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Union européenne

Record de demandes d’asile en 2015 en Allemagne : « on va y arriver ! » (Angela Merkel)

EU-Logos Blog - Sun, 10/01/2016 - 21:47

L’Allemagne a accueilli 1,1 million de demandeurs d’asile en 2015, a annoncé le 6 janvier l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) dans un communiqué. Le « wir schaffen das » , on va y arriver de la chancelière est sans doute la meilleure réplique   à cette annonce. Très vite la fierté et l’euphorie ont cédé la place au doute et à l’inquiétude. L’Allemagne peut-elle réellement accueillir plus d’un million de réfugiés Très vite la chancelière s’est réjouit : « Il y a un rêve d’Allemagne il  n’en a pas toujours été ainsi ». Tout est relatif « nous sommes quand même 80 millions »rappelle-t-elle . Comme le reconnait le leader bavarois de la CSU Horst Seehofer, « qui sous-estime Angela Merkel a déjà perdu ! »

« Pour l’année 2015, à l’échelle fédérale, environ 1,1 million demandes d’asile ont été enregistrées », indique l’office, à propos de cette année record au cours de laquelle environ cinq fois plus de demandes ont été enregistrées par rapport à 2014.De janvier à décembre 2015, les demandes émanant de personnes en provenance de Syrie s’élèvent à elles seules à 428.468. Les pays les plus représentés sont ensuite l’Afghanistan (154.046 demandes), l’Irak (121.662), l’Albanie (69.426) et le Kosovo (33.049).

Pour le seul mois de décembre, l’Allemagne a recensé 127.320 demandes, un chiffre en baisse par rapport à novembre (206.101) ou octobre (181.166).Ces chiffres correspondent aux données du système EASY qui comptabilise les migrants arrivant dans le pays et prévoyant d’y demander l’asile.

Le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière a souligné que pour faire face à « cet énorme afflux » de population, l’Etat fédéral allait fournir « dans le courant de l’année 4.000 collaborateurs et collaboratrices supplémentaires » au BAMF. Par ailleurs, il entend venir financièrement en aide aux communes et aux Etats régionaux, souvent dépassés par l’arrivée massive des migrants, en fournissant une aide correspondant à 670 euros par demandeur et par mois, destinée à améliorer leur prise en charge. Enfin, le ministre s’est dit prêt à politiquement tout mettre en oeuvre « pour que le nombre de demandeurs d’asile arrivant en Allemagne soit nettement réduit » dans les mois qui viennent.

L’énorme afflux de réfugiés en Allemagne et la politique d’accueil choisie par Angela Merkel ont suscité d’importantes tensions ces dernières semaines, la chancelière étant pour la première fois vivement critiquée, y compris au sein de sa propre coalition.

Plutôt que de spéculer sur l’échec ou la réussite ou sur les sondages concernant Angela Merkel, les allemands sont au travail et s’organisent conscients qu’ils sont qu’il n’y a pas d’autres solutions, leur chancelière le leur rappellent à eux et aux autres (les députés du Parlement européen) : «Nous européens de l’Est et je m’inclus dans les Européens de l’Est, avons pu constater que l’isolement ne nous aidait pas. On n’arrêtera pas le flux des réfugiés en construisant des barrières. J’ai vécu derrière une barrière pendant suffisamment longtemps»

