on September 21st, there will be a visual presentation of the project’s website, including an interactive map that shows efforts by organizations engaged in interreligious dialogue to strengthen resilience, and with testimonies of individuals involved in the dialogue activities. The Peace Mapping Programme’s website also provides a public online tool with detailed information on more than 400 organizations involved in interreligious dialogue activities internationally.

Welcoming Remarks:
Ambassador Hardeep Puri, Vice President of IPI and Secretary-General of the Independent Commission on Multilateralism (ICM)

Speakers:
Patrice Brodeur, Director of Research, KAICIID
Azza Karam, Senior Adviser, United Nations Population Fund (UNFPA)
Kusumita Pedersen, Co-Chair of the Interfaith Center of New York and Trustee of the Parliament of the World’s Religions

Moderator:
Mohammed Abu-Nimer, Senior Adviser, KAICIID and Professor, School of International Service, American University

Análisis de la presencia de España en la prensa internacional

Real Instituto Elcano - Wed, 16/09/2015 - 14:34
DT 13/2015 - 16/9/2015
Jose Pérez Martín y Juan Antonio Sánchez Giménez
Uno de los principales factores que influyen en la imagen exterior de los países es su percepción proyectada desde los medios de comunicación internacionales y el sentimiento que esta genera en la opinión pública internacional. Este estudio analiza a qué se vincula España, con qué se relaciona y cuáles son las dinámicas dominantes en la prensa global e internacional.

Daech en Syrie : solution militaire ou politique ?

IRIS - Wed, 16/09/2015 - 11:10

L’Etat islamique ne cesse de progresser en Syrie et menace des sites classés par l’Unesco, comme celui de Palmyre. La communauté internationale dispose-t-elle encore de marges de manœuvres afin de repousser efficacement ces attaques ?
Après la mise en place de la coalition internationale sous l’égide des Etats-Unis et le début des bombardements intensifs il y a plus d’un an, il faut admettre que le bilan est mitigé. L’avancée spectaculaire des milices de Daech du printemps 2014 a certes été ralentie, mais nous ne pouvons pas considérer que le mouvement a été totalement arrêté et encore moins éradiqué. Les bombardements aériens ont été incapables d’enrayer véritablement cette progression comme l’illustre la conquête du site historique de Palmyre qui est en cours de destruction par les djihadistes. Les frappes aériennes ne sont donc pas suffisantes, même si elles sont nécessaires car Daech continue de recevoir un flux de combattants étrangers assez important et surtout semble s’enraciner dans les zones qu’elle a conquises depuis quelques mois par la mise en place des attributs d’un Etat.
A deux reprises, à Kobané et à Tal Abyad, les combats terrestres menés par les milices kurdes ont été capables d’arrêter les offensives et les avancées de Daech. Cette leçon est à méditer : il semble que les bombardements aériens ne seront efficaces qu’en coordination avec des opérations terrestres. On peut alors se demander si ladite communauté internationale est disposée à envoyer des troupes au sol, avec bien sûr un mandat de l’ONU. Nous ne sommes pas dans cette situation, mais si nous voulons véritablement battre et éradiquer Daech, il faudra envisager des opérations terrestres mais ces interventions devront être coordonnées avec le gouvernement légitime d’Irak et le régime syrien.

Comment les Etats arabes voisins se positionnent-ils face à ce conflit en Syrie ?
Les Etats arabes ne sont pas unanimes : la Ligue des Etats arabes a majoritairement exclu le régime de Bachar el-Assad de son enceinte mais sans unanimité. Les Etats arabes favorables à la chute du régime syrien sont majoritaires mais l’Irak ou l’Algérie, par exemple, sont contre toute intervention extérieure car ils considèrent que le régime de Bachar el-Assad reste un rempart face aux groupes djihadistes (l’Irak est évidemment concerné par Daech au premier chef et l’Algérie entretient le souvenir de la lutte de l’Etat contre les groupes islamistes pendant la guerre civile). Il est commun de considérer que les Etats sunnites, par définition, soutiennent les combattants rebelles syriens mais la réalité est plus nuancée et les facteurs confessionnels ne sont probablement pas le moteur principal du conflit. Il me semble que le facteur politique est l’élément central de cette crise et les facteurs religieux ne sont qu’un des paramètres parmi ceux qui permettent de comprendre les évolutions de cette situation. Comprenons donc que la crise syrienne est instrumentalisée par des puissances régionales pour asseoir et renforcer leur puissance.

