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Diplomacy & Defense Think Tank News

Élection du Conseil constitutionnel au Chili : l’extrême-droite en force

IRIS - Wed, 10/05/2023 - 14:35

Le 7 mai 2023 s’est tenue au Chili l’élection des membres du Conseil constitutionnel, marquant la victoire de l’extrême-droite. Le Parti républicain de José Antonio Kast a en effet remporté 22 sièges sur 50. Les élus doivent maintenant rédiger une nouvelle constitution afin de remplacer celle en vigueur qui date de la dictature de Pinochet.

Christophe Ventura analyse la situation politique actuelle au Chili Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, vous donne régulièrement rendez-vous pour ses “Chroniques de l’Amérique latine”.

📕 Se procurer son ouvrage « Géopolitique de l’Amérique latine« , Eyrolles (2022).

 

Guerre Russie/Ukraine : vers une intensification du conflit ?

IRIS - Wed, 10/05/2023 - 11:17

 

« Rien n’est plus important actuellement que votre tâche militaire.[…] l’avenir de notre État et de notre peuple dépend de vous ». Tels sont les mots prononcés par Vladimir Poutine lors des commémorations de la victoire des Alliés du 8-9 mai 1945, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des paroles fortes, alors que les affrontements continuent en Ukraine. Seulement quelques jours après avoir dénoncé une tentative d’attaque du Kremlin par les Ukrainiens à l’aide d’un drone, attaque démentie côté ukrainien, et alors que le groupe Wagner a menacé de se retirer de Bakhmout faute de munitions, certains considèrent que Moscou vacille. La Russie est-elle encore en mesure de se battre en Ukraine ? Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de la Russie, répond à nos questions. 

Moscou a annoncé avoir déjoué une attaque de drones lancée contre le Kremlin le 3 mai dernier et repoussé une seconde ce dimanche en Crimée. Les autorités russes ont accusé Kiev d’être à l’origine de ces attaques, ce que le président ukrainien a démenti. Doit-on s’attendre à une intensification du conflit et à une surenchère de la Russie ?

Cette attaque de drones à Moscou est la première à l’encontre du Kremlin. La déclaration du porte-parole du Kremlin suite à celle-ci est intéressante : pour la première fois, de façon très claire, Dmitri Peskov, a mis en cause la responsabilité des États-Unis pour ce qui a été présenté comme un attentat contre le président russe. Or, si on impute les attaques contre le Kremlin aux États-Unis, on rentre dans une nouvelle phase de la guerre.

Cela rejoint ce que le pouvoir russe a dit jusqu’à présent à ses citoyens russes : si la Russie perd cette guerre, ce ne sera pas à cause des vaillants Ukrainiens, mais parce qu’ils ont contre elle tout « l’Occident collectif », selon la formule créée par le Kremlin. D’où la volonté du pouvoir de resserrer la solidarité légitimiste des Russes autour de lui, et de menacer de représailles au-delà de la seule Ukraine.

Il y a plusieurs explications possibles à cette attaque de drone : soit c’est l’Ukraine, ce qui est peu probable, car le drone était petit et qu’il pouvait difficilement parcourir 700/800 kilomètres et frapper directement le Sénat ; soit il s’agit d’une provocation russe visant à démontrer que les Américains les attaquent (ce qui serait alors aussi inquiétant) ; soit – et c’est la version la plus vraisemblable – les responsables sont des groupes de résistants plus ou moins appuyés par l’Ukraine. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : les Russes envoient le message que cette fois-ci, l’« Occident collectif » s’attaque au cœur du pouvoir en Russie.

À ce contexte viennent s’ajouter les nombreuses annulations des défilés du 9 mai, célébrant la victoire de la Russie sur l’Allemagne nazie, dans le pays et dans les territoires ukrainiens annexés en raison de « problèmes sécuritaires » selon les autorités russes. Moscou a néanmoins maintenu le maintien de la parade militaire sur la Place Rouge. Quel message le Kremlin souhaite-t-il faire passer en maintenant ce défilé ?