On n’a pas prêté suffisamment d’attention aux trop rares informations concernant cet aspect : par exemple l’interview de la présidente du Land de Sarre expliquant au journal le Figaro les mesures prises ou à prendre pour faire face ou le Journal la Croix concernant les petits écoliers. Sur le plus d’un million de demandeurs d’asile arrivés en 2015, environ 325 000 sont des enfants en âge d’être scolarisés. Leur prise en charge met les autorités régionales allemandes au défi. Mais la démarche d’intégration est engagée, la maitrise de la langue est la clé de l’intégration. Le directeur d’une école (collège Barnim à Berlin) explique : une école inoccupée a été réquisitionnée, d’ici juin les 18 salles de classes seront occupées. Les 16 Etats Länder en charge ont accéléré l’ouverture de salles de classe spécialisées, Berlin en compte 639. Le mot d’ordre est : les enfants ne doivent pas rester plus de «  3 mois sans aller à l’école. On estime à 24 000 le nombre d’enseignants supplémentaires. Les Länder ont prévu de dépenser quelque 17 milliards d’euros en 2016 pour les demandeurs d’asile selon Die Welt qui a interrogé les ministres de finances de Länder, seule la ville de Brême n’a pas donné ses prévisions. Au niveau fédéral, le ministre des finances Wolfgang Schäuble, a budgété 8 milliards d’euros pour 2016 pour les migrants. Pour la France ce sont 4000 à 5000 élèves de prévus . Pour la suède (1,8 millions d’habitants) ce sont 163 000 demandes avec parfois 10 000 par semaines et 35 000 mineurs non accompagnés .Dans son allocution du nouvel an, la chancelière persiste contre ceux pleins de haine: «qui veulent exclure les autres (…) une chance (…) il est évident que l’afflux de tant de gens va encore nous solliciter beaucoup. Cela va nous coûter de l’argent, nous demander du temps et de la force, notamment en ce qui concerne l’intégration de ceux qui vont rester ici durablement ».

Bon courage Angela et bonne chance !

 

Pour en savoir plus :

 

       -. L’école s’organise le figaro http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/09/10/01016-20150910ARTFIG00333-l-ecole-s-organise-pour-l-accueil-des-enfants-refugies.php

       -. La Croix :l’Allemagne s’organise pour scolariser les enfants de refugies http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/L-Allemagne-s-organise-pour-scolariser-les-enfants-refugies-2016-01-05-1399922

       -. Les réfugiés en Allemagne, l’accueil institutionnalisé la solidarité en plus https://blogs.mediapart.fr/francois-g/blog/171215/les-refugies-en-allemagne-l-accueil-institutionnalise-la-solidarite-en-plus

     -. Pour la ministre-présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer la crise migratoire exige une réponse coordonnée de l’Europe http://www.lefigaro.fr/international/2015/12/28/01003-20151228ARTFIG00169-annegret-kramp-karrenbauer-il-faut-reduire-l-afflux-des-refugies-en-allemagne.php

 

 

 


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Catalogne: Carles Puigdemont appelle au démarrage de la sécession

RFI (Europe) - Sun, 10/01/2016 - 21:26
Ce dimanche, le maire de Gérone Carles Puigdemont, 53 ans, a été intronisé chef de la Generalitat, le gouvernement général catalan, pour les quatre ans à venir. L’homme, un indépendantiste convaincu, a devant lui une tâche herculéenne et très difficile : obtenir la sécession de sa région vis-à-vis de l’Espagne.
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Coup de théâtre en Catalogne, avec l'émergence de Carles Puigdemont

RFI (Europe) - Sun, 10/01/2016 - 06:47
Coup de théâtre en Catalogne. Faute de majorité pour l’investiture d'un leader séparatiste à la tête de la communauté autonome, la perspective de nouvelles législatives régionales semblait se rapprocher, après celles de septembre 2015. Or, in extremis, un compromis a été trouvé. Chez les séparatistes, Artur Mas laisse sa place à un candidat plus fédérateur, Carles Puigdemont, maire de Gérone. Celui-ci pourrait être investi président de la région Catalogne dès ce dimanche 10 janvier 2016.
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Un patron italien lègue 1,5 million d’euros à ses employés europe-RFI

RFI (Europe) - Sat, 09/01/2016 - 23:38
Les employés d’Enoplastic à Bodio Lomnago, dans le nord de l’Italie, ont hérité de 1,5 million d’euros légués par leur patron, Pietro Marchi, fondateur de l’entreprise, décédé en juin dernier. Son geste vient d’être dévoilé publiquement par les heureux employés.
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Aide au développement

Toute l'Europe - Fri, 08/01/2016 - 16:19
Véritable pierre angulaire de l’action de l’Union européenne, la politique de coopération et du développement contribue grandement à la poursuite des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Assurant plus de la moitié des aides internationales, l’UE est en effet le plus grand donateur au monde.
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Les attentats de Paris, un an après : une européisation de l’humanité !

