20 janvier. Le jour de son investiture, M. Barack Obama suspend les tribunaux militaires d'exception créés en 2006 pour juger des détenus du camp de Guantánamo. Quatre mois plus tard, il annonce qu'ils seront finalement maintenus, mais avec de nouvelles règles de procédure.
27 février. Le président annonce le retrait progressif des troupes américaines d'Irak. Celui-ci sera achevé le 31 décembre 2011.
8 mars. Incident diplomatique entre Pékin et Washington après l'entrée d'un navire américain en mer de Chine méridionale.
2-5 avril. En tournée en Europe, M. Obama plaide pour un « monde sans armes nucléaires » et pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
18 avril. Lors du Ve sommet des Amériques, tenu à Trinité-et-Tobago, M. Obama propose aux chefs d'État latino-américains une « alliance entre égaux ».
18 mai. Au terme de la visite du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Washington, M. Obama défend la création d'un État palestinien.
4 juin. Dans un discours prononcé au Caire, en Égypte, M. Obama propose un « nouveau départ » entre les États-Unis et le monde arabo-musulman.
24 juin. Les États-Unis et le Venezuela rétablissent leurs relations diplomatiques, rompues après l'expulsion de l'ambassadeur américain à Caracas en septembre 2008.
28 juin. Un coup d'État militaire renverse le président du Honduras, M. Manuel Zelaya. Sous la pression de la secrétaire d'État Hillary Clinton, la Maison Blanche apportera son soutien au gouvernement issu du putsch.
29 octobre. Par 189 voix contre 3, l'Assemblée générale des Nations unies demande aux États-Unis de mettre fin à l'embargo contre Cuba, en vigueur depuis 1962.
18 novembre. M. Obama admet que, faute d'accord du Congrès, les États-Unis ne fermeront pas le centre de détention de Guantánamo avant la fin de l'année.
1er décembre. Le président annonce le déploiement accéléré de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Il évoque un retrait possible à partir de l'été 2011.
10 décembre. Recevant le prix Nobel de la paix à Oslo, décerné le 9 octobre, M. Obama évoque la notion de « guerre juste » et déclare qu'un « mouvement non violent n'aurait jamais arrêté les armées de Hitler ».
20105 février. La nouvelle doctrine de défense russe place l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) —dont les États-Unis sont le fer de lance— en tête des menaces extérieures.
8 avril. Washington et Moscou signent un nouvel accord sur le désarmement nucléaire Strategic Arms Reduction Talks (Start), après l'expiration du précédent en décembre 2009. Ils s'engagent à réduire de 75 % leurs arsenaux respectifs.
28 mai. À l'issue de la conférence de suivi du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), à New York, les États-Unis paraphent, malgré des réserves, le document proposant la création d'une zone dénucléarisée au Proche-Orient et enjoignant à Israël de placer ses installations sous contrôle international.
3 juillet. Les États-Unis et la Pologne signent un accord sur un bouclier antimissile, malgré les objections de Moscou.
30 août. Après des manœuvres navales aux côtés de la Corée du Sud en mer du Japon (du 25 au 28 juillet), Washington impose de nouvelles sanctions à la Corée du Nord. Elles font suite à la destruction, attribuée à Pyongyang, d'un navire sud-coréen en mars.
8 décembre. Trois mois après avoir relancé les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens sous leur égide, à Washington, les États-Unis renoncent à exiger de Tel-Aviv le gel de la colonisation en Cisjordanie comme préalable aux négociations de paix.
20117 mars. Décevant les défenseurs des droits civiques, M. Obama donne son feu vert à la reprise des procès militaires d'exception à Guantánamo.
19 mars - 31 octobre. Les États-Unis participent, aux côtés de la France et du Royaume-Uni, à l'intervention militaire multinationale en Libye, menée sous l'égide des Nations unies et dirigée par l'OTAN.
2 mai. Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaida, est tué par un commando américain au Pakistan.
19 mai. À la suite des « printemps arabes », M.Obama dévoile son « plan Marshall » de plusieurs milliards de dollars pour aider le monde arabe à se démocratiser. Il se déclare favorable à un État palestinien dans les frontières de 1967.
22 juin. Le président annonce le rapatriement d'un tiers des 100 000 soldats américains déployés en Afghanistan, d'ici à l'été 2012. Le départ du reste des troupes est programmé pour 2014.
2 septembre. La divulgation par WikiLeaks de 250 000 câbles diplomatiques internes du département d'État américain met toutes les chancelleries en émoi, en premier lieu à Washington.
201217 avril. Washington décide d'alléger les sanctions financières contre la Birmanie pour soutenir le processus de démocratisation amorcé en 2011.
26 avril. Les États-Unis et le Japon s'accordent sur le retrait de 9 000 marines de l'île d'Okinawa, où des soldats américains stationnent depuis 1960.
5 mai. Début du procès, dans le camp de Guantánamo, des cinq principaux suspects dans les attentats du 11-Septembre.
13 juillet. Première liaison maritime —censée devenir hebdomadaire— entre les États-Unis et Cuba depuis 1962, avec l'arrivée à La Havane d'un navire américain transportant du matériel humanitaire.
11 septembre. L'ambassadeur des États-Unis en Libye et trois de ses collègues sont tués lors de l'attaque du consulat américain de Benghazi par des militants armés. Le 15, Al-Qaida déclare « venger » ainsi la mort de son numéro deux, éliminé en juin par Washington.
18 septembre. Moscou ordonne à l'Agence américaine pour le développement international (Usaid) de quitter la Russie d'ici à la fin du mois. L'Usaid, qui finance les organisations non gouvernementales (ONG) du pays, est accusée de s'immiscer dans ses affaires intérieures.
13 novembre. En tournée en Australie, le chef du Pentagone, M.Leon Panetta, assure que le redéploiement des forces américaines dans la région Asie-Pacifique est « réel » et à « long terme ». M.Obama se rend en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge une semaine plus tard.
3 décembre. M.Obama met en garde le président syrien Bachar Al-Assad contre les « conséquences » de l'emploi d'armes chimiques.
4 décembre. L'OTAN autorise le déploiement de missiles américains Patriot en Turquie, une mesure réclamée par Ankara pour protéger sa frontière avec la Syrie.
14 décembre. M.Obama promulgue une loi interdisant l'entrée sur le sol américain de personnes responsables de violations des droits humains en Russie et prévoyant le gel de leurs avoirs aux États-Unis.
201320-21 mars. Première visite officielle du président Obama en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Tout en appelant à un règlement pacifique du conflit, il réaffirme l'alliance « éternelle » entre Washington et Tel-Aviv.
23 mai. Dans une allocution prononcée à la National Defense University de Washington, M. Obama explique vouloir mettre fin à la « guerre globale contre le terrorisme » et annonce un changement radical de stratégie.
5-30 juin. Révélations sur les programmes d'espionnage menés à l'échelle mondiale par l'Agence nationale pour la sécurité américaine (NSA). L'auteur des fuites, M.Edward Snowden, un ancien employé de la NSA, trouve asile en Russie.
18 juin. Sa mission terminée, la force internationale de l'OTAN en Afghanistan remet au gouvernement afghan le contrôle de la sécurité dans le pays.
29 juillet. Washington obtient la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, gelées depuis 2010. Elles bloqueront à nouveau sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie.
2-11 août. Devant les menaces d'attentats proférées par Al-Qaida, les États-Unis décident de fermer temporairement une vingtaine de leurs ambassades au Proche-Orient et en Afrique.
14 septembre. Moscou et Washington parviennent à s'entendre sur un plan de démantèlement de l'armement chimique du régime syrien. Il permet d'éviter l'éventualité d'une intervention militaire américaine.
17 septembre. Après la publication, le 1er septembre, de documents relatifs à sa mise sur écoute par la NSA en juin 2012, la présidente du Brésil, Mme Dilma Rousseff, annule sa visite aux États-Unis prévue en octobre.
27 septembre. À son initiative, M. Barack Obama s'entretient par téléphone avec M. Hassan Rohani, élu à la présidence de l'Iran en juin. C'est le premier contact direct entre les chefs d'État des deux pays depuis trente-quatre ans.
21-29 octobre. Crise diplomatique entre l'Europe et les États-Unis après la parution de nouveaux documents sur l'espionnage pratiqué par la NSA à l'encontre de diplomates et de dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel.
20 novembre. Accord de principe entre Washington et Kaboul sur un pacte bilatéral de sécurité. Huit mille à douze mille soldats de l'OTAN resteront en Afghanistan après le départ des forces de l'Alliance fin 2014 ; les militaires américains bénéficieront de l'immunité juridique.
24 novembre. Signature à Genève d'un accord préliminaire sur le programme nucléaire iranien entre l'Iran et les États du G5 + 1 (États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine et Allemagne).
201416 mars. Les États-Unis et l'Europe adoptent une série de sanctions contre Moscou après le rattachement de la Crimée à la Russie consécutif au référendum d'autodétermination organisé dans la péninsule. Les pays occidentaux contestent la légitimité de cette consultation.
28 avril. Accord américano-philippin pour renforcer la présence militaire des États-Unis aux Philippines.
19 juin. Après la prise de Mossoul (Irak), le 10 juin, par l'Organisation de l'État islamique (OEI), M. Obama décide de dépêcher trois cents conseillers militaires américains en Irak pour appuyer l'armée gouvernementale. Leur nombre passera à trois mille en novembre.
8 août. Début des bombardements américains contre les positions de l'OEI dans le nord de l'Irak. Le mouvement djihadiste a proclamé son califat le 29 juin dans les régions irakiennes et syriennes qu'il contrôle.
5 septembre. Les États-Unis forment une coalition internationale pour lutter contre l'OEI. Elle regroupe notamment la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Turquie. Dix pays arabes, dont l'Arabie saoudite, l'Égypte et la Jordanie, la rejoignent une semaine plus tard.
8 décembre. Un rapport du Congrès américain évalue à 1 600 milliards de dollars les dépenses des États-Unis depuis le 11 septembre 2001, dans le cadre de la lutte antiterroriste.
9 décembre. Un rapport du Sénat américain sur les « interrogatoires renforcés » pratiqués par la Central Intelligence Agency (CIA) après les attentats du 11 septembre 2001 estime qu'ils « n'ont pas été efficaces » et constituent des actes de torture.
17 décembre. La Havane et Washington annoncent le rétablissement de leurs relations diplomatiques, rompues en 1961. La question de la levée de l'embargo économique, auquel est soumis Cuba depuis 1962, doit être examinée par le Congrès américain.
20153 mars. Dans un discours au Congrès américain à l'invitation des républicains, M. Netanyahou, le premier ministre israélien, fustige la politique de M.Obama à l'égard de Téhéran et dénonce l'accord sur le nucléaire iranien en voie d'être conclu.
11 avril. Premier tête-à-tête entre le président cubain Raúl Castro et M.Obama, en marge du sommet des Amériques, à Panamá. Trois jours plus tard, M. Obama déclare vouloir retirer Cuba de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme, ce qui sera fait le 29 mai.
