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Institut de Relations Internationales et Stratégiques
Updated: 1 month 1 week ago

Une Europe géopolitique ?

Wed, 07/07/2021 - 11:09

Edouard Simon, directeur de recherche à l’IRIS, répond à nos questions à l’occasion de la parution du n°122 de la Revue internationale et stratégique dont le dossier qu’il a dirigé porte sur « Une Europe géopolitique ? » :
– La nouvelle Revue internationale et stratégique aborde la thématique de l’Europe géopolitique. Pourquoi avoir choisi de traiter ce sujet ?
– À quels défis l’Europe doit-elle faire face pour atteindre ses ambitions régionales et internationales ?
– Les concepts d’autonomie stratégique et de souveraineté européenne ont-ils un avenir ?

RIS n°122 : https://www.iris-france.org/publications/ris-122-ete-2021/

30 ans de l’IRIS : le témoignage de Christian Lechervy

Tue, 06/07/2021 - 18:14

En 2021, l’IRIS fête ses 30 ans ! À cette occasion des personnalités nous ont fait l’amitié de nous donner leur vision de l’Institut sur la scène stratégique française et internationale.

Aujourd’hui, Christian Lechervy, ambassadeur de France en Birmanie, qui a été un des premiers chercheurs de l’IRIS, se prête à l’exercice.

Ce dangereux désordre mondial qui n’en finit pas …

Tue, 06/07/2021 - 15:38

Depuis plus d’un quart de siècle, la communauté internationale souffre d’une défaillance croissante de la gouvernance mondiale. À la fin de la guerre froide, la mondialisation de la politique, la sécurité, l’économie, l’environnement et l’immigration ont créé une demande sans précédent pour une gouvernance mondiale efficace. Pourtant, ce modèle semble être en voie de disparition.

Faute, entre autres, à l’erreur historique qui a été de ne pas organiser au début des années 90, sous la forme d’un sommet post-guerre froide, une concertation internationale de très grande ampleur sur le nouvel état du monde comme cela avait été le cas après les deux conflits mondiaux, voire après les guerres napoléoniennes avec le Congrès de Vienne. L’administration américaine du temps du premier mandat de Bill Clinton en est en grande partie responsable.

En effet, alors que nous allons à la fin de l’année commémorer le trentième anniversaire de la dissolution de l’URSS survenue le 26 décembre 1991, et qu’a eu lieu l’année dernière dans une indifférence totale le centenaire de la création de la Société des Nations, un regard sur l’histoire des trente dernières années laisse apparaître le sentiment d’un certain gâchis, d’une occasion ratée quant à une relance en profondeur du système multilatéral et de son acteur principal, l’ONU. La fin de la division Est-Ouest avec la chute de l’Union soviétique avait ouvert un espace inédit et prometteur de réformes. C’est ainsi que, pour la première fois, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni au niveau des chefs d’États et de gouvernements. Il s’agissait de manifester la centralité du système ONU en même temps que l’engagement au plus haut niveau de ses membres les plus puissants. À la même époque, le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali avait su impulser une dynamique d’idées et de réformes, par exemple sur les droits de l’homme, mais aussi dans la pensée d’un continuum paix et développement. Cette période charnière des années 1990 avait permis l’émergence d’une réflexion sur un ordre mondial multilatéral, accepté et soutenu par le président des États-Unis de l’époque, George Herbert Bush, épaulé par son conseiller à la sécurité nationale, Brent Scowcroft. Tous ces éléments faisaient naître l’espoir raisonnable de voir l’ONU tenir enfin le rôle pour lequel elle avait été créée sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale.

Fait remarquable dont il n’a pas assez été tenu compte et qui frappe dans le contexte des dernières années : l’administration américaine de l’époque avait perçu qu’à moyen terme l’intérêt des États-Unis était de s’intégrer à un ordre multilatéral. Non par altruisme, bien évidemment, mais par réalisme. Les intérêts bien compris de la première puissance mondiale devaient la conduire au soutien lucide porté au multilatéralisme et aux Nations unies. Il aurait alors été facile pour le super-pouvoir américain de dominer et articuler cette société mondiale. À terme, l’Amérique, même une fois son déclin inévitable amorcé, serait restée au centre du jeu international, en tirant les ficelles et dominant l’économie. Dans tous les cas, cela aurait permis à l’ONU de se renforcer et de jouer un rôle politique supérieur à ce que l’on voit aujourd’hui. Et surtout, les pays émergents auraient plus facilement trouvé les voies et moyens de leur expression dans un ordre plus équilibré, plus ouvert et plus juste. Ils auraient pu le faire dans un contexte apaisé repoussant le risque de règlement de compte que l’on voit poindre aujourd’hui dans une sorte de vaste poker menteur planétaire.

Malheureusement, cette chance historique du début des années 1990 de créer un ordre international multilatéral, dynamique et créatif, a été manquée. Bill Clinton élu fin 1992 n’avait pas la vision de son prédécesseur George Herbert Bush et, comme dit plus haut, aucune grande conférence internationale de l’ordre de celle de San Francisco en 1945 n’a été organisée pour discuter et décider d’orientations nouvelles. Quoi qu’on pense de la notion de souveraineté nationale, très discutée depuis la fin de la guerre froide, le débat sur l’avenir des États, leurs rapports et les règles du jeu du monde ne fut pas organisé. Rien de tout ce qui aurait permis de rassembler la société internationale n’eut lieu au risque de faire basculer les relations internationales de l’ordre figé de la guerre froide à une dérégulation complète et dangereuse.

Aujourd’hui, au sein des États et de leurs populations, cette défaillance croissante de la gouvernance mondiale nourrit la perception – et engendre peut-être la réalité – d’un monde en désordre, en perte de contrôle, sans leader, sans État, ni aucune institution au gouvernail pour redresser le cap. Cette situation est aggravée par la crise de l’État-nation. Nous nous retrouvons ainsi dans un « no man’s land » entre des institutions nationales et supranationales trop faibles pour résoudre les problèmes actuels. Tout cela finit par alimenter la polarisation et l’aliénation politiques qui sont de plus en plus évidentes dans de nombreux États à travers le monde.

Alors que les pensées les plus nauséabondes se banalisent et se répandent comme une traînée de poudre sur la scène internationale et que l’ONU se transforme chaque jour un peu plus en une coquille vide, il serait peut-être utile, même avec plus d’un quart de siècle de retard, que quelqu’un pense enfin à relancer cette idée de grande concertation sur l’ordre mondial « post-guerre froide ».

La période post-Covid-19 pourrait en être l’occasion. Mais qui aura l’intelligence de prendre une telle initiative et assez de talent pour la mener à terme ?

Joe Biden ?

Sûrement pas. Le président américain est bien trop occupé à diviser le monde avec son alliance des démocraties.

 

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Essayiste et chercheur associé à l’IRIS, Romuald Sciora vit aux États-Unis. Auteur de plusieurs ouvrages sur les Nations unies, il a récemment publié avec Anne-Cécile Robert du Monde diplomatique « Qui veut la mort de l’ONU ? » (Eyrolles, nov. 2018). Son dernier essai, « Pauvre John ! L’Amérique du Covid-19 vue par un insider » est paru en Ebook chez Max Milo en 2020.

