(B2) La marine libyenne a tiré deux coups d’avertissement en l’air, lundi (7 août), sur qu’un navire de secours de migrants a été vu patrouiller près des eaux libyennes lundi. Open Arms, un navire d’aide humanitaire appartenant à l’ONG espagnole ProActiva. Selon les Libyens, le navire était dans les eaux territoriales. Un point que nie l’ONG espagnole soulignant que son navire était à 1,5 miles des côtes.
Militaires de l’opération Sentinelle dans le métro parisien (Crédit : DICOD)
(B2) Lors d’une audition à l’assemblée nationale, le 19 juillet dernier, le général Jean-Pierre Bosser, le patron de l’armée de terre, a exprimé ses doutes sur l’opération Sentinelle, qui consomme nombre de ressources humaines. Sans mettre en doute son utilité (un tabou officiel), il a cependant plaidé pour un redimensionnement, plus soutenable de l’opération. Une analyse intéressante alors que six militaires ont été blessés lors d’une attaque par un véhicule dans les rues de Levallois, ce mercredi (9 août).
Sentinelle, consommatrice de ressources humaines …
La présence de l’armée de terre « a reçu mission de renforcer les moyens de l’État en cas de crise, comme c’est le cas avec la contribution des armées au plan Vigipirate depuis 1995 […]. La grande différence de Sentinelle, c’est que cette opération déploie d’énormes masses – jusqu’à 10.000 hommes – sur le territoire national. Aujourd’hui, il y en a 7 000 – et 3 000 en réserve. » Une opération qui ne suscite pas chez les jeunes recrues un enthousiasme folichon. « Nos jeunes s’engagent pour l’action et pour voir du pays. Quand on leur dit que leur première mission sera « Sentinelle » à la gare du Nord, cela ne les fait pas rêver. Je ne vais pas raconter des histoires : ils se sont engagés d’abord pour partir au Mali ou sur d’autres théâtres d’opérations extérieures. »
La place des armées sur le territoire national
L’opération Sentinelle (re)pose la question sur « le rôle et la place des forces armées sur le territoire national. Cela a fait l’objet de nombreux débats, qui portent sur le bien-fondé, ou non, de déployer des forces armées. Est-ce vraiment leur rôle, par rapport aux forces de sécurité intérieure ? Si oui, pour quoi faire ? Et surtout, comment le faire ? »
Une évolution de Sentinelle
Depuis sa mise en place, en 2015, « nous sommes passés d’un dispositif statique où nos soldats étaient vraiment employés comme des sentinelles, vers des dispositifs beaucoup plus dynamiques ». Une nécessité car selon plusieurs sources au sein des armées consultées par B2, le dispositif originel était impossible à tenir. Il consistait quasiment à supprimer soit les périodes de repos, soit les entraînements, soit les deux. Mais il faudra encore évoluer. Le général Bosser « espère [ainsi] que dans le cadre de la rénovation ou de la suite de l’état d’urgence, nous serons encore amenés à faire évoluer le rôle et la place des forces armées ».
Redimensionner la mission
Pour le général, il faut être réaliste. Mais il faut alléger le dispositif pour avoir davantage de réserve et d’anticipation. Donc plus question d’avoir 7000 hommes mobilisés comme aujourd’hui. Mais juste 3000. « On n’échappera pas, je le pense, à la présence de quelque 3 000 hommes répartis sur des points clefs de Paris comme la Tour Eiffel, le Louvre… Ensuite, il faut 3 000 hommes en réserve pour monter en puissance en cas de coup dur, n’importe où en France. Enfin, je souhaiterais qu’une troisième fraction de 3 000 hommes, aujourd’hui encore déployés, soit consacrée à l’anticipation. J’entends que l’on travaille sur les scénarios de crise – tels que définis par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) – comme les prises d’otages de masse, les risques industriels, les risques bactériologiques. Ce n’est pas anxiogène pour les Français qui sont capables de comprendre qu’en nous y préparant, nous nous préparons à assurer leur sécurité. »
NB : Une formule qui pourrait avoir l’assentiment du chef de l’État. Lors de sa visite sur la base aérienne d’Istres, le 20 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé avoir demandé « une réflexion en profondeur […] pour l’automne qui permettra de réviser les modalités de l’opération Sentinelle ». Réflexion que devra lui présenter le nouveau chef d’état-major des armées, le général Lecointre.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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Le Iuventa à quai (crédit : Jugend Rettet)
(B2) L’Italie a saisi le « Iuventa« , mercredi (3 août), un bateau de l’ONG allemande Jugend Rettet, naviguant sous pavillon néerlandais, soupçonné d’avoir facilité l’immigration illégale. Après l’avoir « préventivement » placé sous séquestre à Lampedusa, le procureur Ambrogio Cartosio a expliqué que « des membres d’équipage du « Iuventa » sont soupçonnés d’avoir pris à bord, au moins à deux reprises, des migrants escortés par des trafiquants libyens et dont les vies n’étaient pas en danger ». L’enquête laisse penser que la pratique était « fréquente », mais pour des motifs purement « humanitaires ».