14 juillet. Signature de l'accord final sur le nucléaire iranien, à Vienne, entre Téhéran et les pays du G5 + 1. Vivement critiqué par les républicains aux États-Unis, il sera entériné de justesse par le Congrès américain le 11 septembre suivant.
20 juillet. Réouverture officielle des ambassades américaine à La Havane et cubaine à Washington.
28 septembre. Rencontre sous tension à l'Organisation des Nations unies (ONU) entre M.Obama et M.Vladimir Poutine —dont les troupes sont présentes en Syrie pour soutenir M. Al-Assad—, qui s'accusent mutuellement d'attiser le chaos syrien. Ils conviennent d'une coordination tactique entre leurs forces respectives sur le terrain. Les raids aériens russes en Syrie débutent deux jours plus tard.
3 octobre. En Afghanistan, les États-Unis bombardent « par erreur » (selon le commandement américain) l'hôpital de Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz, faisant vingt-deux morts. M.Obama s'excusera auprès de MSF, qui parle de « crime de guerre ».
15 octobre. M. Obama annonce que les 9 800 soldats encore en poste en Afghanistan y resteront finalement en 2016, et que 5 500 d'entre eux seront maintenus après 2017.
14 novembre. Le chef de l'OEI en Libye est tué au cours d'un raid aérien mené pour la première fois par les États-Unis dans le pays, où le mouvement djihadiste gagne du terrain.
15 novembre. Lors d'un entretien imprévu pendant le sommet du G20, MM. Obama et Poutine s'accordent sur la nécessité d'un cessez-le-feu et d'une transition politique en Syrie, menée entre l'opposition et le régime sous l'égide de l'ONU. Le sort de M. Al-Assad demeure en suspens.
20164 février. Signature, en Nouvelle-Zélande, du partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership, TPP), qui prévoit la création d'une zone de libre-échange unissant les États-Unis à onze autres pays du Pacifique (Australie, Canada, Chili, Japon, Singapour, Vietnam, etc.).
17 février. Selon des estimations officielles américaines, les frappes conduites par les États-Unis contre l'OEI, en Irak et en Syrie, ont tué environ 27 000 combattants de l'organisation.
20 avril. Le président Obama annonce l'envoi de 200 membres des forces spéciales américaines en Irak. Le 25 avril, 250 hommes sont dépêchés en Syrie.
7 juillet. À la veille du sommet de l'OTAN à Varsovie (8-9 juillet), M. Poutine dénonce la « frénésie militariste » de l'Alliance atlantique. Le 15 juin, celle-ci a fait savoir qu'elle avait décidé de déployer en 2017 des troupes en Pologne, en Estonie, en Lituanie et en Lettonie.
14 juillet. En visite à Moscou, le secrétaire d'État John Kerry propose à M. Poutine la création d'un « commandement militaire conjoint » à Amman (Jordanie) et des opérations américano-russes coordonnées en Syrie, dans le cadre de la lutte contre l'OEI et contre Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaida épargnée jusque-là par les Américains.
19-21 juillet. Tensions entre Ankara et Washington après le putsch militaire manqué contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, dans la nuit du 15 au 16 juillet. La Turquie reproche aux États-Unis d'abriter le prédicateur Fethullah Gülen, qu'elle accuse d'avoir fomenté la tentative de coup d'État.
L'ours polaire est devenu le symbole d'une biodiversité en péril, sous la menace du réchauffement climatique. Impossible toutefois de dissocier la protection de l'espèce des enjeux géopolitiques liés à un territoire convoité, l'Arctique. Une dimension dont les organisations environnementales ne sont pas toujours conscientes, pas plus qu'elles ne mesurent le rôle des peuples autochtones.
En avril 2010, M. Vladimir Poutine, alors premier ministre de la Russie, se faisait photographier avec un ours polaire — une femelle anesthésiée par des scientifiques — sur l'archipel François-Joseph, à l'extrême nord du pays. Le discours écologiste qu'il tenait alors, plaidant pour la protection de l'animal et de l'Arctique, dissimulait mal certaines arrière-pensées.
En septembre 2012, la réduction de la surface des glaces de mer estivales qui couvrent l'océan Arctique a atteint un record, au point que celles-ci pourraient avoir totalement disparu d'ici à 2050. Un minimum de glaces hivernales a aussi été atteint en mars 2015. Or l'ours polaire — nanouk dans la langue des Inuits, qui le divinisent et le chassent régulièrement— ne peut vivre sans la banquise, où il trouve ses principales proies, les phoques. Désormais en danger, il est donc devenu l'étendard de la lutte contre le réchauffement climatique. De surcroît, d'autres périls pèsent sur l'animal, dont la population est estimée à 20 000 ou 25 000 individus : la chasse, le braconnage ou encore les polluants, qui se concentrent dans les tissus de cet ultime maillon de la chaîne alimentaire.
Ce prédateur symbole de puissance, dont les plus gros mâles peuvent dépasser les 600 kilos et mesurer deux à trois mètres, régna longtemps en maître absolu sur les étendues gelées. Les premiers explorateurs blancs l'associaient au danger de l'« enfer polaire ». Au XVIIe siècle, Hollandais, Danois et Britanniques se livrent déjà des conflits armés pour prendre pied en Arctique, dont les ressources prometteuses suscitent la convoitise : animaux à fourrure, phoques, baleines, morues... L'archipel du Svalbard, à l'est du Groenland, est très disputé. La faune, et particulièrement l'ours polaire, seigneur déchu, paie un lourd tribut, subissant une élimination de masse.
Puis, à partir des années 1950, l'Arctique se retrouve au cœur de la guerre froide. Les Etats-Unis mettent en place la ligne DEW (pour « Distant Early Warning line », soit « ligne avancée d'alerte précoce »), un réseau de radars allant des îles Aléoutiennes à l'Islande en passant par l'Alaska, le nord du Canada et le Groenland. Avec pour objectifs d'anticiper l'arrivée par le plus court chemin de missiles ou de bombardiers en provenance d'URSS et d'espionner l'ennemi. Des bases militaires se mettent en place en Arctique, dont celle de Churchill (Manitoba, Canada), l'une des plus importantes. Située sur la route migratoire de l'ours blanc, la ville est aujourd'hui devenue une destination touristique. Au cours d'une guerre froide plutôt calme sous ces hautes latitudes, les soldats désœuvrés se rendent coupables d'une chasse excessive autour des bases : se procurer une peau d'ours à rapporter en souvenir agrémente leur morne quotidien. Cette pression de la chasse est particulièrement forte autour des bases de Resolute (Nunavut) et de Thulé (Groenland).
A cette hécatombe s'ajoutent diverses pollutions durables dans un milieu pourtant réputé immaculé. Les Soviétiques réalisent des essais nucléaires dans l'archipel de la Nouvelle-Zemble et entreposent fûts et réacteurs radioactifs en mer de Kara et en mer de Barents. Mais ils ne sont pas les seuls : les Canadiens abandonnent également des déchets radioactifs près de mines d'uranium autour du Grand Lac de l'Ours. Les militaires américains, eux, exploitent deux centrales nucléaires, l'une au Groenland, l'autre en Alaska, et laissent sur place des déchets radioactifs qui contaminent les cours d'eau et les populations locales. La plupart des bases, responsables de pollutions aux hydrocarbures, seront démantelées dans les années 1990.
Pourtant, à la même époque, l'ours polaire offre aussi l'occasion d'une coopération internationale faisant fi des frontières Est-Ouest. En 1965, des biologistes travaillant dans l'Arctique s'inquiètent de la diminution de sa population. Les Soviétiques et les Américains posent alors les fondements d'une collaboration indifférente aux tensions politiques. En 1968, un groupe de spécialistes se crée au sein de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L'initiative de fédérer les cinq nations abritant l'animal autour d'un même projet annonce une collaboration plus large, prémices du futur Conseil de l'Arctique. Les représentants de ces pays se réunissent à Oslo en novembre 1973 pour entériner l'Accord sur la protection des ours polaires.
Le Conseil de l'Arctique voit le jour en 1996. Il réunit les nations circumpolaires, ainsi que des représentants des communautés autochtones. Par la suite, plusieurs pays, de plus en plus éloignés du pôle Nord, obtiendront des sièges d'observateur. On y traite d'environnement et de sécurité des transports, le rôle géopolitique du Conseil étant officieux.
L'Arctique retrouve son importance stratégique après les années 2000, même si la gravité des conflits est souvent surestimée. Les enjeux de souveraineté et d'exploitation des ressources sont réels ; mais la coopération et la négociation dominent. La plupart des pays circumpolaires règlent leurs litiges en s'appuyant sur le droit international, à commencer par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, signée en 1982 à Montego Bay (Jamaïque). La Russie s'est par exemple appuyée sur les règles régissant le plateau continental pour demander à l'ONU, le 4 août dernier, de lui reconnaître une « zone économique exclusive » de 1,2 million de kilomètres carrés. La Norvège avait obtenu une extension de ce type en 2009.
Les demandes d'exploitation des ressources minérales ne traduisent pas des prétentions d'appropriation hégémonique ; pour reprendre les termes du géographe Frédéric Lasserre, « c'est une course contre la montre, pas contre les voisins (1) ». Souvent évoqué, le pétrole revêt une importance bien moindre que le gaz et, surtout, que les autres ressources naturelles : zinc, nickel, cuivre, or, diamant, uranium... Des Etats non polaires s'intéressent également à la zone et à ses ressources, à l'instar de la Chine, du Japon et de Singapour, qui ont obtenu des sièges d'observateur au Conseil de l'Arctique en 2013.
Entre les Etats circumpolaires, les batailles se livrent à fleurets mouchetés, comme en témoigne le statut des routes maritimes. Le passage de l'Est est contrôlé par la Russie, qui a la meilleure pratique de la navigation périlleuse dans les eaux arctiques grâce à sa flotte de brise-glaces nucléaires. Le Canada souhaite développer la route de l'Ouest, de plus en plus libre de glaces. Cependant, plusieurs pays, à commencer par les Etats-Unis, contestent ces appropriations nationales, considérant qu'il devrait s'agir d'eaux internationales.
Dans cet écheveau de tensions géopolitiques, l'ours polaire occupe une place de choix. Régulièrement réévaluée, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Convention on International Trade of Endangered Species, Cites), dite aussi convention de Washington, fixe les règles du commerce d'espèces protégées. Actuellement, l'ours blanc est classé en « annexe II », c'est-à-dire qu'il bénéficie d'une protection forte : très limités, le commerce et l'exportation de produits issus de l'animal ne sont autorisés que pour certaines communautés comme les Inuits du Canada. Mais des Etats signataires tels que les Etats-Unis ou la Russie, soutenus par plusieurs ONG, comme Polar Bear International (PBI) ou le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), militent pour qu'il passe en annexe I, qui implique une protection intégrale et l'interdiction totale du commerce lié à l'animal. Ils arguent que l'espèce serait menacée d'extinction et que l'existence d'une chasse légale encouragerait le braconnage grâce à des certificats d'exportation contrefaits en Russie. Le Canada est vent debout contre ce projet et crie à la désinformation : selon lui, les effectifs seraient stables, voire croissants — du moins sur son territoire, qui en concentre plus de 60 %.