Le président syrien Bachar el-Assad est affaibli mais toujours au pouvoir. La coalition anti-Daech doit-elle s’appuyer sur son régime ?
Le terme « s’appuyer » n’est pas le mieux adapté, mais la question du rapport au régime se pose depuis plusieurs années : toutes les assertions formulées à de multiples reprises sur la chute imminente du régime de Bachar el-Assad se sont avérées erronées. Le président syrien, même très affaibli, est toujours présent. Il est nécessaire pour un certain nombre d’Etats, dont la France qui était très engagée dans la volonté de destruction du régime syrien, de revoir leur position. Cet infléchissement incontestable s’est illustré lors de la conférence de presse du président François Hollande du 7 septembre, lorsqu’il a expliqué que l’aviation française avait pour ordre de mener des missions d’observations qui seraient peut-être le prélude de missions de bombardements en Syrie contre Daech. Pas franchi le 14 septembre lorsque le même président a annoncé que la France participerait désormais aux bombardements en Syrie, ce qu’elle s’était refusée de faire jusqu’alors. Malgré des critiques légitimes contre le régime de Bachar el-Assad, il faut comprendre, d’un point de vue réaliste, que si ce régime est partie au problème de la Syrie, il est également partie de la solution. Il est tout à fait désagréable d’être obligé de négocier avec des éléments de son régime mais il n’y aura pas d’autre solution.
De plus, s’il y a des bombardements contre les positions de Daech en Syrie, ils doivent se réaliser en coordination avec le régime syrien qui est d’ores et déjà prévenu lors de ces opérations menées depuis un an. Il serait hypocrite de ne pas reconnaitre ce régime, même si l’idée n’est certes pas attractive. Il me semble, dans tous les cas, qu’il n’y aura pas en Syrie de solution efficiente sur les plans humanitaire et matériel sans une solution politique
Est-ce que le danger principal est le maintien d’éléments du régime de Bachar el-Assad ou bien de voir Daech arriver à Damas ? Il me semble que le choix est clair : il faut tout faire pour éviter que Daech ne parvienne à ses fins. Il est donc nécessaire d’intégrer, de façon appropriée des éléments du régime syrien dans le jeu des négociations. Pour cela, il faudra s’appuyer sur deux puissances importantes et influentes : l’Iran et la Russie. Ces deux Etats sont absolument incontournables dans une future conférence internationale destinée à mettre en œuvre une sortie politique de la crise. Cependant, le départ de Bachar el-Assad ne doit pas être la condition préalable de cette négociation, car cette question ne se posera qu’à l’issue du processus et de la formulation d’un compromis.
Tous ceux qui persistent à mettre le départ de Bachar el-Assad comme condition préalable se refusent en réalité à une solution politique. Pour certains Etats, il faudra procéder à des révisions douloureuses comme c’est le cas pour la France qui n’a cessé de répéter qu’il fallait détruire le régime et qui s’aperçoit aujourd’hui qu’il est nécessaire de changer de perspective et de logiciel si elle veut être efficace et peser un tant soit peu sur la situation.

Preis Soziale Marktwirtschaft 2014: Heinrich Deichmann

Konrad Adenauer Stiftung - Wed, 16/09/2015 - 00:00
Am 25. November 2014 ehrte die Konrad-Adenauer-Stiftung in der Frankfurter Paulskirche mit Heinrich Deichmann den zwölften Träger des „Preis Soziale Marktwirtschaft”. Laudator Armin Laschet wies auf das beeindruckende Lebenswerk des Preisträgers hin, der in dritter Generation ein familiengeführtes Unternehmen so weiterentwickelte, dass es nicht allein den Anforderungen der Zeit genügt, sondern gerüstet ist für die kommenden Jahre. Die Reden der Preisverleihung werden hier in redaktionell leicht überarbeiteter Form wiedergegeben.

Unarmed Approaches to Civilian Protection

European Peace Institute / News - Tue, 15/09/2015 - 21:00

On Tuesday, September 15th, IPI together with the Organisation of Islamic Cooperation (OIC) cohosted a policy forum event to discuss the policy and practical implications of the recommendation on unarmed approaches to the protection of civilians made in the report of the High-Level Independent Panel on UN Peace Operations.

Click here to view the event video on YouTube>>

This event provided an opportunity to discuss emerging unarmed approaches to effectively protect civilians under threat of violent conflict, using field examples from Palestine and South Sudan. The panelists also discussed the policy implications of such practices, including how they can be both supported by and integrated into peace operations.

Speakers:
Opening remarks: H.E. Ufuk Gokcen, Permanent Observer of the Organisation of Islamic Cooperation to the United Nations
Tiffany Easthom, Nonviolent Peaceforce, Country Director, South Sudan
Rudelmar Bueno de Faria, UN Representative, World Council of Churches
Eiko Ikegaya, Deputy Chief, Policy and Best Practices Service, United Nations Department of Peacekeeping Operations (DPKO)

Moderator:
Youssef Mahmoud, IPI Senior Adviser and member of the High-Level Independent Panel on UN Peace Operations

 

Former Turkish President Abdullah Gul Addresses Peace Prospects

European Peace Institute / News - Tue, 15/09/2015 - 17:47

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“The current power vacuums and chaos in Iraq, Syria, Libya, and Yemen are essentially results of serious political mistakes, miscalculations, delusions, and blunders,” said Former Turkish President Abdullah Gul at an IPI MENA event in Manama, Bahrain, on September 15, 2015. Mr. Gul said that it is a priority to fill the power vacuum created by the chaotic environment in these countries.

