L’ambassade de Pologne à Pyongyang, une des sept ambassadeurs européennes présentes dans la capitale de Corée du Nord (crédit : MAE Pologne)
(B2) L’Union européenne ne dispose pas en Corée du Nord de représentation en tant que telle, contrairement aux quelques 140 pays où elle dispose d’une ambassade en propre et peut ainsi nouer des liens avec les autorités nationales.
Un relais présidentiel
On a donc recours au bon vieux système des présidences tournantes : les ambassadeurs d’un des pays de l’UE présents à Pyongyang se relaient tous les six mois, sur un calendrier calqué en partie sur l’agenda des présidences tournantes de l’UE. Si le pays n’assurant pas la présidence n’est pas présent, c’est un autre pays qui s’y colle, selon une série de règles en cascade (1).
Sept pays représentés
En Corée du Nord, sept pays sont actuellement représentés, en particulier des pays de l’Est (Bulgarie, Pologne, Roumanie, Rép. Tchèque). L’Allemagne est représentée, ayant hérité de l’ancienne ambassade d’Allemagne de l’Est ; elle héberge l’ambassade de Suède ainsi que plus récemment du Royaume-Uni. C’est normalement l’Allemagne… qui assure aujourd’hui la représentation de l’UE dans le pays.
(NGV)
(1) Si, ni la présidence ni la présidence succédant n’a un représentant résident accrédité, l’Union européenne sera représentée en rotation, pendant une période de six mois, par un autre État membre « suivant l’ordre que les États membres sont appelés à exercer la présidence du Conseil. Cette rotation se poursuit jusqu’à ce que les arrangements prévus aux « A » ou « B » ne deviennent applicables à nouveau. Une fois qu’ils ne sont plus applicables la même rotation reprendra où il s’est arrêté. » Lire notre fiche sur les délégations de l’UE
(B2) Aux militaires et aux autres qui n’avaient pas tout à fait saisi que leur nouveau chef des Armées, Emmanuel Macron, avait un goût assez prononcé pour la stratégie, les manœuvres tournantes, les tactiques de retraite silencieuse et de contre-attaque brutale, ils viennent d’en avoir un avant-goût. La première bataille budgétaire du quinquennat qui vient de se dérouler, ces jours-ci, s’achève sur un air de blitzkrieg de la communication.
Une séquence bien organisée
La séquence parait très organisée, trop organisée d’ailleurs, pour être totalement improvisée. Le 28 juin, la Cour des comptes lance un rapport qui se veut alarmiste sur les finances de l’État. Il manque neuf milliards d’euros en 2017 par rapport aux objectifs annoncés. La conclusion est claire : il va falloir serrer la ceinture jusqu’à la fin de l’année et racler les fonds de tiroir.
Le temps du serrage de vis
Pour accompagner cette gestuelle, le gouvernement frappe partout, y compris dans la défense. Le 11 juillet, il présente la douloureuse décision. Il s’agit de montrer que les efforts demandés aux uns (social, éducation) est aussi demandé aux autres (affaires étrangères, défense). Le montant demandé aux armées – 850 millions d’euros – parait énorme et contradictoire avec les engagements de campagne du candidat et, surtout, au contexte international et national.
Le temps de l’addiction est terminé
Un acte politique destiné à montrer, en interne, l’inflexion du nouveau président et du nouveau gouvernement sur le redressement des comptes. Le Premier ministre Edouard Philippe l’avait dit, dès le 5 juillet, lors de la déclaration de politique générale : « Il y a une addiction française à la dépense publique. Et comme toute addiction, elle nécessitera de la volonté et du courage pour s’en désintoxiquer ».
Emotion militaire
Naturellement, les militaires s’émeuvent. Le général des armées Pierre De Villiers, chef d’état-major des armées, monte au créneau. Devant la commission de la défense de l’assemblée nationale, le 12 juillet, à huis clos il ne modèle pas son mécontentement. « Je ne vais pas me faire baiser comme ça » s’écrie-t-il selon un témoignage relaté par mon confrère . « Le grand écart entre les objectifs assignés à nos forces et les moyens alloués n’est plus tenable ». Les armées ont déjà trop contribué au redressement des comptes. « On a déjà tout donné » (1).