Essence : « Ce n’est pas l’augmentation des prix des carburants qui va changer la donne pour les vacances »

Tue, 06/07/2021 - 11:23

La hausse du prix du carburant risque-t-elle de peser sur le budget des Français cet été, quand on sait que la voiture sera le moyen de transport privilégié ?

C’est un élément important, mais à relativiser. Dans un budget vacances, vous prévoyez l’essence, le logement, les repas, les activités… Dans cet ensemble, l’augmentation du prix du carburant est un petit élément. Car sur un trajet, cela va représenter de 5 à 10 euros. Donc ce n’est pas là-dessus que les gens vont se dire  » Bon, j’avais prévu de partir, j’ai réservé, j’ai dégagé un budget, mais là, il y a une augmentation donc je ne pars pas « . Cela va un peu amputer le budget des ménages mais sans être considérable.

Evidemment, cela va compter pour les ménages les plus modestes, ce n’est pas complètement indolore. Mais dans un budget vacances, surtout après les confinements, quand une famille, un ménage, un couple, une personne a décidé de partir, ce n’est pas l’augmentation des prix du carburant qui va changer la donne.

Cela n’aura donc pas d’incidence sur la saison estivale ?

Il y a une forte motivation en 2021 pour partir en vacances. Tous les éléments le montrent : les transports, les logements. Les professionnels le disent, la demande est forte.

Cette hausse du prix des carburants est-elle une surprise ?

Pas du tout, et la surprise aurait été que les tarifs n’augmentent pas. Il y a un lien entre l’évolution de ces prix et celle des prix du pétrole brut, la matière première Or, ils sont orientés à la hausse ; depuis le début de l’année, on est à + 50 %. Une telle hausse ne pouvait qu’entraîner une hausse du prix des carburants.

Mais pas dans les mêmes proportions…

Parce qu’il y a un facteur-clé entre les prix du brut et ceux des carburants, ce sont les taxes. En France, les carburants automobiles sont très lourdement taxés, à environ 60 %, ce qui veut dire que l’augmentation ne touche pas les taxes, qui sont fixées pour une année. Ce qui augmente concerne le pétrole brut. Ça ne représente donc pas la majeure partie.

Comment expliquer une telle hausse du prix du brut ?

C’est lié à deux secteurs clés, l’un qui porte sur la demande pétrolière mondiale, l’autre sur l’offre. Et les prix sont évidemment souvent le résultat de ces mouvements. Nous avons en 2021 une forte reprise économique mondiale, après une année marquée par une récession liée à la pandémie de Covid-19. Il y a en plus un effet de rattrapage par rapport à 2020. Et lorsque l’économie redémarre comme ça, elle a besoin de consommer plus d’énergie, et donc plus de pétrole.

Cette situation va-t-elle s’installer dans le temps ?

Personne n’a de boule de cristal pour prévoir le prix du pétrole. Il y avait (cette semaine) la réunion de l’Opep + [l’Organisation des pays exportateurs de pétrole]. L’objectif de la concertation est de mettre davantage de pétrole sur le marché, pour tenir compte de la reprise économique mondiale. Mais encore faut-il qu’ils se mettent d’accord *. Leur décision aura un impact à court et à moyen terme sur les prix. Cela concerne les prochains jours, les prochaines semaines, et notamment cet été.

Les membres de l’Opep + ont annulé leur réunion de lundi, sans se donner de nouveau rendez-vous. Cet échec des négociations pourrait conduire à une reconduction en août, et même au-delà, des quotas de production prévus pour juillet.

[Chroniques de l’Amérique latine #13] Washington précise sa politique pour l’Amérique latine

Fri, 04/06/2021 - 16:17

Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, vous donne régulièrement rendez-vous pour ses “Chroniques de l’Amérique latine”.

Aujourd’hui, Christophe Ventura revient sur les travaux de la 51ème Conférence annuelle de Washington sur les Amériques (4 mai 2021) durant laquelle la vice-présidente Kamala D.Harris et le Secrétaire d’Etat Antony Blinken ont précisé la feuille de route des prochains mois des Etats-Unis en Amérique latine.

30 ans de l’IRIS : le témoignage d’Alice Baillat

Fri, 04/06/2021 - 14:13

En 2021, l’IRIS fête ses 30 ans ! À cette occasion, nous avons recueilli le témoignage d’anciens collaborateurs qui ont participé à l’histoire de l’Institut.

Alice Baillat, actuellement experte associée à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM/ONU Migration), docteure en relations internationales, fut chercheuse à l’IRIS de 2017 à 2019. Elle est toujours associée à l’Institut en tant que spécialiste des migrations environnementales et de la géopolitique du changement climatique. Elle revient aujourd’hui sur son parcours et sa relation à l’IRIS et évoque l’évènement géopolitique de ces 30 dernières années qui a été le plus marquant à ses yeux.

Coup d’État au Mali : un bouleversement bien au-delà des frontières ?

Thu, 03/06/2021 - 18:08

Le 24 mai 2021, un coup d’État a été perpétré par le colonel Assimi Goïta contre le président malien Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane, à la tête d’un gouvernement de transition nommé initialement pour 18 mois. Ce deuxième coup d’État en moins de 9 mois a déstabilisé le pays, ses alliés et la « communauté internationale ». Depuis, des décisions et des déclarations françaises, force militaire principale engagée au Sahel, sont intervenues. Le point avec Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS, responsable du programme Afrique/s.

Le 28 mai, Assimi Goïta a été proclamé chef de l’État malien après un deuxième coup d’État – Emmanuel Macron évoque même un coup d’État dans le coup d’État – contre le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane. Surnommé le « serial putschiste » par L’Express, qui est Assimi Goïta ? Quelles sont les origines de son deuxième coup d’État ? Les délais d’une élection en février 2022 pourront-ils être tenus ?

Assimi Goïta est un colonel issu du sérail militaire, rompu au terrain et qui visiblement se voit un destin politique qu’au demeurant, il n’hésite pas à s’inventer. Il a perpétré le premier coup d’État le 18 août 2020 qui avait été précédé par un certain nombre de manifestations contre le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta à partir de juin 2020 : résultat à la fois d’une crise multidimensionnelle et d’une coagulation des mécontentements des Maliens sur fond sécuritaire et climat sociopolitique dégradés. Plusieurs partis traditionnels, des membres de la société civile formant une masse critique assez hétéroclite s’étaient réunis dans une plateforme : le M5 – en référence au premier mouvement du 5 juin 2020 -. Après cette phase de turbulences, et pour certains analystes parachevant le processus du M5, Assimi Goïta accompagné entre autres de deux autres colonels a perpétré un coup d’État, sans échange de tirs, sans que le sang ait coulé puisque le président de l’époque, IBK, et son Premier ministre Boubou Cissé avaient chacun été « cueillis » à leur domicile respectif et amenés au camp militaire de Kati. Suite à cette séquence, des sanctions avaient été prises : suspension des organisations internationales, fermetures des frontières terrestres et aériennes, etc. de sorte qu’un gouvernement de transition civile soit nommé, et ce pour une période de 18 mois. Les auteurs du coup d’État avaient fini par obtempérer. Bah N’Daw avait été nommé président de la République, Moctar Ouane Premier ministre et Assimi Goïta vice-président.