Il y a plusieurs messages, car il y a plusieurs cas de figure.

Sur le maintien du défilé sur la place Rouge, tous les Russes ont en tête le maintien du défilé de novembre 1942, alors que les nazis étaient à 20 kilomètres du cœur du Moscou. La fête nationale avait eu lieu en pleine guerre comme un sursaut national, pour montrer à la fois la fierté et la capacité de défense de la Russie, dans la neige, dans le froid et sous les canons allemands. Dans ces circonstances, annuler le défilé du 9 mai à Moscou aurait été perçu comme une défaite psychologique et symbolique importante par rapport aux heures de gloire de la Seconde Guerre mondiale.

Sur les autres annulations de défilés, on peut distinguer deux catégories. Il y a les villes frontières, dont certaines ont été régulièrement bombardées – Belgorod, Krasnodar –, et qui ont dû annuler les défilés pour des questions de sécurité. Et puis il y a les villes du Nord beaucoup plus lointaines du front, où la guerre n’a encore pas été trop ressentie en dehors de la mobilisation. Dans ce dernier cas, le motif de sécurité intérieure est certainement à évoquer : alors que les regroupements de populations sont normalement interdits, le pouvoir prenait le risque de faire face à des manifestations d’hostilité. Il n’a pas voulu prendre ce risque, et n’avait d’ailleurs pas exclu cette hypothèse dans de grandes villes comme Moscou, où il a redoublé de précautions. Mais je n’ai jamais pensé que les Ukrainiens bombarderaient un défilé de la Victoire, car, que ce soit le 8 mai ou le 9 mai, ils ne peuvent s’attaquer à ce symbole : le pouvoir ukrainien considère que la victoire de 1945 est aussi celle de l’Ukraine, très chèrement payée. En choisissant le 8 mai pour la célébrer, comme la France, le Royaume-Uni ou les États-Unis, Zelenski a simplement voulu marquer son ancrage aux pays occidentaux, rupture avec la Russie accentuée par la décision de fêter justement le 9 mai le jour de l’Europe.

En parallèle de ces récents événements, le groupe Wagner a promis à Moscou d’approvisionner les troupes de Bakhmout en munitions, après avoir menacé le Kremlin de se retirer de la ville quelques jours plus tôt. Quel état des lieux peut-on dresser des affrontements à ce jour ? La Russie a-t-elle les moyens militaires de continuer la guerre ?

Wagner a été jeté dans le conflit après la défaite de septembre 2022 dans l’oblast de Kharkiv, où les Russes avaient perdu tous les territoires gagnés au moment de l’offensive surprise. Il y a alors eu un mouvement de panique au sein des autorités russes, qui ont cherché à colmater les brèches. C’est là qu’on a fait appel à Wagner et ouvert les prisons.

Prigojine, le patron de Wagner, s’est par ailleurs senti pousser des ailes politiques. Il a commencé à entrer dans le jeu des déclarations, à la fois de brutalité et de franchise, disant que les Ukrainiens se battaient bien, que l’armée russe était désorganisée, que la Russie manquait de munitions, et que ce n’était pas un hasard si le pays n’arrivait pas à gagner.

Bakhmout, qui a été une sorte d’abcès de fixation pour Wagner, demeure jusqu’à présent le symbole de l’échec de cette milice armée. La bataille continue, et cela fait déjà plusieurs mois que Wagner annonce presque tous les jours que ses hommes sont en train de prendre la ville. À partir de là, il y a un jeu politique de Prigojine, qui affirme qu’il ne parvient pas à prendre Bakhmout en raison du manque de soutien de l’armée régulière russe.

