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Défense

Eau : la boite de Pandore

Défense en ligne - Wed, 05/03/2023 - 13:00

Les sécheresses des étés 2022-2023 comme l'annonce par le président de la République, le 30 mars au barrage de Serre Ponçon, de l'élaboration d'un Plan eau, signent l'irruption brutale d'une crise systémique du modèle de gestion de l'eau que la France a inventé à l'orée des années 1960. Cette crise appelle une refonte radicale de ce modèle : il a échoué à atteindre ses objectifs et menace l'équilibre ainsi que la pérennité d'écosystèmes durablement fragilisés par l'impéritie des instances dirigeantes. La création (...)

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Une utopie en vie

Défense en ligne - Fri, 04/28/2023 - 18:29

Camille et Manolo — ils donnent juste leurs prénoms, pour décliner leurs noms d'artistes, comme s'ils voulaient rester sur l'affiche à la même place que leurs chevaux. Une passion depuis l'enfance, et un rêve devenu réalité : le Théâtre du Centaure, inspiré de ce personnage mythologique où l'humain et l'animal ne font qu'un seul être et un seul corps. Ce fut d'abord une compagnie, fondée en 1989, c'est aujourd'hui un lieu de création, à Marseille.

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[Actualité] Sagittaire, Eva Sierra… ! Plusieurs rotations assurées par les Européens. Environ 1500 personnes évacuées (v8)

Bruxelles2 - Tue, 04/25/2023 - 18:30

(B2) L’opération d’évacuation du Soudan, des diplomates et citoyens, a permis l’évacuation de près de 1500 ressortissants, de toutes nationalités, européens tout d’abord, mais aussi africains, asiatiques, américains et alliés. La coordination et la solidarité ont joué à plein. La France a ouvert le bal suivi des Allemands. Du côté britannique, cela a tardé davantage…

Evacuation à bord d’un A400M (Photo : Bundeswehr)

Cet article a été créé et restructuré (pour faciliter la lecture) à partir de l’article publié dimanche (23 avril) et mis à jour à plusieurs reprises au fur et à mesure de l’actualité.

Trois éléments décisifs

Cette opération (Sagittaire pour les Français, Eva Sierra pour les Espagnols) a été facilitée par trois éléments concrets. Premièrement, la base arrière de Djibouti — la BA 188 française, comme les points d’appui espagnol ou japonais — , où se sont prépositionnés avions et forces, a facilité le travail. Si certains n’ont pas utilisé Djibouti, c’est pour des raisons pratiques : ils avaient des éléments en Jordanie mais par manque de place sur le tarmac djiboutien. Le second élément clé et décisif est le rôle joué par les forces françaises (lire : [Actualité] Évacuation des diplomates et citoyens au Soudan, une opération Terre Air Mer se prépare). Le facteur « entrée en premier » — négocié en amont auprès des belligérants, réalisé sur le terrain par les militaires (forces spéciales comme logisticiens), a été un atout majeur et la condition existentielle de cette opération. Le troisième et dernier élément est la coordination permanente qui a eu lieu tant au niveau stratégique (entre capitales) qu’au niveau opératif (notamment la cellule de coordination placée à Djibouti) et au niveau tactique (sur place à l’aéroport de Wadi Sayyidna). A la fois pour coordonner les arrivées et décollages d’avions que répartir les différents ressortissants (UE et hors UE) à aller récupérer et convoyer. L’objectif : utiliser au maximum la piste unique de l’aéroport sans incident, jour comme nuit (lire aussi : [Actualité] Sagittaire ! Comment s’est préparée, planifiée l’opération française d’évacuation au Soudan ?).

Selon un bilan dressé par le Haut représentant de l’UE lundi (24 avril), la noria européenne — 11 vols dimanche et 20 autres prévus lundi, soit 31 rotations au total —, a permis de mettre en sécurité « au moins 1200 personnes de toutes nationalités », avec « 400 personnes restant à évacuer », soit plus de 1500 personnes au total dans des conditions complexes et difficiles.

Cinq rotations françaises

De façon concrète, un premier avion français a quitté Khartoum dimanche (23 avril) après-midi et a atterri à Djibouti vers 18h (heure Paris). À son bord, 88 évacués. Un autre avion « sur zone » a décollé en fin d’après-midi. Avec une centaine d’autres ressortissants. Deux autres avions ont réussi à décoller, dans la nuit de dimanche à lundi, portant le total d’évacués à 491 personnes, dont 196 Français, selon un point de situation parvenu à B2 lundi à 15h. Un cinquième et dernier avion français parti dans la journée de lundi, a permis d’évacuer les derniers restants sur la liste tricolore, portant le total à 538 personnes dont 209 Français, selon le Quai d’Orsay. Plus de 300 ressortissants ont donc été évacués (représentant 39 autres nationalités).

Les avions A400M en stand by sur le tarmac de l’aéroport soudanais (Photo : MOD Espana)

La « protection consulaire » européenne a joué à plein

Tous les ressortissants européens qui le souhaitaient ont pu être évacués. Ainsi près de 300 ressortissants d’autres nationalités ont été évacués par les Français, dont des ressortissants de douze États membres de l’UE (Allemands, Autrichiens, Belges, 13 Danois, Finlandais, Grecs, Hongrois, 36 Irlandais, Italiens, Portugais, 9 Roumains (2), 21 Suédois). Les Polonais ont pu bénéficier de l’assistance française dans la capitale soudanaise jusqu’à l’aéroport avant d’être évacués par des avions espagnols et allemands.

Trois blessés pris en charge

Parmi les rapatriés, trois blessés, dont deux blessés grecs, comme l’a confirmé le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, et un blessé belge de la délégation de l’UE, le chef d’ECHO, l’office européen d’aide humanitaire.

D’autres nationalités évacuées

Parmi les autres nationalités (24 en tout) prises en charge par les Français : des Américains (USA), des Britanniques, des autres pays européens (Islande, Moldavie, Suisse), africains (Afrique du Sud, Burundi, Éthiopie, Lesotho, Maroc, Namibie, Niger, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Soudan, Togo, Tchad) ou d’Asie (Australie, Inde, Japon, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande, Philippines).

Les autres rotations de vols européens

Plusieurs pays européens (Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Suède) ont suivi la voie ouverte par les Français. L’Allemagne prenant même le relais dans le contrôle de l’aéroport après le départ des Français.

L’Allemagne assure des rotations en continu

Deux avions allemands, en provenance de Jordanie, ont d’abord pu rapatrier plus de 200 ressortissants dès le dimanche après-midi (23 avril) — 101 dans le premier vol, 113 dans le second — vers Al Azrak. « Notre objectif est de faire sortir le plus de ressortissants allemands possible de Khartoum. Dans le cadre de nos possibilités, nous emmènerons également des Européens et d’autres ressortissants avec nous » déclare la défense allemande.