Le gouvernement d'Ottawa défend les intérêts des communautés autochtones qui bénéficient d'un droit de chasse sur des espèces protégées comme les baleines et les ours polaires. Mais, avec les campagnes contre la chasse aux phoques, qui ont débuté à la fin des années 1970, puis l'interdiction par l'Union européenne, en 2009, de l'importation des produits issus de cet animal, leurs rentrées monétaires se sont taries. Dès les années 1980, afin de compenser ces pertes, Ottawa a incité les Inuits à transformer une partie de leurs quotas de prélèvement d'ours en chasses sportives pour des Européens ou des Américains fortunés. De crainte qu'une protection intégrale n'encourage le braconnage, des ONG écologistes comme Greenpeace ou le Fonds mondial pour la nature (WWF) soutiennent le maintien en annexe II de la Cites.
Ce sont aussi des considérations géopolitiques qui motivent ce soutien du Canada à la chasse. Le gouvernement fédéral a absolument besoin de conserver de bonnes relations avec les Inuits, car ceux-ci jouent le rôle de véritables bornes vivantes des territoires de l'Arctique. Il doit également se faire pardonner les déportations passées. En 1953, il a déplacé onze familles inuits originaires du Labrador beaucoup plus au nord, afin de créer les communautés de Grise Fjord et de Resolute. En langue inuit, celles-ci ont été rebaptisées respectivement Aujuittuq, « le lieu qui ne dégèle jamais », et Qausuittuq, « l'endroit où il n'y a pas d'aube »... En 2008, le gouvernement canadien a présenté des excuses officielles et versé 10 millions de dollars de dédommagements aux survivants.
Sur ces territoires au climat plus rigoureux, aux ressources plus limitées et à la nuit hivernale plus longue, ces communautés ont dû s'adapter pour survivre et sont ainsi devenues expertes en chasse à l'ours polaire. Pour établir la frontière entre le Nunavut, région inuit autonome depuis 1999, et les Territoires du Nord-Ouest, les zones de chasse ont été déterminantes. S'y ajoutait l'éventualité d'une exploitation pétrolière et minière, dont chacune des entités territoriales voulait préserver les bénéfices potentiels. Depuis 2007, pour affirmer la souveraineté du pays sur les territoires arctiques, l'armée canadienne organise chaque été l'« opération Nanouk ».
Les questions de protection animale et environnementale ont créé des dissensions entre des nations circumpolaires et l'Union européenne. Alors que celle-ci devait entrer au Conseil de l'Arctique avec le statut d'observatrice en mai 2013, le Canada a obtenu que son intronisation soit suspendue à la résolution du contentieux sur les restrictions aux importations de produits dérivés du phoque. Cela explique probablement que l'Union — ainsi que la France — se soit abstenue lors du vote concernant le passage de l'ours polaire en annexe I de la Cites la même année.
Les discussions sur le droit de chasse masquent les menaces les plus importantes qui pèsent sur l'ours blanc : la disparition de la banquise, liée au réchauffement climatique, et la diffusion de polluants régionaux et mondiaux. Or Etats-Unis et Russie figurent parmi les premiers responsables de ces deux phénomènes.
Au Canada et au Groenland, la chasse permet la conservation du patrimoine culturel, car les autorités la conditionnent à l'usage d'équipages de traîneaux à chiens. Si elle disparaissait, l'acculturation des Inuits et leur déconnexion par rapport à leur territoire, déjà réelles, ne pourraient que s'aggraver. Si la pratique peut choquer des écologistes, surtout quand ces droits sont vendus à des nantis occidentaux, les quotas accordés (de 400 à 600 bêtes sur une population estimée à 15 000 pour le Canada) sont présentés comme raisonnables et limitent le braconnage.
Pour sauver le plantigrade, certains scientifiques comme Steven Amstrup, de PBI, accréditent l'idée plus que discutable selon laquelle il faudrait capturer davantage de spécimens et utiliser les zoos comme banques génétiques (2). Il est vrai que plusieurs zoos ont transformé l'ours polaire en produit financier rentable. PBI, qui s'inscrit en partie dans la pratique d'ONG américaines animées par des hommes d'affaires, n'est pas exempt de mercantilisme. De tels propos contribuent à dissocier la cause de l'ours de son milieu. Or, même si des menaces sérieuses pèsent sur lui à moyen et long terme, il semble aussi faire montre de capacités d'adaptation. La situation de ses dix-neuf sous-populations n'est pas uniforme : certaines déclinent, mais plusieurs autres sont stables, voire en légère croissance.
Communautés locales, ONG, entreprises et Etats utilisent l'ours à des fins géopolitiques, car c'est l'usage futur des territoires de l'Arctique qui est en jeu ; mais l'animal n'est pas sorti d'affaire pour autant.
(1) Frédéric Lasserre, « Frontières maritimes dans l'Arctique : le droit de la mer est-il un cadre applicable ? », Ceriscope Frontières, 2011.
(2) Cf. Mika Mered, Rémy Marion, Farid Benhammou et Tarik Chekchak, « Pour que l'ours polaire ne soit plus la vache à lait des zoos », les blogs du Huffington Post, 5 juin 2015.
Au lendemain de l'effondrement de 2008, la capitale de l'Islande était l'image de la désolation. La forêt de grues hérissée durant la bulle financière avait disparu. Les immeubles inachevés de Reykjavík offraient au blizzard leurs flancs de béton brut. Une partie importante de la population, surendettée, perdait son logement ou se saignait aux quatre veines pour le conserver. Lors des municipales de 2010, les électeurs désemparés choisirent pour maire un acteur humoriste, M. Jón Gnarr.
La candidature de ce punk gravement dyslexique au parcours tourmenté (1), admirateur de Tristan Tzara, Pierre Joseph Proudhon ou Mikhaïl Bakounine, était au départ purement parodique. Il déclarait vouloir le pouvoir pour « [s']en foutre plein les poches sans se fatiguer » et en profiter pour « placer [ses] proches à des postes juteux ». Il était accompagné de musiciens et d'acteurs, beaucoup dans l'entourage de la chanteuse Björk, qui se qualifiaient eux-mêmes d'« anarchistes surréalistes ». Annonçant qu'elle trahirait ses promesses électorales, la liste du Meilleur parti proposait l'abolition de toutes les dettes, des voyages surprises pour les personnes âgées, l'obligation pour les hommes de rester à la maison certains jours ou l'introduction dans le pays d'ours blancs, d'écureuils et de grenouilles.
Devenu maire, M. Gnarr s'est associé aux sociaux-démocrates pour diriger cette municipalité qui fut longtemps un bastion du Parti de l'indépendance (conservateur) et qui abrite plus du tiers de la population du pays. Il a endossé alors un nouveau rôle. Le provocateur je-m'en-foutiste a fait place à un personnage d'une humilité désarmante. Les habitants de la capitale l'ont suivi dans sa démarche de transparence et de démocratie participative. Et ce personnage atypique a paradoxalement été l'homme de la situation. Les Islandais, plongés dans la récession, ne croyaient plus aux promesses et sentaient que le mieux serait gagné à la marge, dans la qualité de vie.
La crise a aidé M. Gnarr et ses amis à transformer une ville où la « bagnole » était reine en une capitale écologique, branchée et pourvue d'un très dense réseau de pistes cyclables. Passés brutalement de l'opulence à la récession, les Islandais ont liquidé leur troisième voiture, voire leur deuxième, et la circulation a diminué. Les pistes cyclables doublant une voie piétonne se sont multipliées — ce qui agace aujourd'hui les automobilistes avec le retour de la prospérité et des bouchons.
M. Gnarr a voulu donner la parole à la population. Mais en dépassant le chauvinisme de quartier. Deux programmeurs avaient créé des forums pour un « meilleur quartier » et un « meilleur Reykjavík ». Loin de se sentir court-circuitée, la municipalité les a encouragés. Ainsi, chaque habitant peut lancer une initiative sur ces plates-formes. Une discussion s'ouvre alors : pour ou contre, les intervenants participant sous leur nom. Le projet qui a le plus de soutiens obtient un financement immédiat. Toutes les positions doivent être expliquées et justifiées, ce qui exclut les mouvements d'humeur, les rancœurs et les effets de manche.
Aux élections municipales de 2014, la classe politique attendait Jón Gnarr au tournant. Après avoir goûté au pouvoir, n'allait-il pas rempiler ? C'était dans la logique des choses, il allait enfin devenir l'un des leurs. Au zénith dans les sondages, l'homme annonçait qu'il quittait la politique. Il a refusé d'y revenir en 2016 après l'épisode des « Panama papers », quand ses admirateurs lui ont demandé d'être candidat à l'élection présidentielle. L'aventure continue pour le Meilleur parti, qui s'est transformé en parti Avenir radieux. Il compte six députés au Parlement et gère toujours la municipalité au sein d'une coalition dirigée par un social-démocrate, avec la participation des écologistes de gauche et du Parti pirate.
Jadis morne capitale dès la tombée de la nuit, Reykjavík est devenue avec l'explosion du tourisme une ville vivante, gaie, dynamisée par de nombreux événements culturels et un sentiment de sécurité dont l'effet est contagieux. Accusés souvent d'abîmer la nature, les visiteurs ont rendu la ville plus écologique en se déplaçant à pied, ce que les Reykjavikois ne pratiquaient plus guère. Ils ont certes fait monter le tarif des consommations, mais sans eux les nombreux bars et restaurants qui ont éclos n'existeraient pas. Ombre au tableau, il leur faut de la place. Les grues sont de retour. La municipalité de gauche accorde des permis de construire à des hôtels de luxe, alors que les habitants les plus pauvres n'arrivent pas à se loger. Le succès très rapide d'Airbnb raréfie les locations disponibles à l'année et tire les prix à la hausse. L'opposition de droite, hier favorable à la destruction des vieilles maisons en bois, se découvre des états d'âme esthétiques et critique le bétonnage du centre.
En 2010, M. Gnarr promettait du rêve à bon marché dans une capitale paupérisée. La construction d'échangeurs sur les artères reliant les quartiers éloignés par un étalement urbain jusqu'ici sans limites sera sans doute l'enjeu du prochain scrutin auprès d'une population de nouveau enrichie. Une ville à deux vitesses, au sens propre, se dessine : un centre coquet sans voitures où l'on marche aisément, et des banlieues banales suréquipées en automobiles où l'on roule au pas.
(1) Qu'il raconte dans deux livres traduits en anglais, The Indian et The Pirate, Deep Vellum, Dallas, 2015 et 2016.
Touchée de plein fouet par la crise financière et l'effondrement de son système bancaire en 2008, l'Islande affiche aujourd'hui une santé économique resplendissante. Si ce petit pays a pu très vite se redresser en s'écartant de l'orthodoxie libérale, les promesses de refondation du contrat social restent à accomplir.
