(B2) Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel, aujourd’hui (samedi 18 février), pour que ses deux collaborateurs – enlevés le 8 février dernier lors d’une embuscade dans la province de Jowzan – « soient libérés sains et saufs et sans conditions ». Lors de cette attaque, six autres collaborateurs de l’organisation internationale avaient été tués.
Un appel à la libération et à éviter toute action intempestive
« Nous en appelons au sens de l’humanité des ravisseurs et demandons la libération immédiate et inconditionnelle de nos collègues », déclare Monica Zanarelli, la cheffe de la délégation du CICR en Afghanistan. « Nous leur demandons également de n’entreprendre aucune action susceptible de leur nuire, car nous tenons à éviter que cette tragédie ne prenne une tournure encore plus dramatique. » Concrètement, le CICR a demandé « aux autorités et aux groupes armés qui opèrent dans la région de tout mettre en œuvre » pour que ses deux collaborateurs soient libérés sains et saufs mais aussi « de renoncer à prendre quelque mesure que ce soit qui risquerait de mettre leur vie en danger ».
Le CICR, qui est présent en Afghanistan depuis une trentaine d’années, a décidé de « suspendre momentanément toutes ses activités en Afghanistan » tant que la sécurité de ses hommes et femmes ne sera pas assurée.
(NGV)
Le directeur de la Police technique et scientifique de Niamey de montre sa nouvelle carte (Crédit: Eucap Sahel Niger)
(B2) La police nigérienne a récemment été victime d’un faussaire. L’individu, aujourd’hui en prison, faisait des copies des cartes professionnelles des officiers de police et les utilisait pour s’infiltrer dans les commissariats. Pour y faire face, c’est vers la mission de l’UE de soutien aux capacités de sécurité au Niger, EUCAP Sahel Niger, que les autorités nigériennes se sont tournées.
Livraison d’une nouvelle imprimante
Jusqu’à maintenant la carte de police des officiers nigériens ne comportait, en effet, aucune sécurité particulière. Cette carte pouvait être contrefaite à l’aide d’une simple machine à badge. EUCAP Sahel Niger a donc fourni une nouvelle imprimante aux autorités de Niamey et formé l’unité chargée de son utilisation. Les cartes des policiers nigériens sont maintenant recouvertes recto/verso d’un lamina holographique personnalisé infalsifiable. « L’hologramme a été dessiné par nos soins et seuls les services de police nigériens peuvent se le procurer auprès du distributeur » explique Moustapha Tahirou, directeur de la Police technique et scientifique de Niamey.
Modernisation de la Police technique et scientifique
Plus généralement, les Européens ont accompagné la police technique et scientifique (PTS) dans sa réorganisation, afin de la moderniser. Elle est désormais composée de quatre divisions : la division des laboratoires de police scientifique, la division de l’informatique et des traces technologiques, la division de l’identification et la division de la formation technique. Au bilan. « en 2016, nous avons été requis dans le cadre de 97 affaires, contre 55 en 2015, soit une progression de 57 %. La division de l’identification a enregistré une augmentation de 20% des constatations. On constate également une augmentation de 14% des individus signalisés. »
Création d’un centre d’excellence pour l’Afrique de l’ouest?
Les Nigériens veulent maintenant aller plus loin. « Nous souhaitons capitaliser nos acquis et explorer de nouveaux domaines. La criminalité évolue sans cesse et nous avons besoin de nous adapter. Nous envisageons de faire de notre laboratoire PTS un centre d’excellence pour l’Afrique de l’ouest. Mais pour y parvenir, notre volonté ne suffira pas, nous manquons cruellement de moyens » souligne le directeur de la PTS. L’appui d’EUCAP Sahel Niger est « indispensable ».
(Leonor Hubaut)
Frank Engel intervenant au Parlement européen (Crédit: PE)
(BRUXELLES2 à Strasbourg) La guerre du Haut-Karabagh entre Azerbaïdjan et Arménie, est une vieille histoire. Un conflit gelé. Pour l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel, membre du parti populaire chrétien-social (CSV), c’est une erreur : loin d’être gelée, la situation sur le terrain s’aggrave.