IPI’s Middle East and North Africa office (IPI MENA) hosted Mr. Abdullah Gul today, the 11th president of the Turkish Republic, who served from 2007-2014, as a guest speaker at a high-level event under the theme “The Prospects for Peace in the Region: Ways and Means.”

In attendance were the Foreign Minister of Bahrain, Sheikh Khalid bin Ahmed Al-Khalifa, IPI President Terje Rød-Larsen, government officials, ambassadors, deans of Bahrain public and private universities, faith representatives, and members of the media.

Mr. Gul noted that the conflict in Ukraine, the financial crisis in Europe, and the socio-cultural effects of these are also affecting the Middle East indirectly, and vice versa. “The current situation harms everybody, all of us, everywhere, in this or that way. The risks are great, but I believe that solutions are at hand.”

Shaikh Khalid Al-Khalifa took the opportunity to speak about Bahrain’s stance in the region, specifically in regards to neighboring Iran. Referencing the recent nuclear deal, he said, “The nuclear deal is only dealing with one aspect of the problems coming from Iran.” He further explained that Bahrain and other countries in the region were facing other challenges from Iran, such as the training of terrorists, conducting a proxy war, and exporting weapons in the region. He stated, “If Iran takes one step, we will take two.”

IPI President Terje Rød-Larsen said civil war in Syria, Iraq, Libya, and Yemen are causing exceeding amounts of damage to human lives and physical infrastructure. Recruits from all over the world are joining radicalized terrorist groups and sectarian factions like Daesh in Iraq and Syria, spreading violence and brutality, and threatening governments’ ability to perform basic functions. He added, “The world continues to bear witness to these crises, but the international system is failing to respond adequately.”

Mr. Rød-Larsen, who has been deeply involved in the Middle East peace process, explained that the tangle of conflicting interests represented by different ethnicities, religious communities, political movements, and nationalities pose a particular danger.

Sheikh Khalid agreed with that sentiment, noting the MENA region would have to move away from identity politics towards politics of national aspiration; otherwise, neighboring countries with different ethnic or religious backgrounds would continue to struggle to work together.

The presentation came to an end with Mr. Gul making an appeal to the audience of leaders, intellectuals, diplomats, and businessmen. Despite the immense energy spent for peace, he admitted that the Middle East continued to be a hotbed of conflicts. He stated, however, “The ultimate solution lies in patient and inclusive political settlements, which will help convince the local people and leaders.”

IPI MENA Director, Nejib Friji opened the event held under IPI’s Global Leaders series, aimed at fostering a constructive and dynamic exchange of views between world leaders and the international relations community on a range of security, peacebuilding and development issues.

African Junior Fellows Assess the Role of the UN

European Peace Institute / News - Tue, 15/09/2015 - 17:30

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The seventh annual African Junior Professionals Fellows program from July 6-30 2015 provided a further opportunity to deepen the relationship between the emerging generation of young African leaders and the United Nations. Ten graduate students from five African countries – Nigeria, Cameroon, Uganda, Ethiopia and Kenya – met with a broad cross section of UN officials and independent policy analysts to assess the roles of the United Nations in seeking to achieve durable economic development and the resolution of continuing conflicts on the Continent.

Under the leadership of Professor Funmi Olonisakin at King’s College London and Professor Godwin Murunga at the African Leadership Centre in Nairobi, the African Junior Professionals Program, which began in 2008, has the objective of training a new generation of African men and women to work in Africa’s leading continental and regional organizations and universities for the continent’s political, social and economic development. To date over 90 young Africans have graduated from this program of whom 51 have participated in the IPI summer program.

In conjunction with the Conflict, Security and Development Group, King’s College London, IPI has developed this annual summer training program to enable young African professionals to understand in greater depth the role of the United Nations in addressing the continent’s major development, political, and security challenges from multiple perspectives. This year the program focused in particular on the African perspective – meeting with Ambassadors from Nigeria and Angola, two of the three African member states on the Security Council, and Ambassador Tete Antonio, the Permanent Representative of the African Union to the United Nations. Students held in-depth discussions with key representatives in the UN Secretariat – including officials and staff in DPA, DPKO, UN Women, OCHA and UNDP – as well as with policy analysts from Security Council Report, CPPF, ICTJ and the Council of Foreign Relations who track African peace and security issues closely.

The main theme from these meetings is African intent to assume greater leadership and direction in setting the agenda and priorities of the United Nations and African continental and regional organizations in coming years. While welcoming the continuing evolution of the African Union-United Nations roles in peace operations (eg, in South Sudan, Mali and the CAR), students heard from their interlocutors that African leaders intend to be much more in the lead in setting continental and regional priorities for political and military engagement in resolving ongoing conflicts or in dealing with contentious issues such as Presidential elections and constitutional revisions – eg, in Burundi and probably in the DRC and Uganda in 2016. The African Union and the United Nations have established an ongoing partnership and will continue to play an important role together in promoting peace settlements, agreeing on deployment of international peacekeepers and implementing the 2015-2030 Sustainable Development Agenda. There was also a realistic recognition that the emerging African leadership will have to reduce Africa’s dependency on the European Union and the United States if these aspirations are to be met.