Un pas en direction de l’Allemagne
Le président Macron et le gouvernement semblent inflexibles aux critiques. Ils n’y répondent qu’à peine. Ce n’est pas l’urgence. L’important est ailleurs. Le 13 juillet, c’est le Conseil des ministres franco-allemand, spécialement convoqué à l’Elysée. Paris doit montrer à Berlin, actes à la clé, que le temps du déficit continuel est terminé. L’intensité, et la brutalité, des coupes démontre à la Chancelière allemande que la France ne se paie pas de mots. Le fait que la défense – point-clé pour le président et pour la sécurité européenne – ne soit pas épargné n’est pas un détail. C’est une garantie, nette, que l’engagement français, est déterminé. Ce qui permet à la Chancelière, à son tour, lors de la réunion au sommet de faire, un pas en direction des Français pour accéder à certaines demandes françaises comme le renforcement financier et politique de la Zone Euro (budget, ministre, etc.) ou l’élévation du niveau d’ambition en matière de défense européenne. Le projet d’avion de chasse en commun est plutôt une idée française qu’allemande.
Le temps du recadrage : La défense est un secteur protégé
La réunion franco-allemande est à peine terminé, le président Macron repasse à l’offensive et rappelle son engagement de campagne : l’objectif de consacrer 2% à la défense. Et il le prouve lors de son discours tenu devant les différents responsables de l’armée réunis à l’Hotel de Brienne (le siège du ministère de la Défense) en cette veille de la fête nationale (video). Dès 2018, le budget de la défense va rebondir passant de 32,7 milliards à 34,2 milliards d’euros (2). Soit un peu moins qu’espéré les militaires — le général De Villiers avait placé la barre à 34,8 milliards – mais largement plus que le budget actuel (+ 1,5 milliard d’euros). L’important est de décrocher de la barre des 32 milliards où restait scotché le budget de la Défense depuis plusieurs années.
Le patron : c’est moi !
Reste ensuite à recadrer les râleurs qui ne sont pas encore insoumis. C’est chose faite dans le même message. « Il n’est pas digne d’étaler des débats sur la place publique. J’ai pris des engagements […] » rappelle le président de la République. « Les engagements que je prends devant les concitoyens, devant les armées, je sais les tenir et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression, de nul commentaire ».
Un rappel au devoir de réserve
Et d’ajouter, histoire d’être bien compris. « J’aime le sens du devoir, j’aime le sens de la réserve qui a tenu nos armées là où elles sont aujourd’hui. Et ce que j’ai parfois du mal à considérer dans certains secteurs, je l’admets encore moins quand il s’agit des armées ». « Je suis votre chef » ajoute-t-il, histoire d’être bien compris. Le président de la République cause, les militaires obéissent et la bouclent. Fermez le ban ! Le piège se referme sur ceux qui ont cru que, comme sous la période de François Hollande, ils pouvaient manœuvrer à loisir et s’exprimer, éventuellement, contre le gouvernement (3).
Un message à double détente
Ce message paraît s’adresser, au premier chef, au général Pierre de Villiers. Mais au-delà, il s’adresse à tous : officiers généraux comme simples officiers, hauts fonctionnaires et diplomates. Jupiter est de retour, la règle de discipline vocale également. Ce message est aussi à destination de la population : c’est le président qui fixe le cap et lui seul. Et il tient ses promesses. Le budget de la défense sera augmenté. Mais ce n’est pas un blanc seing pour les armées. Chaque million d’euro devra être soigneusement justifié. Pas question de dépenser l’argent dans des équipements superflus. Sinon la hache budgétaire reviendra…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Lire sur cet aspect ce qu’en écrit Vincent Lamigeon dans Challenge
(2) Dont 650 millions d’euros pour les opérations extérieures (OPEX) et non plus 450 millions d’euros comme traditionnellement, soit 200 millions d’augmentation.
