Une minute de silence au Conseil de l’UE en hommage aux morts de l’attaque de Bamako (crédit : SEAE)
(B2 à Luxembourg) La Haute représentante de l’Union, Federica Mogherini, a confirmé, lundi (19 juin), lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Luxembourg, le triste bilan de l’attaque terroriste survenue à Bamako la veille : deux morts : un soldat portugais et une Malienne employée de la délégation (lire : Attaque terroriste contre un ecolodge près de Bamako. Des morts parmi les Européens V3). « C’est un des prix à payer » a-t-elle affirmé pour l’action européenne dans la région. « Il y a une unité forte dans l’Union européenne pour agir au Sahel ».
Un rappel utile pour les Européens
Cette perte de vie « est tragique mais c’est aussi un rappel utile pour tous les Européens. Cela nous rappelle que nos hommes et femmes en uniforme servent déjà pour la paix et contre le terrorisme dans de nombreuses régions du monde, en Afrique mais aussi ailleurs. Nous devons être reconnaissants du travail qu’ils réalisent et aussi fiers, de la qualité des services dans des contributions dans des endroits difficiles. Ce n’est pas seulement un geste de solidarité auprès de nos frères et soeurs maliens mais c’est aussi un investissement dans notre propre sécurité. » Elle a assuré également avoir « été en contact toute la matinée avec le ministre des Affaires étrangères malien, qui a exprimé ses condoléances et son soutien à l’Union européenne ».
(Leonor Hubaut)
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(B2) Une attaque a eu lieu contre l’hôtel Campement Kongaba près de Bamako, très prisé par les Européens, ce dimanche (18 juin) après-midi. Les « terroristes » ont pris plusieurs des résidents en otages. Les forces antiterroristes maliennes (Forsat) sont intervenues, assistées par les forces spéciales françaises de Barkhane et européennes d’EUTM Mali.
Deux morts…
Dans l’échange de coups de feux, on relève deux morts, dont une femme de nationalités française et gabonaise, selon l’AFP et plusieurs blessés. Quatre personnes ont été blessées et 36 otages ont été libérés, selon le journaliste Antony Fouchard.
36 personnes récupérées, 4 blessés 2 morts #Mali
— Anthony Fouchard (@AnthonyFouchard) 18 juin 2017
La Haute représentante de l’Union a tenu à réagir rapidement sur twitter : « Mes pensées [sont] à Bamako où j’a[] rencontré le staff UE et nos frères du Mali début juin. Nous sommes ensemble. Je continue de suivre de près [la situation] ».
Mes pensées à #Bamako où j’ai rencontré le staff #UE et nos frères du #Mali début juin. Nous sommes ensemble. Je continue de suivre de près
— Federica Mogherini (@FedericaMog) 18 juin 2017
(B2) Un parachutiste du 1er RCP (régiment de chasseurs parachutistes) de Pamiers est décédé au Mali « de manière accidentelle » précise-t-on au ministère de la défense.
Blessés à l’atterrissage
La phase d’atterrissage a mal tourné. Plusieurs parachutistes ont été blessés en touchant le sol « au cours d’une mise en place par aérolargage ». Le 1ère classe Albéric Riveta était parmi eux. Il a été retrouvé en arrêt cardio-respiratoire. Evacué « immédiatement » par hélicoptère au rôle 2 de Gao, son décès a été constaté vers 4h locales (6h Paris).
A une centaine de km au Nord de Gao
L’incident s’est produit dans le cadre de l’opération Aquila (1), menée conjointement avec les forces armées maliennes menée dans la nuit du 17 au 18 juin 2017 dans le secteur d’Almoustarat, à une centaine de kilomètres au Nord de Gao. Avec l’appui des avions de chasse, les parachutistes ont été largués vers 01h00 (03h00 heure de Paris) par trois avions de transport tactique C-160 (Transall) de la composante aérienne sur une position reconnue et tenue par les commandos maliens et français. D’autres sections du GTIA 8 des FAMA appuyaient l’opération aéroportée au sud-ouest d’Almoustarat.
Une enquête en cours
« L’opération se poursuit », précise-t-on à l’état-major des armées. « Une enquête devra déterminer les circonstances et les causes de ce décès en opération. »
(NGV)
(1) L’opération Aquila s’inscrit « dans une succession d’opérations réalisées dans cette région » menées par les militaires de l’opération Barkhane, « depuis plus d’un mois, visant à réassurer les forces armées maliennes dans un secteur où les groupes armés terroristes contestent leur présence ». Elle repose sur l’action coordonnée de la composante aérienne et aéromobile, l’infiltration de commandos maliens et français ainsi qu’un largage de nuit d’une centaine de parachutistes appartenant à la réserve opérationnelle de théâtre.