Geirix. – Noir et Blanc jouant aux échecs dans le centre de Reykjavik, 2015 © Pressphotos - GeirixPas un policier à l'horizon, pas une invective entre militants : le Forum nordique réunit début septembre tous les partis politiques islandais dans une grande quiétude. À la veille des élections législatives du 29 octobre, les principaux candidats s'expriment sous un modeste chapiteau planté devant l'université de Reykjavík. Par 64 degrés de latitude, l'inclinaison des rayons solaires donne à la lumière une grande douceur, tandis qu'un air venu du large apporte un peu de fraîcheur. Dans les débats, l'avenir de la Constitution passionne davantage que l'immigration, la construction de logements bien plus que le niveau des impôts ; la protection des données personnelles figure en bonne place. La crise… quelle crise ?
Sur cette île-volcan, la lave bouillonne pourtant toujours sous les glaciers depuis la débâcle financière de 2008. En avril 2016, une éruption populaire a balayé en quarante-huit heures le premier ministre Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, empêtré dans les « Panama papers ». À son tour rattrapé par les révélations concernant l'argent de son épouse dissimulé dans un paradis fiscal, le président de la République Ólafur Ragnar Grímsson a dû renoncer à se présenter aux élections de juin dernier, après vingt ans de pouvoir. Enfin, à la mi-septembre, les sondages laissaient entrevoir une nouvelle réplique en plaçant le Parti pirate en tête des intentions de vote.
Il y a huit ans, ce pays de 320 000 habitants perdu au milieu de l'Atlantique nord a vécu un cauchemar. Les premiers jours d'octobre 2008 voyaient s'effondrer les trois principales banques, dont les actifs représentaient neuf fois la production nationale, tandis que partaient en fumée l'essentiel de la capitalisation boursière et une partie de l'épargne des familles. Seule l'intervention massive de l'État par la nationalisation des banques, la garantie des dépôts des insulaires et un strict contrôle des capitaux permit d'éviter le chaos social et la faillite des principales entreprises. En 2016, le pays affiche un budget en excédent, une dette en net recul, une croissance de plus de 3 % et un taux de chômage de 2,7 % (1)…
Il figure dans les premiers du monde pour le revenu par habitant et présente le plus fort taux d'emploi des pays industrialisés, avec 84,7 % d'actifs au sein de la population en âge de travailler (contre 64,5 % dans la zone euro ou 50,8 % en Grèce (2)).
Appelé au chevet de l'Islande par le premier ministre de l'époque Geir Haarde, le Fonds monétaire international a apporté une aide financière jusqu'en 2011. Même ses économistes ont dû reconnaître que cette success story doit beaucoup aux mesures antimarché, et notamment à la décision du gouvernement de donner la priorité aux déposants sur les actionnaires et de ne pas assumer la responsabilité des pertes des banques, contrairement à l'approche irlandaise (3). Après la « révolution des casseroles » qui a chassé du pouvoir le Parti de l'indépendance (conservateur, allié aux sociaux-démocrates), la majorité de gauche élue en avril 2009 (sociaux-démocrates et gauche écologiste) a mis en place des mesures d'austérité. Mais elle s'est efforcée de réduire la charge des emprunts pour les particuliers, en effaçant notamment les dettes excédant la valeur des propriétés tout en utilisant les recettes de l'État-providence pour atténuer l'impact de la récession sur les ménages (4). D'un côté, les programmes sociaux visant les plus faibles revenus étaient renforcés (les transferts aux ménages et la protection sociale, hors retraite, passant de 15 % du produit intérieur brut en 2008 à 19,5 % en 2009) ; de l'autre, les plus hauts revenus se voyaient fortement mis à contribution par l'impôt (par exemple, pour les 10 % les plus riches, l'impôt est passé de 24 % du revenu disponible en 2008 à 31,8 % en 2010). Ainsi, outre le retour rapide de la croissance et la baisse du chômage, l'exemple islandais se caractérise par une réduction des inégalités accompagnant la sortie de crise (voir le graphique ci-dessous).
Plusieurs banquiers ont été condamnés à la prison« Nous avons aussi refusé les privatisations et mis en place un grand nombre de formations pour les personnes qui perdaient leur travail », nous explique Mme Katrín Jakobsdóttir, ministre de l'éducation à l'époque. Aujourd'hui cheffe du Mouvement gauche-vert, elle estime qu'avoir pu dévaluer la monnaie et ne pas être membre de l'Union européenne fut une chance : « La politique économique de la Banque centrale européenne est trop guidée par la lutte contre l'inflation. Avec de tels taux de chômage, les mesures d'austérité prises en Grèce, en Espagne, au Portugal engendrent beaucoup de rage dans la population, ce qui peut mener vers des routes très dangereuses. Nous pensons qu'il faut repenser la politique économique par une approche plus keynésienne. »
Les Islandais, qui avaient longtemps reconduit au pouvoir les partisans de la dérégulation et de la privatisation des banques en espérant devenir riches, découvraient alors les affres de la finance. L'envie de réussite et l'esprit pionnier forgé sur ces terres ingrates laissèrent la place au dégoût pour la triche et à la soif de justice. « L'attente était telle que beaucoup de gens qui ne possédaient plus rien ne comprenaient pas toutes les précautions de procédure. Mais les poursuites en matière de criminalité financière s'avèrent beaucoup plus difficiles que pour d'autres crimes », se souvient Mme Ragna Árnadóttir, nommée ministre de la justice au plus fort de la crise. Aujourd'hui directrice adjointe de la compagnie nationale d'électricité, elle semble encore éprouvée par cette expérience : « Lorsque les gens n'ont plus confiance dans le système, c'est à celui-ci de trouver la voie pour regagner la confiance du peuple. Y avons-nous réussi ? Je ne sais pas. » Les enquêtes du groupe spécial de magistrats et de policiers (5) ont permis d'envoyer plusieurs banquiers en prison et de condamner (sans peine) M. Haarde. Mais la Cour européenne des droits de l'homme n'a toujours pas statué sur le sort de l'ancien premier ministre, et la plupart des banquiers sont déjà revenus dans la vie économique. Les révélations sur les « Panama papers » n'ont pour l'instant donné lieu qu'à des enquêtes fiscales.
Geirix. – Jón Þór Ólafsson, ancien député du Parti pirate d'Islande, 2015 © Photographer.is - Geirix« Nous n'avons pas vraiment réalisé ce que les gens attendaient après le très bon rapport parlementaire (6) sur ce qui ne fonctionnait pas dans la sphère politique ou dans le système bancaire », explique Mme Birgitta Jónsdóttir, la figure de proue du Parti pirate, qui se verrait bien présider le prochain Alþingi (Parlement) si le succès était au rendez-vous. Artiste, militante de WikiLeaks et d'une association écologiste, elle s'est lancée en politique en 2009 avec le Mouvement des citoyens. Depuis, elle siège au Parlement et a fondé le Parti pirate en 2012. « Par exemple, nous n'avons toujours pas séparé les banques de dépôt des “banques-casinos ”, poursuit-elle. L'élaboration d'une nouvelle Constitution fut un beau moment. Nous avons un bon texte sur la séparation des pouvoirs, la transparence et la responsabilité (7), mais, malgré son approbation par référendum, le processus est bloqué par le Parlement depuis 2013. » En juin 2010, elle a obtenu le vote d'une résolution unanime des députés en soutien à une « Initiative pour la modernisation des médias » qui visait à transformer l'Islande en paradis de la liberté d'expression et en refuge pour les lanceurs d'alerte : « Cela reste aussi un projet inachevé. Les textes d'application attendent leur passage devant le Parlement. Alors que les technologies évoluent rapidement, nous n'écrivons pas les lois assez vite. »
Référendums gagnants contre la Commission européenneLe retour de la droite au pouvoir en avril 2013 a figé le processus de refondation de la vie politique. La gauche n'avait pas su répondre à l'aspiration pour davantage de démocratie ou à certains problèmes concrets, telle l'insuffisance de logements. Elle a surtout payé ses positions sur l'Europe et le remboursement des épargnants étrangers. Depuis les années 2000, l'Alliance sociale-démocrate militait, tout comme la très puissante Confédération islandaise du travail, pour entrer dans l'euro afin de ne plus subir les variations de la monnaie, explique M. Kristján Guy Burgess, son secrétaire général : « En lançant le processus d'adhésion à l'Union européenne en 2009, nous pensions qu'il serait possible d'obtenir un bon accord, même s'il y a des questions très difficiles comme la protection de notre pêche et de notre agriculture. Aujourd'hui, nous avons toujours besoin d'une solution monétaire durable pour lever sereinement le contrôle des capitaux. Pouvoir dévaluer notre couronne fut certes un avantage pendant et après le krach, mais sa volatilité représente aussi une cause du krach, en offrant la possibilité de spéculer sur les taux d'intérêt avec une banque centrale peu regardante. »
« Le gouvernement a commencé à perdre la confiance de la population à cause du dossier Icesave, reconnaît-il en se justifiant : Nous savions que nous allions le payer politiquement, mais qu'il nous fallait travailler pour l'intérêt national. » Après la faillite de la banque Icesave (succursale de la Landsbanki), le Royaume-Uni et les Pays-Bas réclamèrent le remboursement des dépôts de leurs ressortissants. Sous la pression européenne, le gouvernement islandais se montra ouvert à un compromis coûteux pour ses contribuables. C'est alors que le président Grímsson, sortant de sa fonction protocolaire, sut transformer en colère contre les Britanniques et les Néerlandais la révolte de la population contre le système capitaliste. Par deux fois, en mars 2010 et avril 2011, les électeurs rejetèrent un accord validé par le Parlement, mais que le président avait soumis à un référendum (8). Entêtée dans sa volonté de faire payer les Islandais, la Commission européenne porta l'affaire devant la cour de justice de l'Association européenne de libre-échange (AELE), qui lui donna tort le 28 janvier 2013 (9). Le tribunal considéra que l'État n'avait pas failli aux obligations de l'Espace économique européen en ne garantissant pas lui-même les dépôts des ressortissants étrangers. Depuis, la vente des actifs de la Landsbanki a tout de même permis de rembourser en partie ces apprentis spéculateurs.