Un troisième avion arrivé dimanche à Khartoum (1) est reparti dans la nuit vers la Jordanie avec 97 personnes à bord portant le total des évacués par la Luftwaffe à 311 personnes, selon le commandement allemand des opérations.

Deux autres rotations ont lieu lundi (24 avril). Une rotation a lieu mardi (25 avril) avec 30 personnes à bord indique le commandement allemand. Un vol, atterri dans la nuit de mardi à mercredi (26 avril) en Jordanie, a permis de mettre à l’abri 78 personnes. Et un dernier vol a rapatrié 65 personnes.

En tout, les avions allemands ont évacué « 780 personnes dont 240 nationaux », et 40 nationalités différentes, selon le bilan final donné par la Bundeswehr. L’Allemagne a annoncé mercredi (26 avril) soir, clore son opération et avoir rapatrié tout son personnel de la base opérationnelle avancée (FOB) de Khartoum.

Des rotations néerlandaises

Lors du premier vol de deux C-130, les Néerlandais ont amené hommes et matériels, notamment des forces spéciales (fusiliers-marins) une équipe médicale de la Défense, des équipes d’appui consulaire rapide (SCOT) des Affaires étrangères ainsi une équipe de la brigade des missions spéciales de sécurité de la Maréchaussée (gendarmerie).

Six rotations de C-130 vers Aqaba, la base avancée néerlandaise, ont ensuite eu lieu : trois lundi (24 avril) (le premier avec 32 personnes dont 15 Néerlandais, (3à), deux mardi (25 avril). En tout, 70 Néerlandais rapatriés (et 80 autres par des vols d’autres pays) ainsi que 100 personnes de 18 autres nationalités précise Wopke Hoekstra, le ministre des Affaires étrangères, depuis La Haye.

Deux avions italiens

Deux C-130 italien (avec à son bord forces spéciales et carabinieri) ont suivi le même chemin vers Djibouti. « Tous les Italiens qui le souhaitaient sont désormais en lieu sûr » a annoncé dimanche soir le ministre de la Défense Guido Crosetto.

Un avion espagnol

Un avion espagnol A400M a assuré la rotation sur Djibouti annonce le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Albares, tard dans la soirée de dimanche (23 avril). A bord, 34 ressortissants espagnols et 38 autres ressortissants de 11 nationalités différentes (NB : européens et latino-américains), selon le ministère.

Convoi terrestre de l’ONU

Un convoi de l’ONU est parti de Khartoum avec près de 1700 personnes est arrivé à Port Soudan au terme d’une bonne journée et demie de voyage. La frégate française Lorraine (D-657), basée à Djibouti, a fait mouvement pour prêter assistance. Elle peut évacuer jusqu’à 500 personnes vers Djeddah, si l’ONU le demande, précise-t-on côté français. Temps de la traversée : environ 8 heures selon mes informations.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : le gros retard à l’allumage des Britanniques

  1. Pour l’Allemagne, lire aussi sur Augengeradeaus « Bundeswehr beginnt Evakuierungsmission im Sudan (Neufassung) ». A la différence des Français, il n’y a pas eu de convoi collectif. Comme le précise T. Wiegold, les citoyens allemands ont été invités à se rendre sur cet aérodrome par leurs propres moyens « de manière indépendante et à vos propres risques ».
  2. Comme l’a confirmé le ministre Bogdan Aurescu.
  3. Un C-130 a une capacité d’emport plus de la moitié moindre de celle d’un A400M (qui peut emporter une bonne centaine de personnes)

Mises à jour – Dimanche 23 avril, 18h, bilan allemand, 20h détails sur les moyens engagés coté français + photos ; 22h bilan espagnol ; 23h50 bilan italien et grec ; lundi 24 avril, 9h, troisième avion allemand, (12-14h) autres nationalités européennes et africaines, 18h bilan Haut représentant ; mardi 25 avril, mise à jour des différents chiffres ; mercredi 26 avril, 12h, rotations allemandes.

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Pendant ce temps, Africom

Défense en ligne - Mon, 04/24/2023 - 18:04

S'il y a bien une capitale qui se réengage actuellement dans la bataille d'influence, par la procuration de ses sociétés militaires privées, c'est Washington. Sur le continent, le commandement militaire des États-Unis pour l'Afrique (Africom) mène, depuis sa création en 2007, une politique d'« empreinte légère » visant à afficher le moins possible sa présence, en s'appuyant sur des sous-traitants encore plus discrets.

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[Actualité] Sagittaire ! Comment s’est préparée, planifiée l’opération française d’évacuation au Soudan ? (v3)

Bruxelles2 - Sun, 04/23/2023 - 17:52

(B2) Ces derniers jours, les diplomates de la cellule de crise du Quai d’Orsay, comme les planificateurs militaires français ont peu dormi. Avec deux options principales dans la manche. Les Français ont joué le rôle d’entrée en premier pour leurs collègues européens. Avec brio et audace, si on en croit les premiers retours. Récit

Rassemblement avant départ (Photo : Etat-major des armées FR)

NB : pour faciliter la lecture, le détail des rotations et le bilan de l’opération ont été placés dans un article séparé, lire : Sagittaire, Eva Sierra… ! Plusieurs rotations assurées par les Européens. Plus de 1500 personnes évacuées.

La préparation de l’opération Sagittaire

Une intense planification a commencé bien en amont au niveau diplomatique comme militaire. Les forces prépositionnées à Djibouti ont été placées en alerte, de même que certaines unités terrestres qui sont venues renforcer les forces déployées à Djibouti, avec plusieurs avions (3 A400M et un C130) et une frégate. L’opération reçoit un nom de code : « Sagittaire », le signe du feu.

L’option aérienne préférée à l’option terrestre

Tâche particulièrement ardue pour les planificateurs. Aucune n’avait été choisie au préalable. Deux options ont ainsi été travaillées « simultanément » par les planificateurs du ministère de la Défense : une option par la route (puis la mer), et une option par l’air. C’est finalement cette dernière option qui a été choisie. Mais au dernier moment. Les circonstances ont dicté ce choix. Pour des raisons, à la fois tactiques et pratiques. Passer par la route nécessite une « grosse volumétrie de véhicules », précise-t-on du côté du ministère des armées. Il faut « assurer des points de ravitaillement en carburant, en eau » etc. Et les « premiers retours d’expérience des premières évacuations » (1) ont achevé de convaincre Paris que la voie aérienne était finalement la moins mauvaise des solutions. Celle-ci s’étant avérée finalement difficile mais praticable (cf. ci-dessous). Des moyens ont cependant été prépositionnés « afin de garder toutes les voies possibles » précise-t-on à l’état-major des armées. Au cas où, une troisième option a été préservée via Port Soudan : la voie maritime.