Cette liberté de parole de Wagner témoigne d’une sorte de délitement des institutions russes. Il aurait été inconcevable pendant la Seconde Guerre mondiale – la « Grande Guerre patriotique » – que des milices prennent la parole et remettent en cause le ministre de la Défense, le chef d’État-major général des armées, et donc, par ce biais, Staline. La liberté de parole de Wagner laisse apparaître des difficultés politiques intérieures.

Quant à savoir dans quel état est l’armée russe, malgré ses faiblesses évidentes, j’ai tendance à penser qu’elle est plus forte qu’on ne l’imagine. Je ne crois pas qu’il y ait un manque de munitions, car rien n’est plus facile pour les Russes que de fournir des obus, car les installations qui les fabriquent tournent 24/24h et ont été maintenues même après l’effondrement de l’URSS. Je pense qu’il y a moins de difficultés d’approvisionnement en obus (simples sans système de guidage) du côté russe que du côté ukrainien.

Is extensive election fraud possible in Turkey’s fiercest elections?

SWP - Wed, 10/05/2023 - 10:11

On May 14, Turkey is heading to the polls to vote in what are deemed to be the most important elections of 2023. Most of the polls indicate it will be a tight race and that the opposition has a chance to unseat President Recep Tayyip Erdoğan after 20 years. Last week, Turkey’s Interior Minister described the elections as a “political coup plot” by the West to overthrow the government. Given that elections are not always fair in Turkey, such a statement raises concerns about the security of the elections. Yet, extensive electoral fraud seems highly unlikely.

According to the Freedom House’s electoral integrity index, Turkey scores only 33 out of 100. The media is under government control and heavily censured, and state resources are used exclusively to support the government’s election campaign. There is severe voter suppression in the rural areas under the pretext of security concerns. Finally, the government instrumentalises the judiciary to intimidate and suppress political opponents.

Given such authoritarian elements of the political regime in Turkey, there are serious concerns that the elections could be rigged. Despite some attempts by the Justice and Development Party (AKP), elections in Turkey are generally free, the process is transparent and vote rigging is difficult.

Possibility of election rigging on election day

Although citizen participation is very limited when it comes to political affairs, even at the local level, voter turnout never falls below 80 per cent, as elections are the main means for citizens to express their political views and hold elected officials to account.

Each citizen is allocated an electoral box, and the electoral rolls are announced by the Supreme Electoral Board (YSK) well in advance of elections. The YSK shares these electoral rolls with all competing political parties. For each ballot box there is an appointed electoral board, which is responsible for the safe conduction of the elections and the vote counting. The head of the board is a civil servant appointed by the government, and there are appointees from the top five political parties who are ranked according to their share of the vote in the previous elections. Other smaller parties may also have observers at the polling stations, but they have no official role.

Each citizen can only vote at their assigned polling station and must present an official ID before voting. The electoral board members check that the ID matches the name on the electoral roll to prevent double voting and also ensure that votes are cast in private. The vote count is made available to the public and citizens are usually present for this. After the votes have been counted, a report on the results is drawn up and signed by all members of the electoral board. Each political party representative on the board receives a copy, and a final copy is placed on the door of the polling station. Any citizen can take a photograph of this copy. It is the most important official document, and the remaining vote counting calculations are based on it.

These reports are collected at the district and provincial polling stations and combined into a single report, which is sent to the YSK for final tabulation and the declaration of the election results. Six-member electoral boards at the district and provincial levels undertake the process of combining the documents. The board consists of a judge, a second public official and four representatives of the top four political parties, determined according to the results of the last election. 

Overall, the system is very thorough and open to public scrutiny at all levels. It is a paper-based system that limits issues relating to cyber security. There are also severe penalties for attempts to influence election results. For example, the penalty for falsifying an electoral register is eight years in prison.