« Ne pas confondre manifestants et électeurs »En promettant d'aider au désendettement des ménages et en approuvant le recours au référendum par le chef de l'État, le Parti du progrès (centre droit, d'origine agrarienne) et le Parti de l'indépendance s'offrirent une virginité qui permit leur retour aux commandes. Député du Parti de l'indépendance, M. Vilhjálmur Bjarnason reconnaît aussi l'aubaine qui s'est présentée à leur retour : « Nous avons eu beaucoup de chance dans deux domaines clés : le tourisme et la pêche. En bloquant le trafic aérien plusieurs jours en 2010, le panache du volcan Eyjafjöll a fait connaître l'Islande comme une destination d'aventure et provoqué une explosion du tourisme (lire l'encadré ci-dessous). Et, avec le réchauffement des océans, de gigantesques bancs de maquereaux remontent vers le nord pour se jeter dans les filets des pêcheurs islandais. » En dépit de l'émoi suscité depuis par les « Panama papers » et du discrédit rapide de la majorité actuelle, il se veut optimiste à la veille du scrutin : « Il ne faut pas confondre les manifestants et les électeurs. »
Ces électeurs conservateurs, on pouvait les rencontrer le 3 septembre dernier dans l'immeuble moderne et cossu qui abrite le siège de leur mouvement. La plupart des partis islandais se sont convertis au rite des primaires, et il s'agissait ce jour-là de désigner les candidats pour les soixante-trois sièges en jeu. Gros véhicules de luxe ou tout-terrain, bijoux bien visibles voire talons hauts pour les dames, vestes impeccables et belles montres pour les messieurs, la composition sociale des votants relève de la caricature. Dans la salle protocolaire, de grands portraits rappellent que ce parti a dominé la vie politique depuis l'indépendance, en 1944, jusqu'en 2009.
GEIRIX. – Birgitta Jónsdóttir s'informant du procès de Chelsea Manning dans l'affaire WikiLeaks, 2013 © Pressphotos - GeirixLa droite a su comprendre qu'avec les déboires de la Grèce et de l'euro les électeurs des couches sociales les plus défavorisées se détourneraient davantage des partisans de l'Union européenne (essentiellement les sociaux-démocrates) que des artisans de réductions d'impôts pour les plus riches. Eurosceptiques par souci de leur clientèle (notamment les armateurs), ses dirigeants ont même cru pouvoir pousser leur avantage en écrivant à la Commission européenne en mars 2015 pour que l'Islande « ne soit plus considérée comme candidate ». Mais cela a provoqué une nouvelle éruption. Car, même s'ils s'opposent majoritairement à une adhésion, beaucoup d'électeurs auraient préféré juger sur pièces à l'occasion du référendum promis par ce gouvernement. Cette trahison des promesses électorales a entraîné une dissidence au sein des conservateurs, avec l'émergence d'un nouveau parti europhile de centre droit, Viðreisn, qui pourrait jouer les arbitres dans la formation de la prochaine majorité. L'épisode a aussi propulsé le Parti pirate, chantre de la démocratie directe, à plus de 40 % des intentions de vote, avant qu'il ne retombe entre 20 et 30 % cet été.
L'ambiance au siège du Parti pirate plonge dans un tout autre univers : un pavillon violet flottant au vent au milieu d'une zone d'activités inachevée, des bureaux étroits en duplex face à la mer (et aux baleines). À l'intérieur : des petits drapeaux Pirates, des chopes Pirates, un coin enfants avec un bateau Pirates, une étagère remplie de jeux de société… Âge moyen des candidats : la trentaine. Sont-ils prêts pour le pouvoir ? « Nous sommes prêts à redistribuer le pouvoir », répond M. Björn Leví Gunnarsson, informaticien dans l'éducation nationale. « Nous portons une responsabilité internationale : celle de donner l'espoir que l'on peut changer la politique », ajoute M. Viktor Orri Valgarðsson, jeune docteur en science politique.
Sont-ils de gauche ou de droite ? Mauvaise question ! « Nous sommes antiracistes, internationalistes, pour l'État-providence de type nordique, l'accès pour tous à l'éducation et à la santé, indépendamment du revenu ou du domicile, répond ce dernier. Toutefois, nous voulons sortir des monopoles et du protectionnisme. Nous voulons lutter contre la corruption, la triche, mais nous ne pensons pas que le rôle de l'État soit de rendre le monde plus égalitaire. Dans l'absolu, pour moi, si un riche s'est enrichi loyalement, ce n'est pas un problème. » Quelques nuances chez ses voisins, mais pas de réprobation dans ce parti taxé tantôt de « libertarien » — pour ses positions favorables à une grande liberté des affaires —, tantôt de « communiste de conseils » — pour sa défense de la démocratie directe.
« Les Pirates répondent à leur manière au rejet du système »Un des projets-phares des Pirates étant l'instauration d'un revenu universel garanti, on obtiendra tout de même une réponse plus concrète le lendemain en poussant Mme Jónsdóttir dans ses retranchements : « Nous ne sommes pas pour le revenu garanti tel que le voyait Milton Friedman, mais clairement pour la version de gauche (10). J'espère que nous saurons rester ouverts à d'autres visions et nous entourer de compétences plurielles, y compris de l'étranger. Le rôle des artistes et des militants est surtout de faire évoluer les normes, pour que les gens qui ne sont pas politisés puissent aller de l'avant. » Elle compte beaucoup faire avancer la bataille qui fédère son parti autour de la neutralité de l'Internet et de la protection des données personnelles : « Dans les Constitutions, le respect de la vie privée est érigé en droit fondamental ; pourquoi cela n'est-il pas appliqué à l'Internet ? D'un autre côté, et alors qu'il serait beaucoup plus facile aujourd'hui de donner accès aux informations d'intérêt général, pourquoi est-il si difficile d'obtenir le droit d'éclairer les zones obscures où se tapit la corruption ? »
Geirix. – Juste avant une manifestation contre l'attribution de mitraillettes MP5 à la police. Sur l'affiche : « Les Islandais sont de retour ! Deuxième édition révisée » © Photographer.is - GeirixLa droite a déjà indiqué qu'elle ne voulait pas gouverner avec les Pirates. Un accord de coalition semble en revanche possible avec le nouveau parti centriste Viðreisn, les sociaux-démocrates et le Mouvement gauche-vert. La dirigeante de ce dernier parti et favorite pour le poste de premier ministre en cas d'alternance, Mme Jakobsdóttir, ne craint pas les nouveaux venus : « Comme partout en Europe, la politique islandaise devient très versatile. Mais nous sommes assez chanceux de ne pas être confrontés à des partis d'extrême droite. Les Pirates répondent à leur manière au rejet du système. C'est une bonne chose, car ce sont des gens avec lesquels nous pouvons travailler. Bien sûr, nous ne sommes pas d'accord lorsqu'il s'agit de politique fiscale ou de dépense publique. Mais nous nous retrouvons sur l'accueil des réfugiés, la démocratie, les droits de l'homme, la transparence. Je reste toutefois inquiète, car nous voyons monter le sentiment qu'il n'y a pas vraiment de différence entre la gauche et la droite. Pour moi, il n'y en a jamais eu autant : partout on voit croître les inégalités. »
Relation avec l'Europe, redistribution, protectionnisme, les sujets de discorde ne manqueraient pas dans une telle coalition. Sur le plan géopolitique, les écologistes de gauche sont les seuls à préconiser une évolution vers la neutralité avec une sortie de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord. Mais leur cheffe relativise l'enjeu à l'échelle de ce pays qui n'a pas d'armée, « et même pas de services secrets », ajoute-t-elle.
(1) Banque centrale d'Islande, 7 septembre 2016.
(2) Données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour 2015, www.data.ocde.org
(3) « Iceland's recovery. Lessons and challenges », Reykjavík, 27 octobre 2011.
(4) Stefán Ólafsson, « Level of living consequences of Iceland's financial crisis. What do the social indicators tell us ? » (PDF), Reykjavík, 2011, et « La sortie de crise de l'Islande », École des hautes études en sciences sociales, Paris, 28 mai 2014.
(5) Lire le témoignage d'Eva Joly, « Pour en finir avec l'impunité fiscale », Le Monde diplomatique, juin 2016.
(6) « Rannsóknarnefnd Alþingi » (rapport de la commission spéciale d'enquête du Parlement), 12 avril 2010, www.rna.is
(7) Lire Silla Sigurgeirsdóttir et Robert Wade, « Une Constitution pour changer d'Islande ? », La valise diplomatique, 18 octobre 2012.
(8) Lire Silla Sigurgeirsdóttir et Robert Wade, « Quand le peuple islandais vote contre les banquiers », Le Monde diplomatique, mai 2011.
(9) Judgment of the Court (Directive 94/19/EC on deposit-guarantee schemes). European Commission vs Iceland (PDF), 28 janvier 2013.
(10) Lire Mona Chollet, « Le revenu garanti et ses faux amis », Le Monde diplomatique, juillet 2016.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage d’Abdulrazak Al Faris et Raimundo Soto, The Economy of Dubai (Oxford University Press, 2016, 368 pages).
Ce livre d’économistes travaillant majoritairement au Dubai Economic Council est une étude exhaustive de l’économie de Dubaï, l’une des sept entités constitutives des Émirats arabes unis.
Le premier chapitre rappelle comment, à partir des années 1980, la manne pétrolière a permis à Dubaï de diversifier son économie, en devenant une place financière régionale majeure et en créant des zones franches pour les sociétés étrangères, la plus célèbre et ancienne étant la Jebel Ali Free Zone. Sur la période 1980-2011, la croissance annuelle du PIB a été en moyenne de 6,5 %, taux cependant inférieur à celui de Singapour et de Hong Kong (deux territoires qui font figure de modèles), en partie à cause de la faible productivité de l’émirat et de sa vulnérabilité aux chocs externes.
Au fil des pages, les auteurs soulignent les défis auxquels Dubaï est confronté et avancent des recommandations de politique économique. Par exemple, le fort endettement des entreprises publiques et parapubliques comme Dubaï World et Investment Corporation of Dubaï dans les années 2000 a pesé sur les comptes de l’émirat. Les récentes restructurations de dette devraient convaincre le gouvernement de mieux contrôler les stratégies de ces grands groupes, de développer un marché des capitaux en dirhams et de mettre en place un véritable régime fiscal (les recettes non fiscales représentant les trois quarts des recettes totales de 2011). Le système bancaire de Dubaï est jugé relativement fragile comparé à celui d’Abu Dhabi, comme l’attestent le pourcentage plus élevé de créances douteuses et la moindre profitabilité des établissements de crédit. Ces derniers financent d’ailleurs insuffisamment les petites et moyennes entreprises. La diversification de l’économie doit être approfondie. Deux secteurs seraient à privilégier : le tourisme médical et les services financiers. Parallèlement, la production de biens à haute valeur ajoutée permettrait à Dubaï d’accroître ses exportations vers les pays industrialisés en dépassant les marchés traditionnels que sont l’Inde, l’Iran et l’Arabie Saoudite. L’acquisition de terrains est un autre obstacle majeur pour les investisseurs directs étrangers ; il ne peut être surmonté que par une révision du droit de propriété.
Les progrès en matière sociale sont contrastés. Dubaï a su étendre l’accès à l’éducation. Dans les tests PISA, les scores de l’émirat sont au-dessus de la moyenne des États du Moyen-Orient mais restent inférieurs à la moyenne OCDE, et très loin des scores de Singapour et de Hong Kong. Le tissu universitaire s’est développé, mais les institutions sont encore petites et offrent un choix de programmes limité, essentiellement axé sur la finance, le commerce, la religion et les technologies de l’information. Le marché du travail, qui s’est lentement ouvert aux femmes, souffre avant tout de la kafala, par lequel l’employeur « parraine » ses employés étrangers, leur octroyant titre de séjour et permis de travail. Ce système est en fait devenu un frein à la mobilité des expatriés au sein de l’émirat.