EU-Logos Blog - Fri, 08/01/2016 - 12:48

Un an après les attentats de Paris ne perdons pas de vue qu’ils ont également (et principalement) été perpétrés contre les valeurs de l’Europe et dans la lutte contre le terrorisme, ces valeurs ne peuvent être mises en péril. La présence de quasiment tous le Etats de la planète au défilé dans les jours suivants a été un extraordinaire moment d’humanité, une sorte d’européisation de l’humanité : chacun refusant de haïr les auteurs et les inspirateurs, refusant de leur abandonner cette victoire. Souvent les Etats ont été représentés au niveau le plus élevé : chefs d’Etat, ou de gouvernements Un an après revoir ces images semblent à peine croyable.

Pourquoi ? Les attentats terroristes de Paris ont été perçus, à juste titre, comme une attaque dirigée contre l’Europe et ses valeurs. Celles-ci sont désignées à l’article 2 du traité de Lisbonne: «L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.» . Même dans la lutte contre le terrorisme, ces valeurs ne peuvent être remises en question ou compromises. Faute de quoi, les instigateurs de la terreur remporteraient une victoire : elle leur est définitivement refusée, espérons le.

Ces réflexions sont le résultat d’une tension exigeante entre une éthique de conviction et une éthique de responsabilité, entre la morale individuelle et la morale sociale, entre une éthique religieuse ou agnostique.

Avons-nous assisté sans nous en rendre compte à une européisation de l’humanité ? Question qui s’adresse à tous, mais plus particulièrement aux eurosceptiques, europhobes et populistes   qu’ Eulogos a décidé d’interpeller. Ces valeurs européennes seraient elles donc si méprisables ? L’instant d’un défilé les chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu sans ambiguïté, qu’ils ne l’oublient pas et nous aussi. Ce défilé est un camouflet porté à la rhétorique des populistes, eurosceptiques et europhobes.


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[Revue de presse] Brexit : David Cameron parcourt l'Europe en quête de soutien

Toute l'Europe - Fri, 08/01/2016 - 11:35
La question du référendum sur la sortie de l'UE continue de monopoliser l'agenda du Premier ministre britannique. Après avoir tenté d'apaiser les eurosceptiques de son parti en annonçant que ses ministres pouvaient s'exonérer de la solidarité gouvernementale sur le Brexit (revue de presse du 6 janvier), David Cameron a passé la journée de jeudi à chercher des soutiens en Allemagne et en Hongrie. Pour que la suite des événements se déroule conformément à ses attentes, Cameron a besoin que les Etats membres soutiennent les quatre séries de réformes qu'il exige de l'UE pour y maintenir le Royaume-Uni.
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La présidence tournante du Conseil de l'Union européenne

Toute l'Europe - Fri, 08/01/2016 - 10:00
Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, l'ancienne présidence du Conseil est désormais scindée en deux : le président du Conseil européen et la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne (Conseil des ministres), auxquels on peut ajouter la présidence du Conseil Affaires étrangères, désormais assurée par le haut-représentant de l'UE.
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Les Pays-Bas prennent la présidence de l'UE dans un contexte difficile

Toute l'Europe - Fri, 08/01/2016 - 09:39
Succédant au Luxembourg, les Pays-Bas ont pris, à partir du 1er janvier et jusqu'au 30 juin, la présidence du Conseil de l'Union européenne. Une fonction moins centrale pour le fonctionnement de l'UE que par le passé, mais qui s'annonce néanmoins décisive dans le contexte politique actuel marqué par la crise des réfugiés, le risque terroriste et la possibilité du Brexit.
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Les capitales européennes de la culture

Toute l'Europe - Thu, 07/01/2016 - 17:07
Après Mons (Belgique) et Plzen (République tchèque) en 2015, c'est au tour de Wrocław (Pologne) et de San Sebastián (Espagne) de se partager le label de "Capitale européenne de la culture" pour l'année 2016. Que se cache-t-il derrière ce label ? Comment sont désignées les villes lauréates ?
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Les soldes en Europe