Le cessez-le-feu est violé régulièrement
« L’Azerbaïdjan viole le cessez-le-feu tellement sciemment et fréquemment que ça en devient simplement ridicule. » Frank Engel (1) est ferme sur ce point. « C’est un pays qui pratique la guerre, qui commet des crimes de guerre, qui procède à des arrestations arbitraires, à des décapitations… Tout ce que vous pouvez imaginer. C’est une république bananière kleptocrate comme il y en a peu. En Azeri, quand ça tue, ça tue bien. »
Appel à une mission d’observation de l’OSCE
Une solution existe pour « aider à faire respecter le cessez-le-feu ». Après le pic de violences d’avril 2016, l’Arménie « a demandé qu’une mission d’observation du cessez-le-feu soit mise en place », comme cela a été fait en Ukraine pour la Crimée. « Mais l’Azerbaïdjan a refusé. C’est tellement clair que ça saute aux yeux. »
Rompre avec Bakou ?
Il faudrait que l’Union européenne « conditionne toutes ses relations à l’adhésion à ce mécanisme de surveillance du cessez-le-feu au sein de l’OSCE. S’ils continuent de refuser. [On doit faire la] rupture… de tout. J’aimerais y croire. Si l’Union européenne prétend être celle qui défend les droits de l’Homme, elle ne peut pas laisser faire quelque chose de pareil. » Aujourd’hui, ce n’est pas une question du statut du Karabagh, insiste le député. « L’urgence c’est de faire respecter le cessez-le-feu, qu’il soit surveillé par l’OSCE, pour que les violences cessent. »
Abolir le groupe de Minsk
Obtenir un mécanisme d’observation de l’OSCE est d’autant plus important que « le groupe de Minsk, composé de la France, la Russie et les États-Unis, ne sert à rien du tout. Il faudrait même abolir le format. Sa seule utilité est de donner un semblant de cadre pour continuer à se parler. Ce qui ne se fait pas. » (2) L’eurodéputé compte notamment sur la France pour changer la donne.
Reconnaître le Karabagh
Pour Frank Engel, il faudrait aussi « reconnaitre le Karabagh » (NB : et sa demande d’indépendance). Pour lui, l’argument de la souveraineté nationale ne tient pas. « L’Union européenne pose pour principe le respect de l’intégrité territoriale, alors qu’on parle d’États qui n’ont jamais existé. » Il n’est pourtant pas très optimiste… « On en est loin. C’est de tous les territoires non reconnus, celui avec lequel nous entretenons le moins de contacts. »
La loi du pétrole azéri
« C’est une question taboue. Le représentant spécial de l’Union pour le Caucase du Sud n’a même jamais mis les pieds dans le Haut-Karabagh, alors qu’il est allé en Ossétie du sud ou en Abkhazie. […] Nous continuons à maintenir une relation parfaitement normale avec l’Azerbaïdjan dans le cadre du Partenariat oriental. Simplement… pour son pétrole. »
(Leonor Hubaut)
(1) Frank Engel est un arménophile engagé. Il est aussi consul honoraire de l’Arménie à Luxembourg.
(2) Notons que le Groupe de Minsk, instauré par l’OSCE a demandé, le 8 décembre 2016, à « Bakou (Azerbaïdjan) et Erevan (Arménie) de respecter l’accord signé en juin (2016) », notamment « de permettre l’élargissement de la mission de l’OSCE et la mise en place d’un mécanisme d’enquête » (communiqué).
Lire aussi: « Il ne faut pas sous-estimer les dangers du conflit du Haut Karabagh » (Federica Mogherini)
Les conséquences du conflit d’avril 2016
L’avocat arménien, Ruben Melikian, défenseur des droits de l’homme (ombudsman) du Haut-Karabagh était l’invité de Frank Engel au Parlement européen cette semaine. Dans une conférence de presse à Strasbourg, il a présenté un rapport sur la flambée de violence d’avril 2016, soulignant « les violations systématiques des droits de l’homme commises pendant la guerre d’avril ». Selon lui, « 90% de tous les citoyens du Haut-Karabagh qui étaient sous le contrôle de l’Azerbaïdjan ont été torturés et mutilés » et 32 « exécutés ».
(B2) C’est la dernière antienne à la mode. Il faut que les dépenses de défense (publiques) soient à la hauteur de 2% du produit intérieur brut.
Cet objectif a été fixé au niveau de l’Alliance atlantique, rappelé régulièrement à tous les sommets (Pays de Galles septembre 2014, Varsovie juillet 2016). James Mattis, le nouveau secrétaire d’État à la Défense, l’a encore rappelé lors de sa venue à l’OTAN : le contribuable américain ne doit pas payer pour le contribuable européen… Chaque pays doit faire des progrès « immédiats et réguliers » vers cet objectif.