Questionable past elections and the opposition’s learning curve

The relative security of the electoral system in Turkey does not mean that the AKP has not tried to rig elections. There have been serious concerns over the integrity of certain elections. In the past, the opposition parties often failed to appoint members to the electoral board for every ballot box. Furthermore, since the 2014 elections, Anadolu Agency (AA), Turkey’ official news agency, has falsely announced landslide AKP victories very early on, leading disgruntled opposition observers to abandon the ballot boxes without retrieving the election reports. As mentioned, the crucial document for electoral security is the election report kept by each observer. The only way for opposition parties to control and prove any possible irregularities is to compare the results with the election reports. This also leads to an inability to shape the public discourse. Once the government declares itself the winner and the opposition fails to respond on election night, the opposition is faced with a fait accompli and their follow-up objections have little impact.

But past elections have also served as a learning curve for the opposition. This was apparent in the 2019 Istanbul municipal elections. The opposition appeared to have properly organised all ballot boxes and their observers did not leave early, despite AA’s declaration of an AKP victory. The rapid collection of election reports enabled the opposition candidate, Ekrem İmamoğlu, to openly and legitimately confront the AA’s results throughout the night by regularly sharing his own data. The government was thus unable to shape the public discourse as it had in previous elections. As a result, despite an extremely narrow margin, the government was unable to manipulate the election results.

For the upcoming elections, the opposition states that they are prepared as a result of these past experiences and that a member is being assigned to observe each ballot box. Furthermore, civil society has mobilised and established successful election monitoring organisations, most famously Oy ve Ötesi (Vote and Beyond), which can reliably assess the integrity of the election results. As long as the opposition succeeds in appointing observers to the electoral boards – thereby collecting results quickly and efficiently, and then sharing the data with the public – it will be very difficult for the government to steal an election it has lost. But if the opposition fails in any respect, then there is a serious possibility of electoral fraud. It is therefore crucial that international election observers remain vigilant and request information from the opposition.

« L’économie de guerre, un défi européen »

IRIS - Tue, 09/05/2023 - 15:54

La guerre en Ukraine a fait basculer notre industrie d’armement d’une industrie formatée pour le temps de paix à une industrie qui doit adapter sa production au temps de guerre.

Dès le 24 février 2022, il était clair qu’aucun pays européen ne tolérerait que les frontières du continent soient remises en cause par la force. Nous étions donc appelés à devenir la base arrière de l’Ukraine pour lui fournir les armements et les munitions qu’elle ne pouvait fabriquer elle-même en quantité suffisante – pour rappel, leur haut niveau de consommation n’a plus été constaté depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dès le 13 juillet 2022, le Président de la République a utilisé l’expression d’« économie de guerre ».

Cela ne veut pas dire que les Français sont en guerre et que toute notre économie doit basculer pour soutenir un effort de guerre. Cela ne concerne qu’une partie de nos industries d’armement qui doivent fournir davantage de matériels nécessaires, et plus vite. Or, cette tâche n’est pas si aisée.

La remontée en puissance de l’industrie d’armement nécessite de redimensionner toute la chaîne d’approvisionnement jusqu’aux composants et matériaux critiques, de faire appel à du personnel compétent pour assurer le surcroît de production, voire de développer de nouvelles lignes de production. Ce sera le cas notamment pour la fabrication de poudres : Eurenco va la relocaliser à Bergerac, avec une capacité supérieure aux besoins de l’armée française.

Ce défi dépasse en effet le cadre français, il concerne tous les pays européens. L’accroissement des capacités de production implique un coût que les entreprises ne peuvent assumer que si des garanties leur sont données en termes de commandes. Pour ce faire, des solutions sont en cours d’élaboration au niveau européen. Objectif : mutualiser les achats des États membres. Dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix[1], un instrument portant sur les acquisitions de munitions pour l’Ukraine pourrait voir le jour.

La Commission européenne développe également deux autres dispositifs[2] pour que l’acquisition d’armement en commun devienne la règle.