Un départ forcé de la zone de sauvetage
Des allégations qui ont provoqué la stupeur dans l’ONG. « Notre navire n’est pas confisqué. Et notre équipage n’est pas arrêté. Ce qui se passe relève de la procédure ordinaire. […] Notre équipage est [simplement] interrogé par les autorités. » a d’abord indiqué l’organisation (le 2 août) dans des tweets.
Avant d’annoncer (le 3 août) son départ de la zone. « C’est avec le cœur lourd que la 9e rotation observe son départ forcé de Lampedusa et de la Méditerranée centrale où nous sommes cruellement attendus ».
Pas de signature du code de conduite
Peu avant, Jugend Rettet avait expliqué, dans un communiqué publié sur facebook, le 1er août ne pas vouloir signer le code de conduite imposé par les autorités italiennes aux navires de sauvetage en mer évoluant en Méditerranée centrale. « Notre priorité est le sauvetage des personnes dans le besoin. Mais cela n’est pas la priorité de ce code de conduite. […] Certains paragraphes nous auraient forcés à sortir du droit maritime international dans certaines circonstances. D’autres paragraphes sont en contradiction directe avec les principes humanitaires sur lesquels notre travail est basé. »
(Leonor Hubaut avec Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi notre enquête : Les ONG complices des passeurs en Méditerranée : le dossier qui a fait pschitt ?
© NGV / B2
(B2) Toute l’équipe de Bruxelles2 passe en mode « pause estivale » après une année forte d’activité. Le blog et notre site comptent désormais plus de 10.000 articles, dont près de 4000 pour la seule édition professionnelle (B2 Pro) près de 4000 articles. Et notre édition pédagogique (QUezako) près de 200 fiches.
Nous continuerons durant le mois d’août de suivre l’actualité. Mais dans un rythme moins soutenu. Ce qui passe dans le Moyen-Orient : la Syrie, l’Iran, le Yemen, et les dissensions dans les pays du Golfe et, surtout, la Libye et la crise migratoire en Méditerranée centrale.
Ce sera l’occasion pour nous surtout de compléter et mettre à jour notre « Quezako », l’encyclopédie électronique sur la PSDC et la PESC (une exclusivité B2) et nos dossiers.
Joyeuses vacances pour ceux qui en prennent, bonne astreinte pour les autres
Le général belge Herman Ruys (à droite) passe le relais à son homologue espagnol Fernando García Blázquez (à gauche) (Crédit : EUTM RCA)
(B2) A Bangui, la mission européenne de formation des forces armées centrafricaines (EUTM RCA) est désormais commandée par le général espagnol Fernando García Blàzquez. La cérémonie de passation s’est déroulée lundi 24 juillet, au camp Ucatex-Moana, présence du général de division Daniel Grammatico, chef d’état-major du MPCC, et du général Ramirez, commandant de l’Eurocorps, auquel les deux chefs de mission (sortant et entrant) appartiennent. Dans son intervention, le nouveau commandant s’est montré optimiste sur les progrès que la mission devrait accomplir au cours de cette troisième rotation. Il a souligné l’importance de la coopération entre États membres de l’Union européenne et avec le reste de la communauté internationale pour aider la République centrafricaine (RCA) à sortir de la crise.
(LH)
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(crédit : Ministère de l’intérieur / DICOM)
(B2) C’est la proposition que vient de faire le président de la région PACA (Provence Alpes Côte d’Azur) et député européen, Renaud Muselier, dans une lettre adressée au président français, Emmanuel Macron. Il estime que la seule solution face aux risques accrus d’incendies et à la faiblesse des moyens aériens dans toute l’Europe (1), est de mettre en place une flotte aérienne européenne.
Une flotte limitée en nombre
La situation est, en effet difficile. La France a 12 avions Canadairs vieillissants (voir ci-dessous), l’Italie 13, l’Espagne 2, la Grèce un seul et le Portugal aucun. On pourrait ajouter à cette liste, la Croatie et la Slovénie qui n’ont, aucun avion à ma connaissance, travaillant surtout avec des hélicoptères. Et la Bulgarie et la Roumanie tous aussi exposés aux risques d’incendies et disposant de peu de moyens.