Ce deuxième coup d’État quant à lui répond à ce que l’on pourrait appeler une « drôle de séquence ». Une semaine avant son intervention, la grogne montait à Bamako. Moctar Ouane avait démissionné pour être immédiatement renommé dans ses fonctions sur fond de grève généralisée de l’administration déclarée à partir du mardi 18 mai. Dans la soirée du 19 mai alors que je prenais part au 21e forum de Bamako, avec l’ensemble des intervenants, nous avons été alertés d’un possible coup d’État. Il est difficile de recouper les informations tant certaines ont été crédibles et sourcées et d’autres non. On a ainsi appris successivement que Goïta avait été arrêté puis que c’était le président lui-même de retour de Paris où il avait assisté au Sommet sur l’économie africaine. Difficile de démêler le vrai du faux tandis que rien ne paraissait dans les médias officiels ou sur les réseaux sociaux. Reste la question : que s’est-il passé ? Était-ce un avertissement de tensions qui larvaient ? Y a-t-il eu une tentative de manipulation de l’information ? L’histoire nous le dira. Quoi qu’il en soit, le lendemain, la situation semblait normalisée, les rumeurs de la veille évanouies. Le Premier ministre a clôturé le vendredi 21 mai les travaux du forum après avoir reçu une délégation pendant une heure, puis le président Bah Ndaw s’est prêté au même exercice pendant une heure trente. Séquence étonnante, peut-être pour montrer une continuité de l’action gouvernementale sur fond d’absence de gouvernement et de grèves persistantes. Le lundi 24 mai, il y a eu une accélération. La nomination du nouveau gouvernement ayant écarté deux colonels proches de Goïta respectivement des ministères de la Sécurité et de la Défense semble avoir précipité les événements et ce « coup d’État dans le coup d’État ».

Quoi qu’il en soit, il semble peu probable que les élections puissent se tenir en février 2022, comme cela avait été initialement prévu. Tandis qu’à Bamako aucun gouvernement n’est encore nommé, rappelons que des enclaves territoriales échappent complètement au contrôle des autorités et qu’il n’y a plus de coïncidence entre État et territoire d’où une première difficulté identifiée pour organiser cette séquence électorale. Par ailleurs, il faudrait un fichier électoral toiletté alors que dans le contexte actuel, il est difficile d’avoir une connaissance et des chiffres précis concernant ce corpus électoral.

Reste à voir quelles seront les priorités du nouveau gouvernement. Dans cette attente, on notera que les grèves ont été suspendues et que les populations semblent avoir accepté ce nouveau coup de force puisqu’aucune manifestation ne s’en est suivie.

Ce dimanche 30 mai, la Cédéao (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest) a décidé lors d’un sommet extraordinaire de suspendre le Mali de ses institutions à la suite du putsch des militaires et de nommer rapidement un Premier ministre provenant de la société civile. Quelles peuvent être les conséquences pour le Mali face à une telle décision ?

Si les réactions ont été unanimement à la condamnation et que pendant plusieurs jours des sanctions ciblées ont été avancées, le Mali a finalement seulement été suspendu des différentes organisations internationales. Comment comprendre cette suspension presque indolore comparativement aux mesures prises en août 2020 ? Plusieurs hypothèses peuvent être posées, le cas tchadien a peut-être fait jurisprudence même s’il est à rappeler que dans le protocole, les premiers à prendre les décisions sont les chefs d’État de la Cédéao dont le Tchad ne fait pas partie. Peut-être que certains pays n’ont pas souhaité des sanctions trop dures à l’égard d’un pays acculé où la population aurait pu être la plus impactée par la fermeture des frontières terrestres et aériennes tandis que la période de soudure approche et qu’une crise de la faim est éminente. Il est évidemment difficile de savoir quels sont les arguments qui ont prévalu au cours des négociations bi puis multilatérales. On observe juste des sanctions a minima qui confortent Goïta dans son rôle de président du Mali. Concernant les autres acteurs internationaux, on observe qu’il n’y a pas eu de consensus au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie refusant de sanctionner la junte. L’Allemagne, les États-Unis et la France ont quant à eux parlé d’une même voix. Les États-Unis se sont prononcés en faveur d’une suspension de leur coopération militaire sans que l’on en connaisse encore les contours, tandis que le président français a envisagé un possible retrait de Barkhane.

Pour l’instant, hormis cette suspension des différentes organisations internationales mettant le pays en marge de « la communauté internationale », et peut-être les acteurs internationaux étant suspendus à la nomination du nouveau gouvernement, aucune sanction n’a encore été prise.

Lors d’un entretien dans Le Journal du Dimanche, le président Emmanuel Macron a annoncé clairement qu’il retirerait les troupes françaises de l’opération Barkhane du Sahel si le Mali se tournait vers un islamisme radical. Cette déclaration peut-elle réellement être mise en application ? Ce coup d’État pourrait-il déstabiliser la région sahélienne ?

Le message d’Emmanuel Macron est, sans doute, à lire à plusieurs niveaux. Rappelons d’abord qu’il s’est exprimé dans un journal français le JDD dont le lectorat est français. « L’islamisme radical », tout autant que « l’islamo-gauchisme » sont des expressions comprises seules de ceux qui les utilisent. En revanche, ils agitent une crainte de l’islam et du terrorisme qui satisfait sans doute une partie de l’électorat dans une séquence présidentielle qui s’ouvre. Dans l’hypothèse où le Mali choisirait cette voie, le président Macron n’exclut pas un retrait de Barkhane. C’est une hypothèse crédible et à tout le moins, on doit la prendre avec sérieux. Néanmoins si on lit la suite de l’interview, le président français montre également les risques que ce pays et le Sahel pourraient encourir face à une expansion du terrorisme et une immigration massive vers l’Europe. Au regard de ces éléments, on peut sérieusement se demander si quelque part il ne justifie pas l’utilité de Barkhane. D’où peut-être une ambiguïté qui ne permet pas de savoir si des décisions sont arrêtées sinon qu’un processus de réflexion est entamé. À un autre niveau, puisque les informations sont diffusées à l’international, on peut se demander si, par cette interview, il n’instaure pas un rapport de force pour peser dans le choix du nouveau gouvernement malien. Quoi qu’il en soit, cette déclaration, tandis que la France est le pivot sécuritaire dans la région couplée à une situation malienne qui semble tomber de Charybde en Scylla, n’est peut-être pas de nature à rassurer les Européens qui s’étaient engagés à rejoindre Takuba.

À l’heure actuelle, toutes les cartes sont posées sur la table. À voir quelles seront les options de cette transition malienne et les réponses qui pourront y être apportées. Mais c’est bien sûr l’incertitude qui gagne une fois de plus au risque de suspendre des projets à valeur ajoutée au Mali, de détourner de potentiels investisseurs, une situation profitant aux djihadistes qui ne sont pas comptables de ces agendas.

Alternatives aux batteries lithium-ion : les pistes technologiques plus durables et souveraines

Thu, 03/06/2021 - 09:57

Dans cette série de 4 entretiens, M. Jean-Marie Tarascon, professeur au Collège de France, identifie plusieurs priorités pour sécuriser la position de l’UE dans cette course à l’innovation. Il met en avant une sélection de nouvelles technologies qui pourraient dépasser ou compléter les batteries lithium-ion, pour redonner à l’Europe toute sa place sur l’échiquier mondial de la R&D.

Aujourd’hui, le Pr. Tarascon nous présente des pistes technologiques alternatives aux batteries lithium-ion.

Pour aller plus loin sur le sujet

Fluctuat et mergitur ?