Agrémenté de nombreux tableaux et graphiques, l’ouvrage est agréable à lire. Il présente néanmoins deux lacunes : le risque d’insolvabilité de Dubaï à moyen/long terme n’est pas abordé, et la question des mauvais traitements subis par les ouvriers étrangers (condamnés par Amnesty International dans plusieurs de ses rapports) est occultée par les auteurs du chapitre sur le marché du travail.
Norbert Gaillard
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Quand son voisin vote Front national, le militant doit-il céder à l'amertume et renoncer au combat politique ? À Séoul, la « révolution des bougies » a eu raison de sa dame de fer, en attendant mieux. Quand les entreprises européennes sont mises à l'amende au nom de la loi américaine, les principes du droit anglo-saxon — et ses avocats — triomphent. Une sélection d'archives en rapport avec le numéro du mois.
15 avril-4 juin. Des manifestations étudiantes et ouvrières en faveur de la démocratie sont organisées place Tiananmen, à Pékin. Le mouvement est écrasé par l'armée.
Eté. Francis Fukuyama publie dans The National Interest son article « La fin de l'histoire ? ».
30 juin. Coup d'Etat du général Omar Al-Bachir au Soudan.
26 septembre. Retrait officiel des derniers soldats vietnamiens du Cambodge, qu'ils occupaient depuis 1979. Les accords de Paris, scellant la paix, seront signés deux ans plus tard.
1er-24 octobre. La réunion des députés libanais à Taëf (Arabie saoudite) débouche sur un document d'« entente nationale » prévoyant des réformes politiques pour mettre fin à la guerre civile, qui dure depuis 1975.
Novembre. Définition des principes du « consensus de Washington » par l'économiste John Williamson. L'Amérique latine va servir de laboratoire.
14 décembre. Au Chili, la présidence de la République de Patricio Aylwin met fin à seize ans de dictature du général Augusto Pinochet.
17 décembre. Le Brésil connaît ses premières élections libres depuis 1964.
20 décembre. Les troupes américaines envahissent le Panamá et chassent le général Manuel Noriega du pouvoir au terme d'une semaine de combats.
199012 février. En Afrique du Sud, libération du chef historique de l'ANC (Congrès national africain), M. Nelson Mandela, après vingt-sept années de détention.
2 août. Invasion irakienne du Koweït.
Septembre. Effondrement du marché international de l'immobilier à la suite d'une importante vague de spéculation.
19 novembre. Signature du traité de réduction des forces conventionnelles en Europe (FCE).
199117 janvier-28 février. Intervention en Irak d'une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, après l'invasion du Koweït par l'armée irakienne six mois plus tôt. La principauté pétrolière est rapidement libérée.
21 mai. Le premier ministre indien Rajiv Gandhi est tué au cours d'un meeting électoral, à Madras, dans un attentat attribué aux Tigres tamouls.
25 juin. La Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance. La Macédoine fait de même le 15 septembre, suivie par la Bosnie-Herzégovine le 15 octobre. Début des guerres yougoslaves, qui vont durer quatre ans.
31 juillet. Signature à Moscou, entre M. Mikhaïl Gorbatchev et M. George H. Bush, du traité Start I prévoyant une importante réduction des armements nucléaires stratégiques.
30 octobre. Ouverture à Madrid, à l'initiative des Etats-Unis, de la conférence de paix sur le Proche-Orient, suivie des premières négociations bilatérales entre Israël et ses voisins arabes, y compris palestiniens.
8 décembre. La Russie, l'Ukraine et la Biélorussie constatent officiellement la disparition de l'URSS et créent la Communauté des Etats indépendants (CEI).
Illusions d'un nouvel ordre mondial 199211 janvier. Les autorités algériennes annulent les élections législatives, dont le premier tour a été remporté par le Front islamique du salut (FIS). L'état d'urgence est proclamé un mois plus tard et le FIS dissous. La guerre civile fera près de 150 000 morts en treize ans.
7 février. Signature du traité de Maastricht instituant l'Union européenne (UE).
6 décembre. La destruction de la mosquée d'Ayodhya, en Inde, par des extrémistes hindous est le point de départ de violences intercommunautaires (1 200 morts).
9 décembre. M. George H. Bush lance l'opération militaro-humanitaire « Restore Hope » en Somalie, menée sous les auspices des Nations unies.
19931er janvier. Naissance de la République tchèque et de la Slovaquie, après la dissolution de la Tchécoslovaquie.
3 janvier. Signature du traité Start II entre les Etats-Unis et la Russie, qui abaisse le plafond des missiles nucléaires stratégiques.
Eté. Parution dans la revue Foreign Affairs de l'article de Samuel Huntington sur « Le choc des civilisations ».
13 septembre. Signature des accords d'Oslo par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le gouvernement israélien, à Washington, respectivement représentés par Yasser Arafat et Itzhak Rabin, en présence du nouveau président des Etats-Unis William Clinton.
3 octobre. Dix-huit soldats américains sont tués en Somalie. Le 7, M. Clinton annonce le retrait progressif de ses troupes, lesquelles quitteront le pays en mars 1994.
19941er janvier. Mise en place de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) déclenche une insurrection au Chiapas (Mexique).
10-11 janvier. Lancement du Partenariat pour la paix, destiné à accueillir dans l'OTAN les ex-pays communistes d'Europe centrale.
9 février. Ultimatum de l'OTAN aux Serbes de Bosnie-Herzégovine qui assiègent Sarajevo. Le 28 commence la première intervention militaire de l'OTAN en ex-Yougoslavie.
6 avril. L'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana est abattu. Début du génocide des Tutsis par les Hutus, qui fera entre 500 000 et 800 000 morts.
9 mai. M. Mandela est élu président de l'Afrique du Sud.
15 avril. Signature à Marrakech (Maroc) de l'acte final du cycle de l'Uruguay instituant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui succède au GATT.
15 octobre. Les Etats-Unis interviennent militairement en Haïti afin de rétablir à la tête du pays le président Jean-Bertrand Aristide, renversé par un coup d'Etat le 30 septembre 1991.
11 décembre. Les troupes russes entrent en Tchétchénie. Cette première guerre durera jusqu'en août 1996.
Fragiles espoirs de paix 1995Janvier. Instauration du Mercosur (Marché commun du Sud), regroupant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.
Mai. A l'OCDE, début des négociations confidentielles sur l'Accord multilatéral sur l'investissement (AMI), conférant tous les pouvoirs aux investisseurs face aux gouvernements. Il sera abandonné en 1998.
11 mai. Le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) est reconduit par 178 pays pour une durée indéfinie.
Juillet. Les forces serbes de Bosnie massacrent près de 8 000 musulmans bosniaques à Srebrenica.
28 septembre. Signature à Washington des accords israélo-palestiniens sur l'extension de l'autonomie, dits Oslo II, divisant la Cisjordanie en trois zones à souveraineté différenciée.
4 novembre. Assassinat du premier ministre israélien Rabin par un extrémiste juif. Il sera remplacé par M. Shimon Pérès.
21 novembre. Les accords de Dayton (Etats-Unis) mettent fin au conflit en Bosnie-Herzégovine et entérinent le partage ethnique en deux entités, l'une croato-musulmane, l'autre serbe.
1996Février-mars. Après l'assassinat par les Israéliens de l'« ingénieur » du Hamas, le 5 janvier, le mouvement multiplie les attentats-suicides en Israël (plus de 100 morts).
12 mars. La loi Helms-Burton durcit les sanctions américaines à l'égard des pays commerçant avec Cuba. Elle est condamnée par la communauté internationale.
Avril. Le Hezbollah tirant, par solidarité avec les Palestiniens, des missiles sur Israël, M. Pérès déclenche l'opération « Raisins de la colère » contre le Liban (175 morts, pour l'essentiel civils).
25 juin. Attentat de Khobar, en Arabie saoudite, contre les forces américaines (dix-neuf morts).
5 août. La loi d'Amato-Kennedy renforce l'embargo mis en place par les Etats-Unis contre l'Iran et la Libye concernant les investissements dans le secteur pétrolier.
10 septembre. L'ONU adopte le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Il sera rejeté par le Sénat américain en 1999.
1997Mars-décembre. Succession de crises monétaires et financières en Asie orientale (Thaïlande, Philippines, Corée du Sud, Indonésie, Hongkong...). L'onde de choc atteint bientôt la Russie, puis l'Amérique latine.
1er juillet. Les Britanniques rétrocèdent Hongkong à la Chine.
11 décembre. Adoption du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.
13 décembre. Accord sur la libéralisation des services financiers à l'OMC.
Secousses sociales, émergence d'Al-Qaida 19986 mai. Début de la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Un accord de paix sera conclu en 2000.
11-13 et 28-30 mai. L'Inde puis le Pakistan procèdent à des essais nucléaires, entraînant un embargo occidental.
21 mai. En Indonésie, le général Suharto est chassé du pouvoir après trente-deux ans de dictature.
17 juillet. Cent vingt pays s'expriment en faveur de la création d'une Cour pénale internationale (CPI). Elle sera mise en place le 1er juillet 2002.
7 août. Deux attentats islamistes contre les ambassades des Etats-Unis font 224 victimes, dont douze Américains, en Tanzanie et au Kenya. En représailles, le Soudan et l'Afghanistan sont bombardés le 20 août.
17 août. Le rouble est dévalué, plongeant la Russie dans une crise sans précédent.
6 décembre. Election de M. Hugo Chávez à la présidence du Venezuela, première victoire d'une série que la gauche remporte dans les années 2000 en Amérique latine.
1999Janvier. Naissance de l'euro, qui sera mis en circulation le 1er janvier 2002. En 2008, il représentera 25 % des réserves mondiales en devises.
23 mars-11 juin. L'OTAN déclenche des bombardements aériens sur la Serbie, sans mandat de l'ONU, qui aboutissent au retrait des forces serbes du Kosovo. La région est placée sous protectorat des Nations unies.
30 août. Le Timor-Leste, occupé par l'Indonésie depuis 1975, se prononce massivement pour l'autodétermination lors d'un référendum. L'armée indonésienne mène une répression sanglante.
Septembre. Après plusieurs attentats à la bombe au Daghestan et à Moscou, attribués aux indépendantistes tchétchènes, les Russes bombardent Grozny et envahissent la république. Seconde guerre de Tchétchénie.
30 novembre-3 décembre. La troisième conférence ministérielle de l'OMC, à Seattle (Etats-Unis), se solde par un échec. Le sommet donne lieu à d'importantes manifestations contre la mondialisation.
2000Mars. Chute des valeurs de la « nouvelle économie » (bulle Internet).
24 mai. Les forces israéliennes se retirent du Liban sud — à l'exception de la zone dite des fermes de Chebaa.