Une opération très complexe

Personne ne se le cache : cette opération est « d’une extrême complexité » jurent les diplomates comme les militaires. Car « durant la trêve, les combats continuent ». Et car, contrairement à leurs camarades américains et britanniques, les Français sont fait le choix non seulement d’évacuer le personnel diplomatique, mais aussi tous les citoyens français « qui le veulent », et même certains citoyens de pays « amis », « partenaires » ou alliés. Un choix adopté par tous les pays européens qui participent à l’opération et se coordonnent étroitement entre eux.

De nombreux Européens dans les avions français

Les Français devraient ainsi prendre en charge des ressortissants de plusieurs pays européens (Allemagne, Belgique, Suisse, Royaume-Uni…), a précisé le Quai d’Orsay, mais aussi « du Niger, Maroc, Égypte, Éthiopie, etc. », ainsi que les membres de la délégation de l’UE. « De nombreux » partenaires étrangers « nous ont demandé assistance et nous essayons de les aider dans cette phase difficile » indique un diplomate.

Un important travail diplomatique en amont

Des contacts tout azimut ont été pris au niveau stratégique (= politique). Assurés à Paris par le président de la République (E. Macron) avec ses homologues d’Éthiopie et de Djibouti, comme avec les belligérants. Et la ministre des Affaires étrangères (C. Colonna) avec les ministres des pays arabes (Émirats arabes unis, Égypte, Arabie saoudite) — qui ont des contacts avec les Soudanais — et ses homologues européens et alliés de l’Allemande A. Baerbock à l’Américain A. Blinken en passant par les Suédois, Belges. En fait, elle a eu des contacts « avec quasiment tous ses homologues » confie un diplomate.

Couloirs aériens et trêve

Il a fallu en effet rouvrir les couloirs aériens. Les pays (NB : l’Éthiopie) qui avait fermé l’espace aérien vers le Soudan ont accepté de le rouvrir. Il a fallu aussi négocier avec les belligérants, des deux côtés, le général al-Burhan (des forces armées soudanaises) comme le général Hemedti (des forces d’intervention rapides soudanaises). Une négociation qui n’a concerné que « l’évacuation et la mise en place des conditions de sécurité » adéquates, s’empresse-t-on de préciser au Quai d’Orsay, pour éviter que cela soit vu comme une concession faite à l’un ou l’autre des belligérants. Sur ce point là, les forces militaires présentes sur place ont adopté une position de « stricte neutralité ».

Phase de localisation et de regroupement

Pendant ce temps, à Khartoum, l’ambassade de France a commencé à localiser ses ressortissants (qui voulaient être évacués) puis à les regrouper, tout en permettant l’approvisionnement en fuel « qui commence sérieusement à manquer sur place », en eau et en alimentation. La chute des réseaux (internet, téléphone…) ne facilite pas aussi ce travail de localisation des différents ressortissants. Le manque de carburant, d’eau, d’alimentation, avec des combats importants complique aussi la tâche des diplomates de la cellule de crises et les militaires chargés de la planification des évacuations (lire : [Actualité] Évacuation des diplomates et citoyens au Soudan, une opération Terre Air Mer se prépare).

La mise en place de l’opération : l’entrée en premier

Durant l’opération, les Français ont joué le rôle qu’avaient assuré les Américains à Kaboul : c’est-à-dire l’entrée en premier, le contrôle et l’ouverture de l’aéroport, comme son bon fonctionnement.

Un hub d’évacuation européen à partir de Wadi Sayyidna

Dans la nuit de samedi à dimanche, une ouverture se fait jour. Un premier avion (C-130) décolle- de la base aérienne de Djibouti (la BA 188 pour les intimes). Direction : l’ouest et l’aéroport militaire de Wadi Sayyidna. Un aéroport créé dans les années 1940 par les Américains puis Britanniques et utilisé par l’armée de l’air soudanaise. Resté en bon état, contrairement à celui de Khartoum en partie détruit, il est sous le contrôle des forces régulières. il sera celui sur lequel les Français comme les autres forces (Royaume-Uni, Allemagne) vont prendre appui pour mener leur opération. Environ 150 militaires, des forces spéciales essentiellement, sont mobilisés côté français, pour cette première phase de l’opération.

Reconnaissance & protection

Un premier détachement « d’environ 100 personnes » est projeté sur l’aéroport. Il est composé d’éléments de protection et de reconnaissance, dotés de drones, de moyens logistiques et médicaux. Le premier avion qui se pose a une tâche primaire et essentielle : « assurer les premiers contacts avec les Soudanais présents » (NB : les forces régulières soudanaises), vérifier que toutes les conditions de sécurité sont remplies pour pouvoir utiliser l’aéroport, à commencer par le niveau aéronautique (le contrôle et les voies de l’aéroport).

Une mini-base avancée

Trois autres avions (A400M et C-130) suivent avec véhicules, vivres, matériel médical, etc. À bord : une denrée stratégique : l’eau , il fait 43° au sol ! et sans hydratation pas d’opération. Concrètement, cela permet de mettre en place une mini-base vie provisoire comme de faire les premières reconnaissances en ville. Il faut en effet « aller reconnaitre et sécuriser les itinéraires qui seront empruntés pour aller chercher les ressortissants sur tous les points de regroupement (désignés par les diplomates) et les ramener sur l’aéroport » précise-t-on à l’état-major des armées. Stratégiquement, cela permet de valider la voie aérienne sur la voie terrestre. L’opération d’évacuation peut commencer.

Un échelon de commandement et coordination

Ce détachement comprend également « un échelon de commandement pour conduire l’opération et la coordination » avec les forces sur place (soudanaises) comme avec les autres Européens. « Cet échelon restera ensuite sur place tout le temps de l’opération ». Une étroite coordination se fait en effet entre Européens et Alliés non seulement à Djibouti mais aussi in situ (au niveau tactique). Les Allemands, Italiens et Suédois ont mobilisé un nombre équivalent de militaires aux Français pour aller récupérer leurs ressortissants.

Coordonner les slots de décollage

Il faut coordonner étroitement les départs, les arrivées, l’embarquement des différents ressortissants, le contrôle à l’entrée de l’aéroport, etc. La simple gestion des slots d’atterrissage et de décollage sur la seule piste disponible est particulièrement complexe. Un avion ne peut partir que sans ses ressortissants. Or rassembler ceux-ci dans un terrain en guerre n’est pas aisé.

Récupérer les ressortissants en ville

Une des phases les plus difficiles commence. Il faut en effet aller récupérer les différents ressortissants et acheminer tout le monde à Wadi Sayyidna, situé à plus d’une vingtaine de km au nord de Khartoum. Pas évident. Un point central de rendez-vous a été donné à tous les évacués potentiels : devant l’ambassade de France. Ensuite, cela nécessite de « franchir les lignes de front » et plusieurs zones urbaines (Bahri, Omdurman).