For the Fellows as well as IPI and UN staff this program is an important shared learning experience. As the Fellows have learned more about the United Nations and the New York based policy community, we learn a good deal about Africa’s challenges and policies from the Fellows’ perspective. It is truly a two way experience among today’s practitioners and tomorrow’s leaders.

Transforming Education

Institut Montaigne - Tue, 15/09/2015 - 15:06
Date: Mardi 15 Septembre 2015Résumé: Les start-ups au service de l'éducation. Comment les startups peuvent s’intégrer au système éducatif français ? En savoir plus

Rouble, Mistral, Donbass… Tour d’horizon de l’actualité russe de la rentrée

IRIS - Tue, 15/09/2015 - 12:27

Qu’est-ce qui vous frappe le plus, dans l’actualité russe ?
Comme souvent en Russie, le mois d’août aura été tout sauf calme. Ce que je retiens de l’actualité ? Au plan économique, le nouvel affaissement du rouble, consécutif au décrochage des cours du pétrole. La monnaie russe est passée, en quelques semaines, d’environ 58 roubles pour un euro à un peu plus de 80, avant de revenir aux alentours de 75. C’est presque autant qu’à la mi-décembre 2014. Paradoxalement, il n’y a pas eu de panique cette fois-ci, sans doute parce que les Russes ont intégré que de tels niveaux étaient désormais possibles, voire normaux. Cela indique aussi que le soulagement éprouvé par les décideurs russes au printemps, après la remontée des cours du pétrole à 65 dollars, était prématuré.
La Russie ne s’effondre pas – contrairement à l’Ukraine – mais il n’y aura pas de rebond rapide et spectaculaire comme en 2010. Facteur aggravant – le pays entre dans un nouveau cycle électoral, avec un décalage de 18 mois entre les législatives et la présidentielle. La priorité ne sera donc pas aux réformes structurelles mais à la stabilité. Et il y a un risque réel de voir la Russie perdre encore trois ans.
Au plan politique, c’est le départ de Vladimir Iakounine de la présidence de la Compagnie des chemins de fer russes (RJD) qui me paraît l’événement le plus significatif. C’est le premier « oligarque d’État » de premier plan à être remercié. Et Moscou bruisse de rumeurs quant à de nouveaux départs à la tête d’autres compagnies publiques, voire du service des douanes, lui aussi dirigé par un autre ami de 30 ans du président [Andreï Belianinov, ndlr]. Dans le même temps, il y a cette séance de gymnastique réunissant Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev, qui est une fort inattendue « sortie de placard » pour le Premier ministre. Cela signifie qu’il n’y aura pas de remaniement avant la fin 2016 et que le Premier ministre va recouvrer certaines marges de manœuvre, surtout en ce qui concerne le budget et la gestion des groupes publics.

À quel point les échanges commerciaux franco-russes sont-ils influencés par l’actualité ?
Les échanges commerciaux franco-russes sont en baisse, résultat des sanctions et contre-mesures russes (cela vaut surtout pour les secteurs de la Défense, de l’Énergie et de l’agroalimentaire) et, particulièrement, de la dépréciation du rouble, qui aboutit mécaniquement à une contraction du volume des importations russes. Je relève cependant des signaux encourageants : les premiers chiffres de la Banque centrale de Russie indiquent que la France a maintenu son niveau d’investissements en 2014 (environ 2 milliards d’euros, soit près de 10 % des IDE en Russie l’an dernier), alors que le total des investissements étrangers en Russie était divisé par trois. Aucun groupe français n’a quitté la Russie, et certains – comme Auchan – ont annoncé d’importants projets en régions. Naturellement, il serait souhaitable que les sanctions sectorielles ne soient pas prolongées au-delà de janvier 2016 et que les autorités russes envoient des signaux positifs aux investisseurs.

L’affaire des Mistral mettra-t-elle en danger les investisseurs français en Russie ? Quelles sont les conclusions que les deux pays pourraient en tirer ?
Il me semble que Paris et Moscou ont tout fait pour « sanctuariser » ce dossier, pour que la non-livraison des Mistral ne plombe pas la relation bilatérale dans son ensemble. Tout le monde se dit satisfait de l’issue des négociations, dont acte. Cela n’empêchera pas les uns et les autres de considérer que certains sont plus perdants que d’autres. À l’évidence, les coopérations dans les domaines sensibles (aéronautique, espace, armement) avec la Russie, qui distinguaient la France de ses partenaires européens, seront plus difficiles à court et moyen termes. Je pense néanmoins que l’essentiel sera préservé. Les complémentarités industrielles sont trop évidentes entre industriels de nos deux pays, et les crispations politiques que l’on observe actuellement de part et d’autres passeront.

