(Crédit : Marine Nationale)
(B2) Le patrouilleur de haute mer l’Adroit (P-725) a rejoint l’opération européenne Sophia de lutte contre les trafics en Méditerranée (EUNAVFOR MED), le 22 juin 2017. Sa mission sera essentiellement d’assurer le contrôle de l’embargo sur les armes et de participer activement à la collecte d’informations relatives au trafic maritime dans la zone. En vertu des règles d’engagement de la mission européenne, et de la résolution 2292 du Conseil de sécurité de l’ONU l’équipage de L’Adroit est habilité à opérer des visites, des fouilles, voire de dérouter des navires en haute mer.
Il relève le patrouilleur de haute-mer Commandant Blaison engagé depuis le 3 mai dernier. Durant ses deux mois de patrouille au large des eaux territoriales libyennes, le patrouilleur français a effectué plusieurs approches « amicales » avec des pêcheurs libyens et égyptiens. Ce qui permet d’avoir l’opportunité d’une connaissance mutuelle entre les acteurs locaux et les bâtiments de l’opération EUNAVFORMED Sophia. Il a surtout effectué une opération de visite sur une vedette libyenne suspectée de trafic d’armes, qui a conduit à la saisie de plusieurs armes et des munitions trouvées à bord, transférées ensuite sur le bâtiment français (Lire : Nouvelle saisie d’armes au large de la Libye. Le Commandant Blaison en action (V2)).
(NGV)
NB : L’Adroit est un navire innovant, léger, jaugeant 1500 tonnes, avec 32 personnels d’équipage, pouvant évoluer à 21 noeuds et accueillir un hélicoptère de type Dauphin ou Panther. Il n’est pas propriété de la Marine mais mis à disposition par l’industriel DCNS pour le tester dans toutes les conditions, bénéficier ainsi d’un retour d’expérience et du label « testé en mer » (utile pour un matériel promis à l’exportation).
(B2 – exclusif) Le géant américain de la vente internet, Amazon utiliserait-il la loi pour collecter des données personnelles de façon abusive ? On peut se poser la question.
Selon nos informations, puisées à de très bonnes sources, la société américaine prétextant « le paquet européen anti-blanchiment et anti-terroriste » demande à ses vendeurs de lui fournir non seulement les identités des gestionnaires de compte mais aussi des dirigeants et même des membres de toute association qui voudrait ouvrir un compte sur son site en ligne. Bref de quoi constituer un fichier vaste de personnes.
Nous avons demandé des informations sur ce fait. La réponse est relativement floue. Nous avons demandé quelle était la règle et l’article applicable. « Nous sommes tenus aux règles européennes » se justifie, de façon très laconique, Amazon.fr qui semble ainsi surfer sur des terminologies sécuritaires (loi anti-terrorisme, anti-blanchiment) pour imposer ses règles à lui. En insistant un peu, nous avons obtenu une seconde réponse, aussi floue que la précédente qui renvoie à un document général qui figure sur le site internet du ministère de l’Economie et des finances et résume le dispositif anti-terroriste sans référence aucune à l’obligation à laquelle se réfère l’industriel.
De la même façon, la compatibilité de ces obligations avec les règles en matière de protection des données (et de la CNIL en France) s’est heurtée à un défaut de réponse sidéral. La première demande s’est heurtée à une non-réponse. Puis sur notre insistance, est venu un : « Ecrivez au service juridique » répond le service d’assistance de la firme, dont le siège pour l’Europe est basé au Luxembourg, un petit paradis fiscal.
Commentaire : à l’heure où la lutte contre le terrorisme devient une priorité, la conformité des géants de l’internet aux règles européennes comme une certaine transparence dans leurs pratiques qui confine parfois à l’abus de position dominante, seraient souhaitables.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Précisons que le paquet européen s’adresse surtout aux banques et établissements financiers. A priori, Amazon ne ressort pas de cette catégorie… ou alors cela supposerait qu’il joue double face. D’un côté fournisseur d’un site de vente en ligne, et donc collecteur des revenus des ventes au profit des vendeurs ; de l’autre, utilisateur de cet argent pour des placements et autres.
(crédit : Frontex)
(B2) Selon l’agence Frontex, il y a eu environ « 27.000 « détections des passages frontaliers illégaux sur les quatre principales routes migratoires vers l’UE en mai ». Un nombre en diminution de 75%, au cours des cinq premiers mois de 2017, par rapport à la même période de l’année dernière – où ce chiffre atteignait 84.000.