Un trajet périlleux

C’est sur ce chemin qu’un convoi français, parti de l’ambassade de France à Khartoum, a été pris pour cible dimanche matin. Un militaire français des forces spéciales a été blessé (2). Pris en charge par ses camarades et un médecin, il pu être rapatrié dans un hôpital militaire dans l’hexagone. Ses jours ne sont pas en danger précise-t-on du côté de l’état-major des armées.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le convoi où se trouvait l’ambassadeur du Qatar aurait été attaqué sur la route, avec des affaires volées. La Turquie a aussi dû interrompre momentanément cette voie après que des explosions aient eu lieu près du point choisie de rassemblement choisi (à Khartoum).
  2. Point non confirmé tout d’abord ni par Quai d’Orsay ni par le ministère des Armées. Par prudence, l’opération d’évacuation étant en cours, il ne s’agit pas d’incriminer l’un ou l’autre. Les paramilitaires des RSF accusent en effet les forces régulières d’avoir tiré. Ceux-ci désignent leur adversaires.

Galerie photos

Préparatifs (Photo : Etat major des Armées) Dernier brief de coordination (Photo : Etat major des Armées) Evacuation du Soudan (Photo : Etat-major des armées FR) Départ à Khartoum (Photo : Etat major des Armées) On embarque (Photo : Etat major des Armées) A bord (Photo : Etat major des Armées) En vol (Photo : Etat major des Armées) La base aérienne vue du ciel (Google / Archives B2)

Mises à jour – 23 avril 20h détails sur les moyens engagés coté français + photos, – 24 avril 18h bilan global – 25 avril 18h : papier restructuré et complété avec un 2nd papier séparé sur le bilan, vol par vol.

Cet article [Actualité] Sagittaire ! Comment s’est préparée, planifiée l’opération française d’évacuation au Soudan ? (v3) est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.

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[Actualité] Évacuation des diplomates et citoyens au Soudan, une opération Terre Air Mer se prépare (v4)

Bruxelles2 - Sat, 04/22/2023 - 13:05

(B2) Les pays européens se concertent étroitement avec leurs alliés pour mener une opération d’évacuation des citoyens européens et étrangers bloqués à Khartoum. Avions et forces spéciales se prépositionnent. Un hub a été constitué à Djibouti. Un autre en Jordanie. L’opération d’évacuation se précise

Un avion A400M français au décollage à Djibouti lors d’un exercice de préparation opérationnelle en mai 2022
(archives B2 – Photo : DICOD)

Une opération pas facile à mener

Chacun se prépare à évacuer à la fois les diplomates en poste au Soudan comme les citoyens. Une opération pas évidente. Il y a environ 1500 Européens au Soudan, dont 300 Grecs (la plus grosse communauté), 250 Français, 140 Italiens, 140 Néerlandais, une centaine de Suédois, 60 Espagnols environ. Sept pays de l’UE ont une ambassade à Khartoum (France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Suède) ainsi que l’Union européenne. Mais la plus grosse communauté reste américaine, avec près de 19.000 personnes dans le pays. On compte aussi plusieurs centaines de Britanniques, 60 Japonais, Coréens, etc.

Situation difficile sur place

Selon un rapport diplomatique européen, « les fournitures de première nécessité, notamment nourriture et l’eau, s’épuisent, tout comme le carburant des générateurs qui alimentent en électricité les maisons, les relais tél. et d’autres infrastructures essentielles ». La situation est très mouvante et « évolue rapidement ». Des accords de cessez-le-feu « ont bien été conclus [mais ils] n’ont pas été respectés ». L’aéroport international de Khartoum, est pour l’instant « fermé et serait en mauvais état ».

Aérien, terrestre ou maritime

Quant à la voie terrestre, elle reste longue, du moins depuis la capitale soudanaise : plus de 1000 km à partir de la conurbation de Khartoum-Omdurman, pour atteindre Wadi Haifa et l’Égypte ou Port Soudan. Elle est aussi hasardeuse, surtout en zone urbaine, avec le risque d’être pris dans des tirs. Elle est soumise aux aléas de la route (manque d’approvisionnement en carburant, eau ou nourriture selon un diplomate US). De fait, elle nécessite une escorte soudanaise, du fait des nombreux barrages. Elle est plus praticable pour les villes du Nord (Dongola, etc.) ou à l’Ouest, proches du Tchad (El Geneina, Al Fasher) ou de la Centrafrique (Nyala). Seule la voie maritime reste ouverte à partir de Port Soudan, sur la Mer rouge.

La condition : avoir une garantie de posé des avions

L’opération d’évacuation par air sera déclenchée quand les « conditions de sécurité seront réunies », indiquait un diplomate européen à B2. Si hier (vendredi) matin. L’aéroport est en partie inutilisable. Les paramilitaires de la force d’intervention rapide soudanaise (Rapid Support Forces ou RSF) du général Mohamed Dagalo * ont ouvert la porte vendredi dans la journée. « Conformément à la trêve humanitaire, [nous] sommes prêts à ouvrir partiellement tous les aéroports du Soudan au trafic aérien pour permettre aux pays frères et amis qui souhaitent évacuer leurs ressortissants de quitter le pays en toute sécurité », ont-ils promis via twitter. En attendant, chaque pays a donné ordre à ses ressortissants de se rassembler dans des lieux sécurisés (l’ambassade par exemple) pour faciliter les évacuations.

Djibouti point de rassemblement

En attendant, plusieurs avions de transport et des forces spéciales se rassemblent dans les pays voisins. Au moins deux avions de transport A400M et un avion C130 français ont ainsi été prépositionnés sur la base aérienne 188 de Djibouti, prêts à faire un pont aérien le cas échéant avec le Soudan (la distance à vol d’oiseau est de 1200 km soit 2-3 heures de vol en moyenne). À leur bord, des forces spéciales, sans doute provenant des commandos marine de Lorient (Forfusco). Selon nos informations, les Français pourraient s’occuper, outre de leurs propres citoyens, de la délégation de l’UE, des Belges et d’autres nationalités.

L’état-major espagnol a aussi dépêché plusieurs avions à Djibouti : un A330 MRTT et trois avions A400M selon les sources espagnoles. Deux autres sont en route. Avec à bord des forces spéciales, de la brigade parachutiste Almogávares (BRIPAR) selon El Confidential. Athènes a déclenché le plan Cosmos, selon la Tv grecque, prévoyant le recours à des avions, navires et les forces spéciales de la section spéciale parachutiste (ETA). Un avion des forces suédoises a aussi rejoint Djibouti. Les Italiens sont aussi sur place avec au moins un avion et des éléments de la 46ème brigade aérienne de l’armée de l’air, comme l’a confirmé le ministre A. Tajani. L’Irlande a envoyé des membres de son équipe civile d’intervention d’urgence (ECAT) qui a intégré douze militaires, chargé d’accueillir ses ressortissants.