Quelles sont vos prévisions concernant la situation dans le Donbass ?
La situation dans le Donbass est loin d’être satisfaisante, même si elle est moins dangereuse qu’en août 2014 ou à la mi-février 2015. Les accords de Minsk-2, sans surprise, donnent lieu à des interprétations divergentes à Kiev, Donetsk et Moscou.
La relation des autorités de Kiev aux accords de Minsk-2 est ambivalente. Ces documents reflètent un rapport de force militaire sur le terrain défavorable à l’Ukraine. Plusieurs points (autonomie de fait du Donbass, création d’une milice populaire, etc.) sont difficilement acceptables par l’opinion publique et la classe politique ukrainiennes, qui se sont radicalisées et dont les réactions sont souvent déconnectées de la réalité. De façon assez classique, le président ukrainien Petro Porochenko a une lecture sélective des accords de Minsk-2 et met en avant ce qui l’arrange (comme le contrôle de la frontière avec la Russie). Le président ukrainien refuse systématiquement tout dialogue avec les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, préférant une approche unilatérale. On peut le comprendre, mais les accords de Minsk-2 incluent la formule po soglasovaniju storon, qui implique une concertation et donc des contacts.
La principale préoccupation de Porochenko est de conserver le soutien politique et financier des Occidentaux. Il lui importe donc de ne pas apparaître comme celui qui enterrera les accords de Minsk-2. De ce point de vue, les récents événements devant la Rada sont problématiques. Certes, ils font apparaître Porochenko comme un modéré et donnent des arguments au président ukrainien, qui explique régulièrement à ses interlocuteurs européens et américains que la décentralisation est mal acceptée dans son pays. Mais si jamais il échouait à faire entériner ce texte crucial à la majorité des 2/3 à la Rada, la Russie pourrait, à bon droit, faire valoir que Kiev a fait dérailler le processus de paix. Et on peut également penser que le très fragile consensus sur les sanctions sectorielles de l’UE contre la Russie ferait long feu.
Dans le dossier ukrainien, on assiste, en réalité, à un jeu à fronts renversés. Sans l’assumer publiquement, Kiev a tiré un trait sur le Donbass, considéré comme un corps cancéreux dont il faut se protéger. C’est la logique du blocus imposé à ces territoires. Donetsk et Lougansk sont tacitement considérées comme irrécupérables. La majorité des élites politiques, économiques et médiatiques à Kiev a fait le choix de la « petite Ukraine ». Contrairement à ce qui est répété, l’intégrité territoriale n’est plus une priorité si elle doit se traduire pour Kiev par un financement de la reconstruction du Donbass et une inclusion dans le champ politique national des représentants de Lougansk et Donetsk.
Dans ce contexte, il me semble que la Russie n’a pas intérêt à un gel du conflit (en tout cas, pas tant que le volet politique de Minsk-2 n’est pas appliqué). Et, naturellement, elle souhaite « diluer » la « petite Ukraine » avec des éléments pro-russes du Donbass. Elle dispose cependant de leviers d’influence limités. Le pari que fait le Kremlin est celui du délitement du pouvoir actuel et de l’effondrement économique de l’Ukraine, scénarios qui sont tout sauf aberrants. Celui d’une lassitude de la population ukrainienne, que les réalités ramèneraient sur le chemin du réalisme, et donc du pragmatisme dans les relations avec Moscou. C’est ce à quoi on commence à assister en Géorgie. En d’autres termes, la Russie ne considère pas que l’Ukraine est perdue. Les perspectives d’entrée de cette dernière dans l’UE et l’OTAN dans un avenir prévisible sont nulles.
La France et l’Allemagne, quant à elles, cherchent à sauver Minsk-2, malgré la mauvaise volonté des uns et des autres. Ces deux pays comprennent bien que le scénario alternatif est non celui d’un conflit gelé, mais celui d’une reprise des combats à grande échelle, avec – probablement – des livraisons d’armes américaines et une intervention militaire directe de la Russie, au moins jusqu’au Dniepr. En réalité, tout le monde aurait à perdre à cette éventualité : l’Ukraine, qui disparaîtrait en tant qu’État, et la Russie, qui serait frappée de nouvelles sanctions sans commune mesure avec celles actuellement en vigueur.
Aujourd’hui, le dossier crucial – outre le cessez-le-feu – est celui des élections dans le Donbass [des élections locales ukrainiennes auront lieu le 25 octobre, ndlr]. Quelles forces politiques pourront y participer ? On comprend bien que les partis siégeant à la Rada à Kiev, qui soutiennent « l’opération antiterroriste », n’ont aucune chance d’y être représentés. Quid du parti communiste ukrainien, qui réalisait de bons scores dans le Donbass mais ne peut se présenter sous cette étiquette en Ukraine du fait de l’adoption des lois « mémorielles » ? On voit aussi que les leaders actuels à Donetsk et à Louganskne souhaitent pas le retour des anciens du Parti des Régions [de l’ex-président ukrainien Ianoukovitch, ndlr]. Rien n’est simple, donc, d’autant que personne n’y met de bonne volonté. Les diplomates de l’OSCE, et notamment le Français Pierre Morel, qui anime le sous-groupe politique à Minsk, ont d’autant plus de mérite.