+77% en mai par rapport à avril au large de l’Italie
Ce chiffre ne doit pas cacher que c’est la Méditerranée centrale qui désormais est la voie principale d’arrivée : trois migrants sur quatre arrivés en Europe cette année sont venus à travers l’Italie. En mai, le nombre de migrants arrivant en Italie par la voie de la Méditerranée centrale a augmenté de 77% d’avril à 22.900. Soit 60.000 depuis le début de l’année (+ 26% que pour la même période de 2016). Parmi eux, principalement des Nigerians, des Bangalis et des Ivoiriens, qui représentaient le plus grand nombre de migrants.
Grèce : augmentation mais très relative…
Le nombre de migrants arrivant en Grèce par les voies maritimes et terrestres en mai a augmenté de 31% par rapport au mois précédent se montant à plus de 2.240, en grande partie grâce à l’amélioration des conditions météorologiques. Le chiffre était semblable en mai 2016. Au cours des cinq premiers mois de l’année, quelque 9.900 migrants ont atteint les îles grecques, soit 94% de moins que dans la même période de 2016. Les Syriens et les Irakiens constituent la majorité du flux de la Méditerranée orientale en mai. NB : Des demandeurs d’asile potentiels. Ce qui distingue cette route de la route de Méditerranée centrale.
… et au large de l’Espagne
On assiste à une légère recrudescence dans l’Ouest de la Méditerranée avec un nombre de détections des passages frontaliers illégaux qui a plus que doublé au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2016 à près de 6.000, « en grande partie en raison d’une activité accrue aux frontières terrestres des enclaves espagnoles de La Ceuta et Melilla en Afrique du Nord ».
Faible trafic dans les Balkans
Dans les Balkans, le nombre de détections de passages frontaliers illégaux, reste « faible», « semblable au mois précédent ». Les raisons de cette baisse importante au cours des derniers mois sont le fait que « moins de migrants quittent la Turquie par ses frontières terrestres vers les Balkans occidentaux » signale l’agence Frontex. NB : L’accord UE-Turquie tient donc , malgré tous les impondérables politiques.
(NGV)
(1) L’agence Frontex dresses des statistiques sur le nombre de détections du franchissement illégal des frontières aux frontières extérieures de l’Union européenne. Le nombre de migrants réels est donc inférieur. Une même personne peut tenter de traverser la frontière illégalement plusieurs fois à différents endroits. NB : Cette notion de multiple détection diminue largement en Méditerranée centrale où le choix est assez binaire : arrivée ou noyade.
(crédit : flux EBS / découpage B2)
(B2) « L’Europe qui protège », le slogan n’est pas nouveau dans la bouche d’un dirigeant français.
Le dernier à l’avoir utilisé et imposé comme le motto de sa politique européenne était un certain Nicolas Sarkozy. « Il faut que l’on ait une Europe qui protège, une Europe qui incarne quelque chose » disait l’ancien président lors de la présidence de l’UE en 2008. Il avait même certains sujets identiques : le contrôle des investissements stratégiques, la directive sur les travailleurs détachés. Xavier Bertrand, son ministre du travail de l’époque, affichait à l’époque la même velléité pour lutter contre le dumping social en renforçant la directive sur le détachement des travailleurs. Le renforcement des règles européennes avait achoppé à mi-chemin.
Il n’est pas nouveau non plus dans la terminologie européenne. « Une Europe qui protège » était le slogan (1) du chancelier autrichien Wolfgang Schlüssel à la veille de prendre la présidence tournante de l’Union européenne, en 2006.
Un slogan resté sans traduction concrète jusqu’ici…
Le problème c’est que souvent ce mot est resté un slogan sans traduction réelle. On sent chez Emmanuel Macron, comme chez son homologue allemande, Angela Merkel, la volonté d’inscrire cette terminologie dans une dynamique plus concrète, que ce soit sur la question du dumping social (la directive détachement des travailleurs), du dumping international (les règles du commerce) ou les questions de sécurité et de défense.
Un couple, une Commission, un contexte
Il y a une volonté politique, propre, incontestable, chez ces deux leaders … comme chez Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui a une vision fort différente de son prédécesseur, José-Manuel Barroso. Ils sont aidés aussi par le contexte général : la crise financière qui s’éloigne, les menaces intérieures et extérieures qui augmentent, un populisme et une extrême-droite qui demeurent notables dans plusieurs pays, une certaine demande parmi les autres pays européens de voir le couple franco-allemand retrouver son rôle de leadership… sans oublier le Brexit et un Donald Trump plus agressif sur la scène mondiale que ne l’était un Obama.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) avec « Une Europe à l’écoute des citoyens » et « une Europe plus claire ».