Jordanie point arrière

Les Allemands aussi préparent des effectifs. Au moins quatre avions A400M ont rejoint la base Muwaffaq Salti à AlAzrak, en Jordanie, bien connue des Allemands pour être utilisée dans le soutien de la coalition anti-Daech, comme me l’a indiqué Thomas Wiegold de Augengeradeaus. A leur bord des parachutistes. Les Néerlandais ont aussi envoyé dans la zone un avion de transport stratégique A-330, avec une équipe médiale et des fusiliers marins, ainsi qu ‘un avion tactique type C-130, arrivés à Aqaba (Jordanie) mercredi (19 avril). Le tout suivi d’un second avion C-130. Un avion C-130 norvégien est aussi prépositionné à Amman.

Un avion C-130 néerlandais et les forces spéciales sur la base arrière en Jordanie (Photo : MOD Pays-Bas)

Les Américains en force

Les États-Unis, les plus concernés des Alliés, ont mobilisé des moyens importants. Différentes « capacités supplémentaires » ont été déployées « à proximité dans la région » (NB : Djibouti essentiellement) à « des fins d’urgence » et pour parer « à différentes éventualités » a confirmé le porte-parole du Département d’État US vendredi (21 avril). Plusieurs avions C-130 ou C-17 ont ainsi décollé des bases aériennes US en Europe (Glasgow, Ramstein, Rota, Sigonella…) ou Moyen-Orient (Al Udeid au Qatar) pour rallier Djibouti. Opération coordonnée par l’US Africa Com (le commandement américain pour l’Afrique).

Japonais, Sud-Coréens et Britanniques

Deux avions de transport tactique C-130 et Kawasaki C2 (l’A400M japonais) et un avion ravitailleur et de transport KC767 de la Force aérienne d’autodéfense japonaise rejoignent Djibouti, selon la télévision japonaise. Le ministère sud-coréen de la Défense a annoncé le départ d’un avion C-130J avec à bord une cinquantaine de militaires, dont du personnel médical et de sécurité, selon les agences. Britanniques et Jordaniens sont aussi mobilisés.

Une coordination d’urgence

Une cellule de coordination a été mise en place, regroupant tous les États concernés (Français, Américains, Espagnols, Néerlandais, etc.). Tous ces pays connaissent bien Djibouti. La France comme les USA et le Japon y ont une base militaire permanente. Le petit État de la côte d’Afrique de l’Est a aussi servi de hub aérien et maritime à l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta). Et jusqu’à peu Allemands comme Japonais y avaient une base avancée sur ou près de l’aéroport. Les Espagnols y sont toujours avec un avion de patrouille maritime (Casa CN-235) et la frégate Reina Sofia, navire amiral d’Atalanta, qui a son port d’attache (provisoire) à Djibouti. Les Italiens également avec la frégate ITS Carlo Bergamini.

Premières évacuations – terrestres

  • Des premières évacuations ont eu lieu, menées par les forces saoudiennes a annoncé la télévision d’Etat. Un convoi routier, escorté par les Soudanais, a pu atteindre Port Soudan. De là cinq navires ont pris le relais, emmenant vers Djeddah, le port saoudien de la Mer rouge juste en face) jusqu’à 400 citoyens saoudiens et diverses nationalités (dont des Bulgares et Canadiens).
  • L’évacuation menée par les Qataris selon la même voie s’est heurtée apparemment à des incidents durant le chemin, le convoi se faisant voler plusieurs objets.
  • Une première opération d’évacuation a pu être menée par voie aérienne dans la nuit de dimanche (23 avril), avec trois hélicoptères CH47 Chinook selon Washington (six appareils selon les paramilitaires des RSF). « Aujourd’hui, sur mes ordres, l’armée américaine a mené une opération pour extraire le personnel du gouvernement américain de Khartoum en réponse à la situation au Soudan » a ainsi déclaré Joe Biden. Elle a permis d’évacuer les diplomates US et leurs familles de Khartoum, mais aussi plusieurs Européens (des Suédois, selon nos informations, seraient parmi eux). Un avion des forces suédoises a d’ailleurs décollé de Djibouti dimanche matin tôt direction Stockholm.
  • Le Quai d’Orsay a aussi confirmé la coordination des moyens et la mise en place d’opérations conjointes d’évacuation (cf. communiqué). Lire aussi

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : [Actualité] L’opération française d’évacuation des citoyens du Soudan a démarré. Premier bilan

Pas d'utilisation de la capacité de déploiement rapide. Précision : il n'est « pas question de l'utilisation de la capacité de déploiement rapide » de l'Union européenne, a confirmé à B2 un officiel européen. Ce dispositif, développé dans le cadre de la boussole stratégique européenne, à partir des battlegroups de l'UE, est encore en préparation. Mais ce sera assurément une sorte de test grandeur nature. Un des premiers scénarios développés pour l'utilisation de cette capacité est en effet l'évacuation de citoyens européens en danger dans un pays tiers.

* Un homme (alias Hemedti) peu recommandable en soi. Avec les milices Janjawid, ils sont soupçonnés d’avoir été responsables en bonne partie des massacres dans le Darfour comme de la répression des manifestations en 2019 (lire sur Tv5 monde).

Mis à jour – premiers éléments d’évacuation maritime par l’Arabie saoudite – Nouveaux avions espagnols et suédois + évacuation US / FR / SWE + attaque du convoi français et situation sur place.

Cet article [Actualité] Évacuation des diplomates et citoyens au Soudan, une opération Terre Air Mer se prépare (v4) est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.

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[Analyse] Les Européens bloquent sur la livraison de munitions à l’Ukraine ? Un peu exagéré non ! Explications

Bruxelles2 - Fri, 04/21/2023 - 15:00

(B2) Les Européens n’arrivent pas s’entendre sur les munitions. Et tout cela est de la faute de la France. C’est la petite ritournelle entendue dans les couloirs de Bruxelles à Kiev en passant par Varsovie. Qu’en est-il exactement…

(Photo : Ministère bulgare de l’Économie – Archives B2)

Un “french bashing” relayé par plusieurs articles de presse, notamment dans la presse polonaise (agence Pap) ou européenne (Politico), et par quelques politiques, notamment le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba, qui s’est fendu d’un tweet plutôt maladroit (cf. encadré).

Un plan en trois volets

Il faut reprendre les éléments depuis le début. Le 9 février dernier, les Chefs (d’État et de gouvernement) ont lors du Conseil européen décidé d’accélérer les livraisons d’armes à l’Ukraine, notamment sur les munitions. Un paquet a été élaboré, approuvé par les ministres le 20 mars dernier (lire : [Décryptage] Au moins 2,5 milliards d’euros pour doper la production de munitions dans l’UE et la livraison à l’Ukraine). Ce plan comprend trois volets, bien distincts – même s’ils partagent le même objectif stratégique (soutenir l’Ukraine) – qui s’étalent dans le temps, comme B2 l’expliquait dès février (lire : [Confidentiel] Achat de munitions en commun. Urgence, Court terme, Moyen terme. Des solutions s’échafaudent).