Une réalité ou une illusion
2% c’est un chiffre mythique… Il est un peu à la défense ce qu’est le « 3% de déficit » du pacte de stabilité à l’économie : une ligne de crête mais aussi une certaine illusion. C’est le gage, selon ses promoteurs, d’une défense efficace. On peut en douter. L’augmentation des dépenses de défense n’est un gage ni de qualité ni d’efficacité ni de disponibilité ni de volonté d’engagement. Les années précédentes de l’histoire européenne l’ont prouvé. Et on peut le constater encore aujourd’hui en se livrant à quelques essais comparatifs.
Efficace à 1% et inefficace à 2% ?
Le taux de dépenses ne signifie pas l’efficience militaire. La Grèce dépense 2,38% de son budget à la défense tandis qu’à l’autre bout de l’échelle, le Luxembourg dépense 0,44% de son PIB pour la défense. On ne peut pas dire que la première soit vraiment engagée sur le plan extérieur… Autre exemple : la Pologne consacre 2% de son budget à la défense tandis que la France engage 1,78% (1). A l’aune de la sécurité européenne, et des menaces internationales, la défense polonaise n’a pas encore vraiment démontré un engagement dynamique à l’inverse de l’armée française. On peut regarder aussi la Bulgarie ou le Portugal — qui consacrent 1,35% de leur PIB à la défense — alors que le Danemark qui y consacre 1,17%. Là encore, l’efficacité militaire est sans doute inversée (chiffres OTAN, prévisions pour 2016).
Un chiffre très partiel
Ce chiffre de 2% est donc loin d’être la panacée. Car il n’est qu’un pourcentage et n’a qu’une valeur très limitée. Il faudrait aussi examiner le ratio investissement/équipements sur le ratio personnel, le ration de dépenses de recherche, l’engagement en opération extérieure ou au niveau solidaire… et la réalité sur le terrain comme la volonté politique. Ce qui est autrement plus difficile à quantifier et oblige à dire certaines vérités. Ce chiffre dépend aussi du volume et de la croissance économique. Ainsi le passage à 2% du PIB de l’Allemagne par exemple signifierait un engagement autrement conséquent et donnerait à Berlin un poids dominant dans l’engagement militaire européen dans l’Alliance, en valeur absolue (lire : Consacrer 2% du Pib à la défense ? Combien va coûter ce nouveau Graal ?).
Les Européens en recherche d’efficacité
Pour être plus efficaces, les États européens ont surtout besoin de mieux se coordonner dans le cadre de leurs investissements de défense. Certaines lacunes persistantes (hélicoptères, renseignements, technique géospatiale) ne sont toujours pas vraiment comblées. Chacun songe déjà à racheter des équipements — somme toute semblables (chars, véhicules blindés, avions de chasse) — qui ont leur utilité sans doute mais qui n’ont plus le monopole de l’action sur le terrain — les robots et drones faisant leur apparition —. Les duplications sont de règle.
Peu d’ambitions sur le futur
Les budgets européens de défense sont toujours frappés par une (très) petite part consacrée à la recherche & développement / technologie (R&D, R&T). Ce qui empêche toute projection vers le futur. En sachant qu’un équipement acheté aujourd’hui est valable pour au minimum 20 ans (voire 30, 40 ou 50 ans), on a ainsi la valeur des échecs possibles. Tandis que l’absence de coordination entre les différents pays, la dispersion des armées, la fragmentation de l’industrie européenne et l’absence de volonté et d’incitants pour la développer (2), demeurent des principes inscrits dans le marbre, donnant ainsi une double faiblesse aux budgets européens : peu importants en volume et peu coordonnés.
Le panier percé des 2%…
Sans résoudre ces points, le respect des 2% apparaît comme remplir un panier percé… ou est juste bon pour permettre aux industriels américains d’écouler leurs surplus sur le Vieux continent et d’amortir ainsi leurs frais.
… au profit de qui ?
L’antienne, répétée à longueur de mois, par les responsables divers de l’Alliance et américains, est, certes, louable — obliger à un effort, nécessaire, supplémentaire pour la défense — mais il recèle aussi un objectif sous-jacent. Dépenser davantage et très vite = acheter ce qui est disponible sur le marché, avec un bon rapport qualité/prix, testé sur le terrain, garanti et… compatible avec les autres = acheter américain. CQFD. America first… Ou comme l’explique l’eurodéputé Arnaud Danjean (3) : « Si ce qu’on nous demande, c’est de signer plus de contrats avec l’industrie américaine, qu’on nous le dise… ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Le pourcentage calculé à l’OTAN inclut normalement les pensions (retraites), sauf dans certaines pays, Bulgarie par exemple. Il peut donc différer de celui mentionné ailleurs. Le poids de ces retraites n’est pas négligeable : en France, il représentait en 2016 (avec les sommes versées aux anciens combattants), environ un quart du budget : 10,33 milliards € sur un budget total du ministère de 42,63 milliards €.