« Tant qu’il y aura des guerres, les gens voudront partir »

IRIS - Tue, 15/09/2015 - 12:22

L’Allemagne rétablit le contrôle à ses frontières. Comment expliquer cette volte-face d’Angela Merkel ? Est-ce une faute politique ?
C’est une réponse un peu d’urgence par rapport à un afflux qui a été sous-estimé. L’accueil chaleureux, les déclarations d’ouverture d’Angela Merkel la semaine dernière sont venues accroître encore le nombre de réfugiés qui veulent aller en Allemagne. On peut penser que les dirigeants allemands n’ont pas anticipé que l’Allemagne serait la destination majeure – si ce n’est quasi unique – de tous ceux qui ont fui les zones de guerre. On peut aussi penser que cette mesure a été prise en fonction de la réunion des ministres ce lundi pour faire pression, puisque les pays européens sont divisés et les nouveaux membres de l’Est sont les plus réticents, pour ne pas dire hostiles, à l’accueil de migrants.

L’Allemagne, la Slovaquie, l’Autriche, la Hongrie… rétablissent les contrôles aux frontières. Faut-il réformer Schengen ?
Il y a une divergence politique de ces pays qui refusent l’accueil de migrants, mais qui ont adhéré à l’Union européenne, à un système de valeurs. Et là, ils prennent une position qui n’est pas conforme aux textes qu’ils ont adoptés lorsqu’ils sont entrés dans l’Union européenne.
Il faut faire face à un flux de migrants beaucoup plus important que prévu. La difficulté est de voir que l’on a des accords. Jean-Claude Juncker parle de pénaliser financièrement les pays qui n’accepteraient pas leurs quotas. On peut penser qu’on était sorti de la crise de l’euro et que l’on rentre dans une crise d’un type nouveau, avec d’ailleurs une Allemagne qui a abandonné le rôle du méchant pour prendre celui du gentil. Mais du coup des pays qui ne s’étaient pas trop signalés, vont apparaître un peu comme étant réactionnaires, à la traîne. Cela fait déjà assez longtemps que les pays de l’Union européenne ont des problèmes avec la Hongrie, qui foule aux pieds de nombreux principes européens. Là c’est encore plus patent avec cette crise qui sert de révélateurs aux divisions européennes.

Des mesures ont été annoncées contre les passeurs, pour un contrôle renforcé des frontières extérieures. Seront-elles suffisantes ?
Non, ça peut avoir un effet mais pas suffisant. C’est à la source que le problème doit être réglé. Tant qu’il y aura une guerre civile en Irak et en Syrie, les gens continueront de partir de chez eux. Le problème à la source ne peut pas être réglé dans l’urgence, or c’est dans l’urgence que nous devons faire face à un afflux de réfugiés. Il faut donc gérer cet accueil mais de nombreux pays sont sous la pression de partis xénophobes, de partis anti-musulmans. D’ailleurs cette crise pose aussi la question du rapport à l’islam. On peut penser que si ces milliers de migrants venaient d’Ukraine ou de Russie suite à un conflit, cela poserait moins de problèmes. Les problèmes s’enchaînent : l’hostilité aux musulmans envenime le débat sur les migrants. C’est à fois un débat sur les flux migratoires mais aussi sur la relation d’une fraction des opinions européennes avec l’islam.

Philippe Douste-Blazy a lancé un appel pour lutter contre l’extrême pauvreté. Est-ce la solution ?
Ceux qui n’ont rien du tout ne partent pas parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer le passage. Ceux qui partent ont déjà un petit pécule, ce ne sont pas les plus pauvres qui partent. Ceux qui ont 1 ou 2 dollars par jour, ils ne partent pas. S’il y a effectivement beaucoup de ce que l’on appelle les réfugiés économiques, on voit bien que ceux qui fuient l’Érythrée, la Syrie, l’Irak ne le font pas pour des raisons économiques. Souvent ils appartiennent aux classes moyennes supérieures ou aux classes moyennes, ils avaient une activité.

La France, patrie des droits de l’Homme, en fait-elle assez ? A-t-elle un message à porter ?
Disons qu’on s’est fait griller la politesse en termes d’accueil et de générosité par l’Allemagne, qui maintenant revient sur ses pas. On peut quand même penser qu’il y a un discours commun, une politique commune entre l’Allemagne et la France. Mais le taux de chômage et l’avenir démographique ne sont pas les mêmes. L’Allemagne est en déficit démographique ; c’est pour cela qu’elle s’est montrée plus ouverte à l’accueil des migrants dont elle a besoin à très courte échéance en termes de force de travail et démographique.