Où en sont les trois volets ?

Le premier volet (urgence) vise aux livraisons de munitions à l’Ukraine, le plus vite possible, provenant des stocks existants ou de commandes déjà passées, ‘reroutées’ sur l’Ukraine. Doté d’1 milliard d’euros (*), il a déjà été approuvé par les 27, avec effet rétroactif au 9 février (lire : [Décryptage] Le milliard d’euros pour les livraisons urgentes de munitions à l’Ukraine approuvé).

Le deuxième volet, doté d’un autre milliard d’euros, vise à financer des achats en commun, pour le court-moyen terme, il est encore en cours de discussion, au sein des ambassadeurs des 27. Et un accord est attendu d’ici quelques jours, début mai au plus tard normalement (lire : [Confidentiel] Le paquet munitions se précise. Non sans difficultés).

Le troisième et dernier volet, visant le moyen terme et le renforcement les capacités de l’industrie européenne à produire, n’est pas encore discuté. Un peu plus complexe, il doit être élaboré de la Commission européenne. C’est là où se situe plutôt le problème aujourd’hui. Chacun attendait une proposition d’ici la fin du mois. Mais d’après mes informations, l’équipe du commissaire Thierry Breton a un peu de mal à faire entendre sa voix au sein du collège des commissaires. Les gardiens du ‘trésor’ budgétaire européen se font un peu tirer l’oreille. En termes diplomatiques, on parle d’un agenda de la Commission « chargé ».

Où est le blocage ? Où est l’urgence ?

Parler de blocage, de non-respect du paquet, voire de possible mise en danger des vies ukrainiennes (comme le dit D. Kuleba, cf. encadré) est donc suranné. Il existe des difficultés à préciser les termes de l’accord européen. Certes. Mais on est dans la logique même de la machinerie européenne qui doit transcrire, en termes précis et juridiques, un accord politique qui n’a pas été précisé tout. L’ambiguité étant parfois la vertu d’un accord. Les quelques jours passés à discuter ne menacent en rien à la fois la défense ukrainienne (et la contre-offensive en préparation) comme ne compromettent pas le fond de la décision.

D’une part, le “job” a déjà été fait sur le premier volet, le plus important : l’urgence. Des livraisons ont déjà été faites pour un montant non négligeable. D’autre part, le deuxième volet (achats en commun) ne sera pas effectif avant plusieurs mois. Les achats devront être lancés en juin au plus tôt, d’ici septembre au plus tard (pour avoir droit au financement européen). Et l’arrivée effective des munitions achetées n’aura pas lieu avant la fin de l’année (au mieux), voire plutôt 2024 ou 2025 (le temps de production en quantité). Autrement dit, on se situe plutôt dans l’hypothèse de la troisième offensive russe ou contre-offensive ukrainienne (l’année prochaine) plutôt dans que l’actuelle (la seconde offensive ou contre-offensive). En pratique, les 27 ont jusqu’au 31 mai au plus tard pour approuver cette décision.

En attendant, rien n’interdit d’ailleurs à un État de devancer l’appel et de fournir des munitions à l’Ukraine sur son propre budget ou de déclencher des procédures d’achat, sans attendre. Il pourra bénéficier du “bonus” européen, s’il en respecte les principales conditions. Les trois principales sont d’ores-et-déjà connues : 1° il faut être plusieurs pour acheter, 2° le faire entre Européens et 3° acheter auprès d’industries basées en Europe.

Un processus a d’ailleurs déjà été lancé, dans le cadre de l’agence européenne de défense, pour l’achat des munitions de type 155 mm, regroupant quasiment tous les pays (26 États sur 27 selon mon dernier décompte). D’autres processus sont en cours au niveau national, du côtés des Allemands et des Français, notamment.

Faire de tels achats ne se réalise d’ailleurs pas en 24 heures. Il faut définir qui peut être intéressé, déterminer ce qui va être acheté (quels types de munitions, en quelles quantités), comment le faire (qui assumera l’achat, quelle sera la part de chacun, financière et en matériel livré, le calendrier de livraison) et enfin auprès de qui acheter et la procédure à suivre (appel d’offre ou contrat de gré à gré).

Quant à la difficulté d’acheter à l’industrie européenne, invoquée par certains États membres (Pologne notamment), pour justifier d’ouvrir les marchés, c’est un faux semblant. D’une part, il parait logique que l’argent européen (fourni aux 2/3 par le quatuor Allemand-Français-Espagnol-Italien) aille consolider l’industrie européenne plutôt que financer l’industrie sud-coréenne, turque ou serbe. Ensuite, contrairement à l’idée souvent répandue, l’Europe a de la ressource. La plupart des États sont dotés d’une industrie locale apte à fournir des munitions (de norme OTAN ou ex-soviétique). Du Dezamet polonais au Nexter français en passant par l’Allemand Rheinmetall, l’Italien Leonardo, le Bulgare VMZ, le Roumain Romarm ou le Nammo finno-norvégien, le tissu industriel européen est finalement assez riche. Et il tourne à plein. « Nous n’avons pas à rougir de nos petits muscles » témoigne (à juste titre) un diplomate.

Précisons au surplus que quand on parle d’un financement européen, il ne s’agit pas d’une subvention immédiate. L’argent promis arrivera dans la poche des budgets nationaux… dans longtemps. On parle en effet de « rembourser » les livraisons, une fois celles-ci « faites » à l’Ukraine (bordereau de livraison à l’appui). Et le paiement obéit à un échéancier plus ou moins lointain. Selon mes informations, ces remboursements ne pourraient pas intervenir avant horizon… 2025 !

Autrement dit, une semaine de plus dans la discussion… ne change pas vraiment la donne ni au plan politique ni au plan militaire. Cela serait en revanche différent si la discussion se prolongeait jusqu’à juin.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Commentaire : Quand Kuleba dérape

Les propos du ministre ukrainien Dmytro Kuleba tançant l’Union européenne pour son « incapacité » à mettre en œuvre « sa propre décision » peuvent être mis sur le compte d’une certaine « frustration ». Mais quand le diplomate en chef ukrainien parle d’« un test pour savoir si l’UE dispose d’une autonomie stratégique dans la prise de nouvelles décisions cruciales en matière de sécurité » et qu’il ajoute que « pour l’Ukraine, le coût de l’inaction se mesure en vies humaines », il commet une erreur grave, politique, pas vraiment à la hauteur des évènements.