Wed, 02/06/2021 - 19:00

« Le bateau ivre », le premier roman de Pascal Boniface, parait aujourd’hui aux éditions Armand Colin.

Dans ce roman où la fiction se mêle à la réalité, il dresse le tableau d’une situation politique à la dérive, en enchainant situations tragiques, portraits savoureux et rebondissements surprenants.

L’ouvrage est disponible dès aujourd’hui en librairie et sur le site de l’IRIS.

« L’Algérie est d’abord un pays gazier »

Wed, 02/06/2021 - 15:41

Une   étude  du   think L’Algérie est d’abord un pays gazier tank  “ Shift   Project ”  sur   les approvisionnements énergétiques de l’UE évoque un déclin avancé des réserves de pétrole en Algérie.  Les prévisions  en  ce domaine sont-elles aussi inquiétantes ?
L’étude du Shift Project met l’accent sur des sujets importants pour l’avenir de la production de pétrole et d’hydrocarbures liquides de l’Algérie, en particulier la baisse de la taille moyenne des gisements mis en production, le fait que la production nationale dépende en quasi-totalité de découvertes réalisées avant 2000 et la baisse de cette production depuis le pic de 2007. C’est une contribution intéressante et utile à un débat essentiel pour le pays, débat qui avait été entamé précédemment par divers spécialistes algériens.

Les  projections mises en avant  dans ce rapport  sur  la  production pétrolière algérienne ne sont-elles pas quelque peu trop pessimistes ? 
L’analyse du Shift Project débouche sur la projection d’une très forte baisse de la production de pétrole brut d’ici à 2050 (-65% par rapport à 2019) et d’une chute un peu moins forte pour les hydrocarbures liquides. Ces perspectives sont inquiétantes pour l’Algérie compte tenu de l’importance du pétrole en particulier et des hydrocarbures en général dans l’économie algérienne, même si l’Algérie est un pays plus gazier que pétrolier.
Le Shift Project se fonde beaucoup sur la base de données de la société norvégienne Rystad Energy, bien connue dans les milieux énergétiques, mais cette base (Ucube) n’est évidemment pas dans le domaine public et je ne peux donc pas la commenter.

L’étude  de  “Shift Project” intègre-t-elle  l’impact  d’une  amélioration possible du cadre d’investissement en Algérie pour freiner le déclin pétrolier ? 
L’on peut évoquer quelques éléments critiques sur le chapitre de cette étude concernant l’Algérie : on évoque le monopole de Sonatrach, ce qui n’est pas le cas dans le domaine de l’exploration ; en revanche, le rapport ne souligne pas la moindre attractivité du pays pour les investisseurs étrangers qui avaient joué un rôle majeur dans les découvertes pétrolières au cours des années 1990 (bassins de Berkine et d’Illizi) ; la volonté des autorités algériennes d’améliorer le cadre contractuel et législatif des activités d’exploration-production n’est pas abordée (lois sur les hydrocarbures de 2013 et de la fin 2019).
Pas plus que les efforts de redynamisation des partenariats entre la Sonatrach et les compagnies étrangères. Enfin, il est très peu question d’hydrocarbures non conventionnels (seulement une phrase dans le chapitre Algérie).

 

Propos recueillis par Akli R. pour Liberté Algérie.

Éviter l’importation du conflit israélo-palestinien ?

Mon, 17/05/2021 - 13:00

Alors que les affrontements au Proche-Orient se poursuivent, la question de l’importation du conflit israélo-palestinien en France se pose à nouveau. Or, qu’il s’agisse des manifestations en soutien à la Palestine qui ont eu lieu ce week-end en France ou des drapeaux israéliens sur la mairie de Nice, il est indéniable que ce conflit, source de passions, a d’une certaine manière déjà été importé en France. L’important est désormais de créer les conditions d’un débat serein et de permettre un dialogue apaisé sur la question.

Diaspora and Sport: Pelota and Identity in Different Communities

Wed, 12/05/2021 - 17:28

Urban, regional, and national movements around the world have long used sport to sustain and promote their identities. Large cities and regions regularly develop flagship clubs in major international sports and host regional and international events like the Olympic Games, at least partially to promote their identity in the eyes of the world. More modestly sized communities often gravitate to smaller activities through which they can find success with more limited financial investments, such as the city of Badalona’s basketball tradition embodied by Club Joventut Badalona. Perhaps most effectively, some groups successfully claim a sport as part of their own unique cultural identity and tradition, like Florence’s assertion that they developed calico fiorentino in the sixteenth century or the connection between curling and Irish nationalism.

Basque pelota offers an example of the later development and, depending on how one defines bullfighting, can claim to be the only major sport developed primarily within the borders of modern Spain. Pelota’s roots go back centuries and the sport has a complex history with numerous different varieties of competition. Its story bears similarities to that of football because both sports where not codified with standardized rules until the mid-to late nineteenth centuries, well after empires had been built and large-scale emigration commenced. As a result, while Association Football dominates, different codes exist like rugby at home in Britain, Aussie rules in a colonial setting, and American football in a post-colonial one. Pelota has a similar history, developing different modalities in Basques communities across the Spanish post-colonial world during the late nineteenth and early twentieth centuries. These international codes take on added significance because of Spain’s weakness in the period and pelota’s connection to only a portion of Spain. As Basque identity and nationalism grew in conjunction with pelota, the central government repressed that identity in favor of a centralized Castilian one ultimately epitomized by the Franco dictatorship (1939-1975). Thus, the story of Basque pelota became one of extensive variety where the diasporic communities wielded more influence in shaping the sport than is common and demonstrating the depth of that community’s interconnection across oceans and continents. This article strives to track down some of these different developments and their relationships to the international pelota community. The first section defines the basic sport, its early development, and the history of its international organization. The second half tracks several modalities of pelota, discusses how and where they developed, and strives to identify the significance of each’s history. Hopefully, the discussion will begin to explain the complexity of pelota as a Basque cultural activity as a basis for more in-depth analysis.

Definitions, Home Culture, and International Organization

At its core pelota is a game played between individuals or teams of (primarily) two facing a wall, though in some versions players face one other directly across a net or line. It is most commonly played on a frontón, a court with a high front wall and a lower wall on the left side. However, some versions use only the front wall, others use a wide variety of lengths for the court from fairly short to extremely long, still more varieties use an indoor trinquet or “closed” court that add a ceiling and right wall and carry similarities to the older courts used for real tennis, while other iterations use a particularly long outdoor place libre or open court. Similarly, players use a wide variety of equipment to strike the ball including their hands, multiple different sized wooden and string rackets, a hoop with a net, and both short and long curved baskets called xisteras. Different versions use both hard and soft balls made of rubber and leather. All told this produced over fourteen defined varieties of pelota that range from the lightning fast jai alai to the more moderate and traditional handball, and all with specific histories and connections to different Basque communities.