Cela permettrait à la fois de soutenir l’industrie d’armement européenne et d’accroître notre autonomie stratégique. La Commission envisage aussi de renforcer la politique de remontée en puissance de l’industrie de défense par des aides spécifiques. Si toutes ces initiatives devaient voir le jour, cette situation de crise aura permis à l’Union européenne de réaliser un bond en avant, à l’instar de l’acquisition de vaccins lors de la pandémie de Covid-19.

 

Une tribune publiée dans le dossier « Produire plus et plus vite, le défi ! » du septième numéro d’Esprit défense, le magazine trimestriel du ministère des Armées.

_________________

[1] Instrument financier pour renforcer les capacités de l’UE en matière de sécurité et de défense et pour contribuer à préserver la paix dans le monde.

[2] EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act) et EDIP (European Defence Investment Programme).

Les enjeux des élections turques

IRIS - Tue, 09/05/2023 - 14:07

Les 14 et 28 mai auront lieu en Turquie des élections à deux tours pour les présidentielles, à un tour pour les législatives qui peuvent changer le paysage politique du pays. Pour la première fois depuis qu’il est au pouvoir – deux décennies– Recep Trayiip Erdogan n’est pas sûr de sortir vainqueur des élections et son pouvoir est réellement menacé. Il est donné battu dans les sondages, même s’il convient de rester prudent. Les électeurs ne suivent pas forcément les sondés.

Qu’est-ce qui est venu affaiblir Erdogan pourtant, si sûr de son aura. Il y a bien sûr l’usure du pouvoir, phénomène traditionnel. Il y a aussi l’inquiétude face à la dérive autoritaire de nombreux Turcs craignant qu’un nouveau blanc-seing électoral à Erdogan ne lui permette d’établir une quasi-dictature. Il y a la gestion critiquée du tremblement de terre qui a fait plus de 50 000 victimes. Certes il s’agit là d’une catastrophe naturelle, mais le nombre de victimes est aussi dû au défaut de contrôle dans les constructions, non sans lien avec des affaires de corruption.

Enfin, et surtout, pèse contre Erdogan la situation économique déplorable du pays : l’inflation approche les 100 % par an, la livre turque a perdu 200 % de sa valeur face à l’euro, les difficultés quotidiennes et l’appauvrissement de nombreux Turcs…

Or, jusqu’ici, Erdogan était crédité d’une réussite économique, le pouvoir d’achat des Turcs a quadruplé pendant les 10 premières années de son pouvoir. Aujourd’hui, il est revenu au niveau de 2007/2008.

Certes, il y a les succès diplomatiques, les patriotes turcs lui sont reconnaissants d’avoir placé Ankara assez haut sur la scène internationale, face aux Occidentaux tout en étant membre de l’OTAN. La Turquie a d’excellentes relations avec la Russie tout en fournissant des drones à l’Ukraine et peut se targuer d’être à la tête du seul pays qui a su organiser des négociations directes entre Russes et Ukrainiens qui ont permis un accord sur l’exportation de céréales et éviter une crise alimentaire mondiale. La place de la Turquie sur la scène mondiale est bien plus importante qu’il y a 20 ans.

L’une des inconnues du scrutin repose sur les six millions de primo-votants, 10 % du corps électoral, qui devrait normalement être plutôt favorables au candidat de l’opposition du pays.

Si l’opposition venait à l’emporter, y aurait-il un changement radical ? Sur le plan intérieur, c’est certain il y aurait un souffle nouveau pour les libertés, les nombreux intellectuels qui ont fui la répression pourraient revenir au pays et la peur qui règne sur les journalistes, avocats ou professeurs qui prennent des positions qui déplaisent au pouvoir, prendrait fin.

Il n’est pas certain, en revanche, que la diplomatie turque connaîtrait une rupture.