Cette vague migratoire que connaît l’Europe va durer mais peut-elle prendre fin ?
C’est aussi l’autre face de la mondialisation. Ces migrants savent ce qui se passe en Allemagne, en France. Si l’Europe n’est plus attractive apparemment pour nombre de ses citoyens, elle le reste énormément pour ceux qui sont en dehors des frontières européennes. C’est un peu le paradoxe de l’Europe.
On voit aussi que ces migrants se débrouillent avec des téléphones portables, avec les moyens de la mondialisation pour se déplacer, pour s’informer, pour se donner les bons tuyaux.
Au-delà se dressent deux défis plus importants. Si on ne trouve pas un accord à la conférence COP21 de décembre sur le réchauffement climatique, on risque d’avoir des flux de migrants climatiques qui seront sans commune mesure avec ce que l’on connaît.
Personne ne part de chez lui par plaisir et c’est toujours un choix douloureux de quitter son pays. Il faut faire attention aux circonstances politiques et climatiques si on veut que la crise que l’on connaît aujourd’hui ne soit pas une crise mineure par rapport à celle qu’on pourrait connaître à l’avenir si l’on ne prend pas des mesures de prévention.

Les frappes aériennes en Syrie : une décision à défaut de solution

IRIS - Tue, 15/09/2015 - 12:20

La Syrie est le théâtre d’une confrontation multidimensionnelle: confessionnelle, certes, mais surtout géopolitique, opposant des puissances locales, régionales et internationales aux intérêts antagonistes. Si l’intensification de l’intervention de forces occidentales -américaines, françaises et britanniques- en Syrie est désormais acquise, un flou saisissant demeure au sujet des raisons, des modalités et des objectifs précis d’une telle entreprise. Une ambiguité qui tend à affaiblir la crédibilité et l’efficacité de cette stratégie.

François Hollande a annoncé des vols de reconnaissance aérienne -par drones ou avions de combat?- avant de reconnaître la nécessité d’étendre les frappes contre Daech au territoire syrien (initialement cantonnées au territoire irakien depuis septembre 2014). Un pas qu’avait déjà franchi Barak Obama, malgré le doute légitime sur la légalité internationale d’une telle décision. Si juridiquement, les situations irakienne et syrienne sont en effet différentes (Bagdad a donné son accord à l’intervention militaire occidentale, contrairement à Damas), cette ingérence française conforte le nouveau statut de la France comme allié privilégié des Etats-Unis.

La décision de frapper les forces djihadistes sur ses bases syriennes prend acte, avec réalisme, de l’ancrage territorial de Daech (qui contrôle de fait près de la moitié du territoire syrien et le tiers de l’Irak), mais aussi de l’imbrication transnationale des conflits qui déchirent les deux pays du Levant. Ce constat est prolongé par l’identification d’un nouvel « intérêt à agir » pour la France. L’onde de choc des guerres qui redessinent cet « Orient lointain » revêt une force politique, symbolique et humaine nouvelle, allant bien au-delà des frontières de la région et des Etats voisins (Turquie, Liban, Jordanie).
En atteste la dimension exceptionnelle prise par la « crise migratoire » et l’exode massif des réfugiés syriens et irakiens en Europe: l’Europe, en général, et la France, en particulier, se retrouvent directement confrontées aux conséquences sécuritaires (« lutter contre le djihadisme en Syrie c’est lutter contre la menace terroriste en France ») et humaines (« lutter contre le djihadisme en Syrie c’est stopper en amont l’une des principales sources du flux de de réfugiés ») de conflits dans lesquels ils ont une part de responsabilité non négligeable.

Reste que si l’hypothèse d’une intervention militaire au sol de forces occidentales demeure exclue, il est illusoire de pouvoir stopper à court terme l’hémorragie de réfugiés irako-syriens, grâce à des frappes aériennes censées affaiblir Daech… Celles-ci ne garantissent en rien l’éradication de l’organisation djihadiste. Pis, frapper uniquement Daech, n’est-ce pas renforcer mécaniquement Bachar al-Assad, dont François Hollande a récemment appelé à la « neutralisation »?

De plus, la principale source de la dynamique djihadiste n’est pas d’ordre militaire mais politique: Daech répond à une demande ou du moins comble un vide, car les communautés sunnites se sentent exclues du pouvoir central irakien et syrien « confisqué » par les chiites. Non seulement l’organisation djihadiste a établi un ordre juridique, administratif et politique sur les territoires qu’elle contrôle, mais cette autorité tente d’incarner un « pouvoir sunnite ».

Il faut donc briser les ressorts du « soutien populaire » dont peut se targuer Daech en permettant aux sunnites de réintégrer le système politique en Irak et en Syrie. Cette dernière condition suppose que Bachar al-Assad quitte le pouvoir à Damas. Hypothèse rendue difficile par l’incapacité de prolonger l’effort militaire par l’ouverture d’un front diplomatique basé sur des négociations qui incluent les puissances régionales et internationales parties prenantes, y compris la Russie, l’Iran et les Monarchies du Golfe.

Ainsi, à elle seule, la décision d’extension des frappes aériennes n’ouvre nulle perspective stratégique et politique en vue de sortir la région du chaos dans lequel elle est plongée.