… et mise à rude épreuve
La flotte française d’avions anti-incendies, les 12 avions Canadair CL 415 notamment, devrait être bientôt renouvelé. Leur âge n’est pas immense – 23 ans pour le plus ancien – Mais la « durée de vie de tels appareils est considérablement réduite de par la multiplication des impacts avec l’eau ». Il faut « engager urgemment un renouvellement de notre flotte aérienne » plaide-t-il.
Se regrouper, une nécessité technologique
Une seule solution : se grouper à plusieurs pays. « L’entreprise Viking Air en charge de la commercialisation des bombardiers d’eau refuse de reprenne la production si une commande d’au moins 25 appareils ne lui est pas faite. » Soit un budget de plus d’un milliard d’Euros. La seule solution qui s’impose
… et une nécessité économique
« la France ne peut pas supporter toute seule un tel investissement, la seule solution est européenne via une politique communautaire de protection civile ambitieuse » plaide-t-il. « La France doit engager l’ensemble des pays du Sud de l’Europe dans une grande politique de renouvellement de la flotte aérienne d’intervention avec l’aide de la Commission européenne via le mécanisme européen de protection civile ».
Commentaire : cette solution parait complexe à mettre en œuvre. Mais elle parait aussi s’imposer. Chaque année, les Canadairs courent d’un pays à l’autre. Car aucun pays n’a les moyens suffisants pour faire face à ses propres incendies. Et plusieurs autres (les plus petits) sont dépourvus de vrais moyens de lutte. Il suffit que deux ou trois incendies majeurs se déclenchent en même temps. Et c’est la panne sèche. Une coopération renforcée en la matière s’impose donc. Elle rejoint ainsi le projet de Michel Barnier d’une force européenne de protection civile.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Hélicoptères Tigre au Mali (Archives – Crédit : Bundeswehr/Tessensohn)
(B2) Un hélicoptère allemand Tigre servant dans le cadre de la MINUSMA s’est écrasé à Gao ce mercredi (26 juillet), vers 14h30, à environ 70 km au nord-est de Gao, dans le nord du Mali. Les deux pilotes n’ont pas survécu a confirmé, ce soir, la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse improvisée au siège du ministère.
L’équipage décédé
« Cette mort nous touche tous profondément », a déclaré la ministre. « L’armée entière est en deuil. La mort de ces braves soldats est une perte douloureuse pour les familles et les proches, je dirais que nous sommes dans cette heure amère à vos côtés et [les] pleurons avec vous. » NB : l’armée allemande avait quatre hélicoptères sur le camp de la Minusma.
Un accident soudain
L’origine du crash n’est pas connue a expliqué l’inspecteur général adjoint des Forces armées, le vice-amiral Joachim Rühle. Ce que l’on sait c’est que l’accident a été soudain. L’hélicoptère a tout d’un coup piqué du nez. « Aucun appel d’urgence n’a été passé par l’équipage. » L’alerte a été donnée par l’hélicoptère qui l’accompagnait. « L’hélicoptère s’est embrasé et a [complètement] brûlé. La cause de l’accident est encore complètement ouverte. La preuve d’une action extérieure n’est pas disponible à ce jour. »
Une panne technique ?
Selon le site de l’hebdomadaire Der Spiegel, le crash pourrait avoir une cause technique. Le journal allemand a recueilli des témoignages de pilote qui parlent « d’une panne majeure ». Ces appareils n’étaient pas faits pour des chaleurs extrêmes, explique-t-il, devant voler à 36°. Or la température sur place atteignait les 43°. Une dérogation avait donc dû être accordée par l’inspection de la Bundeswehr, complète Die Zeit.
Une enquête technique démarre
Une équipe d’enquêteurs est partie immédiatement à Gao, pour déterminer la cause de l’accident et essayer de trouver les enregistreurs de vol. En 2013 déjà, les appareils Tigre de l’armée allemande avaient été immobilisés suite à un crash dans les Alpes bavaroises (lire : Les Tigre allemands cloués au sol).
Envoyés en reconnaissance
Les deux « Tigre » avait été envoyés par les Nations unies le mercredi matin pour une mission de reconnaissance à environ 150 kilomètres au nord de Gao, près du village de Tabankort, où avaient eu lieu des escarmouches le matin. Une information donnée par l’ONU qui a semé la confusion quelque temps. Mais, l’accident est survenu bien avant que les deux hélicoptères aient atteint la zone cible.
Une question sensible en période électorale
A noter que cet accident survient en pleine période électorale en Allemagne, alors que Berlin s’est engagé davantage que prévu dans la MINUSMA au Mali, pour des missions qu’on qualifié « outre-rhin » de « robustes » même si elles n’atteignent pas l’engagement des forces spéciales françaises dans Barkhane.
(NGV)
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