23 juin. Signature de l'accord de Cotonou entre l'Union européenne et les 77 Etats du groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Conclu pour vingt ans, cet accord de coopération succède à la convention de Lomé.
28-29 septembre. Début de la seconde Intifada dans les territoires occupés palestiniens.
10 octobre. Normalisation des relations commerciales sino-américaines.
12 octobre. Attentat contre le destroyer américain USS Cole dans le port d'Aden (Yémen). Revendiqué par Al-Qaida, il cause la mort de douze marins.
Le choc du 11-Septembre 2001Janvier. Premier Forum social mondial (FSM) à Porto Alegre (Brésil), tenu aux mêmes dates que le Forum économique mondial de Davos (Suisse).
13 mars. Les Etats-Unis rejettent le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.
20-22 avril. M. George W. Bush présente, lors du Sommet des Amériques, le projet de création d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) regroupant tous les Etats américains, excepté Cuba.
14-15 juin. Création officielle de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Quatre Etats observateurs (l'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Mongolie) intégreront cette organisation.
20-21 juillet. Plus de 300 000 personnes manifestent à Gênes (Italie), à l'occasion de la réunion du G8. Un jeune altermondialiste, Carlo Giuliani, est tué par les carabiniers. On dénombre également des centaines de blessés.
11 septembre. Les attentats contre le World Trade Center, à New York, et le Pentagone, à Washington, font près de trois mille morts.
7 octobre. Intervention militaire en Afghanistan, avec l'aval des Nations unies, d'une coalition dirigée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
23 octobre. Lancement du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad).
11 décembre. La Chine entre à l'OMC.
13 décembre. Les Etats-Unis se retirent du traité américano-soviétique de défense antimissile (ABM, 1972), qui interdisait le déploiement d'un bouclier antimissile sur le sol américain.
200229 janvier. M. Bush qualifie l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord d'« axe du Mal ».
18-22 mars. La conférence des Nations unies sur le financement du développement, réunie à Monterrey (Mexique), adopte le « consensus de Monterrey », selon lequel les problèmes se règleront par les investissements privés et le libre-échange.
11-14 avril. La CIA participe en sous-main au coup d'Etat tenté contre le président vénézuélien Chávez.
21 mai. Washington annonce que les Etats-Unis ne ratifieront pas le traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), signé par M. Clinton en décembre 2000.
Juillet. WorldCom, le géant américain des télécommunications, dépose le bilan. C'est la plus grosse banqueroute (frauduleuse) de l'histoire.
20 septembre. Adoption par les Etats-Unis d'une nouvelle « stratégie de sécurité nationale » prévoyant notamment des attaques préventives contre les « Etats voyous ».
12 octobre. A Bali (Indonésie), une série d'attentats islamistes visant deux discothèques de Kuta Beach et le consulat des Etats-Unis fait 187 morts.
Invasion de l'Irak 200320 mars. Début de l'opération militaire américano-britannique « Liberté de l'Irak ». Bagdad tombe le 9 avril. Le 1er mai, M. Bush déclare que la « mission » en Irak est « remplie ».
26 août. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) affirme avoir découvert en Iran des taux d'uranium enrichi supérieurs aux normes civiles. Elle intime peu après à Téhéran de prouver qu'il ne développe pas l'arme nucléaire.
30 août. Un compromis est trouvé à l'OMC, après plusieurs mois de négociations, pour l'accès des pays du Sud aux médicaments génériques.
10-14 septembre. Echec de la conférence de l'OMC à Cancún (Mexique) : le Sud refuse l'accord sur l'agriculture proposé par les Etats-Unis et l'Union européenne, ainsi que l'ouverture de négociations sur l'investissement, la concurrence, les services et l'ouverture des marchés.
2004Janvier. Signature de l'Accord de libre-échange de l'Asie du Sud (SAFTA) entre le Bangladesh, le Bhoutan, l'Inde, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka.
29 février. Les Etats-Unis, aidés par la France, démettent de ses fonctions le président haïtien, M. Jean-Bertrand Aristide.
11 mars. Des bombes explosent dans des trains de voyageurs en gare d'Atocha, dans la banlieue de Madrid. Le bilan s'élève à près de 200 morts.
2 avril. La Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie rejoignent l'OTAN.
Mai. Indignation dans le monde après la publication de témoignages et de photographies sur les tortures de l'armée américaine dans la prison d'Abou Ghraib, en Irak.
3 septembre. Une prise d'otages dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord, se solde par la mort de 340 personnes — en majorité des enfants — après l'intervention des forces spéciales russes.
6 octobre. Le rapport de la mission américaine chargée d'enquêter sur la présence d'armes de destruction massive en Irak conclut que Saddam Hussein n'en possédait plus depuis 1991.
26 décembre. Un tremblement de terre, au large de l'Indonésie, provoque un raz de marée géant causant la mort de près de 220 000 personnes en Asie du Sud.
200517 janvier. M. Bush évoque une intervention armée pour arrêter le programme nucléaire iranien.
10 février. La Corée du Nord annonce qu'elle détient l'arme nucléaire afin d'assurer son « autodéfense contre la volonté américaine de [l'] étouffer ».
2 mai. Pour la première fois, le candidat élu au poste de secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), le Chilien José Miguel Insulza, n'est pas le postulant soutenu par les Etats-Unis.
20 octobre. L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) adopte la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, malgré l'opposition de Washington.
Des Etats-Unis plus isolés 200616 mars. M. Bush dévoile sa « nouvelle » doctrine stratégique de sécurité nationale, axée sur la notion de « guerre préventive ». Sept pays sont qualifiés de « despotiques » : l'Iran, la Corée du Nord, la Biélorussie, la Birmanie, Cuba, la Syrie et le Zimbabwe.
11 avril. Selon le président iranien, M.Mahmoud Ahmadinejad, l'Iran a « rejoint le club des pays disposant de la technologie nucléaire ».
Juin-novembre. Après avoir évacué la bande de Gaza en septembre 2005, l'armée israélienne y lance deux vastes opérations terrestres et aériennes.
15-17 juillet. La tenue du G8 à Saint-Pétersbourg (Russie) consacre le retour de la Russie au sein du club des grandes puissances.
12 juillet-14 août. Le Hezbollah ayant capturé deux soldats israéliens et en ayant tué huit autres, le premier ministre d'Israël, M. Ehoud Olmert, déclenche une offensive militaire au Liban. Le bilan est de près de 1 200 morts côté libanais, et 150 morts côté israélien.
26 septembre. Une étude du renseignement américain affirme que la guerre en Irak a « aggravé la menace terroriste » et renforcé l'islamisme radical.
12 octobre. La revue médicale britannique The Lancet estime que près de 650 000 Irakiens seraient décédés à la suite de l'occupation américaine.
16 octobre. Le président Bush impose des sanctions contre le régime soudanais, qu'il accuse de commettre un génocide au Darfour.
Novembre. Le Vietnam devient le 150e Etat membre de l'OMC.
23 décembre. Le Conseil de sécurité des Nations unies instaure un embargo sur le programme nucléaire iranien, mais n'autorise pas le recours à la force. Les sanctions économiques sont durcies trois mois plus tard.
200710 janvier. M. Bush annonce l'envoi de 21 500 soldats supplémentaires en Irak.
27 juillet. La Bolivie du président Evo Morales signe un accord pour l'exploitation du minerai de fer avec une compagnie indienne. C'est le premier investissement indien d'importance en Amérique latine.
Août. Effondrement du marché américain des crédits immobiliers à risque (subprime). Début de la crise financière.
16 septembre. Selon les prévisions de The Economist, le poids des pays émergents dans l'économie mondiale devrait dépasser les 60 % en 2025, retrouvant un pourcentage équivalent à celui du début du XIXe siècle, quand la Chine et l'Inde dominaient la production manufacturière mondiale.
17 septembre. La Chine accorde un prêt de 5 milliards de dollars à la République démocratique du Congo (RDC).
1er octobre. Washington crée un commandement régional militaire unique pour l'Afrique (Africom).
10 décembre. L'Argentine, la Bolivie, le Brésil, l'Equateur, le Paraguay et le Venezuela créent une nouvelle institution régionale latino-américaine, la Banque du Sud, pour prendre leurs distances avec la Banque mondiale et le FMI et retrouver leur autonomie financière.
Nouvelle politique ou nouveau discours ? 200821 janvier. Les Bourses mondiales s'effondrent. Elles plongeront à nouveau en octobre.
19 février. Le président cubain Fidel Castro prend sa retraite politique. Les Etats-Unis indiquent qu'ils ne changeront pas leur politique à l'égard de Cuba.
Mars. L'armée chinoise réprime violemment une série de manifestations au Tibet, organisées à l'occasion du 49e anniversaire du soulèvement de 1959.
8 avril. Le FMI évalue à 945 milliards de dollars le coût de la crise financière.
23 mai. Signature du traité constitutif de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).
24 mai. En visite à Pékin, le nouveau président russe, M. Dmitri Medvedev, déclare : « La coopération sino-russe est devenue un facteur majeur de la sécurité mondiale. »
8 juillet. Washington obtient l'autorisation de Prague pour l'installation d'une base de radars en sol tchèque dans le cadre du projet américain de bouclier antimissile.
Août. Guerre entre la Russie et la Géorgie, au sujet des régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, à laquelle les Etats-Unis et l'OTAN assistent impuissants.
15 septembre. L'Unasur intervient, sans les Etats-Unis, pour soutenir le président bolivien Morales, victime d'une tentative de déstabilisation.
23 septembre. « Wall Street tel qu'on l'a connu cessera d'exister », annonce... le Wall Street Journal concernant la crise financière mondiale.
Octobre. Le Sénat américain approuve le plan de sauvetage du secteur financier (700 milliards de dollars). Le plan européen s'élève, quant à lui, à 1 700 milliards d'euros.
4 novembre. M.Barack Obama est élu président des Etats-Unis.
27 décembre. Israël déclenche un assaut contre Gaza. Au terme de vingt-deux jours d'offensive, le bilan est de 1 400 morts.
2009Janvier. L'armée sri-lankaise lance une opération d'envergure contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Les rebelles annonceront le 17 mai qu'ils déposent les armes. C'est la fin d'un conflit vieux de trente ans, qui aurait fait près de 100 000 morts selon l'ONU.
17 février. M. Obama promulgue un nouveau plan de relance de l'économie, d'un montant de 787 milliards de dollars.
27 mars. Le président américain annonce l'envoi de 17 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.
12 juin. Election présidentielle contestée en Iran. M. Ahmadinejad est déclaré vainqueur.
30 juin. Les troupes américaines se retirent des villes irakiennes.
5 juillet. Plus de 150 personnes sont tuées au cours d'émeutes dans la province chinoise du Xinjiang.
6 juillet. Accord entre Washington et Moscou sur les armes nucléaires, qui prend le relais du traité Start I expirant en décembre 2009.