All of these different varieties trace their roots to the Basque Country spanning northcentral Spain and across the Pyrenees into southwestern France where the Basque people have lived for centuries and maintain their own language and culture. Basque pelota has connections to the old game of royal tennis or jeu de paume where players hit a ball across a net in indoor courts. While it faded in the eighteenth century amongst the Western European nobility, versions survived in the Basque Country where players commonly hit the ball against a front wall instead of across a net.[1] By the 1800s, it had become well established in a wide variety of forms across the region as part of rural competitions like wood chopping, sawing, and various forms of lifting and carrying that championed farm labor in ways similar to Scotland’s Highland Games.[2] Through the nineteenth century, pelota increasingly developed the characteristics of modern sport with codified rules, equipment, and competitions, even developing a trio of specialist journals through which supporters followed competitions by 1887.[3] Despite this long practice, rule codification only began in the mid to late-nineteenth century enabling international spread that generally followed the routes of Basque migration to the Americas, North Africa, and even a few sections of Southeast Asia like the Philippines.[4] Notably, however, this process was multipolar with versions of the sport traveling between countries in the Americas and from the New World back to Spain instead exclusively being codified in a European metropole and then emanating outward.

Pelota also maintained strong connections to small towns and traditional Basque life, making it a natural activity for nationalists to promote as an intrinsic aspect of Basque culture. The game brought communities together and created public spaces even as the Spanish and French governments cracked down on Basque nationalism as a threat to their own. For example, Professor González Abrisketa argues that frontons provided public spaces for Basques, predominantly men, to gather, share a passion, and follow rituals that bound them together.[5] Its competitions displayed traditionally masculine virtues of strength and passion, but also required rules and behaviors championing proper play that benefited everyone and reinforced social norms. Not coincidentally, pelota rose as a formal sport during the same decades as Sabino Arana founded the Basque Nationalist Party (PNV), the organization most central to establishing Basque nationalism and defining what it stood for. The PNV embraced and promoted pelota as both a symbol of Basque uniqueness and an avatar of its values, producing an enduring connection between the two that has brought the sport both benefits and limitations in the decades since. Subsequently, Spain was wracked with internal problems through the first half of the twentieth century. First the pseudo-democratic Restoration government gradually lost control, leading to the repressive, conservative Primo de Rivera dictatorship in 1923. 1931 saw the established of the tumultuous Second Republic, which itself collapsed into the Spanish Civil War of 1936-39, and ended in the even more repressive Franco dictatorship, which cracked down forcefully on regional identities for the next three decades. As a result, the Basque County had little freedom or resources to promote regional identity until at least the 1950s, when the Franco government began allowing sport to grow as a distraction in various forms across the country.

In contrast, Argentina had a large Basque expatriate population and experienced some of its most successful years as an independent country in the late nineteenth and early twentieth centuries. The Argentine economy boomed as British imperialists built railroads and public utilities to support meat and grain exports from the Pampas and founded banks to finance such endeavors. With this new affluence, Buenos Aires emulated European cities by embracing the arts and other European activities like football, so it shouldn’t be surprising that Argentine Basques delved into codifying and spreading their traditional game of pelota. As a result, when groups of enthusiasts first established the Federación Internacional de Pelota Vasca (FIPV) in 1929, the Spanish and Argentine federations played lead roles in a process actually started in Buenos Aires. When the new organization met a second time in March of 1930 to establish statues, they did so in Espelette, France and under the leadership of Jean Ybarnegaray of the Fédération française de pelote basque, emphasizing further the international nature of the endeavor.[6] The divisive Ybarnegaray came from French Basque heritage, was a pro-fascist deputy in the French parliament who later denounced Basque nationalism when its leaders joined the Republican side in the Spanish Civil War, but later joined the united French government to resist Germany at the start of WWII, briefly became part of the Vichy government before switching to the resistance, and even spent six months in Dachau.[7] He offers an excellent example of the complexities of the period, from the conservative nature of Basque identity despite its desire for independence, to the international nature of pelota’s institutional consolidation in the midst of larger world events. As a result of these divisions, little international planning and competition developed in the decade and a half after the FIPV’s foundation as the Spanish Civil War and World War II occupied everyone’s attention and the Southern Cone countries competed amongst themselves.

After 1945, the FIPV became more active in organizing competitions leading to the first pelota world championships held in San Sebastián in 1952. For this inaugural event, federations from Spain, France, Argentina, Uruguay, Italy, Mexico, Cuba, and the Philippines all sent teams and the athletes competed in hand, paddle, basket, and frontenis competitions on four different types of courts.[8] In the decades since, the competition has been held regularly in a loose rotation in Spanish Basque cities, French Basque ones (usually Biarritz), and Latin America municipalities (most commonly Montevideo in early decades and Mexico City more recently). Curiously, Buenos Aires has never hosted the event, partially because Argentina declined economically and entered a prolonged period of political instability just as regular international competition commenced in the 1950s. Another reflection of the sport’s complex political are the official locations where it maintained headquarters over the years. From the 1940s, the FIPV centered its organization in Madrid, away from the sport’s heartland and presumably where the Franco government and its Consejo Nacional de Deportes could exercise oversight. With the advent of Spain’s democratic government and federated constitution in the late 1970s, the FIPV promptly moved its organizational location first to San Sebastián and then to the Palacio Urdanibia, a historic building in Irún near the French border.[9] Finally, it moved again to its current location in Pamplona, another symbolic location for Basque identity. These developments suggest that once the political situation allowed, the FIPV promptly moved its base away from the seat of Spanish government and to several important sites in the Basque heartland before settling on a permanent home. Today, the FIPV brings together over thirty different national pelota federations and sits at the center of an international sports network that reflects the modern, international Basque community. It is recognized by the IOC and represents one of only a handful of international headquarters based in the Basque Country.

Diaspora and Difference

Despite this central connection to Spanish Basque identity, much of the diversity in equipment, courts, and rules in pelota results from the game’s international spread in the nineteenth century along migration routes from the Basque Country to Cuba, Florida, Argentina, Peru, Mexico, and other areas as well as different European traditions in Valencia and France. Tracking pelota’s branches, therefore, produces a cartographical representation of the Basque diaspora and highlights the changes the community underwent in these different locations.

The most famous of the American varieties is jai alai which became popular in the Caribbean, Mexico, and some parts of the United States, predominantly Florida, Connecticut, and Texas. Its popularity even spread as far afield as the Philippines, several cities of costal China before the Communist Revolution there, and sections of the North African coast from Morocco to Egypt.[10]  Like many varieties, it is played on a fronton with a long with a wall on the left side and evolved from the xistera version of Basque pelota that used a short basket on the player’s hand. Late in the nineteenth century in Argentina, the use of the xistera shifted to a longer curved basket, the cesta-punta, that allows players to hold the ball for longer, often to the chagrin of purists, but then launch it more forcefully and dramatically and creating what the Basque government regularly promotes as the fastest sport in the world.[11] This new variety spread across much of Latin America in the early twentieth century and became closely connected to gambling industries. It attained particular success in Mexico and Cuba, where enthusiasts built massive frontons that sat hundreds and offered a mass entertainment spectacle.[12] From there fronton’s where built in Dania, Tampa Bay, West Palm Beach, and Daytona, Florida in the 1950s as part of the state’s tourist boom, grew even further as Cuban refugees fled there after the communist revolution in 1959, and then beyond Florida in the 1960s through 1980s as the gambling industry established it in Connecticut and Rhode Island. This success created a professional circuit owned by U.S. entrepreneurs, but played by roughly 90% Basques that lasted for several decades.[13] The system offered lucrative, if short, careers for talented Basque players from Spain. However, this also undermined the sport’s larger growth because few groups beyond the U.S. Hispanic/Basque communities actually played jai alai and fans there to bet are inherently less invested in the sport itself. By the 1980s, political and economic conditions in Spain improved leading to fewer players willing to come to the US and those who did demanded better pay and treatment. This produced a massive players strike in 1988 that the sport never fully recovered from and today only a few active frontons survive in the US, mostly in Florida. Jai alai’s rise and fall show that while tightly holding onto a particular cultural identity can help a sport’s survival, it also potentially stifles growth beyond that group in a competitive capitalist sporting world. Nor is this a unique situation, as many sports organizations have to decide if preserving an identity or financial success represent their preeminent goal. One need look no further than the football club Athletic de Bilbao and the issue of whether to sign non-Basque players for an example.