The inability of the EU to implement its own decision on the joint procurement of ammunition for Ukraine is frustrating. This is a test of whether the EU has strategic autonomy in making new crucial security decisions. For Ukraine, the cost of inaction is measured in human lives.

— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) April 20, 2023

Ce propos témoigne en effet à la fois d’un sérieux manque de connaissance du dossier. Pour avoir une autonomie stratégique d’action, sur le moyen terme, il ne faut pas acheter à l’étranger, mais développer en interne la production. Ce qui est conforme à l’intérêt ukrainien. Sans cette base arrière européenne, l’Ukraine ne pourra pas mener longtemps sa contre-offensive.

Quant à évoquer de possibles vies ukrainiennes menacées, c’est totalement désobligeant, à la limite du mensonge, et en tout cas pas digne d’un responsable politique qui demande à entrer dans l’Union européenne. Il n’y a aucune vie ukrainienne menacée par les quelques jours de plus mis à décider d’une décision qui sera effective… en 2024 au mieux.

——-

* Le milliard d’euros officiellement est bien en prix courants et non prix 2018 comme mentionné par erreur.

Lire aussi :

[Analyse] Sur fond de guerre en Ukraine, la solidarité européenne joue à plein. Les intérêts nationaux aussi !

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Krach symbolique

Défense en ligne - Thu, 04/20/2023 - 10:38

Un pilier de l'ordre symbolique tombe et c'est un grand fracas. Le mot interdit, ou plutôt le mot réservé – réservé à « eux », les « autres, le Hongrois, le Turc, le Russe – vient d'être dit en France, à propos de la France : illibéralisme.

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Bruno Muel ou la noblesse du cinéma engagé

Défense en ligne - Mon, 04/17/2023 - 18:26

Avec la disparition ce 14 avril de Bruno Muel, c'est une des grandes figures du cinéma engagé — tous les réalisateurs sont engagés, qu'ils le veuillent ou non, mais lui l'était du côté des opprimés — qui tire sa révérence. En tant que réalisateur ou opérateur de prise de vues documentant les luttes de libération des années 1960 et 1970, Bruno Muel a travaillé avec de grands noms du documentaire donnant la parole aux révoltés : son « frère d'armes » Théo Robichet mais aussi — excusez du peu — Marceline Loridan, (...)

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[Actualité] Un tanker chinois détourné par les pirates dans le Golfe de Guinée. 2e attaque en quinze jours (v2)

Bruxelles2 - Fri, 04/14/2023 - 16:30

(B2) Un tanker portant un logo blanc et rouge sur le côté a disparu des écrans radars à environ 300 nautiques au sud d’Abidjan en Côte d’Ivoire à 7°14 Nord et 4°34 Ouest, a annoncé lundi (10 avril) le centre de veille maritime pour le Golfe de Guinée (MDAT-GOG), établi à Brest et Portsmouth. Le Success 9, battant pavillon de Singapour, opéré par la société Hai Soon Group a sans doute capturé par des pirates.

Le patrouilleur ivoirien Sekongo escortant le Success 9 (photo : Etat-major de Côte d’Ivoire)

(mis à jour) Le CRESMAO, le centre régional pour la sécurité maritime en Afrique de l’Ouest, a été mis en alerte. Un patrouilleur P400 de la marine de Côte d’Ivoire, le contre-amiral Fadika, aidé d’un avion Falcon 50 français de la base de Dakar et de moyens espagnols, sont partis à sa recherche. Le tout coordonné avec le système de partage de l’information Yaris (lire aussi : Dans le Golfe de Guinée, le chat sécurisé mère de toutes les informations).

Après cinq jours de recherche, le chimiquier a pu être relocalisé à plus de 30 nautiques au large d’Abidjan samedi (15 avril). Il a été escorté jusqu’au port d’Adidjan par les patrouilleurs ivoiriens, dont le Sekongo (P1501) « l’équipage est sain et sauf et a fait l’objet d’une prise en charge psychologique » précise-t-on du côté ivoirien comme français.

Un tanker danois victime d’une attaque

C’est le deuxième incident en quelques jours. Le 25 mars dernier, en soirée, un abordage similaire a eu lieu à environ 140 nautiques à l’Ouest de Pointe Noire (Congo). Avec une issue un peu moins optimiste.

Un tanker danois, le Monjasa Reformer, battant pavillon du Libéria, avait été « arraisonné » par cinq pirates armés arrivés à bord d’un skiff. Le patrouilleur de haute mer, Premier L’Her de la Marine nationale, alors en escale à Libreville (Gabon), après l’exercice African Nemo, reçoit l’ordre de se rendre sur la zone, tout d’abord sur la dernière position connue du tanker (05°03’N-009°35’E).

Le tanker piraté est finalement relocalisé quelques jours plus tard, jeudi (30 mars), en route vers le Nigeria, par le drone aérien de bord, précise la préfecture maritime de l’Atlantique. On aperçoit sur les images captées de l’air un skiff pirates accolé au tanker. Le temps que le Premier Maitre l’Her se rapproche, les pirates se sont envolés. Non sans avoir pris quelques otages au passage. Sur les 16 marins de différentes nationalités du Monjasa Reformer, six en effet manquent à l’appel : enlevés par les pirates. Trois marins légèrement blessés sont pris en charge par le médecin de l’aviso. Le tanker sera ensuite escorté jusqu’au port de Lomé (Togo).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Dans le Golfe de Guinée, des pirates plus structurés, plus audacieux

Mis à jour le 17 avril avec les informations (Cote Ivoire et France) sur la relocalisation du navire. Modification du titre

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Le refus de la résignation

Défense en ligne - Tue, 04/11/2023 - 16:56

Adapté et mis en scène par Anne-Laure Liégeois, « Des châteaux qui brûlent », le roman de quelque quatre cents pages d'Arno Bertina, paru en 2017, qui analyse l'horreur économique mondialisée, garde toute sa force de frappe. Ses oscillations entre fiction et réalité se révèlent particulièrement éloquentes au plateau.

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Assurance : comment trouver une mutuelle santé adaptée à ses besoins ?

Aumilitaire.com - Sat, 04/08/2023 - 18:02
Entre les différents prix, les différentes options et les services supplémentaires offerts par un contrat, il est normal de ne pas savoir comment choisir la […]
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Sont-ils fous ?

Défense en ligne - Tue, 04/04/2023 - 19:00

Sont-ils fous ? Il ne s'agira pas de répondre à cette question elle-même, mais de répondre à l'objection que son genre suscite dans certains secteurs : insister sur l'idiosyncrasie psychique de Macron, répéter qu'il est un « forcené », c'est trop concéder aux choses de la « psychologie ».

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Les chants (de lutte) de Sarah Maldoror

Défense en ligne - Sun, 04/02/2023 - 00:15

Réalisatrice d'une quarantaine de documentaires et de films, porte-voix des luttes de libération africaines, Sarah Maldoror a mené une œuvre largement dédiée à la dénonciation de l'oppression, du racisme et de la colonisation.