Et celles-ci sont très rares dans le domaine géopolitique. Il y a en cas d’alternance, généralement des évolutions rarement des révolutions. S’il était élu, Kemal Kiliçdaroglu mettrait certainement fin aux diatribes, voire aux insultes, dont Erdogan a usé et abusé à l’égard des dirigeants européens. Il serait plus courtois. Pour autant il n’irait pas modifier l’ADN géopolitique de la Turquie. Il continuerait à avoir de bonnes relations avec Moscou et avec les Occidentaux parce que c’est l’intérêt national de la Turquie. La question kurde resterait centrale, il pourrait accepter l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Mais si Erdogan restait au pouvoir, il finirait par en faire de même.

Les Européens ne doivent pas se faire d’illusions excessives en cas d’alternance. Certes cela permettrait d’ouvrir une nouvelle page. Cependant Kemal Kiliçdaroglu a demandé de n’être pas soutenu publiquement par les Européens pour ne pas donner d’arguments à Erdogan en jouant sur la fibre patriotique et le rejet des interventions extérieures. Car si Erdogan a changé de politique, est devenu plus confrontationnel avec les Occidentaux, c’est dû au coup d’État manqué de 2016 (où il estime n’avoir pas été soutenu par ses alliés), mais aussi au sentiment que les pays européens n’ont pas été respectueux de la Turquie à partir de 2007-2008, en lui claquant la porte au nez pour les négociations. De même, les Turcs pensent majoritairement que les États-Unis les ont toujours considérés de haut et jamais comme de véritables partenaires. Le prochain président turc quel qu’il soit, voudra montrer à ses concitoyens qu’il sait faire respecter son pays sur la scène internationale.

Marcel Fratzscher: „Unwürdiges Gefeilsche vor Bund-Länder-Gipfel zu Geflüchteten“

Bund und Länder treffen sich am morgigen Mittwoch zu einem Flüchtlingsgipfel. Im Vorfeld umstritten ist vor allem die Aufteilung von Kosten für Unterbringung und Integration der Geflüchteten. Dazu ein Statement von Marcel Fratzscher, Präsident des Deutschen Instituts für Wirtschaftsforschung (DIW Berlin):

Bund und Länder sollten sich kurzfristig die Kosten für die Versorgung und Integration der Geflüchteten teilen. Dabei sollte der Bund den größten Teil der Last tragen, da er mehr Möglichkeiten hat, über Steuererhöhungen die zusätzlichen Kosten zu finanzieren. Eine Finanzierung über eine Anleihe aus dem EU-Haushalt oder über die Europäische Investitionsbank für die Kosten der Integration ist eine Möglichkeit, die jedoch das Problem nicht löst und zudem nicht berücksichtigt, dass die Zahl der Geflüchteten in den kommenden zwei Jahren stark ansteigen wird.  

Die Bundesregierung muss dringend den Länderfinanzausgleich reformieren, damit die Kommunen dauerhaft finanziell besser ausgestattet sind. Dazu gehört, die fast 30 Prozent der vollkommen überschuldeten Kommunen zu entschulden. Zu den überfälligen Reformen gehört auch, den Königsteiner Schlüssel den Erfordernissen der Zeit anzupassen. Er taugt nicht, um die Geflüchteten auf Bundesländer zu verteilen, sondern es braucht verschiedene Schlüssel, um Kosten, Geld und Aufgaben zwischen den Bundesländern zu verteilen, wie die aktuelle DIW-Studie zum Königsteiner Schlüssel zeigt.  

Der Streit zwischen Bund und Ländern über die Kosten für Geflüchtete ist ein unwürdiges Feilschen, das auf dem Rücken aller Bürger*innen in den Kommunen ausgetragen wird. Bund und Länder müssen dringend eine Lösung finden und dürfen nicht erneut scheitern, so wie schon im Februar. Für viele Kommunen hat sich die Finanznot während der Pandemie und durch die Energiekrise verschärft, so dass sie ihre Aufgaben der Daseinsvorsorge immer schlechter erfüllen können. Ihre finanzielle Notlage wird sich wegen der Inflation und deutlicher Lohnsteigerungen im öffentlichen Dienst noch vergrößern. Die Bundesregierung sollte den Ländern mit zeitgemäßen Reformen entgegenkommen.