Toute l'Europe - Thu, 07/01/2016 - 12:28
Chaque année, les soldes remportent un franc succès dans les capitales européennes. S'il s'agit d'une pratique courante dans la plupart des Etats membres, les dates ne coïncident pas forcément dans toute l'Europe et les réglementations varient fortement d'un pays à l'autre. En été et en hiver, les périodes de soldes ne sont pas les mêmes chez nos voisins européens. Toute l'Europe vous propose ce tableau récapitulatif des principales dates de soldes.
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[Revue de presse] Les inquiétudes autour de Schengen se cristallisent

Toute l'Europe - Thu, 07/01/2016 - 11:09
Après la réintroduction lundi de contrôles d'identité par la Suède à sa frontière avec le Danemark, Copenhague a décidé d'appliquer les mêmes mesures à la bordure germano-danoise. Face aux multiples réactions craignant de nouveau un éclatement de l'espace Schengen dans un contexte de crise migratoire, le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a organisé hier à Bruxelles une réunion avec les ministres danois, suédois et allemand. En définitive, la gestion de la crise migratoire manque toujours d'une réponse européenne coordonnée et laisse ainsi place à des réponses différentes des Etats membres.
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Conseil européen, Conseil de l'UE, Conseil de l'Europe : Comment les distinguer ?

Toute l'Europe - Thu, 07/01/2016 - 10:01
Il n'est pas rare que des confusions apparaissent concernant ces trois Conseils dont les noms sont proches. Cette distinction est pourtant primordiale.
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Dérive autoritaire en Pologne : l'Europe embarrassée

Toute l'Europe - Thu, 07/01/2016 - 09:58
Deux mois après sa confortable victoire aux élections législatives, le parti ultraconservateur polonais Droit et justice (PiS) embarrasse déjà l'Europe. En cause, sa réforme rapide et brutale du Tribunal constitutionnel et sa volonté de prendre la main sur les médias publics jugés hostiles à son programme politique. Face à cette dérive autoritaire, l'opposition gronde en Pologne et surtout en Europe, où un grand nombre de dirigeants ont fait part de leur inquiétude. La "mise sous surveillance" du pays par l'Union européenne est envisagée.
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Article - 30ème anniversaire de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal

Parlement européen (Nouvelles) - Thu, 07/01/2016 - 09:48
Général : Le 1er janvier 1986, l'Espagne et le Portugal rejoignaient la Communauté économique européenne. Lors de l'anniversaire de la signature des traités d'adhésion en juin dernier, le Président du Parlement européen a rappelé qu'il s'agissait d'une « étape importante de l'Histoire européenne ». Avec l'entrée de ces deux pays, la Communauté économique européenne s'était élargie à douze membres. Depuis, l'Union européenne s'est considérablement agrandie et compte aujourd'hui 28 États membres.

Source : © Union européenne, 2016 - PE
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Article - 30ème anniversaire de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal

Parlement européen (Nouvelles) - Thu, 07/01/2016 - 09:48
Séance plénière : Le 1er janvier 1986, l'Espagne et le Portugal rejoignaient la Communauté économique européenne. Lors de l'anniversaire de la signature des traités d'adhésion en juin dernier, le Président du Parlement européen a rappelé qu'il s'agissait d'une « étape importante de l'Histoire européenne ». Avec l'entrée de ces deux pays, la Communauté économique européenne s'était élargie à douze membres. Depuis, l'Union européenne s'est considérablement agrandie et compte aujourd'hui 28 États membres.

Source : © Union européenne, 2016 - PE
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[Revue de presse] David Cameron laisse son cabinet libre de prendre position sur le Brexit

Toute l'Europe - Wed, 06/01/2016 - 10:43
Mardi, la presse anglaise était en ébullition. La BBC et l'agence Reuters ont annoncé que David Cameron comptait laisser ses ministres prendre librement position sur la question d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit). Si le Premier ministre britannique se permet de déclencher un tel séisme politique, c'est parce qu'un affrontement idéologique ronge sa majorité. Ce qui pourrait également expliquer l'empressement à organiser le référendum au plus tôt.
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Le discours eurosceptique en 2016 !