The development of other varieties of pelota return us again to Argentina and the important role it played as an incubator for the codification of different varieties of play. Versions of pelota in Argentina can be traced back to the early nineteenth century, with enthusiasts later building the first large court in Buenos Aires’s Plaza Euskara in 1882, followed in 1889 by the 2,500 seat Frontón Buenos Aires and the short-lived Frontón Nacional.[14] Most of these where standard long, thin courts for jai alai, but Argentine’s standardized many of the types of equipment used on them. Besides jai alai, the format that took root most among the local population used a wooden paddle that, through the nineteenth century, was generally handmade with numerous variations and imperfections. In 1904-5, Gabriel Martiren, a player and immigrant from the French Basque County, developed and began using a more uniform flat wooden paddle, a paleta, that offered him a competitive advantage. This sparked a process of racket standardization that formalized pelota paleta or pelota argentina.[15] Over the next few decades, this format became the central version played within the Confederación Argentina de Pelota. When the international pelota community established the Campeonato del Mundo in 1952, two versions of paleta cuero, the version of paleta played with a leather ball, were included as the main competitive version of the sport using a wooden racket. Today it has become one of the most common forms of pelota internationally and spread beyond that Basque community within Argentina to become a significant aspect of the larger national culture as successfully as any form of the sport.

Argentina also played a significant role in the development of a third discipline called xare, or share, that uses a curved frame and a loose leather net inside to strike the ball. It is played exclusively on a trinquet court that is closed on both sides and drew on traditions of the indoor sport of royal tennis or jeu de paume played in England, France, and other areas of Europe and pasaka in the Basque country.[16] As well as the establishment of frontons noted previously, supporters built several trinquets in Buenos Aires starting in the 1860s and then with renewed growth in the 1880s through early 1900s as the city.[17] A key figure in its development was another Basque immigrant, Juan Cruz Orué, who arrived Buenos Aires in 1881. He began playing pelota in the local community, joined the Club de Gimnasia y Esgrima in 1886, worked with several other prominent players to develop the size and weave of the modern xare equipment, and then spread it amongst the city’s Basque migrants.[18] This successfully codified the game and allowed it to spread to other outlying areas like Zamora outside the capital, multiple towns in the province of Entre Ríos, across the river to Uruguay, and up into Paraguay by the 1920s. During the 1930s and 50s, its main clubs successfully established themselves producing regular local and regional competitions, that again spread to the international level after 1952.

Other areas of Basque settlement around Latin American also developed distinct modalities of pelota, often versions that dispensed with the side wall and merged with sporting traditions from the English-speaking world. In Peru, pelota first penetrated the national culture in Lima around 1906 when construction of the Lima Frontón drew widespread interest. Jai-alai spiked in the 1930s and the sport grew in mountain towns like Apata, Pilcomayo, and Orcotuna that tended to have higher percentages of Basque immigrants.[19] By the 1950s, a distinctive Peruvian version called paleta frontón had evolved with both players facing a front wall, no side wall, a relatively short court in depth, divisions into sections similar to a tennis court, and a short racket instead of hands or a basket.[20] It thus represents a blend with the appearance of tennis, the fronton of pelota, a racket similar to paleta, and a smaller court that fit better in the vertical landscape of mountainous Peru. Paleta frontón then expanded gradually across the country and today has its own Federación Deportiva Peruana de Paleta Frontón, in affiliation with the FIPV. The sport gets support from the Peruvian government as a distinct national activity, but has not reached them same level of international competition as other forms.[21]

Mexico experienced similar developments though its history is complicated by the pre-Columbian Mayan and Aztec ball games that are sometimes confusingly conflated with modern ones. As elsewhere, immigrants introduced Basque pelota in the late nineteenth century and in 1895 they built Mexico City’s first court for cesta punta.[22] Despite occasional conflicts with the government over gambling that limited growth, the subsequent introduction of the faster jai alai led to the construction of more frontons in 1906, 1923, and 1929 in Mexico City and a first period of large-scale success in the 1920s. On one hand, jai alai developed a strong tradition as a spectacle building the large arenas such as Tijuana’s El Foro Antiguo Palacio Jai Alai, a massive edifice that survives today as an event venue and monument in the aftermath of the sport’s decline. On the other hand, these structures allowed for the growth of family and community competitions. These smaller events spread into neighborhoods of the capital like San Rafael, Polanco, and Roma, and then out to other cities, regularly finding a home in the patios and gardens of the wealthy and breaking past some of their Basque roots.[23] In both large and small locations around 1916, tennis and pelota players who wanted to practice while walls where being repaired and only a soft ball could be used, developed their own iteration of pelota called frontenis.[24] In this variety, opponents play in a typical fronton with front and left side walls, but with rackets similar to tennis, and a soft (today rubber) ball like in racquetball, again representing a mix of different sporting traditions. This version successfully spread around Mexico, to the Canary Islands, and then back to Spain where, by the 1980s, it attained a significant level of popularity. Today, frontenis maintains strong connections to both Mexico and Spain with regular leagues and has spread beyond the Basque political identity as well as any form of the sport.

Even in Europe, different pelota traditions and sets of rules exist as alternates to Spanish Basque traditions. In Spain, Valencians claim their own version, pilota, which goes back to roughly the thirteenth century as their own distinct national sport. In this iteration, team competition predominates, competitors face each other across a net instead of facing the fronton, and players exclusively strike the ball with their hands similar to the most traditional version of pelota.[25] After having been a part of the Basque FIPV, in 1985 the Federació de Pilota Valenciana (FPV) broke away as its own organization to better promote the Valencian version. Since then, the FPV has gradually built interest in the sport by working with the Generalitat Valenciana, its provincial subsections, and the educational systems of Valencia, Castellón, and Alicante to infuse the sport into school curriculums. Pilota offers a somewhat insular activity in which simply understanding the rules and participating denotes connection to Valencian identity. This echoes the role of pelota in Basque identity and its revival in the post-Franco era reflects the reassertion of regional autonomy under the democratic, federated constitution.

Similarly, the French Basque community on the northern side of the Pyrenees also have their own modalities, though it has long played a role in the international spread of pelota. The most important specific French variety is grand chistera which is similar to jai alai, but developed independently, and is played on large outdoor courts. Its origins are similar to those of the original handball variety of the Spanish Basque game played on a fronton. While much of the Spanish game transitioned to smaller and indoor varieties in the nineteenth century, French Basque communities in Biarritz, Bayonne, and other areas continued to play outside on courts with only a front wall and at least 80 meters of space facing it, one of the largest areas used by any version of pelota. Players on both sides of the Pyrenees increasingly wore a leather glove to protect their hands in the late nineteenth century, and over time some added wicker or willow baskets on the end starting first with a shorter version or petit chistera. It then evolved into the larger grand chistera, which is similar to those used in jai alai in the Americas and remonte in the Spanish Basque Country, and became common by 1892 in southwestern France.[26] By 1925, the variety had spread enough nationally that the early Fédération française de pelote basque established its first Championnat de France National de Grand Chistera under the leadership of Jean Ybarnegaray.[27] The sport has maintained a limited, but significant, following ever since with regular competitions, reasonable audiences, and courts as far afield as Paris. It offers another example of a version of the sport that plays a significant role in binding its community together and offers just enough difference to make a claim as a unique reflection of the French Basque people.