Nach der Corona-Notlage: Eine langfristige Lösung braucht multilaterale Zusammenarbeit

SWP - Tue, 09/05/2023 - 10:06

Die Covid-19-Pandemie gilt nicht mehr als »gesundheitliche Notlage von internationaler Tragweite«. Das verkündete der Generaldirektor der Weltgesundheitsorganisation (WHO), Tedros Adhanom Ghebreyesus, am vergangenen Freitag in Genf. Die Erklärung stützt sich auf Artikel 12 der Internationalen Gesundheitsvorschriften von 2005. Die Länder sollten sich nun auf eine längerfristige Strategie zur Bewältigung des Virus vorbereiten, so der WHO-Generaldirektor. Bislang wurden nach Daten der John Hopkins University weltweit mehr als 6,8 Millionen Covid-19-Todesfälle gemeldet – nach neuen WHO-Angaben liegt die tatsächliche Todesrate jedoch bei mindestens 20 Millionen Menschen.

Aus völkerrechtlicher Sicht bringt die Erklärung keine wesentliche rechtliche Änderung mit sich, da jedes Land selbst entscheidet, welche Schutzmaßnahmen es ergreift. Die WHO spricht lediglich Empfehlungen aus. Doch wie könnte eine längerfristige Strategie gegen Covid-19 und künftige Gesundheitsbedrohungen aussehen? Trotz der vorherrschenden geopolitischen Brüche muss der Multilateralismus im Bereich der globalen Gesundheit gestärkt werden, um bei der Pandemieprävention, -vorsorge und -bekämpfung voranzukommen.

Auch wenn die Welt die akute Phase der Covid-19-Pandemie hinter sich gelassen habe, gebe das Risiko schwerer Varianten weiterhin Anlass zur Sorge, so der WHO-Generaldirektor. Es sind weitere Forschungen erforderlich, zum Beispiel um die Auswirkungen von Long-Covid zu ermitteln. Die Regierungen sollten die Erklärung daher nicht als Vorwand nutzen, um präventive Maßnahmen im Bereich der öffentlichen Gesundheit aufzuheben, einschließlich der Schließung der verbleibenden Impflücken und der Gewährung von Arbeitsfreistellung im Falle positiver Testergebnisse.

Notwendigkeit einer wirklich globalen Gesundheitspolitik

Der Mangel an Solidarität während der Covid-19-Pandemie - »ein Beispiel der Nichtzusammenarbeit« - muss ein Weckruf für die internationale Staatsgemeinschaft sein. Verständlicherweise war jedes Land und jede Region bestrebt, in erster Linie seine eigene Bevölkerung zu schützen. Die unmittelbare Folge war jedoch, dass Länder mit geringeren Ressourcen bei der Verteilung lebensrettender medizinischer Güter ins Hintertreffen gerieten.

Mittlerweile hat sich auf der Ebene der internationalen Politik eine »Pandemiemüdigkeit« eingestellt. Dabei bleibt mit Blick auf die Weltgesundheitsversammlung im Mai 2024, auf der ein neuer Pandemievertrag und eine Reform der Internationalen Gesundheitsvorschriften vorgelegt werden sollen, noch viel zu tun.

Wenn die Bundesregierung ihre Führungsrolle im Bereich der globalen Gesundheit konsolidieren will, muss sie den Umgang mit langfristigen Folgen von Covid-19 und anderen wachsenden Gesundheitsbedrohungen planen. Sie kann hier jedoch nicht im Alleingang handeln. Für eine bessere Pandemieprävention, -vorbereitung und -reaktion ist ein stärkeres multilaterales Engagement erforderlich. Zwei Strategien können helfen, diese Ziele zu erreichen.