4-11 février. La conférence de Yalta réunit Franklin Roosevelt, Winston Churchill et Joseph Staline, les dirigeants des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l'URSS. Le communiqué commun annonce une coopération militaire pour le désarmement et l'occupation de l'Allemagne, ainsi qu'un accord sur la prochaine réunion d'une conférence des Nations unies à San Francisco.
25 avril-26 juin. La conférence de San Francisco réunit les représentants de cinquante nations pour élaborer les statuts de la future organisation internationale (l'Organisation des Nations unies).
2 septembre. Hô Chi Minh proclame l'indépendance de la République démocratique du Vietnam.
19465 mars. Constatant l'influence croissante des communistes sur les gouvernements des pays libérés par l'armée rouge, Churchill déclare qu'un « rideau de fer » est tombé sur le continent.
19 décembre. A la suite du bombardement du port de Haïphong par l'armée française, Hô Chi Minh lance une attaque contre ses garnisons.
19475 juin. Annonce du plan Marshall (programme américain d'aide à la reconstruction pour l'Europe).
19492 janvier. La Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie créent le Conseil d'assistance économique mutuelle (Comecon).
4 avril. Signature à Washington du traité de l'Atlantique nord par les Etats-Unis, le Canada, la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark, l'Islande, l'Italie, la Norvège et le Portugal.
8 mai. Vote de la Loi fondamentale constituant la République fédérale d'Allemagne (RFA).
29 août. Explosion de la première bombe atomique soviétique.
1er octobre. Mao Zedong annonce la prise de pouvoir des communistes et proclame la République populaire de Chine.
7 octobre. La République démocratique allemande (RDA) est proclamée.
195025 juin. L'armée de la Corée du Nord franchit le 38e parallèle.
27 juin. Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte, en l'absence de l'URSS, une résolution condamnant l'agression nord-coréenne.
7 juillet. Une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies confie le commandement d'une force onusienne aux Etats-Unis. Seize pays acceptent de venir en aide à la Corée du Sud.
26 septembre. Du fait de l'ampleur de la contre-offensive, les Nord-Coréens sont repoussés au-delà du 38e parallèle.
18 octobre. Les forces onusiennes entrent en Corée du Nord et s'emparent de Pyongyang, sa capitale.
Novembre-décembre. Face à la menace américaine à la frontière mandchoue, les troupes chinoises se portent au secours de leur allié nord-coréen.
195118 avril. Création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) par la Belgique, la France, la RFA, le Luxembourg, l'Italie et les Pays-Bas.
Juin-juillet. Stabilisation du front autour du 38e parallèle et début des négociations entre l'ONU et la Corée du Nord.
19511er novembre. Les Etats-Unis font exploser leur première bombe H avec succès dans les îles Marshall.
Vers la coexistence pacifique 19535 mars. Mort de Staline. Elle ouvre une période de « dégel » à l'intérieur (libération de prisonniers) comme à l'extérieur.
17 juin. Soulèvement à Berlin-Est et dans plusieurs villes de RDA. Les autorités soviétiques décrètent l'état d'urgence ; l'insurrection est réprimée par l'armée rouge.
27 juillet. Signature de l'armistice qui met fin à la guerre de Corée.
13 septembre. Nikita Khrouchtchev est élu premier secrétaire du Parti communiste.
195421 juillet. A la suite de la bataille de Diên Biên Phu, les accords de Genève officialisent la fin de la guerre d'Indochine. Il est établi que le Vietnam sera partagé en deux zones de regroupement militaire le long du 17e parallèle. Les Etats-Unis et Ngô Dinh Diêm, le chef du gouvernement de l'Etat vietnamien — créé par les Français à Saïgon en 1949 —, ne ratifient pas la déclaration finale.
195524 février. L'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Turquie signent un traité d'alliance avec le Royaume-Uni (pacte de Bagdad).
18-24 avril. La conférence de Bandoung des peuples afro-asiatiques consacre l'émergence politique des pays du tiers-monde. Au-delà de la volonté de coopération économique, culturelle et politique, ces nations condamnent le colonialisme et plaident pour la coexistence pacifique et le non-alignement.
6 mai. Adhésion officielle de la RFA à l'OTAN.
14 mai. Création du pacte de Varsovie entre l'URSS, la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Hongrie et l'Albanie.
195614-25 février. Lors du XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), Khrouchtchev dénonce le culte de la personnalité de Staline et révèle les crimes de l'ancien dirigeant.
Octobre-novembre. Soulèvement en Hongrie ; Israël, la France et le Royaume-Uni lancent une action conjointe contre l'Egypte, qui a nationalisé la Compagnie du canal de Suez. Sous la pression des Etats-Unis et de l'URSS, le Royaume-Uni, la France et Israël acceptent un cessez-le-feu.
19575 janvier. Dwight D. Eisenhower annonce au Congrès l'engagement des Etats-Unis contre le communisme au Proche-Orient.
25 mars. La France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Italie et la RFA signent le traité de Rome, qui établit le Marché commun (la Communauté économique européenne).
Octobre. Lancement de Spoutnik 1, le premier satellite soviétique.
19594 janvier. Ernesto « Che » Guevara entre dans La Havane abandonnée par Fulgencio Batista. M. Fidel Castro devient premier ministre.
15-25 septembre. Première visite de Khrouchtchev aux Etats-Unis. Rencontre avec Eisenhower à Camp David.
196117 avril. Tentative d'invasion de la baie des Cochons à Cuba organisée par la Central Intelligence Agency (CIA).
11 mai. Le vice-président américain Lyndon B. Johnson annonce à Saïgon le soutien des Etats-Unis au régime de Diêm. John Fitzgerald Kennedy portera à 15 000 le nombre de soldats américains au Sud-Vietnam.
12-13 août. Pour enrayer l'exode croissant des citoyens de RDA, les autorités est-allemandes entreprennent la construction du mur de Berlin.
1962Février. Un commandement militaire américain est créé à Saïgon.
Octobre. L'installation à Cuba de rampes de lancement de missiles soviétiques déclenche une crise majeure.
L'enjeu vietnamien 1963Août. Le traité de Moscou, signé par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS, interdit notamment les essais nucléaires dans l'atmosphère.
19647 août. A la suite du prétendu incident du golfe du Tonkin, le Congrès des Etats-Unis donne au président Johnson la possibilité de « prendre toutes mesures nécessaires pour faire échec au communisme ». Johnson fait bombarder les installations côtières du Nord-Vietnam.
14 octobre. Khrouchtchev est destitué de toutes ses fonctions. Leonid Brejnev devient premier secrétaire.
19657 mai. Les marines américains débarquent à Da Nang alors que Moscou livre ses premiers missiles à Hanoï.
19667 mars. Charles de Gaulle annonce que la France se retire du commandement militaire intégré de l'OTAN.
19672 mars. Les Etats-Unis déclenchent l'opération « Rolling Thunder » contre le Nord-Vietnam. Ces bombardements massifs se poursuivront jusqu'en 1968.
196830 janvier. L'offensive du Têt lancée par les forces du Front national de libération du Vietnam (ou Vietcong) et de l'Armée populaire vietnamienne prend les Etats-Unis par surprise. Repoussée, elle affecte cependant l'administration Johnson, dont de nombreuses personnalités se positionnent contre la guerre.
Janvier-août. En Tchécoslovaquie, le premier secrétaire du PC slovaque, Alexander Dubcek, lance une vague de libéralisation politique, économique et sociale (le printemps de Prague). Les armées des cinq pays du pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie.
1er juillet. Signature à Londres, Moscou et Washington du traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
197012 août. Signature du traité germano-soviétique qui confirme le statu quo territorial entre l'Union soviétique et la RFA. Il inaugure l'Ostpolitik en ce qu'il ouvre la voie à la normalisation diplomatique.
19713 septembre. Signature du traité de Berlin, qui définit le statut de Berlin-Ouest.
25 octobre. La Chine populaire est admise à l'ONU parmi les membres permanents du Conseil de sécurité.
197226 mai. Signature, à Moscou, par l'URSS et les Etats-Unis de deux accords sur la limitation des armements stratégiques (SALT I).
3 octobre. Signature entre les Etats-Unis et l'URSS du traité ABM d'interdiction des missiles antibalistiques.
21 décembre. Le « traité fondamental » signé par les deux Etats allemands affirme le respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, du droit à l'autodétermination et de la non-discrimination.
197327 janvier. Les accords de paix de Paris signés par les Etats-Unis, la République démocratique du Vietnam et le Sud-Vietnam prévoient le retrait des forces terrestres américaines du Vietnam dans un délai de soixante jours.
19751er août. Signature de l'acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à Helsinki. Les trente-trois pays européens, à l'exception de l'Albanie, les Etats-Unis et le Canada reconnaissent l'inviolabilité des frontières, le respect des droits de l'homme, la libre circulation des hommes et des idées, la nécessité de développer leurs relations économiques.
Retour de la tension : la « guerre fraîche » 19769 septembre. Mort de Mao.
19791er février. Retour à Téhéran de l'imam Ruhollah Khomeiny (en exil depuis 1963), qui proclame la République islamique.
15-18 juin. Les accords SALT II sont signés à Vienne entre le président James Carter et Brejnev.
12 décembre. L'OTAN décide du principe de déploiement de nouveaux missiles nucléaires (fusées Pershing-2 et missiles de croisière Cruise) en Europe occidentale. Il s'agit de rétablir un équilibre avec les SS-20 soviétiques.
27 décembre. Intervention de l'armée soviétique en Afghanistan.
1980Novembre. Ronald Reagan est élu président des Etats-Unis.
198212 novembre. Iouri Andropov succède à Brejnev, décédé le 10 novembre.
1983Novembre. L'OTAN déploie ses euromissiles (Allemagne, Royaume-Uni, Italie) en réponse aux SS-20 soviétiques. Rupture des négociations sur la limitation des armements.
La fin de la guerre froide 198511 mars. M.Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire général du PCUS. Ses mots d'ordre sont : perestroïka (« restructuration ») de l'économie nationale et glasnost (« transparence ») dans les affaires politiques et culturelles.
198915 février. Les dernières troupes soviétiques quittent l'Afghanistan.
4-18 juin. Victoire de Solidarnosc aux élections législatives polonaises, un non-communiste dirige le gouvernement pour la première fois à l'Est.
9 novembre. Chute du mur de Berlin.
22 décembre. Le régime de Nicolae Ceausescu est renversé par la population roumaine soutenue par l'armée.
199031 mai-2 juin. Les présidents George H. Bush et Gorbatchev concluent un accord sur la préparation d'une réduction des armements stratégiques offensifs.
Août. L'URSS condamne l'invasion du Koweït par l'Irak et ne s'oppose pas aux diverses résolutions.
1991Janvier-mars. Les pays baltes se déclarent favorables à l'indépendance.La Géorgie fait sécession tandis que neuf des quinze Républiques soviétiques acceptent de participer à un référendum sur l'organisation d'une « Union rénovée ».
1er juillet. Dissolution du pacte de Varsovie.
3 octobre. Unification de l'Allemagne.
21 décembre. Dissolution de l'URSS.