« Crise migratoire » et représentations de la Méditerranée

IRIS - Mon, 14/09/2015 - 12:24

L’actualité renvoie une image mortifère d’une mer légendaire : la Méditerranée. C’est dans cet espace maritime que se joue en partie la tragédie humaine provoquée par les guerres syrienne, irakienne, etc. Si la crise migratoire transforme la Méditerranée en une sorte de « cimetière maritime », sa vocation historique consiste moins à jouer une fonction de frontière macabre que de relier les peuples de ses diverses rives. En cela, l’actualité a le mérite d’interroger le sens et la place de la Méditerranée dans un monde globalisé, où les frontières sont plus ancrées dans les consciences, les imaginaires et les représentations de chacun que dans la réalité matérielle.

Si l’expression de « mer Méditerranée » ne date que du XVIe siècle, son étymologie – qui vient du latin « mare mediterraneum », qui signifie « la mer au milieu des terres » – souligne d’emblée la centralité de l’espace maritime au sein d’un espace plus vaste. La Méditerranée est cet ensemble constitué d’un « noyau dur maritime », une mer, prolongée de territoires terrestres. Toutefois, la Méditerranée ne se résume pas à sa « physiologie ». La Méditerranée est à la fois une réalité géophysique et le produit d’une construction intellectuelle, d’un système de représentations et de symboles diffusés en particulier par les vagues successives de migrations et autres diasporas. Ainsi, la « Grande bleue »- métaphore en référence à la mer Méditerranée- correspond à la « Mer blanche » pour les Arabes et les Turcs Ottomans…

La Méditerranée a toujours fait l’objet de représentations opposées : celle, « unifiante », d’un ensemble civilisationnel et interdépendant facilitant la circulation des marchandises, des hommes et des idées ; celle, au contraire, dichotomique voire conflictuelle, d’une mer matérialisant une ligne de démarcation entre Nord et Sud, entre Europe et Afrique, entre pays développés et pays en voie de développement, entre mondes chrétien et musulman, etc. L’actualité fait rejaillir ces représentations contradictoiresd’une mer Méditerranée calme, apaisante, théâtre pourtant de tragédies humaines quotidiennes ; un ensemble homogène, mais qui s’inscrit pourtant dans une aire marquée par des fractures et conflits de diverse nature.

La vision unitaire ou unifiée de la Méditerranée s’oppose à la conception d’un ensemble éclaté, fragmenté et contrasté caractérisé par des fractures, des disparités et antagonismes (surtout sur son versant occidental) de diverse nature (historique, démographique, culturelle, politique et socioéconomique). Cette réalité n’infirme pas l’idée d’unicité de la Méditerranée. Certes, il est vrai que la Méditerranée n’est pas un bloc monolithique, ni sur le plan géographique, ni sur celui politique ou économique. La fragmentation de la Méditerranée ne neutralise pas les interdépendances et interactions. Penser la Méditerranée exige de concevoir cet espace comme une interface capable de mettre en relation des Hommes qui le peuplent. Pas plus qu’hier, la Méditerranée ne saurait être aujourd’hui un mur maritime ou terrestre. En dépit des innombrables fractures qui traversent la région, des voies d’échanges continuent d’exister et de se développer. C’est pourquoi, la Méditerranée n’est pas une réalité statique, mais un espace dynamique, en constante évolution.

Il convient de se méfier de la notion d’identité tant celle-ci recouvre des significations variées et des logiques contradictoires. Evoquée dans de nombreux champs sémantiques, l’identité renvoie aussi bien au spécifique qu’à l’identique, au semblable qu’au dissemblable, à la différence qu’à la ressemblance. La notion d’« identité(s) méditerranéenne(s) » consacre cette tension, au sens où elle présume conjointement l’existence d’une identité propre et l’appartenance à une identité commune. Si la Méditerranée fait partie intégrante des identités nationales des Etats riverains, l’identité méditerranéenne commune ne se substitue pas à ces dernières. Posée à l’espace méditerranéen, la question identitaire évoque des représentations contradictoires du monde méditerranéen : l’une invoque le rapprochement, le métissage, le brassage des différences susceptible de dépasser les grandes oppositions et la polarisation persistante d’imaginaires différenciés ; l’autre, la séparation et la fragmentation en blocs antagonistes. Cette dernière vision l’emporte aujourd’hui, entretenue par la force et le succès du discours sur le « choc des civilisations », « dans lequel la Méditerranée serait le théâtre privilégié, le cadre spatial et temporel d’une double construction de « méga-identités » imaginaires : un bloc « occidental » défini comme judéo-chrétien et un bloc arabo-musulman ou « oriental » (G. Corm, 2009). Cette représentation a une portée géopolitique : la montée d’idéologies identitaristes alimente les mécanismes des « tensions identitaires », qui entravent les- modestes- entreprises de rapprochement politco-institutionnel intra-méditerranéen… Cette représentation conflictuelle affecte aussi toute renaissance de la conscience méditerranéenne, qui contribuerait à reconsidérer le regard des Européens sur les réfugiés et autres migrants…

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