Klare Regeln und eine nachhaltige Finanzierung

Erstens sind klare völkerrechtliche Regeln erforderlich, um die Verantwortlichkeiten zwischen den Staaten aufzuteilen. Das Völkerrecht ist nach wie vor die beste Option, um klare Parameter für die Reaktion der Staaten auf Pandemien festzulegen. Dies bedeutet nicht unbedingt, dass der WHO mehr Befugnisse übertragen werden müssen. Zumindest aber sollten die Verantwortlichkeiten zwischen den Staaten geregelt sein, zum Beispiel für eine gerechte Verteilung medizinischer Güter oder einen transparenten Datenaustausch. Die nächste Pandemie könnte schon vor der Tür stehen. Doch ohne verbindliche Regeln gibt es keine klaren politischen Zusagen, dass künftige Reaktionen von mehr zwischenstaatlicher Solidarität geprägt sein werden.

Zweitens ist eine nachhaltige Finanzierung der WHO für eine längerfristige Perspektive erforderlich. Es ist kein gangbarer Weg, Finanzmittel zu sammeln, nachdem eine gesundheitliche Notlage eingetreten ist. Deutschland hat eine führende Rolle bei der Erhöhung der Pflichtbeiträge für die WHO gespielt. Die Verhandlungen über die genauen Bedingungen dieser Erhöhung werden auf der kommenden Weltgesundheitsversammlung Ende des Monats fortgesetzt. Eine größere Unabhängigkeit und Stabilität der WHO hängt vom Erfolg dieser Verhandlungen ab.

Die WHO stieß bei der Covid-19 Pandemiebekämpfung an ihre Grenzen. Dazu gehörten verwirrende oder verspätete Mitteilungen zu wichtigen Fragen wie dem Tragen von Masken, Reisebeschränkungen und der Übertragung von Covid-19. Aber sie hat für alle Mitgliedstaaten auch umfassende Beratung geleistet und war ein Ort, an dem politische Maßnahmen zwischen den Staaten erörtert wurden. Für diese Aufgaben gibt es keine alternative internationale Institution. Die Gewährleistung der Unabhängigkeit und Kontinuität der Arbeit der WHO durch ihre Finanzierung könnte daher dazu beitragen, sie vor aktuellen und künftigen geopolitischen Konflikten zu schützen. Letztlich ist der Multilateralismus die beste Garantie dafür, dass sich viele der globalen Debakel, die während der Covid-19-Pandemie auftraten, nicht wiederholen.

Knowledge Politics in the Context of International Climate Negotiations

SWP - Tue, 09/05/2023 - 02:00

With the publication of its Synthesis Report in March 2023, the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) has completed its work programme for the sixth assess­ment cycle. The IPCC reports, and in particular the respective Summary for Policy Makers (SPM), provide a scientific basis for negotiations under the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC). They are a key reference in the global climate debate. The most recent Synthesis Report (SYR) is considered one of the most important sources of information for the first Global Stocktake under the Paris Agreement, which is to be concluded at the UNFCCC Conference of the Parties (COP28) in Dubai in December 2023. The knowledge politics surfacing in controversies that were visible during the report’s adoption reflect the conflicting interests that will shape the upcoming round of new emission reduction and financing pledges.

Zeitenwende and the Western Balkans

SWP - Mon, 08/05/2023 - 16:58
How has Germany's enlargement policy changed since Russia's aggression against Ukraine? Can the war revive the EU’s enlargement agenda for the Western Balkans? Discussion with Margit Wunsch Gaarmann and Heinrich Kreft, Head of the Centre for Diplomacy at the Andrássy University Budapest.

Türkei-Wahl: Warum Erdoğans Herrschaft bald enden könnte

SWP - Mon, 08/05/2023 - 15:24
Recep Tayyip Erdoğan führt die Türkei seit 20 Jahren. Doch die Wirtschaftskrise, die Folgen des Erdbebens und eine geschlossene Opposition könnten ihm bei den anstehenden Wahlen gefährlich werden.

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