(3) Durant la période de 2014 à 2016, particulièrement lors de l’arbitrage difficile de 2015, quand E. Macron était ministre de l’Économie, les chefs d’armée ne se sont pas privés d’exprimer leur point de vue, soutenu en cela par le ministre de la Défense. Des ‘scuds’ que n’a, semble-t-il pas oublié, le Macron devenu chef des Armées…
(B2) Le navire de soutien allemand « Rhein » – qui participe à l’opération européenne en Méditerranée – ont procédé à une action de sauvetage au large des côtes libyennes concernant 919 personnes au total, jeudi (13 juillet). L’intervention a commencé vers 12h, précise un communiqué de la Bundeswehr, avec le soutien d’un navire de la garde-côte italienne.
L’équipage a commencé à prendre en charge les 919 personnes (dont 121 femmes et 203 enfants) qui étaient à bord de sept bateaux pneumatiques et deux radeaux. Elle a également pris à son bord des personnes recueillies par les bateaux de deux ONG. Le sauvetage et le transbordement ont duré jusqu’aux petites heures du soir.
Parmi les naufragés, une personne gravement malade. Le malade, ainsi que sa femme et ses enfants, ont été immédiatement transférés vers la Sicile à bord du navire de la Garde côte. Le malade était « dans un état stable » précise les militaires allemands.
Huit bateaux pneumatiques ont été coulés, selon la pratique habituelle des marines présentes en Méditerranée. Suivant les instructions du centre de coordination des secours (MRCC) de Rome, le navire s’est ensuite dirigé vers le port de Corigliano Calabro qu’il devait atteindre ce vendredi (14 juillet).
(NGV)
(B2 – exclusif) La lutte contre les réseaux de passeurs en Libye n’a pas vraiment marqué d’effets notables. C’est un fait qui ne peut être nié aujourd’hui. Et l’Europe semble décidée à sortir son bâton « sanctions » pour frapper les « têtes » et les bénéficiaires de ces réseaux.
Un faible résultat de l’opération Sophia
L’opération maritime en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia) n’a pas vraiment obtenu de résultats dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. L’objectif premier de la mission : démanteler les réseaux de passeurs est, pour l’instant, loin d’être atteint. C’est un euphémisme… Le nombre de personnes interpelées par les marins de l’opération Sophia (110 en deux ans) ne doit pas faire illusion. Ce sont en général de petites mains, des migrants eux-mêmes qui ont reçu mission de conduire leurs compagnons d’infortune. Dans ce lot, il y a très peu de passeurs — moins d’une dizaine selon nos sources (1) –, et encore moins de responsables du trafic. Ce que nous confirme un diplomate : « on le sait bien que les têtes de réseaux ne sont pas à bord des pneumatiques ». Ceux qu’on appréhende ainsi sont « des hommes de paille ou des personnes qui sont placées tout en bas de l’échelle des réseaux ».
Changer de méthode …
L’Union européenne va donc passer à ce qu’elle sait le mieux faire : établir des sanctions. Elle prépare ainsi une liste noire de personnes placées dans les réseaux, qui seront à la fois interdites d’entrée dans l’Union européenne (interdiction de visas) et dont les avoirs seront gelés dans les banques européennes. « C’est une nouveauté » — reconnait un diplomate européen avec qui B2 s’est entretenu –. Ce n’est pas tant le volet « interdiction de visas » qui sera efficace. Chacun en est conscient au niveau européen. « Ce n’est pas en leur interdisant de venir à Paris et à Rome qu’on aura un effet » Il faut frapper au portefeuille » y compris en Europe. « Nous avons identifié des personnes qui sont dans ces réseaux, ce qu’ils font, d’où ils viennent, qui ils sont. Nous sommes capables donc de mettre des noms ».
... et geler les fonds dans les banques européennes
« Les flux financiers ne restent pas dans des matelas à Tripoli. On le sait. Il y a des donneurs d’ordre, de l’argent qui circule y compris dans les banques européennes, il faut y mettre un terme. » Une mesure « indispensable […] Le trafic d’être humains génère d’importants profits. Il faut frapper au portefeuille. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Un chiffre non confirmé officiellement. Les autorités européennes se refusent à donner tout détail sur le devenir de ces personnes, leur profil, leur devenir (condamnés, pas condamnés). Une sorte d’aveu de semi-échec…