EU-Logos Blog - Tue, 05/01/2016 - 22:15

Le programme de travail de Eulogos pour l’année qui vient est de présenter de façon plus juste, d’analyser de façon plus pertinente, les discours eurosceptiques, europhobes et populistes : entendre, comprendre et répondre ! C’est le mot d’ordre que lance Eulogos pour combattre ce type de discours. C’est parce qu’on ne dit rien que les autres se permettent tout. Il faut hausser le son ! démonter cette rhétorique.

Mais, avant toute chose, il faut présenter une vision de l’Europe mobilisatrice, comme vient de le faire de façon si talentueuse, pour son pays, Angela Merkel, le 14 décembre, devant le Congrès de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Il n’est pas nécessaire de la paraphraser, simplement rapporter ses propos : elle souhaite un pays « ouvert, curieux, tolérant, passionnant, possédant une forte identité (…) qui voie aussi le monde avec les yeux des autres, qui aide les personnes en situation de détresse qui, confiant en ses capacités, apporte sa contribution à la sécurité, à la paix et qui contribue à ce que la mondialisation puisse être gérée de façon juste ». Que l’Europe puisse montrer que, sous sa gouverne, elle est capable de relever ce défi comme elle a su le faire pour renaître des décombres de 1945.

La force des eurosceptiques et europhobes est d’adosser leurs propositions sur une conception du monde, fausse mais cohérente. La façon dont le débat sur l’Europe est mené contribue à donner l’impression que tous les Européens parlent comme les europhobes et les eurosceptiques : ces derniers ont d’abord imposé leur vocabulaire, leur thématique car les pro-européens ont cessé de se battre sur les mots et pour les mots.

À ce stade, nous n’avons pas d’autre ambition que d’engager le débat et d’y faire participer le plus grand nombre des personnes. L’analyse de la rhétorique antieuropéenne prend tout son sens et c’est à cela qu’appelle Eulogos. Les bons scores des eurosceptiques, europhobes et populistes marquent d’abord l’échec des stratégies de diabolisation et de dénigrement, qui restent sans effet : chômage, ras-le-bol fiscal, bouleversements géopolitiques aux portes de l’Europe et attentats islamistes n’expliquent pas tout. Plus grave, le doute s’est installé sur la capacité des forces politiques, sociales culturelles, religieuses… traditionnelles à entendre les citoyens. On inquiète sans réellement informer.

C’est à ce stade qu’intervient notre volonté de jouer sur cette rhétorique qui varie d’un pays à l’autre, d’un parti à un autre, d’un groupe à un autre. Il faut commencer par analyser ces rhétoriques pour pouvoir ensuite y faire face : « entendre, comprendre répondre », c’est le triptyque imaginé par une jeune universitaire, Amélie Ancelle, qui a étudié le phénomène pour la France et pour deux cas, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon. Son travail universitaire constitue le point de départ de notre réflexion et l’embryon d’une méthodologie à mettre en œuvre après son approfondissement .

« La rhétorique, nous dit-elle, est un élément majeur dans la vie politique d’aujourd’hui, malgré la connotation péjorative qu’elle revêt. C’est la parole qui crée le lien entre le politique et le citoyen, instaure la confiance et laisse parfois place à la manipulation. L’Union européenne n’échappe pas à la règle. Les résultats des élections de mai 2014 ont vu nombre de partis eurosceptiques tenir le haut du pavé, la France en tête. Les deux candidats français qui regroupent les qualificatifs d’eurosceptiques et de rhéteurs sont les deux extrêmes de l’échiquier politique : Marine Le Pen au Front National, Jean-Luc Mélenchon au Front de Gauche. Ils manient les mots avec précision, savent se mettre en scène et parviennent à retourner les valeurs européennes contre l’UE elle-même.