Conclusion

All told, pelota has a long and complex history with dozens of different varieties spanning almost as many countries. It has roots in traditional games played in France, Spain, and other European countries that survived in rural mountainous regions, mostly in the western Pyrenees. As nationalism rose as a movement in the nineteenth century, pelota became intertwined with Euskara (the Basque language) and other cultural factors as an easily identifiable pillar of Basque identity. At the same time, it developed some of the hallmarks of a modern sport, but struggled to complete the process. The pelota community was divided by a mountain range, a national border, and maintained strong connections to the rural world that made establishing a centralized, sports bureaucracy challenging. Similarly, each town and Basque region tended to have their own varied traditions, making it difficult to establish uniform rules for the sport. On top of this, by the late nineteenth century and before significant standardization occurred, economic and population pressures spurred migration from the Basque homeland to Latin America, which in turn sparked regular interchange between European and American Basque neighborhoods.

This proved to be a recipe for extensive variety as groups across the America’s where reintroduced to the basic sport at the turn of the century, but felt free to modify and adapt it to their own national circumstances given the lack of uniform rules. Argentine’s in Buenos Aires took much of the lead in this process as the country’s economic boom in the early twentieth century gave them the scale, resources, and confidence to develop their own traditions. It was in Argentina that innovators made the changes to the basket that created modern jai alai which then spread to Cuba, Mexico, the Philippines, the United States, and other areas farther afield. They also codified pelota paleta and xare the most common modalities using a racket and net. Similar processes happened in other counties, such as Peru’s development of paleta frontón and Mexico’s of frontenis, offering their own national varieties. Similarly within Europe, French Basques and Valencians maintained and later reasserted their own versions of the original sport as represented by grand chistera and pilota. When the Basque community finally established a regular international championship starting in 1952, the FIPV included many of these varieties as their own competitive divisions and have added more in the decades since. As a result, the competition and modern pelota more broadly, represents a coming to together of the now international Basque community that is far richer and more complex after over a century of migration and independent cultural development.

Andrew McFarland is Associate Professor of History and Chair of the Department of History, Political Science, and Philosophy at Indiana University Kokomo.  He holds a Ph.D. in modern European and Spanish history from the University of Texas- Austin and researches the development of sport, football, and physical education in Spain from the nineteenth through the twenty-first centuries with particular interest in how sport intertwines with modernity and identity. On these topics, he has published articles in the Journal of Sport History, the International Journal of the History of Sport, the Oxford Handbook of Sports History, and the European Review, among others.

 

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[1] Bartosz Prabucki, ‘Small Nation, Big Sport: Basque Ball-Its Past and Present Cultural Meanings for the Basques’, The International Journal of the History of Sport 34, no.10 (2017): 944.

[2] Rafael Aguirre Franco, Deporte Rural Vasco [Basque Rural Sport] (San Sebastian: Editorial Txertoa, 1983), 147–51.

[3] Oltaz Gonzalez Abrisketa, Basque Pelota: A Ritual, an Asthetic (Reno: Center for Basque Studies, University of Nevada, Reno, 2012).

[4] Gonzalez Abrisketa.

[5] Gonzalez Abrisketa, 125, 185-205.

[6] “Historia y evolución de la FIPV”, Federación Internacional de Pelota Vasca, http://fipv.net/index.php/es/fipv/historia (Accessed on February 14, 2021).

[7] “Ybarnegaray, 74, A Vichy Minister”, New York Times, April 27, 1956, 27.

[8] Javier Solano, “Historia de los Mundiales”, Federación Internacional de Pelota Vasca, November 2004. http://fipv.net/images/historial/MUNDIALES_1952-1998.pdf (Accessed on February 14, 2021).

[9] “Historia y evolución de la FIPV”.

[10] Juan Ignacio Zulaika, “’Jai Alai’ or Globalization”, Basque Tribune, June 25, 2013. http://basquetribune.com/jai-alai-or-globalization/ (Accessed on February 14, 2021).

[11] Olatz González Abrisketa, “A Basque-American Deep Game: The Political Economy of Ethnicity and Jai Alai in the USA,” Studia Iberica et Americana: Journal of Iberian and Latin American Literary and Cultural Studies 4, no. 4 (Dec. 2017) 182-3.

[12] González, 183.

[13] González, 187.

[14] “Historia de la Pelota Paleta,” La Gazeta Federal Confederación Argentina, http://www.lagazeta.com.ar/pelota_paleta.htm#02 (Accessed on February 14, 2021).

[15] “Modalidad ‘pelata argentina’”, in “Historia de la Pelota Paleta,” La Gazeta Federal Confederación Argentina, http://www.lagazeta.com.ar/pelota_paleta.htm#07b (Accessed on February 14, 2021).

[16] Pablo Ubierna, “El Xare, La requeta argentina: Una historia de la Pelota Vasca en el Río de la Plata (Buenos Aires: Ediciones Zubia, 2015), 19-22.

[17] Ubierna, 24.

[18] Ubierna, 25-34.

[19] “Historia de la Paleta Frontón”, Federación Deportiva Peruana de Paleta Frontón, https://fronton.pe/nosotros/#1556551149749-b51ad4e7-a541 (Accessed on February 14, 2021).

[20] “Paleta Frontón: What to Know about Peru’s Homegrown Sport”, Culture Trip, https://theculturetrip.com/south-america/peru/articles/paleta-fronton-what-to-know-about-perus-homegrown-sport/ (Accessed on February 14, 2021).

[21] Federación Deportiva Peruana de Paleta Frontón, https://fronton.pe/nosotros/#1556551149749-b51ad4e7-a541 (Accessed on February 14, 2021).

[22] “Historia del frontenis”, https://frontenispedia.es.tl/Historia-del-frontenis.htm (Accessed on February 14, 2021).

[23] “Historia del frontenis”

[24] I.E.S. Concelleria de Valencia, “Evolución Histórica del Frontenis”, https://efiesconselleria.files.wordpress.com/2009/09/historia-front.pdf (Accessed on February 14, 2021).

[25] ‘Historia’, Federació de Pilota Valenciana, http://fedpival.es/cas/historia/completa (Accessed on February 14, 2021).

[26] E. Blazy, Le Pelote Basque (Bayonee: Librairie Pialloux, 1929).

[27] “Les origins de la Pelote Basque: Un sport d’histoire et de tradition”, Fédération Française de Pelote Basque, http://www.ffpb.net/fr/3-les-origine-de-la-pelote-ffpb.php (Accessed on February 14, 2021).

 

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This article belongs to the GeoSport platform, developed by IRIS and EM Lyon.

La compétition Chine/États-Unis : jusqu’où et à quel prix ?