(B2) Un convoi humanitaire a été attaqué, samedi (17 juin), à la périphérie de Damas, en Syrie, qui a blessé un membre du personnel du Croissant-Rouge arabe syrien.
Ce convoi qui comprenait 37 camions du CICR, du Croissant-Rouge arabe syrien et des Nations Unies devrait ravitailler en nourriture, médicaments et produits essentiels quotidiens la ville d’East Harasta.
Un blessé grave du Croissant-rouge arabe syrien
« Lorsque le convoi s’est approché de la ville vers 19 heures, une fusillade a eu lieu et un membre du personnel du Croissant-Rouge arabe syrien a été sérieusement blessé » explique un communiqué du CICR qui condamne cette attaque et « rappelle à toutes les parties en Syrie leur obligation de protéger et de respecter les humanitaires ainsi que les emblèmes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ».
East Harasta isolé depuis près de huit mois
Les habitants de East Harasta « n‘ont reçu aucune aide humanitaire depuis près de huit mois ». Le CICR demande « des garanties de sécurité renouvelées » pour procéder à la livraison d’aide prévue, rappelant qu’il « reste déterminé à répondre aux besoins des populations à East Harasta et ailleurs en Syrie ».
(NGV)
(crédit : DICOD / EMA)
(B2) Quand l’Europe de la défense était un sujet minoritaire, que peu d’entre eux y croyaient, on entendait déjà un certain lot d’âneries et de contre-vérités. Mais elles disparaissaient enfouies sous le tapis de l’oubli. Depuis que l’Europe de la défense est très « hipe », l’effet loupe permet de faire circuler les chiffres les plus farfelus. Avec la complicité, voire l’incitation, de ceux là même qui sont sensés promouvoir ce projet.
Ainsi en est-il de l’idée de la Commission européenne de mettre sur la table 40 milliards d’euros après 2020. Chiffre repris allègrement par plusieurs médias, dont le téléphone sonne à France-Inter, avec Stéphane Leneuf, qu’on a tout de même connu un peu mieux inspiré. Il faut le dire très nettement : ce chiffre est, vraiment, totalement, bidon. La Commission européenne adore gonfler ces chiffres en les faisant s’étaler sur plusieurs années et surtout en agglomérant des pommes et des cerises. Mais tout ce que dit la Commission n’est pas vérité.
Soyons précis… La Commission n’a, pour l’instant, mis concrètement sur la table que 90 millions d’euros sur trois ans pour l’action préparatoire de recherche sur la défense : 25 millions par an en 2017, 35 millions en 2018 et elle projette 25 millions en 2019. Elle a annoncé vouloir mettre en jeu 250 millions par an en 2019 et 2020 en plus pour les projets de développement industriel (500 millions sur deux ans).
Pour ces deux actions, elle a émis l’idée (ce n’est pas encore une proposition ferme), de mettre 1,5 milliard d’euros par an à compter de 2021 pour le prochain cadre budgétaire (et la prochaine Commission) : 500 millions pour la recherche de défense et 1 milliard pour le développement industriel de défense. C’est notable. Mais on est très loin des 40 milliards.
Pour arriver à ce chiffre mirifique, on le chiffre en fait sur sept ans, sur la période budgétaire, cela donne 10,5 milliards d’euros. Cela fait mieux… La Commission évalue ensuite que pour 1 euro qu’elle mettra, les États mettront 3 ou 4 euros. Et on arrive ainsi aux fameux 40 milliards.
Mais cela relève d’un talent de prestidigitation.D’une part, ces 3 euros ne viendront pas du budget européen mais du budget des États membres. Et ce ne seront pas automatiquement des euros supplémentaires, les États puiseraient dans leurs budgets existants ou futurs.
D’autre part, le coefficient multiplicateur est très éventuel. Le projet de développement industriel de la défense mentionne un cofinancement communautaire allant de 30% ou 20% (pour les prototypes, selon qu’ils sont menés dans le cadre de la coopération structurée permanente ou non) à un pourcentage non défini pouvant aller jusqu’à 80% ou 100% (pour les autres projets). Autrement dit, on n’est pas dans un coefficient multiplicateur de 1 à 4 mais de 1 à 2 ou 2,5 plutôt.
Si vous dites à votre enfant que allez lui donner 400 euros… et que vous lui en réalité 15 euros, que va-t-il vous dire ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
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