Avant d’étudier les discours comme constructions politiques, c’est leur étude en tant que constructions et performances rhétoriques qui permet de mettre en exergue les caractéristiques du discours eurosceptique. Le travail de l’image, de la personnalité et de la construction d’un système de valeurs en creux par rapport à l’UE sont autant de moyens de créer du lien avec la foule, un sentiment de proximité face à l’austérité institutionnelle. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dépassent le cadre politique pour se diriger vers la sphère émotionnelle. Dès lors, la réflexion purement politique et rationnelle n’est plus – elle devient hybride. Ce n’est plus à la logique qu’il est fait appel, mais à des sentiments : la peur et le ressentiment pour le Front National, l’indignation pour le Front de Gauche. Si la volonté de montrer l’UE comme porteuse de valeurs incompatibles avec les idéaux universels se retrouve chez les deux candidats, leurs effets produits sur l’auditoire sont radicalement différents : l’une fait régner la prostration, l’autre l’incitation à l’action. Au vu des résultats des élections et de la crise politique que traverse depuis lors l’Union, déceler les ressorts de l’Euroscepticisme pour lui opposer plus efficacement une réponse s’avère crucial.

Autant qu’il peut être une menace, le langage peut tout autant être une source de réconfort, d’espoir et de bataille face à une tendance qui prend de l’ampleur, en France comme ailleurs. C’est pourquoi se donner les armes pour l’étudier, c’est se donner la capacité de mieux comprendre un phénomène et de mieux y répondre. Comment cela peut-il prendre forme du point de vue de la réponse politique ?

Bien sûr, la réponse qui vient immédiatement à l’esprit, c’est la réponse éducative. La République forme ses citoyens à la culture commune ; aujourd’hui, celle-ci dépasse les frontières françaises. C’est la première mesure politique qui puisse être prise rapidement et impacter directement la population et les futurs citoyens. Sensibiliser la jeunesse à l’Europe, c’est lui montrer que l’UE, c’est certes Erasmus, mais plus encore ; c’est regarder vers le futur. Les interventions dans les écoles devraient se multiplier : professionnels, intellectuels, même fonctionnaires européens doivent venir incarner cette réalité, et pas seulement dans les écoles d’élites. Organiser si possible des visites des institutions, ou au moins dédier une partie du programme à l’Union européenne en tant que réalité, en tant que construction politique inédite et pleine de possibilités – voilà comment éveiller les consciences. Simplement mentionner des dates, privées de toute incarnation dans un contexte global, c’est conforter les esprits dans l’idée que l’UE n’est qu’une construction abstraite qui se résume à des signatures de traités et à la possibilité de passer un an à l’étranger.

Les politiques doivent donc travailler à une réponse complexe face aux attaques eurosceptiques, et cela implique leur attitude même. Aussi étrange que cela puisse paraître c’est peut-être d’abord une réponse humaine qu’il leur faut apporter. Les sentiments créés par les Eurosceptiques ne peuvent être ignorés, et font parfois une impression bien plus forte qu’un discours raisonné. Cette réponse humaine ne doit cependant pas être teintée d’arguments politiques. L’honnêteté intellectuelle oblige à mélanger le moins possible les registres : l’émotion reste l’émotion, l’argumentaire politique reste l’argumentaire politique. Au ressentiment, il faut opposer les grands moments de communion de l’Union européenne, qui passe malheureusement bien plus souvent dans les moments de drames et de deuils. Il faut opposer la force de l’union à l’isolement du prostré. La première réponse aux maux inquiétants et inquiets des eurosceptiques, ce sont les mots rassurants et motivés des porteurs de l’Europe.