Wed, 12/05/2021 - 14:53

Les tensions géopolitiques demeurent vives entre Washington et Pékin malgré le changement d’administration américaine. Et la pandémie de coronavirus n’a fait que renforcer la méfiance entre les deux puissances. Mais à quel prix ? Quel est leur jeu et leur stratégie notamment au niveau de la zone Asie-Pacifique ? Le point avec Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS.

En 2021, les tensions sont toujours très fortes entre Washington et Pékin. Dans quel type de rapport de force se trouvent-elles actuellement ?

La compétition entre la Chine et les États-Unis n’est pas récente, elle s’impose même comme une constante depuis la fin de la Guerre froide. Mais s’il s’agit d’une constante dans son ensemble, on relève des évolutions très importantes dans la forme. Côté chinois, les leaderships de Jiang Zemin ou de Hu Jintao sont très différents de celui de Xi Jinping, d’abord parce que la Chine a considérablement évolué – et est montée en puissance – en trois décennies, ensuite parce que le président chinois actuel symbolise l’attitude plus décomplexée de Pékin sur la scène internationale, et notamment dans le rapport de force avec Washington. Le temps où Deng Xiaoping se prêtait au jeu de la diplomatie des symboles en se couvrant d’un chapeau de cowboy (en 1979) est désormais bien révolu. Côté américain, les changements d’administration occasionnèrent également des différences de stratégie face à la Chine. Si on se limite à la dernière décennie, on voit ainsi que si la Chine s’impose comme une obsession chez les démocrates et les républicains, cette obsession est traitée différemment. Avec la stratégie du pivot, Barack Obama cherchait à renforcer le leadership américain en Asie, mis à mal par la montée en puissance chinoise. Mais tant le volet économique (le partenariat trans-pacifique, ou TPP, mal négocié) que le volet stratégique (des accords bilatéraux disparates avec des pays asiatiques, sans ligne directrice) furent peu couronnés de succès. Donald Trump balaya même l’héritage de son prédécesseur, en enterrant le TPP dès sa prise de fonction, et abandonna le principe d’un redéploiement stratégique, qui fut même mis à mal avec les critiques sur le partage du fardeau exprimées à l’encontre des alliés japonais et sud-coréen. Trump axa sa politique chinoise sur les « guerres commerciales », au risque d’ignorer les autres sujets de désaccord. Joe Biden semble de son côté décidé à étendre le domaine de la lutte avec Pékin, en gardant le cap sur les négociations commerciales, et en y ajoutant le volet stratégique (les tensions autour de Taïwan et le soutien de Washington à Taipei en sont les principales caractéristiques, mais les différends en mer de Chine méridionale figurent aussi au menu), et surtout de vives critiques du régime chinois sur le sort des minorités (Ouïghours surtout) et les droits de l’homme (Hong Kong en tête). La rencontre d’Anchorage en mars dernier, entre Antony Blinken d’un côté, Wang Yi et Yang Jiechi de l’autre, illustre ce rapport de force plus tendu que sous les administrations précédentes.

Le QUAD, alliance rassemblant États-Unis, Australie, Japon et Inde, a mis en place depuis quelques mois une stratégie dans l’espace indo-pacifique face à la puissance chinoise. Comment est-il perçu par cette dernière ?

Il convient d’abord de noter que sur le QUAD, comme d’ailleurs l’Indo-pacifique, c’est surtout le Japon d’Abe Shinzo (Premier ministre de 2012 à 2020) qui a joué un rôle central, le leadership américain étant plus effacé. Bien sûr, la Chine prend très au sérieux ces initiatives, comme tout ce qui est perçu comme dirigé contre elle. Elle s’inquiète aussi de voir le QUAD s’élargir à de nouveaux membres et constituer une sorte de front anti-chinois dans la région. Les hostilités à Pékin et à l’hégémon chinois qui se met en place sont nombreuses, et les dirigeants chinois le savent, aussi la méfiance est de mise. L’Indo-pacifique ne peut non plus laisser indifférent, d’autant qu’il est désormais partagé par un nombre grandissant de pays, dont la France. La route vers un hégémon chinois en Asie n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut cependant faire la distinction entre la convergence d’intérêts qui se dégage de ces initiatives, et la convergence de valeurs qui fait défaut. D’abord, les membres du QUAD sont très déséquilibrés dans leurs moyens comme dans leurs ambitions, et s’ils se rejoignent sur leur inquiétude à l’égard de la Chine, ils se montrent par ailleurs très pragmatiques. Le Japon et l’Australie ont ainsi signé la création du RCEP (aux côtés de la Chine, mais aussi la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et l’ASEAN) le 15 novembre dernier, posant les jalons du plus grand accord de libre-échange au monde sans que les États-Unis y soient impliqués, et sans l’Inde qui a refusé de s’y joindre. Cette dernière a cependant rejoint il y a quelques années l’Organisation de coopération de Shanghaï. Les rééquilibrages en Asie-Pacifique ne répondent pas tant à une logique de bipolarité (n’en déplaise au Pentagone) qu’à des intérêts nationaux et un très grand pragmatisme dans la manière de traiter avec la Chine.

La nouvelle administration de Joe Biden apporte-t-elle de la crédibilité aux États-Unis sur le continent asiatique ? La stratégie de stigmatisation américaine réussit-elle à affaiblir la Chine sur la scène régionale et internationale ?

La crédibilité se gagne, elle ne se décrète pas. Elle se gagne dans la durée, en particulier en développant une relation de confiance. Et elle se gagne en faisant la démonstration qu’elle peut être plus profitable que la concurrence. En clair, si Washington veut voir sa crédibilité renforcée en Asie-Pacifique, il va falloir convaincre les partenaires que les gains à coopérer avec les États-Unis seront plus importants qu’avec la Chine. Or, l’immense majorité des pays de la région a Pékin comme principal partenaire commercial, bénéficie de projets d’investissements chinois, et s’arrime à une dynamique régionale dont la Chine est aujourd’hui l’une des locomotives. Face à cela, les États-Unis restent un partenaire apprécié, mais pas une alternative.

Au niveau politico-stratégique, les États-Unis conservent dans de nombreux pays asiatiques un capital sympathie qui fait souvent défaut à la Chine. Mais sympathie n’est pas crédibilité, et cette situation se traduit par une utilisation de la relation avec Washington par des pays asiatiques pour disposer de leviers dans leur relation avec Pékin. Le principal risque qui se pose à l’administration Biden, au-delà d’un déficit de crédibilité que les atermoiements de ses prédécesseurs (et cette tendance fâcheuse à décortiquer quasiment tout ce que l’administration précédente a mis en place) ont considérablement renforcé, est de servir de faire-valoir aux pays asiatiques dans les agendas politiques qui leur sont propres, et ainsi de ne plus être en mesure de mettre en avant des objectifs stratégiques et économiques pensés à Washington.

Géopolitique des biocarburants : risques et ruptures stratégiques à l’horizon 2030 ?

Wed, 12/05/2021 - 14:01

Webinaire, organisé à l’occasion de la publication du rapport n°7 de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques, mené pour le compte de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées. Autour d’Olivier Antoine, fondateur et dirigeant du cabinet de prospective stratégique et territoriale ORAE Géopolitique, spécialiste des problématiques agricoles, alimentaires et environnementales en Amérique latine, et de Philippe Copinschi, expert des questions énergétiques internationales et africaines, enseignant à Sciences Po Paris. Animé par Pierre Laboué, chercheur à l’IRIS en géopolitique de l’énergie, coordinateur de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques.

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