(2) La plupart des États européens n’ont pas instauré une préférence européenne qui reste taboue. A défaut d’une préférence nationale — toujours recherchée dans l’attribution des marchés —, ils préfèrent passer directement à la préférence américaine. La décision française d’achat des Famas est, en soi, un contre-exemple à cette tendance.
(3) dans un entretien à B2 à paraitre prochainement
La frégate turque TCG Gaziantep qui assure actuellement le commandement de l’opération Sea Guardian (crédit : OTAN / Marcom)
(B2) Les navires de l’opération Sea Guardian semblent, pour l’instant, condamnés à faire des ronds dans l’eau. Le fameux soutien logistique a certes commencé mais de façon ad hoc, avec des ravitaillements en mer par des navires italiens ou espagnols. Ce qui, en soi, est un apport pour l’opération EUNAVFOR MED mais se produit de façon classique en mer, parfois sans tambours ni trompettes.
Pour l’échange de renseignements et d’informations entre les deux organisations, c’est beaucoup plus compliqué que ce qui avait été dit, ainsi que nous l’a confirmé un diplomate bien informé. « Les deux organisations n’ont pas les mêmes classifications et les mêmes modes. Cela demande du travail. »
Mais le problème ne semble pas être uniquement technique, il est aussi politique. Tout d’abord, il bute sur le même obstacle que durant toutes ces années quand il s’agit de faire dialoguer l’OTAN et l’UE sur le terrain. « La Turquie n’est pas automatiquement d’accord pour transmettre ces données à Chypre » nous confirme une source.
Ensuite, personne ne veut trop s’avancer alors que le renouvellement de la résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations Unies est en cours. Une résolution qui donne mandat, notamment, à l’opération Sophia d’agir en Méditerranée centrale tant sur le trafic d’êtres humains que le contrôle de l’embargo en mer… Inutile d’agiter un chiffon rouge devant les pays qui devraient s’afficher contre un retour de l’OTAN dans la zone.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est d’ailleurs bien gardé de trop élaborer sur ce sujet lors de la rencontre avec la presse ce matin. « Nous sommes présents en Méditerranée avec notre Opération Sea Guardian qui fournit également une aide à l’Opération Sophia » a-t-il déclaré laconiquement.
On est loin ainsi des déclarations tonitruantes de fin octobre qui annonçait le démarrage de cette nouvelle opération de l’OTAN en soutien à l’opération de l’Union européenne… pour début novembre (lire : Exit Active Endeavour. L’OTAN met en place Sea Guardian en Méditerranée. Hiatus en mer Egée). Il est vrai que cette « opération » n’a pas vraiment de moyens permanents, propres, mais des moyens mis à disposition (1) par les États membres de façon temporaire (Lire : Sea Guardian : une opération à envergure limitée).
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Trois navires composent l’opération : la frégate turque TCG Gaziantep (F-490) — qui assure le commandement —, la frégate italienne ITS Aviere (F-583) et la frégate hellénique HS Navarinon (F-461). Actuellement en manœuvre en Méditerranée, il s’agit du deuxième « rassemblement » après le premier qui avait eu lieu début novembre.
(Crédit: EUTM Mali)
(B2) La mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) ne veut pas se limiter à la formation de premiers soins au combat mise en place pour les forces armées maliennes (FAMA) en novembre 2016 au camp de Koulikoro. Les Européens ont lancé une formation complémentaire au profit de la Direction centrale du service de santé des Armées (DCSSA). La première du genre s’est centrée sur l’aspect logistique. Pendant deux semaines, EUTM Mali a formé une dizaine de stagiaire en comptabilité et gestion de stock, au camp Kati, à proximité de Bamako. « Ce cours devrait permettre à la DCSSA d’optimaliser la gestion du matériel médical et d’améliorer l’appui médical aux troupes déployées en opération », explique-t-on depuis la mission. La cérémonie de fin de formation, lundi 6 février, a été l’occasion d’inaugurer la rénovation des entrepôts de matériel médical et de médicaments financée par EUTM Mali.
(Leonor Hubaut)
Entrepôt médical de la base militaire de Kati (Crédit: EUTM Mali)