Maintenant, les mots ne suffisent pas pour convaincre en politique ; des actions totalement incarnées dans la sphère de la chose publique peuvent tout à fait créer, implicitement, des sentiments positifs chez les citoyens. La première découle directement du besoin de réponse humaine : mêler sentiments et politique européenne ne fait pas bon ménage. Il faut, certes, rassurer les citoyens en s’octroyant des temps de communion sur un socle de valeurs et d’idéaux européens communs. Mais il faut surtout se dégager de la tendance à faire de l’Union européenne le parfait bouc émissaire ; les Eurosceptiques ne sont pas les seuls à blâmer dans ce cas. En effet, accuser l’Europe dès qu’un élément de la politique nationale ne fonctionne pas permet peut-être de se dédouaner et de retrouver un certain crédit auprès des électeurs, mais c’est surtout faire le jeu des détracteurs de l’Europe. En effet, comment comprendre que l’on souhaite s’investir de plus en plus dans une Europe qui semble pourtant être la cause des problèmes économiques, financiers, politiques et migratoires de l’État ? Les dirigeants politiques doivent commencer à penser ensemble, globalement, et pas uniquement à l’intérieur de leurs frontières. Il faut écarter l’image de menace que représente l’UE dans beaucoup trop d’esprits, y compris parfois même dans ceux des dirigeants. Sans quoi ces derniers fourniront sans cesse du grain à moudre aux Eurosceptiques, et continueront à se saborder.

À l’attitude des dirigeants s’ajoute le besoin de dépasser une certaine pudeur dans la représentation officielle de l’Europe au sein du gouvernement. Pour lors, le Secrétaire d’État aux Affaires européennes, Monsieur Harlem Désir, n’a qu’une moindre visibilité, autant auprès de ses collègues qu’auprès des citoyens. Dans l’ombre du ministre des Affaires étrangères, il est relégué au second rang. Comme si l’Union ne faisait certes pas partie de l’étranger, mais surtout comme si les relations qui unissaient le gouvernement à l’Europe étaient moindres, comparées à ce qu’offre le reste du monde. Pour preuve, le Secrétaire d’État n’est presque jamais cité dans les discours de Madame Le Pen ou de Monsieur Mélenchon, excepté pour souligner son absence et le manque de visibilité de résultats et d’activité. Encore une fois, c’est donner là des arguments aux Eurosceptiques qui n’ont même pas besoin de les fabriquer : « regardez, même au sein du gouvernement, l’Europe occupe une place mineure, effacée. Pourquoi nous embarrasser à y rester, l’État pourrait faire là des économies ». Or, c’est précisément en donnant un rôle plus important à la personne en charge des affaires européennes que non seulement le sens et l’intérêt du projet européen vont se faire plus grand, mais c’est aussi la crédibilité de cette implication et de ces investissements qui vont en ressortir. Et la crédibilité permet, entre autres, de combattre le doute et le ressentiment.

Le discours eurosceptique français n’a rien inventé. Les procédés rhétoriques sont vieux de plus de deux mille ans, leurs arguments sont presque tous des détournements d’attitudes de personnalités politiques impliquées dans l’Europe. Là où réside la difficulté, c’est dans la manière de combattre ce discours : le combat rhétorique nécessite une éternelle réinvention, appelle une dynamique créatrice. Sortir de sa zone de confort, c’est prendre par surprise les Eurosceptiques, et fragiliser leur argumentaire qui repose sur des idées et valeurs ancrées dans les esprits. Cela doit nécessairement passer par le changement de paradigme et la prise de décisions originales. Prendre à la légère les discours eurosceptiques et ne leur opposer que moquerie et dénigrement, ce n’est pas s’attaquer au fond du problème. C’est un combat permanent, qui nécessite prise de conscience et courage. Sans quoi la vague anti-Europe risque de faire chavirer plus d’un navire qui se croit insubmersible. ».

 

Voilà les premiers éléments que nous fournit Amélie Ancelle pour notre réflexion. Ils doivent être approfondis, complétés, diversifiés. Les exemples concrets doivent être multipliés. C’est ce à quoi nous vous invitons. Mais ce travail de recensement et d’analyse ne se suffit pas à lui-même ; il doit être suivi d’un travail de réplique, de contestation, de réfutation, et cela au jour le jour. C’est un travail de grande ampleur, permanent, exigeant. Personne n’a le monopole de l’entreprise et encore moins sa propriété, mais il faut bien que quelqu’un commence et donne le coup d’envoi.

Réagissez, proposez. Coalisons nos efforts, mutualisons nos moyens. La patrie européenne est en danger !

N’hésitez pas à demander le travail de recherche de Amélie Ancelle (Amelie.Ancelle@gmail.com)

 


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