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Mutuelles pour les militaires et les civils : quelles différences impactent leur assurance santé ?

Aumilitaire.com - Sat, 04/01/2023 - 13:23
L’assurance santé est un domaine complexe et important pour les militaires et les civils. Les mutuelles offrent une protection financière pour les soins médicaux, mais […]
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Quels sont les différents types de gilets pare-balles ?

Aumilitaire.com - Sat, 04/01/2023 - 13:10
Le gilet pare-balles est un équipement qui sert à protéger le thorax, l’abdomen et le dos contre le tir d’armes à feu. De façon concrète, […]
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Comment créer une entreprise de sécurité privée ?

Aumilitaire.com - Fri, 03/31/2023 - 14:17
La demande de sécurité personnelle ne cessant de croître, la création d’une entreprise de sécurité privée peut constituer une excellente opportunité commerciale. Avec le bon […]
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L'affrontement

Défense en ligne - Wed, 03/29/2023 - 11:35

Envolés le projet de réforme « Retraite », l'obstination insensée du forcené, les millions de personnes manifestant avec ténacité depuis deux mois — pour ne pas même parler de la porcherie policière dans les rues de Paris et d'ailleurs : il n'y a plus que poubelles en feu, « éléments radicalisés », et surtout, « violence, « violence », « violence » — des manifestants.

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[Editorial] La Suisse : le beurre, l’argent du beurre et la comtesse en prime

Bruxelles2 - Sun, 03/26/2023 - 21:25

(B2) La Suisse développe une industrie de l’armement à l’export, veut se rapprocher de l’OTAN mais interdit toute réexportation d’armes vers l’Ukraine. Au nom de sa neutralité. Les Européens devront en tirer des conséquences. Acheter à l’industrie suisse est aujourd’hui risqué pour l’autonomie stratégique. Il faudra s’en passer. Suspendre aussi l’arrangement avec l’agence européenne de défense est une option à étudier.

Le cyber, un des domaines où la Suisse voudrait se rapprocher de l’OTAN (Photo : Armée suisse – prise de commandement du bataillon cyber 42 – Archives B2)

Que veut la Suisse ? Berne entend se rapprocher de l’OTAN comme de l’Union européenne. C’est une volonté exprimée clairement dans un document publié par la Confédération en septembre dernier. La Suisse qui participe déjà à la plateforme d’interopérabilité de l’OTAN espère aussi obtenir le statut de partenaire privilégié, dit « nouvelles opportunités » (alias EOP), réservé à quelques happy few (Australie, Géorgie, Ukraine). La ministre suisse de la Défense, Viola Amherd, était mercredi au siège de l’OTAN pour tenter de convaincre ses interlocuteurs. Sans vraiment réussir.

La neutralité suisse, un problème ? À priori non, du moins selon l’OTAN. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, l’a dit expressément mercredi : « la neutralité » helvétique n’est « nullement un obstacle à leur collaboration ».

Ce qui bloque ? Berne refuse toujours de voir les équipements et matériels qu’elle a vendus aux autres pays européens — par exemple les véhicules cédés au Danemark ou les munitions pour le Guépard allemand — réexportés vers l’Ukraine pour le besoin des forces ukrainiennes engagées pour défendre leur territoire face à la Russie. C’est la loi sur le matériel de guerre qui interdit l’exportation d’armements suisses vers des pays en guerre civile ou en conflit armé avec un autre État. Le gouvernement suisse a bien tenté d’assouplir la loi. Rien n’y a fait : le parlement suisse a refusé, tout récemment encore (le 8 mars).

Commentaire : l’hypocrisie suisse faite Reine

Les Européens doivent dire leur fait aux Suisses : on ne peut pas se proclamer neutre, user de cette neutralité quand cela arrange, la recouvrir d’un mouchoir les autres moments, et manquer à la solidarité minimale ensuite.

Se rapprocher de l’Alliance, c’est renoncer à la neutralité

S’intégrer davantage dans l’Alliance atlantique, c’est choisir aujourd’hui clairement son camp. C’est-à-dire assumer de ne plus être neutre. L’OTAN n’est plus du tout l’organisation des années 2000 avec des relations sinon cordiales avec la Russie, du moins animée d’un certain esprit de coopération. Alliés et occidentaux sont aujourd’hui engagés fortement dans un soutien militaire massif à l’Ukraine, considérant la Russie non seulement comme un adversaire, mais comme un ennemi qu’il faut “neutraliser”. On peut parler donc de guerre, par proxy interposé.

Vendre à l’export, c’est prendre le risque

Du côté de l’industrie de l’armement, on nage en pleine hypocrisie. On ne peut pas exporter des munitions, un des points principaux productions nationales, et en interdire leur utilisation. Les seules exportations suisses ont représenté en 2022 près d’un milliard CHF (idem en €). Un chiffre en hausse de 212 millions par rapport à 2021. Des exportations orientées en grande partie vers les pays de l’Alliance (Allemagne, Danemark, Allemagne, etc.), mais aussi vers deux pays qui ne sont pas vraiment des modèles démocratiques : le Qatar (1ère destination à l’export) et l’Arabie saoudite (4e position). Exporter des armements létaux vers l’Arabie saoudite en guerre au Yémen est donc possible, mais pas la réexportation des armements européens vers l’Ukraine ?

La meilleure des solutions pour les Européens : ne plus acheter suisse

Les Européens devront en tirer des leçons pour demain. Premièrement, il est très risqué en terme d’autonomie stratégique européenne de s’équiper auprès de fabricants suisses. Il est plus sûr de se passer d’acheter aux entreprises suisses à l’avenir.

Deuxièmement, il faudra revoir sans doute l’arrangement administratif qu’a la Suisse avec l’agence européenne de défense. Ou au moins le suspendre. Il n’est pas souhaitable que la Suisse puisse jouer sur les deux tableaux : participer à l’effort européen, bénéficier de ses efforts d’innovation, mais ne pas assurer la solidarité minimale ensuite.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : B2 a cherché à avoir la position de la ministre de la Défense après la réunion à l’OTAN. L’accès à la mission suisse où se tenait la conférence de presse a été refusé. « Interdit aux correspondants européens », dixit le service de presse de l’ambassade.

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Un pays qui se soulève

Défense en ligne - Wed, 03/22/2023 - 12:30

C'est beau ce qui se passe quand l'ordre commence à dérailler. Des choses petites mais inouïes, qui rompent l'enfermement résigné et l'atomisation dont les pouvoirs font leur pouvoir. Le vrai mouvement commence. D'ores et déjà nous pouvons dire que la situation est pré-révolutionnaire. À quelles perspectives fait-elle face ?

- La pompe à phynance / , ,
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